N° 154 Mars 2016 – CHF 6.– €6 – 360.ch
RÉFUGIÉE
POLOGNE
EXTRÊME DROITE
SEXUALITÉ VIAGRA & CIE
MUSIQUE
SYD THA KYD
360° – MARS 2016
ÇA SE PASSE PRÈS DE CHEZ NOUS ACTU
INTERNATIONALE – P.2 ASILE – P.4 SEXUALITÉ Les jeunes et le mythe de la performance – P.9 ANNIVERSAIRE Des parents d'homos font leur coming out – P.12 REPORTAGE La Pologne à l'extrême droite – P.14
SOCIÉTÉ
HUMEUR Sois gay et tais-toi – P.20 GENRE Des masculinités sous la loupe – P.22 TENDANCES L'hôtelerie homo s'ouvre – P.26
CULTURE
ARTY SHOW Gilbert & George, hommes objets – P.28 THÉATRE Quiproquo – P.32 MUSIQUE Syd tha Kyd, enfant du groove – P.34 CINÉMA Much Loved – P.36 The Assassin – P.37 Saint Amour – P.37 STREAMING Présumé coupable – P.39 Présumé innocent – P.41 LIVRES Repenser l'habitat – P.43
GAYMAP
GROS PLAN Festival Électron – P.47 PORTRAIT Régis Froidevaux – P.48 SORTIES Agenda et dévergondages – P.56 et 57 Plans Genève, Lausanne et Berne – P.58, 60 et 62
ET ENCORE
Guillaume Renevey, rédacteur en chef
Vignette édito © Maurane Di Matteo couverture © Magali Girardin Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch 1
TRANSDESSINÉE – P.49 INFOS PARTENAIRES – P.40 et 45 INFOS SANTÉ – P.54 TU T'ES VU ? – P.50 et 52 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS – P.64
SOMMAIRE N° 154
I
l y a du pain sur la planche et nous vous le rappelons chaque mois. Du pain sur la planche pour faire avancer les mentalités sur de nombreux dossiers allant, par exemple, du mariage égalitaire à l’adoption. Mais là où il existe également un boulot phénoménal à effectuer, c’est sur le dossier de la question trans. Nous étions sensibles à cette réalité lors de la préparation du témoignage de Jessy, une réfugiée à Genève dont nous vous rapportons l’histoire dès la page 5. Nous y étions préparés mais sans doute pas assez. Force a été de constater que durant les prises de vues notamment, certains badauds n’ont pas cru bon de laisser leur ignorance chez eux. Les quolibets n’ont pas manqué d’attirer l’attention de notre journaliste et de notre photographe. « Qu’est-ce que c’est ? » questionneront certains dans le hall de la gare Cornavin qualifiant de ce fait de chose notre amie palestienne. Lui retirant toute humanité. A la bêtise, il est important d’opposer la fierté. A tous ces hommes et ces femmes qui ont à faire face au quotidien aux insultes et aux regards malveillants, disons leur bravo. Bravo d’exister dans la dignité malgré la différence. Bravo de nous faire vivre une aventure humaine qui va audelà des schémas hétéronormés complétement dépassés. Bravo enfin d’esquisser à travers vos parcours le dessein d’un monde plus juste et inclusif.
ACTU INTERNATIONALE
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La députée de gauche Monica Cirinnà est à l'origine du texte de loi pour un Pacs à l'Italienne. Le projet original a été revu à la baisse avant son passage devant le Sénat.
©Remo Casilli
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CHASSE AUX SORCIÈRES
TOU TE SUR L’ACTU LE 360.C SITE H
A Prague, les autorités ont déposé plainte contre 30 gays accusés de relations non protégées. Au mépris du secret médical. François Touzain
COLOMBIE
UN GAY AU CACHOT
A
peine croyable dans l’Europe de 2016. Les autorités sanitaires de la capitale tchèque ont pris l’initiative, au mois de janvier, de porter plainte contre 30 hommes séropositifs, accusés d’avoir eu des relations sexuelles non protégées. Bien qu’aucune victime ne se soit manifestée, ces individus risquent 10 ans de prison pour avoir transmis sciemment une maladie infectieuse, en vertu des articles 152 et 153 du Code pénal. L’affaire, entre les mains de la police, n’a encore donné lieu à aucune inculpation, note Edwin J. Bernard sur le site HIV Justice Network. A l’origine de ces poursuites, le Département de la santé de Prague, qui aurait récolté les noms des 30 individus ayant contracté une autre infection sexuellement transmissible après avoir été testés positifs au VIH. La preuve, selon cet organisme public, que ces hommes ont eu des rapports sexuels non protégés.
L’Aide tchèque contre le sida se mobilise. Elle a offert un soutien juridique aux personnes concernées. Ces dernières, sous traitement, avaient pour la plupart une charge virale indétectable. Ces hommes n’étaient donc pas en mesure de contaminer leur partenaire, en général également séropositif. En outre, certaines infections comme la syphilis peuvent être contractées malgré l’utilisation d’un préservatif, rappelle l’ONG. « La conséquence de tout cela, c’est que les gens qui sont séropositifs éviteront les docteurs à l’avenir, quand ils contracteront une IST. », a expliqué Jakub Tomšej, juriste auprès de l’Aide tchèque contre le sida, à Gay Star News. La démarche des autorités tchèques fait l’objet d’une pétition adressée à la Commission européenne par le European AIDS Treatment Group. Elle rappelle que la criminalisation des séropositifs met en péril les politiques de prévention et de dépistage.
« Ici, je me sens vivante ! » La suite en page 4 3
PÉRU
KISS-IN REFOULÉ Des policiers antiémeutes et des canons à eau… contre des baisers. C’est la scène surréaliste qui s’est déroulée sur la Plaza de Armas de Lima. Sin Etiquetas, une plateforme LGBT sur le web y avait appelé à un kiss-in contre l’homophobie à la veille de la Saint-Valentin. Quelques dizaines de courageux militants venus « exprimer leur amour en s’embrassant et en se serrant dans les bras » ont tenu bon quelques minutes en scandant « Egalité ! » avant d’être brutalement refoulés. Quelques personnes ont été légèrement blessées. twitter@magazine_360 facebook.com/pages/360
ACTU INTERNATIONALE
©DR
Queeramnesty, la section LGBTI d’Amnesty International, a lancé un appel pour la libération de Rosmit Mantilla, prisonnier d’opinion au Venezuela. Ce jeune militant de 33 ans est détenu depuis mai 2014 dans une prison des services de renseignements, à Caracas. Un juge doit prochainement statuer sur son transfert dans un pénitencier. Mantilla est devenu député suppléant du parti d’opposition Volonté populaire aux dernières élections, le 6 décembre, largement remportées par l’opposition antichaviste. Il est aussi le fondateur du mouvement Proinclusión, qui réclame le mariage pour tous, devenant ainsi le premier élu ouvertement gay du Parlement national vénézuélien.
ACTU ASILE
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JESSY RÉFUGIÉE TRANS Née dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban, Jessy a été assignée homme à sa naissance. Exilée en Suisse, elle a lutté chaque instant pour gagner le droit de devenir qui elle est : une femme. Texte : Aline Jaccottet Photos : Magali Girardin
ACTU ASILE
«
Nice to meet you ! » Elle tend une main aux ongles vernis de rouge, esquisse un sourire et rabat un long pull sur ses épaules : Jessy est coquette et ce matin, elle est venue au rendez-vous vêtue d’une robe malgré le froid. Sa présence attire les regards et des paroles malveillantes, mais elle regarde fièrement l’appareil photo qui saisit son assurance au milieu de la foule. Jessy a choisi d’exister, et ce n’est pas ces quelques commentaires sournois qui la freineront, elle dont la frêle silhouette est debout en dépit d’une histoire inimaginable.
milices armées font régner leur loi en s’appuyant sur l’islam et le nationalisme palestinien. Dans ce milieu ultra-conservateur, elle devient victime de mille persécutions. Enfermée et torturée par sa famille, abusée sexuellement, déshabillée de force devant tout le quartier, frappée à d’innombrables reprises, Jessy frôle la mort. Elle tente de se suicider. Et survit aux tentatives de meurtre de sa famille, entre un frère qui n’arrive pas à passer à l’acte malgré les pressions et un père au couteau duquel elle échappe de justesse. C’est dire que la présence dans un café de Genève de cette petite femme à la voix douce est un miracle. Le miracle de la volonté, pour être plus exacte, car Jessy n’a pas renoncé un seul jour à l’espoir de devenir la femme qu’elle est. Dans le camp de réfugiés de sa naissance, elle a cherché à entretenir sa féminité envers et contre tout, allant jusqu’à entamer seule un traitement hormonal qui ne se prend que sous surveillance médicale.
LA MORT, SI PRÈS Cette histoire commence au Liban, dans un de ces camps de réfugiés misérables dans lesquel croupissent certains Palestiniens depuis 1948, année de la création de l’Etat d’Israël. Nous sommes en 1991 et une famille accueille son deuxième fils, une fierté dans cette société où la naissance d’un enfant mâle est toujours préférée à celle d’une petite fille. Cet enfant, c’est Jessy. Les années passent. Un jour – elle a cinq ans –, son père la surprend qui se maquille devant un miroir avec les affaires de sa mère. Premiers coups, premières insultes : le calvaire commence pour ce petit garçon qui n’en est pas un, dont l’existence même provoque haine et dégoût. Car Jessy est née dans une société patriarcale où des
UNE DOUBLE ÉPREUVE Outre sa transition identitaire, Jessy affronte un autre défi : elle est Palestinienne dans une société où ces réfugiés, parqués dans des camps, privés de droits politiques et croupissant dans une misère entretenue par un chômage galopant, sont des citoyens de seconde zone. Certaine que le savoir la sauvera, elle s’accroche 5
ACTU ASILE
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désespérément à ses études et décroche son bac, même si elle est exclue de la remise des diplômes. Jessy n’obtiendra jamais le grand certificat calligraphié que les parents palestiniens accrochent fièrement au salon pour montrer la réussite de leurs enfants. Mais elle ne s’arrête pas là. Elle s’inscrit à l’université alors que dans sa famille ou son quartier, personne n’a jamais franchi les portes d’une haute école. Jessy bataille pour être admise, fait des passes la nuit pour pouvoir étudier le jour elle qui, privée de tout soutien, rêve de devenir infirmière. Le jour J, les portes se ferment : il n’y a pas de place dans la salle d’examen pour Jessy. Mise à la porte par le ministre de l’Education auprès duquel elle est venue se plaindre, elle est au désespoir, puis le désir d’apprendre, ce désir qui ne la lâche pas d’une semelle, prend le dessus. Jessy s’inscrit dans une seconde université, y affronte la haine des étudiants dont la violence est encouragée par le corps enseignant… et perd sa bourse d’études, durement acquise, un an avant la fin de son diplôme. Non contente de la persécuter, la famille de Jessy menace maintenant de la livrer à une faction islamiste. Chassée par les habitants de son quartier, elle sent le souffle de la mort plus près que jamais et s’enfuit pour Beyrouth. Là, elle commence à voir apparaître une autre vie. « Grâce à des associations LGBTIQ comme Proud Lebanon, Helem ou Mosaic, j’ai rencontré d’autres personnes transsexuelles, des réfugiés syriens et irakiens notamment. Je me suis aussi engagée dans des campagnes de prévention pour avertir par exemple des dangers de la prise d’hormones sans surveillance médicale », explique Jessy. Et puis, à Beyrouth, elle a connu la tendresse, et la
« Je n’ai qu’une chose à dire aux gens qui vivent la même chose que moi : battez-vous. » Jessy
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360° – MARS 2016 simple évocation de son amoureux illumine son visage, même si, dit-elle, la distance risque de mettre fin à cette relation. « Je ne veux pas me contenter d’être une femme. J’ai besoin d’un homme à mes côtés pour être complète », dit-elle avec passion. Au mot mariage, ses yeux brillent : « Je rêve de construire une famille. » Hélas, Beyrouth ne peut lui offrir cette nouvelle vie : Jessy doit se prostituer pour survivre et reste victime d’abus et de violences. Convaincue que son salut est ailleurs, elle cherche asile à l’étranger à travers les bureaux du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR) et de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Après plusieurs semaines d’attente, elle apprend qu’elle ira en Suisse. Le 27 novembre 2015, avant d’entrer dans l’avion, elle appelle une dernière fois sa mère. « Je lui ai dit maman, je pars en Suisse, un pays dans lequel je serai en sécurité. Elle a pleuré et m’a dit : tu seras toujours mon fils. »
UNE RECHERCHE-ACTION
« ICI, JE ME SENS VIVANTE » Le 27 novembre 2015, Jessy atterrit à l’aéroport de Genève. « En descendant de l’avion, j’ai senti que l’oxygène revenait dans mon corps », raconte-t-elle dans un murmure. Un interprète marocain mandaté par la Confédération l’amène à Lausanne, où elle dort cinq nuits dans un hôtel. Jessy vit ensuite quelques semaines dans un centre où elle dispose de sa propre chambre, même si elle est obligée de côtoyer d’autres réfugiés qui ne se privent pas pour faire des commentaires très désobligeants. En revanche, elle loue la gentillesse et le respect des autorités. « On m’a demandé si je préférais être appelée monsieur ou madame, vous vous rendez compte ? Ici, je me sens vivante ! » A la mi-février, son vœu d’obtenir un appartement individuel a enfin été exaucé et les autorités vont lui chercher un logement dans les prochaines semaines. Le combat de cette femme au courage extraordinaire n’est cependant pas fini. Jessy souhaite désormais insuffler à d’autres l’énergie qui l’a portée tout au long de ces années. A l’avenir, elle espère reprendre des études pour défendre les droits des personnes transsexuelles au Proche-Orient. « Rencontrer des militants a représenté un tournant dans ma vie et je voudrais donner à d’autres ce que j’ai reçu. Je n’ai qu’une chose à dire aux gens qui vivent la même chose que moi : battez-vous. Ne revenez pas en arrière. N’écoutez personne. Et soyez forts, forts, forts ! », conclut-elle, les mains soudain serrées en deux poings.
ACTU ASILE
L’accueil de réfugiés comme Jessy est un défi complexe. D’autant que les associations qui s’occupent de la problématique LGBTI et celles qui traitent d’asile sont très peu en contact, ce qui augmente la vulnérabilité de ces personnes déjà stigmatisées. Pour y remédier, la Coordination asile.ge et la Fédération genevoise des associations LGBTI mènent depuis janvier et jusqu’à décembre 2017 une recherche-action sur les besoins spécifiques des personnes LGBTI relevant du domaine de l'asile à Genève. Il s’agit de les identifier, d’élaborer des actions en leur faveur et de sensibiliser les divers intervenants à leur situation. Les initiants du projet souhaitent faire participer les réfugiés LGBTI en leur permettant de s’exprimer et d’évaluer les actions et le projet. L'association EnQuêtesplateforme d'anthropologie se chargera de la recherche, de la méthodologie, de l’évaluation et de la collaboration avec les institutions cantonales. La première rencontre entre les acteurs concernés a eu lieu à la mi-février. « Les secteurs de l’interprétariat, de la médecine et de la psychiatrie sont intéressés », se réjouit Anne Avry, coordinatrice du projet.
CONTACT • Les jeudis de 14h à 18h, dans les locaux de l'association 360, 36 rue de la Navigation aux Pâquis • Par téléphone au 076/663 78 29 • Sur le site lgbt.asile.ch
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©DR
Un nombre croissant de jeunes se doperaient aux stimulants pour améliorer leurs performances sexuelles. Alan Monnat
L
a petite pilule bleue n’est pas réservée à grand-papa. Loin de là. Un nombre croissant de jeunes gens ingèrent des comprimés de Viagra (Cialis ou Levitra, les produits génériques) dans le but de gonfler leur performance ou simplement de s’éviter le risque de devoir assurer à leur partenaire que « c’est la première fois, je te jure, je ne sais pas ce qui m’arrive ». Ces nouveaux emplois de produits érectiles en disent long sur le rapport qu’entretient notre société avec le sexe, le désir et la performance… et la propagande des entreprises pharmaceutiques. Sabrina Ianniello,
étudiante en sciences sociales à l’Université de Fribourg, en a fait le thème de recherche de son mémoire et elle a besoin de vous. CHIFFRES GONFLÉS Guéguerre de chiffres : selon certaines études, un jeune sur trois serait victime de troubles érectiles. Selon d’autres, un homme sur trois risquerait de souffrir de trouble de l’érection au cours de sa vie (principalement après 60 ans). Pourquoi de telles différences ? « On assiste à une forme de pathologisation des troubles de l’érection qui s’explique 9
par une majoration des chiffres », déplore l’étudiante. Pour parler crument : une petite panne et tac, on est étiqueté, et tac, on médicalise ! On assisterait à une collusion entre chercheurs, médecins et entreprises pharmaceutiques. Il existe également des statistiques sur l’utilisation des stimulants érectiles, toujours aussi divergentes. Selon une étude, menée par le Journal of Sexual Medicine en 2012, 8 % des jeunes hommes d’une moyenne d’âge de 22 ans consommeraient du Viagra… ! Un chiffre élevé, certes, mais bien inférieur à
ACTU SEXUALITÉ
LES JEUNES ET LE MYTHE DE LA PERFORMANCE
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celui d’un urologue genevois qui prétendait, lors d’une interview dans un quotidien romand, que 20 à 30 % des jeunes gens de moins de 30 ans consommeraient des stimulants érectiles. Notons également que la grande majorité de ces cachetons bleutés et autres produits dérivés consommés par les jeunes le sont sans avis médical. Ils se les procurent sur Internet, soit illégalement ! Bien que l’on sache que la prise sauvage des stimulants érectiles peut avoir comme conséquences des maux de tête violents, des vertiges, voire entraîner la mort (si mélangé à d’autres substances, comme le poppers), il y a de quoi s’inquiéter.
APPEL À TÉMOIN (ANONYME) 4 critères pour participer à l’étude : • Être consommateur de produits stimulant l’érection • Être un homme âgé de moins de 30 ans • N’avoir reçu aucun diagnostic confirmant une dysfonction érectile • Se procurer ces stimulants illégalement (Internet, deal, etc.) Si vous correspondez à ces critères, contactez Sabrina Ianniello, par mail sabrina.ianniello@unifr.ch ou par téléphone 078 696 04 20. La science et Sabrina vous en remercient !
ACTU SEXUALITÉ
CULTE DE LA VIRILITÉ Selon toute vraisemblance, la majorité des jeunes gens qui goberaient cette pilule, ne le ferait pas pour lutter contre de réels troubles de l’érection. Pourquoi le font-ils, alors ? Pornographie, culte de la performance, féminisme et individualisme contemporain, seraient une ébauche de réponse. « Les jeunes gens sont influencés par les représentations pornographiques quand ils envisagent leur propre sexualité. Dans ces films, l’homme est hyperperformant, ce qui peut mener les jeunes à douter de leur capacité, ou du moins à vouloir s’y conformer », explique, Sabrina Ianniello. De fait, certains jeunes prendraient des cachets en milieu de soirée, « au cas où » ils
devraient prendre part, plus tard, à des réjouissances horizontales. La société actuelle est traversée par une manie de la performance. Pour être viril, il faut bander… longtemps, être un dieu des galipettes. Il faut vouloir faire l’amour, tout le temps, jusqu’au bout, sinon on risque d’être considéré comme déviant. Ces exigences sont sources d’angoisse pour les hommes et, pour y faire face, rien de tel que ces conduites dopantes. Enfin, une autre hypothèse pour expliquer l’abus de ces substances est… les droits des femmes liés à la montée progressive du féminisme. Pour faire court, auparavant, le plaisir de la partenaire c'était – comment dire ? – accessoire. À présent, les femmes revendiquent leur droit au plaisir, avec pour menace de quitter leur partenaire si elles ne peuvent obtenir satisfaction. Un bien, ça va sans dire, mais une pression supplémentaire pour les jeunes hommes, condamnés une fois encore à la performance. Les milieux gays, quant à eux, sont également très touchés par la prise de stimulants sexuels. Selon l’étude Gay Survey (2014), les substances les plus prisées lors des rapports sexuels entre hommes seraient l’alcool (50 %), le poppers (33 %), le Viagra (21 %) et le cannabis (15 %). Comment expliquer ces chiffres ? Pourquoi les stimulants érectiles sont-ils pris si fréquemment ? Pour passer des hypothèses à des explications, Sabrina attend votre témoignage.
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ACTU ANNIVERSAIRE
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L'équipe de l'association « Parents d’homos » est à la recherche de nouveaux membres.
©Irina Popa
DES PARENTS D'HOMOS FONT LEUR COMING OUT L’association genevoise « Parents d’homos » aide les parents à accepter l’homosexualité de leurs enfants et s’engage pour briser les tabous depuis 10 ans. Alan Monnat
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«Q
l’homosexualité de leur enfant comme une forme d’injustice : pourquoi ça leur arrive à eux ? « Nous, on essaie de leur demander ce qu’ils craignent et ce qu’ils attendent de nous. Eux demandent souvent ce qu’ils peuvent faire, s’ils peuvent ‹ guérir › leur enfant », raconte Roudy. Difficile d’appeler, difficile de demander de l’aide, difficile aussi d’accepter une rencontre avec les membres de l’association. Des fois, les réactions sont plus violentes encore : « C’est pas mon fils. Moi, je ne l’ai pas élevé comme ça… » À BAS LES TABOUS ! Outre les appels, l’association déploie un grand nombre d’activités de sensibilisation, principalement dans les écoles : ils s’entretiennent avec les élèves, les parents et les professeurs. Les interrogations de leurs interlocuteurs, les messages qu’ils transmettent diffèrent selon l’audience. Face aux élèves, ils évoquent leur vécu de parents, la façon la plus judicieuse d’avouer son homosexualité à ses proches. Face aux parents, ils commencent tout d’abord par leur dire que, selon toute probabilité, un ou plusieurs parents présents dans l’assemblée apprendront un jour l’homosexualité de son enfant. Ils tentent aussi de les convaincre de la nécessité de soutenir les initiatives des professeurs qui tentent de sensibiliser leurs élèves à ces questions pour éviter une querelle comme celle qu’a connue la France à propos de la théorie du genre. Aux enseignants, ils conseillent des lectures personnelles 13
et des livres à mettre à disposition dans leur classe à l’intention des élèves. Ils ont par ailleurs réalisé une brochure très complète, « Parlonsen ! », disponible sur le site internet de l’association. Carole, Lucienne et Roudy le disent en chœur : ils ont besoin d’aide, des parents qui comme eux, seraient prêts à se battre pour briser le tabou de l’homosexualité – la règle dans beaucoup de milieux. Pourquoi s’engager ? « Pour ses enfants ! Pour moi c’est une question d’amour et de partage », lance Carole. Au-delà de la satisfaction de se savoir utile à leur progéniture, ils soulignent tous trois le caractère passionnant de cet engagement. Il y a le côté humain, dont parle Lucienne : « J’aime voir évoluer les situations, des couples qui nous appellent, qui peinent à accepter l’homosexualité de leur enfant et qui, quelque temps plus tard, nous annoncent qu’ils ont passé un Noël merveilleux avec leur fils et son petit ami. » Pour ces trois parents, c’est aussi un moyen de « ne pas s’enfermer dans un ghetto », d’apprendre de nouvelles choses, de se renseigner sur les sujets qui occupent les débats actuels : question de genre, mariage pour tous, bisexualité, etc. Parents d’Homos et l’une des seules associations à œuvrer en ce sens (outre un groupement lié à Vogay). Parlez-en autour de vous ! À vos parents surtout ! Plus d’infos sur parentsdhomos.ch Rejoignez les rangs!
ACTU ANNIVERSAIRE
uand vous dites ‹ tantouze › ou ‹ tafiole › , vous me blessez, parce que mon fils est gay. » Le coming out n’est pas réservé aux jeunes gens qui décident d’annoncer à leurs proches qu’ils aiment les personnes de même sexe qu’eux. Roudy Grob, comme tous parents d’homosexuel, a dû lui aussi assumer, avouer à son entourage propre l’orientation sexuelle de son fils, Walter. Il y a dix ans, Roudy et sa femme Lucienne ainsi qu’un autre couple fondaient l’association Parents d’homos, pour aider les personnes qui, comme eux, apprenaient l’orientation sexuelle « différente » de leur progéniture. « Avec mon mari », raconte Lucienne, « on a tout de suite décidé qu’on ne culpabiliserait pas, mais on s’est très vite rendu compte que pour d’autres parents, c’était plus compliqué. » Lorsque Carole Garcia apprend l’homosexualité de sa fille, c’est tout d’abord « le désarroi, l’incompréhension », l’envie de « sauver » sa fille. Le choc, puis l’acceptation. Quand, quelques années plus tard elle apprend que l’un de ses fils est homosexuel lui aussi, elle décide de s’engager pour changer la façon dont la société perçoit l’homosexualité. « Nous, nous ne sommes pas en danger physique, mais il y a le jugement des proches, des collègues, des amis. Il y a toujours ce préjugé qui pousse à chercher une cause. C’est pour cela qu’on se bat. » Lorsque des parents décide d’appeler Parents d’homos, ils témoignent tout d’abord de leur incompréhension. Ils vivent
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ACTU POLOGNE
À L'EXTRÊME DROITE
Des supporters de foot dans une manifestation anti-imigrés à Varsovie
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Depuis le retour du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir en octobre dernier, la communauté LGBTI est anxieuse. Avec un programme très à droite, les minorités ont peur de voir leurs droits remis en cause. Texte : Delphine Bauer/ Youpress Photos : Pawel Laczny
un éclairage plus personnel sur la méconnaissance de la communauté LGBT. « Ma partenaire est récemment allée chez le médecin pour des maux de ventre. Quand elle a répondu qu’elle avait une copine, et non un copain, le médecin s’est arrêté, un peu choqué, tout en se reprenant. Et puis à la fin de leur entretien, il lui a quand même lancé : « C’est dommage. » Elle a essayé de discuter mais elle était choquée de son attitude. C’est un médecin ! », s’offusque-t-elle. Bastion d’un catholicisme traditionnel et conservateur, la Pologne se présente comme un pays où être homosexuel est encore tabou. « Ici, deux hommes ne peuvent simplement pas se tenir la main », regrette Marta. « Ou alors, peut-être quand nous serons en fauteuil roulant ! », plaisante-telle avec Agnieszka. Depuis décembre, cette dernière gère un hôtel social, plus qu’un refuge à proprement parler – les résidents peuvent rester de 2 semaines à 3 mois. Elle voit débarquer régulièrement des jeunes gens qui subissent les conséquences de leur coming out. Les 14 lits à disposition accueillent une immense majorité d’hommes dont le plus jeune a 18 ans. Ils ont soit été expulsés de chez eux, ou été victimes de différentes formes de violences physiques. La hotline de l’association fonctionne d’ailleurs cinq jours sur sept, reçoit environ 25 appels par semaine. « Après un entretien, nous décidons ou non d’admettre une personne en difficulté », explique-t-elle. Dans un logement lumineux, chaleureux, dont l’adresse est tenue soigneusement secrète, les résidents peuvent se reconstruire, sous couvert de respecter certaines règles, comme l’interdiction de l’usage de drogues pendant le séjour, bénéficier de conseils légaux, relatifs à l’administratif etc. Après leur passage certains retournent à la rue. « Nous essayons de garder le contact mais ce n’est pas toujours facile. Il faudrait pour beaucoup d’entre eux entamer une vraie thérapie sur le long-terme », estime Agnieszka. 15
ACTU POLOGNE
«
Désolée, la journée a été un peu bouleversée aujourd’hui », lance Marta Turska, blonde longiligne, en désignant des marques creusées dans la porte de l’association Lambda Warszawa : « White Power », « On ne veut plus de pédales », complétée d’une croix celtique. Dans la nuit de samedi 6 à dimanche 7 février, le large et haut portique de bois massif a été l’objet d’inscriptions clairement néo-fascistes et homophobes. « Des posters ont été arrachés, et ils y ont mis le feu », ajoute la jeune femme, éducatrice de formation. Ils ? Pour le moment, Marta ne sait pas encore qui sont les coupables, même si elle soupçonne des partisans de l’extrême-droite polonaise, potentiellement chauffés à bloc après une manifestation anti-migrants qui s’est tenue l’après-midi même dans le centre de la capitale. Une enquête de police est en cours. La dernière attaque subie par Lambda Warszawa date d’il y a trois ans. MANQUE DE CONNAISSANCES C’est dans ce contexte assez tendu que Marta et son équipe ouvrent leurs portes. Plus vieille association LGBT de Pologne, la priorité absolue de Lambda Warszawa est l’éducation, maître mot de changements possibles des mentalités aux yeux de Marta. Et, preuve en est avec cette attaque gratuite, il y a encore du travail. « Nous offrons une aide juridique, des thérapies individuelles ou collectives, notamment sur le coming out, gérons un groupe de AA et de LGBT atteints du VIH, et des sessions de formation à destination des policiers, des professeurs ou des fonctionnaires », explique Marta, dans la bibliothèque bien fournie de l’association. La jeune femme en est sûre : il existe un gros manque de connaissances de la société en général sur la question. « Par exemple il faut expliquer aux policiers en quoi une attaque homophobe est différente d’une simple attaque.» Agnieszka Duszyńska, l’une de ses collègues à ses côtés, apporte
ACTU POLOGNE
360° – MARS 2016 Si le quotidien des homosexuels est bardé de difficultés, le monde professionnel commence à bouger. Pour faire bonne figure, certaines entreprises ont entrepris de se lancer dans du pink washing (sur le modèle du green washing choisi par les entreprises qui s’engagent en faveur du développement durable, ndlr). Il peut être de façade, parfois, et s’il peut être aussi sincère, il est encore souvent inopérant. D’où le rôle stratégique que Jej Perfekcyjnosc a à jouer. Jeune et brillant sociologue, il fait partie du LGBT business forum. « En Pologne, selon notre étude, on estime que 46 % des LGBT ont été discriminés d’une façon ou d’une autre et 4 % ont même été attaqués. Pour nous, c’est donc plus une question de respect des droits de l’homme que d’un simple marketing d’entreprise », lâche le jeune homme. En réalisant du conseil aux entreprises, le sociologue estime qu’une vraie et bonne politique en faveur de la diversité, c’est-à-dire en offrant un environnement favorable, permet d’améliorer la productivité des employés, rend la compagnie plus sûre, et les employés plus loyaux envers l’entreprise. Il déplore que cela ne soit pas plus régulièrement fait car « les clients gays sont en général des clients fidèles. La première entreprise qui ferait ces démarches marquerait des points sérieux », explique-t-il. « De plus, si on est ouvert au bureau, on l’est plus dans la vie en général. Ça peut être un catalyseur. » L’origine de l’homophobie pour lui ? « La sursexualisation de la vie des gays, réduite à leur sexualité, alors que ce n’est qu’un des aspects de leur orientation sexuelle. Et de façon générale, on parle peu de sexualité dans ce pays, donc les gays sont mal perçus », analyse-t-il. « La majeure
partie des catholiques sont des homophobes, et cela crée une base : il est facile de trouver un ennemi commun. » Un point de vue que partagent Patryck, 23 ans et David, 25 ans, en couple depuis un an. Après leur rencontre à un événement organisé par la communauté LGBT de Varsovie, tout s’est passé très vite pour les deux jeunes cadres. Quelques semaines de trajets quotidiens l’un chez l’autre, et ils décident d’emménager ensemble. Autour d’une bière partagée dans un bar gay, le Blok, situé en haut d’un vieil immeuble typiquement communiste laissé à l’abandon, Patryck explique que la Pologne, pays resté fermé pendant les longues années du communisme, n’a pas connu de diversité. « Nous sommes officiellement catholiques à 96 % », rappelle Patryck. « C’est pourquoi il faut créer un ennemi commun. Avant, il s’agissait des juifs, mais ils ont disparu lors de la seconde guerre mondiale. Ensuite, nous avons été la cible des attaques. Mais aujourd’hui, ces sont les migrants qui sont devenus l’ennemi numéro 1. » David confirme : « Tout ce qui n’est pas blanc et catholique est inacceptable pour les gens. Ils ne connaissent pas le monde en dehors », estime-t-il. Néanmoins, si leurs coming out ont été problématiques face à leurs familles, au moins bénéficient-ils du soutien de leurs amis. Et au travail, ils sont out, faisant ainsi partie de 54 % de gays qui n’ont pas connu de discrimination. Si les lignes bougent dans la société civile, les membres de la communauté se montrent aujourd’hui très préoccupés par la droitisation de la Pologne. En octobre dernier, le parti PiS (Droit et Justice) obtient la majorité absolue au Parlement. Dès lors, la stratégie de ce parti est de multiplier
Marta Turska, à gauche, et Agnieszka Duszynska, activistes de Lambda dans les locaux de la fondation à Varsovie
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les initiatives qui réduisent les libertés pour concrétiser la volonté du chef du PiS, Jaroslaw Kacszynksi, de prendre comme modèle la Hongrie – autoritaire – de Victor Orban. Entre la réforme de nomination des membres du Tribunal constitutionnel, les licenciements des dirigeants des médias publics remplacés par des proches du pouvoir, les coupes des financements de la fécondation in vitro pour privilégier les méthodes dites naturelles de procréation, les risques de remise en question du socle démocratique sont à prendre au sérieux, selon Dominika Bychawka-Siniarska, membre de la Fondation Helsinski pour les droits de l’homme. Pour la première fois de son histoire, la Commission Européenne s’est réunie le 13 janvier et a opté pour la réalisation d’une enquête sur l’état de droit en Pologne.
Du côté des LGBT, quelques apparitions sont d’autant plus surprenantes dans ce paysage politique conservateur. Née Krzysztof Bęgowski, Anna Grodzka, forte de son presque 2 mètres, a achevé sa transformation de genre il y a quelques années. En robe beige fluide, elle nous reçoit dans l’association Transfuzjia qu’elle a cofondée avec Lalka, une mère de deux enfants, la soixantaine joyeuse. Anna débute son engagement politique au sein d’associations étudiantes. Un acte de subversion sous l’ère du communisme le plus orthodoxe. En 2011, le parti Palikot, orienté à gauche, lui propose de faire partie de sa liste pour les législatives. Elle accepte, mais est effrayée, bien sûr, à l’idée des attaques qui pourraient lui être adressées. « Avant elle, les transsexuels restaient dans l’ombre », explique Lalka. Anna Grodzka a été la première à accepter de se mettre Publicité
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ACTU POLOGNE
Ouvertement gay, le maire de Slupsk, Robert Biedron est très inquièt pour l'avenir démocratique de son pays.
ACTU POLOGNE
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en lumière. Après les réactions très diverses parmi ses proches, certains ont coupé les ponts, d’autres ont accepté sa transformation. La plupart ont été négatives, sans doute très violentes, et Anna semble pudiquement décidée de ne pas trop s’y attarder. En 2011, elle est élue à la députation. Une victoire politique en même temps que personnelle. La même année, Robert Biedron, un jeune politicien de 35 ans, qui s’est fait remarquer pour son long engagement auprès des personnes LGBT, accède au même mandat. Ils sont tous deux l’objet de l’attention des médias polonais, leurs élections considérées comme des premières. Aujourd’hui maire dynamique de la ville de Slupsk, Robert Biedron revendique ce nouveau mandat à un niveau local : il souhaite redonner du sens à la politique en menant un vrai programme de gauche, entre autres, pro-diversité. Conservateurs, les électeurs polonais ? « Peut-être, mais ils ont été prêts à élire un maire ouvertement gay dans une ville moyenne de 100 000 habitants ! », se réjouit-il, pointe d’espoir dans un pays parti pour s’enfoncer dans le conservatisme. Inquiète, Marta Turska, de Lambda, s’affiche stoïcienne et pragmatique. Elle estime que puisque le PiS règne, elle n’a d’autre choix que de faire avec. A ses yeux, il n’y a qu’une chose qu’elle peut continuer sans relâche : éduquer, éduquer, encore et encore, à son échelle. Sa comparse Agnieszka est plus pessimiste. « Le problème c’est que, en Pologne, nous n’avons pas de
gauche forte », estime-t-elle. « Nous, les Polonais, nous avons connu tant et tant de malheurs à travers l’histoire que la question des droits de l’homme n’a jamais été la priorité. Aujourd’hui, on régresse. Et les dommages actuels, il faudra du temps pour les réparer. » Pour les LGBT, les craintes sont multiples : l’acte de reconnaissance des crimes de haine a été bloqué par le nouveau gouvernement, le président Andrej Duda a opposé son veto à la loi sur l’identité de genre que portait Anna Grozka (et qui aurait constitué une vraie avancée pour les personnes transgenres en termes de reconnaissance de leur identité nouvelle) et le pacte d’union civile, discuté déjà 3 fois en vain à l’Assemblée, ne risque pas d’être adopté dans la situation actuelle. Une autre crainte d’Agnieszka serait de voir le fragile modèle économique Lamdba de l’association remis en question : une partie de leurs subventions viennent de la mairie… Donc de l’Etat. Elle fait ce parallèle : « En Hongrie, ils n’ont pas interdit les associations LGBT, mais ils leur cherchent des noises administratives, pour rendre leur quotidien plus compliqué. » C’est la menace la plus concrète aujourd’hui pour la jeune militante. « Le monde avance, mais la Pologne stagne. Je ne vois pas d’améliorations possibles », assène Patryck, tandis que David, lâche, un peu dépité : « Finalement, nous n’avons rien à perdre, parce que nous n’avons pas vraiment de droits. »
Dawid 23 ans, à gauche, et Patryk 25 ans dans leur appartement à Varsovie
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ACTU POLOGNE
Aga, activiste féministe
Anna Grodzka au Trans-fuzja foundation center à Varsovie
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SOCIÉTÉ HUMEUR
SOIS GAY ET TAIS-TOI
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Se taire et encaisser les propos homophobes de certains collègues ? Plus jamais ça ! Vladimir Ennyday
« Sinon, tu n’as pas de problème avec ton homosexualité ? », en guise de clôture d’un entretien d’embauche pour un job qui n’est absolument pas en lien avec la sexualité et encore moins la vie privée, on peut naïvement s’imaginer qu’il s’agit là de bienveillance. Pourtant, il n’en est rien. Car dans la pratique, quand des allusions homophobes – souvent camouflées derrière l’excuse d’un humour bien gras – s’immiscent dans des séances de travail, le malaise s’installe. Réagir ? Ah la la, ces dramas queens, tout de suite à grimper sur leurs grands chevaux roses, penseront les protagonistes des gags homophobes. Se taire ? Est-il stipulé dans le contrat que notre sexualité, où plus exactement les fantasmes qu’elle suscite, peuvent être sujets à des railleries que nous sommes censés encaisser en silence ? Non ? Alors on décide de ne pas se laisser faire et de se défendre contre la diffamation qui se la coule douce entre deux petites phrases perfides. Au nom de son propre honneur et des instants honteux à être le dernier choisi des équipes de foot à l’école, à jamais gravés dans nos mémoires. Nous sommes malheureusement encore trop nombreux à avoir été contraints de nous fixer un barème de tolérance en solitaire et de prendre notre courage à deux mains pour exprimer tout haut que la limite a été dépassée. SeulE(s) 20
360° – MARS 2016 contre tous. Les réseaux sociaux n’ont rien arrangé à nos affaires. Craintifs de voir nos existences géo-localisées dans un premier temps, nous avons vite fait de remplacer nos vies privées par le concept de l’auto-romance. On ne compte plus le nombre de faits divers sordides d’adolescents qui ont préféré mourir après avoir été outé, harcelés et humiliés sur les réseaux sociaux. Alors on a développé cette faculté de l’autocensure. Qui n’a jamais écrit un statut ou un commentaire avant de l’effacer pour ne pas soulever de polémique inutile ? Plutôt qu’une réaction d’indignation ne soit lancée sur un malentendu, on préfère garder nos opinions pour soi et pour l’entourage proche. Ou comment se recréer une sphère privée en vue de tous. Cette nouvelle étape de la courte existence des réseaux sociaux est aussi peut-être la plus intelligente. Mais elle a un prix : celui du lissage et du nivellement, quitte à faire l’impasse aussi sur les belles histoires. Comme cette voisine de palier, une dame âgée, qui lorsqu’elle nous a surpris, mon ami et moi nous embrasser sur le pas de porte, a rétorqué silencieusement à notre réaction gênée d’avoir été chopés sur le vif par un sourire espiègle qui en disait long, semblant nous dire : « Rassurez-vous, j’en ai vu d’autres, il m’en faut plus pour être choquée ! » Une jolie fable moderne, démontrant que face à l’intolérance croissante des plus jeunes, nous avons beaucoup à apprendre de la sagesse des plus vieux. Spontanément, j’ai voulu écrire cette histoire sur Facebook, car je la trouve belle et emplie d’espoir. Je me suis vite ravisé, rappelé par le souvenir de l’homophobie latente de certains de mes collègues…
On a développé cette faculté de l’autocensure.
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SOCIÉTÉ HUMEUR
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SOCIÉTÉ GENRE
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DES MASCULINITÉS SOUS LA LOUPE Aux Etats Unis la première filière universitaire de « men studies » vient de voir le jour. Etre un homme libéré, c’est pas si facile ! Francesca Serra
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« La plus grande majorité des victimes de violence sont d’autres hommes… » Michael Kimmel
360° : Quel était le concept à la base de ce nouveau programme d’étude ? Michael Kimmel : L’intitulé de ce master pourrait faire croire à des études qui se définissent en opposition aux women studies, mais il s’agit d’une extension. Les women studies ont réalisé principalement deux choses : elles ont rendu les femmes visibles, en commençant par les artistes et les écrivains, et ainsi elles nous ont ouvert les yeux sur tous les mécanismes, des plus évidents aux plus pernicieux, selon lesquels les critères de genre organisent notre vie sociale. A leur tour, les hommes ne peuvent pas éviter cette réflexion. Quelles seraient les motivations des hommes face aux études de genre ? Quand on commence à comprendre les inégalités de genre, on comprend aussi que les stéréotypes masculins nuisent aux hommes comme aux femmes. Aucun des hommes que je connais ne désire être un Don Draper (le héro macho de la série Mad Man), aucun des hommes que je connais ne veut se dédier exclusivement à son travail au détriment de bonnes relations avec leur partenaire ou avec leurs enfants. Vous avez collaboré avec Martin Lewine pour la publcation du livre «Gay Macho», quelle est votre position par rapport aux revendications actuelles de la communauté LGBT ? Nous soutenons l’égalité des genres comme des sexualités. J’ai collaboré avec Lewine il y a 20 ans avec Gay Macho qui mettait en évidence comment, à un moment particulier du mouvement gay, les hommes homosexuels voulaient montrer qu’ils étaient de vrais hommes, et non pas des hommes ratés. Et donc, s’ils sont comme les autres 23
SOCIÉTÉ GENRE
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ès la rentrée 2016 l’université de Stony Brook à New York propose à ses étudiants un nouveau cursus sous l’intitulé « Études en masculinités ». Une heureuse reconnaissance pour le sociologue américain Michael Kimmel et une belle claque aux masculinistes qui s’opposent aux revendications féministes et s’agrippent à une notion archaïque et figé de l’idéal masculin viril. Dans leur approche de la condition masculine, les mens studies sont pro-féministes et refusent qu’un unique système de valeurs s’impose aux hommes car, historiquement, la virilité s’est affirmée par la capacité d’un homme à en dominer d’autres – on remarque au passage que la langue française permet de distinguer masculinité et virilité alors que la distinction n’existe pas pour la féminité. C’est en se détachant des anciennes valeurs que l’homme peut donc surmonter la présumée crise de la masculinité. Les mens studies ont premièrement fait leur apparition en tant que sous-catégorie des women studies, mais l’entrée en vigueur de ce master marque un signe encourageant pour une (r)évolution des hommes qui ne songent pas à rivaliser avec leurs homologues féminines et qui ne s’offusquent pas devant les mutations des rôles sociaux. Investigant l’ensemble des éléments donnés comme devant être le propre de l’homme dans une époque et un contexte social bien précis, ce master décortique le genre masculin et participe à combattre l’homophobie. Pour Michael Kimmel, âgé de 64 ans, les hommes ont constitué l’objet de recherche de toute sa carrière académique dont les dernières ouvrages s’intitulent Angry White Man, qui décrit la frustration d’une tranche de la population américaine, ou encore l’Encyclopédie culturelle du pénis (v. encadré). Rencontre avec un chercheur passionné et prolifique.
360° – MARS 2016 hommes, pourquoi n’auraient-ils pas droit aujourd’hui au mariage et à la famille ? Plus qu’une question de genre, c’est un problème de morale, car il n’existe aucune raison qui devrait les en empêcher. Aujourd’hui, ces questions ont une portée politique, mais mon rôle est celui de chercheur et je ne peux qu’essayer de réduire tous les préjudices causés par les orientations sexuelles. Comme Virginie Despentes en France, vous pointez du doigt le lien entre masculinité et violence comme un problème majeur. La violence fait indéniablement partie de la masculinité, comme chaque homme est confronté avec le potentiel de violence, car il s’agit de la manière dont l’homme se sert pour maintenir le contrôle et le pouvoir. La plus grande majorité des victimes de violence sont d’autres hommes et il me semble que la plupart des actes de violence, que ça soit vers un homme, une femme ou un enfant, est basé sur le genre et correspond à une expression des stéréotypes de genre.
SOCIÉTÉ GENRE
Du coup décortiquer les clichés qui oppriment les hommes représenterait une solution pour résoudre ce problème ? Afin de le traiter, on doit parler de ce que signifie être un homme avec une approche académique et intellectuelle. A travers cette nouvelle filière nous allons aborder également les thématiques de paternité, sexualité, vie de famille, relation au travail qui montrent que les différences parmi les hommes sont beaucoup plus grandes que celles entre hommes et femmes ! Si on en parle aujourd’hui, c’est parce que ces causes sont importantes. Je suis même un peu frustré que ces thématiques mettent si longtemps à être à l’ordre du jour. ENCYCLOPEDIE CULTURELLE DU PÉNIS Un jouet, un objet fétiche, une arme, le pénis est tout à la fois. Habitué à ne jamais appréhender les choses d’un point de vue biologique, Michael Kimmel a invité des experts de toutes les disciplines pour explorer cette richesse sémantique pour une suite bigarrée de textes qui vont de la ceinture de chasteté à l’ autofellation, du glory hole aux castratos en passant par l’ impuissance. On voyage au Bhoutan où les boiseries phalliques décorent l’extérieur des maisons pour chasser les mauvais esprits et on apprend qu’une école de masturbation tantrique existait aux Etats Unis sous le nom de Body Electric School. Chaque texte étant indépendant des autres, ce tome volumineux peut être feuilleté au hasard et n’a pas encore été traduit en français. Si certaines thématiques sont passées en survol et nous laissent un peu sur notre faim, cette compilation phallique a le mérite d’attiser la curiosité pour continuer la recherche sur les sous-cultures du pénis. Dans l’introduction, Kimmel cite une anecdote sur le président américain Lyndon B. Johnson qui, aux questions des journalistes sur les raisons de sa volonté de poursuivre la guerre au Vietnam, avait osé sortir son pénis et répliquer « voilà pourquoi ». Si cet épisode grotesque date de 1968, il nous ramène au triste constat que virilité exacerbée et pouvoir politique font encore bon ménage de nos jours. Cultural Encyclopedia of the Penis, sous la direction de Michael Kimmel, Christine Milrod et Amanda Kennedy, aux éditions AltaMira Press
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SOCIÉTÉ TENDANCE
L’HÔTELLERIE HOMO S’OUVRE
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« Hetero-friendly ». C’est le nouveau concept lancé par un hôtel gay de Barcelone. Est-ce un simple coup marketing ou le début d’une nouvelle ère post-genre ? Nathalie Brochard
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iché au cœur du mythique quartier Gayxample le bien nommé, le Twohotel, propriété du groupe Axel, a récemment ouvert ses portes et compte bien se démarquer de ses nombreux concurrents alentour en revendiquant haut et fort sa philosophie hetero-friendly. Pourtant à première vue, la façade de l’établissement ressemble à celle un brin racoleuse des autres hôtels de la zone destinés à une clientèle exclusivement homosexuelle : gigantesques photos d’éphèbes imberbes à peine vêtus
d’un slip, fauteuil drapé d’un drapeau arc-en-ciel, revues spécialisées, pas de quoi inciter Monsieur et Madame bien sous tous rapports à pousser la porte d’un lieu tout entier dédié aux us et coutumes des hommes gays. MÉLANGER LES GENS Mais alors hetero-friendly, ça veut dire quoi ? Adrià Muñoz, le très chic directeur de l’endroit, nous affirme que c’est la philosophie qui anime l’ensemble du projet. Partant du constat que « si les espaces 26
gay-friendly avaient fleuri ces dernières décennies, il n’y avait pas de bars, de restaurants ni d’hôtels gays ouverts à tous ». Et pour cause, la norme dominante marche en général dans un sens et un seul : hétéroland. Pour Adrià Muñoz, le message est simple : « Ici, c’est notre maison et si vous voulez venir, vous êtes plus que les bienvenus, du moment que vous acceptez nos vies, nos modes de vie, notre façon de voir les choses. Il suffit d’être ouvert d’esprit. » Il importe au maître des lieux que « chacun soit
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« Venez comme vous êtes, avec qui vous voulez, vous êtes libres, c’est ça l’idée. » Adrià Muñoz
qu’ils ont à le faire : « Pas de bagarre, du cool, de l’harmonie. » Mais qu’en pensent les gays ? Un hôtel gay à la sauce hétéro, c’est pas un peu fadasse ? Adrià Muñoz nous fait visiter de A à Z en insistant sur les petits plus comme le jeu de miroirs en direction de la douche vitrée ou le D pour Disturb à suspendre à la poignée de porte qui signale à n’importe qui qu’il peut vous retrouver dans votre chambre. Selon notre guide, « c’est le genre de détails qui plaît en particulier aux gays ». Lorsqu’on titille le jeune manager sur l’approche purement marketing, il s’en défend : « Ce n’est pas du préfabriqué ni quelque chose de faux. Au Twohôtel, on ne vous jugera jamais. Venez comme vous êtes, avec qui vous voulez, vous êtes libres, c’est ça l’idée. Et c’est la raison pour laquelle les gens reviennent. Hetero -friendly c’est une philosophie, c’est aussi une façon d’éduquer. » Et en tant qu’ancien instituteur, il sait de quoi il parle : « Passer du temps avec nous permet de mieux nous connaître et de voir qu’il n’y a rien de mal dans la façon d’être des personnes LGBT. » Loin d’être une posture, cette vision hetero-friendly défendue avec passion par Adrià Muñoz peut-elle se diffuser ailleurs ? Sans doute, il suffit d’y croire et encore plus de le vouloir. 27
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soi-même ». L’idée est de mélanger les gens, de mixer, de shaker éventuellement et on obtient le cocktail du Twohôtel, une atmosphère détendue où chacun se sent bien. Et s’il ne fait pas les comptes entre homos et hétéros, il précise que certains jours c’est quasi du 50-50. D’ailleurs aujourd’hui, la proportion des couples dans le lobby allait dans le sens du manager. Ceux que nous avons interrogés nous ont dit pour les uns que le prix et l’emplacement l’emportaient sur la thématique gay et pour les autres qu’ils appréciaient l’hôtel pour sa différence. Adrià Muñoz avoue que certains clients ne savent pas toujours où ils mettent les pieds mais que ça ne pose pas de problème particulier. Rares sont ceux qui refusent de rester, « mais c’est déjà arrivé », reconnaît-il. « Au final, la chambre est juste une chambre d’hôtel », se justifie-t-il. Dans l’incessant défilé de touristes, il expérimente toutes sortes de personnes comme ce jeune homme ravi de venir avec sa petite amie sans craindre de la voir repartir au bras d’un autre : « Pour lui, l’environnement le rassurait. Avec des hommes gays, il savait qu’il ne se passerait rien », nous raconte le directeur d’un air entendu. Le phénomène bien connu de la réappropriation des lieux gays par les hétéros ne semble pas préoccuper notre hôte qui explique l’intérêt
CULTURE ARTY SHOW
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HOMMES OBJETS Autoproclamé « sculpture vivante », le duo Gilbert & George a choisi pour emblème la cravate. Remède anti-establishment, on doit au tandem des performances mythiques. Leatherette
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ls se sont rencontrés en 1967 et ont décidé de poursuivre ensemble leurs études entamées séparément à la très renommée St Martin's School of Art de Londres. C’est là que Gilbert Prousch et George Passmore vont se découvrir, s’associer et surtout s’aimer pour la vie. Forts de ce coup de foudre intégral, ils font des coudes pour se faire accepter – non sans difficultés – en tant que couple d'artistes et mettent alors en place ce qui deviendra un projet au long cours, unanimement salué aujourd’hui encore. Leur concept est simplissime mais il détonne pourtant sans aucun égal dans le paysage artistique de la fin du vingtième siècle. Debout sur une table, vêtus à l’identique du même complet veston étriqué à trois boutons, d'une chemise blanche et d'une cravate, ils vont réaliser des performances qui resteront gravées dans les annales. Ils opèrent aussi bien dans les musées que dans les bouches de métro et chantent avec le plus grand sérieux des airs populaires anglais empruntant leur répertoire au music-hall poussiéreux. L'un tient à la main une paire de gants, l'autre un parapluie. Lorsque
le refrain s'achève, ils échangent leurs accessoires puis reprennent en chœur leur petite ritournelle, tels des automates. Et ainsi de suite, pendant des heures. Très vite, les duettistes vont attirer l'attention du public car ils viennent de mettre au point un concept génial : l'œuvre d'art, c'est eux ! Abolissant toute distance entre l'artiste et l’œuvre à proprement parler, ils s'autoproclament « sculptures vivantes » et à partir de 1969, ils apparaissent régulièrement dans leurs costumes, marchant comme des robots ou chantant une vieille rengaine de music-hall impassibles et quasiment immobiles, le visage enduit de peinture rouge ou métallique. ART FOR ALL Ces shows minimalistes hypnotisent littéralement le spectateur lambda auquel le duo se réfère directement, non sans y avoir ajouté au passage une étrangeté envoûtante. D’autant que pour aller au-devant du public, le duo ne se produit pas uniquement dans des musées ou des galeries, mais aussi dans des night-clubs et des salles purement rock, entre les concerts. 29
« La Tate Modern ne s’est d’ailleurs pas encore tout à fait remise du crucifix en étrons. »
CULTURE ARTY SHOW
Gilbert & George, « Fear » ©DR
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Pas élitistes pour un sou, Gilbert & George ne ménagent pas leurs efforts et commencent simultanément à militer pour un art vivant qui s'adresse à tout un chacun, dans un langage simplifié, abordant des préoccupations universelles. Ils résument d'ailleurs leur croisade artistique en un slogan : « Art for all », pour le plus grand plaisir d’un public de plus en plus vaste. Très soucieux de rester accessibles au plus grand nombre, ils délaissent définitivement les beauxarts classiques jugés trop archaïques et s’orientent rapidement vers de grands montages photographiques, immédiatement reconnaissables et très ironiquement inspirés des vitraux de l’église anglicane, leur ennemie jurée. Une multitude de très grands montages photographiques aux codes rigoureux vont alors être
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produits durant plusieurs décennies de manière systématique, contenant des messages de plus en plus subversifs. Ils sont composés de panneaux assemblés et cernés de noir à la manière de vitraux du Moyen-Age – légèrement aromatisés de constructivisme russe – où l'on retrouve immanquablement la même charte de couleurs : noir, blanc et rouge. Ce n'est qu'en 1980 que surgissent d'autres couleurs vives, criardes et contrastées jusqu’au paroxysme, tandis que les compositions deviennent monumentales : certaines pouvant atteindre jusqu’à 6 mètres de haut sur 11 mètres de large. Multipliant les autoportraits mimétiques en tenue d'Adam souvent équivoques où ils posent auréolés à côté de l'agrandissement d’études au microscope de sang, d'urine ou de sperme, leurs compositions 31
néo-gothiques scabreuses et anticléricales font parler d’elles. La Tate Modern de Londres n’est d’ailleurs pas encore tout à fait remise du crucifix en étrons ornant le centre de l’une de leurs fresques monumentales sobrement intitulée Shitty World. En perpétuelle représentation à la scène comme à la ville, Gilbert & George n'en ont pas moins réalisé en un demi-siècle une oeuvre abondante et multiple, toujours aussi vivace et dont ils demeurent le pivot central, abordant et mélangeant tour-à-tour de manière imagée des sujets tels que la jeunesse à la dérive, le sexe hardcore, l’alcoolisme, l’homophobie, le racisme , la religion ou la mort, avec un flegme désarçonnant de britishness. Pour en voir plus gilbertandgeorge.co.uk
CULTURE ARTY SHOW
Gilbert & George en sculptures vivantes
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CULTURE THÉATRE
QUIPROQUO
Sylvia Barreiros et Bardol Migan sur scène
©Esther Paredes
La Compagnie Apsara joue « Zokwezo » au Théâtre du Galpon, du 29 mars au 10 avril. L’histoire d’une rencontre improbable dans une Afrique rythmée par les parades militaires. Maxime Maillard
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’est l’histoire de deux personnes qui n’auraient jamais dû se croiser. Encore moins se fréquenter. Lui s’appelle Boulass, il est noir, homosexuel et hacker de profession. En ce jour d’intronisation du nouveau président d’un pays imaginaire d’Afrique, ce trentenaire s’apprête à se suicider. L’avenir est sombre : son activisme cybernétique et son orientation sexuelle 32
constituant deux sérieux motifs d’oppression et d’isolement. Dans l’immeuble où il vit, Delphine n’est guère plus en joie. La cinquantaine, cette expatriée et femme de diplomate est en pleine remise en question. Sans diplôme, délaissée par son mari qui la trompe, ses quatre enfants repartis en Europe, elle s’interroge : « Que faire de ma vie ? » Une coupure de courant l’incite à aller
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« Zokwezo », une pièce très librement inspirée d’« Une journée particulière », d’Ettore Scola. cette situation historique, où il sera question de stigmatisation des homosexuels, de droits de la femme, d’accaparement de richesses publiques par des présidents qui se proclament empereurs. » Mise en scène par Andrea Novicov, la pièce a germé dans l’esprit de Silvia Barreiros il y a trois ans, à l’occasion d’un festival de théâtre en Algérie. Elle y rencontre alors Nicolas de Dravo Houéno, directeur béninois de la Compagnie les Diseurs de vérité, et qui incarne le gardien de l’immeuble à la scène. Sans être située dans le temps et l’espace d’un pays existant, Zokwezo n’est pas pour autant une fable. Grâce à l’écriture directe et réaliste de Julien Mabiala Bissila, la pièce traite de problématiques actuelles et pertinentes, bien qu’à des degrés divers, pour tout le continent africain. De même que pour la Suisse, car « si nous avons gagné certaines batailles, il y a encore beaucoup à défendre, estime Silvia Barreiros. « Sous couvert de ‹ tout va bien ›, les homosexuels ne peuvent pas faire leur coming-out dans certaines professions, les inégalités
salariales demeurent entre hommes et femmes, et la grossesse reste un tabou à l’embauche. » Pour autant, le spectacle, dont une première version a récemment été présentée à Cotonou après une résidence de plusieurs semaines à l’Institut français de la ville, ne relève pas d’une démarche militante. Pour sa conceptrice, « il questionne plus généralement le rapport à la différence, et aborde de façon cocasse et tendre les difficultés d’intégration dans une société. » LE POINT DE VUE DE L’AFRIQUE Ainsi, face au resserrement de l’étau politique, Bossal (interprété par Bardol Migan, comédien béninois de la Compagnie les Diseurs de Vérité) étouffe ; quant à Delphine, elle peine à trouver sa place dans le monde fermé des expatriés. « Tout les sépare, mais ce qui les réunit, c’est ce moment de désespoir et de solitude. » Au point de créer les conditions d’un parfait quiproquo. Tandis qu’elle le ramène à la vie inopinément en toquant à sa porte, il lui offre peu à peu, et bien malgré lui, l’image d’un corps accueillant, où projeter son manque d’affection et ses fantasmes. Entre l’homo suicidaire et la cougar désœuvrée, le temps d’un bouleversant malentendu peut commencer. Rythmé par les interventions du gardien, un personnage fouineur et sympathique, incarnant la vox populi. Attiré par ce qu’il croit être une parade amoureuse, ce dernier y va de ses commérages. « C’est un peu le regard de l’Afrique, qui dénonce la richesses matérielle des Suisses, les affaires des entreprises françaises sur le continent. » Par exemple, lorsque Delphine lui explique qu’elle n’emploie pas de domestiques, estimant que « les gens ici méritent mieux », voici ce que lui répond le gardien : « ‹ Méritent mieux, méritent mieux ›, ça c’est littérature, je parle réel ! Mieux ? Lequel ? De chez vous ou d’ici ? Ce n’est pas le même mieux. Notre pays est plus à nous. Nord-Total, Sud-Bouygue, Est-Chevron, Ouest-Bolloré. Surtout celui-là, il a même acheté nos cimetières et nos morts. C’est lui qui fixe les prix. On a vendu notre grandmère à 50 euros. Alors 3 domestiques, ça ne coûte pas grand-chose en francs suisses. » Zokwezo, du 29 mars au 10 avril, Théatre du Galpon, en semaine 20h, dimanche 18h, relâche lundi. Soirée spéciale le 9 avril avec la projection à 18h de Gnonnôu – Femme, un film d’Agnès-Maritza Boumer, sur la condition des femmes au Bénin et son évolution. Une aventure, dans un pays pétri de tradition et de religion voudou.
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CULTURE THÉATRE
toquer à la porte de Boulass, tandis que tous les habitants du lotissement sont sortis fêter l’investiture de leur nouvel empereur sous les yeux de la communauté internationale. Tel est le point de départ de Zokwezo, une pièce très librement inspirée d’ Une journée particulière, d’Ettore Scola. « Zokwezo, ça veut dire ‹ toute personne est un être humain › », explique Silvia Barreiros, qui interprétera Delphine à la scène du 29 mars au 10 avril au Théâtre du Galpon, à Genève. Fondatrice et directrice de la Compagnie Apsara en 2001, c’est elle qui a commandité le texte de cette cinquième création au dramaturge congolais Julien Mabiala Bissila. « Ce qui m’intéressait, c’était le contexte. La base du film d’Ettore Scola, c’est la parade militaire et la rencontre entre Hitler et Mussolini. Zokwezo est une version africaine et contemporaine de
MUSIQUE SYD THA KYD
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L'album « Ego Death » de The Internet est sorti en 2015.
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ENFANT DU GROOVE Avec son flow acidulé et ses rêves de jolies filles, Syd tha Kyd est à l’avant-garde du hip-hop. Son groupe, The Internet, était nominé aux Grammies Jonas Pulver
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’où est-ce que vous venez ? » « On vient d’Internet. » Cela devait rester une simple blague, lâchée à la face d’un journaliste lors d’une interview prise à la rigolade. Peut-être Syd tha Kyd et Matt Martians, les membres du groupe The Internet, ne mesuraient-ils pas à l’époque la portée générationnelle de leur remarque. Toujours est-il que l’idée – et le nom – sont restés. Cinq ans plus tard, The Internet s’est imposé sur la scène musicale américaine par son subtil mélange de hip-hop et d’électronica, ses claviers abrasifs et ses riffs de guitare blottis contre des rythmiques fortement laidback, et ses harmonies héritées d’un bop qui sent bon le vinyle et les dimanches après-midis langoureux que l’on souhaite ne jamais voir finir. Si leur troisième album, Ego Death, n’a finalement pas remporté le Grammy Best Urban Contemporary, catégorie dans laquelle The Internet était récemment nominé, il continue de planer sur ces douze plages un parfum de « cigarettes and sex on your breath » terriblement addictif. The Internet ? Syd tha Kyd et Matt Martians s’y sont rencontrés, littéralement, à la grande heure de MySpace. Le cheveu ras et le débardeur à fleur
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de peau, Syd, même pas vingt ans, s’illustre alors comme producteur improvisé au sein d’une meute de jeunes rappeurs baptisée Odd Future. Elle a fait ses armes dans un studio de fortune, assemblé dans la cave parentale. « Quand j’ai commencé à faire de la musique, je voulais jouer le rôle du producteur qui assure les secondes voix dans les refrains », dit la Californienne dans un entretien pour Time. « Je voulais être Pharrell [Williams], franchement, celui qui fabrique les beats et qui s’affiche entourés de jolies filles dans les clips. » C’était sans compter sur les affinités musicales que Matt et Syd vont se découvrir. Ensemble, ils s’enivrent de soul et de RnB première vague, remontent les origines de la culture ghetto pour en extraire toute la veine mélodique. Outkast, Erykah Badu (en particulier l’album Baduizm), mais aussi Jamiroquai ou Amy Winehouse (In my bed) fournissent la sève qui coule dans leurs première maquettes. Ils ont d’abord l’intention de les proposer à d’autres interprètes ; et puis Syd se met au micro. Miracle. Chaleur, flow acidulé, sensualité rentrée : la voix de Syd tha Kyd agit comme un élixir. Sur Ego Death, il est question de désir, de
stupre, de rupture. De filles, aussi, auxquelles Syd fait la cour avec une galanterie effleurée ou une insistance assumée (« Now she wanna fuck with me, Live a life of luxury, […] Such beautiful company »), voire une malice saupoudrée d’un nuage de poudre comme à l’époque Cocaine, l’un des premiers titres de The Internet. Icône gay, Syd ? Tha Kyd ne rejette pas le qualificatif, qu’elle juge flatteur, mais pas indispensable non plus. Sa sexualité n’offre qu’un ton parmi d’autres dans la garde-robe identitaire de The Internet, représentant d’une nouvelle garde hiphop au sein de laquelle la diversité des orientations et des genres est en train de se normaliser. « Personnellement, je n’ai jamais cherché à porter l’attention sur ma sexualité, non pas parce que je n’en suis pas fière, mais parce que je pensais que cela ne devrait pas compter, et je continue de le penser », déclarait récemment Syd tha Kyd au blog australien Faster Louder. « Je n’aborde presque jamais le fait d’être gay. Mes chansons parlent de femmes, mais ça, ça vient simplement du fait que j’écris à propos de ce que je connais le mieux. » Touché. 35
MUSIQUE SYD THA KYD
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CULTURE CINEMA
GUERRIÈRES DU SEXE TARIFÉ AU MAROC
Tout en brossant le portrait de prostituées dignes et libres, « Much Loved » dénonce une société hypocrite qui les utilise en les condamnant Edmée Cuttat
« Much Loved » de Nabil Ayouch
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oha, Randa, Soukaina et Hlima sont des prostituées opérant à Marrakech. Trois viennent de la ville, une de la campagne. Dynamiques, et complices, dignes et émancipées, elles cherchent à profiter des retombée touristiques sur lesquelles repose l‘économie marocaine. Surmontant au quotidien la violence morale et physique d’une société hypocrite qui les utilise tout en les condamnant, le mépris sinon le rejet de proches qu’elles font cependant vivre, elles sont en quelque sorte le « pétrole » du Maroc, comme le remarque ironiquement Noha. A travers ce quatuor de guerrières subissant les humiliations et la domination des hommes, Nabil Ayouch opère une plongée sans concession ni complaisance, évitant tout moralisme, voyeurisme ou misérabilisme, dans le monde glauque du sexe tarifé, de la drogue et de l’alcool. Sur fond de rapport ambigu entre les prostituées
et l’Etat, le réalisateur franco-marocain évoque les relations entre ses protagonistes et leurs clients, principalement de riches Saoudiens et des Européens. Détaillant leur travail jusque dans des scènes de sexe assez crues, il les montre aussi brièvement dans leur existence privée, familiale, amoureuse, Cette chronique forte, pleine d’empathie, de respect et d’humanité, très engagée dans la défense et l’illustration d’une frange de la population exploitée, marie finement la fiction et le documentaire. Oscillant entre le portrait de groupe, le drame social, l’étude de mœurs et le film politique tout en gardant un côté romanesque, elle est de surcroît portée par quatre excellentes comédiennes. Par leur tempérament volcanique, leur énergie, leur courage et leur justesse, elles rendent hommage à ces femmes violées, violentées, avilies mais loin d’être abattues, puisant notamment 36
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leur force dans la solidarité et la tendresse qu’elles se manifestent. Ce qui, au milieu d’une réalité dure et sordide, donne lieu à la douceur bienvenue de séquences émouvantes, mélancoliques et tragi-comiques. Alors que Much Loved qui n’a pourtant rien de scandaleux ou de graveleux a été interdit au Maroc, son actrice principale Loubna Abidar a été contrainte de quitter son pays quelques jours après une violente agression à Casablanca. « Les femmes libres dérangent » a-t-elle dit dans une interview au quotidien Le Monde. Mais elle ne compte pas se taire et va écrire un livre sur le film. Le réalisateur Nabil Ayouch sera présent le 3 mars au Cinéma CityClub de Pully pour présenter son film qui sera projeté durant tout le mois. Il sortira le 9 mars dans les autres salles de Suisse romande. Sortie le 2 mars
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« Saint Amour » de Kerven et Delépine
UN PUR DÉLICE ESTHÉTIQUE
SUR LA ROUTE DE L’AMOUR
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Sortie le 9 mars
Sortie le 2 mars
uteur taïwanais majeur, Hou Hsiao-Hsien revient après huit ans d’absence avec The Assassin, qui se déroule dans la Chine du IXe siècle. Eduquée par une nonne qui l’a initiée dans le plus grand secret aux arts martiaux, Yinniang (la superbe Shu Qi) est devenue une redoutable justicière dont la mission est d’éliminer les tyrans. Mais elle est tiraillée entre le devoir de tuer son cousin, gouverneur dissident de la province militaire de Weibo, et les sentiments qu’elle a eus pour celui qui lui fut un temps promis. HHH nourrit cette trame principale de plusieurs intrigues secondaires peuplées de personnages fomentant d’énigmatiques complots auxquelles on ne comprend pas tout. Un euphémisme… Peu importe. L’essentiel est de se laisser bercer par cet opus contemplatif entre amour et raison d’Etat, pimenté par d’extraordinaires scènes de combats au sabre. Un pur délice esthétique discrètement évocateur des rapports de Taïwan et de la Chine, mais qui vous emporte surtout par sa grâce, son élégance et sa splendeur. Il avait décroché le prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes. EC
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eux héros cabossés par la vie aux relations conflictuelles. D’un côté le fils, Bruno (Benoît Poelvoorde), de l'autre Jean, son colosse de père (Gérard Depardieu). Tous les ans Bruno fait la route des vins… au salon de l’Agriculture ! Mais cette fois Jean décide de l’emmener faire la vraie pour se rapprocher de lui et le convaincre de reprendre la ferme familiale. Et les voici embarqués avec le jeune et prétentieux chauffeur de taxi Mike (Vincent Lacoste) dans un road-movie signé Kervern et Delépine, original, loufoque et déjanté, où ils feront de drôles de rencontres et finiront par découvrir l’amour. Dans ce Saint Amour en forme de peinture sociale où ils font l’éloge d’une paysannerie parfois méprisée, les deux auteurs révèlent un Depardieu généreux, attachant et un Poelvoorde tout aussi émouvant en fils fragile, désabusé, crevant de solitude. Vincent Lacoste est à la hauteur, à l’image de Céline Sallette qui rejoint le trio dans la dernière partie. Mais le plus hilarant, c’est Michel Houellebecq en loueur déprimé de chambres d’hôtes. Une apparition carrément surréaliste. EC
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CULTURE CINEMA
« The Assassin » de Hou Hsiao-Hsien
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L'histoire de Steven Avery symbolise les disfonctionnements de la justice américaine.
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Si vous n’avez pas encore entendu parler de « Making a murderer », c’est que vous vivez au fond du trou d’une mine depuis des lustres. Anne Rollat
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endant 10 ans, les réalisatrices Moira Demos et Laura Ricciardi ont suivi les péripéties judiciaires de Steven Avery. Elles en ont tiré un documentaire stupéfiant de dix épisodes addictifs pour Netflix. Les ennuis de Steven commencent en 1985. Issu d’un milieu précaire, il travaille dans le bric-àbrac des épaves de voitures de la casse familiale. A l’âge de 22 ans, ce père de cinq enfants est accusé du viol d’une jeune joggeuse dans le comté de Manitowoc. Suite au témoignage de la victime, le shérif et ses enquêteurs sont ravi de coffrer ce marginal à la barbe hirsute. Il n’y a ni preuves, ni aveux et beaucoup d’incohérences dans cette affaire, reste que Steven est condamné à trente-deux ans de
prison ferme. Derrière les barreaux il clame son innocence en demandant régulièrement la révision de procès. En vain. Finalement au bout de 18 ans, l’ADN d’un autre homme le disculpe enfin. Il est heureux. Sauf que deux ans après avoir été libéré, le voilà à nouveau arrêté, cette fois pour le meurtre d’une jeune photographe. Les propos douteux de la police, du juge, même de son avocat commis d’office, sont nombreux. Steven Avery, lui, dénonce une machination policière. Pour avoir passé à tort 18 ans derrière les barreaux, son action légale contre le comté dérangeait, il leur réclamait 36 millions de dollars de dommages et intérêts. D’où peut-être l’idée pour les autorités d’enfermer définitivement Steven en 39
présentant des pièces à conviction improbables lors du procès « Les gens pauvres perdent toujours », dit la mère de Steven. Il est vrai que dans les deux affaires, son fils n’a jamais été présumé innocent : D’emblée, il est présumé coupable. Comme son neveu de 16 ans (un QI inférieur à 70) à qui ont va bientôt faire avouer n’importe quoi. Au fil des épisodes les protagonistes vieillissent, les rides se creusent et le sentiment d’injustice s’amplifie autour d’une famille qui n’a ni l’argent, ni les compétences intellectuelles pour se défendre. Un générique à la True detecive, des épisodes dignes d’une série judiciaire, Making a murderer est un documentaire exemplaire à ne pas manquer.
CULTURE STREAMING
PRÉSUMÉ COUPABLE
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PRÉSUMÉ INNOCENT
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out commence peu de temps après la sortie du film d’Andrew Jarecki en 2010, All Good Things, une fiction s’inspirant de l’histoire vraie de Robert Durst. L’héritier de l’empire immobilier newyorkais Durst, soupçonné mais jamais accusé de la disparition de sa femme Kathie Durst en 1982, du meurtre de sa meilleure amie Susan Berman en 2000, enfin, pour celui de son voisin Morris Black l’année d’après. La fiction aurait pu s’arrêter là. Sauf que l’histoire commence alors que Robert Durst en personne souhaite rencontrer Andrew Jarecki pour une interview filmée dans laquelle il pourrait donner sa version des faits. Le réalisateur décide de mettre en place un documentaire retraçant le parcours rocambolesque de l’énigmatique Bob. Produit par HBO, The Jinx se déroulera en six épisodes articulés autour de reconstitutions et de plusieurs entretiens avec le millionnaire dont
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la vie est une mine d’or proche d’un scénario hollywoodien. Difficile de ne pas être fasciné par ce personnage au visage parcheminé – bourré de tics sans doute dus à certaines drogues – qui pense vivre être au-dessus des lois. On apprend par exemple que l’homme est arrêté en 2001 pour le vol d'un sandwich alors qu'il avait 38 000 dollars en liquide dans sa voiture. Il va déclarer avoir tué son voisin au cours d'une dispute et de l’avoir coupé en morceau de peur que la police ne croie pas à une mort accidentelle. Ses avocats, les meilleurs, plaident la légitime défense. Au cours du procès en 2003, ils obtiennent l'acquittement. Entre film d’horreur, polar, étude psychologique et drame familial, The Jinx dévoile avec parcimonie un monstre au sang froid ou un vrai grand malade. Mais impossible d’écrire, ici, le fin mot d’une histoire qui se jouera sur une malheureuse faute d’orthographe et qui n’est pas terminée à ce jour. AR
CULTURE STREAMING
« The Jinx » pour cerner la personnalité d'un millionnaire soupçonné de plusieurs meurtres.
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REPENSER L’HABITAT
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l'heure où l'on ne parle plus que de genre ou de queer, Françoise Flamant, sociologue, nous propose un retour en arrière, à la découverte de la communauté des Women's Lands, née en Oregon dans les années 70 et qui n'a cessé de se développer, de prospérer pendant quarante ans. L'auteure nous emmène ici à la rencontre de bâtisseuses d'utopie qui, tournant le dos au patriarcat, ont réussi à inventer un ailleurs accueillant aux femmes, un nouvel art de vivre entre femmes. En quelques années, une vingtaine de terres séparatistes ont été créées dans l'Ouest des Etats-Unis ; leur multiplication alimentait une vie sociale intense fondée sur la solidarité entre résidentes et visiteuses de passage, sur le respect de la nature et le partage des savoirs. L'ouvrage nous entraîne sur les terres défrichées par ces femmes, dans les maisons construites de leurs mains, nous livre leurs victoires et leurs déceptions et nous révèle les dimensions culturelles, artistiques et spirituelles de ce vaste mouvement séparatiste et lesbien. Françoise Flamant mêle descriptions, analyses, témoignages, documents graphiques et d'archives qui attestent de l'effervescente inventivité de cette communauté. Belle et essentielle contribution à l'histoire du féminisme, et notamment des lesbiennes féministes ! Ed. iXE
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ona Chollet, genevoise de naissance, est journaliste au Monde Diplomatique et auteure notamment de Beauté Fatale – Les Dessous d’une aliénation féminine, un ouvrage dans lequel elle décortiquait les mécanismes du culte de la beauté et de la mode. Elle publie ici un ouvrage autour de l’espace domestique, elle qui dit « appartenir à cette espèce discrète, un rien honteuse : les casaniers, habitués à susciter autour d’eux la perplexité, voir la pitié ou l’agressivité ». En partant de ses propres ressentis, elle croise les domaines de la culture, de la philosophie, de l’architecture, ou encore de la politique pour interpréter notre rapport aux lieux que nous habitons. La maison devient donc un prétexte à des réflexions passionnantes autour de l’agencement de notre temps, à ce que nous en faisons et à la façon dont la société voudrait qu’on l’utilise. Elle y questionne, entre autres sujets, notre rapport au travail, la place d’internet dans nos vies, ou encore le rôle que les femmes tiennent au sein de l’espace domestique. Un essai militant, rafraîchissant et foisonnant, qui se dévore comme un roman… à lire chez soi bien sûr !!! Editions Zones
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CULTURE LIVRES
MONA CHOLLET « CHEZ SOI »
FRANÇOISE FLAMANT « WOMEN'S LANDS : CONSTRUCTION D'UNE UTOPIE »
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UNE TRITHÉRAPIE EMPÊCHE LA TRANSMISSION DU VIH
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’Aide Suisse contre le Sida intègre dans son message de prévention la déclaration de 2008 de la Commission Fédérale pour les problèmes liés au Sida. PAS DE TRANSMISSION DU VIH PAR VOIE SEXUELLE La déclaration avait fait grand bruit en 2008, mais les faits sont là : une thérapie anti-rétrovirale efficace permet d’éviter la transmission du virus lors de rapports sexuels. La trithérapie est jugée efficace dès lors qu’elle permet de faire passer la charge virale sous le seuil de détection. L’évaluation se fait dans les prélèvements sanguins, mais le virus disparaît quasiment aussi du sperme et des fluides corporels. Tout est alors une question de régularité dans le traitement et le contrôle par le médecin. La trithérapie doit être prise de façon rigoureuse pour garantir un effet optimum, et un médecin doit vérifier régulièrement les valeurs (en général, tous les trois mois). Passé un délai de six mois sous le seuil de détection, le virus ne peut plus être transmis lors de relations sexuelles. Ces conditions sont indispensables car il peut arriver que les effets du traitement diminuent avec le temps et que la charge virale remonte.
AUSSI EFFICACE QUE LE PRÉSERVATIF Les études mises en avant par l’ASS montre qu’une thérapie VIH efficace offre une protection équivalente au préservatif. Vis à vis du VIH, une relation sexuelle sans préservatif avec une personne indétectable répond aux règles du safer sex. Dans les deux cas, il existe un risque résiduel : un accident de préservatif est toujours possible, et un cas de transmission du VIH à partir d’une personne indétectable a été recensé. Cependant, dans une situation comme dans l’autre, le degré de protection demeure très élevé. Dès que les conditions sont réellement remplies, envisager l’abandon du préservatif avec son partenaire est relatif au sentiment de sécurité ressenti. Chacun doit être informé et la décision devrait être prise en commun. C’est une question de confiance et si un doute subsiste, il est préférable d’utiliser un préservatif. RESTER EN ALERTE Passer durablement sous le seuil de détection du VIH offre donc une nouvelle liberté dans l’utilisation du préservatif, mais elle expose aux autres IST (gonorrhée, chlamydia, syphilis, hépatite). Le préservatif permet en 45
effet de se prémunir contre la plupart d’entre elles. Si le préservatif est délaissé par des partenaires, il est recommandé de se faire régulièrement dépister pour ces infections. Une personne souffrant d’une IST est plus exposée à une transmission du VIH. Néanmoins, le risque d’infection par le VIH reste insignifiant si le partenaires séropositif est indétectable. Avec des partenaires occasionnels ou qui ignorent leur statut VIH, l’emploi du préservatif devrait être systématique. Un grand nombre des nouveaux cas de séropositivité surviennent en effet parmi les personnes non-testées. De plus, une personne nouvellement séropositive traverse une phase où elle est particulièrement susceptible de transmettre le virus (primo-infection). Pour en savoir plus : drgay.ch Checkpoint Genève répond à vos questions : 022 906 40 30 geneve@mycheckpoint.ch
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Avoir des relations sexuelles sans préservatif avec une personne séropositive sans risque de transmission du virus est possible !
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Kim Ann Foxman est invitée pour la soirée « Techno Girls » du festival Electron. ©DR
Le festival Electron fera vibrer Genève fin mars. Quelques idées de soirées pour vous aider à faire votre choix.
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ertains sont superstitieux et puis il y a les autres. L’équipe du festival genevois Electron appartient résolument à la deuxième catégorie. La 13ème édition de leur festival se déroulera du 24 au 27 mars à grand renfort de chats noirs et d’autres artefacts aux pouvoirs malins. Cette douce sorcellerie s’abreuvera de rencontres inédites entre public et artistes. C’est le cas par exemple du projet Brian Eno presents The Ship qui est la première
exposition personnelle de l’artiste en Suisse. Un événement à coup sûr incontournable et qui, bonne nouvelle, sera visible dès le 3 mars (vernissage à 18h) au Commun du Bâtiment d’art contemporain ! Rentrons dans le vif du sujet avec quelques propositions dont la soirée d’ouverture du festival, le jeudi 24 mars. Au Palladium, vous avez rendez-vous avec une soirée from Disco to House avec la figure
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Toutes les informations sont à retrouver sur electronfestival.ch
GAYMAP GROS PLAN
BAD EDITION FOR GOOD PEOPLE
incontournable de cette scène à paillette Todd Terje. Il va de soi qu’il existe de nombreuses autres propositions musicales allant de la Tech House à des sonorités plus expérimentales. A vous de faire votre choix. Le lendemain, vendredi 25, les grosses pointures vont se disputer l’attention du public. Vous pourrez notamment vous délecter des Dj sets du Suédois Adam Bayer mais aussi du très charmant et ô combien talentueux Matthew Dear (au Palladium à 21h). Tout ça c’est très masculin pour l’instant me direz-vous… C’était sans compter sur la soirée Techno Girls de samedi au Zoo de l’Usine (ouverture des portes 23h15). De nombreuses figures féminines de la scène comme Masaya, Kim Ann Foxman et Heidi ou encore Anna vous feront danser jusqu’au petit matin. A ne pas manquer également samedi, Motor City Drum Ensemble, prodige de la scène funk, house, old school qui sévira au Palladium. Enfin dimanche, du lourd aussi. La soirée de clotûre sera marquée par la carte blanche à Agoria. Le DJ français à fait le choix d’inviter nul autre qu’un dinosaure de la techno : Carl Craig. Un b2b de folie est à prévoir. Incontournable également ce 27 mars, la soirée Goa du festival qui cette année encore est organisée par Psyberpunk. Enfin avant de vous laisser rappelons qu’une scène de jour prendra place du côté du Cercle des bains (du vendredi au dimanche de 15h à 21h30). Cette plateforme a été optimisée cette année avec des pointures internationales comme Martin Buttrich, Job Jobse, Todd Terry ou Blond : ish. Si avec tout ça on n’est pas chanceux !
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MILITANT DE LA NORMALISATION Régis Froidevaux, membre du comité de « Juragai », a participé activement à la banalisation de l’homosexualité dans le canton du Jura et poursuit son combat.
GAYMAP PORTRAIT
Alan Monnat
Montage d'un stand pour l'action Saint-Valentin pour tous
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l y a une quinzaine d’années », lorsque Régis Froidevaux rejoignait Juragai, « l’homo c’était, dans l’esprit populaire, la folle qui dansait nue sur un char de la gay pride. » Depuis, un sacré progrès : « A présent, les Jurassiens voient les homosexuels comme n’importe qui, comme leur voisin, comme leur coiffeur – enfin, non, mauvais exemple ! – comme leur dentiste, comme monsieur et madame Tout-le-monde. » Le Delémontain de cœur, aujourd’hui âgé de 36 ans, se félicite d’avoir œuvré à la normalisation. En 2003 par exemple, Régis participait à l’organisation de la
Pride de Delémont, essuyant injures et menaces, telle que celle de recouvrir de purin l’avenue sur laquelle devait se dérouler la marche. Et malgré tout, à la clé, un succès. « Quand on a démarré le cortège, j’ai vu des centaines de personnes agglutinées sur les bords de la route. Un vieux monsieur m’avait même dit qu’il avait été ‹ choqué en bien ›, c’était complètement dingue. » L’acceptation populaire l’avait touché. Quel chemin en quinze ans : « A l’époque jamais on aurait osé s’afficher, se faire prendre en photo pour un journal. » Petit à petit, Juragai est parvenu à faire partie du paysage associatif de la région, à devenir un interlocuteur respecté. Pourtant, lorsque Régis réjoignait Juragai, ce n’était pas pour l’activisme politique, mais pour la rencontre – un mot qui revient souvent sur ses lèvres. « Jusqu’à 19 ans, je n’avais aucun contact avec le milieu, je n’avais aucun modèle », raconte-t-il. « Je n’ai jamais eu de problème avec mon homosexualité. Je ne suis pas quelqu’un d’anxieux et je ne me pose pas dix milles questions sur le pourquoi du comment. » Lorsqu’il raconte son coming out, il le fait ainsi, en trois temps : « Le premier jour, je mets un nom sur mon cas, ‹ je suis homo ›. Le lendemain, je rencontre Mathieu (son compagnon actuel). Le surlendemain, j’annonce à ma mère que je viens souper le soir même, non pas avec une copine, mais avec mon copain. » Les angoisses pré-coming out, très peu pour lui. Une démarche moins aisée pour certains ; Régis en est conscient. Offrir des modèles aux jeunes, un contact avec la communauté, c’est aussi l’une des raisons qui le pousse à poursuivre sont engagement associatif. Outre le combat politique, l’association participe au Pôle Prévention du canton du Jura et se rend dans les événements festifs (Les fours à Chaux, Le chant du Gros), dans les écoles aussi, pour sensibiliser les jeunes aux questions liées à l’orientation sexuelle. OÙ SONT LES JEUNES ? Juragai est très actif, tout d’abord par ces rencontres « conviviales » se déroulant plusieurs fois par mois. Elle compte 140 membres, dont une cinquantaine d’actifs. Régis écrit tous les deux mois le bulletin d’information de l’association, version papier. Il est convaincu
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VISITE GUIDÉE ET CONVIVIALITÉ Régis organise des visites guidées de la ville de Delémont, l’une d’elles notamment dédiée au passé industriel de la ville, en lien avec les mines de fer. « Parler de ça, dans ce magazine… je sais pas. » Si si, pour les passionnés d’histoire, comme lui. Pour le contacter, le site atpm.ch. Les premiers et les troisièmes vendredi du mois se déroulent des soirées « conviviales » dans les locaux de Juragai : film, discussion, jeux, etc. « L’occasion de rencontrer des indigènes, de boire un verre et de faire des connaissances. » juragai.ch « Pour se ressourcer », une belle balade sur les crêtes du Chasseral, ou, si vous avez plus de temps, dans les préalpes appenzelloises ou aux Grisons. Petit côté écolo : « Pas besoin de traverser les océans pour se ressourcer : tu peux le faire en Engadine… même si, c’est vrai, la concentration de mecs au mètre carré sur Grindr y est plus faible. »
GAYMAP PORTRAIT
que « son bébé » aide à fidéliser les membres. La moyenne d’âge ? 47 ans… « Lorsque je me rends aux activités, je suis souvent le plus jeune », déplore le grand bonhomme qui s’inquiète de l’avenir de l’association, dans dix ou quinze ans. « Les jeunes ont les tchats internet, les soirées dans les grandes villes, etc. » L’association cherche à recruter des jeunes membres, notamment pour participer à des actions de sensibilisation, mais c’est difficile. L’argument de Régis : « Venez soutenir l’association qui vous soutient ! » A présent, Régis vit dans le village d'origine de son partenaire, Mathieu, à Tramelan, dans le Jura-Bernois, mais il reste très attaché à sa ville natale, le chef lieu jurassien. Il travaille à Delémont, comme infirmier urgentiste, et y est par ailleurs guide touristique. Ses marottes : L’histoire, la nature, les randonnées, les gens… Un amoureux du partage et de la fameuse « convivialité jurassienne ».
TRANSDESSINÉE par Johanna
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LES NUITS FOLLES@BACKSTAGE GT’S CLUB, LAUSANNE
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EN BREF
GAYMAP SANTÉ
La Suisse s’ouvre (un peu) à la PrEP.
QUESTION SANTÉ Chaque mois nous répondons à une interrogation en matière de santé.
Je vis à Genève et je viens d’apprendre ma séropositivité. Je crains maintenant que mon assurance-maladie refuse de continuer à me couvrir. L'assurance de base (LAMal) est obligatoire pour toutes les personnes vivant en Suisse, car elle a pour but de couvrir tous les besoins en soins médicaux de base des personnes assurées. C’est-à-dire qu’elle ne peut en aucun cas vous radier ou refuser de continuer à vous couvrir, quel que soit votre âge et votre état de santé. Comme tout autre assuré, vous avez également le droit de changer librement de caisse d’assurance maladie tous les 30 novembre. Les caisses maladie proposent une assurance de base sur l'un de ces deux principes : tiers garant ou tiers payant. Le tiers payant est conseillé pour les personnes souffrant de maladie chronique aux traitements
réguliers et coûteux. En effet, dans le système du tiers payant, le médecin ou le pharmacien envoie la facture directement à la caisse maladie de l'assuré pour demander le paiement. L’assuré ne reçoit qu’une copie de la facture avec le détail des prestations et évite ainsi de devoir avancer les frais de son traitement. À retenir : C’est uniquement lors d’une demande d’adhésion à une assurance complémentaire que l’on a le droit de vous soumettre à un questionnaire de santé. Les assureurs refusent systématiquement la couverture complémentaire aux personnes souffrant de maladies chroniques, faites donc très attention à ne pas résilier votre assurance complémentaire si vous en avez une ! Pour plus d’information sur les lieux de dépistage : infotestvih.ch
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e 29 janvier, la Commission fédérale pour la santé sexuelle (CFSS) a émis un avis sur la prophylaxie préexposition (PrEP) contre le VIH en Suisse. Si la CFSS considère que l’efficacité de cette dernière « est prouvée » et que sa prescription peut être « tout à fait indiquée dans certains cas », elle estime en revanche que la priorité reste « le respect scrupuleux des règles du safer sex, un diagnostic et un traitement précoces ». Selon la CFSS, la PrEP est uniquement valable dans le cadre d’une stratégie de prévention destinée à un petit groupe d’individus exposés à un risque d’infection très élevé. Si cette dernière venait à être prise en charge, il en coûterait près de 10 millions de francs à la LAMal. En Suisse, la PrEP est disponible sous le nom de Truvada® au prix de 900 francs par boîte de 30 comprimés (conditionnement mensuel). Ce traitement est extrêmement efficace en cas de prise quotidienne et il a également donné des résultats satisfaisants en cas de prises intermittentes, selon des études menées sur des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes fortement exposés au VIH. La position suisse fait ainsi écho aux nouvelles directives françaises de décembre 2015 qui autorisent non seulement la PrEP mais qui permettent de la prendre en charge à 100 % par l'assurance maladie française, depuis le 1er janvier 2016.
360° – MARS 2016
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15, Alfred-Vincent X5 Cruising Canyon X6 Sauna des Sources 17, rue des Sources
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HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : ro u Sauna ed tKing eF lr i s s a Jean-Jaurès, 39, orue nt Ambilly (F)
HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Sport/Santé – CrossFit Across 17-21, rue Eugene Marziano
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R1 Rex Café 22, rue de la Madeleine on
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rue du Pont 22
www.mycheckpoint.ch A5 CHUV/Hospital
021 631 01 76
Urgences/Emergency
0848 133 133
Consultation VIH/
HIV testing and info
Traitement post-exposition
VIH (PEP)/HIV post-
exposure treatment
Dermatologie (IST)/
Dermatology (STD’s)
Police
Urgences/Emergency
BARS B2 Bourg 51, rue de Bourg
021 314 10 22
Bernaldo B&B
B3 GT’s Bar & Lounge Club 5, avenue de Tivoli B5 D3 9, place du Tunnel
47, av. de la Harpe
B6 Pin Up bar 31, rue Marterey B8 Le Saxo
021 314 66 66
22, avenue de Tivoli H1 Rainbow Inn HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP :
RESTAURANTS
3, rue de la Grotte
R1 Auberge de Beaulieu 15, av. Bergières
PARTIES – SOIRÉES
R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point
P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève
R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R4 Le Tramway 6bis, rue de la Pontaise
P3 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3
R6 Le relais avenue de Morges 163 R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av de Tivoli > B3
021 314 04 00
HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Le Raisin Les Cullayes (13km)
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GAYMAP VEVEY + LAUSANNE
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R3 Bistro Steinhalle Helvetiaplatz 5 R4 Brasserie Lorraine Quartiergasse 11
c/o Villa Stucki Ka
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RESTAURANTS R1 Adrianos Theaterplatz 2 R2 Aux Petits Fours Kramgasse 67
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R11 Lorenzini Hotelgasse 8
Gerechtigkeitsgasse 75 B1 Blue Cat Rathausgasse 42 B2 Comeback Bar
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B4 ONO Kramgasse 6
R14 Marcel’s Marcili Neubrückstrasse 8
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Dermatology (STD’s)
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031 632 22 88
Police Urgences/Emergency 117
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X1 Loveland Gerechtigkeitsgasse 39-41
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360° – MARS 2016
ACADÉMIQUEMENT
CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS
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Autoportrait d'après Edwin Landseer, Titania
« Je rien prévoir, sinon l'imprévisible. Ne rien attendre, sinon l'inattendu. » Christian Bobin, Eloge du rien
rise d'un incontrôlable élan au coeur d'un classique concert, à la fin d'un mouvement, un cri de plaisir franchit ma gorge et, dressée en un instant, je me laisse aller à applaudir chaleureusement avant de me rasseoir sous les regards assassins de mes provisoires voisin-e-s pour qui seules sont admissibles les manifestations calibrées et communes après que la vague finale ait tout emporté sur son passage. On connaît mon peu d'intérêt pour les codes et règlements et pour celles et ceux qui les appliquent à la lettre, par convenance, sans même savoir pourquoi, les vidant de leur sens. Peu m'importe ce qu'on pense de moi ; de mes émotions, je suis seule maîtresse. Nul autre que moi ne sait les frissons de ma chair. Je me retiens parfois, mais ce n'est pas naturel et crée au dedans une étrange sensation qui m'écarte de l'émotion pure. Les comportements convenables croient rendre hommage aux œuvres qui dans l'instant se déploient ; ils ne font à mon sens qu'appauvrir et figer ce qui devrait toujours pouvoir se déplacer ailleurs, se renouveler autrement. Une représentation publique n'appartient à personne, pas même aux artistes qui mettent toute leur fougue pour nous la faire parvenir. Elle s'offre à chacun-e et chacun-e devrait pouvoir en vivre les mouvements pleinement. Et si cela doit s'exprimer par un applaudissement ou un cri de plaisir, qu'il soit bien ou mal placé, pourquoi pas ? Lorsque je suis sur scène, exposée, vivante et fragile, je ne peux et ne veux prévaloir des émois que suscitent ou non les couleurs des mots que j'envoie comme des bouteilles à la mer. Qu'elles parviennent à destination ou non et sous quelle forme n'est pas mon affaire ; une fois issues de moi, elles parcourent leur propre chemin, créant parfois des réactions inattendues que je ne peux ni ne veux maîtriser. Elles sont souvent pour moi les plus émouvantes, précieux signes que nous sommes vivant-e-s...
Greta Gratos
Rédaction en chef Guillaume Renevey (guillaume@magazine360.ch) Rédaction texte Delphine Bauer Edmée Cuttat Vladimir Ennyday Aline Jaccottet Greta Gratos Leatherette Maxime Maillard Alan Monnat Jonas Pulver Anne Rolat François Touzain VG + Véra (Livresse) Corrections Zino Davidoff Rédaction image direction : Ester Paredes Nicole Béguin ° Remo Casilli ° Magali Girardin Pawel Laczny ° Irina Popa ° Ester Paredes Graphisme Schönborn Hernandez Publicité Philippe Scandolera (pub@360.ch) Jérémy Uberto (marketing@360.ch)
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Abonnement Rolan Delorme (abo@360.ch) Expédition Alain André Claude Federico François Gerald Jacques Jean-Patrice Michel René Otto Editeur Association Presse 360 Impression Appi, Gland 360° 36, rue de la Navigation – CP 2217 – CH 1211 Genève 2 Tél. 022 741 00 70, Fax 022 741 00 74
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Toute reproduction est strictement interdite pour tous les pays, sauf autorisation écrite de 360°.
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