VIEILLIR
ETAT DES LIEUX
ARTYSHOW
GENESIS P-ORRIDGE
PORTRAIT
N° 160 octobre 2016 – CHF 6.- ¤6 – 360.ch
MARIE-CAROLINE HOMINAL
cinéma et militantisme
360° – octobre 2016
MAINTENANT
ACTU INTERNATIONALE Hillary, Donald et les LGBT – P.2 Le troll et « Orlando épisode 2 » – P.3 Persona non grata – P.4 SUISSE A l’assaut d’un exécutif cantonal – P.4 Aînés Vieillir ensemble – P.6 EGYPTE La vie et la bourse – P.10
SOCIété BUZZ Tous à poil – P.13 DANCEFLOOR Le grand-père le plus sexy de Berlin – P.16 GASTRO Over, the rainbow ? – P.19
L
CULTURE éVèNEMENT état du monde – P.22 ARTYSHOW Genesis P-Orridge, légende plurielle – P.26 CINEMA Jeunes filles prises au piège de daesh – P.34 Moi Daniel Blake - P.35 La fille inconnue - P.35 MUSIQUE Jukebox d’automne – P.33 LITTÉRATURE Un amour impossible – P.36
GAYMAP GROS PLAN Vision queer – P.43 PORTRAIT Mélange des genres – P.44 LAUSANNE Avant garde érotique – P.46
Guillaume Renevey, Rédacteur en chef
Vignette édito ©Maurane Di Matteo Couverture : « The Girl King » de M. Kaurismäki, projeté le lundi 17 et samedi 22 au festival Everybody’s Perfect ©DR
ET ENCORE Livres et transdessinée – P.39 Infos partenaires – P.38, 40, 41 Tu t’es vu ? – P.49 et 50 Plans Genève, Lausanne et Berne – P.54, 56 et 58 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS – P.60
Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch 1
SOMmaiRE N° 160
a prudence reste de mise. Même si les chambres fédérales ont commencé à se saisir des problématiques liées à la communauté LGBT durant la session d’automne, la route sera encore longue. A l’heure de mettre sous presse, le Conseil des Etats a décidé de reporter le débat sur l’égalité du partenariat enregistré et du mariage devant la procédure de naturalisation. Les Sénateurs attendent des compléments du National pour traiter ces questions en paquet. Autre question qui devrait trouver sa réponse durant le mois d’octobre: l’initiative lancée contre l’adoption par le conjoint de même sexe aboutira-t-elle ? Selon la RTS, seules 22 000 signatures ont été récoltées cet été. Le comité référendaire aurait « baissé les bras ». Ne nous réjouissons pas trop vite, cette info est à prendre avec des pincettes. Et les conservateurs, vous le savez, ont l’habitude de revenir par la petite porte. Quoiqu’il en soit, nous restons dans une fenêtre politique particulière et si nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de l’évolution de ces dossiers, il faut, à bien des égards, que nous restions toutes et tous mobilisés. Ce numéro vous propose de faire connaissance avec trois festivals d’envergure dans la région (Everybody’s perfect, Queersicht et le LUFF). Saisissons ces occasions pour partager nos expériences et faire de ces plateformes, les lieux où se font et résonnent les idées équitables et progressistes.
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actu internationale
HILLARY, DONALD ET LES LGBT
Le 8 novembre prochain, les Américains sauront à quelle sauce ils vont être mangés. Hélias Sandri
Q
uatre ans. C’est la durée du mandat que remportera le vainqueur de la campagne présidentielle américaine. Si notre cœur balance naturellement vers Hillary Clinton, la candidate démocrate n’a pas toujours été sur une ligne très claire quant à son degré de soutien aux questions liées au genre. On se souvient forcément de son discours en 2011 devant le Conseil des droits de l’homme à Genève lorsqu’elle était Secrétaire d’Etat. Un véritable plaidoyer pour l’inclusion des personnes LGBTIQ à travers le monde. Si l’on ne peut que saluer cette démarche, quelques autres événements font taches. En 1999, Hillary se présente au Sénat. L’édile politique affirme alors son soutien à une forme de PACS. Si le projet est alors refusé, l’ex-première dame dira néanmoins que « le mariage a des racines morales, religieuses et historiques » et qu’il doit rester « tel qu’il a toujours été, c’est-à-dire entre un homme et une femme ». Malaise qui ne l’empêchera pas de marcher lors de la Pride de New York l’année suivante. Heureusement, depuis, la candidate s’est quelque peu ravisée malgré d’autres bourdes. On retiendra notamment ses propos selon lesquels Nancy Reagan aurait fait avancer les choses lors de l’épidémie
de sida. Hillary sera aussi passée à côté, comme le souligne le Washington Post, de l’occasion de réaffirmer clairement son soutien la communauté en 2008, lors de sa candidature démocrate pour la présidentielle. Si sur ces questions (comme sur d’autres) Clinton a plus fait office de suiveuse prudente que de cheffe de file charismatique, il n’en reste pas moins qu’elle est soutenue par Human Rights Campaign, la plus importante organisation de défense des droits des homosexuels aux Etats-Unis. Et puis, il y a Donald. Celui qui se ferait bien passer pour le vilain petit canard. Mais ne soyons pas dupes. L’agitateur ne fait pas de proposition concrète. Il affirme cependant qu’en soutenant une politique d’immigration libérale, Hillary Clinton permet en réalité l’arrivée sur le territoire américain de personnes hostiles aux droits humains et par extension aux droits des personnes LGBT. No comment. Sachez enfin que selon un dernier sondage NBC News | SurveyMonkey les personnes LGBT soutiennent à 72 % Hillary Clinton face à Donald Trump (20 %). A voir si cela se confirme dans les urnes le 8 novembre. On croise les doigts. . 2
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Toute sur l’actu le site 360.ch
YAGG EN SURSIS
Un trentenaire a été arrêté près de Barcelone, après avoir inondé le web de vidéos menaçantes. Antoine Gesseling
L
a police espagnole a annoncé avoir arrêté un homme de 36 ans à Mataró (Catalogne). José Miguel Camargo Qunitanilla avait bombardé le Net de messages de haine tous azimuts. Il appelait à régler leurs comptes aux féministes, aux toxicomanes ou au « gouvernement homofasciste » qui dirige le pays, selon lui. Il s’était notamment vanté de préparer un « Orlando épisode 2 », en référence à la tuerie du club Pulse, où 50 personnes avaient été tuées. L’«hétéro psychopathe» autoproclamé aurait en particulier menacé un festival LGBT à Barcelone, posant avec un pistolet 9mm. L’arme était factice, selon la police, qui a précisé que le suspect avait déjà été condamné pour coups et blessures et
détention illégale d’armes. Il encourt un maximum de 4 ans de prison. Le site Cascara Amarga mentionne que l’homme avait été dénoncé sur Twitter et sur d’autres réseaux sans qu’aucune mesure ne soit prise pour supprimer le compte. PROJETS D’ATTENTAT Parallèlement, la presse française a repris des informations publiées par un quotidien marocain, selon lequel deux individus radicalisés avaient prévu un attentat contre des lieux publics à Metz. Parmi leurs cibles figurait un club gay-friendly, où ils auraient eu l’intention de commettre un attentat inspiré du massacre d’Orlando. Les deux suspects ont été extradés le 26 août à la demande de Rabat.
CARTON ROUGE « C’est moi ou il y a des gays partout ? #Brûle #Meurs #ÇaMeRendMalade. » Le footballeur anglais Andre Gray doit se mordre les doigts d’avoir tapé ce tweet, partagé plus de 2000 fois en 2012. Le message, qui a refait surface cet été, vient de lui valoir quatre matches de suspension et une amende salée : 25 000 livres, environ 29 000 euros ou 31 000 francs.
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« Imaginer des lieux exclusivement pour les homos serait de nouveau une sorte de ségrégation. » La suite en page 6 3
actu internationale
LE TROLL ET « ORLANDO ÉPISODE 2 »
En difficulté financière chronique, l’indispensable site d’information LGBTI a été placé sous la protection de la justice. Il a jusqu’à mi-octobre pour trouver un repreneur.« Dans le contexte de la présidentielle, avec Sens commun et La Manif pour tous qui essayent de mobiliser sur ces thématiques, on pense que c’est important qu’il existe une presse et un média LGBT comme le nôtre », explique Xavier Héraud, rédacteur en chef, à « Libération ». Yagg est, en France, l’unique média national à couvrir l’actualité LGBTI, malgré la renaissance de « Têtu » en ligne, principalement orienté vers le public masculin.
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actu internationale
PERSONA NON GRATA
©DR
Le révérend Steven Anderson, connu pour ses appels au meurtre contre les homosexuels, s’est vu refuser l’entrée en Afrique du Sud, au terme d’une campagne internationale. François Touzain
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a mobilisation a porté ses fruits. Le tonitruant pasteur américain Steven Anderson a été interdit d’entrée en Afrique du Sud au terme d’une vaste campagne relayée sur internet. Le prédicateur de l’Arizona s’était notamment fait connaître en 2014 dans un sermon diffusé sur le Net où il appelait au meurtre d’homosexuels, afin d’avoir un « Noël sans sida ». En juin dernier, il s’était également réjoui du massacre de 49 personnes dans un club gay. « La bonne nouvelle, c’est qu’il y a 50 pédophiles de moins sur cette terre », avait-il asséné. Anderson avait prévu de débarquer cette semaine à Johannesburg avec une délégation de 17 fidèles de sa Faith-
ful Word Baptist Church en mission d’évangélisation. « Nous avons le devoir de prévenir le préjudice et la haine sous toutes ses formes contre les LGBTI, comme contre les autres personnes, dans un Etat démocratique », a expliqué le ministre de l’Intérieur sudafricain Malusi Gigaba. UN PRÉCÉDENT Les initiateurs de la campagne ont salué la décision du gouvernement – un signal important en Afrique du Sud, dont les lois sont très avancées dans la protection des minorités sexuelles, mais où l’homophobie et la transphobie restent endémiques. La décision crée par ailleurs un 4
précédent en Afrique, où certains prédicateurs extrémistes américains ont tissé leur réseau ces dernières années. Leur influence a été notable dans l’escalade antigay en Ouganda. Steven Anderson a indiqué qu’il maintenait la partie de son voyage prévue au Botswana, «où les portes sont grandes ouvertes», a-t-il écrit sur Facebook. « Attendez-vous à entendre l’histoire de multitudes sauvées dans ce pays où la liberté religieuse existe encore. » Pour Katlego K. Kol-Kes, militant LGBT botswanais, la doctrine d’Anderson « exploite les insécurités – les questions raciales, l’instabilité économique, le chômage des jeunes – pour en blâmer les LGBT. »
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À L’ASSAUT D’UN EXÉCUTIF CANTONAL L’éditrice de 59 ans a annoncé sa candidature non partisane à l’élection complémentaire d’octobre en Argovie. François Touzain
actu SUISSE
«
Le courage du changement»: c’est le slogan choisi par Jil Lüscher pour sa campagne électorale. Cette éditrice de 59 ans a annoncé sa candidature pour le Conseil d’Etat du canton d’Argovie. Une élection partielle courant octobre doit désigner un remplaçant à la Verte Susanne Hochuli. Nouvelle venue en politique, Jil Lüscher n’est pas une inconnue en Suisse alémanique. Il y a quelques années, sa transition avait été suivie par les caméras de la télévision locale M1. Elle regrette que son parcours de transsexuelle tende à faire passer ses engagements politiques au second plan, et en particulier son cheval de bataille: l’éducation et la formation. « Je suis notamment d’avis qu’il faut renforcer le système dual et renforcer l’attrait de l’apprentissage. » Elle espère toutefois
que son histoire personnelle pousse « les personnes qui manquent de confiance en elles à réaliser leur potentiel», confie-t-elle à « Blick ». TROP RARES Peu de trans ont tenté l’aventure électorale. Alecs Recher, un des fondateurs de Transgender Network, a été un des seuls élus trans du pays, au parlement de la ville de Zurich. En Suisse romande, Annick Ecuyer a défendu les couleurs d’Ensemble à gauche à Genève. Aux dernières municipales, elle est arrivée 4 e des viennent-ensuite de sa liste. Jil Lüscher est la première trans à viser un Exécutif – une mission qui paraît très difficile en indépendante, face aux grands partis. « Mais je prends ma candidature très au sérieux, je suis persuadée que je ferais une bonne conseillère d’Etat », déclare-t-elle. 5
actu aînés
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VIEILLIR ENSEMBLE L’image de la vieillesse au sein de la société souffre de stéréotypes et s’accompagne de réalités sociales comme l’isolement. La communauté LGBT n’y échappe de loin pas. Nadia Barth
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« Imaginer des lieux exclusivement pour les homos serait de nouveau une sorte de ségrégation. » Marie-Claire Roulin
le fort engagement de la communauté LGBT peut être la source d’une plus grande solidarité. A Genève, le groupe Tamalou de l’association 360, en est un exemple. En septembre de cette année, il vient d’intégrer la Plateforme des associations des aînés de Genève, agrandissant ainsi sa visibilité. Vie associative « Il s’agit d’un groupe de convivialité pour les LGBT âgés, précise Philippe Scandolera, membre de l’association 360 degrés. Il existe depuis plus de 12 ans et compte aujourd’hui une trentaine de personnes qui se retrouvent régulièrement pour des sorties. Par exemple, tous les mardis des apéros en ville
sont organisés ». La moyenne d’âge est d’environ 68 ans. Certains sont plus jeunes. D’autres plus vieux. Ils ont tous en commun de vouloir garder un lien social avec des hommes et des femmes ayant le même vécu. L’association 360 voudrait d’ailleurs aller encore plus loin dans sa cohésion. « Nous sommes en train de travailler sur une future plateforme à destination des personnes âgées, détaille Philippe Scandolera. Son rôle serait d’offrir des échanges de services ». Un site qui s’accompagnera d’un questionnaire et d’une série d’interviews visant à comprendre les besoins propres aux LGBT. Interrogée sur la question, Marie-Claire Roulin, 72 ans, militante et ancienne propriétaire du Publicité
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actu aînés
«
Les personnes âgées et homosexuelles peuvent parfois souffrir d’une double stigmatisation», remarque Anne-Claude Juillerat Van der Linden, présidente de l’association Viva, active auprès du troisième âge. Dans notre société où la vieillesse est parfois synonyme d’isolement, de sentiments de perte d’utilité ou encore de troubles cognitifs, la communauté LGBT peut, en effet, percevoir ce passage à cette nouvelle étape comme une marginalisation supplémentaire. D’un autre côté, « le long passé de militantisme de certaines personnes, peut être un bon pronostic de vieillissement », s’enthousiasme Anne-Claude Juillerat Van der Linden. Il est vrai que
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célèbre café La Bretelle à Genève, apporte quelques pistes de réflexions.
Pas de ghetto « Je me suis battue toute ma vie afin que tout le monde vive ensemble et j’y suis arrivée à la Bretelle. Imaginer des lieux exclusivement pour les homos serait de nouveau une sorte de ségrégation. Mettre des gens d’un côté ou de l’autre parce qu’on aurait moins à partager avec certains, ce n’est pas vision. » Hétérosexuels ou homosexuels, il est vrai que les personnes âgées ont toutes en commun
Tous égo « Nous sommes victimes des stéréotypes du vieillissement, développe Anne-Claude Juillerat Van der Linden. Quand on vit au sein d’une société qui nous pense vieux, on se comporte comme des personnes âgées. Et aujourd’hui on nous fait comprendre qu’on est vieux de plus en plus jeune. A 45 ans, on est déjà dans la catégorie « sénior » au travail ». Une stigmatisation qui entraîne aussi une forme de marginalisation. « L’isolation est un danger qui touche tout le monde, alerte Janine Berberat. La perte de mobilité et d’envie peut devenir fatale ». Pour lutter contre cela, les alternatives proposées aujourd’hui ne sont pas toujours suffisantes. « Les EMS ou les soins à domicile ne sont pas valorisants, explique la présidente de l’association Viva. On vous assiste, on vous fait votre lit, on vous fait à manger et finalement on ne vous laisse plus l’opportunité de vous sentir utile alors que ce qui donne du sens à la vie, c’est la possibilité d’avoir le choix. Parallèlement à cela, il y a de moins en moins de lieux associatifs et communautaires, si bien que le risque de décliner est plus grand ». Comme espace de solidarité, la communauté LGBT, s’avère donc être une réponse nécessaire à l’isolement des personnes âgées et un lieu d’action privilégié puisque le militantisme fait partie intégrante de son ADN. 9
A quel âge est-on vieux? «La gériatrie avait pris 65 ans comme l’âge de la «vieillesse» avance le Professeur Gabriel Gold, chef du service de gériatrie des Hôpitaux universitaires de Genève. Un marqueur qui correspond au moment de la retraite. Dans les faits, la moyenne de mon service est de 85 ans. Il faut noter néanmoins que les gens ne vieillissent pas tous à la même vitesse. Dans la tête, certains se sentent jeunes toujours et d’autres très tôt. Sur le plan médical on peut, par exemple, avoir un cœur plus vieux que les reins. C’est toujours différent d’une personne à l’autre comme d’une partie du corps à l’autre. Si l’on pense à la question de la vieillesse dans son approche sociale, la discrimination par l’âge commence très jeune dans le monde du travail. Enfin, dans le domaine de la sexualité, le vieillissement expose à plusieurs pathologies et changements. Chez les femmes, on va rencontrer des problèmes de sécheresse vaginale et chez les hommes, des difficultés à avoir une érection complète. Ces obstacles peuvent être liés à des maladies ou aux médicaments que l’on donne. C’est pourquoi, il est important d’être attentif aux demandes du patient. Quant à la question de l’homosexualité, il est vrai qu’il y a souvent une sorte de présupposition d’hétérosexualité chez les médecins. Il faudrait une plus grande proactivité de leur part afin de mieux répondre aux besoins spécifiques de chacun.
actu aînés
EMS spécialisé ? « Admettons qu’on me mette dans un EMS qui serait essentiellement composée d’hétéros, je ne suis pas certaine que les gens de mon âge accepteraient aisément mon homosexualité, analyse Marie-Claire Roulin. Même si l’on s’assume totalement, on continue d’être quelque chose d’à part. En ce sens, je peux comprendre que certaines personnes aient besoin de se retrouver entre elles. Un aspect auquel Janine Berberat, présidente de la Plateforme des associations des aînées de Genève est sensible. « A l’époque où j’étais députée, une demande de lieu spécifique pour les personnes LGBT âgées avait été faite. Elle a été refusée mais c’est quelque chose que je comprends tout à fait. Il existe bien des EMS pour la communauté israélite comme celle des Marronniers à Genève, alors pourquoi pas un espace destiné aux homosexuels ». MarieClaire Roulin pointe néanmoins du doigt une logique communautaire qui ne lui correspond pas.
les mêmes préoccupations et problématiques liées à la vieillesse. Parmi elles, l’image et la place que la société leur donne.
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ACTU EGYPTE
LA VIE ET LA BOURSE
©Jack Malipan
En Égypte, les homosexuels sont rejetés par la société, arrêtés et poursuivis par les autorités. Leur vie est une partie de cache-cache dangereuse, une traque incessante. Vinciane Jacquet
D
epuis quelques mois, le nombre d’arrestations augmente, de 7 à 12 par mois, avec en prime la possibilité de se faire délester de quelques milliers d’euros. Dans ce pays auto-proclamé plus grand pays du monde arabe, le système judiciaire égyptien n’octroie aucun droit ni dignité à ceux « coupables de perversion ». Trouver un avocat est difficile. Peu acceptent de les représenter. Devant la détresse des familles, une arnaque a pris forme en début d’année. Mohamed, un jeune activiste, explique qu’après une arresta-
tion, un policier extorque à un accusé, sous la menace et/ou les coups, le numéro de téléphone d’un proche. Un homme, en fait l’assistant d’un avocat véreux, s’en servira alors pour prévenir les familles, tout en vantant les mérites de son patron. « Votre fils a été arrêté », informe-t-il. « Il est présenté au juge demain. Vous avez besoin d’un avocat. J’en connais un bon ». Il fournit ensuite son adresse et numéro de téléphone. Arrivée dans la salle d’attente dudit avocat, la famille y croisera une femme. Elle pleure. Elle est là pour payer le reste 10
des honoraires à l’homme de loi, « tellement extraordinaire que son fils a été acquitté ». Les proches sont convaincus et accepteront de verser des sommes exorbitantes – pouvant dépasser 45 000 livres égyptiennes (environ 5 000 francs) – à l’avocat pour organiser la défense de leur enfant. Un avocat qui, de mensonges en subterfuges, s’arrangera pour demander et obtenir toujours plus d’argent sans jamais s’occuper du dossier. « Il est très difficile de convaincre les familles qu’elles ont affaire à un charlatan », ajoute Mo-
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ACTU EGYPTE
hamed. « Encore davantage de les convaincre de nous laisser prendre la suite. Il faut leur assurer de notre engagement réel et de notre silence, car elles ont peur que l’affaire se sache », précise-t-il. Si la famille décide de poursuivre avec l’avocat, dans le meilleur des cas, elle le fera en le menaçant, ce qui l’incitera à venir défendre le dossier en appel. Si elle reste soumise aux caprices de l’avoué, le jeune homme accusé écopera de 3 mois à 1 an de prison. Chantage Le 26 juillet dernier, le Grand Mufti du Caire, plus haute autorité religieuse du pays qui interprète la loi musulmane sunnite et émet des avis juridiques, a déclaré que “bien que l’homosexualité soit un péché, cela ne donne en aucun cas le droit ni
de blesser ni de causer du tort”. Et d’avancer que si d’un point de vue religieux, l’homosexualité est inacceptable, il faut respecter les règles du droit de la société dans laquelle nous vivons. Pourtant, les insultes, les passages à tabac et les chantages sont toujours nombreux. Une violence gratuite qui peut rapporter gros. Nader, bisexuel et marié, a dû payer à ses voisins qui avaient découvert sa liaison homosexuelle 17 000 livres (environ 1 800 francs), pour éviter d’être dénoncé à la police et de « faire honte » à sa famille, qui l’aurait répudié. Un chantage qui a le mérite de prouver que ce recrû des bonnes moeurs sur l’autel de la religion est pour certains moins lié à la morale qu’à une intolérance inassumée et un appât du gain désinhibé. Et la situation empire. Les 11
étrangers, qui étaient il y a peu de temps encore plus ou moins préservés de ces assaults, et qui sont censés bénéficier d’une loi imposant leur expulsion, peuvent être maintenus en détention et torturés pendant des jours. L’heure est à la répression pour tous. Il y a quelques semaines, un couple de lesbiennes, l’une égyptienne l’autre européenne, a dû fuir l’Égypte précipitamment après la visite d’hommes se revendiquant du « département de la prostitution ». Le régime d’al-Sissi veut prouver que les Frères musulmans n’ont pas le monopole de la morale, tout en prônant une uniformisation sociale et politique du pays en faveur de l’armée. Afin de protéger les personnes citées dans cet article, leurs prénoms ont été modifiés.
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Tous à poil SOCIéTé BUZZ
©Jeanloup Sieff
L’été c’est fini. Alors pour mieux se réjouir du prochain, nous effeuillons pour vous le meilleur de la presse people et des réseaux sociaux en 2016. Vladimir Ennyday
«
Pourvu qu’elles soient douces », haletait Mylène Farmer dans un souffle le refrain de son tube des années 80. Avec son ode aux fesses, l’artiste de vidéoclip surfait sur un thème ancestral tout en créant l’avant-garde. La preuve : 30 ans plus tard, montrer son cul n’a jamais été autant en vogue, surtout pour les célébrités qui misent tout sur l’image. Au programme, changement
de paradigme : pendant qu’on chicane les filles sur la plage avec des histoires de voiles et de burkini, ce sont les mecs qui aiment se montrer à poil. Justin Bieber en a même fait une tradition estivale ! Dorénavant, un été sans une série de clichés du chanteur nu – recto ou verso – manquerait singulièrement de saveur. Flairant le bon plan marketing, d’autres n’ont pas hésité à tout laisser 13
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pour montrer ses amis – ainsi que sa chère et tendre Kim Kardashian – tous à poil dans un grand lit dans son clip Famous au début de l’été 2016. Là aussi, rappelons aux prudes qu’il s’agissait en fait de simples poupées de cire, comme chez Madame Tussaud. Ouf, on respire. Dans un tout autre registre mais toujours dans la garde rapprochée de Monsieur West, son ami Olivier Rousteing, le très jeune directeur artistique de Balmain, faisait son coming-out en Une de Têtu dans le plus simple appareil en février 2015. « Le comble pour un homme de mode ! », s’insurgeaient certains. Sauf qu’en l’occurrence, en guise de scandale bien orchestré, le petit génie du marketing ne faisait que marcher sur les pas du couturier Yves Saint Laurent, qui avait choqué les esprits en posant nu pour une série de photos face à l’objectif du photographe Jeanloup Sieff en 1971. Alors quelles seront les stars qui n’auront rien à cacher en 2017 ? Les paris sont ouverts ! Publicité
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SOCIéTé BUZZ
au vestiaire pour faire gonfler leur cote de popularité. Ainsi, Zac Efron n’est pas avare de sa nudité, qu’il exhibe fièrement dès qu’il le peut. Mais cet été, celui qui a fait sensation au point d’obliger Bieber à redoubler d’ardeur, c’est Orlando Bloom. Un peu sur le retour depuis ses débuts dans Le Seigneur des Anneaux, l’ex-Pirate des Caraïbes a fait un retour fracassant, teub à l’air et pectos impeccs, en baladant Katy Perry en paddle. Un comeback énorme, provoquant une vive et immédiate onde de choc sur Twitter lorsque les photos sont sorties dans la presse. Ooops, rassurons les âmes sensibles, à l’instar de n’importe quel bout de téton sur les réseaux sociaux, les bites de nos stars préférées sont savamment floutées, laissant l’ombre de son membre parler d’elle-même dans le cas de Bloom. Paradoxe schizo de nos obsessions censurées, mais là n’est pas le sujet ! Saisissant la balle au bond, ce bon vieux Kanye West a sauté sur l’occasion
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société dancefloor
Le grand-père le plus sexy de Berlin
Avec son look so british et sa silhouette élancée malgré ses 71 printemps, le Berlinois Günther Krabbenhöft ne passe pas inaperçu dans les rues de Kreuzberg et sur les dancefloors. Annabelle Georgen
C
omplet bleu, nœud papillon en soie, chapeau melon. Günther Krabbenhöft semble tout droit sorti d’une garden party « chap » 1. Il a la ponctualité et les bonnes manières des gens de son âge. Mais le même week-end de fête derrière lui que ceux qui pourraient être ses petits-enfants. Ce retraité berlinois a ses entrées dans les clubs les plus branchés de la ville. La techno, il adore ça, il a les yeux qui brillent quand il en parle : « Cette musique me comble, me fait monter, me permet d’exprimer tout ce qui est en moi. Quand je rentre à la maison après avoir dansé pendant des heures, c’est comme si je flottais. Je me sens vivant. » Qu’on ne le comprenne pas de travers : « Les drogues, elles viennent des hauts-parleurs. » Aller danser, pour lui qui va au fitness studio deux fois par semaine, c’est une hygiène de vie : « C’est comme si je rechargeais mes batteries. » Avant de devenir un des oiseaux de nuit les plus célèbres de Berlin, Günther a eu une vie plutôt rangée. Du moins jusqu’à qu’il fasse son coming out à 32 ans. Mais même s’il s’est découvert une âme de fêtard en
fréquentant la scène gay berlinoise, il a cessé de sortir passé la cinquantaine. C’est en 2014 que sa vie paisible de cuisinier à la retraite a pris un grand virage : alors qu’il attendait le métro, un touriste ébahi par son allure de dandy l’a supplié de le laisser le prendre en photo. Günther a accepté, en lui demandant de garder la photo pour lui. L’homme ne l’a pas écouté. Quelques semaines plus tard, sa photo avait été vue plus d’un million de fois sur la toile. Son téléphone a n’a plus arrêté de sonner : une marque de vêtements japonaise l’a embauché comme modèle pour son futur catalogue, un site allemand de vente en ligne de costards sur mesure a fait de lui « sa muse », comme il s’amuse à dire, et il apparaît même dans une publicité pour le moteur de recherche Google. 16 000 likes Deux ans après cette rencontre fortuite sur un quai de métro, Günther fait partie d’une agence de mannequins, il a sa propre attachée de presse, sa page Facebook totalise plus de 16 000 likes et il a près de 8 000 abonnés sur Instagram. Sur son smartphone, il a une photo d’un 16
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pochoir à son effigie sur un bus en Russie. « Je suis devenu une marque », s’amuse-t-il, lui pour qui cette célébrité soudaine est « un cadeau » tombé du ciel. Et une reconnaissance pour cet esthète toujours tiré à quatre épingles : « J’ai toujours eu mon propre style, je cousais même mes vêtements moi-même autrefois. J’ai toujours été différent et créatif. Mais ce look de gentlemen, je ne l’ai que depuis que je suis vieux. Je me suis demandé comment vieillir sur un plan vestimentaire. Je n’avais pas envie de mettre une casquette à l’envers et de porter des baggys, je trouve ça ridicule sur quelqu’un de vieux mis à part quelques exceptions. Il était donc clair que je ne pouvais m’orienter que sur la mode masculine classique. Mais je ne voulais pas avoir l’air d’un parfait lord anglais, mais mettre dans mes tenues mon propre twist, de manière à rendre le tout un peu plus moderne et désinvolte. » Se réveiller et danser C’est ce subtil équilibre entre élégance et fantaisie qui là encore lui a ouvert les portes des clubs berlinois, où il n’osait pas aller de peur de se faire refouler à l’entrée d’un « retourne à la maison de retraite ! ». Deux filles croisées
1 Né en Grande-Bretagne, le mouvement « chap » prône l’élégance et l’humour face à la morosité ambiante, et « la révolution par le tweed ». Pour en savoir plus, lire le délicieux « Manifeste Chap », traduit en français par les Éditions des Équateurs.
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société dancefloor
dans la rue l’ont invité à les accompagner au Berghain après s’être extasiées sur sa tenue : « C’est ce soir là que je suis devenu un habitué des clubs ». Depuis, presque pas un week-end ne passe sans qu’il n’aille faire la fête. Avec un rythme là aussi sur-mesure, eu égard à son âge : « Je vais dans les clubs l’après-midi ou bien je me couche tôt le samedi soir et me réveille à quatre heures pour aller danser. Je rentre ensuite chez moi en fin de matinée pour prendre le petit-déjeuner, puis je vais dans un autre club l’après-midi. » Même s’il assure continuer à passer de bons moments avec ses vieux copains bien qu’il soit le seul de la bande à encore aller danser, le contact avec les jeunes est devenu une sorte d’élixir de jouvence pour lui : « Ce n’est pas que j’ai quelque chose contre les gens vieux puisque je le suis moi-même. Mais je suis encore curieux. Je veux vivre dans l’instant présent. Et ça ce n’est possible qu’avec les jeunes, car la plupart des gens vieux ne parlent plus d’avenir. »
Prévention
Semaines nationales de dépistage de la syphilis en octobre 2016 La syphilis est l’infection sexuelle classique. Elle est connue depuis des siècles et a longtemps inspiré la crainte car elle avait la plupart du temps une issue fatale avant la découverte de la pénicilline. Heureusement, les choses ont changé. La syphilis est aujourd’hui une infection sexuellement transmissible que l’on peut bien traiter. Ce qui est difficile, c’est de la déceler, car les symptômes peuvent aisément être confondus avec d’autres maladies et mal interprétés. Il arrive aussi que les symptômes soient si légers qu’on ne les remarque pas. Par conséquent, il est important, pour les personnes sexuellement actives changeant fréquemment de partenaires, de se faire dépister une ou deux fois par année, même en l’absence de symptômes. En octobre, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) auront à nouveau la possibilité de se faire dépister gratuitement.
est particulièrement important au stade précoce de l’infection. Il est donc essentiel de traiter aussi, dans la mesure du possible, tous les partenaires sexuels du patient, même s’ils ne présentent aucun symptôme. Cette mesure permet de prévenir une propagation ou une infection mutuelle à répétition entre partenaires sexuels (effet ping-pong). Comment la syphilis se transmet-elle ? La syphilis se transmet par la bactérie Treponema pallidum. Celle-ci pénètre à travers la muqueuse ou de toutes petites lésions cutanées. Puis passant par différents stades, la maladie envahit peu à peu tout l’organisme. Le temps d’incubation est d’en moyenne 21 jours, mais peut varier fortement. La contamination a lieu, en règle générale, par contact direct avec un chancre syphilitique, ce qui peut arriver dans toutes les pratiques sexuelles. Le safer sex protège, mais malheureusement pas de manière fiable. Celui qui a plusieurs partenaires sexuels se protège et protège ses partenaires en se faisant régulièrement dépister. Les semaines nationales de dépistage de la syphilis en octobre constituent la meilleure occasion à cet effet. Cela se passe dans des centres de dépistage spécialisés et, en plus, c’est gratuit.
Les gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) restent le groupe le plus touché en Suisse par la syphilis. Ils représentent plus de la moitié des cas déclarés, qui se maintiennent à un niveau élevé au sein de ce groupe de population. Le risque de transmission
Semaines de dépistage de la syphilis en Suisse Les semaines nationales de dépistage ont lieu du 1er au 31 octobre 2016. Une sélection de centres de dépistage proposent gratuitement un test aux gays et aux autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes : le test rapide pour les hommes qui n’ont jamais eu la syphilis, et un test de laboratoire plus complexe pour ceux qui l’ont déjà eue. Les adresses – y compris des centres qui proposent aussi le test de laboratoire – se trouvent sur drgay.ch. Rappelez-vous, faites en octobre le test de dépistage gratuit de la syphilis ! Tu trouveras de plus amples informations et la liste des centres de dépistage participants sur drgay.ch 18
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Over, the rainbow ?
Nathalie Brochard
A
près le rainbow bagel, le rainbow donut, le rainbow grilled cheese, le rainbow latte, voici le rainbow sushi. Les couleurs de l’arc-en-ciel s’étalent sur les hashtags jusqu’à l’indigestion. Et rien que du pétant, du criard, du qui-en-jette, surtout pas de pastel qui ne rendrait rien à l’écran. Car l’idée c’est de partager via le réseau social cette overdose de pigments qui transfigure l’aliment d’origine. Qu’on se rassure aucun artifice ni conservateur, rien que du bio, du naturel. Pourquoi cet engouement ? Pourquoi l’arc-en-ciel ? Pourquoi fait-il vendre ? Au départ, il y avait cette petite boulangerie de Brooklyn, The Bagel Store, et Scot Rossillo, son patron
un peu artiste, un peu bohème, qui confectionnait des rainbow bagels depuis vingt ans dans son coin sans que ça émeuve le reste du monde et puis il y a eu cette vidéo le montrant à l’ouvrage, postée par le journal Business Insider et vue 65 millions de fois. Depuis, c’est la folie autour de la bouffe bariolée. Le phénomène intéresse les économistes autant que les sociologues qui s’interrogent sur les raisons de cet emballement. Une réponse semble toutefois s’imposer selon Adam Alter, professeur à la New York University Stern School of Business qui estime qu’avec la viral food, il suffit que « le plat soit photogénique et partageable » pour que tout le monde se précipite. Inutile 19
de chercher du sens, du message politique, de la subversion, « c’est purement grégaire » d’après l’universitaire. Le drapeau arc-en-ciel, symbole majeur de la communauté LGBT, n’a donc pas servi de référence ? Don’t make it cute Pourtant des marques comme Apple ne s’en sont-elles pas inspiré pour dessiner leur logo ? Certains y ont même vu un hommage direct à Alan Turing, ce mathématicien britannique, pionnier de l’informatique et ouvertement homosexuel, qui se serait suicidé après avoir croqué dans une pomme contenant du cyanure. Cette thèse a été depuis démentie
société gastro
La tendance rainbow food déferle de New York et de Hong Kong pour s’exhiber sans retenue sur Instagram.
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société gastro
par Apple et par le créateur du logo lui-même, Ron Janoff qui travaillait pour l’agence Regis McKenna, qui a expliqué que le seul brief qu’il avait reçu alors tenait en une phrase : « Don’t make it cute ». L’arc-en-ciel du logo était supposé représenter l’avancée technologique des premiers écrans couleurs… Afin d’éviter toute confusion ou fausse interprétation, la marque a par la suite opté pour un logo monochrome. Là encore, il semble que le symbole visuel d’identification collective de la communauté homosexuelle n’ait rien à voir là-dedans. Même si l’arc-en-ciel a évolué au fil du temps s’effilochant de l’étendard militant au navrant symbole marchand, en témoignent les innombrables produits estampillés avec ce motif, toutes les sociétés qui les vendent ne promeuvent pas pour autant la culture gay. D’après Guillaume Marche, enseignant à l’Université Paris-Est Créteil, « entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, l’arc-en-ciel était devenu un emblème destiné à vendre — politiquement autant que commercialement — l’image d’une homosexualité somme toute sympathique et non menaçante » . La diversité, la multitude font peur, l’idée va être de lisser. L’universitaire explique que partant de là, « consentir une telle prise en compte a minima de la diversité signifie donc que l’on construit implicitement l’homosexualité comme une identité collective a priori blanche, mais au sein de laquelle existent des particularismes ». Les couleurs d’origine vont peu à peu se diluer dans un bloc homogène emmené par une seule composante. Guillaume Marche estime que « l’homosexualité se vend mieux si elle est clairement identifiable à un item à la fois homogène et inoffensif ». Exit donc le politique et la subversion, place au rainbow sushis et autres frichtis multicolores. De fait, on risque d’en avoir bientôt fini avec l’homosexuel comme le suggère le dernier livre polémique de Dennis Altmann, universitaire et activiste gay australien qui questionne l’homosexualité comme marqueur identitaire primordial et qui s’interroge sur la validité d’une communauté axée sur la préférence sexuelle. Une thèse que conteste notamment Adrienne Shaw, professeure d’études LGBT à Philadelphie : « Cet argument ne s’applique qu’à ceux qui ont des droits. Ils sont dans une position privilégiée qui leur permet de dire ‹Hé, on n’en a plus besoin ! › ». Pour elle, la bannière arc-en-ciel a encore sa raison d’être au même titre « qu’un vieux show miteux de drag queens organisé dans la galerie marchande d’un supermarché de province ».
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éTAT DU MONDE
Hervé-Joseph Lebrun, programmateur ©Hervé Lassince
Le festival de cinéma Everybody’s perfect revient du 14 au 22 octobre à Genève. Guillaume Renevey
E
n quatre éditions d’existence, le rendez-vous genevois du cinéma LGBTIQ Everybody’s perfect s’est fait sa place dans le réseau des festivals européens. Aujourd’hui, EBIP est le 3e en importance sur le VieuxContinent. Genève déroulera ses bobines une semaine durant en présentant une sélection riche de 100 films, documentaires ou courts-
métrages. Si 7000 festivaliers sont attendus le comité d’organisation compte pour sa part un nouveau venu en tant que programmateur. Hervé-Joseph Lebrun est plasticien et architecte de formation. Il est surtout délégué-général du festival de film gay, lesbien et trans de Paris Chéri-Chéri depuis 2010. L’occasion de se pencher avec lui 22
sur le programme de cette édition mais également sur une industrie en pleine mutation. 360° : Parlons, en introduction, de la programmation et des temps forts de cette édition… Hervé-Joseph Lebrun : Nous avons construit le programme autour des genres. Nous avons essayé de
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Mademoiselle ©DR
conserver une sorte de trinité entre les composantes gay, lesbiennes et transgenres. C’est le premier élément. Ensuite, comme dans tous les festival LGBTIQ nous avons essayé d’avoir des films importants. C’està-dire des films qui cartonnent et qui ont été primés dans les festivals de renommé internationale comme la Berlinale. Nous avons programmé par exemple Mademoiselle de Park Chan-Wook qui a été présenté à Cannes en mai dernier, King Cobra de Justin Kelly avec James Franco et Christian Slater ou encore Les amants de Caracas, Lion d’or du festival de Venise 2015. Il y a beaucoup de très bonnes choses à voir.
une fleur, une pensée. Un terme que l’on traduit en anglais par pansy qui signifie également homosexuel. Il regroupe ensuite cet ensemble dans des expositions et des œuvres vidéo. Durant le festival, il proposera de prendre en photo les témoins de violences liées au genre qui le souhaitent. C’est un grand moment puisque l’on fait participer le public à la création d’une œuvre plastique.
Le festival s’articulera aussi autour de grandes thématiques… Oui, cela nous semblait important d’un point de vue social et politique. On a par exemple une journée qui est consacrée au cinéma militant turc. On assiste en ce moment à une épidémie de meurtres de femmes transgenres en Turquie. Il y a encore eu des crimes commis cet été. C’est un point très fort de cette édition. On a développé aussi des soirées spéciales autour de débats. Il y en a presque un par soir. Par exemple, l’une est consacrée à l’homophobie. Nous discuterons autour du film Les pensées de Paul du français Jean-Baptise Errecat qui raconte le travail d’un artiste plasticien qui est invité durant le festival et qui prolongera son œuvre durant la semaine. Paul Harfleet, c’est le nom de cet artiste… Oui. Dans le film, il photographie quotidiennement des endroits où ont eu lieu des agressions homophobes, lesbophobes ou transphobes. Il y plante
Brothers of the night ©DR
Everybody’s perfect sera également l’occasion de parler de la vieillesse mais aussi du VIH… Nous aurons un film américain Gen silent de Stu Maddux qui va alimenter le débat « vieillir LGBT ». Et c’est vrai que nous donnons une large place au VIH et à la séropositivité avec une soirée dédiée. Si l’on creuse un peu autour du VIH/sida, quel est le regard que les cinéastes portent aujourd’hui sur la maladie ? Le regard est variable selon les pays et selon le thème du film. On peut avoir des œuvres comme des biopics du passé ou des œuvres contemporaines qui traitent de problématiques nouvelles. Cette année nous avons un bon exemple avec la projection du film Théo et Hugo dans le même bateau. Le film est un dispositif spécial sous la forme d’un faux temps réel. Pendant l’heure et demie du film, on suit un jeune homme qui va être contaminé et se rendra à l’hôpital pour suivre un traitement post-exposition. Nous avons aussi un film israëlo-britannique qui a été présenté à la Berlinale. Who’s gonna love me now est un film documentaire sur un homme israélien qui vit à Londres et qui va devenir séropositif. 23
Il se demande alors comment il va annoncer cela à sa famille et, notamment, s’il doit rentrer au pays. Nous avons encore plusieurs approches du VIH/sida. Cette thématique est très importante pour les festivals de films LGBTIQ. L’épidémie a été à plusieurs égards fondatrice de ces rendez-vous culturels. Quelle-est l’approche d’un festival comme Everybody’s perfect ? Il y en a effectivement plusieurs. Vous pouvez par exemple construire votre programmation autour de films qui vont cartonner. Cette approche n’est pas à jeter car aujourd’hui, il faut être capable de trouver un équilibre financier notamment pour continuer à faire vivre ces événements. Il faut toujours garder en tête cette nécessité d’être attrayant. Chaque année, il y a des nouveaux pays qui entrent dans la galaxie des productions LGBTIQ. Mais on ne peut pas demander à tout le monde d’avoir envie de voir un film chinois ou un film plus ou moins difficile d’accès. Notre travail, c’est trouver un équilibre pour, in fine, amener le public à voir toutes ces créations moins évidentes. Il faut avoir des films d’appel. Il y a donc un aspect commercial et un aspect militant. On voit aussi que le cinéma est de plus en plus traversé par les thématiques LGBTIQ… Je le ressens globalement de façon positive malgré le fait que beaucoup de films sortent en salles sans passer par le réseau LGBTIQ. A tel point que certains distributeurs décident parfois de gommer un peu cette composante pour mettre en avant autre chose, une grande star par exemple.
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Kopek ©DR
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Est-ce que l’on n’assiste pas à une forme de cinéma qui ne dit pas son nom. Prenez Xavier Dolan, il n’aime pas cette étiquette queer… Il y a effectivement des réalisateurs et des producteurs qui évitent de louer leurs films à nos festivals. Pour nous, c’est difficile de travailler dans ces conditions car des œuvres deviennent complètement inaccessibles. C’est un débat que l’on a en permanence depuis quelques années. Xavier Dolan en est un exemple même si je sais que Everybody’s perfect avait réussi à obtenir la projection de Mommy. Sans vouloir être trop schématique, plus un film est produit, plus il dépend d’une major américaine, plus c’est compliqué pour nous. Mais il y a tout un autre cinéma qui existe. Il y a un vivier de réalisateurs et de producteurs, notamment des pays émergents. Eux, ils ont envie que l’on voie leur travail. Cette année on a notamment des films croates, turcs, vietnamiens. Il faut bien se rendre compte qu’il y a toujours des pays qui n’ont pas de productions comme la Russie ou encore des Etats d’Afrique du nord et subsaharienne. Là-bas, vous allez à la rigueur trouver des documentaires mais pas de fictions. On espère que cela va changer grâce, entre autres, à l’effet de levier généré par nos festivals. Un film primé bénéficie d’une visibilité. C’est comme ça que cela s’est passé pour la Chine et l’Amérique latine. On est là pour porter la parole des minorités qui sont écrasées ou qui ont des difficultés dans leur propre pays. Cela nous montre aussi que les choses ne sont jamais acquises… C’est vrai ! Prenez le mariage pour tous en France. Nous avons vu tous les homophobes se lever et ce n’est pas fini. Nous sommes là, avec des rendez-vous comme Everybody’s perfect, pour créer une grande réunion. Pour inviter tous les publics pour assister à cet état du monde. Pour partager des idées. Pour se rassurer aussi. Je pense tout particulièrement à une frange de la jeunesse qui parfois est en grand désarroi. Chez nous tout ce public peut rencontrer le tissu associatif, par exemple. Nous sommes un point de relais et de repères pour beaucoup.
HAPPENING PARTICIPATIF L’artiste plasticienne Sonia Rickli propose un happening en ouverture du festival international du film queer de Genève. Rejoingez le mouvement en vous inscrivant via l’adresse sonia@everybodysperfect.ch. Toutes les infos sont sur le site du festival. 25
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GENESIS P-ORRIDGE LéGENDE PLURIELLE
A quelques milliers de kilomètres au-dessus de la mêlée trône Sa Majesté Genesis P-Orridge idole pandrogyne aux pouvoirs illimités. Plonger dans sa biographie surhumaine frôle la théologie. Leatherette 26
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la Biennale de Paris de 1975. Difficile dès lors pour le gouvernement anglais de serrer l’étau sur l’agitateur. ACTION DIRECTE Construit sur des bases similaires à celles des Actionnistes viennois de la même époque, le groupe propose des actions impliquant des performances d’automutilation et des attentats variés aux bonnes mœurs, cherchant la confrontation par tous les moyens. Commençant forcément à se sentir rapidement un peu à l’étroit dans le milieu de l’art contemporain, le groupe change de nom pour devenir Throbbing Gristle – un terme d’argot désignant une érection – et se concentre désormais sur des performances uniquement musicales de type expérimental. Le quatuor nouvellement reformé en échangeant quelques membres au passage professe lui aussi un mépris total des conventions. Si les punks prétendent ne connaître que trois accords de guitare, les membres de Throbbing Gristle, quant à eux, déclarent ne pas vouloir en connaître un seul. Le groupe a toutefois beaucoup d’affinités avec le mouvement punk : sa volonté de tout faire seul en marge des circuits officiels, son opposition au climat politique de l’époque, son refus de l’autorité et son goût notoire pour l’action directe. Néanmoins, malgré leurs provocations tous azimuts, ils se veulent avant tout un outil concret de libération. Par des tactiques de choc, de déstabilisation, des attaques frontales, ils désirent « révéler et détruire les blocages et les frustrations masqués dans la culture occidentale ». Le trait commun de chaque action comporte une volonté de se frotter à l’aliénation du monde 27
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M
artyrisé durant son enfance par ses petits camarades de classe car trop fauché pour manger autre chose que des flocons d’avoine, il n’a pourtant jamais cédé à la haine du genre humain. Genesis P-Orridge transporte sans aucun effort son étrange petit sobriquet hérité de ses débuts sur notre planète, telle une médaille ayant pris du poids au fil de ses incalculables métamorphoses. L’icône incarnée de la pandrogynie, refusant tout débat sur la théorie des genres tout en les manipulant d’une main ferme possède plus de vies à lui tout seul qu’un chat pourvu de pouvoirs surnaturels. Impossible de résumer un monument vivant d’une telle trempe sans s’incliner devant sa multiplicité sans cesse renouvelée. Né Neil Andrew Megson, mort et ressuscité plusieurs fois sous diverses identités, GPO représente à lui tout seul la concrétisation absolue de l’übermensch. Genesis a fait ses armes au sein de COUM Transmissions, un groupe d’artistes avant-gardistes distillant l’obscénité sous toutes ses formes : prostitution, pratiques occultes sado-maso, mélange de pornographie et d’imagerie totalitaire. Règle d’or : aucune limite. Leur carrière de performers s’est rapidement transformée en une guerre ouverte contre l’establishment politique et artistique du pays. Accumulant les provocations dans des happenings progressivement de plus en plus sanglants et scatologiques, la troupe se met rapidement à dos une grande partie de la presse, du public et des autorités. Au plus grand dam des « bien-pensants », de nombreuses subventions ont néanmoins été reçues parallèlement de la part d’institutions très sérieuses et comble de l’ironie, COUM a été envoyé en digne représentant de l’Angleterre lors de
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©Shine Fanzine 1989
environnant, d’affronter de face la culture de masse, et d’atteindre ainsi de plein fouet les différents visages de l’oppression : l’éducation, les médias, les autorités. Dénoncer les fondements pervers et les penchants totalitaires, afin d’en tenter la déprogrammation. D’où l’insistance sur la nécessité de toucher aussi le grand public, en le sortant de sa léthargie, quitte à le dégoûter définitivement par la même occasion. Armés d’un humour macabre très britannique et d’une conviction militante dans la valeur rédemptrice et émancipatrice de la transgression, ils additionnent les approches de Georges Bataille, du marquis de Sade, de JG Ballard et de William S. Burroughs sur fond de musique industrielle, qu’ils sont tout simplement en train d’inventer. BANDE ORIGINALE Leur univers est totalement innovateur et strident. Le plus souvent constituée de larsens, leur musique est basée sur des improvisations atonales, survolées par la voix monocorde de GPO, se déchaînant parfois en un paroxysme de hurlements de rage emportés par un tonnerre de décibels incontrôlés. Tout est donc entièrement expérimental ici, aussi bien sur le plan du matériel utilisé que des sonorités choisies. Ils font bon usage du son brutal de l’environnement urbain, traquant l’obscène et le trivial, le sordide et l’obsessionnel qu’ils revisitent pareillement dans leurs textes. Un nouveau genre est né, ce qui n’empêche pas la dissolution de la formation à peine quelques années plus tard afin de devenir le légendaire Psychic TV – groupe majeur de l’histoire du rock, encore en tournée à ce jour – accompagné dans la foulée de la création de TOPY (Thee Temple ov Psychick Youth), sorte de secte émancipatrice d’un genre nouveau, flirtant avec le psychédélisme, le satanisme de Crowley et l’Alchimie. L’idée centrale que véhicule TOPY est basée la responsabilisation et l’épanouissement de l’individu grâce à la
©Giorgio Ricci
magie (magick) dans la réalisation de ses aspirations et son accès à une liberté totale. Une sexualité riche et sans tabou est le principal révélateur de magick. Parmi les rituels les plus connus de TOPY, on trouve le Sygil ov 3 Liquids, à savoir la formulation d’un vœu dont la réalisation est soumise à la réunion sur papier de plusieurs fluides corporels (salive, sperme et sang). Le tout devait être envoyé à la maison-mère la plus proche : TOPY Station 23 pour l’Europe, TOPYNA aux États-Unis et TOPY Chaos pour l’Australie. Chaque aspirant se devait d’accomplir 23 fois ce rituel initiatique avant d’être admis au sein de TOPY et on ne sait d’ailleurs pas vraiment ce qu’il est advenu à ce jour de tous ces fichiers. TOPY possède en outre sa propre bible, un livre compilant toute la documentation au sujet de ces « hippies inversés » nommé Thee Psychick Bible. Il est du meilleur effet posé négligemment sur une table de chevet, orné de la croix inversée à trois branches, symbole emblématique et sulfureux de Psychic TV que l’on retrouve aussi sur leurs disques. Genesis P-Orridge est notamment devenu récemment – lors d’une énième évolution – le plus célèbre représentant de la pandrogynie, reniant en bloc toute notion de sexe et de genre, estimant qu’il ne s’agit que de simples fictions sociales. Il n’a donc pas hésité à recourir à de multiples chirurgies afin de se façonner à l’image de sa chère et tendre Lady Jaye, tristement décédée précocement en 2007. Il demeure cependant une extension vivante de leur union, qu’il transporte en lui, sous la forme de Breyer P-Orridge, le personnage intermédiaire créé avec leur propre chair retravaillée au bistouri. Il est le troisième être, né de l’assemblage du meilleur de chacun. Chaque partie du pandrogyne prolonge ainsi l’autre, pour l’éternité. Genesis P-Orridge est donc bel et bien plus qu’un seul homme au destin kaléidoscopique bravant les éléments et façonnant son corps à sa guise comme seul un demi-dieu pourrait le faire. Thee Majesty est ainsi devenue la plus fascinante légende plurielle de notre temps, sans égal à ce jour.
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Jukebox d’automne De quoi vous délecter les oreilles durant les premiers frimas. Jonas Pulver
Mykki Blanco, bad boy, material girl uelque part entre Beyonce et Marilyn Manson, entre la nonchalance de Snoop Dog et le fer à défriser de Rihanna, Mykki Blanco est un corps-controverse, un tête-à-cul(ture), un point d’hétérogation qui fait transpirer les codes du hip-hop, du queer et du camp. Son nom fait référence à une gangsta freak idolâtrée – Lil Kim – et son alter ego – Kimmy Blanco – aussi bancable qu’un billet de banco saupoudré de coke. Ouvertement séropositif, allergique à l’intellectualisme de la queer theory, Mykki Blanco a fait des zones de non-droit identitaire son royaume et sa marque depuis ses premières percées, en 2012. Ses textes, posés sur des saccades de beat défroqué, laissaient alors couler une prose illicite et langoureuse, où il était question de nuits hédonistes à Chinatown autant que de Sisyphe ou de ready made. « Mykki », l’intitulé de son premier album, est à la fois sobre et révélateur : il s’agit, au long des treize plages, de se raconter par contradictions, de dire son nom en le trahissant, de mentir sans contrefaçon. Les chairs tristes de la promiscuité à l’heure de Grindr et Snapchat (« Loner »), les affinités insidieuses de l’amour et de la drogue (« The plug won’t ») ou la vacuité des relations dans une société fracturée par l’écart social (« Highschool never ends »), tous ces thèmes plus personnels qu’auparavant sont mis en œuvre par la production électronisante et orchestrale de Woodkid. Mykki Blanco cherche l’amour, le Grand, tout en se demandant qui lui a mis cette idée dans la tête. Il maudit les piscines de rooftop dont sortent les gosses de riche, mais se rêve lui-même dans un costume de soie Yohji Yamamoto (« Fendi Band »). Il raconte le sublime comme les humiliations de sa jeunesse new yorkaise (« Rock N Roll Dough »). « Mykki » est un portrait par échappées, par lignes de fuite, dont les reptations brusques et inopinées font la beauté, et la vérité.
A
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Pansy Division, « Quite contrary »
Mykki Blanco, « Mykki » 33
CULTURE MUSIQUE
Pansy Division, 25 ans de queercore la face des années 1990, ils ont dit : « Je veux être une catin ». En écho à l’adolescence vaguement rebelle de MTV, ils ont fait l’éloge de « River Phoenix en maillot de bain ». Sans le moindre repentir, ils ont chanté les louanges de « 10, 20, 30 ans de bites », mis en mots et en rock « the Smell of Queer Spirit » et chroniqué le destin de tous les « Twinkie Twinkie Little Star » venus faire reluire leur âge tendre au premier bar du coin. Les quatre Californiens de Pansy Division ont offert à la scène punk rock son premier groupe ouvertement gay. Proche d’ACT UP au plus fort de l’épidémie du VIH, le groupe cultive alors des guitares rêches et un sans-gêne décomplexé qui vont contribuer à libérer le sexe gay des carcans sociaux liés à la maladie. En 1994, Pansy Division assure la première partie de Green Day sur sa méga-tournée « Dookie », et quelques mois plus tard Michael Stipe de R.E.M. puis Amy Ray et Emily Saliers d’Indigo Girls sortent du placard. Vingt-cinq ans après sa formation, Pansy Division revient avec un septième album, « Quite contrary », dont la verve queercore n’a rien perdu de son énergie et son humour. Si le ton général est un brin moins scabreux que par la passé, et les thèmes abordés légèrement plus matures (complexité des relations, rupture, amitié), le chanteur Jon Ginoli, le bassiste Chris Freeman et leurs acolytes égratignent sans vergogne les intégristes chrétiens et l’extrême-droite anti-pédé, notamment sur le titre « Blame the Bible », où il est question ni plus ni moins de se débarrasser du livre sacré. Le refrain ultra-FM de « You’re on the Phone » subvertit joyeusement l’héritage de Green Day, «Kiss me at Midnight» recycle avec délice le romantisme canonique du rock de Nashville, et la reprise de « It’s a Sin » envoie un clin d’oeil irrévérencieux à la pop fluo de Pet Shop Boys.
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culture cinéma
Jeunes filles prises au piège de Daech
Intelligent, lucide et utile, « Le ciel attendra » explore le processus de radicalisation en montrant la façon dont les proies sont repérées. Edmée Cuttat
C
omment et pourquoi une jeune fllle, aujourd’hui, peut avoir envie de partir en Syrie ? C’est ce que veut expliquer Le ciel attendra en mettant en scène deux d’entre elles. Mélanie et Sonia. Mélanie a 16 ans. Elle vit avec sa mère Sylvie, aime l’école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Mais l’irréparable se profile lorsqu’elle rencontre son « prince » sur internet, en tombe amoureuse et se fait peu à peu prendre dans les filets de Daech. Un piège qui a aussi failli se refermer sur Sonia, 17 ans, pour « garantir à sa famille une place au paradis ». Un film intelligent, lucide, utile, évoquant ce moment où les ados sont contre tout ce qui représente l’autorité, explorant parallèlement l’intimité et la psychologie de deux filles qui ont basculé, ou vont le faire, dans le fanatisme. L’opus montre aussi la façon dont les proies sont
repérées grâce aux réseaux sociaux, après avoir posté des messages avec des mots-clés qui permettent d’établir le contact. Il y a enfin la douleur, la colère, le courage de parents qui veulent comprendre et se sentent coupables de n’avoir rien vu venir. Le ciel attendra est signé de la réalisatrice scénariste et productrice française Marie-Castille MentionSchaar. « Partie de questions que je me posais, j’ai commencé à rencontrer des journalistes couvrant le sujet, un frère parti sur les traces de sa sœur. Ensuite j’ai fait beaucoup de recherches, vu des reportages, lu des articles, regardé des heures de vidéo de propagande dont certaines sont juste insoutenables, pour mieux saisir l’emprise des rabatteurs ». Toutefois, le plus important pour Marie-Castille Mention Schaar était d’entrer en contact avec des filles qui ont été, sont encore dans la 34
radicalisation. Et cela grâce à Dounia Bouzar, anthropologue française qui a fondé en 2014 le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam. « Elle a accepté que je la suive pendant trois mois avec son équipe partout en France. Et j’ai découvert la réalité du processus d’embrigadement en parlant notamment avec une jeune fille passée par là. Avec leur soif d’absolu, de pureté, de romantisme, leur besoin d’être utiles, les filles succombent plus facilement. Les prédateurs les ciblent en leur assurant que leur existence va avoir un autre sens que dans cette société pourrie, dépourvue de spiritualité, uniquement attirée par la consommation, le succès. Ce qu’on leur promet, c’est la vie après la vie, un monde où il n’y a pas d’injustice, de pauvreté et où tout est beau. ». Sortie le 5 octobre
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La fille inconnue
Ken Loach pousse un nouveau cri de rage
Les frères Dardenne entre culpabilité et rédemption
E
M
Sortie le 26 octobre
Sortie le 12 octobre
n mai dernier à Cannes, dix ans après Le vent se lève, Ken Loach se retrouvait à nouveau cousu d’or avec Moi Daniel Blake. Un choix politique convenu pour ce film militant, beau, émouvant, mais peu novateur et assez manichéen avec les bons ouvriers d’un côté et pratiquement tous les vilains fonctionnaires de l’autre. Cela n’enlève rien à son efficacité. A son habitude, Ken Loach le révolté filme des laissés-pour-compte, traités comme des chiens par l’Etat. Et, au-delà d’une critique sociale acérée, pousse un véritable cri de rage en suivant Daniel (Dave Johns), un menuisier veuf de 59 ans en arrêt maladie, mais contraint de chercher un travail sous peine de sanctions. Il entame alors un parcours kafkaïen dans les dédales de l’administration britannique pour obtenir l’aide sociale. Pris dans un piège bureaucratique aussi implacable que cauchemardesque, où les portes ne cessent de se fermer devant les plus vulnérables, où on coupe arbitrairement les subsides, écrasant les opprimés au lieu de leur venir en aide, Daniel croise Rachel (Hayley Squires) une jeune femme sans emploi élevant seule ses deux enfants. Dans ce monde impitoyable où les injustices s’enchaînent, il leur consacrera ses dernières forces. EC
édecin à Liège Jenny Davin refuse d’ouvrir la porte de son cabinet à une patiente, l’heure de fermeture étant passée. La retardataire, une jeune fille, est retrouvée morte sur une berge le lendemain matin, à deux pas de là. Rongée par le remord, apprenant de surcroît que la police ignore son identité, Jenny se transforme en détective et va tenter de la sortir de l’anonymat pour lui permettre d’être dignement enterrée. D’abord centrée sur les gestes et le quotidien d’une généraliste, l’intrigue bifurque ainsi vers une sorte d’enquête policière. Mais l’essentiel n’est pas là. Livrant une réflexion sur la culpabilité et la responsabilité, le film évoque, par le biais de la quête expiatoire de Jenny, une rédemption possible. En montrant par ailleurs que chacun, à son échelle, a les moyens d’améliorer les choses face à la souffrance et à la misère. « Cette fille découverte au bord de l’eau est une métaphore des migrants qui meurent et qu’on retrouve sur les plages », remarquent les deux réalisateurs. Radiographie de notre société, La fille inconnue laisse toutefois un peu sur sa faim. Mais l’opus est heureusement porté par Adèle Haenel, enlevant le morceau par sa combativité, son énergie, son obstination, son jeu simple, sobre, naturel et intense. EC
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culture cinéma
Moi, Daniel Blake
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UN AMOUR IMPOSSIBLE Dans son dernier roman, Alain Claude Sulzer imagine un amour bref et intense entre un acteur allemand et un jeune postier suisse sur fond de nazisme et de nostalgie.
culture littérature
Lucas Vuilleumier
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i Shakespeare se demandait où s’en allait la blancheur une fois la neige fondue, ce sont les sentiments, une fois encore avec Alain Claude Sulzer, dont on se demande s’ils désertent complètement les âmes qui se séparent, éloignées par la vie, le temps ou l’Histoire. Dans son sublime dernier roman, nouveau bijou néoclassique grâce auquel Stéphane Zweig et Thomas Mann ne sont jamais très loin, le Bâlois, notamment connu pour Un garçon parfait (Prix Médicis Etranger et Prix des auditeurs de la Radio Suisse Romande en 2008), livre une nouvelle fresque romanesque où les amours homosexuelles relient les classes sociales autant que les époques. Dans Post-scriptum, paru à la rentrée littéraire, Alain Claude Sulzer imagine, avec une précision d’orfèvre, la figure de Lionel Kupfer, visage chéri du cinéma allemand, dont la carrière imaginaire, à laquelle on croirait presque (vérification faite, il s’agit bien d’un personnage fictif), l’a amené à devenir une icône, adulé qu’il est des femmes, lui qui a commencé aux côtés de Marlène Dietrich, dans un film qu’elle aurait toutefois renié plus tard…
Venu se reposer au Waldhaus, palace prisé par une clientèle étrangère et fortunée à Sils-Maria, en Engadine, Lionel Kupfer, fier quadragénaire au physique irréprochable et au regard azur, profite du calme des montagnes suisses entre deux tournages éprouvants. Au cours des derniers pourparlers de son agent avec des producteurs berlinois, on a évoqué son nom pour interpréter Verdi, mais Kupfer, du haut de sa gloire, n’en éprouve pas vraiment l’envie. Le port d’un postiche entacherait sa saisissante beauté. « Pas de Verdi, pas de Wagner, au mieux Puccini, il ne portait que la moustache, qui ne défigurerait pas tout le visage. » Un peu plus bas dans le village et l’échelle sociale, un jeune postier s’émerveille de voir arriver des lettres au nom de son idole dans son modeste office. De toute l’Europe on écrit à Kupfer, dont les vacances, en 1933, pourraient déjà résonner avec l’exil. Il faut dire qu’en Allemagne, Hitler vient de prendre le pouvoir, et on se méfie des opinions de cet homme teigneux, que Kupfer a croisé dans un dîner sans le saluer quelques années plus tôt. Mais pour un postier helvétique, le triste sort que connaîtra l’Europe
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culture littérature
n’est pas encore une inquiétude, aussi Walter préfère-t-il imaginer croiser la star dans les allées enneigées de SilsMaria. Et s’il intercepte un jour une carte postale écrite de la main de Kupfer, allant jusqu’à découvrir, cachée sous le timbre, une phrase enamourée qui, à l’époque, avait intérêt à rester secrète, il va forcer sa chance en pénétrant dans l’hôtel, déguisé en dandy. Dans un salon du Waldhaus, il croise enfin l’objet de tous ses tourments, et contre toute attente se noue une relation entre les deux hommes, qui se verront bientôt, en cachette, devenant très vite amants. DEUX TABLEAUX Alain Claude Sulzer n’a alors pas son pareil pour décrire comment les deux parties de cette amourette ne jouent pas sur le même tableau. Quand elle est une expérience inoubliable pour Walter, elle n’est qu’une liaison passagère et sans importance pour l’acteur, dont l’amant officiel, Eduard, débarque quelques jours plus tard, ce que Lionel n’avait pas cru bon de signaler au postier. Il sera d’ailleurs bien vite écarté du jeu, puisque Eduard n’a 37
pas d’excellentes nouvelles pour Kupfer : parce qu’il est juif, on ne veut plus de lui pour son prochain tournage. La suite du roman, qui s’amusera habilement à naviguer entre les temps de guerre et ceux de la fin de l’horreur, entre New-York (où Lionel fuit prestement), la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche, est un condensé nostalgique qui prend le lecteur à la gorge, tant Alain Claude Sulzer donne avec acuité des expressions différentes de la mélancolie. Entre un Walter conspué par son analphabète de mère pour s’être montré trop proche d’un coiffeur valaisan, un Kupfer qui se renseigne sur les douteuses activités d’Eduard, perdu de vue, et qui aurait œuvré auprès d’Hitler afin de ravir leurs œuvres d’art aux Juifs, les destins se croisent, dans l’indifférence du temps qui avance, faisant perdre de son lustre aux instants lumineux d’une jeunesse révolue. Sublime. Post-scriptum Alain Claude Sulzer Traduit par Johannes Honigmann Editions Jacqueline Chambon 280 p.
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Dépistage gratuit en octobre dans les Checkpoints et dans les établissements gays de Genève et Lausanne.
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ous les hommes gays et les autres hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes devraient se faire dépister de la syphillis une fois par an. Plus de 50 % des cas déclarés en Suisse sont dus à des rapports entre hommes. Le risque de transmission est élevé car la bactérie responsable de l’infection peut être transmise même en respectant les règles du safer sex. Une transmission par un simple baiser ou une fellation est possible. Respecter les règles du safer sex réduit cependant fortement les risques. Les symptômes ne sont pas systématiques ni toujours visibles. Si l’infection est diagnostiquée tôt, elle est traitée facilement et restera sans conséquence. Il est donc important de se faire dépister au moins une fois par an même en l’absence de symptômes.
Dépistage gratuit en octobre Le test est à résultat rapide (20 minutes). Les personnes ayant déjà été infectées peuvent faire un test sérologique dont les résultats sont remis en quelques jours. Les deux types de dépistage sont gratuits. Traitement La syphilis se traite par injection d’antibiotique (pénicilline ou autre en cas d’allergie). Le safer sex • Pas de pénétration sans préservatif et lubrifiant à base d’eau ou de silicone. . • Pas de sperme dans la bouche, ne pas en avaler. • Signalez à un médecin toutes démangeaisons, écoulements, douleurs au niveau des parties génitales ou symptômes grippaux après des rapports non protégés.
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Dépistage gratuit et sans rendez-vous Checkpoint Genève : lundi et mercredi 16h – 20h vendredi 12h – 16h, rue du Grand-Prè, 9, Genève. 022 906 40 30, geneve@mycheckpoint.ch. Dans les établissements genevois : 1/10 La Perle du Lac 5/10 Bains de l’Est 8/10 Le Nathan 9/10 Les Avanchets 12/10 Duplexx 13/10 Substation 15/10 Le Déclic 19/10 Les Avanchets 21/10 Le Nathan 22/10 Soirée 360° Palais Mascotte 27/10 Bains de l’Est 29/10 Cruising Canyon 31/10 Substation
22/02h 18/22h 22/02h 14/18h 18/22h 12/15h 22/02h 18/22h 22/02h 22/02h 18/22h 22/02h 12/15h
Checkpoint Vaud (horaires élargis) : Lundi 12h – 17h30 mercredi et vendredi 14h30 – 20h, rue du Pont, 22, Lausanne. 021 631 01 76, vaud@mycheckpoint.ch. Dans les établissements lausannois : 02/10 Pink Beach 02/10 MAD - GameBoy 07/10 GT’s 15/10 Saxo 21/10 GT’s 23/10 New Relax 30/10 Pink Beach 27/10 Traffik 30/10 Pink Beach
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AMOUR DE FEMMES
Riera/Casanova La voiture d’Intisar
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Obom J’aime les filles
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iane Obomsawin (alias Obom) a commencé à se poser cette question : A quel moment avait-elle pris conscience du fait qu’elle préférait les femmes aux hommes ? Elle s’est raconté sa propre histoire, à partir de la petite enfance jusqu’à sa première relation amoureuse puis a demandé à dix de ses amies, qui aiment les filles, de parler de leur premier émoi. Voici donc l’histoire de Mathilde, Marie, Catherine et les autres sous la forme d’une BD originale, cocasse et relevée par des dialogues en québécois « full cool » ! L’oie de Cravan
Transdessinée par Johanna
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culture livres
ette bande dessinée est le résultat d’un séjour d’une année effectué à Sanaa, capitale du Yémen, et la compilation d’entretiens réalisés auprès d’une quarantaine de femmes yéménites. Intisar, l’héroïne, n’existe pas mais son personnage est la somme de toutes ces femmes interviewées. Nous suivons donc cette médecin de vingt-sept ans, au volant de sa voiture ; femme moderne en lutte permanente pour ses droits et sa liberté, dans un pays où la ségrégation entre les hommes et les femmes est totale et le pouvoir masculin arbitraire et abusif. Delcourt
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GAYMAP gros Plan «A trois on y va» est le coup de coeur de la rédaction.
vision queer A vos agendas ! Le rendez-vous du cinéma LGBTI de Berne fête ses 20 ans début novembre.
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ette année encore, le magazine 360° a le plaisir d’être partenaire de cet événement cinématographique majeur pour la communauté LGBTIQ qui se tiendra du 3 au 9 novembre dans la capitale helvétique. Nous vous laissons le soin d’éplucher la programmation de Queersicht plus en détail mais sachez que le coup de cœur de la rédaction se porte sur A trois, on y va. Car si le triangle amoureux fait le bonheur
des cinéastes depuis la création du septième art, Jérôme Bonnell revisite le sujet avec une légèreté pimentée d’érotisme. Charlotte et Micha sont jeunes et amoureux. Ce qui n’empêche pas Charlotte de tromper Micha avec Mélodie. Et Micha, ne se doutant de rien mais se sentant un rien abandonné, de tromper Charlotte avec… Mélodie. Qui devient ainsi complice du secret de chacun. Marivaudage malicieux façon Jules
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et Jim moderne, plein d’humour et teinté de mélancolie, A trois on y va évite la vulgarité et les clichés. Il séduit par ses dialogues épicés, la mise en scène et la manière de filmer les personnages, interprétés par l’excellent trio Anaïs Demoustier, Sophie Verbeeck et Félix Moati. HS Tout le programme, notamment festif, est à retrouver sur www.queersicht.ch
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MÉLANGE DES GENRES
La question du genre occupe le travail de la danse et chorégraphe suisse Marie-Caroline Hominal. Nadia Barth
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ilhouette élancée, talons hauts, Tshirt Vivienne Westwood avec un dessin de poitrine pour un effet trompe l’œil. C’est ainsi que MarieCaroline Hominal débarque au café du Théâtre Saint-Gervais à Genève pour notre interview. Cette Genevoise sait mettre en scène le corps et pour cause. Elle est danseuse et cho-
régraphe. Depuis 14 ans, sa pratique artistique inclut le texte, la musique, la vidéo ou encore la performance. Autant de media qui font écho à la pluralité de ses identités. Silver, MC, MadMoiselle, sont quelques-uns des pseudonymes qu’elle emprunte pour signer ses différents spectacles. Il faut dire que la danseuse déteste 44
les petites cases, qu’on l’y mette et qu’on l’y enferme. Elle veut être là où l’on ne l’attend pas. Preuve en est, quand on l’interroge sur son âge, Marie-Caroline Hominal brouille les pistes. Pour cette interview, la trentenaire dira qu’elle a 50 ans. Celle que l’âge ne définit pas, revendique volontiers une liberté d’expression
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qui se moque bien des limites et de la norme. Des aspects qui traversent tout son travail où il est, entre autres, question du désir, de l’identité ou encore du genre. Son dernier spectacle « Taxi-Dancers », actuellement en tournée en Suisse et présenté du 2 au 12 novembre à l’adc de Genève, s’empare d’ailleurs de quelques-uns de ces sujets.
Spéléologue Cette danseuse de formation classique s’est rapidement mise à employer les formes d’expression contemporaines, mêlant à son tour tradition et modernité. Une façon, peut-être, de se réinventer en permanence. D’être en perpétuel mouvement. De construire et de déconstruire comme elle dit le faire avec les personnages de ses spectacles. Elle qui apparaît souvent masquée sur scène, se révèle être une véritable spéléologue de l’identité. Ainsi son exploration du genre est une façon, dit-elle, « de ne pas faire simplement avec qui je suis ». Celle qui est née avec un sexe féminin, se demande d’ailleurs parfois ce qu’elle serait avec un sexe masculin. Des questionnements sans tabou pour lesquels l’artiste n’hésite pas à se mettre à nu dans certains spectacles. D’ailleurs comment explorer le genre sans évoquer le corps ?
Hominal veut montrer le mouvement, les muscles, les formes. Dans « Le triomphe de la renommée » qu’elle jouera prochainement en Chine, elle est seule sur scène et là encore, elle est nue. Entièrement ou presque. « En Chine, la nudité est interdite donc je porterai un justaucorps couleur chair », précise-t-elle. Décomplexée et audacieuse, la chorégraphe n’hésite pas à bousculer, à déranger et à jouer de toutes les facettes de sa personnalité. Tantôt femme « hypersexuée », tenue moulante et talons hauts, tantôt Pierrot astral, vêtements amples et teint naturel, Marie-Caroline Hominal semble insaisissable. C’est peut-être qu’elle a réussi son pari. Etre toujours là où on ne l’attend pas. Prochaines dates du spectacle « Taxi-Dancers »: 1 et 2 octobre 2016 au Tanzhaus de Zurich. 2 et 12 novembre 2016 à l’ADC de Genève. 4 novembre : Après de la représentation, l’adc se transforme en mini club «Dance on the wild side» avec les djettes Unicornes.
Corps à nu C’est chose faite, avec son spectacle « Duchesses » (2009) où la danseuse fait un duo de Hula Hoop hypnotique avec le danseur et chorégraphe François Chaignaud. Ils sont nus et dans ce parallèle, Marie-Caroline Publicité
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Quel genre Pour cette mise en scène, elle remonte aux origines des « taxi-dancers », ces jeunes filles qui louaient leurs bras et leurs pas le temps d’une danse. La pratique existe toujours. Aux Etats-Unis et en Suisse, il y a encore des « taxi-dancers ». Ce procédé a connu son apogée dans l’Amérique des années 30 alors que des migrants masculins, en mal de compagnie, cherchaient à rompre la solitude. Marie-Caroline Hominal reprend le concept dans un spectacle encensé par la critique. Sur scène, elles sont 3 danseuses. L’une d’entre elles arbore une perruque et des talons vertigineux : c’est une travestie. Un trio qui permet à la chorégraphe de jouer avec des identités multiples et surtout d’échapper à la binarité homme-femme. Cette envie de mélanger les genres lui vient, entre autres, d’artistes telle que Vivienne Westwood. La styliste anglaise s’est distinguée par sa vision provocante et décalée qui confond tout: les
genres, les cultures, la tradition et la modernité. Autant d’attributs qui collent à la peau de Marie-Caroline Hominal.
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AVANT-GARDE éROTIQUE Virtuose de la surprise et du décalage, le LUFF vient troubler l’ordre de nos compartiments culturels avec, parmi ses ovnis filmiques, une belle virée dans le porno retro de Wakefield Poole.
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Francesca Serra
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016 marque la quinzième année du Lausanne Underground Film Festival, anniversaire par lequel il ne se laisse imposer aucune autre ligne sauf celle, déjà bien tracée, de donner accès à des productions en marge, déterrant des pépites cinématographiques de l’oubli et de la médisance. Le LUFF fouille dans l’histoire du cinéma, parmi les productions low budget et hors catégorie, passant par les séries B ou Z, mais aussi du X, réhabilitant des grands classiques de l’érotisme et de la pornographie. Grâce à une rétrospective sur Wakefield Poole, le
public découvrira donc Boys in the sand, un film gay tourné en Super 8 en 1971 qui peut se vanter d’être l’initiateur de la vague du « porno chic ». Si ce terme a été emprunté par la mode pour étiqueter l’univers esthétique propulsé par Tom Ford et Carine Roitfeld à la fin des années 90, il fait à l’origine référence à une parenthèse, au début des années 70, de longs-métrages pornographiques sophistiqués aux Etats-Unis. Certains de ces films X créeront des files d’attente devant les cinémas, inaugurant une certaine démocratisation du genre,
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surtout grâce au phénomène Gorge profonde sorti en 1972, mais aussi Derrière la porte verte dont certaines scènes ont inspiré Kubrik pour Eyes Wide Shot et L’enfer de Miss Jones. Quarante ans après sa sortie officielle, pour mesurer l’impact de Boys in the sand, il faut considérer qu’il s’agissait du premier film hard gay haut de gamme distribué de manière légale et commerciale, des célébrités connues du grand public allant même le voir au cinéma. Si le film peut être relégué à la catégorie hard par son manque de dialogues et
360° – octobre 2016 de développement des personnages, il dégage indubitablement une sensibilité éloignée des clichés du genre en vogue à l’époque. On y respire un érotisme sain et naturel, magnifiant la beauté plastique des acteurs et ponctué même par quelques éclats de romantisme naïf. En toile de fond apparaissent quelques fragments de Fire Island Pines, un lieu idyllique au Sud de Long Island, lié à l’histoire de la communauté gay américaine.
Pour amener les scènes de sexe, Poole construit une histoire au rythme somnambulique. duction à la photographie, scénographie et costumes très soignés, mais cela ne suffira pas à sauver la pellicule du flop. Sa filmographie, son parcours de vie atypique et son
courage – il était rare qu’un réalisateur porno signe de son vrai nom – lui ont valu l’attention du réalisateur Jim Tushinski qui lui a récemment consacré un documentaire intitulé I always said yes. The many lives of Wakefield Poole. Pour compléter ce panorama érotique, le LUFF s’unira aux festivités des vingt ans de F.I.N.A.L.E, Fondation Internationale des Arts et Littératures Erotiques, ayant comme première vocation celle d’« être un centre de documentation et de conservation des expressions érotiques et des comportements amoureux ». Parmi ses trésors coquins, le public pourra retrouver sur grand écran le délicieux et humoristique manifeste anglais anti-puritanisme Personal services ainsi que quelques courts-métrages du « roi du porno » Lasse Braun, fils d’un diplomate italien ayant travaillé au Danemark et en Suède pour produire et légaliser le film porno. Le LUFF, du 19 au 23 octobre - 2016. luff.ch Publicité
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DE SON VRAI NOM Suite au succès de Boys in the sand Poole réalise Bijou, film dans une veine nettement plus artistique et reconnu par Andy Warhol et Yves St. Laurent. Pour amener les scènes de sexe, Poole construit une histoire au rythme somnambulique, avec des moments surréalistes et kaléidoscopiques au travers de jeux de lumière, couleurs et superpositions. Grâce au succès de ces premiers deux longsmétrages, Poole s’adonnera à un film softcore hétéro, Bible, pour raconter, à sa façon, l’histoire de trois personnages féminins : Eve, Bath-
schéba – jouée par la légende du X Georgina Spelvin, Dalila et Marie. Le fait que Poole ait été danseur de ballet et chorégraphe à Broadway avant d’être réalisateur se ressent particulièrement dans cette pro-
360° – octobre 2016 Absolutely Fabulous @Rex « Good Vibes », Vevey
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Rondeur Woman vs l’Homme à Beignet, 360° Fever @Fonderie Kugler, Genève
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soirées SAMEDI 1 OCT ZURICH Kaufleuten Jack, The Wonderland Issue, DJ Terry Vietheer, 23h Stairs Inside, 23h Heaven Club Gravity, 23h DIMANCHE 2 OCT LAUSANNE GameBoy @MAD, DJ Soren Luka, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, DJ High Heels on Speed, 21h ST-GALL News Sack & Pack, 20h
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VENDREDI 7 OCT LAUSANNE Ainsi Soit’L Dance party @Salle des fêtes du Casino de Montbenon, 22h BERNE Frauenraum Popshop (girls only), 22h ZURICH Heaven Club Boyteschema, DjCK, 23h SAMEDI 8 OCT LAUSANNE Ainsi Soit’L Lilith fête les 20 ans de Vogay. Vintage Party avec DJ Ritchy @Salle des fêtes du Casino de Montbenon, 22h GT’s Le Petit Cabaret, 22h BERNE Frauenraum Tanzbar, 20h30 BÂLE SUD Queerplanet DJs Oliver & Taylor Cruz, 23h ZURICH Plaza Boyahkasha Tribute to Zaine Fierce, 22h
DIMANCHE 9 OCT GENÈVE L’Usine T-Dansant «Prohibition Time in the Saloon», 17h LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, DJ Alan Taylor, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, DJ Mr. Alejandro, 21h VENDREDI 14 OCT ZURICH Heaven Club Balkan Gay Night 23h SAMEDI 15 OCT LAUSANNE Le Romandie Extra:Punch (nouveau!) DJ sets de Clap! Clap! et Shha Kuumba, 23h BERNE Du Théâtre Harry DJs Phil Romano et Lauro, 23h ZURICH Zukunft Offstream Party «Read My Lips», 23h Heaven Club Bitch, I Love Madonna, 23h Alte Kaserne Matinée Closing Party, DJ Lydia Sanz, 23h DIMANCHE 16 OCT GENÈVE 360° Fever @Palais Mascotte. Thé Dansant, fête d’ouverture du festival Everybody’s Perfect avec Kabaret Kings, DJ Mitch et les Gominés associés, 16h. LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, DJ Vasco, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, DJ Roj.R, 21h BALERNA (TI) Sunday’s Happy Gays by Imbarco Immediato @Il Mattarello, 18h30
VENDREDI 21 OCT LUCERNE El Cartel Frigay Night, 23h ZURICH Heaven Club Attitude by DJ Vicky Goldfinger, 23h SAMEDI 22 OCT GENÈVE 360° Fever @Palais Mascotte. Soirée officielle du festival Everybody’s Perfect, 22h LAUSANNE GT’s Showgirls The Contest! 22h BERNE ISC Electro Tolerdance, DJ PCB & Bitch Computer, 22h ZURICH Heaven Club Avalon, DJs José Parra, Angelo, 23h DIMANCHE 23 OCT LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, DJ Cyril G, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, DJ Gambino, 21h VENDREDI 28 OCT ZURICH Heaven Club Night of the Walking Drag, 23h SAMEDI 29 OCT BERNE Bloc Party «Lumberjack»@Gaskessel, DJs Jurassica Parka, Ludwig, Kimbro et Juiceppe, 23h Frauenraum Schöne Neue Welt, 23h VEVEY Rex «Good Vibes» Black Night 016, 21h
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DIMANCHE 30 OCT LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, DJ Extasia, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, DJ Diskomurder, 21h SAMEDI 5 NOV ZURICH X-tra Black Party by Angels, 22h SAMEDI 12 NOV GENÈVE 360° Fever Party @Palais Mascotte SAMEDI 19 NOV GENÈVE Les Vilains Garçons Party
DEVERGONDAGES SAMEDI 1 OCT GENÈVE Bains de l’Est Qnu, 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h DIMANCHE 2 OCT LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked) 14h ZURICH Rage Mega Nackt-Party (naked) 20h
SAMEDI 8 OCT LAUSANNE Trafick Orgie Romaine, 21h DIMANCHE 9 OCT LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked) 14h VENDREDI 14 OCT GENÈVE Cruising Canyon Air X Night (fetish) 22h LAUSANNE Pink Beach No Limit Soirée (naked) 20h Trafick Bear Night, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Underwear, Jocks, Naked, 22h SAMEDI 15 OCT GENÈVE Bains de l’Est Bear, 16h LAUSANNE Trafick DirtyTrouble (yellow), 21h ZURICH Rage Prollboys (sneakers) 22h DIMANCHE 16 OCT LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked) 14h VENDREDI 21 OCT LAUSANNE Trafick Les Délires du Trafick, 21h BERNE Aqualis FF-Night 23h ZURICH Rage Kick-off! (sneakers), 22h
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SAMEDI 22 OCT GENÈVE Bains de l’Est Black Out, 23h LAUSANNE Trafick Dark Naked Sex, 21h ZURICH Rage X-treme Rubber + Leather, 22h DIMANCHE 23 OCT LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked) 14h JEUDI 27 OCT LAUSANNE Trafick En Travelo, 19h VENDREDI 28 OCT GENÈVE Cruising Canyon Air X Sports (sportswear et sneakers) 22h LAUSANNE Trafick Mask & Naked XXL, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage XXL Naked Party, 22h SAMEDI 29 OCT LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (naked) 21h Trafick Mixte XXL, 12h ZURICH Rage Naked Plus, 22h DIMANCHE 30 OCT LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked) 14h
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VENDREDI 7 OCT LAUSANNE Pink Beach Grizzly Night (bears) 20h Trafick En Travelo, 19h BERNE
Aqualis Sneakers or Underwear, 23h ZURICH Rage Friday Naked Plus, 22h
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ZURICH Heaven Club Disco Bloodbath, 23h
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L’Appart 36, rue du Faucigny, Annemasse (F)
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11-13, rue de la Navigation > A4
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22, avenue de Tivoli H1 Rainbow Inn Hors-plan • Outside of the map :
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R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point
P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève
R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R4 Le Tramway 6bis, rue de la Pontaise
P3 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3
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Hors-plan • Outside of the map : Le Raisin Les Cullayes (13km)
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360° – octobre 2016
Chants nocturnes DE Greta Gratos
Lents retours les temps auparavant, en une longue procrastination. Il me faut alors, assise enfin sur le sol et après avoir repris mon souffle, revisiter toutes les béances que j’ai laissées s’installer sur mon chemin et, une à une, les combler. De démarches administratives en recherche de documents éparpillés, moi la voluptueuse, la désordonnée, je me fais austère. Avec les mêmes difficultés que celles qu’éprouvent les élèves du fond de la classe, je tente de remettre un peu d’ordre dans mon chaos. Et je peine, pas à pas, à remettre la main sur les traces de ces passés accumulés, délaissés. Alors, entre deux recherches, je plonge les mains dans la terre, comme pour me revivifier. Qu’elle soit pleine ou en pot, peu m’importe; je la tâte, la palpe, la caresse ou la gratte, la soigne et la nourris, arrache ça et là quelques plants opportunistes, la prépare pour y semer les graines des pousses prochaines, prends soin des racines, feuilles et fleurs de ses actuelles compagnes. Et, en moi, le calme peu à peu revient, je m’apaise. Oh, juste un instant, juste le temps de cette pause qui me permet de vider mon esprit avant de retourner à mon nécessaire et impérieux labeur. Mais que j’aime cet instant... Greta Gratos
Autoportrait d’après Master John - Queen Mary – ©DR
P
arfois, sans crier gare, au réveil quand ce n’est pas au cœur de la nuit, le stress s’empare de mon esprit, l’engourdit, le paralyse; un gouffre en moi s’ouvre, qui me vide de toute substance, me laisse désemparée. Et comme Alice, je tombe, sans en apercevoir le fond. À mon passage, une multitude de tracas me saute à la gorge, ne me laisse plus l’ignorer comme je l’ai si bien fait
«Les choses ne sont pas difficiles à faire, ce qui est difficile c’est de nous mettre en état de les faire.» Constantin Brancusi
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° Nathalie Brochard ° Vladimir Ennyday Antoine Gesseling Annabelle Georgen ° Helias Sandri Francesca Serra François Touzain ° ° Vinciane Jacquet Leatherette ° Corrections
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