SENIORS
ENFIN DES PISTES
RéSISTANCE
SYLVIN RUBINSTEIN
PORNO
N° 171 Novembre 2017 – CHF 6.– €6 – 360.ch
AUTRE GENRE
FIGURES ET époques
360° – novembre 2017
NOUS
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P.5
Société
Guillaume Renevey Rédacteur en chef Vignette édito ©Nicolas Schopfer couverture (image recadrée) ©Universal music Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch
HISTOIRE Quand Dolores dansait la douleur P.16 MODE L’infatuation Alessandro Michele P.18
P.3
GAYMAP
P.34 culture
pop Daho, l’épopée P.20 événement Le GIFF s’anime LGBT théorie queer Homo logo P.22 CINéMA Explorer la différence P.24 Descente aux enfers avec Joaquin Phoenix P.25 portfolio Vacances dans le chaos P.31 design Les ailes du désir P.35 Showroom P.37
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P.46-47 ET ENCORE
P.48
P.18
EN SCèNE Authentique P.43 AILLEURS Stockholm en son cœur P.44 pORTRAIT Pornographie d’un autre genre P.48 Agendas et dévergondages P.52-53 Plans Genève, Lausanne et Berne P.54-59
TRANSDESSINée P.37 INFOS PARTENAIRES P.40-41 TU T’ES VU ? P.46-50 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS P.60
SOMmaiRE N° 171
enser en terme de communauté est parfois une nécessité. Si l’on parle de santé. Si l’on parle de droits. Penser en terme d’individu peut se révéler tout aussi important. Comment convaincre son voisin du bien fondé de quelque chose si l’on ne croit pas en soi ? Si l’on n’a pas le cœur et la tête au bon endroit. Pour autant, comment respecter les individus dans leurs différences sans tomber dans l’universalisme qui autoriserait par exemple à comprendre la position d’un prêcheur de haine ? Quelles sont les limites de l’acceptable et de l’inacceptable ? Je crois fermement que les valeurs de bases réunies dans la déclaration universelle des droits de l’homme nous renseignent sur le but que nous avons à atteindre et sur les moyens à mettre en oeuvre. Ces valeurs mettent au centre l’individu. L’individu qui fait communauté. Nous partageons alors des droits et des devoirs qui sont inaliénables. Nous sommes responsables de ces droits et de ces devoirs, pour nousmême mais aussi pour les autres. La pensée occidentale n’a pas à présider à la destinée du monde. Mais la bienveillance, les principes de paix et de dialogue, si. Les figures sur lesquelles vous aurez l’occasion de lire dans ce numéro, nous enseignent la force que peuvent avoir certains destins pour faire changer les choses au niveau collectif. Agir pour soi, c’est parfois agir pour tous.
actu
internationale Le doyen de la planète gay P.2 Tadjiks sommés de subir des « tests » P.3 Disparition P.3 ACTU suisse Attaque sur une plage homo gay P.4 Loi contre les lgbtphobies, la droite freine P.5 RENCONTRE L’engagement contre l’injustice et les discriminations P.6 Aîné.e.s Les seniors LGBT au cœur d’un nouveau projet de l’association 360 P.10 GENRE Patrick Dupond, bisexuel qui s’ignore ? P.12
actu internationale
360° – Novembre 2017
©DR
Le DOYEN DE LA PLANÈTE gay Des examens suggèrent que la tortue géante emblématique de l‘île britannique de Sainte-Hélène a pour conjoint depuis vingt-six ans… un autre mâle. François Touzain
A
l’époque de sa naissance, vers 1831, Charles Darwin était encore un jeune homme de 22 ans, le monde découvrait le chemin de fer et Louis-Philippe régnait sur la France. Jonathan, une tortue géante des Seychelles, a paisiblement traversé les époques jusqu’au mois dernier, au point de devenir, à 186 ans, un des plus anciens êtres vivants de la planète. Résident vedette depuis 1866 du parc de Plantation House, siège du gouvernement de Sainte-Hélène, l’animal coule le parfait amour depuis 26 ans avec un autre spécimen plus jeune, Frederica. Or « The Times » révèle que cette dernière serait… un mâle, comme le suggèrent de récents examens. Et pourtant, les deux
tortues mangent et dorment aux mêmes heures. Et malgré le mauvais état de santé de Jonathan (il est partiellement aveugle et a perdu l’odorat), ils s’accouplent tous les dimanche matin, précise la vétérinaire locale. AMBASSADEUR DU MARIAGE POUR TOUS Désormais outé, Jonathan devient de fait le doyen des gays, et le nouveau héros des partisans du mariage pour tous à Sainte-Hélène. La réforme adoptée en GrandeBretagne en 2015 a été rejetée dans la dépendance de 4000 habitants, perdue au milieu de l’Atlantique Sud. La Cour suprême saint-hélénienne va toutefois devoir statuer sur cette loi l’an prochain. 2
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TADJIKS SOMMÉS DE SUBIR DES « TESTS »
l’actualit est sur é 360.ch
DISPARITION
Sous prétexte de lutte contre les MST, la justice de l’ex-république soviétique s’est vantée d’avoir dressé une liste d’hommes et de femmes « vulnérables ». Antoine Gessling
L
’ancien espace soviétique est une région plus que jamais dangereuse pour les LGBT. Après les rafles en Tchétchénie russe et plus récemment en Azerbaïdjan, la menace se renforce contre les gays et lesbiennes du Tadjikistan. Les autorités de cet Etat autoritaire d’Asie centrale (8,5 millions d’habitants coincés entre la Chine et l’Afghanistan) auraient dressé une liste de 367 homosexuels présumés devant subir des « tests » pour éviter « la propagation de maladies sexuellement transmissibles », rapporte l’AFP. Pas moins de 319 hommes et 48 femmes sont qualifiés de « vulnérables » par les autorités. L’information émane d’une publi-
cation du Ministère public tadjik, qui souligne que les noms ont été recueillis à la suite d’« opérations » conduites l’an dernier, et baptisées « moralité » et « purge ». HARCÈLEMENT ET EXTORSIOn L’homosexualité n’est pas formellement illégale, mais elle est très largement rejetée dans la société musulmane conservatrice tadjike. Comme dans d’autres Etats d’Asie centrale, des militants locaux ont dénoncé des formes de harcèlement et d’extorsion de la part de la police. En 2005, plusieurs centaines d’homosexuels présumés y auraient été arrêtés.
Que reste- t-il du sujet politique LGBT lorsqu’il est défini par le droit et le « management de la diversité » ? La suite en page 34 3
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actu internationale
©DR
Qu’est devenu Zelimkhan Bakaev? Ce chanteur populaire de 25 ans est porté disparu depuis le 8 août dernier. Il visitait alors Grozny, capitale de la république russe de Tchétchénie, pour assister au mariage de sa soeur. Selon plusieurs témoins et des activistes LGBT russes, le jeune artiste a été arrêté par la police dans le cadre de la vague d’arrestations visant des homosexuels présumés. Depuis ce printemps, au moins une centaine de personnes ont été transférées dans des centres de détention, où ils auraient été soumis à des tortures. Des militants cités par le site gay américain NewNowNext affirment que Bakaev y serait mort le jour même de son arrestation. Artiste pop, Bakaev s’était fait un nom dans une partie du Caucase russe dès 2013. Toutefois, il avait été interdit de se produire dans sa Tchétchénie natale quelques mois avant sa disparition. Il avait alors tenté de percer à Moscou, où il s’était établi et devait participer à une émission de télévision au mois d’août. Les autorités de la petite république musulmane tenue par le clan Kadyrov ont démenti toute arrestation: Bakaev «n’est pas un terroriste, il n’est impliqué dans rien. Personne ne l’a enlevé», a déclaré un ministre en septembre, se disant sûr que le jeune artiste «réapparaîtrait sous peu». De fait, une vidéo a été diffusée sur la télévision locale Grozny TV, où un jeune homme ressemblant à Bakaev affirme qu’il est en Allemagne. Un fake grossier, selon beaucoup d’observateurs, qui ont relevé dans le décor des meubles et produits uniquement distribués en Russie.
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Attaque sur une plage homo Trois individus ont été arrêtés après des coups de feu à proximité de la plage gay des bords du Fier, dans la région d’Annecy.
actu région
François Touzain
©DR
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etit coin de paradis au pied des Alpes, le Fier est fréquenté depuis des décennies par un public gay venu de toute la région d’Annecy, entre autres amateurs de baignade et de naturisme. Mais la quiétude des bords de cette rivière, en ce début d’automne ensoleillé, a été troublée par des coups de feu.Les responsables des tirs ont été interpellés mi-octibre,
rapporte « Le Dauphiné Libéré », grâce au signalement de leur véhicule donné par des témoins. Il s’agit d’un mineur et de deux majeurs appartenant à la communauté des Gens du voyage. Ils ont expliqué être venus avec une carabine à air comprimé après avoir été « dégoûtés » par la vue d’hommes qui s’embrassaient. Le trio avait déjà pris pour cible un pêcheur 4
et un chien le samedi précédent, les blessant légèrement. Jugés en comparution immédiate, mercredi, les deux majeurs ont expliqué avoir pris « peur » des homosexuels, tout en livrant des déclarations contradictoires. Le tribunal correctionnel d’Annecy les a condamnés à 3 ans et demi de prison, avec six mois de sursis. Le mineur sera jugé ultérieurement.
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©Béatrice Devènes
Au terme du processus de consultation, PLR et UDC s‘opposent à la révision du Code pénal proposée par Mathias Reynard.
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e n’est pas de très bon augure pour le projet de norme pénale contre l’homophobie et la transphobie. Au terme du processus de consultation, la droite majoritaire au Parlement affiche sa réticence face au texte initié par Mathias Reynard (PS/VS) en 2013. Le Parti libéral- radical estime que le Code pénal actuel offre une protection suffisante, se ralliant à la position de l’UDC, parti opposé dès le départ à la norme antiraciste. L’absence d’une loi punissant les discriminations,
insultes et autres actes de haine motivés par l’orientation sexuelle ou l’identité de genre a été soulignée par le Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’homme comme une lacune du droit suisse. Le projet reste soutenu par les Socialistes et les Verts, ainsi que par le Parti démocrate-chrétien. En mars dernier, le Conseil national avait sauvé la proposition d’un classement. Les parlementaires ont désormais jusqu’à 2019 pour examiner le texte. FT Publicité
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actu suisse
LOI CONTRE LES LGBTPHOBIES, LA DROITE FREINE
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actu RENCONTRE
l’engagement contre l’injustice et les discriminations
©Magali Girardin
Thierry Apothéloz est candidat au gouvernement genevois. L’actuel magistrat socialiste de Vernier souhaite redéfinir les structures sociales. Portrait. Zelda Chauvet
L
e 13 mai 2017, le parti socialiste choisit, dans la salle communale du Petit-Lancy, ses 3 candidats pour le Conseil d’Etat. Devant Sandrine Salerno et Anne Emery-Torracinta, Thierry Apothéloz l’emporte en récoltant 257 voix sur 427. Derrière ce succès se cachent la campagne et l’engagement du maire de Vernier, déjà candidat en 2013. Si son envolée politique s’était alors arrêtée aux portes du Conseil d’Etat, il sait que l’étape était indispensable. « C’est très intéressant rétrospectivement. On a parfois besoin d’un deuxième coup pour réussir. J’ai beaucoup appris depuis. En 2013, parmi les
raisons qui font que cela n’a pas marché, c’est que les gens ne me connaissaient pas au niveau cantonal. On me reprochait un problème de clarté de mon message dans les médias comme dans les débats. J’étais tellement enthousiaste que je voulais m’exprimer sur tous les sujets. Mais ça, depuis 2013, je le travaille et me recentre sur ce qui fait ma compétence et mes forces. » Aussi, une semaine après son échec, Thierry Apothéloz sait qu’il se relancera. Il s’organise différemment, comble les questions de notoriété, travaille sur les éléments de forme comme de fond, tout en développant ses réseaux. En 6
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« J’entre dans la course au Conseil d’Etat pour apporter à Genève de nouvelles perspectives en matière d’innovation sociale. » Thierry Apothéloz
été dans une dynamique collective, participative, avec le besoin d’apporter une pierre à l’édifice et de contribuer autant que je peux à améliorer la qualité de vie des habitant.e.s. » Et c’est à Vernier qu’il fait ses preuves. Quand une manchette d’un média genevois traite la commune de « cité-poubelle », il sait que ses habitants méritent de vraies solutions. Il s’applique à en faire un espace innovant en matière sociale, capable de proposer des projets pour une vraie réponse aux habitants, comme les correspondants de nuit ou un service emploi pour rapprocher entreprises et personnes à la recherche d’une activité. Ce sentiment d’injustice qu’il perçoit dans la société est nourri par le fait que les gens n’ont pas les mêmes chances au départ. Il souhaite promouvoir l’égalité et les opportunités. S’il n’a pas directement subi d’injustices, l’environnement ouvrier dans lequel il grandit aux Avanchets l‘inspire dans son combat à défendre la cause de la classe moyenne et les plus vulnérables. Ses parents, orphelins très tôt, investissent énormément dans la famille lui offrent une vraie liberté de faire ses expériences et le laissent s’engager dans les associations qu’il crée 7
« pour changer le monde ». Ce cadre aimant lui permet aussi, quelques années plus tard, de faire son coming out. « C’est arrivé un peu comme tout le monde vers la fin de l’adolescence, avec un processus classique de compréhension de ce qui se passe, d’acceptation, de devoir faire face au regard des autres, avant de tomber sur l’homme de ma vie avec qui je vis depuis. » Thierry Apothéloz le vit bien. Le nom de son partenaire figure à côté du sien sur sa boîte aux lettres, à Vernier comme dans sa famille, les gens le savent, et ce ne sont pas les quelques attaques du MCG en 2013 qui changent l’opinion. La défense des droits LGBTIQ s’insère naturellement dans son programme. « Je pense que la lutte est particulièrement importante de ce qu’elle montre dans le rapport des gens les uns avec les autres, la façon dont on incarne et intègre la différence avec laquelle on vit. Aujourd’hui, la société suisse a largement intégré cette question. Même si la situation est encore fragile. Comme ces propos homophobes balancés par un élu en Ville de Genève. Il y a donc beaucoup à faire, notamment dans le domaine du travail ou du sport. Le mariage pour tous doit être possible. Je regrette amèrement la décision récente du Conseil national
actu RENCONTRE
2015, les élections communales font de son conseil administratif le seul du canton à être réélu au premier tour. L’opération est en route. L’engagement de l’homme fort du PS n’est pas un choix, il existe en lui depuis toujours. « Déjà en primaire, mon prof notait dans mon carnet que je m’occupais un peu trop des autres. J’étais dans une classe normale mais avec des copains qui n’allaient pas toujours très bien, du coup, j’étais très investi. Au cycle, je me suis engagé dans l’association Coup de main Coudrier, avec une grosse action d’entre-aide humanitaire, que j’ai poursuivie ensuite à l’école de commerce. Travailler dans le social était une suite logique et évidente. » D’un foyer pour adolescents au Locle au service de protection des mineurs à Genève, Thierry Apothéloz s’engage avec autant de naturel en politique. « La politique est un bon complément. En tant que travailleur social, on se concentre sur des individus, sur des familles. En politique, on agit à un niveau supérieur, une commune ou au canton à l’avenir, je l’espère. Plus intérieurement, mon engagement politique est lié au sentiment d’injustice qui génère chez moi une volonté d’agir et d’arriver à peser sur des décisions. J’ai toujours
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« Je veux donner des solutions à des gens qui n’en ont pas, c’est ça mon rêve. » Thierry Apothéloz
en matière de justice sociale. » Pour cela, le candidat au Conseil d’Etat souhaite inverser la temporalité et arrêter d’avoir une politique du court terme. La prévention, notamment de la santé, doit reprendre ses droits. De son bilan à la tête de Vernier, il souhaite apporter son expérience dans d’autres domaines également : la petite enfance, la sécurité dans l’espace public, la relation aux entreprises ou encore la formation. S’il est élu au Conseil d’Etat en 2018, Thierry Apothéloz souhaite imaginer Genève autrement. « Je veux ne laisser personne sur le bord de la route, et investir dans des programmes innovants grâce à une administration motivée qui redevienne elle-même génératrice de solutions. Mon rêve pour Genève, c’est de donner ce souffle dont elle a besoin pour la sortir de son marasme, en portant un regard lucide sur les difficultés. Je veux donner des perspectives à notre population et à nos institutions. Je veux donner des solutions à des gens qui n’en ont pas, c’est ça mon rêve. ».
DANS LA COURSE Les élections au Conseil d'Etat verront les candidats s'affronter pour les 7 places à pourvoir en 2018. S'ils étaient 29 en 2013, les partis ont commencé à présenter celles et ceux qui défendront leurs couleurs l'an prochain. A gauche, le Parti socialiste propose un ticket à trois, avec Thierry Apothéloz, de la Sandrine Salerno et la conseillère d’Etat sortante Anne Emery-Torracinta, de même que les Verts avec leur magistrat sortant Antonio Hodgers ainsi que Marjorie de Chastonay et Yvan Rochat. A droite, l'UDC choisit également un trio avec le conseiller national Yves Nidegger et les députés Thomas Bläsi et Stéphane Florey. Le PDC présentera ses deux conseillers d'Etat sortant, Luc Barthassat et Serge Dal Busco, tandis que le PLR renouvelle sa confiance à Pierre Maudet, aux côtés des députés, Nathalie Fontanet et Alexandre de Senarclans. Enfin, le MCG soutiendra sans doute son candidat sortant Mauro Poggia, tandis que le désormais chef de Genève en marche, Eric Stauffer, se profile également dans la course.
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actu RENCONTRE
de refuser de pénaliser l’homophobie. Nous devons retourner à ce combat fondamental. » Fort de son expérience de terrain à la tête de l’Association des communes genevoises et de ses 14 ans à l’Exécutif de la ville de Vernier, Thierry Apothéloz a un programme nourri tant de ses expériences personnelles que professionnelles « Ma motivation n’a pas changé. J’entre dans la course au Conseil d’Etat pour apporter à Genève de nouvelles perspectives en matière d’innovation sociale. Les gens ont besoin d’avoir des perspectives, des horizons, une dynamique de fierté et de dignité. Les jeunes par exemple à l’aide sociale, c’est impensable dans ma vision de la société. L’aide sociale n’est pas une fin en soi. Je veux leur proposer autre chose : une formation ou une insertion professionnelle réussie. Le Canton doit également proposer des solutions concrètes aux conséquences du vieillissement de la population. Nous avons du retard dans ce domaine – comme dans d’autres
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actu Aîné.e.s
Les seniors LGBT au cœur d’un nouveau projet de l’association 360
©Petra Spijard
«
L’Association 360 est fière du groupe Tamalou qui accueille jusqu’à une trentaine d’aînés gays chaque mois. Nous sommes devenus, au fil des ans, un lieu de ressources de la vieillesse LGBT, en assistant à l’apparition de nouvelles problématiques, mais sans pouvoir jusqu’ici donner de réponses, faute de moyens », explique Chatty Ecoffey co-présidente. Grâce au soutien de la Ville de Genève, il s’agit désormais pour l’association - qui compte aussi un groupe Trans*, un groupe d’homoparents, un groupe bi et une permanence juridiquede faire un pas de plus et de coordonner de nouvelles actions dans le domaine de la vieillesse en se basant sur ce qui marche ici et ailleurs. « Nous voulons peser sur des habitudes qui ne sont pas interprétées comme mauvaises par les actrices et acteurs de la vieillesse, mais qui ne sont pas des politiques inclusives ! », ajoute-t-elle. La première phase exploratoire, qui s’est déroulée au 1er trimestre de cette année, soutenue également par la Ville de Genève, a permis de faire un état des lieux
du dispositif institutionnel dans l’ensemble du Canton. « Il n’y a jamais eu de réflexion sur les seniors LGBT jusqu’ici. Or, nous voyons en arriver de plus en plus dans les institutions publiques. En l’état, nous ne pouvons pas être sûrs que leurs besoins spécifiques seront pris en compte », explique Miguel Limpo, nouveau chargé de projet Aîné.e.s LGBT. « Il faut arrêter de penser la vieillesse qu’en termes d’EMS ! Notre priorité est bel et bien la qualité de vie des seniors LGBT et ce nouveau projet permettra de responsabiliser l’ensemble des institutions actives auprès des personnes âgées et d’offrir de nouveaux services concrets.», affirme André Lauper, responsable du groupe Tamalou. Les soins à domicile, les clubs d’aînés sont autant d’institutions ou de lieux où les LGBT sont pour l’heure invisibles. L’Association 360 souhaite passer à l’action avec des projets concrets en 2018 et développer ce projet unique en Suisse. 10
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Et ailleurs… Peu sont nombreuses sont les collectivités publiques et institutions à Genève qui ont décidé de mener une politique active sur la question. Voici quelques exemples de bonnes pratiques recueillies à l’étranger qui inspirent d’ores et déjà l’association 360 :
Aîné.e.s LGBT : Quels besoins spécifiques? Quelles réponses ?
• Des thés dansants pour les aîné.e.s LGBT • Un label LGBT-friendly pour les EMS (établissements médico-sociaux) • Des formations sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre (et plus généralement sur la sexualité) auprès du personnel travaillant en lien avec les personnes âgées • Des maisons communautaires ou des coopératives intergénéra tionnelles destinées entièrement ou partiellement aux aîné.e.s LGBT • Archives de la mémoire qui valorisent les luttes passées et historiques des seniors LGBT
Une présentation du projet s’est tenue à l’Espace de Quartier des Pâquis le mardi 31 octobre. La phase exploratoire : « Phase préparatoire en vue d’une enquête-actions sur les besoins des aîné.e.s lesbiennes, gays, bi et trans* (LGBT) à Genève » est disponible sur le site : association360.ch
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actu Aîné.e.s
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Patrick Dupond, bisexuel qui s’ignore ? Peut-on vivre une vie d’homosexuel par erreur et « devenir hétéro » à 58 ans ? C’est ce qui est arrivé à Patrick Dupond, ancien danseur étoile qui file le parfait amour avec Leïla, sa compagne. Lucas Vuilleumier
actu genre
«
En ce qui me concerne, l’homosexualité a été une erreur. », confiait Patrick Dupond au magazine Paris Match en septembre dernier. S’affichant avec l’exsportive Leïla Da Rocha, désormais sa compagne, il revient sur une vie de solitude où même lorsqu’il avait quelques aventures homosexuelles, celles-ci le laissaient tout au plus « seul à deux ». Il raconte ses triomphes amers non partagés avec l’être aimé, et savoure aujourd’hui son bonheur après une vie passée « dans le mensonge ». Fureur des internautes, évidemment, qui se sont emparés des propos de Patrick Dupond. Le qualifiant d’irresponsable, la Twittosphère s’est acharnée à réduire le discours du danseur, qui expliquait avoir simplement fait fausse route, à une attaque contre la cause homosexuelle. Mais même si ces déclarations soulèvent quelques questions, il convient de les considérer calmement et de remarquer que Patrick Dupond ne parle pas de l’homosexualité comme d’une erreur en soi, mais d’une erreur pour lui. Aussi peut-on imaginer un jeune homme se conformant à la norme en vigueur dans le milieu de la danse, où les garçons ont plutôt tendance à être gays, et ayant quelques expériences homosexuelles pas vraiment satisfaisantes sans qu’elles ne soient insurmontables pour lui. Interrogé sur ce passage tardif à l’hétérosexualité, Thierry Delessert, chercheur au Centre en études de genre de l’Université de Lausanne, explique que tout n’est pas noir ou blanc, évidemment : « C’est de la bisexualité non avouée. Patrick Dupond correspond au même profil que les hétéros qui deviennent homos sur le tard, il est un hétéro tardif. »
©DR
vécue, tout ça peut changer en permanence. », rappelle le professeur Friedrich Stiefel, directeur du service de psychiatrie du CHUV spécialisé dans l’évaluation psychique de personnes changeant de genre. « Evidemment, les gens auront tendance à mettre ses propos en doute car on voit plus souvent arriver le phénomène inverse, où un homme hétérosexuel, décomplexé par le tabou et les interdits sociaux qui s’amenuisent, ou auxquels il est devenu capable de faire face, quitte sa femme pour vivre son homosexualité. » (Presque) tous bisexuels, donc ? Potentiellement, oui, comme le souligne Thierry Delessert, même si beaucoup de personnes n’auront pas l’idée, l’envie ou la possibilité d’aller visiter les deux sexes. « Je pense qu’un homme ayant une attirance bisexuelle mais qui aurait seulement connu des hommes peut très bien se cantonner
Tous bi ? En effet, depuis les rapports Kinsey (1948), on sait qu’il existe une petite frange d’hétéros et d’homos purs et durs, mais qu’entre ces deux pôles, la majorité de l’humanité représente un continuum d’individus se rapprochant plus ou moins de l’un ou de l’autre. Aussi peut-on être bisexuel en ayant toutefois une préférence pour l’un des deux sexes, ce qui n’exclut donc pas d’avoir des expériences sexuelles avec les deux. Sorti de son contexte artistique, on peut imaginer Patrick Dupond se détournant de l’impératif homosexuel du milieu de la danse, et qu’il se soit ouvert aux potentialités hétérosexuelelles de son désir. « Le désir, l’orientation, la sexualité 12
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dans le genre Alors, du calme, Twitter. Patrick Dupond peut aimer les deux, avoir été danseur et finir sa vie avec une femme. Il fait ce qu’il veut et n’a pas attendu notre approbation pour être heureux. Il a bien fait. Toutefois, s’il réalise aujourd’hui le côté féminin de sa bisexualité, il est intéressant de remarquer qu’il rejette absolument son homosexualité et qu’il veuille aujourd’hui être estampillé hétérosexuel. N’y aurait-il pas une pression sociale qu’on n’avait pas encore identifiée et qui obligerait à se revendiquer de la sexualité qu’on pratique ? Pour le professeur Stiefel, c’est évident : « Ces catégorisations sont bien sûr le produit d’une construction sociale. On aime bien, en Occident, mettre des choses dans des boîtes. Nature-culture, vivant-mort, homme-femme. On est souvent dans des catégories ontologiques opposées, et dans d’autres cultures on parlerait plutôt de flux,
de va-et-vient, en ne disant pas que tout est défini et immuable. » Patrick Dupond, faisant un coming out à l’envers, a-t-il peur de ne pas être pris au sérieux en s’avouant bisexuel plutôt que définitivement hétéro ? Thierry Delessert rappelle que la bisexualité a mauvaise réputation : « Il semble qu’on soit un peu obsédé par une vision binaire de la vie et de la sexualité. La science sexuelle a reproduit la binarité
« On aime bien, en Occident, mettre des choses dans des boîtes. » Professeur Stiefel
homme-femme sur la binarité hétéro-homo, en niant le potentiel bisexuel de l’individu. Car il y a trouble dans le genre avec les bis. Ils sont et l’un et l’autre. Pour eux, ce qui n’est pas facile à vivre, c’est qu’ils sont considérés comme des traîtres à la cause, à l’idéal binaire, aussi bien du côté des hétéros que du côté des homos. » Patrick Dupond a donc tranché en optant pour l’amour. Car comme le remarque Thierry Delessert, « c’est la qualité de la relation affective qui joue le rôle premier dans la nouvelle vie du danseur. » Patrick Dupond a donc certainement fait le bon choix. 13
actu genre
une identité d’homo et penser qu’il n’aurait pas d’autre attirance sexuelle. Le professeur Stiefel, quant à lui, rappelle que sous d’autres latitudes sans interdits judéo-chrétiens, la bisexualité peut s’exprimer sans qu’il y ait toujours acte sexuel à la clef : « Dans les lycées japonais, les garçons sont souvent assez proches. Après, ils se marient, mais vers la fin de leur vie, les copains du lycée sont plus proches entre eux qu’avec leur propre femme. Ça ne veut pas forcément dire qu’il y existe une dimension sexuelle, mais il y a souvent, au Japon, une réelle intimité entre les hommes. »
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Quand Dolores dansait la douleur Oublié de l'Histoire, le danseur travesti juif Sylvin Rubinstein fut un résistant acharné au nazisme.
socièté histoire
Annabelle Georgen
©Kuno Kruse
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«
Jambes interminables Il révélait ses jambes interminables, dissimulées sous la longue traîne d’une robe de flamenca, par d’habiles pas de danse. Du passé tragique et héroïque de ce danseur de flamenco talentueux, artiste transformiste, ses admirateurs ignoraient souvent tout. Sylvin Rubinstein a longtemps gardé le silence. Jusqu’à ce qu’il accepte, sur ses vieux jours, de confier son histoire extraordinaire au journaliste allemand Kuno Kruse. Celui-ci en a tiré une biographie qui constitue un témoignage historique précieux, Dolores und Imperio — Die drei Leben des Sylvin Rubinstein. Car le danseur fut un résistant au nazisme durant la Seconde Guerre mondiale. Pour comprendre son passé, il faut remonter le fil de sa biographie : Sylvin Rubinstein naît à Moscou le 10 juin 1914 avec sa soeur Maria. Les jumeaux sont les enfants illégitimes d’un duc russe et d’une danseuse juive. Lorsque la Révolution russe éclate en 1917, leur père les envoie
dans la ville de Brody, en Galicie, un territoire qui recouvrait alors la Pologne et l’Ukraine. Inséparables, le frère et la soeur nourrissent une passion commune : la danse, et bientôt le flamenco, très à la mode dans les années 1930. « Maria et moi, nous étions magnétiques. Quand nous dansions ensemble, nous n’étions plus qu’un pied », explique Sylvin Rubinstein à Kuno Kruse. Jeunes et talentueux, Sylvin et Maria ne tardent pas à danser sur les plus grandes scènes d’Europe, et en particulier à Berlin. Leurs noms de scène : Imperio et Dolores. Mais en 1935, les nazis, au pouvoir depuis deux ans, interdisent aux artistes juifs de se produire sur scène. Sylvin et Maria rentrent donc en Pologne. En 1939, la guerre éclate et les nazis envahissent la Pologne. Un jour, Sylvin est contrôlé dans la rue et jeté en prison parce qu’il ne porte pas l’étoile juive. Il y subira des viols, avant de parvenir à s’échapper lors d’un convoi. Commence alors pour lui une vie dans la clandestinité. Muni de faux papiers, il prend le nom de Turski, et se sépare de sa moitié : Maria décide de rentrer à Brody pour prendre soin de leur mère. Sabotage Sylvin fait bientôt la connaissance de Kurt Werner, un officier allemand qui est à la tête d’un réseau de résistants. On ignore si les deux hommes étaient seulement amis ou bien s’ils ont eu une histoire d’amour, Sylvin ne s’étant jamais confié à ce sujet. Avec le soutien du major, Sylvin participe à diverses actions de sabotage : il met du sucre dans les réservoirs d’essence des véhicules de la Wehrmacht, vole des denrées 17
alimentaires dans le garde-manger d’un bâtiment occupé par les nazis, coupe les barbelés qui entourent un camp de prisonniers. C’est là qu’il apprend, en 1942, que Maria et sa mère ont été exterminées au camp de Treblinka. Inconsolable, Sylvin fera le deuil de sa soeur jumelle adorée à sa façon : avec des vieux rideaux et des vieux draps, il se coud une robe de flamenca et se fait dès lors appeler « Dolores ». Désormais, il fera de la résistance en habits de femme. Et sera prêt à tuer pour venger sa sœur. Un jour, il se rend par exemple dans un bar truffé d’officiers de la Gestapo et de soldats de la SS, le Deutscher Hof, en se faisant passer pour une artiste de cabaret. Dans son sac à main, il a deux grenades. Après l’attentat, il décide de quitter la Pologne, où il est désormais activement recherché. Avec l’aide de Kurt Werner, qui lui fournit de faux papiers et la clef de son appartement berlinois, il se rend en Allemagne comme travailleur volontaire, tout en continuant à mener des actions de résistance. À la fin de la guerre, il s’installera à Hambourg, où il deviendra une vedette des cabarets du quartier de Saint-Pauli, sous le nom de « Dolores » puis de « Imperia Dolorita ». Sur ses vieux jours, il deviendra brocanteur, et continuera à traquer les nazis en les attirant dans sa boutique exposant des reliques du troisième Reich. Sylvin s’est éteint en 2011 à l’âge de 96 ans. Seul avec son chagrin, ses panoplies extraordinaires et les pigeons blessés qu’il récupérait dans la rue et soignait avant de leur redonner leur liberté.
socièté histoire
Qu’est-ce qui attire les hommes si puissamment, comme un aimant ? / Il n’y a que les jambes de Dolores pour empêcher les señores d’aller se coucher / Car les toreros et les matadores veulent encore voir Dolores danser ». Même si la célèbre chanson Die Beine von Dolores (« Les jambes de Dolores »), un des hits du chanteur populaire ouest-allemand Gerhard Wendland dans les années 1950, n’a pas été écrite pour lui, le danseur travesti Sylvin Rubinstein, alias Dolores, n’a eu de cesse de l’utiliser « comme une publicité » lorsqu’il se produisait dans les cabarets de Hambourg.
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Société mode
L’INFATUATION ALESSANDRO MICHELE Nom inconnu avant sa nomination à la tête de la maison Gucci en janvier 2015, Alessandro Michele est le nouveau messie de la mode. Francesca Serra
L
e phénomène Alessandro Michele a atteint des proportions tellement gigantesques qu’on serait naturellement portés au scepticisme et à remettre en question la faveur médiatique et le chœur de louanges qui résonnent sur la toile. Les chiffres, pourtant, sont irréfutables. Gucci enregistre une progression constante des ventes et affiche, au premier trimestre 2017, un résultat record de plus 48%. Avec ses ventes au beau fixe, la maison florentine se place en deuxième position dans le marché de luxe, derrière Louis Vuitton. Sacré meilleur designer international par le British Fashion Award en 2015, le designer italien a également reçu en 2016 l’International Award du Council of Fashion Designer of America, sorte d’Oscar de la mode. La nouvelle âme qu’il insuffle à la marque lui est dictée par son imaginaire personnel mais aussi par la profonde connaissance de l’ADN de
la griffe où il a rejoint Tom Ford en 2002 en tant que responsable des accessoires. Lorsqu’on considère que plus que la moitié du chiffre d’affaires de la marque provient de la maroquinerie, on comprend le travail accompli par l’Italien avant de passer au gouvernail et sous le feu des projecteurs. MAXIMALISME Les mors, le logo du double G, les sacs Jackie ou encore le ruban rouge et vert sont autant de codes familiers que Michele a su réinterpréter avec brio. Le succès stratosphérique de ses mocassins sans talon doublés de fourrure a feutré les pas des fashion addicts, parés de ses imposants bijoux d’inspiration vintage à mi-chemin entre un mafioso et une divinité grecque. Dans sa polyphonie vestimentaire se côtoient allègrement bombers satinés, survêtement de rappeur et fourrures. Des imprimés et 18
broderies luxuriants évoquent autant les années 70 que la Renaissance pour une jungle baroque et dandy où grouillent nombreux insectes et animaux, de l’abeille au tigre en passant par les libellules. Le designer à la barbe hirsute et longue chevelure détient le secret de ces cocktails exubérants, la surcharge n’affectant jamais l’impact des looks. Bien au contraire, dans cet éclectisme poussé à l’extrême, chaque look est composé comme un microcosme à l’intérieur duquel les pièces s’avèrent très faciles à adopter singulièrement. Ainsi le nouvel alphabet Gucci s’apprend avec plaisir, comme un jeu. POST FORD Après l’ère pornochic de Tom Ford, Michele injecte de la poésie dans ses esthétiques genderfluid, en commençant par les délicates blouses avec lavallière de son premier défilé automne-hiver 2015.
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Société mode
Exit donc la sensualité ostentatoire et le binaire, bienvenue aux codes vestimentaires qui abolissent les questions de genre, race et saison. Les collections imaginées par Alessandro Michele forment ainsi un continuum et conjurent le danger d’une rapide péremption. Cultivant l’entre-deux et l’imperfection, il puise dans le passé comme une palette pour peindre le présent. Si l’esprit de la marque reste lié aux années 70, époque à laquelle font référence aussi bien Ford que Michele, ce dernier amène dans sa flamboyance un morceau de culture italienne. Il évoque le faste des anciens palais italiens avec un brin de décadence punk et une gamme de couleurs immanquablement bling bling. Ce qui ne va pas sans charpenter une trame d’optimisme derrière cette audacieuse juxtaposition de références qui plaît aux millennials, génération qui est censée fuir aux catégorisations. 19
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culture pop
Daho, l’épopée pop
©Universal Music
En guise de montée des marches avant la découverte de son nouvel album « Blitz » dans quelques jours, replongeons avec délice dans l’œuvre magistrale d’Etienne Daho. Alexandre Lanz
«
Tout est blanc, tout givré, innocent, tout figé. C’est l’hiver, en été… », posté sur sa page Facebook le 1er septembre, le nouveau single d’Etienne Daho intitulé « Les Flocons de l’été », berceuse joyeuse et mélancolique pour adultes, insuffle un peu de douceur cinglante d’humanité dans ce monde de brutes. Comme une caresse à partager sans modération avec les êtres qui nous sont chers. Annonçant la sortie de son album « Blitz », la chanson fait chavirer le cœur de ses fans, fidèles, patients. Une fois encore, nous tombons pour Daho. Dès la première écoute de ce nouveau morceau, nombreux de ses fans de la première heure y ont reconnu un lien avec « Saint-Lunaire, dimanche matin », la dernière piste de la face B de son deuxième album « La Notte, La Notte… » sorti en 1984. Une ritournelle candide à danser
enlacés jusqu’à l’aube. Il y a quelque chose d’extrêmement émouvant, presque vertigineux, chez les artistes qui comme lui traversent les époques sans sourciller. On pense à Bashung. L’œuvre d’Etienne Daho – car il s’agit bien d’une œuvre musicale essentielle – se crée comme une spirale étourdissante, ne laissant aucune place à la panne d’inspiration ou la facilité. Une œuvre exigeante, passionnée et passionnante, retraçant son parcours de vie au gré de ses disques qu’il a enregistrés aux quatre coins du monde. En tissant à chaque fois des liens très forts avec les villes où ils ont été conçus. Paris, Londres, New York… En attendant la sortie du 13e, sans compter « Le Condamné à mort » (2010) avec Jeanne Moreau mettant en musique les textes de Jean Genet, on ne se lasse pas de le réécouter. Tous ses albums sans excep-
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Blitz, sortie le 17 novembre 21
culture pop
tion ont la particularité d’être ancrés dans leurs époques tout en échappant à l’emprise du temps. On peut s’amuser à lui chercher des filiations et des influences artistiques, mais on préfère l’écouter en ondulant les yeux fermés, le sourire extatique. Car Daho, il n’y en a pas deux comme lui. En France où les médias aiment enfermer les artistes dans des cases hermétiques, il a toujours su éviter ce piège. N’appartenant à aucune catégorie, il s’est fait une place à part, sans vanité. Dans les années 80, lorsque sa carrière décolle en flèche avec les succès phénoménaux de « Week-end à Rome », « Tombé pour la France » et « Bleu comme toi », il devient LA star de la chanson française, on l’entend partout. Artiste de scène, certains lui reprochent alors le manque de puissance de sa voix en live, une voix reconnaissable aujourd’hui entre toutes et dès la première note, jeune, grave, envoûtante, sensuelle. Il a fait sa force de cette façon intimiste de murmurer directement à nos oreilles. A ses débuts – un peu comme les Pet Shop Boys en anglais – il réussit l’exploit d’écrire en français la rencontre amoureuse et l’attraction sexuelle de façon neutre. Un duel au soleil… Avec une fille, un garçon ? Peu importe tant que les corps vibrent à l’unisson dans l’extase du grand frisson, aussi furtif soit-il. Sans calcul mais avec subtilité, la sensualité dégagée dans ses chansons rassure de nombreux adolescents découvrant qu’ils sont gay dans les années 80. Lui-même n’a jamais estimé nécessaire de préciser ses préférences sexuelles, et c’est son plus grand droit. La vie publique n’implique pas de tout dévoiler de sa vie privée. Cette discrétion, comme son éternelle absence dans la presse people, ont contribué à façonner son image d’homme à l’élégance racée. Jusqu’au début des années 90 avec la sortie de l’album « Paris ailleurs » et la tournée internationale qui s’ensuit, la Dahomania bat son plein. Mais le rapport à la gloire et sa part d’ombre n’est pas simple pour l’artiste. Il supporte mal la surexposition médiatique couronnée des ventes de disques faramineuses. Il se retire un temps. Pour se reconstruire à l’abri du regard des autres et renouer avec l’envie de faire de la musique. Réfugié à Londres, la rumeur de Paris l’annonce mort du sida. Il prouve le contraire en sortant le mini-album « Reserection » en 1995 avec le groupe anglais Saint Etienne. Suivi une année plus tard d’« Eden », d’une cohérence artistique absolue, sans compromis. Du début à la fin, soit de « Au Commencement » à « Des Adieux Très Heureux », l’enchaînement des douze morceaux composant l’album l’impose comme essentiel. Et peu importe s’il déroute une partie de son public. Depuis, les sorties de ses disques se sont espacées. Plutôt que la quantité, il choisit la qualité. Après « L’invitation » (2007) et « Les Chansons de l’innocence retrouvée » (2013), son épopée musicale faite de grâce, de boucles et d’arrangements somptueux quasi cinématographiques, promet encore de belles envolées. Sa musique ne se raconte pas, elles se ressent au plus profond de soi. Alors en attendant « Blitz », vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenus : Daho n’a pas dit son dernier mot.
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Le Festival Tous Ecrans, rebaptisé Geneva International Film Festival, garde le cap avec sa vision plurielle des arts visuels. Edmée Cuttat
C
inéma, télévision et digital, un mariage qui dure, mais qui a décidé, pour ses 23 ans, de changer de nom. Notoriété internationale oblige, comme l’explique son directeur artistique Emmanuel Cuénod, le Festival Tous Ecrans s’appelle désormais le GIFF (Geneva International Film Festival). Que les fans se rassurent pourtant. Lieu d’expérimentation, de rencontre et de fête, carrefour des genres et des disciplines, il garde le cap, affirmant même davantage sa vision transversale et plurielle des arts visuels. En proposant un programme alléchant de 174 œuvres, dont 79 en compétition, huit premières mondiales, onze premières internationales, quatre premières européennes et 107 premières suisses. Parmi les nouveautés, des films sur la musique et l’inauguration d’un espace de 600 m2 entièrement dédié à la réalité virtuelle. Outre la compétition internationale forte de dix longs métrages,
petite sélection parmi les autres sections cinéma. Et tout d’abord, dans Rien que pour vos yeux, God’s Own Country du Britannique Francis Lee. Avec ce « Brokeback Mountain » made in Yorkshire, le débutant a séduit Sundance, qui lui a décerné le prix de la mise en scène. Jeune fermier, Johnny essaie d’oublier la frustration de son quotidien à coups de beuveries solitaires et de brèves rencontres avec des inconnus. Mais quand un saisonnier roumain vient travailler dans la ferme familiale, Johnny éprouve des émotions jamais ressenties et une relation intense naît entre les deux hommes. Si le film raconte la difficulté de s’assumer dans un tel milieu, il évoque surtout l’apprentissage des sentiments, de l’amour, de la tendresse, qui tranchent avec des habitudes de baise brutale dans des lieux sordides. Dans le volet Highlight Screenings, on trouve How To Talk To Girls At Parties, de John Cameron Mitchell, 23
auteur phare du cinéma queer. En 1977, en pleine émergence punk trois jeunes Anglais découvrent l’amour, planète inconnue et tenteront de résoudre ce mystère : comment parler aux filles en soirée. Une comédie américano-britannique glam-punk où on croise Nicole Kidman déchaînée, Elle Fanning et toutes sortes de créatures vêtues de latex dans le London des Sex Pistols. Kitsch et déjanté. A retenir, dans la compétition internationale de séries web, Le temps des chenilles de la Canadienne Catherine White. Alix habite la même ville, la même maison et la même chambre depuis toujours. Mais au lendemain de ses 20 ans, sa famille la flanque à la porte. C’est le début d’une épopée avec son amie Bibi dans un coin du Canada. Un drôle d’été chaud, avec une épidémie de chenilles qui rongent la région… Le Geneva International Film festival à Genève du 3 au 11 novembre giff.ch
culture événement
Le GIFF s’anime LGBT
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explorer la différence Dans « Marvin ou la belle éducation », Anne Fontaine, raconte le parcours d’un jeune gay maltraité, s’assumant par le théâtre.
culture CINéMA
Edmée Cuttat
M
artin Clément, né Marvin Bijou, a fui son village des Vosges, un père tyrannique, une mère triviale et résignée. Il a fui l’intolérance, le rejet, les brimades que provoquait sa différence. Heureusement, il s’était trouvé une précieuse alliée en la personne de la principale de son collège, Madeleine Clément, qui lui a fait découvrir le théâtre et dont il empruntera le nom. Il devra aussi son salut à un professeur gay d’art dramatique, qui lui révèle ses fêlures et le pousse à raconter son histoire. Marvin devenu Martin Clément va créer, avec succès, un spectacle libérateur qui achèvera de le transformer, réglant férocement ses comptes avec un milieu familial médiocre sinon sordide. Des proches non seulement incapables de le protéger, mais coupables de participation à la violente homophobie ambiante. Au point qu’il se sentait un étranger dans sa
©DR
propre maison. Marvin ou la belle éducation, récit sensible de ce jeune homme qui finit par assumer son orientation sexuelle tout en enterrant un passé douloureux, est signé Anne Fontaine. Elle l’a co-écrit avec Pierre Trividic, lui-même auteur de L’Autre, également scénariste-dialoguiste de Patrice Chéreau et Pascale Ferran. Ses interrogations sur les tourments du désir et de l’identité font écho aux thèmes déjà abordés par Anne Fontaine, pour qui rien n’est jamais joué et qui se plaît à penser que des êtres peuvent échapper à leur condition. Structure narrative à deux niveaux Opposant deux mondes dans cette ode à l’ouverture, à la victoire sur soi, assortie d’une réflexion sur le travail de comédien, la cinéaste propose une mise en scène sobre et poétique. Elle laisse son protagoniste cheminer avec l’énergie du désespoir vers le monde salvateur de l’art, alternant 24
les séquences de Marvin enfant, harcelé par ses camarades de classe et celles de Martin adulte, apprenti puis artiste triomphant. Une belle réussite sublimée par les acteurs, dont Finnegan Oldfield, formidable dans le rôle principal, Grégory Gadebois, figure paternelle à la Michel Simon, alcoolique, mal embouché et grande gueule, Vincent Macaigne prof d’art dramatique à la fois émouvant, blessé et intransigeant, ou encore Catherine Mouchet, bienveillant proviseur de lycée qui guidera Marvin vers son émancipation. Un bémol toutefois en ce qui concerne Charles Berling, protecteur caricatural dans un passage cliché, où Marvin succombe un moment à la tentation de se faire entretenir. Et où, par ailleurs, Isabelle Huppert joue son propre rôle, aidant Martin à porter son histoire sur scène. Mais il s’agit là d’une réserve mineure.
Sortie le 22 novembre
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Descente aux enfers avec Joaquin Phoenix Dans « You Were Never », l’on navigue entre thriller sanglant et étude d’un cerveau malade
L
Prix d’interprétation à Cannes Une œuvre indéniablement maîtrisée. Pourtant, en dépit de sa virtuosité, on regrette la surenchère, la débauche d’hémoglobine, dans cet opus féministe se situant quelque part entre Taxi Driver de Scorsese et Drive de Nicolas Winding Refn. En revanche, on retient la spectaculaire interprétation de Joaquin Phoenix, qui a opéré une bluffante transformation physique. Il est absolument méconnaissable, le corps massif, alourdi, marqué d’impressionnantes cicatrices, la longue barbe broussailleuse. Sans oublier le catogan, la casquette et la capuche. Se mouvant lentement tel un mort vivant dans une ambiance spectrale, farouchement taiseux, ce vétéran torturé et névrosé apparaît halluciné, glaçant dans sa sauvagerie, mais curieusement attachant et émouvant. Sa prestation lui a valu le prix du meilleur acteur au dernier Festival de Cannes, alors que Lynne Ramsay décrochait le prix du scénario. EC S ortie
le 22 novembre
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culture CINéMA
’originale, brillante, audacieuse Lynne Ramsay a convoqué le talentueux, imprévisible, impétueux, vénéneux Joaquin Phoenix pour une descente aux enfers dans You Were Never Really Here (A Beautiful Day). Il y incarne Joe, un ancien militaire et agent du FBI au mental fracassé par des traumas remontant à son enfance auprès d’un père brutal, et à son passé de soldat qui lui a laissé de sérieuses séquelles. Habitant toujours chez sa mère, Joe est une vraie bombe à retardement victime de pulsions suicidaires, qui tente d’échapper aux démons qui le dévorent en se fourrant la tête dans un sac en plastique. Reconverti dans de basses besognes, il est chargé de rechercher et de sauver la fille d’un sénateur piégée dans un réseau de prostitution. Un sujet bien malsain dans la lignée de We Need To Talk To Kevin sorti en 2011. Ici, la réalisatrice britannique propose une longue traversée effrayante au bout de la nuit dans un New York glauque et interlope. Un voyage dont la violence augmente au fur et à mesure que son héros s’enfonce dans l’horreur. Face au déferlement de vengeance et de corruption, Joe joue du marteau, son arme de prédilection, partie intégrante de son personnage, ou encore du flingue pour éliminer un à un les individus qui gravitent autour de la gamine. Ce récit terriblement anxiogène, sous haute tension permanente, librement adapté d’un roman de Jonathan Ames, frise la caricature et la complaisance, naviguant entre le thriller sanglant et l’étude clinique d’un cerveau malade, peuplé de visions cauchemardesques dévoilées à coups de flashbacks.
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culture théorie queer
HOMO LOGO
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Dans un nouveau livre, le théoricien Sam Bourcier s’attaque à la normalisation homo à l’œuvre dans l’ère néolibérale. Il ouvre aussi des brèches où puiser une force de subversion reboo(s)tée. Antoine Bal
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a couverture kitsch d’Homo.Incorporated tape à l’œil ou pique les yeux, c’est selon. Dessus, une licorne queer se cabre, en colère : elle a digéré l’imprononçable LGBTQI + OC (Of Colors), ce label alphabétique en extension censé faire « communauté ». La créature pète désormais cet étendard arc-en-ciel que l’auteur voit comme dépossédé de sa force contestataire, endormi, rabougri, ravalé par le bulldozer néolibéral.
Intèrieur queer Les pages servent une lecture dense, fluidifiée par l’utilisation annoncée de l’argot, mi-rafraîchissante,
mi-racoleuse. Grammaire et orthographe sont sciemment re-genrés façon transféministe, selon la position d’énonciation et du/des genres de celles ou ceux de qui l’on parle. La forme est queerisée, donc. Le fond, aux ambitions analytiques systémiques, est forcément exigeant. Il est bâti par des aller-retours précis entre l’héritage des savoirs théoriques (Wittig, Foucault, Butler…), des vagues de féminismes plurielles et de la théorie du genre, revisités, challengés par les pratiques et les savoirs queer contemporains utilisés comme des outils critiques. Attention à bien s’accrocher au crin 26
de la licorne radicale. Il faut dire que le constat est rude, comme l’époque. On était prévenus en 4ème de couverture: « Mariage, procréation, travail, patrie, les gais et les lesbiennes sont entrés dans la sphère de la reproduction et de la production. Que restet-il du sujet politique LGBT lorsqu’il est défini par le droit et le « management de la diversité » ? « Pas grand chose », démontre Sam Bourcier tout au long de la première partie de l’ouvrage, à partir d’une réactualisation du triangle biopolitique du philosophe Michel Foucault. Biopolitique ? Quoi ? C’est l’ensemble des technologies tournées vers le
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on fait quoi, Sam ? Sans droits, on fait comment ? Bourrés de désirs contradictoires, on tient comment dans et hors du système ? Bourcier se défend d’opposer les bons homos- voire les bons trans, même- aux queers et aux transféministes. Il s’agit de « positions » plus que de personnes. Or l’activiste veut « définir des options que tout le monde peut choisir ». On aurait parfois envie d’objecter à Bourcier : est-ce qu’on peut vraiment « choisir » quand on n’a précisément rien, ou si peu, et qu’on désire, par exemple, s’affirmer dans un genre gérable socialement ? Pas sûr. Politiquement, plus que d’exiger la simple égalité et l’intégration, Bourcier suggère des ambitions de justice sociale et de redistribution économique plus large. La recherche d’une éthique non privative, éminemment collective, collaborative et politique. Pour documenter son propos, en bon enseignant dissident, il mobilise
BIO EXPRESS Sam Bourcier enseigne à l’université de Lille et à l’EHESS Paris. En créant le premier collectif queer Le Zoo en 1996, il fait entrer la théorie queer en France. Après la trilogie Queer Zones, politiques des représentations et des savoirs, Homo Inc.orporated est son dernier ouvrage sorti en 2017 aux éditions Cambourakis, dans la non moins féministe collection Sorcières. A lire sur le même thème : Alain Naze « Manifeste contre la normalisation gay », éditions La Fabrique, 2017.
à dessein les savoirs d’« en-bas » : films, fanzines, manifestes et autres performances. Il tire sur le levier des savoirs des premières intéressé-e-s, issus de leurs expériences. Et de dénoncer l’arrogance et l’imperméabilité universaliste de l’académisme à la française. Bourcier puise dans sa propre expérience transformatrice au sein du collectif queer italien Smaschieramenti : « la réflexion sur la précarité et le consumérisme gay » est centrale dans des mouvements queer italiens, davantage encore touchés par la crise. Pas étonnant que l’entremêlement avec les questions du travail y soit devenu fondamental. Le genre n’est plus seulement une performance, une construction que l’on (re)jouerait à l’infini dans toutes les sphères de nos vies, mais bien une production continue. Le genre est un travail. Et si le genre est un travail, alors il faut faire la grève. Et à l’heure où l’on éprouve l’extrême limite du capitalisme, la grève du genre est présentée comme un puissant outil d’autodétermination (empowerment) collective pour « déclencher du travail contreproductif ». Une désoccupation. En somme, une logique de dé-possession de la capture du néolibéralisme, pour lui opposer de nouvelles formes de résistance. 27
culture théorie queer
maintien de la vie (juridiques, sécuritaires, médicales, politiques, de surveillance…) qui exercent une nouvelle forme de pouvoir sur les individus (biopouvoir) à partir du XVIII ème siècle. Dans nos sociétés modernes, la biopolitique discipline les corps et contrôle les populations. Elle agit en eux par les normes. Or, Bourcier argumente qu’à force de se focaliser sur l’égalité, les « gays et les lesbiennes, les bons homos, sont devenus une population consentante (…) une force productive, une multiplicité inerte». En acceptant un épanouissement calqué sur le modèle hétérocentré, les sujets LGBT recodifiés par le droit jouent à plein le jeu du marché. On est passé du « out » au « in » : après les luttes libératrices, c’est l’ère du pinkwashing, de l’homo-economicus. Pire ! Ce fameux homo-incorporated. La pseudo-communauté normalisée quand elle n’est pas marketée, défend les privilèges d’un agenda de luttes devenu « rikiki » au détriment d’autres minorités en son sein, racisées, trans, putes et pauvres, dont elle reproduit l’exclusion.
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AVEC OU SANS RèGLES
Aline Kiner La nuit des béguines Pour commencer, il y a l’originalité du sujet, les béguines, qui, au XIVe siècle, dans un monde où « toute femme n’étant ni épouse ni nonne est suspecte », avaient l’audace de « refuser le mariage comme le cloître ». Ces pieuses réfractaires, « ni totalement contemplatives ni totalement actives » qui décidaient de vivre dans une sorte de communauté sans règle et d’y choisir, de méditer ou travailler, de soigner ou cultiver, de mendier ou prêcher. Mais aussi, de toutes les raisons et qualités qui font de La nuit des béguines un roman singulier et détonnant, il en est deux en particulier : sa rafraîchissante intelligence de la complexité historique et sa mélodieuse sobriété d’écriture. Ce récit, lumineux et généreux, nous invite à la découverte de ce qui fut un moment unique de la spiritualité médiévale. Liana Levi
Transdessinée par Johanna
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culture livres
Liv Strömquist Grandeur et décadence Liv Strömquist, la désormais iconique bédéiste suédoise, se détourne, le temps de sa 3ème bande dessinée, des thèmes féministes qui lui étaient chers dans ses précédents et jubilatoires opus, Les sentiments du Prince Charles et L’origine du monde, qui ont connu un succès très mérité. Ici elle livre une analyse des ravages du néolibéralisme et des dérives du capitalisme dans nos sociétés occidentales, du monde de la finance qui règne sans partage et du gouffre qui ne cesse de se creuser entre richesse et pauvreté, sans oublier le réchauffement climatique. Vaste programme donc, illustré par une galerie d’exemples bien choisis et comme toujours par un propos très documenté. Le tout avec un humour férocement percutant et cinglant ! Rackham
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VACANCES DANS LE CHAOS
« Post-apocalyptic holidays » est l’exposition personnelle de Yannick Lambelet à découvrir au Quartier Général, le centre d’art contemporain de La Chaux-de-Fonds.
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ette exposition est le résultat de l’expérience de l’artiste Yannick Lambelet en résidence à Buenos Aires grâce à une bourse de six mois attribuée par la ville de La Chaux-de-Fonds de juillet à décembre 2016. Son projet de recherche s’accentue autour de l’exploration d’Epecuen. Ville dans la province de Buenos Aires qui fut totalement submergée par son lac salé depuis novembre 1985. La faute à une crue importante. Le niveau de l’eau qui a commencé à redescendre à partir de 1993, n’a laissé qu’une ville fantôme, des amas de ruines, des cadavres d’arbres marqués par le sel, et un silence omniprésent. « Lorsque je suis arrivé dans cette ville, j’ai eu une impression de déjà-vu comme lorsque Jim (Cilian Murphy), se réveille dans un Londres totalement déserté, dans le film 28 jours plus tard de Danny Boyle. Cette sensation, je l’avais également vécue en passant des centaines d’heures à jouer à des jeux vidéos de type survivalhorror tel, que la saga des Resident Evil sur Playstation. Ce paysage post-apocalyptique argentin pourrait être le décor parfait pour un film de George A. Romero, où un zombie pourrait surgir à chaque coin de rue. Epecuen et son scénario catastrophe de destruction par les eaux salées me rappelle de nombreuses histoires bibliques qui ont bercé mon enfance et adolescence au sein des
témoins de Jéhovah. Il y a la purification de la terre par les eaux lors du déluge, la destruction de la ville de Sodome et Gomorrhe, la femme de Loth qui se retourna et fut changée en statue de sel, et évidemment la prophétie des quatre cavaliers de l’apocalypse qui annoncent les derniers jours avant Armageddon, le jugement dernier de Dieu. » Certaines de ces thématiques font partie de la recherche artistique de l’artiste depuis plusieurs années. Notamment en 2014 où il a lancé un projet collaboratif, en invitant trois jeunes peintres figuratifs romands (Michael Rampa, Sebastien Mettraux et David Weishaar) à se réapproprier la figure des quatre cavaliers de l’apocalypse, dont les symboliques de chaque cheval sont en étroite relation avec l’approche picturale de chaque peintre en question. On se souvient aussi, en 2016, lorsqu’il débute la série «love me Baby», une série de portraits de zombies issus principalement de la culture populaire cinématographique (mais pas que). Pop, chaos et culture sous le pinceau de Yannick Lambelet sont à découvrir au Quartier Général à La Chaux-De-Fonds jusqu’au 9 décembre et sur yannicklambelet.com. 31
portfolio Yannick Lambelet
« Would you like to save ? » 2016 acrylic on canvas
portfolio Yannick Lambelet
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« Kiss Kiss Bang Bang (gold) » 2016 acrylic on canvas
« Last night thoughts » 2014 acrylic on canvas
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« Love me Baby » 2016 acrylic on canvas
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portfolio Yannick Lambelet
« In Dust we Trust » 2014-16 acrylic on canvas
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Les ailes du désir
culture design
Chaque mois 360° saute d’un objet, d’une époque ou d’un art à l’autre pour vous parler design Francesca Serra
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epuis quelque temps, on assiste à un retour en force des lampes palmier au délicieux goût vintage et à la touche très décorative. Décliné même dans la grande distribution par des marques comme Zara ou la Redoute, cet élément déco séduit grâce au contraste entre l’effet « tropical » et le laiton qui en est le matériau de prédilection. La réinterprétation réalisée par la designer Syrette Lew brille par son épure et par l’ingénieuse utilisation du néon vertical qui met en valeur la structure. A une lampe à l’aspect typiquement opulent, l’Américaine oppose une pièce fraîche et contemporaine nommée « Alexandria », dont le feuillage évoque en même temps des ailes. Nous remontons ainsi dans le temps jusqu’au chef d’œuvre cinématographique des années 80’ signée par Wim Wenders. « Les ailes du désir » est une perle de sombre et brumeuse poésie qui a aussi le mérite d’avoir propulsé la carrière de Bruno Ganz, qui sera définitivement consacré par le film « La chute » en 2004 et qui, cette année, a reçu le Prix d’honneur du cinéma suisse.
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SHOWROOM Les 18 et 19 novembre prochains se déroulera la première édition du Salon du Design. Un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte !
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e design, une fois qu’on y a goûté, touché, que notre œil s’y est façonné, on n’en revient pas. C’est une passion infinie, un art de vivre mêlant savamment les beaux objets au confort dans lequel se reflète l’époque. Les férus en la matière auront désormais le loisir de découvrir un événement sur mesure : Le Salon du Design, un nouveau rendez-vous consacré au design du XX e siècle, dont la première édition se déroulera dans le Pavillon Sicli à Genève le weekend du 18 et 19 novembre. Non moins de 26 exposants ont répondu
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présents à l’initiative de Corine Stübi, l’organisatrice et créatrice de la galerie showroom Kissthedesign à Lausanne. Sélectionnés au peigne fin par cette connaisseuse dont la réputation n’est plus à faire, ils sont tous des professionnels venus de Suisse et d’Europe. Alors que le shopping en ligne est en plein essor, l’objectif du Salon du Design est de favoriser et soutenir les points de vente physiques. Car chiner dans un contexte soigné en rencontrant les marchands n’a pas son pareil. Des années 20 aux années 80, originaux d’époque ou 37
anciennes éditions, les plus belles belles pièces du design n’attendent que vous pour donner du caractère à votre maison ! Le Salon du Design, 18 et 19 novembre Pavillon Sicli Route des Acacias 45 1227 Genève Infos pratiques et liste des exposant : lesalondudesign.ch
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Checkpoint ouvre une consultation en médecine générale
Pas de tabou pour des soins adéquats n plus des soins de qualité dispensés par des professionnel.le.s formé.e.s aux spécificités de la santé des hommes gays et bisexuels et des personnes trans*, Checkpoint Genève offre un espace de dialogue. En santé physique, comme en santé sexuelle ou psychique, il est important de pouvoir parler sans tabou de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. Or, il n’est pas toujours évident d’aborder cet aspect de la vie avec son médecin, et les médecins eux-mêmes ne sont pas toujours à l’aise pour engager ces discussions. Ces non-dits sont un problème pour améliorer notre santé.
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La santé des gays est spécifique Les hommes gays et bisexuels ont un profil de santé spécifique. Les différences que l’on constate face aux VIH/ IST ou à l’anxiété, la dépression et le suicide, sont aussi présentes dans la quasi-totalité des aspects de la santé relevant de la médecine générale. Plusieurs enquêtes ont démontré que la santé des hommes gays et bisexuels est plus mauvaise que celle de la population générale : consommation d’alcool ou de tabac, taux de glucose ou de cholestérol trop élevés, hypertension… A l’heure où la santé s’envisage de plus en plus comme relevant de tous les domaines de la vie, il est aussi essentiel de penser aux minorités sexuelles et de genre dans tous les domaines de la santé !
Consultation de médecine générale pour hommes gays et bisexuels et personnes trans*, sur rendez-vous : Checkpoint Genève Rue du Grand-Pré, 9 - 1202, Genève +41 22 906 40 30 Les consultations médicales à Checkpoint Genève sont remboursées par l’assurance obligatoire de soin. Erratum Une erreur s’est glissée dans les horaires des Checkpoints pour le mois de novembre. Dans le cadre de la campagne Securion, les Checkpoints vous reçoivent pour des dépistages gratuits du VIH : Checkpoint Vaud Rue du Pont 22 - 1003 Lausanne +41 21 631 01 76 Sans RDV | Lu 12–16h | Me & Ve 16–20h (se présenter au moins 30 minutes avant la fermeture) Rendez-vous possibles sur d’autres plages Checkpoint Genève Rue du Grand-Pré 9 - 1202 Genève +41 22 906 40 30 Sans RDV | Lu & Me 16–20h | Ve 12–16h (se présenter au moins 45 minutes avant la fermeture Plus d’infos : DrGay.ch
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infos partenaires
Dès le mois de novembre Checkpoint Genève étend ses prestations à la médecine générale. Il est désormais possible de consulter un médecin gay-friendly pour tous les aspects de sa santé.
infos partenaires
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a saison bat son plein à Vernier, la salle du Lignon propose chaque année une programmation haute en couleurs entre théâtre, musique et performances. A ne pas manquer, deux de ses prochains spectacles. Tout d’abord, « On n’est pas des
chiens » de Jean-Rémi Chaize le 25 novembre. L’auteur et comédien nous présente une série de personnages, authentiques, drôles et extravagants dans un univers plein d’humanité qui nous ressemble. Le 7 décembre, c’est Vincent Dedienne
qui s’empare de la scène avec « S’il se passe quelque chose… ». Un voyage entre théâtre et one-man show en autoportrait. Toute la programmation sur : vernier.ch
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Jean-Rémi Chaize
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Stockholm en son cœur En 2017, le site Gaycities a nommé Stockholm la plus ouverte et accueillante pour la communauté LGBTIQ. Bien loin donc l’idée d’une ville refroidie par ses températures. Place au voyage. Zelda Chauvet
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a Suède, c’est l’Etat social, le saumon et les polars, mais le grand pays scandinave aux 10 millions d’habitants séduit aussi pour sa démarche active en matière de droits LGBTIQ. La semaine entière consacrée cette année à la Pride dans la capitale nordique illustre avec brio une envie constante de permettre à sa population d’exister sous toutes ses formes. La ville s’est habillée aux couleurs de la communauté, des institutions les plus classiques, comme le théâtre royal, le musée d’art moderne ou encore la banque nationale aux bus, vitrines de magasins et restaurants, pendant que les feux pour piétons s’illustrent en amour de même sexe dans le quartier le plus chic de la ville. 400 000 personnes regardent défiler les quelques 45 000 participants. Les Suédois ont choisi leur orientation avant d’accueillir l’Europride en 2018. Stockholm et Göteborg s’uniront pour une Europe ouverte sur le monde. Peut-être n’est-ce pas totalement par hasard. Si l’activité homosexuelle est légalisée en 1944, la Suède est le premier pays au monde, en 1972, à autoriser le changement légal identitaire pour les personnes transgenres. Le pays sera le 7ème à légaliser le mariage pour les personnes de même sexe en 2009. Selon l’eurobaromètre 2015, 90% des Suédois estiment que le mariage pour tous devrait être adopté partout en Europe. Peut-être est-ce en ça que le pays se distingue des autres. La population soutient le changement et les villes portent le drapeau fièrement. Parce que la Suède reste un pays relativement
peu peuplé proportionnellement à sa taille, la scène LGBT n’est pas aussi grande que dans d’autres capitales européennes. A Stockholm, toutefois, nombreux sont les cafés, enseignes et institutions qui se déclarent ouvertement gay friendly. Nous vous proposons donc un voyage orienté de culture et d’histoire. Partons pour un minimum de 3 jours. La ville se visite à pieds, à vélo, en bateau ou en bus. La balade vous emmènera tout d’abord à Södermalm, le quartier phare des livres de Millenium, mais aussi sans doute le plus branché de la capitale, de SoFo à Mariatorget. Il suffit de descendre la colline pour se retrouver en Vieille Ville, s’arrêter au Chokladkoppen pour goûter l’extraordinaire cheesecake au chocolat blanc, et y croiser peut-être la drag queen Robert Fux. Quand l’heure est aux sorties de bar, il y a Torget ou The Secret Garden à deux pas du Palais royal, des classiques LGBT. Là, tout près, l’eau laisse place à la fantaisie, aux bateaux et à l’histoire qui sommeille. C’est l’occasion, pendant la saison douce, de goûter au Mälarpaviljongen. Ce restaurant en jardin flottant, collabore avec Regnbågsfonden en reversant une partie des bénéfices de chaque bouteille de rosé arc-en-ciel vendue. On boit pour aider dans un décor sans pareil de 1943. La nuit suédoise est longue en lumière l’été, dans l’ombre l’hiver. On danse, on sort les dimanches soir chez Patricia, et le reste de la semaine partout ailleurs, jungle au King Kong club, ou au SLM, club fétiche réservé aux hommes. Evidemment,
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la culture a plus que jamais sa place en ville. Après avoir fait une pause au musée de la photographie, Fotografiska, il suffit de prendre le bateau pour traverser la baie de Stockholm et trouver l’essentiel sur Djurgården, l’île sur laquelle, à l’époque chassait, le roi. Là, on trouve les classiques du Musée Vasa ou Liljevalchs Konsthall, un bijou pour l’art contemporain, mais il y a aussi les initiatives un peu plus funky comme Spritmuseet, le musée de l’alcool ou encore l’incontournable Musée ABBA. Oui, knowing me knowing you jusque dans votre sang. Avec un peu de chance, vous arriverez même à Stockholm pendant le Cinema Queer International Film Festival, le plus grand festival de film queer en Suède. Enfin, est-il possible de voir le Nord sans un sauna ? Non. Le sauna traditionnel est indispensable, et c’est à Centralbadet qu’il faut s’arrêter. Ce spa est une institution au style art nouveau datant de 1904. Si la ville a choisi son ouverture LGBTIQ, c’est aussi et surtout grâce aux gens qui la font. La population a décidé de se battre pour l’égalité des droits. De l’association gay de la police à l’Eglise nationale suédoise, en passant par les organisations affiliées aux partis politiques majeurs, les voix se font entendre. Nul doute donc, que l’expérience suédoise sera unique parce qu’elle est avant tout un doux art de vivre, qui passe par les yeux, le ventre et le cœur. Comme le chante l’hymne national, « Du Gamla, Du Fria », la Suède est ancienne, mais libre.
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360° Fever/ASPASIE @ Palais Mascotte, Genève Photos : Irina POPA
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360° – Novembre 2017 Défilé head 2017 – Mikael Vilchez Laureat Prix Master Mercedes-Benz
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Miguel Filipe Mendes Salvador Prix Bachelor Bongénie
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PORNOGRAPHIE D’UN AUTRE GENRE En 2013, le grand public découvrait sur la plateforme Netflix, Buck Angel, FtM non opéré, à travers l’intrépide documentaire biographique « Mr. Angel ». Mise à nu.
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Quentin Markarian
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as de membre démesuré pour Buck Angel. Son physique imposant et son allure tout droit sortie de l’une des bandes dessinées de Tom of Finland peut surprendre, particulièrement lorsque l’on apprend que ce dernier est l’heureux détenteur… d’un vagin. Ovni visuel du porno gay, l’homme trans* y a réalisé ses premiers pas. Rebaptisé au passage, The man with a pussy, il a longtemps joué le rôle d’arché-
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types masculins tout en révélant avec un certain effet de surprise ses parties intimes. Faisant de lui en 2007 le seul FtM à avoir gagné le prestigieux titre de Transsexual Performer of the Year aux AVN Awards, l’équivalent des Oscars du porno. Fort de son succès, l’acteur pornographique ne comptait pas en rester là. Depuis 2011, de l’autre côté de la caméra, l’Américain quadragénaire expose à travers Sexing The 48
Transmen l’histoire d’une sexualité encore taboue et sujette à controverse. DU VAGIN À L’ACTIVISME Réel self-made man à l’américaine, Buck Angel a survécu à une jeunesse tumultueuse mêlant drogue et alcool, pendant laquelle la menace d’un internement dans un hôpital psychiatrique était constante. Rescapé d’une génération où la
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sont les maîtres-mots de Sexing the Transmen balayant d’un revers de main le caractère fatigué et phallocentré de la pornographie actuelle. Permettant aux jeunes de découvrir une image plus positive et non genrée des sexualités. En suivant la mouvance du porno-féministe, Buck Angel réalise un défi de taille, celui de donner un espace d’expression aux hommes trans* encore sous-représentés dans l’industrie du X. Face caméra, chaque épisode correspond à l’interview de différents FtM, exposant l’effet de la transition sur leur sexualité et sur leur corps, renouant ainsi avec un processus plus humanisant et respectueux, oublié par la pornographie mainstream. Véritable guide spirituel et sexuel, le cinéaste pionnier offre un voyage sensoriel de l’expression individuelle de l’identité. Intelligible, instructif et inspirant, Buck Angel dresse un portrait rare, authentique et orgasmique de la sexualité trans*. 18 CM DE DOMINATION Pérenne, le sous-genre pornographique Shemale a régné en seul maître dans l’industrie du X, consolidant le stéréotype trans* d’une jeune femme à large poitrine et au pénis souverain. Ce terme péjoratif figure cependant dans le top 20 des catégories les plus vues sur Pornhub et est un fantasme de curiosité ayant
pris racine. Dénoncé par Buck Angel, le problème réside dans le fait que ce qui est vendu en tant que porno trans* est en réalité uniquement du Shemale porn. Il ne semble pas exister l’équivalent du terme Shemale pour désigner un homme en transition qui investirait érotiquement sa vulve. Et cela car le pénis reste une arme de taille dans l’industrie du X, consolidant ainsi le mythe que la sexualité féminine est inexistante et subsidiaire à la sexualité masculine. La narration d’un film pour adultes ne s’organise jamais autour du désir de baiser ou d’être baisé, mais autour du désir d’éjaculer. C’est ce que traduit le Money shot, scène d’éjaculation externe de l’homme, tristement centrale et semble-t-il, indispensable au film X. Il est explicitement question de contrôle, de soumission et de passivité du désir féminin. Buck Angel revendique une réappropriation du vagin en le montrant à l’écran et en l’érigeant ainsi comme symbole de pouvoir. En explorant la sexualité de la perspective d’un FtM non opéré, il offre une narration alternative au porno traditionnel et au Shemale porn. Son intervention dans le cadre même de la production de la pornographie permet le démantèlement de la pensée binaire et exclusive. Enfin un pornographe réinventant le genre tout en bousculant les genres. Publicité
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thérapie de conversion voire le suicide étaient les seules issues envisageables pour ceux qui différaient de la norme, sa notoriété s’est avérée être un outil de pouvoir et d’émancipation pour la communauté trans*, particulièrement pour les hommes trans* (FtM) encore invisibles dans la pop culture, souffrant d’une asymétrie de visibilité. Aujourd’hui pleinement en phase avec son corps et conscient du pouvoir de son vagin, il tente de sensibiliser les plus jeunes à la question trans* grâce à sa participation à de nombreuses conférences et à son omniprésence sur les réseaux sociaux. L’activiste livre un message d’amour-propre et d’empowerment, affirmant que les organes génitaux ne définissent ni le genre ni la personne. Comme souvent dans les luttes LGBT*QI+, le privé et l’intime sont indissociables du public et du politique. En effet, l’ex porn star livre une ode au vagin qui continue de désorienter l’ordre patriarcal jusque dans ses sous-vêtements Tout comme la réalisatrice féministe Erika Lust, qui déclarait lors d’un Ted Talk que le porno est l’éducation sexuelle d’aujourd’hui, les jeunes en étant les principaux consommateurs, Buck Angel surfe sur le potentiel éducatif du divertissement érotique. Sexe et réflexion
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RENDEZ-vous SAMEDI 2.12 360°Fever @Village du Soir, GENÈVE !
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CLUBBING
SAMEDI 18.11 GENÈVE Alhambar Soirée MRS and MRS, DJ Ellem (women only), 20h ZURICH Heaven Hell on Heels, DJ Nicki Dynamite, 23h
VENDREDI 3.11 GENÈVE Le Déclic Déclic’Karaoké, 22h ZURICH Heaven Boyteschema, avec DjCK, 23h
DIMANCHE 19.11 LAUSANNE GameBoy @MAD, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, DJ Stephage and friends, 21h
GAYMAP AGENDAS
SAMEDI 4.11 GENÈVE H2O Geneva Natathon. Compétition de natation solidaire au profit de PVA Genève et du Salon de Sylvia, 18h Silencio Le Jour des Morts. Soirée spéciale Halloween avec La Scandaleuse, dès minuit BÂLE Heimat Zombie Barbie, DJ High Heels on Speed, 22h BERNE PROGR Queersicht Film Festival official party, DJ Jennifer Cardini (F), 23h Frauenraum Frauendisco, 22h VEVEY Rex «Good Vibes» Black Night, 21h ZURICH Heaven Prom Night Beyoncé, 23h
VENDREDI 24.11 GENÈVE Le Déclic Déclic’Karaoké, 22h ZURICH Heaven Attitude, DJ Vicky Goldfinger, 23h SAMEDI 25.11 BERNE Golden Tolerdance @ISC, DJ Ludwig and guest, 23h ZURICH Heaven Dudecute, DJ Steve Bam, 23h Queens Inside, DJ Massivan, 23h
DIMANCHE 5.11 LAUSANNE GameBoy @MAD, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, DJ Klangfieber, 21h ST-GALL News Sack & Pack, DJ duo Glitzerhaus, 20h
DIMANCHE 26.11 LAUSANNE GameBoy @MAD, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, DJ High Heels on Speed, 21h
VENDREDI 10.11 GENÈVE Le Déclic Déclic’Karaoké, 22h ZURICH Heaven Balkan Gay Night, DJ Countessa, 23h Angels Black Party – Black Out! @Club Q, 22h
SAMEDI 2.12 GENÈVE 360°Fever @Village du Soir, Hard Ton, Dan Shake, 23h Lestime Lesboat Party@Bateau Genève, Djane’s, DJ Garance, 21h
SAMEDI 11.11 GENÈVE 360° Fever 36 gr. le retour! @La Gravière, 23h BERNE Frauenraum TanzBar, 20h30 BÂLE Das Viertel Anderland (nouveau!), DJ Leomeo, 22h ZURICH Heaven Molke 7 (electro), 23h Angels Black Party – Mirror @Club X-tra, 22h
VENDREDI 3.11 LAUSANNE Trafick En travelo, 19h Pink Beach Grizzly Night (bears), 20h BERNE Aqualis Underwear Night, 23h ZURICH Rage Sportswear Extra, 22h
CRUISING
SAMEDI 4.11 GENÈVE Bains de l’Est QNu (naked), 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h ZURICH Rage Xtreme Leather & Rubber, 22h
DIMANCHE 12.11 LAUSANNE GameBoy @MAD, 23h BERNE Frauenraum BarOmeter, 14h BÂLE Hirscheneck Untragbar, DJ Alejandro, 21h
DIMANCHE 5.11 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h ZURICH Rage Naked party plus, 17h
VENDREDI 17.11 GENÈVE Le Déclic Déclic’Karaoké, 22h ZURICH Heaven Scream & Shout, DJ Steve Bam, 23h
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360° – Novembre 2017 Cruising Canyon Air X Night (fetish), 22h LAUSANNE Trafick Mixte Open Mind, 19h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Underwear jocks naked, 22h SAMEDI 11.11 LAUSANNE Trafick La Nuit de la Suce, avec la pornstar Koldo Goran, 21h ZURICH Rage Prollboyz (sportswear and sneakers), 22h DIMANCHE 12.11 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h VENDREDI 17.11 LAUSANNE Trafick Les Délires du Trafick, 20h BERNE Aqualis FF-Night, 23h ZURICH Rage Friday Naked Plus, 22h
GAYMAP AGENDAS
SAMEDI 18.11 GENÈVE Bains de l’Est Bear, 16h LAUSANNE Trafick Demoniak (fetish), 21h Pink Beach Extrem Anders, 20h ZURICH Rage Workers in Gear, 22h DIMANCHE 19.11 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h VENDREDI 24.11 GENÈVE Cruising Canyon Air X Sports, 22h LAUSANNE Trafick Mask and Naked XXL, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Kick-off! (sportswear and sneakers), 22h SAMEDI 25.11 LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (dark and naked), 21h ZURICH Rage Naked Party Plus, 22h DIMANCHE 26.11 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h
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R1 Café Gallay 42, bd de St-Georges
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R2 Le Pradier 6, rue Pradier
et droits humains
R3 Le Comptoir 9, rue Richemont
9, av. de la Gare des Eaux-Vives
La Suite 115 > B14 R5 Le Cheval Blanc
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36, rue de Monthoux
15, place de l’Octroi Carouge
A3 Association 360
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R6 Brasserie des Halles de l’Ile R7 Au Lavandou 54, rue Jacques Dalphin
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11-13, rue de la Navigation
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totemjeunes.ch A9 Plaque commémorative de Bartholomé Tecia, Place Bel Air A3 Asile LGBT Genève lgbt.asile.ch
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(étudiants)
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S2 La Case à Max 19, rue de la Navigation S3 Librairie-café Livresse > B8
gpeh.org Les Vilains Garçons
S4 Menuiserie – agencement – Fazio & Cie
facebook.com/lesvilainsgarcons.geneve PARC DE LA GRANGE
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S8 BRAVO Coiffure, 16, rue Jean-Gutenberg S9 Publicité – Etienne & Etienne
28, bd du Pont-D’Arve B5 Le Déclic B6 Fenomeno 28, rue des Pâquis
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17, rue des Etuves
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5, rue Vignier B8 Livresse B9 La Plage 10, rue Vautier, Carouge 19, rue des Savoises
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B15 Le Nathan 34, route de Frontenex Kampaï 25, rue de Monthoux > R10 Le Boteco, 12, rue Micheli-du-Crest > R9
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C3 La Garçonnière
14, rue de Neuchâtel
Hors-plan • Outside of the map : 39, rue Jean-Jaurès, King Sauna ro u tAmbilly (F) ed eF lor i s s a Oxygène 12 av. de la Mandallaz, Sauna nt Annecy
S13 Coiffure – Trajectoire 9 13, rue de la Filature, Carouge S14 épilation – Oosmosis, 31, bd Helvétique S15 Mode – Garçon Manquée
31, rue Saint-Joseph
S16 Le Bal des Créateurs 25, rue de l’Arquebuse S17 Tattoo - Y4Shk4 rue des étuves 5 (sur rdv) S18 Cinéma – Ciné 17, 17, rue de la Corraterie S19 Mode – Jack Cuir, 40, rue de Monthoux
C1 La Gravière 9, chemin de la Gravière C2 Le Chat Noir 13, rue Vautier, Carouge
15, Alfred-Vincent
S11 Pharmacie 3, rue Ecole de Médecine S12 BD – Cumulus, 5, rue des Etuves
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3, rue de l’Est X1 Les Bains de l’Est u te d Pradier X2 Duplexx 8,rorue e Ma lagn X3 Sauna des Avanchets ou Avenue Baptista, Les Avanchets X5 Cruising Canyon
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B3 Le Cabinet 54, bd. Saint-Georges
8, rue de l’Ecole-de-Médecine
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26, rue des Vollandes
S5 Massage – Lila Thaï, 3,t rue de la Prairie
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Parties – Soirées
4-8, rue de la Rôtisserie C4 L’Usine 4, place des Volontaires C5 Palais Mascotte, 43, rue de Berne
P1 36gr C/o La Gravière 9, chemin de la Gravière > C1 P2 360° Fever C/o Village du soir
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Hors-plan • Outside of the map Sport/Santé – CrossFit Across 17-21, rue Eugene Marziano
24, Route des Jeunes, Carouge
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VIH (PEP)/HIV post-
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Dermatologie (IST)/
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Police
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B3 GT’s Bar & Lounge Club 5, avenue de Tivoli B5 D3 9, place du Tunnel
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R1 Auberge de Beaulieu 15, av. Bergières
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R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point
P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève
R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R6 Le relais 163, av. de Morges
P2 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3
R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av. de Tivoli > B3
P3 Les Docks, 34, Avenue de Sévelin 021 314 04 00
47, av. de la Harpe
B6 Pin Up bar 31, rue Marterey B8 Le Saxo
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360° – Novembre 2017
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Autoportrait d’après Carlo Maratta - Cléopâtre
« I am what I am, I am my own private creation. So come have a look, give me the hook or the ovation. » I am what I am, Jerry Herman
e suis multiple : c’est dans ma nature. La nécessité de l’instant choisi parmi mes nombreux langages; de l’écriture à la scène, en passant par le dessin, la broderie, la couture, les images figées ou en mouvement. Un peu comme si je vivais plusieurs vies artistiques en même temps. Ça prend du temps et certain-e-s le comprennent comme une évidence, d’autres non. Quel que soit le moment, je suis toujours sur mon ouvrage, sur plusieurs à la fois le plus souvent. Et chacune de mes visites en une discipline enrichit les autres, les approfondit, en intensifie les couleurs et la luminosité; mon chant se glisse sous les traits de mes crayons, de mes pinceaux; fil de fer ou de soie, aiguille, verbe, tout en moi se juxtapose en une étrange harmonie. Un peu comme si j’étais à la fois le chef d’orchestre et tous les instruments, le lieu de concert, la scénographe. Tout à la fois ? Vraiment ? Oh, pas toujours. L’un de ces sujets est, pour un temps donné, prioritaire. Parfois, la vie décide qu’il y en a deux dont l’urgence réclame la présence en toute première ligne. Tout m’inspire et jamais je ne m’ennuie. Seule face à la mer, des airs accompagnent ma contemplation des vagues, le bleu des eaux en moi se glisse. Tout ce qui se présente à mes sens éveille, anime mon désir. Je m’endors en chantant et le chant est présent à mon réveil. Alors oui, parfois les choses me prennent plus de temps que pour qui n’a sous ses doigts qu’une discipline. Mais non, ça n’est pas de la lenteur. C’est juste un sens du rythme différent, un sens aiguisé du présent. Je m’immerge dans mes univers en profondeur, ordonnant le chaos constamment. Que ça convienne ou non, je suis faite comme ça et c’est peut-être ça mon talent, Greta Gratos justement.
Rédaction en chef Guillaume Renevey (guillaume@magazine360.ch) Rédaction texte Antoine Bal Nadia Barth Nathalie Brochard Zelda Chauvet Edmée Cuttat Annabelle Georgen Antoine Gessling Greta Gratos Alexandre Lanz Quentin Markarian Guillaume Renevey Francesca Serra François Touzain Lucas Vuillemez Corrections Zino Davidoff Rédaction image direction : Ester Paredes Graphisme Schönborn Hernandez Publicité Philippe Scandolera (pub@360.ch) Jérémy Uberto (marketing@360.ch)
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Abonnement Rolan Delorme (abo@360.ch) Expédition Alain André Claude Erdal Jacques Laurentiù René Otto Yves Editeur Association Presse 360 Impression Appi, Gland 360° 36, rue de la Navigation – CP 2217 – CH-1211 Genève 2 Tél. 022 741 00 70, Fax 022 741 00 74
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Toute reproduction est strictement interdite pour tous les pays, sauf autorisation écrite de 360°.
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