TRITHÉRAPIE
D'HIER À AUJOURD'HUI
INDE
COMBATS QUOTIDIENS
DANSE
N° 155 AVRIL 2016 – CHF 6.– €6 – 360.ch
VERNIER BOUGE
PAS PRESSÉS POUR L'ÉGALITÉ
360° – AVRIL 2016
TOUJOURS VIGILANTS
ACTU
INTERNATIONALE – P.2 SUISSE Berne joue à hâte-toi lentement – P.4 La Suisse n'est pas en retard – P.7 Un siècle d'avancées – P.9 SANTÉ Vingt ans de trithérapie – P.10 Le VIH aujourd'hui - P.12 DROITS Le carcan indien – P.14
SOCIÉTÉ
BUZZ Éternellement fabuleuses – P.18 CHINE Face à la censure – P.20
CULTURE
I
l y a des anniversaires que l’on est plus heureux de fêter que d’autres. Celui des 20 ans de la trithérapie est de ceux-là. Deux décennies, en effet, que les traitements contre le VIH progressent. Désormais, la médication peut se faire en un seul comprimé. Pour faire le point, nous consacrons un large dossier à la question dès la page 10. Si les progrès pharmaceutiques sont un véritable soulagement pour les malades et leurs proches, ils ne vont pas sans poser une série de nouveaux problèmes. Le fait qu’être porteur du virus de l’immunodéficience humaine puisse être aujourd’hui assimilée à une maladie chronique complexifie notamment le message de prévention. Certaines études font par exemple état de la méconnaissance du sujet chez les jeunes alors que la guérison du VIH n’est toujours pas à l’ordre du jour. La fin de la stigmatisation persistante des personnes séropositives est également un enjeu à relever. En matière de prévention, la campagne Break the Chains propose une manière innovante pour réduire les nouvelles infections. Nos partenaires de Dialogai vous disent tout sur cette 5e édition en page 48. Nous vous invitons tous à participer au mois d’avril pour réduire la charge virale communautaire. Et à vous faire dépister en mai, pour briser les chaines de contamination. En menant le combat tant sur le front médical que sur celui de la prévention, tous les espoirs sont permis !
GAYMAP
GROS PLAN Mapping festival – P.43 PORTRAIT Sonia Rickli – P.44 SORTIES Bye bye les idoles – P.46 La fabrique à luxure – P.47 Agenda et dévergondages – P.52 et 53 Plans Genève, Lausanne et Berne – P.58, 60 et 62
ET ENCORE
Vignette édito © Maurane Di Matteo couverture © Peter Mosimann Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch 1
TRANSDESSINÉE – P.36 INFOS PARTENAIRES – P.38 et 41 INFOS SANTÉ – P.50 TU T'ES VU ? – P.48 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS – P.60
SOMMAIRE N° 155
ARTY SHOW Guerrilla girls – P.22 DANSE Tradi-contemporain – P.26 CINÉMA Quand on a 17 ans – P.31 Belgica – P.33 Truman – P.33 STREAMING American crime – P.35 How to get away with murder – P.35 LIVRES Cris du cœur – P.37
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CONTINENT LGBT-FRIENDLY
ACTU INTERNATIONALE
C’est une cérémonie à laquelle n’ont assisté que quelques manchots interloqués. Un drapeau arc-en-ciel a été déployé fin mars en Antarctique. Des militants de l’ONG américaine Planting Peace ont ainsi solennellement déclaré le territoire austral « premier continent LGBT-friendly ». «En voilà un, il en reste six autres ! » a lancé l’organisation sur son site web. Engagée depuis 2003 dans des projets humanitaires, Planting Peace s’est surtout fait connaître en 2013, quand l’organisation a acquis une maison du Kansas voisine de la Westboro Baptist Church, une secte violemment homophobe, auteure entre autres de l’infâme slogan « God Hates Fags ». Repeinte aux couleurs de la communauté, la Rainbow Equality House est devenue un lieu de militantisme et de fêtes, où l’intolérance et la haine sont défiées avec courage et humour.
© Planting Peace
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LA GAFFE DE HILLARY
TOU TE SUR L’ACTU LE 360.C SITE H
La candidate démocrate s'est excusée d'avoir prêté à Nancy Reagan un rôle dans la lutte contre le VIH.
AUSTRALIE
REFUGIÉS REFOULÉS
François Touzain
ALLEMAGNE
CARNET NOIR Jusqu'en 2008, l'ex-secretaire d'État a refusé de soutenir le mariage gay.
L
a candidate à la Maison-Blanche Hillary Clinton a présenté ses excuses pour avoir salué « l’engagement discret » de Nancy Reagan dans la lutte contre le sida et le fait qu’elle ait « lancé la discussion » sur ce thème. Cette dernière, rappelonsle, est décédée le 6 mars. Cet hommage a estomaqué bon nombre de militants, qui se souviennent du mépris de l’administration Reagan, et de sa lenteur à lever le petit doigt face aux ravages de ce que l’on appelait encore le « cancer gay ». « Les Reagan ont certes défendu la recherche sur les cellules souches et pour guérir la maladie d’Alzheimer,
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mais j’ai fait une erreur sur ce qu’ils ont fait contre le VIH/sida. J’en suis désolée », a twitté la candidate démocrate à la Maison-Blanche. DISCOURS EN 1987 Le président Ronald Reagan n’a prononcé le mot « sida » en public qu’en 1985, quatre ans après la découverte de la pandémie. Il n’a livré son premier discours sur ce thème que deux ans plus tard. A l’époque, 21’000 Américains avaient déjà succombé au virus. Parmi eux, l’acteur Rock Hudson, qui avait demandé l’aide de son amie Nancy Reagan peu avant sa mort – en vain.
« Les mentalités ont moins progressé que la médecine » La suite en page 10
Personnalité gay de premier plan en Allemagne, l’ancien vice-chancellier Guido Westerwelle est décédé des suites d’une leucémie, a annoncé sa fondation. Avocat de formation, Westerwelle avait fait son coming-out en 2004. Il avait ensuite porté son parti, le FDP (libéral), vers un succès électoral en 2009, qui lui avait ouvert les portes du gouvernement aux côtés de la CDU d’Angela Merkel. Westerwelle avait alors assumé la fonction de vice-chancelier et de ministre des Affaires étrangères. Attaqué parfois pour amateurisme, le ministre était aussi critiqué par les organisations LGBT, qui lui ont reproché sa réticence à faire avancer les droits des minorités sexuelles.
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ACTU INTERNATIONALE
Au cœur de la célèbre manifestation LGBT de mardi gras, un char a attiré l'attention sur le cas de demandeurs d'asile refoulés par l'Australie vers des territoires où ils seraient mis en danger. En l’occurrence, c’est le cas de deux Iraniens qui retient l’attention des organisations de défense des droits humains. Nima et Ashkan (prénoms d’emprunt), un couple d’une vingtaine d’années, sont retenus à Nauru. Cette minuscule île de Micronésie fait partie des territoires vers lesquels Canberra refoule systématiquement les migrants qui tentent de gagner l’Australie par bateau. Nauru n’a rien d’accueillant pour les LGBT. Les rapports homosexuels entre hommes y sont théoriquement passibles de 14 ans de prison et l’homophobie serait monnaie courante parmi ses 10’000 habitants.
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BERNE JOUE À HÂTE-TOI LENTEMENT Il a beaucoup été question de droits LGBTIQ lors de la session parlementaire du mois de mars à Berne. Des pas en avant modestes mais notables dans un pays souvent critiqué pour sa lenteur.
ACTU SUISSE
Aline Jaccottet
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doption, naturalisation, mariage : à Berne, les droits LGBTIQ ont été particulièrement débattus au mois de mars. Après le refus par 50,8 % des votants de l’initiative du PDC « Pour le couple et la famille – non à la pénalisation du mariage » qui visait au passage à le figer comme l’union d’un homme et d’une femme, on avait rarement vu tant de sujets LGBTIQ traités en une seule session.
Aux yeux de la Bernoise, la Suisse est en retard sur toutes les questions de société car les lois et les politiciens sont plus conservateurs que la population ellemême. Critique à l’égard d’un système lent – il faut à chaque fois plusieurs années pour qu’une loi devienne effective – la conseillère nationale est pourtant optimiste quant au succès de son initiative. « La gauche devrait l’approuver et la droite, reconnaître que le peuple doit pouvoir s’exprimer sur ces questions. Or, la population suisse est toujours plus favorable à l’égalité des droits. » A noter qu’une motion déposée par la Commission de la science, de l’éducation et de la culture pour moderniser le droit de la famille a aussi été acceptée par le National.
ILS ET ELLES SE DIRENT OUI… Le gros morceau de cette session, c’est le mariage. Le 15 mars, deux postulats ont été adoptés par le Conseil national, demandant un rapport sur la création d’un mariage light : un régime ouvert tant aux homos qu’aux hétéros, dont les conséquences juridiques soient moins étendues que le mariage. A noter qu’Andrea Caroni, conseiller aux Etats PLR et auteur de l’un des postulats appelé « un pacs pour la Suisse », précisait dans une interview à 24heures qu’il s’agit surtout à ses yeux de « combler un vide pour les hétéros », précisant plus loin qu’ « avec le pacs, l’introduction du mariage pour tous est moins pertinente » ! Un peu plus réjouissant, la commission des affaires juridiques du National planche sur l’ouverture du mariage aux homosexuels pour leur donner accès à la procréation médicalement assistée, l’adoption et la naturalisation. Ce projet est issu d’une initiative déposée par les Vert’libéraux en 2013. « Nous trouvions choquant que le Conseil fédéral approuve l’initiative du PDC ‹ Pour le couple et la famille ›. La discrimination entre les personnes, pour des raisons socio-économiques ou d’orientation sexuelle, doit être abolie. C’est d’ailleurs inscrit dans la Constitution suisse », affirme la conseillère nationale vert’libérale Kathrin Bertschy qui a déposé l’initiative.
…VÉCURENT ENSEMBLE… Le 14 mars, autre victoire d’étape : le « oui » du Conseil national à la naturalisation facilitée du partenaire étranger d’un homosexuel suisse pacsé, sur laquelle le Conseil des Etats doit encore se prononcer. Même si l’idée a été combattue par les partis les plus conservateurs tels que l’UDC et le PDC, la majorité des députés a estimé qu’un traitement différencié ne se justifiait pas. « Ne pas abolir cette inégalité aurait représenté une injustice flagrante », commente Mathias Reynard, conseiller national socialiste (VS) à l’origine en mars 2013 d’une initiative parlementaire contre les discriminations basées sur l’orientation sexuelle. Barbara Lanthemann, députée socialiste au Grand Conseil valaisan et secrétaire générale de l’Organisation suisse des lesbiennes, est frustrée par la lenteur de la procédure. « La naturalisation facilitée, on en parle depuis deux ans ! Il 4
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ACTU SUISSE ©DR
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360° – AVRIL 2016 faudra en plus voter et je ne pense pas que cela passera comme une lettre à la poste. J’ai de la bienveillance pour le système politique suisse, mais parfois j’aimerais que les choses soient plus simples ». …ET ÉLEVÈRENT PLEIN D’ENFANTS Enfin, le 8 mars, le Conseil des Etats a approuvé la réforme du droit de l’adoption. Elle permet aux couples homosexuels et aux concubins d’adopter les enfants des partenaires alors qu’actuellement, la législation n'accorde le droit à l'adoption conjointe qu'aux couples mariés. S’il s’agit d’un signe fort – le Conseil des Etats est connu pour être plus conservateur que le National – il s’écoulera du temps avant que la révision soit effective. En effet, le Conseil national, puis le peuple devront se prononcer, les milieux conservateurs ayant déjà promis qu’il y aurait un référendum. Pour eux, pas question de revenir sur les promesses faites lors de la votation de 2005 : le peuple avait accepté une loi sur le partenariat enregistré interdisant l’adoption aux couples gays et aux partenaires enregistrés.
« La population suisse est toujours plus favorable à l’égalité des droits » Kathrin Bertschy
ACTU SUISSE
« MOINS PESSIMISTE QUE PRÉVU » « Je suis moins pessimiste que prévu, mais je ne veux pas me réjouir trop vite : le processus est très lent. D’ailleurs, nous travaillons depuis des années sur les points sur lesquels nous sommes parvenus à avancer lors de cette session », note le socialiste valaisan Mathias Reynard. En somme, bien que nos élus avancent dans la bonne direction, la patience est de mise : il s’écoulera encore plusieurs mois, voire quelques années, avant que les changements espérés soient mis en œuvre.
©Béatrice Devènes
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LA SUISSE N'EST PAS « EN RETARD » L'éclairage du chercheur lausannois Thierry Delessert. discrète, dans des appartements fermés tandis que Berlin faisait la fête, s’exprimait beaucoup plus librement. En résulte le fait qu’on est plus discret en Romandie qu’en Suisse alémanique, où des soirées dansantes pour homosexuels ont été organisées très tôt à Zurich ou à Berne.
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H
istorien, Thierry Delessert est chargé de cours à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne. Auteur de Homosexualités masculines en Suisse : de l’invisibilité aux mobilisations, il estime que la politique suisse des « petits pas » n’est pas si mauvaise.
Comment à votre avis la situation va-t-elle progresser dans les prochaines années ? Lentement mais sûrement, comme on en a l’habitude en Suisse. Voyez le PDC revenir à l’assaut après sa défaite du 28 février, avec une motion parlementaire dans laquelle il inclut cette fois-ci aussi les partenariés ! La politique du saucissonnage – le fait d’atteindre un but à petits pas – fonctionne bien dans notre pays.
360° : On a parfois l’impression de faire tout plus lentement que les autres… Thierry Delessert : Et pourtant la Suisse n’est pas en retard, sinon on ne verrait pas des couples de même sexe se bécoter dans le métro. Notre pays a toujours été perçu comme un pays plutôt tranquille pour les homosexuels. Même si notre démocratie demande du temps, nous ne sommes pas à la traîne : la culture du consensus et l’existence d’une Suisse urbaine et avancée permettent d’avancer, comme l’ont montré les dernières votations. On se compare toujours aux autres mais il ne faut pas oublier que si nos voisins européens avaient dû voter, la loi n’aurait peut-être pas avancé du tout. Lorsque François Hollande a lancé le projet du mariage pour tous, les gens sont descendus dans la rue pour protester ! Et au vu des restrictions qu’il comporte – interdiction de la PMA notamment – il ressemble finalement beaucoup à notre Partenariat enregistré.
ET LES PERSONNES TRANSGENRES ? Malgré une évolution de la jurdisprudence concernant les personnes transgenres, force est de constater qu’une étude approfondie de la question ne figure pas à l’agenda parlementaire dans l’immédiat. Bien que le lien entre identité de genre et discrimination ne soit plus à démontrer, aucun élu ne s'est encore emparé de ces thématiques pourtant cruciales pour les personnes concernées. Affaire à suivre…
Alémaniques et Romands envisagent-ils l’homosexualité de la même manière ? Non, on peut même dire qu’il y a un Rheingraben car la situation en France ou en Allemagne, qui influencent ces deux régions linguistiques, n’est pas semblable. Autrefois, Paris pratiquait une homosexualité d’élite, 7
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Le fait d’être catholique ou protestant joue-t-il aussi un rôle ? Là encore, on peut être surpris : ce sont les catholiques qui, les premiers, ont pris l’initiative de placer les pratiques homosexuelles et hétérosexuelles non-procréatives au même niveau dans les années 1970. Un progrès relatif, puisqu’ils les considéraient toutes deux comme une dépravation, mais ils avaient de l’avance sur les protestants grâce à l’organisation de synodes – une sorte de débat pré-parlementaire – dans les diocèses à la suite de Vatican II. Ensuite, les protestants ont repris le lead car le Vatican a tapé sur les doigts des catholiques suisses en 1975. En comparaison, l’Église catholique française est totalement inféodée aux dogmes conservateurs du Vatican.
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UN SIÈCLE D'AVANCÉES
de l’homosexualité. Cette décision révèle un changement militant car les associations homosexuelles, par des courriers et des auditions, parviennent à se faire reconnaître comme des interlocuteurs valables auprès des autorités.
Tour d’horizon en quelques dates des avancées pour les homosexuels suisses.
1979 Première Journée fédérale de libération homosexuelle à Berne. Les manifestants revendiquent un âge de consentement égal pour tous, la suppression des fichiers de police recensant les homosexuels et la reconnaissance légale des couples gays et lesbiens. Dans les années 1980, il est aussi question de réviser la Constitution fédérale en matière de non-discrimination de l’orientation sexuelle.
1920-1930 Plusieurs initiatives en Suisse alémanique pour créer des associations réunissant des homosexuels et lutter contre l’homophobie. Dès le départ, les lesbiennes sont doublement invisibilisées : dans les esprits, l’homosexualité est une pratique masculine.
1942 Promulgation du nouveau Code pénal fédéral indiquant que les relations consenties entre adultes de même sexe ne sont plus punissables. « C’est un progrès, même si le changement est porté par la Société Suisse de Psychiatrie avec l’argument que les homosexuels étant des malades, il est absurde de les emprisonner », commente Thierry Delessert, historien à l’Université de Lausanne. La prostitution et la pratique de l’homosexualité avec des mineurs de 16 à 20 ans sont punies « pour éviter que les mineurs ne soient
1950-1970 Dans l’atmosphère paranoïaque de la Guerre froide, l’homosexuel, jugé veule et féminin, est perçu comme l’ennemi interne par excellence. Interpol lance une vaste enquête en 1957 sur son potentiel criminogène et dans les parcs de Genève et de Zurich, les razzias policières se succèdent. Les gays sont surveillés et fichés, une pratique autour de laquelle le tabou demeure alors que les registres ont été abrogés dans les années 1990. « Contrairement aux Romands, les autorités alémaniques ont avoué leur existence », souligne Thierry Delessert. 1974 Une commission d’experts qui planche sur la révision du Code pénal décide d’abolir la pénalisation
1985 Large approbation par les partis politiques, les cantons et les associations consultées de l’abrogation de l’article 194 du Code pénal qui pénalisait l’homosexualité. 1992 L’UDF lance un référendum contre la révision, mais le perd à plus de 73% des voix. C’est aussi l’année du début du processus législatif en faveur du partenariat enregistré à Zurich et à Genève. « Comme souvent en Suisse, on attend de voir ce qui se passe au niveau cantonal avant de se lancer au niveau national », explique Thierry Delessert. 2005 La loi sur le partenariat enregistré (LPart) est acceptée en votation populaire (par 58% des voix) et entre en vigueur le 1er janvier 2007. AJ Publicité
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ACTU SUISSE
1930-1940 Zurich devient un lieu d’accueil pour le mouvement allemand visé par le nazisme. Au milieu d’une Europe fascisante, la Suisse se transforme en centre européen du mouvement de libération des homosexuels.
‘influencés’ par des homosexuels », explique Thierry Delessert. Dans les cantons romands qui avaient totalement dépénalisé l’homosexualité, ce Code introduit de nouvelles sanctions, mais il représente une avancée en Suisse alémanique où prédominait le droit pénal allemand punissant les relations sexuelles entre des hommes de tout âge.
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VINGT ANS DE TRITHÉRAPIE La trithérapie fête ses 20 ans. L’occasion de jeter un regard dans le rétroviseur et de comprendre comment cette découverte capitale a changé le destin des personnes atteintes du VIH. Nadia Barth
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«
Avec l’arrivée de la trithérapie en 1996, la perception se modifie et passe d’une épidémie mortelle à une maladie chronique grave » explique Michael Voegtli, chercheur et co-auteur de l’ouvrage Homosexualités masculines en Suisse. En effet, il y a vingt ans, être atteint du virus du sida était synonyme de peine capitale. C’est dans le début des années 1980 que cette maladie fait son apparition en Occident. On parle alors de « peste gay » ou de « cancer gay ». En 1985 le virus est identifié. Des hommes et des femmes, dont de nombreux homosexuels et des toxicodépendants meurent. C’est l’hécatombe. Partout, les médias publient des images choquantes tandis que les associations, les médecins, les offices de santé publique et les politiciens s’activent afin de gérer l’épidémie. Aucun traitement efficace n’existait jusqu’à la découverte révolutionnaire de la trithérapie en 1996. Dès lors, les choses changent : avoir le sida dans le monde occidental n’est plus une fatalité. La trithérapie est une combinaison de trois médicaments (antirétroviraux) pris chaque jour de la semaine. Ce traitement empêche le virus du Sida de se répliquer et améliore ainsi l’immunité et l’état général. Une avancée scientifique majeure qui a sauvé des vies mais qui, au début, s’est faite au prix d'un nombre élevé de comprimés et d'une toxicité non négligeable. « À Genève par exemple, c’est à la fin du mois de juin 1996 que les premières trithérapies ont été administrées aux patients hospitalisés alors qu’elles n’étaient pas encore homologuées par Berne », précise Barbara Pralong Seck, coordinatrice et membre de la direction du
En 20 ans, les traitements se sont considérablement améliorés.
Groupe sida Genève. Une situation rendue possible notamment grâce à l’association Dialogai qui a joué un rôle de catalyseur. « Nous avions très vite constitué un dossier sur les bienfaits de la trithérapie à l’attention du conseiller d’Etat Guy-Olivier 10
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Segond, explique Francis Sträuli, ancien membre du comité Dialogai. Il a été très réactif puisque Genève a joué un rôle pionnier dans le remboursement du traitement. Dès lors tous les autres cantons ont suivi ». En effet, pour les patients les
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plus affaiblis, chaque jour compte. L’arrivée du médicament a donc véritablement bouleversé des destins. « La trithérapie était miraculeuse pour de nombreuses personnes, se souvient Zaqueu Guimaraes, président de l’association PVA. En quinze jours ou un mois, les gens étaient déjà debout ». Cependant il fallait compter avec des effets secondaires conséquents.
L’ESPOIR FRAGILE En 2007, la déclaration du professeur Bernard Hirschel, responsable de l'Unité VIH-sida des hôpitaux universitaires de Genève (HUG), permet néanmoins un nouvel élan. « Cette annonce stipulait que les malades traités avec virémie indétectable depuis au moins six mois, ne sont pas infectieux par voie sexuelle, éclaire la coordinatrice de l’association. En d’autres termes, les personnes sous trithérapie et dans une relation stable pouvaient arrêter de mettre des préservatifs, faire des enfants et retrouver une vie de couple, affective et sexuelle, semblable à la normale». » En parallèle de cela, la toxicité des médicaments ainsi que leur quantité et leurs effets secondaires diminuent progressivement. « Aujourd’hui, en 2016, les thérapies sont plus simples à prendre et sont bien tolérées, assure Alexandra Calmy. Certains patients ne prennent plus qu’une pilule par jour. C’est la formule 3 en 1 en quelque sorte ». 11
QUELQUES DATES 1980 Les premiers cas sont détectés aux Etats-Unis 1983 Une équipe de l’Institut Pasteur (Paris) virus est isolé 1986 Mise au point du premier traitement AZT, qui ralentit la progression du virus. 1991 Le ruban rouge devient le symbole officiel de la lutte 1996 Apparition des premières trithérapies. 1997 Premier vaccin expérimental 2007 En Suisse, l’annonce Hirshel stipule que les personnes sous traitement depuis au moins 6 mois ne sont plus infectieux par voie sexuelle. 2009 1ère combinaison à dose fixe permettant à de nombreux malades de prendre leur traitement en une seule prise
QUELQUES CHIFFRES Selon ONU sida En 2014 : 36,9 millions de personnes vivaient avec le VIH (dont 25,8 millions en Afrique subsaharienne et 2,4 millions en occident). 15,8 millions de personnes ont accès à la thérapie antirétrovirale à la fin juin 2015 10,7 millions de personnes avaient accès à la thérapie antirétrovirale en Afrique subsaharienne contre moins de 100 000 personnes en 2002.
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DES EFFETS LOURDS « Les premières trithérapies ont été marquées par des effets secondaires multiples tels que des effets gastrointestinaux, diarrhées, lipodystrophie (répartition non harmonieuse des graisses), troubles du métabolisme des sucres et des graisses », développe la professeure Alexandra Calmy, responsable de l’unité VIHSida aux Hôpitaux universitaires de Genève. A ces symptômes physiques, s’ajoutaient aussi des effets psychologiques parfois sévères. « Lorsque j’ai testé les premiers traitements, j’avais envie de me jeter par la fenêtre se souvient Zaqueu Guimaraes. Ca a foutu en l’air ma perception de la réalité. J’ai donc arrêté plusieurs fois les médicaments avant de trouver une formule qui me convienne. » De plus, à cette époque les médecins n’avaient pas de recul sur l’efficacité à long terme du traitement. « Au début, on ne savait pas combien de temps la trithérapie pourrait faire de l'effet sur l'organisme, ce qui a créé de l'anxiété chez de nombreuses personnes, entraînant parfois des suicides », se rappelle Barbara PralongSeck. Un sentiment de sursis accablant dont elle a été témoin puisqu’à cette époque, elle participait déjà aux efforts de l’association. « Je me souviens qu’une personne m’avait
dit : ce que je vis est comparable à la réalité d’un camp de concentration. Je suis sur le pas de la porte, sur le point de sortir, mais personne ne peut me garantir que ne vais pas y retourner. C’est insupportable. » Il faudra attendre près de quatre ans, soit le début des années 2000, pour que les gens soient davantage en confiance. « Cette période marque un nouveau souffle et ouvre un véritable horizon d’espoir », affirme la coordinatrice du groupe Sida Genève. Pourtant même si le traitement est efficace, il ne permet pas pour autant de guérir. Le monde médical parle alors de « maladie chronique » et pour les patients, cette nouvelle est un véritable coup de massue.
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LE VIH AUJOURD’HUI A l’heure où aucun vaccin contre le Sida n’a encore été découvert, l’accent est mis sur la prévention avec de nouveaux outils performants.
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recommande mais elle n’est pas encore prescrite en Suisse et n’est pas remboursée dans cette indication par la LAMAL. » Son coût ? 899 francs pour un mois. Un obstacle financier important qui freine son utilisation. Pourtant ce médicament pourrait apporter une véritable réponse en matière de prévention. « La PReP est vraiment très efficace bien qu’elle ne soit pas pour tout le monde, affirme David Perrot. Elle s’adresse par exemple aux groupes à risque en terme de prévalence ou encore aux personnes qui n’arrivent pas à utiliser les méthodes de protections classiques. » Ce médicament peut être pris par voie orale mais pas seulement.
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En Suisse, un des enjeux actuels est le remboursement de la PReP. ©Thierry Gachon
Aujourd’hui il n’existe toujours pas de vaccin contre le VIH, rappelle David Perrot, directeur du Groupe Sida Genève. Néanmoins, depuis 2008 et le Swiss statement de la Commission fédérale, on sait qu’une personne séropositive ne souffrant d’aucune autre maladie sexuellement transmissible et qui suit un traitement antirétroviral efficace ne transmet pas le virus par contacts sexuels. En d’autres mots, si tout le monde se protègeait et se traitait, on pourrait éradiquer le virus à long terme. » Un mirage dans un monde où l’accès aux traitements reste encore très inégal et où la réalité des chiffres en Suisse montre une stagnation des infections. Pourtant bien qu’illusoire dans sa perspective, cette déclara-
tion fédérale renforce et encourage la recherche pour de nouvelles méthodes de prévention. Parmi elles, une pilule anti-VIH pourrait bien apporter une solution efficace aux personnes séronégatives afin de se prémunir davantage contre le virus. Son nom ? La PReP (pour prophylaxie avant exposition). En France, elle est déjà vendue et remboursée depuis le début de l’année 2016 ; ce qui n’est pas encore le cas en Suisse. LA PREP « La PReP s’adresse aux personnes à très haut risque d’acquisition du VIH », explique la professeure Alexandra Calmy, responsable de l’unité VIH-Sida aux Hôpitaux universitaires de Genève. L’OMS la 12
NOUVELLES MÉTHODES Un nouvel outil existe : l’anneau vaginal. Il s'agit d'un anneau en polyuréthane ou latex contenant un médicament anti-VIH qui est libéré progressivement une fois placé dans le vagin. Contrairement à la PReP orale, l'effet protecteur anti-VIH est local. « L’utilisation de ces nouvelles méthodes pourraie faire baisser le nombre des contaminations », ajoute le directeur du Groupe Sida Genève. Une réponse intéressante à l’heure où le nombre de personnes infectées par année stagne en Suisse. « Les contaminations par le VIH sont toujours d’actualité, explique Daniel Koch, chef de la division des maladies transmissibles à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Encore trop de personnes s’infectent. » En effet, selon les statistiques de l’OFSP, on estime à 515 le nombre de nouveaux cas en 2015, contre 516 en 2014. « Nous n’avons pas encore de connaissances détaillées sur les raisons de cette stagnation » remarque
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« Si tout le monde se protègeait, on pourrait éradiquer le virus » David Perrot
ÉVOLUTION DES MENTALITÉS Pourtant même si la peur a diminué, ce fait ne s’accompagne pas de l’évolution des mentalités qu’on pourrait en attendre. En effet, dans la réalité, l’image des personnes atteintes du VIH peine a changé. « La représentation de la maladie chez la plupart des personnes est restée figée à celle d’il y a 10 ou 15 ans, confirme David Perrot. L’évolution médicale n’est pas encore assez dans la tête des gens. » Un constat que partage Alexandra Calmy. « Selon une étude menée par le
professeur Hirschel, les patients perçoivent leur maladie de façon moins grave que le public. Il semble donc que les mentalités ont moins progressé que la médecine. » Voilà donc peut-être l’un des défis majeurs de ces prochaines années : faire progresser l’image des personnes atteintes du Sida au sein de la société tout en appelant à la responsabilité de chacun face aux risques. NB
UNE PISTE DE VACCIN Selon le quotidien français La Provence, une équipe marseillaise est sur le point de publier les résultats d’une étude source d’espoir sur le vaccin contre l’infection au VIH. Les résultats ne sont pas encore officiels mais ils semblent très positifs et pourraient représenter une « première étape vers la guérison du sida », affirme le journal marseillais. Cet essai clinique a été testé sur 46 volontaires infectés par le VIH depuis plus d’une dizaine d’années et sous trithérapie. Le protocole a duré une année, et a consisté en trois injections, à des doses différentes, sur quatre groupes de patients (dont un placebo) d’un vaccin contenant une protéine appelée TAT censée protéger les cellules contre le VIH. Selon le quotidien : « Neuf patients (issus de deux groupes) ont très bien répondu à ce vaccin puisque toute trace de cellules infectées a disparu de leur sang. » Une corrélation a été ainsi établie entre la présence des anticorps anti-TAT, provoquée par le vaccin et la disparition des cellules infectées.
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ACTU SANTÉ
Daniel Koch. Pourtant les efforts de communication sont biens là. « La célèbre campagne Love life est la plus importante de la division des maladies transmissibles, poursuit le chef de la division. Elle représente un total de 2 millions de francs par année. » Il faut dire que depuis l’arrivée des trithérapies, le message préventif a évolué, gagnant en complexité. « Depuis 1996, le message de prévention a progressivement changé. On est passé de la campagne Stop Sida à celle de Love life » précise Michael Voegtli, chercheur et co-auteur de l’ouvrage Homosexualités masculines en Suisse. Une transformation qui a rendu le travail de prévention plus délicat. « Aujourd’hui il faut être très vigilent dans le message que l’on souhaite adresser, explique David Perrot. D’un côté il faut mettre les gens en garde et de l’autre il faut les rassurer pour ne pas stigmatiser les personnes atteintes du virus. » Deux logiques qui entrent en conflit et qui a pour effet d’affaiblir le message de prévention. « Aujourd’hui, le sentiment de peur est nettement moins présent. C’est comme s’il manquait un certain respect face au danger », indique Daniel Koch.
ACTU DROITS
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Des activistes LGBT lors d'une manifestation contre la pénalisation de l'homosexualité en 2013.
©Adnan Abidi
LE CARCAN INDIEN En Inde, l’homosexualité est toujours condamnée par le code pénal. Mais les lignes bougent peu à peu. François Touzain & Sarah Nuyten
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’est une prise de position surprenante en plein débat sur la dépénalisation de l’homosexualité en Inde. Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), une puissante organisation nationaliste hindoue, a annoncé qu’elle était favorable à laisser les gays et lesbiennes du pays vivre à leur guise. « Ce n’est pas un crime tant que cela n’affecte pas la vie des autres. Les préférences sexuelles sont une affaire personnelle », a déclaré le secrétaire général de RSS devant la presse, mi-mars. Le RSS a une forte influence idéologique sur le BJP, le parti au pouvoir. Malgré des appels à la tolérance du Premier ministre Manmohan Singh,
le BJP reste très hostile à tout assouplissement de la loi. Ses députés ont ainsi rejeté sèchement, au début de cette année, la proposition d’un élu de l’opposition, Shashi Tharoor, demandant la dépénalisation de l’homosexualité. VOIX DISSONANTES Toutefois, au sein du BJP, des voix dissonantes se sont fait entendre, comme celle du ministre des Finances Arun Jaitley. « Quand on a des millions de personnes concernées, on ne peut pas simplement les balayer d’un revers de main », a-t-il déclaré. De nombreux intellectuels et 14
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« La voix dans ma tête a toujours été celle d’une fille » Gina
©Sarah Nuyten
J'étais terrifiée. » Dans le salon de la maison familiale, des icônes religieuses, des bougies et des croix habillent un pan de mur. Sur un autre, une photo. « C'était il y a deux ans, au mariage de mon frère », explique Gina. Difficile de la reconnaître, habillée en homme. À cette époque, elle tente encore de vivre comme un garçon – un déni qui entraîne une souffrance physique. La bienveillance d'un médecin sera le déclic. Gina entame un traitement hormonal et fait son coming-out auprès de ses parents, des catholiques très conservateurs. Elle redoute l'internement forcé en hôpital psychiatrique, le rejet pur et simple ou les coups. Ce seront des pleurs, des cris et des reproches. « Ils n'acceptent pas qui je suis et continuent à m'appeler par mon nom de baptême, Vijay. » À leur demande, Gina a quitté sa ville natale, Chennai, pour Bangalore. C'est là qu'il y a une petite année, elle est sortie pour la première fois dans la rue habillée en femme. « En général, j'évite le maquillage et les vêtements féminins car je n’aime pas que l’on m’observe. L’Inde est un pays très puritain, qui a peur de la différence. Mais ce soir-là, j'ai choisi un tee-shirt qui hurlait ‹ je suis une fille ›. » Gina est émue à l'évocation de ce souvenir. Depuis, elle a participé à sa première Pride March et trouvé un job où elle est elle-même. Elle rêve maintenant d'une opération. « Je tiens à avoir un vagin. Je veux que mon corps reflète la personne que je suis à l’intérieur. Qu’il fonctionne, socialement, sexuellement. » Mais son prochain défi est d'être officiellement reconnue comme femme. La procédure est lancée. « Ce petit F sur mes papiers d'identité, j’y tiens plus que tout. »
personnalités indiennes, comme l’acteur Aamir Khan ou le prix Nobel Amartya Sen, ont plaidé pour l’abrogation de l’article 377 du code pénal indien. Hérité de l’époque coloniale britannique, il punit les rapports homosexuels, y compris entre adultes consentants, d’un maximum de 10 ans de prison. En 2009, la Cour suprême avait abrogé ce texte datant de 1861, avant de le rétablir en 2013. L’instance fédérale a toutefois annoncé au début de l’année qu’elle entreprenait de revoir ce jugement, à la demande de la fondation NAZ, une ONG active dans le domaine de la santé sexuelle. En 2014, on a dénombré près de 1200 dénonciations relevant de l’article 377, en Inde. Un tiers concernait des adultes. Outre cet aspect, il tend à justifier la pression morale et le harcèlement dont sont victimes les gays et les personnes transgenres. Dans ce pays très conservateur, les membres de la communauté LGBT ont bien du mal à trouver leur place. Rencontre avec trois jeunes tamouls. GINA, 30 ANS. « J’ai toujours su. La voix dans ma tête a toujours été celle d’une fille. Mais j’ai aussi toujours senti que personne ne me soutiendrait si je décidais d’être moi-même. » Gina a trente ans, de longs ongles soignés et un visage poupin. Ce qui frappe, lorsqu'on la voit pour la première fois, c'est la douceur de son regard. Enfant, puis adolescente, Gina s'est toujours sentie à part. Elle a dix-neuf ans lorsqu'elle comprend. « Dysphorie du genre. Un sacré choc pour moi qui ignorais tout de la sexualité et des questions de genre. 15
ACTU DROITS
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ACTU DROITS
« J'ignorais que les gens comme moi existaient » Shankar
©Sarah Nuyten
bouleversé. Je voulais crier au monde entier que j'étais gay. J'ai écrit un post Facebook, pour toucher un maximum de gens en un minimum de temps. » Shankar est un garçon enjoué et souriant, mais lorsqu'il évoque la section 377, son regard s'embrume. « Ça me donne l'impression d'être un citoyen de seconde zone. Si un jour cette loi m'affecte personnellement, je me suis promis de quitter l'Inde. Vivre avec la peur d'être traîné devant un tribunal pour ce que l'on est est terrible. »
SHANKAR, 23 ANS. Shankar emploi le mot gay haut et fort, même en public. C'est assez rare pour être souligné. Globalement, il le dit lui-même, il a « eu beaucoup de chance ». Il grandit dans une petite ville de pêcheurs, dans le Sud de l'Inde. Un endroit très conservateur. « Je n'ai jamais été perdu en ce qui concerne mon orientation sexuelle, explique le jeune homme, car les filles ne m'ont jamais attiré. Ce qui m'angoissait, c'était d'imaginer quelle serait ma vie dans une société si fermée. Si j'avais vécu à San Francisco, à Paris ou à Amsterdam, tout aurait été différent. Ici, j'avais peur, rien qu'en avouant que j'aimais les garçons, de courir le risque d'être battu, voire tué. » Il a 16 ans lorsqu'il se confie pour la première fois, après un chagrin d'amour. C'est un exutoire. « Mon père est plutôt ouvert, très cultivé, mais on n'allait pas jusqu'à parler de sexualité. En Inde, on ne parle pas de sexe. J'ignorais même que d'autres personnes comme moi existaient. » Internet est un précieux échappatoire. Shankar découvre des articles, intègre des communautés virtuelles, des forums... « J'ai compris que je n'étais pas seul. » À la fac, il finit par s'ouvrir à son père. « C'est peut-être un trouble psychiatrique. Je suis sûr qu'on peut te soigner », lui répondra celui-ci. Shankar n'a toujours pas avoué son homosexualité au reste de sa famille. En revanche, en pur produit de la génération Y, il a fait son coming-out sur Facebook, peu après avoir quitté sa région natale. C'était en 2013, la Cour Suprême venait de réviser le jugement de la section 377. « J'étais
VIKRAM, 37 ANS. Vikram nous reçoit dans son petit appartement. Il vient tout juste d'emménager, c'est le désordre. Sur le séchoir, dans la chambre, des vêtements roses, fleuris, à l'image du chemisier qu'il porte ce jour-là. « C'est exactement le genre de hauts que j'aime, explique-t-il d'une voix posée. Je ne comprends pas pourquoi on dit que le rose et les fleurs sont pour les filles, tandis que les chemises et le bleu sont pour les hommes. » Les règles liées aux genres, Vikram les remet en cause depuis son plus jeune âge. « Je n'ai jamais ressenti le besoin d'être un garçon ou une fille et donc d'adopter les codes qu'on leur impose. » Enfant, il préfère les jeux calmes et les longues discussions au cricket et aux bagarres. Plus le temps passe, moins ses goûts sont tolérés. « Le fait que les garçons et les filles soient tenus de jouer à des jeux différents, de s’habiller différemment et de s’asseoir chacun de leur côté m’apparaissait comme un intolérable apartheid. » 16
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« Je n'ai jamais ressenti le besoin d'être un garçon ou une fille » Vikram
©Sarah Nuyten
Au lycée, les choses se gâtent. Proches des filles et chouchou des profs, Vikram est brutalisé, insulté, ostracisé. « La radio était ma meilleure amie. Je ne regardais pas la télé car je n'aimais pas les stéréotypes qu'elle propageait. Je lisais. J'écoutais la BBC, RFI, Radio Netherlands... » Il évite la fac, passe deux ans dans un ashram « par curiosité ». Là aussi, sa différence dérange et son esprit critique s'aiguise. Profondément féministe, Vikram souhaite « la fin de la morale victorienne » et cite Judith Butler, qui affirme que le sexe et le genre sont des constructions sociales. Dans la mesure où il ne se considère ni homme ni femme, Vikram a du mal à définir sa sexualité. « Je
serais plutôt attiré par les caractéristiques féminines, chez un homme comme chez une femme. Mais je me vois comme pansexuel. » Après des années de petits boulots en call-center, Vikram découvre Nirangal, une association de défense des LGBT. Depuis l’été 2015, il y travaille à plein temps. Après 35 ans de réflexion, Vikram veut lutter. Contre le système des castes, le patriarcat, ou la fameuse section 377 qui rend criminelle toute relation non hétérosexuelle. « Ce qui est compliqué en Inde, c'est qu'il n'y a pas de débat public sur la sexualité. Le sexe est un tabou. La société n'est pas prête au changement, ce n'est pas pour ça que ça ne doit pas arriver. » Publicité
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SOCIÉTÉ BUZZ
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Edina (Jennifer Saunders) & Patsy (Joanna Lumley) dans la version 2016 de « Ab Fab »
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ETERNELLEMENT FABULEUSES Vladimir Ennyday
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ans la culture gay, il y a un avant et un après Absolutely Fabulous. Débarquées sur la chaîne anglaise BBC Two en novembre 1992, Edina Monsoon – Eddy pour les intimes – et son acolyte Patsy Stone ont aussitôt été propulsées au rang de femmes totem au panthéon des bien-nommées icônes gay. Au générique, une brunette attifée en Christian Lacroix – son Dieu absolu – éternellement tiraillée entre sa fille intello-barbante Saffron et son amie toxique Patsy, une version déglinguée d’Amanda Lear à la sauce Ivana Trump pour le mauvais goût vestimentaire. Comment résister à pareil combo ? Impossible. Au fil des épisodes des 5 premières saisons de la série, les aventures, ou plutôt les mésaventures, des deux quadras Londoniennes complètement accros à la mode, à la drogue et au sexe avec de jeunes éphèbes deviennent cultes et marquent toute une génération. A l’instar de Carrie Bradshaw dans Sex & The City, dont les chroniques existentialo-glam écrites depuis son lit de princesse fashion dans son
appartement de rêve à Manhattan inspirent toute une génération de futures bloggeuses, les existences d’Eddy et Patsy, noyées dans des bulles de champagne incarnent « une vie de rêve » pour leurs nombreux fans. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Beaucoup d’eau. Dans les années 2000, aucun des comebacks plus ou moins poussifs du tandem vieillissant à la télévision ne parvient à faire oublier la fraîcheur des premiers épisodes. En 2001, l’abominable adaptation française réalisée au cinéma par Gabriel Aghion ne fait que renforcer le manque. Ni Balasko dans le rôle d’Eddy, ni Nathalie Baye dans le rôle de Patsy n’arrivent à la cheville des originales. Malgré toute leur bonne volonté, les deux actrices restent enfermées dans un registre purement français, alors que la série anglaise est hilarante car elle est, justement, so british. Un peu comme si on demandait aux Nuls de faire du Benny Hill : mission impossible. Qu’à cela ne tienne, les puristes oublient vite ce fâcheux incident et, faute de 19
nouveaux épisodes, se replongent dans le coffret intégral en réalisant avec effroi que l’humour hystérique des débuts a pris un méchant coup de vieux. Argggh, l’épreuve du temps. I. Il ne suffit pas d’insérer des tweetos et des références à la dynastie Kardashian pour assurer les fou-rires. Un peu dépités, les fans commencent à se faire une raison… Alors quoi, quelqu’un oserait penser qu’elles allaient s’en aller comme ça, Patsy et Eddy, sans crier gare ? Sans une dernière rafale de scandales, sans chercher à avoir le dernier mot ? Sans persister à être absolument fabuleuses pour toujours ? C’est bien mal les connaître! 2016 marque le grand retour des deux fabuleuses. Autant décaties que botoxées, elles sont assoiffées de glamour et de sensations fortes. Une énième saison pour le petit écran ? No way babies, elles reviennent au cinéma. Verdict le 1er juillet, date de la sortie du film en Grande-Bretagne. A voir le premier teaser diffusé il y a quelques semaines sur YouTube, on ne perd rien pour attendre, sweety darling !
SOCIÉTÉ BUZZ
En attendant de les retrouver au cinéma cet été, révisons nos classiques en nous replongeant avec délice dans les délires éthyliques de nos deux héroïnes british préférées, Eddy et Patsy !
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SOCIÉTÉ CHINE
FACE À LA CENSURE
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A Des millions d’internautes chinois ont réagi à la mise au ban d’« Addicted », une bluette romantique entre deux lycéens. Jonas Pulver
ddicted ? Au mois de février dernier, cette web-série à thématique gay a fait de sacrées vagues sur l’Internet chinois – dont les grandes plateformes de diffusion et les réseaux sociaux sont presque entièrement coupés du reste du monde. Voyez les chiffres : dix millions de visionnements le jour du lancement, et surtout 110 millions de commentaires et réactions lorsque l’Administration générale de la presse, de l’édition, de la radiodiffusion, du cinéma et de la télévision (GAPPRFT) a ordonné le retrait d’Addicted des principaux sites de streaming du pays, jugeant le contenu de la série inadapté et inadéquat. Le scénario, déployé sur 15 épisodes, se veut simple et efficace : deux lycéens, Gu Hai et Bai Luoyin, l’un riche, l’autre désargenté, se découvrent des sentiments réciproques sur fond d’uniformes scolaires et de classe de sport. Il s’avérera que leurs deux familles sont liées d’une étrange 20
façon... Construit selon les codes du BL ou Boys Love japonais, Addicted (aussi appelé Addiction ou Heroin) joue au maximum la carte de la bluette romantique. Les ingrédients habituels du BL sont au rendez-vous : lente progression vers l’acceptation d’une attirance atypique, résistance du uke (le passif mignon et fragile), bienveillance taquine du seme (l’actif davantage sûr de lui). STÉRÉOTYPES Mais là où les Boys Love nippons mettent en scène un uke efféminé, parfois enfantin, les lycéens chinois d’Addicted font preuve tous deux d’une masculinité affirmée. Pour Guo Lifu, membre du Beijing LGBT Center et étudiant chercheur à l’Université de Tokyo, cette différence s’explique par les publics visés. « Tandis que les BL s’adressent aux fujoshis japonaises, autrement dit les femmes hétéros fans d’histoires amoureuses entre garçons, Addicted a séduit
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ENCORE DU CHEMIN Reste que le buzz généré par Addicted est inédit. « Sur les réseaux sociaux, au moment de l’interdiction, je ne voyais circuler que des photos de la série », poursuit Lifu. A ses yeux, le retentissement international provoqué par l’application de la censure constitue une première (par le passé, d’autres programmes à thématique LGBT comme U can U Bibi ou Mama Rainbow ont été bannis en Chine, mais sans pareil écho). Un temps moins réglementé que d’autres médias, le Web chinois a offert un espace d’expérimentation aux réalisateurs plus audacieux, éventuellement intéressés par les thématiques gay. « Mais cette visibilité de contenus LGBT a finalement attiré l’attention de l’administration, qui a émis de nouvelles régulations, précisant explicitement que l’homosexualité est à proscrire », commente Lifu. Malgré la pression accrue, le jeune homme voit là un terrain nouveau de lutte et de revendication pour les associations. C’est que, depuis la dépathologisation de l’homosexualité dans les années 1990, la Chine ne possède plus d’appareil répressif manifeste envers
les gays et lesbiennes. Dans les faits, pourtant, la situation demeure très difficile. Contacté par e-mail, Muhan, jeune étudiant de 24 ans, décrit les choses ainsi : « Même si une minorité de jeunes sont plus tolérants, la génération née dans les années 1950 et 1960 reste très fermée d’esprit. Personnellement, je ne peux en aucun cas imaginer faire mon coming out auprès de mes parents. » Ce d’autant plus, précise-t-il, que la politique de l’enfant unique fait peser sur les épaules des filles et des fils en particulier le poids d’une descendance vitale à la continuation de la lignée familiale. Lifu, out auprès de ses amis mais pas auprès de sa famille, partage ces impressions ; si le coming out dans les cercles professionnels et relationnels lui apparaît éventuellement possible, il fait état de nombreuses thérapies de conversion mises en œuvre par les parents lorsqu’ils apprennent l’homosexualité de leur enfant. Une série comme Addicted ne changera pas la situation du jour au lendemain, mais elle aidera peutêtre à faire évoluer le cadre du débat. Aujourd’hui, les groupes LGBT chinois sont reconnus presque exclusivement dans les champs de la santé publique et de la lutte contre le VIH, ce qui a pour effet de masquer les questions de droits humains et de laisser les femmes lesbiennes dans l’ombre, note Lifu. Avec un déplacement de l’attention vers l’arène médiatique, viendra peut-être le temps de considérations plus politiques et identitaires. 21
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plus particulièrement le public gay chinois. » Et Lifu de souligner combien cette série renvoie une image très normative de l’homosexualité : les deux héros principaux évitent soigneusement d’avoir l’air « tapette », et à plusieurs reprises le couple secondaire formé par Yang Meng et You Qi, plus féminin, plus pétillant aussi, est décrit comme faible ou sissy.
CULTURE ARTY SHOW
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JUSTICIÈRES MASQUÉES Masques de gorille et slogans vengeurs sont la griffe du collectif « Guerilla Girls ». Celles qui combattent fièrement depuis trois décennies les inégalités dans le monde de l'art contemporain sonnent également le glas du patriarcalisme muséal. Leatherette
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Frida Kahlo, Eva Hesse ou Georgia O’Keefe. Servant leur anonymat, ces pseudonymes visent principalement à dénoncer l’absence de ces artistes femmes majeures de la culture générale. A cet anonymat nominatif s’ajoute aussi celui fourni par les masques de gorilles dont elles s’affublent à chacune de leurs apparitions publiques. Cette image volontairement caricaturale les aide aussi notamment à transgresser la perception largement répandue de la féministe hystérique ou trop frustrée. Ce double camouflage protège donc non seulement leurs carrières mais concentre par la même occasion l’attention du public sur leur discours et non sur leur identité, tandis que le côté plus spectaculaire du gorille enragé fait très rapidement parler d’elles. Selon la légende, le choix de porter des masques de gorilles – devenus aujourd’hui leur emblème – serait né du lapsus de l’une des membres du groupe, qui aurait transcrit par erreur gorrilla au lieu de guerilla lors d’un meeting. Le symbole du gorille tombant plutôt à pic dans ce contexte très précis, il fut adopté sur-le-champ, ajoutant une pointe d’ironie fort bienvenue à toute la démarche. Car s’il y a bien un gorille entre tous que ces masques évoquent immédiatement, il s’agit bien sans aucun doute possible de King-Kong, le grand singe le plus tristement macho de
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CULTURE ARTY SHOW
es Guerrilla Girls se présentent comme les justicières masquées du monde de l’art. Le groupe est né en 1985 sur un coup de gueule dans l’Amérique rigide et proprette des années Reagan. Outrées par une exposition du Museum of Modern Art de New York intitulée An International Survey of Painting and Sculpture où l’on ne dénombre que 13 femmes parmi les 169 artistes exposés – sans parler des artistes de couleur parfaitement absents – un groupe de femmes artistes fonde les Guerrilla Girls. Leur objectif : dénoncer le sexisme et le racisme scandaleux qui règnent en maîtres dans la sphère culturelle. A partir de ce jour, elles n’auront de cesse de produire des affiches, des tracts et des actions publiques afin d’interpeller le public en mettant le doigt là où ça fait mal : pointant sans détour les nombreuses discriminations qui sévissent dans les institutions artistiques et plus récemment dans l’industrie musicale. Usant à bon escient d’humour noir et d’ironie, elles font vaillamment éclater ces injustices au grand jour tout en proposant une nouvelle lecture de l’Histoire de l’art dans laquelle les femmes ne sont pas totalement éclipsées ou confinées à des seconds rôles de muses ou d’inspiratrices. C’est dans cette même idée que chaque membres du groupe choisit comme pseudonyme le nom d’une importante artiste femme décédée, telles
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l’industrie cinématographique. L’humour un brin potache permet ainsi de désamorcer quelque peu la situation pourtant précaire de la représentation des artistes femmes dans les institutions muséales – qui stagne à environ 11 % – ainsi que celle des artistes de couleur, encore plus minuscule. Bien que l'art contestataire des Guerrilla Girls soit principalement dirigé contre le monde de l'art, elles ont aussi proposé périodiquement des actions ciblant les républicains conservateurs, en les écornant au passage comme il se doit. « F » WORD Rapidement, le nom du groupe, les pseudonymes, les masques et l’anonymat provoquent une certaine inquiétude dans le monde de l’art, car personne ne peut savoir d’où elles viennent, combien elles sont et où elles vont frapper la prochaine fois. La guérilla est donc à ce stade bel et bien entamée. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que les statistiques affichées en pleine rue sur leurs posters virulents se mettent à changer le monde de manière effective. Car il faut bien le constater ce n’est toujours pas le cas à ce jour, ou si peu, comme elles aiment à la rappeler sur un poster affichant des chiffres quasiment identiques avec 20 ans d’écart. Quant à leur principal cheval de bataille, il s’agit la réinvention du féminisme, du « F » word comme elles aiment à le surnommer avec un brin de raillerie. A la différence des mouvements féministes des années 1970, les Guerrilla Girls intègrent également des problématiques antiracistes et postcoloniales à leurs luttes contre le sexisme. Les justicières masquées s’inscrivent dans les nouvelles orientations que prend le féminisme dans les
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années 1980 et participent activement à l’élaboration de nouvelles pratiques qui perdurent toujours actuellement, Femen en tête. Ainsi pour la centaine de femmes qui travaillent collectivement et anonymement au sein des de la formation depuis 1985, la ténacité et l’humour sont devenus l’arme infaillible afin de lutter contre l’obscurantisme et l’archaïsme toujours en vigueur, ajoutés à une identité visuelle forte, simple et efficace héritée du langage publicitaire. Leurs slogans coup de poing assénés sans détour sur fond fluo ne passent pas inaperçus. Comble de l’ironie, certains de leurs posters devenus des objets-culte font à présent partie des plus grandes collections du monde, incluant une majorité d’institutions dont elles ont vertement dénoncé les pratiques éminemment phallocrates. Les Guerrilla Girls ont aussi publié plusieurs livres sur les affligeantes inégalités dans le monde de l'art tels que : The Guerilla Girls Museum Activity Book ou The Guerilla Girls Bedside Companion to History of Western Art, sans oublier le truculent Bitches, Bimbos and Ballbreakers (un guide illustré des stéréotypes féminins) toujours d’actualité, emplis d’une énergie joyeusement rebelle. Et à la question mythique qui ornait leur toute première affiche : « Les femmes doiventelle être nues pour entrer au Metropolitan Museum ? » il existe une réponse qui brûle les lèvres : « Oui. Mais avec un masque de gorille » ! www.guerrillagirls.com
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CULTURE ARTY SHOW
Les « Guerrilla Girls » intègrent des problématiques anti-racistes et postcoloniales à leurs luttes contre le sexisme.
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CULTURE DANSE
TRADI CONTEMPORAIN
Dans le cadre du festival de danse « Steps », l'artiste indo-britannique Aakash Odedra se produira à Vernier le 15 avril avec « Rising ». Francesca Serra
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e festival Steps accueille une des nouvelles stars de la danse anglaise dont l’histoire pourrait servir de scénario à un film bollywoodien, dont il a d’ailleurs connu les plateaux. Aakash Odedra est un virtuose du kathat, un style de danse traditionnelle du Nord de l'Inde tristement banni pendant plus d’un siècle sous l’empire britannique, car performé par des courtisanes. A l’instar des geishas au Japon, ces femmes étaient des artistes d’exception et maîtresses absolues de l’étiquette. Elles fréquentaient les cours des rois, racontant la mythologie à travers leurs chants et leurs mouvements. Aakash Odedra porte avec lui ce nuage fantastique de légendes. En conversant avec cet
interprète, il est impossible de ne pas fantasmer sur la sophistication de ces figures féminines charismatiques, difficile de retenir notre fantaisie qui erre instantanément dans ces fastueux palais de l’Inde d’antan où culminaient arts et sensualités. 360° : « Rising » inclut trois solos signés pour toi par trois chorégraphes de renommée internationale. Quel effet cela fait d’entrer dans la danse contemporaine par la grande porte ? Aakash Odedra : Akram Khan a depuis longtemps incorporé la tradition de la danse kathak dans sa pratique de danseur contemporain avec 26
l’écho mondial qui en a découlé. Akram est devenu mon mentor après avoir assisté à ma performance lors d’un festival de danses indiennes en 2009. Très rapidement, il m’a fait part de son souhait de créer un solo pour moi. Sidi Larbi Cherkaoui et Russel Maliphant m’ont ensuite auditionné et mon vocabulaire de mouvements les a également interpellé. De là a pris naissance l’intense travail derrière Rising, un voyage artistique qui m’a amené sur des terres inexplorées. La confiance qu’ils m’ont témoignée m’a poussé à me mettre en jeu au maximum et j’ai énormément appris avec ces méthodes de travail, ces nouvelles esthétiques. Je dois admettre que, jusqu’au jour de
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la première, face à un projet si ambitieux, j’ai aussi vécu des moments de grande solitude. C’était un peu comme une longue gestation !
« L’Inde est un pays d’extrêmes et de contradictions. » Aakash Odedra
Il s’agit d’une danse qui exige de grandes qualités physiques afin d’allier grâce et rapidité d’exécution. Les mouvements circulaires des mains et des poignets ainsi que les virevoltes en sont une composante essentielle. Pourquoi ? Selon la mythologie hindoue la vie est un cercle et Shiva régit ces cycles : destruction et renouveau. Au niveau du système rythmique de la danse, on remarque qu’on compte souvent deux temps de huit. Dans cette répétition mathématique, on peut aussi voir un sens de circularité. Le cercle vaut comme symbole de fluidité, de continuité, d’absence de cassure.
Existe-t-il encore une forme de kathak fidèle à ses origines ? L’Inde est un pays d’extrêmes et de contradictions, où passé, présent et futur cohabitent, s’amalgament. Lors de mon dernier voyage, j’ai vu derrière les ruines millénaires s’élèver des gratte-ciels commandités par des magnats, il y a donc toujours de la place pour les traditionalistes aussi bien que pour ceux qui aiment regarder vers le futur. De nos jours, la ville de Bénarès demeure indubitablement un berceau du kathak et dans l’enceinte de leurs maisons les grandes familles accueillent encore des représentations comme à l’époque. Tu as grandi en Angleterre, mais tu as réussi à te reconnecter à tes racines. Pourrais-tu nous raconter ton histoire personnelle ? Je descends d’une famille indienne qui a quitté le pays depuis quatre générations pour émigrer en Afrique d’où ils ont été forcés de partir, dans les années 70, sans rien d’autre que les habits qu’ils portaient. Si j’ai pu garder des liens avec mes racines, je le dois tout d’abord à ma grand-mère qui m’a élevé en Angleterre. C’était une femme à l’esprit ouvert, une créature intense à l’allure unique avec ses tatouages traditionnels remontant le long de ses bras et de son cou. C’est elle qui m’a donc appris la langue de mon village en me racontant des contes indiens pour m’endormir. Depuis l’âge de 4 ans, Publicité
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CULTURE DANSE
Pourrais-tu nous raconter un peu ce qu’est le « kathak » ? Le kathat est lié à l’histoire des tawaifs et a été populaire dans le Nord de l’Inde pendant des siècles. En 1817, la Grande Bretagne puritaine a malheureusement interdit tout type d’expression corporelle jugée proche de la prostitution. Alors que les tawaifs étaient des érudites des arts à une époque où les femmes étaient majoritairement analphabètes. Tel un courant féministe avant l’heure, les tawaifs s’organisaient selon leur propre système matriarcal, jouissaient d’une grande liberté quant à leurs choix de vie et leur présence dans les cours leur conférait de l’influence en politique. Lors de son indépendance en 1947, l’Inde a voulu retrouver son identité et a donc ravivé cette tradition, mais en ôtant l’aspect sensuel. Des siècles de dominations étrangères, d’abord musulmane, puis britannique, ont donc eu raison des textes d’origine, lentement remaniés au fil du temps pour gommer toute allusion trop directe à la sexualité. Or, cette tradition nous apprend que, si l’on regarde le sexe comme quelque chose de vulgaire, il devient vulgaire, mais c’est absurde de ne pas voir la sexualité comme une partie naturelle de notre vie, cela serait comme oublier que c’est ainsi que nous arrivons dans ce monde. J’ai eu la chance inouïe de
rencontrer l’une des rares tawaifs encore en vie et cela m’attriste d’autant plus de savoir qu’avec sa disparition, un grand savoir pourrait être perdu à jamais. Voilà pourquoi j’ai envie de réaliser un documentaire. En ce qui me concerne, j’essaie de perpétuer cette tradition à ma façon, en gardant son essence.
360° – AVRIL 2016 j’ai eu la chance de retourner souvent au Rajasthan et j’y passe parfois plusieurs mois. Avec ces allers-retours réguliers, j’ai pris le meilleur de l’Inde. Quand on vit longtemps au même endroit, on ne prête plus attention à ce qui nous entoure et tout devient comme des white noise, un bruit de fond qu’on ne perçoit plus. Paradoxalement, c’est en voyageant que nos racines se renforcent. Est ce que la danse est une passion ancrée dans ta famille ? Au Rajasthan, les hommes dansent très bien, c’est une caste de guerriers qui possèdent un sens du rythme très développé, mais cela a été un grand tabou de devenir danseur de kathak, une discipline traditionnellement destinée aux femmes. Ce choix n’a pas toujours été facile à tenir et, là encore, c’est ma grand-mère qui m’a encouragé. Dans ma communauté, j’ai parfois été ridiculisé, alors qu’aujourd’hui les mêmes me citent comme représentant de leur culture.
CULTURE DANSE
Adolescent, tu es rentré en Inde quelques années et tu as pratiqué différents types de danse, notamment dans une grande compagnie de danse à Bollywood. Quels souvenirs gardes-tu de cette période ? C’était une expérience immersive. Je dansais vingt-quatre heures sur vingt-quatre et les enseignants ne montraient aucune compassion. J’y ai appris à garder les pieds sur terre et à ne pas confondre la lumière des projecteurs avec la vraie vie, car l’ego peut couper ta croissance spirituelle. La danse indienne a une vocation holistique et vise la perfection de l’âme, bien au-delà de l’aspect physique. J’ai eu l’occasion de travailler avec des danseurs classiques du Royal Ballet : ce sont des danseurs exceptionnels, mais parfois j’ai eu l’impression d’être en face de poupées de verre figées dans leur technicité. Avant de nous quitter, pourrais-tu nous révéler si, comme beaucoup de grands artistes, tu as un rituel avant de monter sur scène ? Oui, je suis très superstitieux ! J’ai l’impression que les esprits communiquent avec moi, ils me lancent des signes. Pour savoir si la représentation va bien se passer, je regarde les numéros autour de moi : le numéro de mon siège d’avion, celui du gate ou du check-in, celui de ma loge ou de ma chambre d’hôtel. J’additionne jusqu’à arriver à un seul chiffre. 1-7-9 veut dire que j’aurais un show superbe, 4-6-8 me montrent que j’ai intérêt à rester sur mes gardes. Si je vois des plumes blanches apparaître, c’est le signe que quelque chose de spécial va arriver. Comme quand j’ai été nominé pour le prix de danse new-yorkais Bessie. Le jour de la remise des prix, je ne pensais pas avoir une chance de gagner et avais ôté mes chaussures pour profiter confortablement de la soirée dans l’Apollo Theater. Quand mon nom a été prononcé, j’ai enfilé mes chaussures n’importe comment et me suis précipité en courant sur la scène où j’ai reçu mon prix en ayant mal aux pieds. RISING Le 15 avril 2016 à 20h à la Salle du Lignon vernier.ch/billetterie ou steps.ch
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PASSION ADOLESCENTE
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Dans « Quand on a dix-sept ans », André Téchiné met en scène deux jeunes garçons qui s’attirent mais se déchirent avant de s’aimer. Edmée Cuttat
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e vingt-deuxième long-métrage du réalisateur est son meilleur depuis Les Témoins en 2007, où il brossait le portrait émouvant d’une société en crise d'identité face au sida. Dans Quand on a 17 ans, qui fait évidemment écho aux Roseaux sauvages sorti en 1994, André Téchiné explore l’un de ses thèmes favoris, les brûlures de l’adolescence. En mettant en scène deux garçons qui se déchirent et ont du mal à assumer leur attirance, ce brillant cinéaste des sentiments les observe se découvrir entre rage, rejet et désir. Damien (Kacey Mottet Klein), fils de pilote militaire qu’il voit entre deux missions dangereuses à l’étranger, vit avec sa mère médecin, Marianne (Sandrine Kiberlain), dans une petite ville pyrénéenne. Au lycée il entre violemment en conflit avec le beau Tom (Corentin Fila), qui descend chaque jour de sa montagne et dont la mère adoptive est enceinte.
Par prudence, Marianne l’envoie à l’hôpital et accueille Tom à la maison. Cela ne plaît à aucun des deux ados qui, à fleur de peau, ne cessent de se chercher pour mieux se rejeter avec colère. Des affrontements annonciateurs d’une passion que l’on pressent dès les premiers regards échangés, même si Téchiné prend son temps à la dévoiler au fil de son récit initiatique. Composé de trois parties coïncidant avec les trimestres scolaires menant au baccalauréat, le film n’est toutefois pas uniquement centré sur Tom et Damien, Son auteur s’intéresse aussi à leur entourage, au trio qu’ils forment avec Marianne. Il regarde tous ses personnages avec affection, montrant une communauté solidaire balayant les différences sociales ou les préjugés sexuels. Des comportements symbolisés par une Sandrine Kiberlain expliquant à son fils qu’il ne faut 31
pas avoir peur et que tout s’efface quand on est amoureux. Parfaite, la comédienne tient là un de ses plus beaux rôles, incarnant à la fois la tendresse, la sérénité, la sollicitude. Quant aux deux jeunes interprètes, ils sont formidables. A commencer par Kacey Mottet Klein, récemment vu dans Keeper de Guillaume Senez, mais révélé dans Home et L’Enfant d’en-haut d’Ursula Meier qui peut se vanter d’avoir déniché une pépite. Avec le très prometteur Corentin Fila, dont c’est le premier rôle au cinéma, ils proposent un jeu poignant de vérité. A tous ces talents on ajoutera celui de la co-scénariste Céline Sciamma, qui excelle dans le traitement de la sexualité trouble à un âge difficile, comme dans La Naissance des pieuvres et Tomboy, ou dans le portrait de la jeunesse actuelle, à l’image de Bande de filles. Sorti le 30 mars
CULTURE CINÉMA
Kacey Mottet Klein et Corentin Fila
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DANS L’IVRESSE DE LA NUIT
UNE ODE À L’AMITIÉ
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Avec « Belgica », plongée dans une ambiance sexe, drogue et rock’n’roll.
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omme à femmes, Jo est un célibataire passionné de musique et Frank, qui ne voit que d’un œil, un père de famille sans histoire aspirant à la sécurité. Ces deux frères que tout sépare s’associent et voient grand pour transformer le petit bar de Jo. C’est un triomphe. En quelques semaines, le Belgica devient le rendez-vous incontournable, le repaire libertaire des noctambules de Gand, quelle que soit leur origine sociale. Le Flamand Felix Van Groeningen nous plonge ainsi, à grand renfort de lumières et de fêtards surexcités, dans les vapeurs alcoolisées d’un monde parallèle euphorique. Un cocon à l’ambiance sexe, drogue et rock’n’ roll électrisée par la furia de l’explosif duo Soulwax. Voilà qui devrait enthousiasmer les fans. Mais dans ce microcosme marginal prônant la mixité et de la tolérance, les choses tournent au tragique pour Jo et Frank. Leur antagonisme profond refait surface et ils s’opposent violemment, pris par la folie des grandeurs, dévorés par leur succès. Le scénario prévisible est la faiblesse de ce conte moral et hédoniste qui, en outre trop long, finit par tourner en rond. EC Sortie le 18 avril
Retrouvailles entre rires et larmes pour un adieu définitif dans « Truman ».
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n océan, l’Atlantique, sépare aujourd’hui deux grands amis d’enfance. Julian fait une carrière d’acteur à Madrid, tandis que Tomas enseigne les mathématiques dans une université canadienne. Et puis, après des années à vivre leur vie sur deux continents, Tomas frappe à la porte de Julian. Drôle de hasard. A première vue seulement, car il a appris que son pote n’était pas au mieux. Leurs retrouvailles sont donc synonymes d’adieu définitif. Mais cela ne les empêche pas de passer, entre rires et larmes, quelques jours hors norme à se rappeler des souvenirs communs. Evitant de sombrer dans un mélo de pacotille en mêlant humour et légèreté à la tristesse et à l’émotion du moment, le réalisateur catalan Cesc Gay fait de Truman un véritable hymne à l’amitié et à l’amour. Ce film tout simple parlant du courage nécessaire pour accepter la mort comme faisant partie de l’existence, a cartonné lors de la soirée des Goyas, l’équivalent des Césars dans le cinéma espagnol. Il est reparti avec les cinq statuettes les plus importantes, film, réalisateur, scénario, acteur principal et acteur dans un second rôle. EC sortie le 6 avril
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CULTURE CINÉMA
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LE CRIME PARFAIT Besoin de tuer quelqu’un ? Pas de problème. Il suffit de suivre les cours de droit d'Annalise Keating
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« American Crime » pour prendre la mesure de la fracture sociale et raciale aux Etats-Unis. ©DR
Anne Rolla
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es Blancs, des Noirs, des Hispaniques, des chrétiens, des musulmans, des gays, des hétéros, des drogués, des homophobes, l'Amérique dans toute sa diversité, révélatrice des tensions raciales et des dysfonctionnements judiciaires américains, c’est le propos d’American Crime de John Ridley. La première saison se déroule dans la petite ville de Modesto en Californie, le jour où un crime odieux est commis. Soupçonné d'être raciste, il divise rapidement les différentes communautés de la région. Direction ensuite Indianapolis en Indiana pour une deuxième saison dans laquelle un jeune étudiant accuse des membres de l'équipe de basketball de son lycée de l'avoir sexuellement agressé. Dans les deux cas, un fait divers terrible mais tristement banal qui va exacerber les a priori et les haines larvées de chacun. Avec American crime, John Ridley prend son temps, il évite les effets de manches ou les flashbacks encombrants, il déroule son histoire à travers les yeux des personnages que le téléspectateur suit pas à pas au cours d’une enquête policière ou d’un procès. C’est la parole des uns contre la parole des autres. Si bien que la série flirte avec la narration d’un documentaire. Au final, la critique de l’Amérique d’en bas, trop souvent sous-représentée à la télévision, est une belle réussite.
rey’s Anatomy, Scandal, How to Get away with Murder (Murder dans la version française), trois séries, trois succès imaginés ou produits par Shonda Rhimes, une surdouée qui bouge les lignes de la fiction avec une folle énergie. Située dans une fac de droit, How to Get away with murder adopte d’emblée un tempo ébouriffant et des retournements incessants autour d’affaires criminelles sulfureuses. L'histoire commence avec une bande d'étudiants ambitieux qui intègrent le cabinet de la prestigieuse Annalise Keating (Viola Davis). L’avocate est réputée pour retourner la loi à l’avantage de la défense et faire innocenter même le pire des accusés. Préférant les exercices pratiques aux cours théoriques, elle implique ses stagiaires dans ses enquêtes et ses interventions au tribunal. L’exercice se complique quand ses élèves vont être impliqués eux-mêmes dans un crime. Même si le casting entier est formidable, c’est Viola Davis qui sort largement du lot. Epouse trompée, professeur intraitable, femme amoureuse, fille indigne, patronne brutale, l’actrice ose tous les rôles, avec ou sans perruque, avec ou sans rouge à lèvres, en se mettant à nu aussi bien physiquement que psychologiquement. Son personnage imprime ainsi durablement les deux saisons de Murder. Viola Davis est d’ailleurs désormais comparée à la femme noire la plus puissante de la télévision américaine. AR
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CULTURE STREAMING
DES TUEURS ORDINAIRES
TRANSDESSINテ右 par Johanna
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CRIS DU CŒUR
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aisant suite à J’ai tué Schéhérazade, essai sur la condition féminine dans les pays de culture arabe, Superman est arabe dénonce le système patriarcal qui sévit dans ces pays et qui s’enracine dans les trois religions monothéistes. Pour qui connaît un peu le monde arabe, le titre est éloquent. Il est l'emblème de la pression qui s’y exerce sur les hommes, élevés pour être des super-mâles. Le cœur du livre est consacré à la dénonciation de la place de la religion dans la politique, dans le mariage et dans l’intimité. L'auteure dénonce l’hypocrisie des soi-disant vertueux de tous bords qui, en privé, se livrent à toutes sortes d’obscénités, rappelant que le mot le plus googlé du monde arabe est sexe. L’exclusion des femmes de la vie publique, le refus de reconnaître le viol domestique, la pratique croissante de l’excision, tout cela est cautionné par les monothéismes. Joumana Haddad met sur le même plan Mahomet, modèle de haute vertu et époux d’une fillette de six ans avec laquelle il consomme le mariage deux ou trois ans plus tard, et les femmes violées que l’on tue en bon chrétien pour rétablir l’honneur de la famille. Elle démontre aussi ici que la femme dans le monde arabe ne sort de son statut d’objet – convoité, possédé, sauvé ou entretenu par l’homme – qu’à son propre détriment. Un mécanisme hélas entretenu par les femmes elles-mêmes, comme l’illustrent l’exemple d’une avocate égyptienne expliquant que la place des femmes n’est pas en politique ou celui de ce collectif de Saoudiennes critiquant la revendication de leurs concitoyennes de pouvoir conduire une voiture. C’est le livre d'une indignée, les confessions d’une femme arabe en colère, qui assume que son ouvrage soit une fois de plus un cri du cœur. Babel
CHRISTIAN VOLTZ HEU-REUX
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nfin un livre pour les petits qui propose une version convaincante et une fin joyeuse sur l’amour entre hommes… A vrai dire entre un taureau et un bélier ! Le roi Grobull, tyran des pâturages, taureau craint et respecté, a décidé de marier son fils le prince Jean-Georges. Toutes les vaches du pays sont donc invitées à se présenter, mais Jean-Georges, très embarrassé par la situation, décline poliment toutes les propositions. Mais Grobull ne perd pas espoir, et si son fils préfère les truies ; qu’à cela ne tienne ! Parce que l’important, c’est bien que son fils soit HEU-REUX ! Mais voilà, les truies n’ont pas plus d’attrait aux yeux de Jean-Georges que les vaches. Dépité, le roi lui ordonne alors de choisir tout seul et qu’importe la bête pourvu qu’il ait du bonheur ! Qu’à cela ne tienne, c’est Hubert le bélier qui sera l’élu de son cœur, ils s’aiment depuis si longtemps en secret… « Et donc, ils se marièrent, vécurent heureux et… voilà ». Vive les mariés ! Une fois de plus Christian Voltz nous offre un vrai régal pour les yeux avec ces images créées à partir de collage loufoques et truculents et une morale des plus délicieuse : Aimez qui vous voulez. Rouergue
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CULTURE LIVRES
JOUMANA HADDAD SUPERMAN EST ARABE
INFOS PARTENAIRES
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INFOS PARTENAIRES
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Les chaînes de transmissions du VIH peuvent être brisées si chacun prend conscience de la place qu’il y occupe.
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RÉDUIRE LA CHARGE VIRALE COMMUNAUTAIRE La charge virale communautaire est la quantité de virus présente chez l’ensemble des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. En visant sa diminution, la campagne BTC veut réduire le risque de rencontrer le VIH lors de rapports entre hommes. Derrière cette logique épidémiologique, le bénéfice pour chaque individu est réel. Plus le nombre de personne s’impliquant au même moment sera important, plus les effets de la campagne seront efficaces. Il faut donc vous mobiliser et mobiliser vos partenaires pendant la campagne… et intégrer ces bons réflexes dans votre vie sexuelle et affective. La charge virale individuelle, c’est-à-dire la quantité de virus que l’on retrouve dans l’organisme d’une personne séropositive, varie. Elle est particulièrement élevée
immédiatement après une infection par le VIH, c’est ce que l’on appelle la primo-infection. Durant cette période, le risque de transmettre le virus est très important. La charge virale diminue ensuite, mais la transmission reste possible. Pour retrouver une charge virale individuelle indétectable, et donc ne plus être infectieux, il n’y a pour le moment que la prise d’une trithérapie efficace. SAFER SEX : DE QUOI PARLE-T-ON ? Le safer sex, c’est trois règles simples à respecter lors de chaque rapport sexuel :
• utiliser systématiquement un
préservatif et du lubrifiant lors des pénétrations • pas de sperme ni de sang dans la bouche • signaler à votre médecin toute démangeaison, écoulement ou douleur au niveau des parties génitales, ainsi que tous symptômes grippaux après un rapport non protégé.
Pour répondre à une interrogation fréquente, la fellation ne présente aucun risque de transmission du VIH, à condition qu’il n’y ait ni sperme ni sang dans la bouche. Embrasser et masturber sont également sans risque. EVITER LES RISQUES VIH Pour vraiment être au clair avec le VIH, il faut prendre en compte les spécificités du VIH par rapport aux autres infections sexuellement transmissibles. En suivant les recommandations ci-dessous vous vous protégez, et vos partenaires avec :
• connaître son propre statut
VIH en effectuant au moins un 41
dépistage par an
• si l’on est séropositif, être sous
traitement efficace contre le VIH avec une charge virale indétectable • au sein des couples dont les deux membres sont actuellement séronégatifs, n’avoir des rapports qu’avec son partenaire stable ou, tout du moins, ne pratiquer la pénétration anale (sans préservatif) qu’avec lui • systématiquement utiliser un préservatif lors des pénétrations si l’on ne connaît pas avec certitude le statut VIH du partenaire • en cas d’oubli ou de rupture du préservatif, consulter au plus vite (au maximum 48h) si possible avec le partenaire à Checkpoint pour obtenir un traitement d’urgence : PEP (prophylaxie post exposition).
Profitez de Break the Chains pour adopter de bons réflexes et venez vous faire dépister en mai à Checkpoint Genève. INFOS PRATIQUES Profitez du dépistage du VIH à 10.- en mai. Checkpoint Genève répond à vos questions : 022 906 40 30 ou geneve@mycheckpoint.ch. Lundi et mardi 16h – 20h et Vendredi 12h – 16h Le Checkpoint mobile sera présent dans les établissements gais pour des actions de prévention en avril, et assurera des dépistages sur place en mai.
INFOS PARTENAIRES
our sa cinquième édition, Break the Chains (BTC) invite les hommes gays et bisexuels à respecter les règles du safer sex avant de se faire dépister pour CHF 10 en mai. Beaucoup des nouvelles infections au VIH sont causées par des hommes porteurs du virus depuis peu et ne connaissant pas encore leur statut. Ils sont dans la phase de primo-infection durant laquelle le virus est présent dans l’organisme en grande quantité, ce qui accroit les risques de transmission. De plus, si l’utilisation du préservatif est très fréquente avec les inconnus, elle diminue avec ceux qui deviennent des amis et des partenaires réguliers. Or, une seule personne infectée dans ce réseau peut provoquer une réaction en chaîne !
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Le workshop « Sound Spatialisation in Immersive ©DR VR Environments » aura lieu le 4 et 6 mai au BAC.
Genève va se parer d’images pour la 12e édition du Mapping Festival.
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aut-il encore présenter le Mapping Festival ? Cet événement, l’un des principaux en Europe, fait de Genève la capitale des cultures numériques et du Vjing l’espace de deux semaines. La prochaine édition se tiendra du 28 avril au 8 mai. Autant dire que le programme est généreux et promet de nous en mettre plein les yeux. C’est la notion d’immersion du public qui a été retenue pour être la colonne vertébrale de la
traditionnelle installation au Bâtiment d’art contemporain. Parmi les artistes participants au projet on notera la présence du Canadien Martin Messier. Explorant le rapport entre le son et la matière, inerte ou vivante, Martin Messier se spécialise dans la mise en scène d'œuvres sonores. Il donne la parole à des objets du quotidien, des machines inventées et des corps en mouvement. On notera également une série de performances qui s’égrèneront entre le Spoutnik et l’Alhambra, lieu qui s’ajoute cette année aux salles qui accueillent historiquement le festival. L’Alhambra sera d’ailleurs le théâtre de la nouvelle performance audiovisuelle de Kode9. Steve Goodman de son vrai nom est l’une des figures les plus importantes de la scène bass anglaise. Il proposera un show en première suisse inspiré de son dernier album. Autre événement en général très attendu du Mapping Festival : l’installation dans la cour du Musée d’art
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et d’histoire. Elle s’offrira à nos yeux le soir du 29 avril. Cette année c’est à Romain Tardy du collectif AntiVJ que nous devons le projet retenu, La caverne. Toujours au chapitre des événements à ne pas manquer, il y a également la performance de l’artiste suisse David Colombini les 28 et 29 avril au BAC et au MAH. Ce dernier propose d’envoyer des ballons numériquement encodés dans les airs. Un moment qui nous permettra de prendre un peu d’altitude dans cette programmation foisonnante. Et puis bien sûr le clubbing n’est pas en reste pour cette 12e édition du Mapping Festival du côté du Zoo de l’Usine les 5, 6 et 7 mai avec en vrac : Shackleton, Call Super, Deadbeat, Rrose, Rabih Beaini ou encore ORPHX. Car après tout, personne ne nous a dit de rester sages comme des images ! Toutes les infos sont à retrouver sur 2016.mappingfestival.com
GAYMAP GROS PLAN
IMMERSION
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GAYMAP PORTRAIT
LE CORPS EN DISPUTE
L’artiste lors de la performance « Ken ou Barbie ? Play with Me ! »
Sonia Rickli, performeuse, se donne corps et âme à la question du genre. Alan Monnat
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©Walter Amelia
Pour que l’art ait une raison d’être, il faut que la personne qui l’expérimente soit un peu différente après. » Ces mots de Sonia Rickli délimitent parfaitement les contours de son art. Il y a certes un souci permanent pour la forme et la couleur, mais l’important est en deçà, il s’agit avant tout de la façon dont nous nous confrontons. L’œuvre de l’artiste genevoise n’est pas figée, mais vivante, c’est son corps qu’elle offre aux regards et bien plus… Dans Ken ou Barbie ? Play with Me !, la performance qu’elle réalisera au Centre d’Art Contemporain de Genève le 19 avril (voir détails dans Les Bons Plans),
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« Je déteste les ghettos. J’aime les mélanges et les différences. » Sonia Rickli
NÉCESSAIRES ARTISTES L’artiste n’est pas maître de son œuvre, certains spectateurs pouvant à leur convenance agir sur la performance en cours. « Je ne propose pas une histoire, mais un support de projections », aime-t-elle à dire. Sonia se réjouit particulièrement de cette soirée du 19 avril parce qu’elle permet de s’adresser à un public éclectique : venu pour la projection de Parole de King de Chriss Lag, pour le DJ set du musicien POL en dialogue avec la performance ou pour la visite de l’exposition en cours au Centre. « Je déteste les ghettos. J’aime les mélanges et les différences, c’est là que se crée la richesse. » Ces paroles peuvent sembler évidentes, mais Sonia Rickli croit véritablement – quitte à passer pour une idéaliste – à la possibilité d’un monde meilleur. « La société a besoin d’artistes plus que de n’importe qui d’autre et sûrement plus que jamais. » Et la raison est simple et paradoxale : « L’artiste n’est pas toujours entendu à temps mais l’art répond au vide et à la peur… » Elle sait mettre son grain de sel où cela dérange, comme à l’occasion de la fête du 1er août de l’an dernier sur la plage d’Yverdon où, crucifiée au centre d’un panneau blanc, un Guillaume Tell tirait sur elle des œufs remplis de peinture rouge, dessinant ainsi peu à peu le drapeau suisse… Le tout se déroulait sur fond d’une lecture de la Déclaration des droits de l’Homme. « Il s’agissait de nous interroger sur la construction de l’identité nationale, et notre capacité d’accueil. » Cette performance (L’autre 1er août) a été commandée au Live Art Club, société que Sonia a crée dans le but de « proposer des services artistiques sur-mesure aux particuliers, associations et entreprises ». De nouveau, on retrouve le souci de la Genevoise d’adoption, de faire exploser les schémas traditionnels en établissant le contact entre des mondes qui d’ordinaire ne communiquent pas.
Sonia vit de projets, d’idées, de lubies, de petits boulots aussi. La Valaisanne d’origine donne des cours de ski durant l’hiver, pose comme modèle, offre des lectures, fait des remplacements à l’école ou de l’éclairage de spectacle. Une vie spontanée, un brin chaotique… Précaire ? « Je fais ce qui m’enthousiasme ! », répond-elle. C’est un chaos ordonné. Alors, elle s’arrange, pratique le troc : du matériel de télémark contre un aspirateur, des cours de salsa contre des cours d’allemand, des coupes de cheveux contre ses prestations de DJ… Elle a confiance en la vie. Cette spontanéité est la raison qui l’a poussée à se consacrer pleinement à l’art de la performance. Pas besoin de rechercher des financements, de préparer un projet pendant des mois, si elle a une idée elle la réalise : se déguiser en boule à facettes et se suspendre dans une discothèque, se couvrir d’argile et grimper dans les arbres de la ville pour les étreindre… Elle se décrit, non sans humour, « comme un colibri qui butine ça et là et profite de la quintessence de chaque fleur. »
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LES ADRESSES DE SONIA Sonia vous recommande vivement de participer à la soirée du 19 avril au Centre d’Art Contemporain Genève organisée en partenariat avec le festival Everybody’s Perfect : Projection du documentaire Parole de King !, à 19h, suivie par une discussion avec la réalisatrice, Chriss Lag, suivi à 21h de Ken ou Barbie ? Play with Me !, la performance de Sonia Rickli, accompagnée d’un DJ set de POL, suivie à 22h d’une visite de l’exposition de Rochelle Feinstein In Anticipation of Women’s History Month. La performeuse adore Le Cabinet à Genève, pour manger et boire des verres. « C’est un bar décontracté qui a du chien ! » Sonia l’hyperactive adore le sport. Son magasin préféré ? Passe Montagne à Genève, Lausanne et Monthey. « Ce sont des pros qui savent vous conseiller. L’esthétique va de pair avec la performance… Ce magasin ressemble à mon art ! »
GAYMAP PORTRAIT
le public pourra jouer avec elle… « La transformation du public peut parfois passer par le contact, explique-t-elle. Je me sers du corps pour partager certaines questions. » Ses performances résonnent toujours avec des thèmes d’actualité qui lui sont chers. À l’occasion de cette soirée organisée conjointement par le festival gay et lesbien Everybody’s Perfect et le CAC, Sonia souhaite interroger le rapport de l’adulte à l’identité sexuée. Elle a choisi pour cela de travailler à partir de Ken et Barbie, jouets qui influencent notre perception du genre. « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant le sexisme, que le regard porté sur le changement de sexe. Qu’est-ce que ça implique qu’un homme devienne une femme ou le contraire ? »
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BYE BYE LES IDOLES
Georgia en mars, c’est Jeanne Added que nous sommes fières d’accueillir » commente Pauline Martinet. Jeanne est une musicienne et chanteuse hors compet qui ne fait pas de compromis, qui propose une musique sombre et pourtant glorieuse dont on devient immédiatement addict… La magnifique sera précédée par le concert de Sandor, révélation suisse qui monte, qui vous emmènera dans son univers nocturne et électrique. Les murs du Romandie s’en souviendront longtemps.
Les soirées lausannoises « Kill your idols » font leurs adieux avec un weekend de folie au Romandie.
SUR LA PISTE
GAYMAP SORTIES
QUELQUES IDÉES SORTIES DE LA RÉDACTION
Jeanne Added se produira le dimanche 17 avril.
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a 50e édition de la soirée queer lausannoise Kill your Idols sera aussi la dernière. Après 10 ans de fête, de paillettes et de bières sous les semelles, la Kill tire sa révérence. Pour le faire avec panache, ce n'est pas une mais trois soirées qui auront lieu les 15, 16 et 17 avril prochains au Romandie. PAR LE MENU Tout commence le vendredi 15 avril. « Nous sommes extrêmement excitées de faire venir de New York, exprès pour la Kill, Jay Boogie ! Nouvelle perle du queer hip hop, Jay est l'enfant spirituel de Liberace et Laureen Hill, sa voix est envoûtante, son flow hypnotique... Et il est si beau ! Vu qu'on se liquéfie devant ses vidéos, on risque bien de s'embraser en live... » commente Pauline Martinet organisatrice de l’événement. Egalement ce soir là, en mode DJ, Born N Bread ! Venues de Londres exprès pour vous, la formation féminine va vous faire décoller ! Repérées par le site The Fader, ce collectif de DJ n’arrête pas de monter. Elles vous balanceront le meilleur du R'n'B et du Hip hop avec leur Black
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Brit touch. En ce qui concerne ce samedi anniversaire, on retrouve ceux qu'on a tant aimé. Mz Sunday Luv a fait suer un nombre incalculable de culottes au temps de la préhistoire des Kill. Elle est de retour pour en foutre une deuxième couche qui s'avère déjà ruisselante. On ne sait pas si c'est sa gestuelle, sa bouche ou sa voix, mais quand elle chante en grec accompagnée de sa guitare dégoulinante, elle ferait de l'effet à un candélabre. Après le concert, vous n'aurez pas le temps de reprendre vos esprits que vous serez frappés de plein fouet par l'irrévérence de la Kidnapping. Ce collectif qui a un don unique pour balancer les meilleurs sons, et foutre le plus intégral boxon. On s'en souvient, on est encore secoués. Et vu que c'est pour la dernière Kill, ils ne vont pas s'économiser... PASSAGE DE TÉMOIN La soirée de dimanche sera un passage de flambeau... oui, la Kill meurt, mais les nuits affranchies naissent.... Autre concept, autres artistes, mais toujours une fenêtre sur le monde queer, alternatif ou féministe. « Après
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FIÈVRE À GENEVE Ça va guincher au Palais Mascotte de Genève (rue de Berne 43) le 2 avril. Une soirée FEVER Ça fricotte au Mascotte est organisées sur les trois étages de ce lieu emblématique de la cité de Calvin. Aux platines : Jessie (Gravitation) et les Chicklettes. Sinon, réservez déjà votre 21 mai pour une nouvelle soirée intitulée Dans la croupe du croupier. Party de folie garantie. 360Fever.ch PRE-PRIDE À FRIBOURG Rendez-vous le 9 avril pour une soirée de soutien à la Pride 2016 Fribourg au Nouveau Monde (rue de la Gare 3), avec Eva Detox et Goton Le Cool. Huit participants/groupes triés sur le volet s’affronteront deux par deux en battle de lipsync. Les plus beaux organes seront sur scène. PREVENTION À SION Dans le cadre de la campagne nationale Break the Chains, Alpagai organise le 9 avril une soirée prévention et festive avec DJ Chris Logan aux platines. Dès 20h. Les infos sur alpagai.ch PROLONGATIONS À LAUSANNE Et n’oubliez pas que tous les dimanches, vous avez rendezvous au dernier étage du MAD pour les incontournables Game Boy. Toute la programmation sur gameboy-gayparty.ch
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La star du porno gay Ashley Ryder sera de la partie.
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GAYMAP SORTIES
LA FABRIQUE À LUXURE Il va faire chaud le 16 avril à « La Gravière » à Genève pour une soirée aux frontières du X.
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our sa seconde édition à La Gravière, Lust Factory part en vrille Queer. Non par idéologie mais parce que le performeur genevois Michael Ronsky, à l’origine du concept de la soirée, est toujours à la recherche d’artistes hors du commun. Il puise les talents là où ils se révèlent, peu importe la planète d’où ils viennent. De la star du porno gay underground Ashley Ryder à l’outrancier et poétique Divine Putain, en passant par Misungui l’attacheuse, cette soirée sera plus que jamais transgressive et perturbante. Attendez-vous à passer les limites sans gratuité, le choc prenant racine dans le sens sans perdre de vue l’esprit de la fête. Ce cabaret transgressif et sexpositif saura intéresser même les plus farouches des spectatrices et des spectateurs. L’événement s’adresse à un public amateur des soirées fetish, SM et shibari mais aussi ouvert à des personnes qui voudraient découvrir ces pratiques. « Ce sont des soirées très charnelles qui demandent au public d’être ouvert d’esprit. Par respect pour les artistes, si c’est pour mater des culs ça ne vaut pas la peine de venir » complète Albane Schlechten coorganisatrice de l’événement. Curly Gumbo Lee et Julius Black officieront en tant que maîtres de cérémnonie ayant le chic pour envouter le public.
Toutes les infos www.lagraviere.ch
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360° – AVRIL 2016 AGENDA SOIRÉES VENDREDI 1.04 SION Alpagai «Le Full Art» par Lucy Hopkins, en collaboration avec le Théâtre Interface, 20h BERNE Frauenraum Popshop, 22h BALE Jägerhalle OK Sébastien, 23h ZURICH Heaven Club Balkan Gay Night, 23h
GAYMAP AGENDAS
SAMEDI 2.04 GENEVE 360°Fever @Palais Mascotte «Ça fricotte au Mascotte», 22h LAUSANNE GT’s «Le Petit Cabaret», avec Miss Sandka Fee, Frida Galop, Brooke, Tony. Soirée présentée et animée par MarieThérèze Lafôsse. 22h ANNECY Lyn’dis DKLé White Party, 22h30 DIMANCHE 3.04 LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, DJ Gaëtan Leroy, 23h BALE Hirscheneck Untragbar: Buzzor, 21h ST-GALL News Sack & Pack, 20h
BERNE Frauenraum Tanzbar DJ Zardas, 20h30 BALE SUD Queerplanet, 22h DIMANCHE 10.04 LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, DJ Vasco, 23h BALE Hirscheneck Untragbar: DJ High Heels on Speed, 21h MERCREDI 13.04 ZURICH Heldenbar Polabdul 20h30 SAMEDI 16.04 GENÈVE La Gravière Lust Factory, 23h BERNE Frauenraum Emily Wells (live), Lila Lisi and DJ Grrrl in The Garage, 22h ZURICH Alte Kaserne Free To Love «Neon Party», 22h Dynamo Offstream alternative gay and lesbian party, 22h
VENDREDI 8.04 LUCERNE Loft Club Frigay Night 23h ZURICH Heaven Club BOYteschema, 23h
DIMANCHE 17.04 LAUSANNE Le Romandie Les Nuits affranchies: Jeanne Added (live), 20h30 GameBoy The MAD Gay Party, DJ Yazz 23h BALE Hirscheneck Untragbar: DJ Deufeli, 21h VENDREDI 22.04 BERNE Frauenraum Unrecords Labelnight, 21h ST-GALL Militärkantine Comeback-Party, 20h
SAMEDI 9.04 FRIBOURG Le Nouveau Monde LipSync Battle. Soirée de soutien à la Pride 2016, 22h VALAIS Alpagai Soirée Superhéros, DJ Chris Logan, 20h
SAMEDI 23.04 BERNE Tolerdance Elektro File, 22h DIMANCHE 24.04 LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, DJ Alan Taylor, 23h
BERNE Frauenraum BarOmeter, 14h BALE Hirscheneck Untragbar: DJ Curtis, 21h CHIASSO (TI) Imbarco Immediato Sunday’s Happy Gays @Silver Café, 18h30 JEUDI 28.04 BERNE Comeback Une soirée de musique électronique, DJs Audiophil & ElfERich, 21h VENDREDI 29.04 BERNE Frauenraum Me & Jane Doe (live), 22h LUCERNE Loft Club Frigay Night, 23h SAMEDI 30.04 FRIBOURG Arsen’alt Queer or Die! 21h ZURICH Angels White Party Crystal @Club X-tra, 23h SAMEDI 30.04 FRIBOURG Arsen’alt Queer or Die! 21h ZURICH Angels White Party Crystal @Club X-tra, 23h
AGENDA DEVERGONDAGES VENDREDI 1.04 LAUSANNE Pink Beach Grizzly Night (bears and friends), 20h Trafick En Travelo, 19h BERNE Aqualis Sneakers or Underwear, 23h ZURICH Rage Erection (full fetish), 22h SAMEDI 2.04 GENEVE Bains de l’Est QNu (naked), 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h Publicité
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360° – AVRIL 2016
ZURICH Rage Fuck This! 22h DIMANCHE 3.04 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h ZURICH Rage Mega Nackt-Party (naked), 20h VENDREDI 8.04 GENEVE Cruising Canyon Air X Night (fetish), 22h LAUSANNE Pink Beach No Limit (naked), 20h Trafick Bear Night, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Kick-off! (sportswear), 22h SAMEDI 9.04 LAUSANNE Trafick Orgie Romaine, 21h ZURICH Rage Workers in Gear, 22h
SAMEDI 16.04 ZURICH Rage X-treme Leather + Rubber, 22h DIMANCHE 17.04 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h
ZURICH Rage Prollboyz (sneakers fetish), 22h DIMANCHE 24.04 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h JEUDI 28.04 LAUSANNE Trafick En Travelo (crossdressers), 19h VENDREDI 29.04 LAUSANNE Trafick Mask & Naked XXL, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Shirt-off Sports + more, 22h
VENDREDI 22.04 GENEVE Cruising Canyon Air X Sports, 22h LAUSANNE Trafick Dirty Trouble (yellow), 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Erection (full fetish, sports, leather), 22h
SAMEDI 30.04 LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (dark and naked), 21h ZURICH Rage Schweinebucht (yellow), 22h
SAMEDI 23.04 GENEVE Bains de l’Est Black Out (dark and naked), 23hLAUSANNE Trafick Dark Naked Sex, 21h
DIMANCHE 1 MAI LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h ZURICH Rage Mega-Nackt Party (naked), 20h Publicité
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DIMANCHE 10.04 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h
VENDREDI 15.04 LAUSANNE Trafick Les Délires du Trafick, 21h BERNE Aqualis FF-Night, 23h ZURICH Rage Underwear, jocks, naked, 22h
360° – AVRIL 2016
QUESTION SANTÉ
permettent d’espérer la guérison virologique de plus de 90 % des malades après une cure de 12 ou 24 semaines seulement. Mais attention, en Suisse les médicaments les plus efficaces ne sont remboursés qu'aux patients avec une affection avancée à cause de leur coût exorbitant (voir encadré).
GAYMAP SANTÉ
MÉDECINS DU MONDE SE RÉVOLTE
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Hépatites A, B et C… On vous aide à y voir plus clair. Miguel Limpo
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es hépatites sont des infections virales qui affectent le foie et sont également considérées comme sexuellement transmissibles. Désignées par des lettres (A, B, C et plus rarement D et E), les hépatites causent près de deux millions de décès par année dans le monde et présentent de grandes différences dans leurs modes de transmission et de prévention. L’hépatite A est présente dans les selles des sujets infectés et se transmet le plus souvent lors de la consommation d’eau ou d’aliments contaminés, mais aussi dans le cadre de certaines pratiques sexuelles, telles que l’anulingus. Dans la plupart des cas, le sujet guérit et acquiert une immunité. Il existe des vaccins efficaces contre l’hépatite A. L’hépatite B se transmet lors de l’exposition à du sang, du sperme et d’autres liquides biologiques. Il peut
se transmettre de la mère à l’enfant au moment de l’accouchement. Le virus peut aussi se transmettre à l’occasion d’une transfusion de sang contaminé, d’injections pratiquées avec du matériel contaminé. Il existe un vaccin sûr et efficace contre la B. Il est recommandé de se faire vacciner avant de s'engager dans une relation sexuelle, quelle qu'elle soit, avec une personne contaminée. L’hépatite C se transmet principalement lors de l’exposition à du sang infecté (transfusion de sang, injections pratiquées avec du matériel contaminé). La transmission sexuelle est également possible mais beaucoup plus rare. Attention aussi aux piercings et tatouages, si les précautions d'hygiène et de stérilisation des instruments ne sont pas respectées, les risques de contracter une hépatite B ou C sont réels. Le traitement de l'hépatite virale chronique C a considérablement progressé au cours des dernières années avec l'apparition des nouvelles molécules antivirales ciblant spécifiquement le virus. Mieux tolérés, plus efficaces, ces nouveaux traitements
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Depuis de nombreux mois, Médecins du Monde, avec nombre d’autres associations, alerte sur les problèmes posés par le prix des nouveaux traitements contre l’hépatite C et particulièrement du sofosbuvir dont le laboratoire Gilead détient le monopole sous le nom de Sovaldi. La firme pharmaceutique commercialise en effet le traitement au prix démesuré de CHF 685 la pastille, devant être prise chaque jour pendant 12 semaines, portant la facture finale à un montant de CHF 58’000 par patient traité en Suisse (41'000 euros en France et 44'000 euros au Royaume-Uni). Or une étude a évalué en 2014 le coût réel de production du sofosbuvir à moins de CHF 135 pour les 12 semaines de traitement préconisées ! Gilead avait certes autorisé un laboratoire indien à produire sous licence une version générique du Sovaldi à destination de 91 pays à bas et moyen revenus, mais elle en a interdit l'exportation à 50 autres dont la Tunisie et le Maroc. Et en Suisse, ce seront seulement 1'500 malades qui en bénéficieront sur les 50'000 à 70'000 recensés, en raison du coût trop élevé.
360° – AVRIL 2016 360° FEVER/FÊTE DU SLIP, LES PRÉLIMINAIRES, @LES DOCKS, LAUSANNE
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PRIDE FRIBOURG 2016 AU CARNAVAL DE FRIBOURG
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CRUISING 3, rue de l’Est X1 Les Bains de l’Est X2 Duplexx ro u 8, te drue e M a Pradier lagn X3 Sauna des Avanchets ou Avenue Baptista, Les Avanchets X4 Substation X-World
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CLUBS C1 La Gravière 9, chemin de la Gravière C2 Le Chat Noir 13, rue Vautier, Carouge C3 La Garçonnière
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HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Sport/Santé – CrossFit Across 17-21, rue Eugene Marziano
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passage Malbuisson, 3, rue duMarché 360° Fever, C/o Palais Mascotte 43 rue de Berne
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021 631 01 76
Urgences/Emergency
0848 133 133
Consultation VIH/
HIV testing and info
Traitement post-exposition
VIH (PEP)/HIV post-
exposure treatment
Dermatologie (IST)/
Dermatology (STD’s)
Police
Urgences/Emergency
BARS B2 Bourg 51, rue de Bourg
021 314 10 22
Bernaldo B&B
B3 GT’s Bar & Lounge Club 5, avenue de Tivoli B5 D3 9, place du Tunnel
47, av. de la Harpe
B6 Pin Up bar 31, rue Marterey B8 Le Saxo
021 314 66 66
22, avenue de Tivoli H1 Rainbow Inn HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP :
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3, rue de la Grotte
R1 Auberge de Beaulieu 15, av. Bergières
PARTIES – SOIRÉES
R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point
P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève
R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R4 Le Tramway 6bis, rue de la Pontaise
P3 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3
R6 Le relais avenue de Morges 163 R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av de Tivoli > B3
021 314 04 00
HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Le Raisin Les Cullayes (13km)
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360° – AVRIL 2016
LENTEMENT, J'ATTENDS
« La procrastination est le reflet d'une volonté qui tâtonne et qui n'est pas mature. » Auteur anonyme
CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS
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Autoportrait d'après Gustav Klimt – Le Baiser
arfois, le temps me prend. Il refuse pour moi de se dérouler ou, plus précisément, il se désynchronise de mon rythme intérieur. Comme en une boucle, il m'immobilise, me retient prisonnière. Non pas qu'il suspende ni même freine sa course, pas même un instant, non. Mais il semble qu'il préfère me bercer en son sein tout en se refusant à me laisser voyager sur ses ailes. Cela ne m'empêche nullement d'accomplir des tâches simples, quotidiennes mais, pour toute échéance qui ne m'est pas imposée par l'extérieur, une sorte de tétanie mentale s'empare de mon esprit et le souffle de la procrastination tendrement me sussure à l'oreille "demain, demain". Et le lendemain devient surlendemain et tout ce qui n'est pas aujourd'hui disparaît comme par magie de mon agenda. Comme si quelque chose en moi s'opposait à terminer tout ce qui approche de son but, comme si se tapissait en moi une peur latente que ce qui s'achève meure et disparaisse. Mon corps animal se cabre et refuse d'avancer, déploie l'étendard de sa trop grande fatigue, de ce trop-plein d'événements qu'il n'a pu encore digérer. Incapables d'assimiler plus d'informations, mes cellules agitées cherchent à se rassembler; en moi, un frémissement réclame le calme, l'apaisement, pour savourer en toute volupté les subtilités de cet étrange boulversement. Je sens les prémisses d'une métamorphose mais je sais que je ne peux rien précipiter et que rien ne sert que je me tortille frénétiquement dans cette étrange chrysalide pour hâter la transformation. Les temps viendront... quand il le décideront. Greta Gratos
Abonnement Rolan Delorme (abo@360.ch) Expédition Alain André Claude Federico François Gerald Jacques Jean-Patrice Michel René Otto Editeur Association Presse 360 Impression Appi, Gland 360° 36, rue de la Navigation – CP 2217 – CH 1211 Genève 2 Tél. 022 741 00 70, Fax 022 741 00 74
Rédaction en chef Guillaume Renevey (guillaume@magazine360.ch) Rédaction texte Nadia Barth Edmée Cuttat Vladimir Ennyday Aline Jaccottet Greta Gratos Leatherette Miguel Limpo Alan Monnat Sarah Nuyten Jonas Pulver Anne Rollat Francesca Serra François Touzain VG + Véra (Livresse) Corrections Zino Davidoff Rédaction image direction : Ester Paredes Peter Mosimann ° Béatrice Devènes Thierry Gachon ° Adnan Abidi ° Walter Amelia Graphisme Schönborn Hernandez Publicité Philippe Scandolera (pub@360.ch) Jérémy Uberto (marketing@360.ch)
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