PRIDE
À FRIBOURG TOUTE
SANTÉ
PARLONS DROGUES
MODE
N° 157 Juin 2016 – CHF 6.– €6 – 360.ch
VITE DU NEUF
PROPHÉTIQUE ANOHNI
L
a saison des prides est lancée. Avec chaque année, vous pouvez vous y préparer, cette sempiternelle question qui revient : Est-ce que cela sert encore à quelque chose ce type de manifestation ? Et bien oui. Surtout lorsque l’on entend des personnages come Oskar Freysinger récemment interrogé dans le cadre de l’émission Forum de la Première chaîne radio de la RTS. Le Valaisan et chef du département de la formation y a réaffirmé sa position sur l’homophobie et à la transphobie. En effet, un atelier intitulé « Homophobie et sexisme », pourtant commandé par la médiation du Lycée-Collège des Creusets à Sion, a été annulé par le recteur. Car pour Freysinger, il n’y a pas de problèmes en Valais. L’homophobie n’existe pas « vous savez ces organisations et les psychologues, ils ont besoin de malades pour exister. Plus ils médicalisent les élèves, plus ils créent des problèmes, plus ils auront de travail. C’est absolument voulu. C’est orchestré ce genre de choses. »
Guillaume Renevey, rédacteur en chef
360° – JUIN 2016
ETIQUETTES ACTU
INTERNATIONALE L.A. pride vend son âme – P.2 Pacs minimaliste pour l'Italie - P.3 SUISSE Pride, combat collectif - P.4 En marge – P.7 Oui à l'adoption par le conjoint - P.7 DROGUES Des résultats stupéfiants – P.8 Sexe chimique - P.10 HOMOPHOBIE Tous refoulés ? -P.12
SOCIÉTÉ
SPORT Carton rouge – P.16 MODE Résurection – P.18 TENDANCE Chamanisme Queer - P.23
L
CULTURE
ARTY SHOW Punkboy – P.26 MUSIQUE Anohni, l’é.pop.ée prophétique – P.30 CINÉMA La traque – P.32 Désir, jalousie, vengeance – P.33 SÉRIE 100 % belge – P.35 LIVRES Wanted – P.37
GAYMAP
GROS PLAN Jungle – P.41 PORTRAIT Devenir soi – P.42 SORTIES Alléluia – P.44 En crise – P.45 Plans Genève, Lausanne et Berne – P.54, 56 et 58
ET ENCORE
TRANSDESSINÉE – P.25 INFOS PARTENAIRES – P.36, 38, 39 INFOS SANTÉ – P.49 TU T’ES VU ? – P.46 et 50 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS – P.60
Vignette édito ©Maurane Di Matteo couverture ©Alice O'Malley Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch 1
SOMMAIRE N° 157
es gays sont comme ci, les lesbiennes sont comme ça. Vous connaissez la musique et je vous épargne l’énumération des stéréotypes dont sont quotidiennement affublés les personnes LGBT. Car dans ce monde où l’on aime les étiquettes facilement accolables, notre communauté offre un terrain de jeu tout trouvé aux amateurs de facilité. Il est temps que nous changions de paradigme. Que nous cessions de voir les choses à travers le prisme d’une lecture simpliste de la réalité. Il est temps que nous passions d’une vision à tiroir – pratique pour ranger les choses que nous ne voulons pas voir – à une approche réellement inclusive dans l’acceptation de la diversité des parcours de vie et des individus qui en résultent. Déconstruire les préjugés pour mieux construire la réalité, c’est aussi de notre responsabilité. C’est le fil rouge, d’ailleurs, de cette édition du magazine 360°. Afin de ne pas se contenter d’enfoncer des portes ouvertes, ce numéro vous propose notamment de nous arrêter un instant sur le rapport des hommes gays aux drogues (dès la page 8) et de comprendre, étude à l’appui, les mécanismes qui guident les homophobes dans leur haine envers les gays (en page 12). Notre ambition ? Mieux cerner le monde et les enjeux qui sont les nôtres, afin de prendre de la hauteur. Pour mieux s’armer, en quelque sorte, à défendre notre pluralité. Pour mieux affirmer que nous ne sommes pas définis uniquement par notre identité de genre. Pour opposer au jugement, la raison. Pour opposer à la haine, l’amour.
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L.A. PRIDE VEND SON ÂME Institution vieille de 45 ans, la Pride de L.A. veut se rajeunir en se réinventant en festival musical... et surtout en laissant sur le carreau les milieux associatifs. Ceux-ci se rebiffent. François Touzain
ACTU INTERNATIONALE
sur sa scène de West Hollywood, avec en têtes d’affiche cette année la vedette canadienne Carly Rae Jepsen (Call Me Maybe) et Charli XCX. Conséquence de cette réorientation : un espace prévu pour les stands associatifs et de prévention réduit drastiquement et un prix d’entrée au village augmenté de 20 à 35 dollars. Chris Classen, président du collectif d’organisation, promet néanmoins la fête « la plus inclusive jamais organisée ». Ce n’est pas vraiment l’avis des acteurs de la communauté LGBT de la métropole de la Côte ouest. Ces innovations ont provoqué une levée de boucliers. Sous le slogan #NotOurPride, une campagne de boycott a été lancée dans les milieux de la prévention, quasiment exclus de la manifestation par les organisateurs – officiellement faute de place. « Ce qu’ils ont fait est une commercialisation évidente de la Pride au mépris de l’histoire et de l’héritage de la communauté », s’indigne Peter Cruz, directeur associé de l’Asian Pacific Aids Intervention Team, qui a pris la tête de la fronde. Entre autres laissés pour compte, la communauté trans – actuellement malmenée dans la politique américaine – est également en pointe de la contestation. Elle a vu le nombre d’événements qui lui sont consacrés diminuer, de même que sa visibilité dans la communication du festival. Et le prix élevé des billets maintiendra à distance les personnes trans, particulièrement touchées par la précarité. « On ne peut pas marginaliser des communautés, et compartimenter entre des gens qui ont de l’argent et ceux qui n’en ont pas », déplore l’activiste transgenre Jazzmun Nichala Crayton.
La gaypride de Los Angeles en 1990
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E
n Europe, on se pose des questions sur la teneur actuelle des Gay Pride. Plus guère subversives (dans des capitales où la visibilité gay et lesbienne s’est imposée), à peine politiques (à l’ère du mariage pour tous), les parades apparaissent désormais pour beaucoup comme une énième fête urbaine plus ou moins commerciale. Cette crise d’identité a donné naissance à des marches LGBT alternatives aux accents contestataires, comme à Berlin. Aux Etats-Unis, berceau de la Pride, la dérive commerciale de la manifestation soulève aussi un malaise de plus en plus palpable. Ainsi il y a quelques semaines, les organisateurs de la Pride de Los Angeles (née seulement deux ans après les événements fondateurs de Stonewall), ont annoncé un plan ambitieux pour rajeunir le public de l’événement, prévu mijuin. Selon eux, les millennials « ne comprenaient plus le contexte historique de la manifestation ». Rebaptisée L.A. Music Pride, elle doit être centrée sur des shows live
REVIREMENT Les menaces de boycott ont payé. Les organisateurs ont publié début mai un communiqué d’excuse, annonçant des aménagements dans le prix de la manifestation et des événements supplémentaires, notamment autour des questions trans. La manifestation a aussi opportunément renoncé à son nouveau nom et changé son slogan pour Own Your Pride : Appropriez-vous votre Pride. Reste un goût amer, celui d’une Pride qui aurait vendu son âme, et avec elle son rôle de passerelle entre les générations. « Je me sens si mal pour les jeunes LGBT qui voient leur histoire ainsi effacée, confie Ivy Bottini, militante lesbienne de 89 ans, au Los Angeles Times. J’ai l’impression qu’on les utilise pour faire beaucoup d’argent. » 2
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TOU TE SUR L’ACTU LE 360.C SITE H
ESPAGNE
BAISER CAPITAL
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Des célébrations plutôt timides ont salué l’adoption par le Parlement des unions civiles ouvertes aux couples de même sexe.
I
l aura fallu des années de tergiversations, de manifs et de pressions. Le Parlement italien a adopté au mois de mai la loi sur les unions civiles qui permettra aux couples gays et lesbiens de la Péninsule d’être reconnus par l’Etat. Le Premier ministre Matteo Renzi avait engagé sa responsabilité sur ce texte. Quant aux milieux ultraconservateurs, ils ont promis un référendum. Celui-ci ne devrait toutefois pas retarder l’entrée en vigueur des unions civiles, prévue en automne. L’Italie était le dernier pays d’Europe occidentale à ne prévoir aucun statut pour les couples de même sexe, alors que les premiers projets
de pacs remontent à plus de dix ans. Prédécesseur de la loi sur les unions civiles, le Dico avait entraîné la chute du gouvernement Prodi en 2007. Dans la soirée, des rassemblements de militants LGBT ont salué plutôt timidement ce vote « historique ». De fait, c’est une loi minimaliste qui est sortie de mois de tractations avec l’opposition et au sein même de la coalition au pouvoir. La question de l’adoption de l’enfant du conjoint de même sexe, et plus largement des familles arc-en-ciel, ont été évacuées du texte de loi final. Toutefois, une récente jurisprudence est en passe d’ouvrir les adoptions aux couples homosexuels italiens. FT
KOSOVO
EN MARCHE Organisée pour la troisième fois à Pristina, la marche des associations LGBT du jeune Etat des Balkans prend de l'ampleur. Le mot d’ordre « Notre amour est constitutionnel » y a salué la récente adoption d’un article protégeant les minorités sexuelles contre les discriminations. Pour la première fois, le président Hashim Thaçi était aux côtés des manifestants.
« Il est peu probable que la
stigmatisation des gays disparaisse des stades. » La suite en page 15 3
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ACTU INTERNATIONALE
PACS MINIMALISTE POUR L’ITALIE
Leur photo a fait le tour du web. Deux amis ont tenu tête de belle façon à une manifestation d’extrême droite, fin mai dans le quartier populaire de Malasaña à Madrid. Ils ont osé un baiser gay sous les huées de près d’un millier de militants à cheveux ras. Parmi ces derniers, nombreux étaient ceux qui brandissaient des drapeaux de Foyer social Madrid, un mouvement néonazi né dans les milieux hooligans.
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COMBAT COLLECTIF La Pride de Fribourg se déroulera le 25 juin prochain. Cette dernière se veut plurielle et inclusive jusqu’à dans son comité d’organisation.
ACTU PRIDE
Alan Monnat
Victoria, Alexandre, Amandine et Gordana mettent tout en place pour que la fête soit réussie.
A
mandine, Victoria et Gordana sont des alliées. Le A de LGBTIQA. Ces trois étudiantes en master business et communication collaborent bénévolement à l’organisation de la Pride de Fribourg qui se déroulera en juin prochain. « Au départ, on ne savait même pas que le terme allié existait », explique Amandine, convaincue que de nombreux alliés s’ignorent. Ces trois étudiantes, elles, ont décidé de revendiquer l’étiquette et de s’engager. Le slogan de la Pride de cette année : « La différence n’est pas un choix, l’égalité si ». Et ce combat pour l’égalité n’implique pas seulement ceux qui subissent son absence. « Je soutiens la communauté ouvertement et je trouve génial que l’on en fasse aussi partie, de cette communauté », témoigne Victoria. « On montre qu’on est là, la communauté n’est pas isolée », ajoute Gordana.
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Alexandre Robatel, le président du comité d’organisation de la Pride, se félicite de cette ouverture : « En 2013, lors de la première Pride, le comité était 100 % LGBT ; cette année, un quart entre dans la catégorie A. » Tout s’est passé naturellement, pas de quota ! « Le but d’un tel événement c’est de s’ouvrir aux autres et je trouve fondamental que cette ouverture soit déjà présente au sein même de l’organisation. » PLUS QU’UN WEEK-END L’ouverture et la pluralité se retrouvent également dans la programmation artistique de la manifestation. Sur la scène du Village et à Fri-Son se relaieront humoristes, musiciens, performeurs et DJs, de tous les styles : Karine C., Showgirls, Fiji, Solange la Frange, Chantal la Nuit, 4
360° – JUIN 2016 Jefferey Jordan, l’Homme seul, etc., et même Desireless & Operation of the Sun ! Cette année, la Pride se déroulera sur trois jours, une nouveauté 2016. Ainsi, le village où seront présentes les associations sera ouvert dès le vendredi soir à 17 h et le restera jusqu’au dimanche. Les concerts et les spectacles auront lieu le vendredi et le samedi soir. « J’aime travailler dans l’événementiel », raconte Victoria, « mais ce que je trouve génial avec la Pride, c’est qu’elle est associée à une cause. » Oui, n’oublions pas la cause. Laquelle au juste ? À nouveau, ouverture, comme l’explique le président : « Nous souhaitions être un vecteur, à chaque association d’amener son combat particulier. » Mehdi Kuenzle, membre du comité Pro Aequalitate qui sera présent en juin à Fribourg rappelle l’importance de la Pride : « La Suisse est classée 23e sur la nouvelle rainbowmap (rainbow-europe.org), derrière la Hongrie et le Kosovo. » En vrac : La Suisse ne possède toujours pas de loi anti-discrimination, ne protège pas les enfants arc-en-ciel, impose la stérilisation pour les changements d’état civil des personnes trans*, ne reconnaît pas les requérants d’asile LGBT – liste (exaspérante) non-exhaustive. Des combats, un défilé. Son thème : la parade ! « On voulait apporter un visuel particulier », explique David Ruffieux, le directeur artistique, « pas juste proposer des gens qui dansent sur des chars. » Un mot d’ordre : «Rendre les parades plus gaies ! » Ainsi, les curieux, les militants et les fêtards pourront observer, en juin prochain, une parade Disney, une Poya, un cortège mortuaire, le Carnaval de Rio ou encore un défilé singeant l’ouverture des Jeux olympiques. « On pourrait voir ce thème comme gratuit, mais il ne l’est pas du tout. Il traite d’intégration : comment verraiton mon pin arc-en-ciel aux JO ? Mon petit short lors d’une poya ? », interroge le président. L’intégration, le combat pour l’égalité n’est pas le problème des seules personnes « différentes », mais celui de tous. « Les alliées, nous avons un rôle d’intermédiaire à jouer, entre la société et la communauté », explique Gordana. « La solution viennent d’eux et de nous, enfin de nous tout court », complète Amandine.
LA PRIDE ET LE BELLUARD
ACTU PRIDE
Du 23 juin au 2 juillet à Fribourg se déroulera le Festival Belluard Bollwerk international, une manifestation artistique pluridisciplinaire alliant pièces de danse, théâtre, performances, installation et concerts. « Idéal pour celles et ceux qui souhaitent passer un jour ou deux de plus à Fribourg », commentent les organisateurs de la Pride. La veille de l’ouverture du village notamment, le public pourra se laisser hypnotiser par Alexandre Paulikevitch, « une diva lumineuse », qui présentera une danse de cabaret typique du monde arabe, Cabaret festif à facettes multiples. Et pour clôturer un week-end de Pride bien décalé, un spectacle qui le sera peut-être plus encore : Danse Folklorique Tripante, de Simon Mayer, dans lequel quatre performers « révèlent la force et l’exubérance qui se trouvent derrière les formes traditionnelles » – dans ce cas, la culture populaire autrichienne. Plus d’infos sur belluard.ch
Plus d’informations et le programme complet sur fribourgpride.ch
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OUI À L’ADOPTION PAR LE CONJOINT La réforme du droit suisse a été acceptée en commission du National.
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La « Rainbow Map » 2016 souligne la progression de plusieurs pays dans les réformes en faveur des LGBTI mais la Suisse continue de stagner. François Touzain
L
’ILGA Europe a publié sa nouvelle carte du continent reflétant les lois, politiques et pratiques affectant les personnes homosexuelles, bisexuelles, trans et intersexes (LGBTI) dans les 49 pays. Elle montre un fossé toujours plus large entre des Etats qui fixent la norme et ceux qui s’enfoncent dans le rejet de ces minorités. Pour la première fois, c’est Malte qui obtient la meilleure note, 88 %, devant la Belgique et le Royaume-Uni. A l’opposé, l’Azerbaïdjan ne réalise que 5 % des réformes souhaitables pour les LGBTI, derrière l’Arménie et la Russie. A noter le fort rattrapage de l’Irlande, de la Grèce et de l’Autriche, et à l’opposé, le recul sensible de la Pologne. Avec plusieurs réformes toujours en cours d’examen, comme la pénalisation de l’homophobie ou le mariage pour tous, la Suisse continue
de végéter dans la partie inférieure du classement (33 %), très loin de ses voisins français (67 %), autrichien (62 %) et allemand (55 %). La stagnation est encore plus forte en Italie, lanterne rouge des pays occidentaux avec 20 %. « A elles-seules, les lois ne veulent pas dire automatiquement que la vie est facile – ou même sûre – pour les personnes LGBTI », rappelle toutefois l’ILGA à propos de cet index. Son calcul est le produit d’une pondération des lois et pratiques d’état sur les sujets de l’égalité/non-discrimination, de la reconnaissance des familles arcen-ciel, de la prise en compte des crimes et discours de haine ; de la reconnaissance juridique du genre et de l’intégrité physique, des libertés fondamentales, ainsi que du droit d’asile. 7
Maria von Känel
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a commission des Affaires juridiques du Conseil national a donné son feu vert, par 15 voix contre 9, à l’adoption de l’enfant du conjoint au sein des couples non mariés, hétéro comme homosexuels, ont annoncé mi-mai les services du Parlement. « Nous sommes heureux que nos enfants et familles puissent bientôt bénéficier d’une protection juridique plus que nécessaire et espérons que cette protection sera mise en œuvre rapidement », a réagi Maria von Känel, directrice générale de la faîtière Familles arc-en-ciel, dans un communiqué. En mars, le Conseil des Etats avait déjà accepté cette proposition, qui fait partie d’une réforme plus large de l’adoption. Elle comprend entre autres un abaissement de l’âge minimal des adoptants et un assouplissement du secret entourant les procédures pour les parents biologiques abandonnant leur enfant. La réforme sera probablement soumise au peuple, un référendum étant d’ores et déjà promis par les milieux conservateurs. FT
ACTU SUISSE
EN MARGE
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DOSSIER DROGUES
DES RÉSULTATS STUPÉFIANTS
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Une enquête menée par Dialogai avec l’UNIGE s’est attardée sur la consommation de psychotropes par les homosexuels. Guillaume Renevey
C
’est le sujet chaud du moment. Celui qui fait vendre. Celui qui revient sur le devant de la scène toutes les décennies : les homos, le sexe et leur consommation de drogue. Car les clichés ont la vie dure. Si l’on force le trait des idées reçues sur les gays : ces derniers font plus la fête, ont plus de relations sexuelles et se droguent plus. Une enquête menée par Dialogai et des étudiants en médecine de l’UNIGE a tenté de tirer tout ça au clair. A l’heure où le chemsex défraie la chronique dans les grandes villes européennes (lire en page 10), il était sans doute nécessaire de remettre l’église au milieu de notre village helvétique. Si de nombreuses études existent quant à l’usage de telles substances par les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) dans les métropoles du continent, il n’en reste pas moins que de telles données manquent cruellement dans nos régions. Rentrons tout de suite dans le vif du sujet. L’enquête s’est tenue dans le
cadre des consultations à Checkpoint Genève avec un nombre de 107 répondants dont l’âge médian est de 37 ans. Dans ce cadre, le profil type du sondé est celui d’un homme bien portant ayant plutôt un niveau d’étude au moins universitaire. Près de 85 % d’entre eux estiment en outre ne pas avoir de problèmes financiers. Autant dire que la représentativité de la communauté gay dans son ensemble n’est que très limitée dans cette étude. Toutefois, de cette situation prototypique, on peut aisément envisager l’ampleur du phénomène. DEPUIS 2002 D’abord, cassons une idée reçue. Non ! Même si les gays on plus recourt aux drogues que la population en générale, tous les gays ne se droguent pas pour autant. L’étude a établi que seuls 28,3 % des répondants avaient consommé des drogues et/ou de l’alcool avant ou pendant des 8
360° – JUIN 2016 Lausanne, avec deux autres institutions, s’est penchée en 2015 sur les eaux usées de treize villes suisses pour y traquer des traces de stupéfiants consommés. 22 kilos de cocaïne sont consommés par jour en Suisse. Zurich est en haut du podium, Bâle second alors que Genève ferme la marche. Autre source d’inquiétude : l’apparition et la popularisation de nouvelles molécules comme la méthamphétamine, plus connue sous le nom de crystal met. Cette substance de synthèse psycho-stimulante figure dans les produits de prédilections de certaines parties fines. Avec un haut taux d’addictivité, un sentiment d’invincibilité et un effet qui peut durer jusqu’à 20 heures, il va de soi que l’usage de cette substance lors de rapports sexuels pose un certain nombre de questions en lien avec la prévention des infections sexuellement transmissibles. En Suisse, c’est Neuchâtel qui détient le record de consommation avec, selon les autorités cantonales, entre 200 et 300 consommateurs de crystal. Zurich vient ensuite. Malgré le fait que la question d’une campagne de prévention en faveur des HSH consommant des drogues illégales ne semble pas privilégiée pour l’instant, il semble en revanche qu’un monitoring de la qualité des produits en circulation est indispensable. C’est en tous cas dans ce sens que les acteurs de la santé gaie de Zurich se sont investis. Car si la consommation de stupéfiants ne peut pas toujours être considérée comme problématique, la prise de produits mal dosés ou de mauvaise qualité peut avoir, pour sûr, un effet dévastateur sur les consommateurs et les pratiques qui en découlent. Publicité
MONITORING A ce stade-ci, une campagne de prévention dédiée à la consommation de drogues illégales ne semble pas à l’ordre du jour. Comme l’affirme Michael Häusermann « après des décennies d’injonction à la prévention du sida, il est fort vraisemblable qu’une nouvelle campagne de prévention sur les psychotropes ne serait pas bien accueillie dans la communauté. Cela viendrait conforter une vision tabloïd de la santé gaie (sexe, drogue et rock and roll) alors que ce ne sont de loin pas les problèmes de santé les plus importants des hommes gays et bisexuels. La consommation de tabac, bien supérieure chez les HSH que dans la population masculine générale, et les 11 % de dépendants à l’alcool posent des risques bien plus graves pour la santé des HSH que la consommation d’autres produits. Si l’on veut améliorer la santé des hommes gays et bisexuels, c’est sur ces deux produits légaux que des actions de prévention sont à réaliser en priorité. C’est dans cette direction que Dialogai veut s’engager en collaboration avec les organismes chargés de cette mission. » Quoiqu’il en soit, les chiffres montrent tout de même une réalité inquiétante. L’École des sciences criminelles de l’Université de 9
DOSSIER DROGUES
rapports sexuels durant les trois derniers mois. Sachez, en outre, que cette étude a été faite en été. Une saison où l’humain a sans doute tendance à se lâcher plus. L’objectif de cette nouvelle étude était surtout de savoir si ces chiffres avaient évolués depuis l’enquête Santé Gaie menée par Dialogai en 2002. Et il semblerait bien que non. Prenez, par exemple, la question de la dépendance aux drogues. La proportion de la population gay concernée par cette problématique s’établissait déjà à 7 % au début des années 2000 comme c’est le cas dans cette dernière étude (11 % de dépendants à l’alcool uniquement). Il n’y a pas de grosses différences dans la consommation de drogues entre hommes gays et bisexuels et la population générale durant la jeunesse. Les jeunes consomment en général beaucoup. C’est plus tard que les choses changent. « Les gays continuent à consommer un niveau élevé de drogues jusqu’à un âge avancé alors que dans la population générale, la consommation diminue après 30 ans. Or, c’est le nombre d’années de consommation comme la qualité des produits qui posent les plus grands risques pour la santé. Rarement en relation de couple et encore plus rarement parents, les hommes gays ont peut-être moins d’obligation de rester sobre pour assurer » suggère Michael Häusermann de l’association Dialogai. Si le constat à 14 ans d’écart reste le même, les conclusions sous forme de questions tirées en 2002 restent, elles aussi, identiques pour l’association genevoise : « Est-ce que tout ce tabac, cet alcool et ces drogues sont consommés avant tout pour le plaisir ? Dans ce cas, cette consommation beaucoup plus importante que dans la population générale est la démonstration d’une maîtrise exemplaire de la situation. Sert-elle au contraire surtout à fuir la réalité, à supporter des situations de stress ? C’est alors une toute autre histoire. » Des réponses auxquelles personne ne semble avoir de réponses actuellement ; si ce n’est que ces aspects doivent être traités dans une approche holistique de la santé des HSH lors des consultations à Checkpoint, incluant notamment les aspects de santé psychique.
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DOSSIER DROGUES
SEXE CHIMIQUE
Une mollécule de méthamphetamine
Les « slamming parties », où drogue et sexe sont consommés sans relâche, font de plus en plus d’adeptes au sein de la communauté gay berlinoise. Annabelle Georgen
G
lass, Ice, Krank, Tweak... Ou encore Tina. Voire même un simple T . Pour annoncer leurs soirées sur les sites de rencontres gays tels que Grindr, PlanetRomeo, Scruff ou Recon, les organisateurs d’orgies sous crystal meth ont recours à de nombreux noms de code pour s’adresser aux initiés. Ceux qui recherchent ce type d’expérience sont souvent encore
plus discrets, se contentant d’un T majuscule glissé dans un mot anodin sur leur profil, du genre « I like to parTy ». De nombreux clubs berlinois ayant une politique stricte vis-à-vis de la drogue – fouille minutieuse à l’entrée et fréquents contrôles aux abords des toilettes et des darkrooms – ces fêtes ont lieu la plupart du temps dans des appartements privés, à l’abri des re10
gards indiscrets. Afin d’augmenter l’intensité du flash provoqué par le crystal meth, la métamphétamine est consommée de préférence par voie intraveineuse par les participants, ce qui vaut à ces soirées le surnom de slamming parties (de l’anglais to slam, injecter), terme qui correspond désormais aussi à tout un pan de la production porno gay. « Le flash est très puis-
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ÉRECTIONS En conséquence, il n’est pas rare que ces orgies s’étirent sur plusieurs nuits et journées. Afin de pouvoir prétendre à des performances sexuelles à la hauteur de leur état d’euphorie totale, les adeptes de ces soirées associent leur consommation de drogue à des médicaments prescrits en cas de trouble de l’érection, du type Viagra : « Toutes les amphétamines et métamphétamines empêchent d’avoir une érection et d’atteindre l’orgasme », rappelle Andreas von Hillner, qui souligne que les participants des slamming parties ont également de plus en plus souvent recours à des substances médicamenteuses, comme l’Androskat ou le Caverject, qui sont injectées directement dans le pénis à l’aide d’une seringue. Au printemps dernier, le magazine berlinois Zitty consacrait un reportage à ce phénomène. Le journaliste Stefan Hochgesand, qui s’était rendu à une de ces soirées, décrivait en ces termes l’ambiance qui régnait dans un bel appartement ancien du quartier de Neukölln, dans lequel était rassemblée une douzaine d’hommes : « Ça se bécote, ça suce et ça baise, à deux, à trois, à quatre, aussi sans préservatifs. […] Les drogues et le matériel
d’injection sont étalés sur la table du salon. Deux hommes s’enfoncent l’un après l’autre la même seringue dans le bras. […] Deux autres hommes un peu plus âgés sont étendus sur le tapis moelleux, les cheveux en bataille et presque dans un état comateux. » Le public de ces soirées est très diversifié. « Il y a de tout », explique Andreas von Hillner. « Des hommes de 18 à 60 ans et de toutes les classes sociales. Des étudiants, des apprentis, des ouvriers, des médecins, des fonctionnaires, des hommes politiques... » Ce phénomène venu de Londres s’est tellement propagé à Berlin depuis le début de la décennie 2010 que la ville est devenue la capitale des orgies sous crystal meth sur le Vieux Continent. « Le nombre de personnes qui viennent nous consulter est en pleine explosion », prévient Andres von Hillner. « Nous avons actuellement entre deux et cinq nouvelles personnes par semaine. » Au-delà des risques que prennent les participants des slamming parties en se partageant les seringues et en ayant des rapports non protégés, l’usage répété de crystal meth a des conséquences désastreuses sur la santé mentale des consommateurs, prévient Andreas von Hillner. « La plupart souffrent de paranoïa, de dépression, d’angoisse, de délire de persécution... » Il donne l’exemple d’un homme qui était persuadé que son smartphone avait été manipulé, d’un autre qui pensait que quelqu’un se tenait en permanence devant la porte de son appartement, ou d’un autre encore qui pensait être surveillé par la police. « La plupart de ceux qui viennent chez nous ont perdu le contrôle depuis longtemps. » Et le chemin de la guérison est très long. Et passe même parfois par une phase d’abstinence volontaire, fait remarquer Andreas von Hillner : « Beaucoup d’entre eux ne peuvent plus envisager d’avoir des relations sexuelles sans avoir pris de drogue. Il leur faut tout réapprendre. » 11
Les gens n’ont plus faim, ne sentent plus la douleur, n’ont plus besoin de sommeil.
DOSSIER DROGUES
sant et il arrive très vite. Le fait que cette drogue fasse rapidement de l’effet fait que les consommateurs perdent en un instant toutes leurs inhibitions », explique Andreas von Hillner, responsable des consultations pour problèmes d’addiction au sein de la Schwulenberatung Berlin, un centre d’aide et de conseil destiné aux homosexuels. « Les gens qui viennent en consultation parlent d’une grande euphorie associée à une forte excitation, mais dénuée de peur. L’effet subjectif que provoque le crystal meth est un sentiment de puissance, d’invulnérabilité. Les gens n’ont plus faim, ne sentent plus la douleur, n’ont plus besoin de sommeil. »
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ACTU HOMOPHOBIE
TOUS REFOULÉS ?
Une étude menée à l’université de Genève démontre que certains hommes homophobes ont une attirance latente envers les homosexuels. Nadia Barth
«
L’homophobie peut dans certains cas être le fruit d’une homosexualité refoulée », explique Boris Cheval, chercheur au laboratoire de méthodologie et d’analyse de données de Genève. Une conclusion qui fait suite à une étude qu’il a menée pendant près de deux ans et qui vient de paraître en mai 2016 dans le Journal of Sexual Medicine. C’est la première étude du genre en Suisse. Dans le panorama des recherches sur la question de l’homophobie comme forme d’homosexualité refoulée ou non, cette recherche apporte un regard plus nuancé et repose sur une nouvelle méthode d’analyse.
pour tirer de telles conclusions car cet effet peut aussi être la conséquence d’une anxiété ou d’une peur. C’est notamment dans l’étude menée par la professeure Netta Weinstein de l’université d’Essex en Angleterre et paru en 2012, que le lien entre homophobie et homosexualité trouve davantage de nuances. L’ENVIRONNEMENTAL SOCIAL Cette étude est la première à documenter les facteurs parentaux et d’orientations sexuelles dans la formation d’une peur intense et viscérale des homosexuels. Elle repose sur quatre expériences distinctes, menées aux États-Unis et en Allemagne, chaque étude impliquant une moyenne de 160 étudiants. Elle suggère que l’homophobie est la conséquence fréquente d’une éducation trop autoritaire et qu’elle serait plus prononcée chez les personnes ayant une attirance inavouée vers le même sexe. Des conclusions que partage l’étude menée à l’université de Genève mais qui, elle, propose d’aller encore plus loin. En effet, Boris Cheval apporte un éclairage inédit en intégrant à son travail un paramètre supplémentaire : le processus impulsif. « Ce processus est inconscient et porté par les émotions, précise le chercheur. Dans le cas de l’homophobie, c’est la réaction immédiate à un stimulus homosexuel. La vue d’un couple d’hommes s’embrassant ou d’une couverture osée d’un magazine gay peut par exemple, provoquer
DEUX ÉCOLES DE PENSÉE « Il y a deux grandes écoles de pensée, explique Boris Cheval ; celle qui affirme que l’homophobie est une homosexualité refoulée et celle qui conclut que l’homophobie correspond à une répulsion ou un vif dégoût vis-à-vis de l’homosexualité. » Des constats tranchés comme celui d’Henry Adams de l’Université de Géorgie aux Etats-Unis. En effet, dans son article paru dans le Journal of Abnormal Psychology en 1996, il a démontré que les hommes homophobes avaient une augmentation de la taille de leur verge à la vue de vidéos homosexuelles. L’auteur en a alors conclu que ces résultats pouvaient être interprétés comme l’expression d’une attraction inconsciente ou refoulée pour le même sexe. Mais comme le souligne Boris Cheval, le paramètre de l’excitation physique n’est pas suffisant 12
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Ces travaux intègrent un paramètre inédit : les processus impulsifs.
MÉTHODE « Le degré d’homophobie a été estimé à l’aide d’un questionnaire, explique le chercheur. Nous avons ensuite mesuré pour chaque volontaire l’intensité de son impulsion attractive ou répulsive à la vue d’images homosexuelles et hétérosexuelles. Enfin, nous avons mesuré le temps de regard des étudiants devant les images homosexuelles. Cette dernière donnée fournit une mesure comportementale de l’intérêt sexuel. Nous avons ainsi pu montrer qu’un haut degré d’homophobie et une forte attraction impulsive vers
des stimuli homosexuels permettent de prédire que la personne passera plus de temps à regarder une image à caractère homosexuel que les autres ». Pour Boris Cheval le lien entre homophobie et homosexualité est donc clair mais pas systématique. « Les homophobes vont démontrer un intérêt homosexuel mais uniquement s’ils ont une attraction latente envers l’homosexualité, précise-t-il. Nous ne mettons pas tous le monde dans le même panier. » Comme les autres études qui établissent un pont clair entre homophobie et homosexualité, le dénominateur commun reste le conflit interne entre deux tendances fortement opposées. « Cette dissonance a pour effet de créer une tension et un stress qui engendrent des comportements agressifs vis-à-vis des homosexuels » poursuit le chercheur. Selon lui, il serait donc possible d’imaginer dans le futur des moyens de traiter ces personnes en réduisant ces tensions. 13
ACTU HOMOPHOBIE
une impulsion incontrôlée d’attirance ou de répulsion. Ce processus s’oppose au processus rationnel qui est, quant à lui, conscient et lent. Dans le cadre de notre étude, il correspond au degré d’homophobie ». C’est donc en confrontant ces deux mesures que l’étude a été menée sur 38 étudiants hommes de la faculté de psychologie de Genève.
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CARTON ROUGE Alors que débute l’Euro 2016, l’homophobie dans le football est toujours bien présente. Nathalie Brochard
L
e sport le plus populaire au monde n’est toujours pas ouvert à tout le monde. Il reste un bastion ultra de la masculinité où l’homophobie, le sexisme, le racisme sont revendiqués comme autant de preuves d’une incontestable virilité. D’après une étude commandée en 2012 par le club Paris Foot Gay auprès de 363 joueurs français, l’homophobie serait la principale discrimination dans ce milieu. Ainsi l’homosexualité reste un sujet tabou pour 63 % des professionnels et 74 % des jeunes joueurs. 41 % des footballeurs pros déclarent avoir une opinion hostile aux homosexuels. Afin de lutter contre les stéréotypes, les
initiatives n’ont certes pas manqué. En France, des clubs s’engagent depuis des années pour faire bouger les mentalités à l’instar du Paris Foot Gay qui réunissait hétéros et homos autour du ballon rond ou des Dégommeuses qui entraînent les lesbiennes. Dans la Turquie conservatrice de Recep Tayyip Erdogan, le Sportif Lezbon, né de la fusion entre les équipes de filles Strapon et Elle, vient de rejoindre la Ozgür Lig, une ligue turque alternative supportant la lutte contre le racisme, le nationalisme, l’homophobie et la transphobie. Et si l’engagement sur le terrain est une priorité, côté gradins il y a aussi pas mal de boulot. Édu15
SOCIÉTÉ SPORT
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quer le supporteur lambda constitue un défi que relèvent match après match les Queer Football Fansclubs de Bâle, Berne et Zürich qui combattent les discriminations basées sur l’orientation sexuelle. Enfin, les instances du foot européen sont censées soutenir, à coup de campagnes de communication et de chartes éthiques, la lutte contre les discriminations en tous genres.
SOCIÉTÉ SPORT
COMING OUT Pourtant, à la veille de l’Euro 2016, l’état des lieux n’est guère brillant. À ce jour, combien de joueurs ont-ils osé sortir du placard ? On se souvient du milieu de terrain Robbie Rogers, passé par Leeds United, du défenseur suédois Anton Hysén. Et c’est tout. Parce que dans la tête des personnes concernées, se déclarer ouvertement gay, c’est la mise en touche assurée voire l’exclusion définitive. Certains craignent même pour leur vie. Le suicide de l’Anglais Justin Fashanu en 1998 suite à une campagne homophobe très violente marque encore les esprits. Les arbitres n’échappent pas non plus au harcèlement. Jesus Tomillero, premier arbitre gay d’Espagne, vient de raccrocher crampons et sifflets, « fatigué par tant d’homophobie dans le sport ». Il avoue que depuis son coming out en avril dernier, « chaque jour a été pire. J’ai subi énormément d’insultes sur le terrain y compris de la part d’enfants de 6-7 ans. » Il a même été menacé de sanctions par la fédération s’il portait plainte. Entre l’omerta et l’exclusion, il a préféré partir. En Turquie, Halil Ibrahim Dinçdag avait osé révéler son homosexualité en 2009 ce qui lui avait coûté sa carte d’arbitre de football… et donc la possibilité de travailler. Alors plutôt que de risquer de perdre son job, les gays qui se décident à parler de leurs attirances le font à la retraite comme Olivier Rouyer, l’ancien attaquant de l’AS Nancy-Lorraine, coéquipier de Michel Platini dans les années 70. LASSITUDE Quand, en septembre dernier, l’emblématique club Paris Foot Gay annonçait sa dissolution, une vague de découragement avait submergé les plus militants. « Le combat n’avance plus tellement, même plus du tout », avait alors déclaré sur l’antenne d’Europe 1 Pascal Brethes, co-fondateur de l’association. Celui-ci pointait notamment l’absence de « volonté politique » mais également le laisser-faire des plate-formes Youtube ou Dailymotion en tant que relais massifs de l’homophobie. L’affaire de la vidéo de Serge Aurier, l’arrière droit du PSG, et de son traitement par les dirigeants du club et par les médias est à ce titre très révélateur. En minorant les propos insultants du joueur et en niant leur caractère homophobe, les uns et les autres rendent la discrimination acceptable au prétexte que c’est ordinaire, commun et pas si grave en fin de compte. De quoi dégoûter celles et ceux qui se battent sur le terrain pour que les choses changent. Or comme le constate le psychologue Anthony Mette dans son ouvrage Les homos sortent du vestiaire tant que le foot sera « dirigé par des hommes uniquement, souvent âgés de plus de cinquante ans, qui sont dans une démarche de conservation des valeurs en place », il est peu probable que la stigmatisation des gays disparaisse des stades. 17
SOCIÉTÉ MODE
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Wataru Tominaga est le lauréat du dernier festival de Hyères.
RÉSURRECTION Rarement la mode n’aura été aussi sombre. Dans l’impasse, le secteur n’a aujourd’hui pas d’autre choix que de se réinventer en profondeur pour survivre. Vladimir Ennyday
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Jeremy Scott pour Moschino
John Galliano pour Dior
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les plombs filmé en public. Assis à la terrasse d’un café parisien le 24 février 2011, John Galliano, alors directeur artistique de Christian Dior, profère des insultes racistes et antisémites à ses voisins de table. La maison de luxe ne peut évidemment pas tolérer un tel comportement et le licencie avec effet immédiat. Après la lune de miel, c’est la déconfiture. Pour sa défense, l’extravagant couturier blâme sa consommation d’alcool et de médicaments pour tenir la pression. Aujourd’hui, Galliano se retape une santé grâce à Dieu, grand bien lui fasse.
rouages. Un constat qui s’applique à d’autres secteurs que l’industrie textile… Mais alors, si la mode telle qu’on la connaît s’effondre, à quoi ressemblera la mode de demain ? Jeremy Scott donne un élément de réponse avant tout le monde : connu pour son goût du kitsch white trash, le designer américain est le challenger idéal pour relancer la marque italienne Moschino. Sa première collection automne-hiver dévoilée en février 2014 à Milan rend hommage à l’esthétique rouge et jaune de McDonald’s. Pas très chic, mais très choc et surtout très fun ! Pour la première fois, toutes les pièces et accessoires de la collection sont instantanément disponibles en boutiques. Une révolution qui privilégie l’immédiateté. Son flair fait des émules, notamment avec Burberry et Tom Ford, qui exprime dans un communiqué en février 2016 sa volonté de se rapprocher des besoins de sa clientèle : « Nous vivons avec un calendrier et un système d’un autre âge », déclare-t-il. « Aujourd’hui, une collection doit être disponible immédiatement. Les défilés et leur calendrier tels que nous les connaissons ne fonctionnent plus. Pour y remédier, la solution est simple : présenter nos collections lorsqu’elles arrivent en magasins. Ainsi, le défilé booste les ventes sans délai. » Pendant ce temps-là, les départs des directeurs artistiques emblématiques se succèdent avec fracas. Après Raf Simons
out commence avec la disparition d’Alexander McQueen le 11 février 2010. Promis à une destinée hors du commun versant glam & dark, l’enfant chéri de la mode se suicide à tout juste 40 ans. La perte est brutale, l’hémorragie est vive, son esthétique aux coupes envoûtantes comme des carapaces hante à jamais l’histoire de la mode. Inconsolable, ses adorateurs cherchent les raisons qui ont bien pu pousser l’écorché à commettre l’irréparable. En vain. Son destin scellé trop tôt augure d’une nouvelle ère. D’un coup, le paradoxe du caractère à la fois amnésique et nostalgique de la mode rompt avec ses humeurs romanesques pour mettre en lumière les difficultés d’un secteur constamment sous pression : une collection en chassant une autre, les designers sont soumis à un calendrier épuisant. Les objectifs fixés par les financiers aux commandes sont de plus en plus élevés dans une conjoncture très rude. Le faste et le chic laissent place à une réalité plus sombre et compétitive, reflétant le chaos ambiant, tant au niveau économique que climatique : les saisons devenues imprévisibles jouent de sales tours aux collections jusqu’ici pensées et conçues pour les traverser confortablement. En d e u i l l é p a r l a p e r t e d e McQueen, l’un de ses plus célèbres anciens élèves, le Central Saint Martins College à Londres – LA référence en mode dans les années 90 – voit son autre enfant terrible péter
PROPHÉTIES Au-delà du drame et du fait divers, la mode opère sa véritable mue en profondeur. Une métamorphose qui n’échappe pas à la Néerlandaise Li Edelkoort. Prescriptrice de tendances depuis plus de trente ans et créatrice du magazine Bloom, elle publie en 2015 son Manifeste antifashion, dans lequel elle déconstruit méticuleusement le système de la mode et déclare très sérieusement que cette dernière n’a plus rien à dire. Son analyse démontre le dysfonctionnement de chacun des maillons de la chaîne, des écoles aux designers, mais également la presse et ses divas, les bloggeurs, les collections elles-mêmes. La raison principale ? Les dirigeants – des financiers – qui ne comprennent rien aux subtilités et surtout à la nécessité de tous ces 19
SOCIÉTÉ MODE
Alexander McQueen
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qui annonce qu’il quitte Dior en octobre 2015 après quatre ans de collaboration, Lanvin confirme quelques jours plus tard sa séparation avec Alber Elbaz, mettant fin à quatorze ans d’une idylle fashion unique. Dans une récente interview, le designer d’origine marocaine observe : « On s’imagine que la mode est une fête sans fin, mais c’est faux. J’avais l’impression de glisser vers le business du divertissement et je m’interroge, tout simplement, si c’est vraiment cela à quoi j’aspire ». En avril 2016, c’est Hedi Slimane – le visionnaire sans concession qui avait dessiné l’allure filiforme et rock de l’homme Dior des années 2000 – qui annonce son départ de la maison Saint Laurent après plusieurs semaines de rumeurs et de spéculations. RENOUVEAU Un exode annonciateur de renouveau, à en croire Jean-Pierre Blanc, le directeur de la Villa Noailles et fondateur du festival de mode à Hyères. « J’adore Li Edelkoort, mais je ne supporte pas cette vision apocalyptique. C’est vrai, les temps sont durs, dans la mode aussi. Mais n’estce pas justement quand tout est noir que la créativité triomphe ? Je veux le croire, et c’est une des raisons pour lesquelles le festival existe depuis
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plus de trente ans, pour encourager la jeunesse à continuer sans cesse ». A voir les mines réjouies à la sortie du défilé du concours cette année, cette énergie qui pulse au gré des passages des collections des 10 finalistes et le frisson provoqué par celle du gagnant, le Japonais Wataru Tominaga, on a envie de le croire : la relève est là, prête à tout réinventer et délestée au passage d’un star-system encombrant. Retour à la poésie en petites séries. Comme une fable, quelques semaines plus tard, les nombreuses stars foulant du pied le red carpet du gala du MET – un des rendez-vous de mode les plus attendus de l’année à New York – semblent s’être passé le mot d’ordre, grotesque, pourtant le thème de la soirée est « la mode à l’ère technologique ». Les reines de la provoc ne manquent pas à l’appel. Comme le relève aussitôt la presse internationale, Madonna, Lady Gaga, Beyoncé & Co auront rarement été si mal accoutrées par les couturiers les plus prestigieux. Telles des reliques du passé, elles s’offrent en pâture et sans glamour aux objectifs des photographes. S’il plane sur l’événement ce jour-là un goût d’arsenic et vieilles dentelles, il souffle sur Hyères la promesse de lendemains qui chantent. 21
« J’adore Li Edelkoort, mais je ne supporte pas cette vision apocalyptique. » Jean-Pierre Blanc
SOCIÉTÉ MODE
La prescriptrice de tendance Li Edelkoort
FEVER
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CHAMANISME QUEER
L’ouverture récente à Genève d’une arcade de chamanisme queer nous donne l’occasion de nous pencher sur la question. Esprits cartésiens s’abstenir. Francesca Serra
A
deux pas de la gare, dans cet espace à vocation multiple et super contemporain qu’est Fouund, se niche un petit espace où soigner les énergies. Dans son cabinet, Carine accueille toute personne désireuse de « se redéfinir de l’intérieur, retrouver ou renforcer sa propre vitalité, définir une émotion ». Ame curieuse, à côté de son travail fixe dans le domaine de la presse, Carine a pris le temps, il y a huit ans, d’approcher plusieurs disciplines et surtout, de façon naturelle et sans prosélytisme, de franchir le pas du chamanisme. Une pratique spirituelle ancestrale qui considère que la nature dégage des énergies que l’homme peut capter, si le chamanisme connaît un discret succès en Occident, c’est avant tout grâce au fait qu’il véhicule une conscience et une gratitude envers la nature, la Terre-Mère. Alors que la presse s’entête récemment à pointer
du doigt les dangers et les dérives du chamanisme importé dans nos contrées, Carine Roth nous raconte cette façon d’appréhender l’univers à la fois très simple et magique. Des techniques autrefois controversée comme l’hypnose ont fait aujourd’hui leur entrée dans les hôpitaux comme complément à l’anesthésie, rien n’exclut donc que la médecine traditionnelle n’emprunte un jour des outils chamaniques. 360° : Comment as-tu découvert le chamanisme ? Carine Roth : J’ai l’impression que c’était comme de rentrer à la maison ! Il n’y a jamais eu de composante réellement exotique ou bizarre. Il n’y a pas de dogme, de foi. Le seul postulat est celui d’affirmer l’existence d’autres forces, qu’on peut appeler les esprits. Je trouve toujours très délicat de mettre de mots sur 23
ces expériences. Bien évidemment un certain vocabulaire a été mis sur pied pour s’entendre sur une idée, mais le chamanisme est essentiellement quelque chose qui se vit, sans trop théoriser. Pourquoi parler de chamanisme queer ? Mon étude est ouverte à tout le monde, mais comme je suis queer et intéressée au chamanisme, je trouve que ces deux mondes se rejoignent. Dans mon cabinet on peut discuter et travailler sur des aspects subtils et intimes sans devoir se définir par un genre et surtout sans que l’on essaye de vous en guérir ! Quand on entre dans le chamanisme, on entre dans une qualité de rencontre particulière, il n’y a plus des questions superflues comme celle de se définir selon des statuts sociaux. C’est un retour à l’essentiel !
SOCIÉTÉ TENDANCE
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360° – JUIN 2016 Un des livres le plus célèbre sur le chamanisme est sans doute « Le serpent cosmique » de Jeremy Narby. Tes services, eux, n’ont rien à voir avec l’emploi de substances enthéogènes ? Absolument ! La prise de psychotropes, notamment de la fameuse potion ayahuasca, ne représente qu’une des pratiques possibles. A côté de ma pratique personnelle du chamanisme, j’ai par exemple suivi des cours à la Fondation d’études chamaniques, notamment avec Ulla Straessle. Cette fondation réunit des méthodes clés de différentes traditions chamaniques rendues accessibles pour les gens de la civilisation moderne. En ce qui concerne la littérature sur le sujet, pendant longtemps je n’ai pas voulu me documenter, pour ne pas gâcher mon expérience en prise directe. Cela n’est que plus tard que j’ai lu des livres et retrouvé des choses que j’avais vécues.
J’ai remarqué que, quand tu parles de chamanisme, tu emploies souvent le mot « simple ». Pourquoi ? Le chamanisme est un accès direct à une forme de sagesse. C’est quelque chose de très simple et efficace. La notion de base est que l’homme soit avec et dans le monde et non plus en domination ou coupé de lui. Pour se remettre en lien, il n’est pas forcément nécessaire de méditer pendant des heures, parfois il suffit d’aller en nature. En précisant que le but du travail chamanique est d’être dans le moment présent, bien dans sa vie, non pas de vouloir s’évader dans des univers parallèles. Deux choses encore qualifient le chamanisme à mes yeux : une immense liberté et une grande perméabilité. Pour en savoir plus rendez-vous sur foound.ch
TRANSDESSINÉE par Johanna
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SOCIÉTÉ TENDANCE
Peux-tu nous expliquer comment est-ce que tu travailles en tant que praticienne chamanique ? Le praticien chamanique va faire le voyage dans le monde non ordinaire où il trouve le contact avec des êtres spirituels, les alliés, qui lui transmettent l’énergie et la connaissance nécessaires au travail de guérison. Le praticien n’est finalement qu’un canal et il intervient exclusivement pour une requête spécifique et ne va jamais s’occuper des choses qu’on ne lui a pas expressément demandées. C’est pour cette raison qu’au début de la séance il faut cerner une demande et une intention très claire de la personne en consultation. Ensuite, le travail se fait essentiellement à l’aide du tambour.
Pourrais-tu encore évoquer d’autres pratiques chamaniques accessibles à tous, sans préparation particulière ? Il existe des stages de sudation qui ont lieu dans la nature, où en groupe on construit la hutte et peu à peu on introduit des pierres chauffées selon un certain ordre par des parcours définis selon les quatre portes. Et il y a bien évidemment le cercle des tambours, où on se soigne par le rythme.
PU N K B O Y
CULTURE ARTY SHOW
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Terence Koh aime confronter la pureté du blanc à la dégradation du noir.
L Trublion de la scène arty new-yorkaise, Terence Koh compte parmi les artistes queer les plus sensationnels du moment. Leatherette
e radieux Terence Koh peut facilement être considéré comme le fer de lance du mouvement New Gothic, alliant minimalisme et pureté à une sombre noirceur teintée de profonde mélancolie morbide. Son aura de superstar combinée à un travail rigoureux aux allures de classique incontournable en ont rapidement fait l’une des étoiles les plus cotées au firmament du grand gotha international. L’artiste d’origine chinoise a grandi au Canada et partage à présent son temps entre New York et Berlin, où chacune de ses apparitions de dandy jet-setteur laisse des traces, fréquemment immortalisées par ses comparses Terry Richardson ou Hedi Slimane, entre autres frasques sur tapis rouges. Ses collaborations 26
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avec son altesse Lady Gaga lui ont quant à elles permis de dépasser la sphère artistique à tendance consanguine. Le spectaculaire piano Monster Claw qu’il a créé pour son amie – en duo avec Elton John durant les Grammy Awards – restera longtemps gravé dans les mémoires. Une haie de longs bras noirs sculpturaux séparant les deux duettistes face-à-face surgissent sombrement du double piano en générant un effet des plus surréalistes à tendance franchement lugubre, généralement assez peu de mise dans ce type de grande foire télévisuelle à portée planétaire.Ses performances demeurent toutefois sa carte de visite la plus emblématique, tant elles transportent l’essence des plus grands et sonnent juste. Peu nombreux sont les
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artistes contemporains de la jeune génération qui peuvent se targuer de proposer une œuvre performative dans la lignée de leurs mentors sans pour autant rempiler tout bêtement à l’identique. TRUBLION ONIRIQUE Terence Koh possède très certainement un atout spécifique : sa vision de l’Asie ritualisée est à la fois légitime et transcendée. Enfant, il assiste à des cérémonies bouddhistes dans la communauté chinoise de l’Ontario, où il a grandi. Son interprétation de ces rituels à travers sa vision schématique enfantine est restée profondément marquée par l’utilisation de la couleur noire alternée à la couleur blanche lors de ces événements et plus spécialement lors de funérailles.
Un déclic indélébile qu’il a transposé radicalement dans son œuvre. Sa performance la plus célèbre se réfère à la pénitence monastique et en propose une version onirique et hypnotique. Interminablement, Koh, tout de blanc vêtu, visage grimé, contourne un gigantesque amas de poudre blanche de forme conique en avançant lentement et méthodiquement à genoux. Le public l’entoure, silencieux et conquis. La performance peut durer indéfiniment tel un sacerdoce fantômatique catapulté dans les meilleures galeries du monde. Une œuvre plus grinçante à la limite de la pure joke a elle aussi fait couler beaucoup d’encre, durant Art Basel 2013. Terence Koh a produit pour la grand messe du marché de l’art un bel étron plaqué or 24 carats. 27
La crotte en question étant sa propre défécation – une tradition porte-bonheur en provenance du Japon doublée d’une référence directe à la célèbre Merde d’artiste de Piero Manzoni – Koh a tout de même réussi l’exploit de se la faire acheter à plus de 500 000 dollars par un collectionneur averti. Inutile de préciser que cette anecdote a fait la une de plusieurs grands journaux et que le buzz autour de l’artiste s’est enflammé précisément à partir de ce moment. Dans la grande tradition de Koons ou de Warhol, Koh a fait son entrée dans la cour des grands en jetant un pavé dans la mare au beau milieu d’Art Basel. Ayant souvent été invité en Suisse, son exposition de 2015 à la Kunsthalle de Zürich en dit long sur son gracieux univers fantasmagorique parsemé
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Une des créations de Terence Koh pour la nouvelle reine de la pop
de vertiges cosmiques. A l’entrée, le visiteur est accueilli par une tête blanche suspendue à l’envers, un autoportrait de l’artiste qui évoque des œuvres très similaires de l’américain Bruce Naumann. La deuxième salle abrite deux gigantesques tours blanches, hommage simultané aux tours de Manhattan et aux montagnes suisses. Elles sont réalisées avec une tonne de chocolat blanc et du sucre en poudre. Le blanc du sucre atteint une intensité particulière, violemment éblouissante. En traversant la salle, les visiteurs font voleter la poudre blanche, provoquant une sorte de brouillard vaporeux sur leurs pas. Plus loin sont regroupées 1200 vitrines de verre qui évoquent des sculptures minimalistes, à l’intérieur desquelles des moulages blancs reproduisent sobrement toutes sortes de petits fragments de souvenirs kitsch
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récoltés à travers le monde, apportant une touche baroque et plus incarnée – quoique figée – aux vitrines glaciales éclairées au néon. La dernière salle abrite deux immenses sphères blanches suspendues qui se frôlent en diffusant une pâle lumière blanche proche de l’au-delà, procurant une sensation mystique quasiment palpable. Terence Koh aime de surcroît à confronter la blanche pureté de l’immaculé à la dégradation noirâtre. Dans les vitrines de la Kunsthalle, certaines pièces sont brisées et il en a aussi gentiment profité pour inviter quelques insectes à s’installer le temps de l’exposition, notamment des araignées afin qu’elles tissent des toiles à foison, sans oublier deux perroquets albinos pour qu’ils souillent méticuleusement le sol. Paradoxal et envoûtant, l’univers monochrome de 29
Koh virevolte du blanc au noir sans jamais passer par le gris. Entre Ying et Yang et calligraphie, son langage contient toujours un peu de ces deux éléments, parfois dans le sens inverse de l’exposition zurichoise, comme à Londres pour Saatchi, où le noir absolu domine, cependant envasé dans un espace de type white cube. Il arrive aussi à celui que l’on surnomme Asian Punkboy de dessiner (dans le style bad drawing), de publier des fanzines et surtout de beaucoup aimer faire la fête, ses vernissages étant réputés pour être the place to be. Il y reçoit généralement tout de blanc vêtu, of course. À voir : sa vidéo 88 PEARLS et son site : nothingtoodoo.com
CULTURE ARTYSHOW
Ses collaborations avec Lady Gaga lui ont permis de dépasser la sphère artistique à tendance consanguine.
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CULTURE MUSIQUE
É.POP.ÉE CLAIR-OBSCUR
Anohni aborde dans « Hopelessness » de nombreuses questions d'actualité.
Anohni livre un premier album solo dont la veine mélodique sublime est un outil de résistance et d’engagement politique. Jonas Pulver
N
©Alice O'Malley
aomi Campbell, en larmes. Corps-symbole, plastique idéale, traversée par la complainte d’un monde fracturé. Un murmure lui monte aux lèvres, mais cette voix n’est pas la sienne. Cette voix d’outre-genre, trémulante, charnelle, c’est celle d’Anohni, anciennement Antony (and the Johnsons). L’artiste queer transgenre signe un premier album solo qui bouleverse, Hopelessness, et convoque Naomi Campbell pour la vidéo de son titre-fleuve Drone bomb me. Le top modèle s’y dresse tel un instrument, un média, une arme de propagande. Peut-on brandir la plus belle femme du monde pour évoquer la violence automatisée et l’immoralité des actions américaines au Moyen Orient ? Anohni est en guerre, et la pop-culture est son
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360° – JUIN 2016 V GA AU PO OS GN MO UR BIL EZ NT AN LET VO RE OH S S E UX N I CO NV JA O OR Y @ C ZZ MA O D E GA NC ON Z O ZI U NÉ NE RS ES 36 À 0. CH
« Hopelessness » n’a rien d’un album désespéré.
©Alice O'Malley
front. Ses frappes, stratégiques, musicales, esthétiques, agissent par déflagration. Hopelessness est une œuvre de résistance, lacrymogène et magistrale. Cet été, Anohni fera campagne sur la scène de l’Auditorium Stravinski, aux premières lignes du Montreux Jazz Festival. L’une des tactiques de l'album, c’est de répondre à la robotique assassine et la lâcheté politique par la technicité du beat et la profondeur des basses. Le producteur Hudson Mohawke, grand équipementier de Kanye West, y déploie une artillerie à longue portée, à la fois ample, agile et dynamique. Des tracks comme Drone Bomb Me ou 4 Degrees affirment des fuselages richement galvanisés, conçus pour subjuguer, et pilonner le dancefloor.
actualisée du capitalisme tardif. « I’m sorry », chante-telle de l’intérieur dans le titre Crisis, exacte incarnation de cette responsabilité qui coule en chacun-e d’entre nous, à la manière d’un venin mélodique addictif et génial. En tant que contribuable au budget américain, « moi aussi je paie pour ces drones », dit Anohni en interview. Hopelessness, pourtant, n’a rien d’un album désespéré. Son principe est celui de la transformation : abandonner les sirènes de l’espoir, dans les mots d’Anohni, ne tient pas du récit d’aliénation. Au contraire, c’est un mouvement de libération. Non plus attendre, mais dire, chanter, agir : « Plus je vieillis, plus j’ai le sentiment que nous n’avons plus rien à perdre », disait-elle récemment à la radio NPR. Elle évoquait, ce faisant, la figure du danseur de butoh japonais Kazuo Ono. Celui-ci lui a appris, relate Anohni, comment danser dans les ruines pour pour esthétiser l’inimaginable (en l’occurrence les atrocités de la Seconde Guerre mondiale). « S’emparer de la lumière noire qui habite chaque molécule de souffrance », et la réfracter à la surface du geste créatif. Hopelessness étire des ombres éblouissantes.
POLYPHONIE La voix d’Anohni, sensuelle et prophétique, y circule avec l’onctuosité du gospel et l’intensité du shaman. Oui, il y a tout au long des onze tracks de Hopelessness quelque chose de la procession, de la prière, de la cérémonie vaudoue. Tout, ici, est prophétie implacable et jeu de possession. Depuis les mammifères marins asphyxiés par les matières plastiques jusqu'aux détenus torturés de Guantanamo. Depuis Bradley Manning, pythie reniée, humiliée et brisée par le système qu’elle a eu l'audace de mettre face à lui-même, jusqu’à Barack Obama en personne, figure déceptive et décevante qui révèle sa vacuité de totem. Toutes ces voix habitent celle d’Anohni, dont l’extrême musicalité est consciemment élaborée comme un outil de dénonciation. Anohni elle-même ne s’exclut pas de cette polyphonie, celle du néo-impérialisme et du cynisme clinique qui caractérisent l’ère sans cesse
Anohni, Hopelessness. Disponible. Anohni au Montreux Jazz Festival le 1er juillet à l’Auditorium Stravinski avec Air en deuxième partie. montreuxjazzfestival.com
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CULTURE MUSIQUE
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LA TRAQUE Avec « Elle », le sulfureux réalisateur Paul Verhoeven nous plonge dans la réalité tordue d’un audacieux thriller noir et dingue.
CULTURE CINÉMA
Edmée Cuttat
Isabelle Huppert parfaite dans le rôle de Michèle
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bsent des écrans depuis Black Book, en 2006, Paul Verhoeven, le réalisateur de Basic Instinct qui avait carrément mythifié Sharon Stone il y a vingt-quatre ans, revient avec Elle, son quinzième long-métrage, porté par Isabelle Huppert. Adaptation de Oh, de Philippe Djian, le film raconte l’histoire de Michèle, chef d’entreprise de jeux vidéo. Sans états d’âme, autoritaire, elle gère tout, sa vie sentimentale et ses affaires d’une main de fer. Et puis un jour elle se fait violer dans sa maison par un mystérieux agresseur masqué. Mais chassant le traumatisme, elle décide de ne pas subir, de ne pas s’effondrer, de ne pas se comporter en victime. Inébranlable, elle se met à traquer son violeur en retour. Un jeu étrange et dangereux s’installe alors entre eux, qui risque de déra-
per à tout moment. Pour incarner Michèle, une héroïne dont il aime la force, la complexité, la personnalité et le caractère définis par ses actes et les relations qu’elle entretient avec les autres, Paul Verhoeven ne pouvait pas mieux choisir qu’Isabelle Huppert. Comme d’habitude gage de qualité d’un film, elle se révèle parfaite dans le portrait de cette grande bourgeoise au passé trouble, ni vraiment cynique, ni vraiment froide, mais déterminée et en contrôle, passant de l’état d’objet à celui de sujet, donc de prédatrice. Autour d’elle, dans un casting entièrement français, on trouve notamment Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling. Sans oublier Virginie Efira dans un petit rôle, mais bluffante de crédibilité en grenouille de bénitier se dissimulant derrière 32
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un sourire de façade. Provocant, sulfureux, transgressif, attiré par la violence et l’ambiguité, Paul Verhoeven nous plonge dans une histoire dingue, une réalité tordue avec ce thriller psychologique noir, féroce, audacieux, où règnent sado-masochisme, vengeance et paranoïa de personnages à la fois pervers et névrosés. Paul Verhoeven a déclaré qu’il voyait un parallèle entre Elle et l’un de ses films préférés, Belle de jour de Luis Bunuel, évoquant l’histoire d’une femme riche (interprétée par la sublime Catherine Deneuve) qui décide de se prostituer parce qu’elle s’ennuie : « Il y a quelque chose de Belle de jour dans Elle, car mon film aborde aussi des comportements jugés immoraux ou anormaux en les traitant comme s’ils étaient normaux. » Sorti le 25 mai
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DÉSIR & JALOUSIE Ralph Fiennes et Tilda Swinton sous le soleil de Pantelleria
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n lieu paradisiaque, une maison sublime dans les fleurs et la verdure, un grand bassin bleu. Le rêve pour la rock star Marianne Lane, interdite de parole à la suite d’une extinction de voix et qui est venue, avec son amoureux Paul, se reposer les cordes vocales dans l’île sicilienne de Pantelleria. Mais finies l’harmonie, la tranquillité et la langueur de l’été, quand débarquent à l’improviste son exubérant producteur Harry et sa fille Pénélope. Une visite qui s’annonce comme une menace. Autrefois son amant, Harry veut reconquérir Marianne, qu’il avait imprudemment poussée dans les bras de Paul… A Bigger Splash, signé de l’Italien Luca Guadagnino, est un remake de La piscine de Jacques Deray, un petit chef d’œuvre mettant alors en scène le couple aussi mythique que magnétique Alain Delon/ Romy Schneider, que venait déranger le très charismatique Maurice Ronet, accompagné de la gracile et nonchalante Jane Birkin. Pour son adaptation actualisée, le cinéaste a fait appel à Tilda Swinton, Matthias
Schoenaerts, Ralph Fiennes et Dakota Johnson. Un choix honorable. Cherchant trop l’effet dans une mise en scène désincarnée, le réalisateur tente, sans vraiment y parvenir, le mélange de tension érotique et de suspense psychologique autour de la piscine. A l’image de Jacques Deray, il veut ainsi impliquer dans un jeu de désir, de jalousie et de vengeance, la star de la musique quasi muette, son nouvel amant gigolo sur les bords, son ex envahissant, outrancier, cabotin, frénétique jusqu’à l’hystérie et sa progéniture ravissante mais un peu là où on la pose. Luca Guadagnino, à qui on reconnaît un style, assume certes le côté kitsch et frivole de son œuvre. Mais en dépit de la fidélité dans le déroulement de l’action, force est de constater que la copie n’est pas vraiment à la hauteur de l’original, huis-clos plus sensuel, trouble et ambigu. Reste la beauté de Pantelleria, que le cinéaste nous fait un peu visiter en promenant ses comédiens. Et pour le coup l’île des stars n’a rien à envier à Saint-Tropez. EC Sortie le 15 juin.
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CULTURE CINÉMA
L’Italien Luca Guadagnino propose avec « A bigger Splash » un remake de « La piscine ». D’un kitsch assumé.
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Cette production de la RTBF a été acheté par la RTS.
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100% BELGE CULTURE SÉRIE
« La Trêve », une série noire en dix épisodes. Anne Rollat
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epuis pas mal de temps, les fictions des chaînes du service public belge étaient à la traîne. Pour y remédier, en 2013, la RTBF et le gouvernement de la Communauté française (la Wallonie et Bruxelles) décident de financer et de développer une industrie de production de séries de qualité, susceptibles d’être exportées. La trêve, (achetée par la RTS et par France 2) devient ainsi la première série 100 % belge conçue par des jeunes créateurs venus du cinéma. Clairement influencés par Broadchurch, Fargo ou True detective, ils campent leur décor dans un petit village des Ardennes. C’est là qu’un jeune footballeur d’origine africaine est retrouvé mort. Si tous les indices mènent d’abord au suicide, un policier tout juste arrivé de Bruxelles ne tarde pas à découvrir qu’il s’agit d’un meurtre. Entre la lumière des paysages et la noirceur des personnages, un cauchemar éveillé s’installe au fur et à mesure des épisodes. On découvre des secrets toujours plus tordus, des perversités toujours plus glauques, on se dit que ça fait beaucoup. Et pourtant ça marche. Avec cet essai gagnant, les projets ont afflué en Belgique. Si bien que l’on peut déjà suivre Ennemi public ou comment Guy Béranger a obtenu sa libération conditionnelle après des actes atroces sur des enfants. Une affaire qui n’est pas sans rappeler le traumatisme de l’affaire Dutroux. Huit autres histoires sont d’ores et déjà en cours de production, c’est dire si la Belgique se donne les moyens de ses ambitions. On se prend à rêver que la RTS voit aussi grand que le plat pays. Actuellement le vendredi sur RTS 1 et en replay sur RTS.ch 35
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WANTED
l aura fallu six ans à Garth R. Hallberg pour écrire City on Fire, roman fleuve s’il en est (près de 1000 pages), et, pour la petite histoire, le livre le plus cher du monde à ce jour, les éditions Knopf ayant déboursé deux millions de dollars pour en obtenir les droits. L’histoire débute en plein cœur du New York des années 70 rongé par les crimes et le chômage. Une jeune fille, Sam, est sauvagement attaquée dans le Sud de Central Park. Le ton est donné pour cette intrigue aux personnages hauts en couleur : Charlie, l’adolescent banlieusard de Long Island, ami de Sam, comme elle aimanté par l’irrévérence et la vitalité du monde punk ; William, héritier en rupture de la riche dynastie new-yorkaise des HamiltonSweeney, ancien musicien punk, désormais artiste plasticien ; Mercer, l’amant noir de William, aspirant romancier débarqué deux ans plus tôt de sa Géorgie natale ; Regan, la sœur de William, et Keith, son mari volage ; et tant d’autres encore... Au sein de ce roman choral, leurs histoires s’entremêlent et nous entraînent dans les recoins les plus infimes de la ville de New York, qui est en fait la véritable héroïne de ce livre. En dépit de sa structure très architecturée (sept chapitres, séparés par des interludes de formes diverses, extraits de journal, lettre manuscrite d’un père à son fils, pages arrachées à un fanzine d’adolescent... qui sont autant de points de vue sur l’époque), en dépit de l’ampleur du casting (certaines critiques parlent d’un roman saturé de personnages) et de l’atmosphère très seventies dans laquelle baignent les intrigues, et en dépit de sa longueur, on avale plus que volontiers ce roman très contemporain d’une traite et sans aucune sensation d’effort ou de lassitude... Plon
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OLIVIER DOUZOU BUFFALO BELLE
n images et en mots, Olivier Douzou nous offre avec Buffalo Belle, un exercice de style fascinant sur les ambiguïtés du genre sexuel. L-a-e lectrice-eur est immédiatement happé-e par une création verbale et visuelle mettant en scène un enfant à la recherche de son identité sexuelle, et qui, à l’évidence, transcende largement toute intention, même de genre. Insérés en gras dans le corps de la narration versifiée, les syllabes il et elle se trouvent inversées dans tous les mots. Ce jeu de l’inversion, dont les implications symboliques n’ont rien de mécanique, devient rapidement un plus et l’on adhère alors aisément à ce texte neuf, progressant pas à pas dans un récit de vie minimaliste dont l’intensité s’affirme à mesure que l’âge de l’enfant évolue. En jouant sur les rimes en il/elle, l’auteur fait ainsi glisser le régime binaire de l’opposition masculin/féminin, vers la fusion essentielle de l’être. De l’être libre. « Je suis ce que je suis, je serai ce que je veux. » dit Buffalo Belle…Superbement simple et intelligent, illustré de traits de crayon noir, gras, rugueux, comme un défi à la maladresse ou au défaut de justesse, ce petit livre est à mettre absolument entre toutes les mains ! Ed. Rouergue
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CULTURE LIVRES
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GARTH RISK HALLBERG CITY ON FIRE
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OFFRE D’EMPLOI DIALOGAI, association homosexuelle et antenne de l’Aide Suisse contre le Sida, recherche, pour son centre médical Checkpoint Genève, un ou une secrétaire médical.e à 40 %. DESCRIPTIF DU POSTE – Assurer l’accueil et la prise en charge des patients – Répondre au téléphone – Gérer l’agenda de l’équipe et des consultations – Assurer le stock de matériel médical et de dépistage – Tenir la caisse – Réaliser la facturation – Assurer le fonctionnement du système informatique APTITUDES – Esprit jeune et dynamique – Etre organisé.e, curieux.se, persuasif.ve et décidé.e – Etre très réactif.ve – Etre patient.e, aimer enseigner – Avoir des horaires flexibles – Etre à l’aise avec le corps médical, avoir le sens du contact et du secret médical, savoir parler devant un public averti
– Parfaite maîtrise des outils informatiques usuels et TARMED – Maîtrise de l’orthographe et de la terminologie médicale irréprochable – Vous êtes de nature accueillante, aimant travailler en équipe et bénéficiant d’un excellent sens des priorités Si vous correspondez au profil requis, n’hésitez pas à nous faire parvenir votre dossier complet (CV, certificats de travail, diplôme) à : Dialogai Direction Case postale 69 1211 Genève 21 direction@dialogai.org Délai de postulation : 10 juin 2016
EXIGENCES – Diplôme de secrétaire médical.e – 3 ans minimum d’expérience professionnelle dans le domaine médical – Maitrise de l’anglais indispensable
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JUNGLE Le retour des célébrissimes soirées s’annonce tropical.
Plus d’informations sur gay-party.com et 360.ch/gaymap Steven Redant fera bouger le MOA le 2 juillet.
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GAYMAP GROS PLAN
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’est une nouvelle que les amateurs de soirées gays vont apprécier. Les mythiques Jungle sont de retour sur sol genevois. Ces soirées qui ont fait battre pendant longtemps le cœur des nuits lausannoises installeront leurs quartiers de manière récurrente dans les méandres du Moa Club. La salle située dans la zone industrielle de Vernier vient de s’offrir un petit coup de jeune. C’est donc dans un écrin totalement repensé que les plus motivés d’entre nous iront shaker leur booty dès le 2 juillet sur le dancefloor. De quoi remplir l’agenda des soirées gay genevoise. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, cette soirée sera également la pré-party du Circuit Festival de Barcelone avec Steven Redant aux platines. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais mon petit doigt m’a dit qu’il allait y faire très chaud. HS
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DEVENIR SOI
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Joy Falquet est meneuse de revue de la Garçonnière. Portrait d’une femme touchante et d’une artiste fantasque. Alan Monnat
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TYROLIENNE À PARIS Joy est d’une extrême féminité. Elle est « très sensible, chiante, et généreuse », avec « un caractère de dragon ». Elle se passionne d’art, des créations de mode et de spectacle, de beauté. Sur scène, elle incarne de nombreux personnages, en veillant toujours à demeurer « classe et jolie ». Pourtant, c’est sous les traits d’une Tyrolienne décalée et coquine que le grand public l’a découverte, lors de La France a un incroyable talent. « C’est eux qui ont insisté pour que je fasse la Tyrolienne, moi je voulais faire un hommage à Annie Girardot, mais c’était pas assez
grand public. » Énorme buzz et pourtant, élimination, au grand dam de deux membres du jury. Finalement, on la rappelle : « On s’est trompé, on est en train de passer à côté de quelque chose d’hallucinant. » Lors de son deuxième passage, en demi-finale, elle imposera son hommage à Annie Girardot, une prestation touchante qui, à la surprise d’Anthony Kavanagh, rendra l’audience muette, pour la première fois de l’émission. « Je ne voulais pas aller en finale. Je voulais juste qu’on voie de quoi j’étais capable. Et de toute façon, la finale, je l’aurais pas gagnée : il y avait un chien et une gamine ! » Avalanche de demandes d’amis sur Facebook, de messages et de courriels de soutien, des compliments. La reconnaissance, essentielle pour celle qui avoue manquer cruellement de confiance en elle. À cinquante ans, l’avenir, comment le voit-elle ? Elle a plein d’idées en tête : devenir chroniqueuse, collaborer avec Pierre Palmade, ou même animer une émission de voyance… Car l’avenir, Joy, elle le voit aussi dans les cartes. L’artiste est « très » croyante, mystique. Elle lit Les accords toltèques et Eckhart Tolle, parle à Dieu. Sa transformation n’est pas superficielle, elle cherche à se découvrir, à comprendre, à évoluer, en profondeur. Elle sait qu’elle dérange parfois, et s’en moque. Son téléphone sonne. Elle décroche. Une amie la prévient des railleries dont elle a été victime. Elle la rassure « Te fais pas de soucis, chounette, je te rappelle tout à l’heure. On sait ce qu’on vaut. Les gens pensent ce qu’ils veulent, moi j’en ai rien à carrer. »
PUCES, GAMBAS ET GAZON Joy adore les marchés aux puces et le seconde main. Elle se rend souvent dans la boutique de sa sœur La Trouvaille, rue de la Mairie à Genève. « On y trouve toujours des trucs extraordinaires. » Pour boire un verre (sans alcool pour elle) ou se restaurer, elle conseille Le café de l’Amitié ou Le Furet, pour la décoration simple et chaleureuse. Des endroits conviviaux… et les gambas à gogo ! « Donnez-moi un peu d’herbe, quelques arbres et je suis contente », comme dans le parc des Eaux-Vives. Y aller avec des amis ou seules, lire ou se balader. « J’aime pas les trucs trop chichi pompon. Non, j’aime ce qui est simple. » Joy se produira le vendredi 24 juin à la Pride de Fribourg dès 17h.
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ur scène, elle est Cristina Cordula, Line Renaud ou Sylvie Vartan. Elle incarne parfois même une Tyrolienne burlesque et coquine, celle qui a fait le buzz dans La France a un incroyable talent. C’est un personnage qui n’a pas froid aux yeux. Contraste : En face de moi, une femme pudique, qui prendra quelques minutes avant d’oser partager un regard. Les tabourets sont sur le bar, le champagne au frais, d’ici quelques heures Joy Falquet montera sur les planches de La Garçonnière, le cabaret genevois où elle se produit chaque soir de la semaine (dimanche et lundi exceptés), et dont elle est la meneuse de revue. C’est une grande dame, élégante, dans ses gestes et son maintien, sa voix rauque et la fumée de ses Vogue. Pourtant, elle est née homme, comme son frère; sa sœur à présent. « Je ne peux pas parler de ma transformation sans évoquer celle de ma sœur », confie-t-elle, « c’est elle qui l’a fait la première. » Très vite, les faux jumeaux ont aimé se déguiser et se maquiller, jouer à la poupée. Enfants, ils présentaient des spectacles à leurs voisins ou s’habillaient en fille pour défiler à l’Escalade. C’est ensemble également qu’ils ont remporté le tremplin au Joker, leur première représentation en transformistes. « Moi ça m’allait très bien de me travestir le soir et de redevenir un homme la journée », raconte Joy, « Nadia, elle, est né pour être une femme. » Elles font de nombreux spectacles, connus sous le nom Les jumelles, au Joker, à La Toison d’Or. « On était les seules jumelles à part les Kessler du Lido. » Sa sœur se fait opérer très tôt. « Nadia est plus transsexuelle que moi, c’est comme ça, mais voilà, je suis moi, je suis Joy. » Nadia a tourné rapidement le dos à la scène, au spectacle. Joy a persévéré. De ses mots, « elle est née pour ça ». Elle se souvient de sa première visite dans une boîte, entrée en douce : « J’ai trouvé les artistes magnifiques. Je me disais, ce n’est pas possible, ce ne sont pas des hommes.» Sa transformation, pas une renaissance, mais une continuité. Elle se fait opérer à 35 ans, plusieurs années après sa sœur. « Un ami m’a demandé, tu es un homme ou une femme ? Et moi, je sentais qu’il fallait que j’aille au bout de ma démarche. Il m’était insupportable de penser que sur ma tombe allait apparaître mon nom de garçon. »
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GAYMAP SORTIES
ALLÉLUIA A Bâle, « La Messe » est dite avec de nouvelles soirées orientées Techno pure et dure.
Kevin Shala est l’instigateur du projet.
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oilà quelques années déjà qu’une véritable culture Techno s’est établie à Bâle. Des grands noms de la scène s’y produisent régulièrement, et ce n’est semble-t-il pas prêt de s’arrêter. Ceci est d’autant plus vrai que la cité Rhénane a vu récemment exploser de nouvelles soirées récurrentes intitulées : La Messe. Les amateurs de musique pointue et de soirées qui fleurent bon les hormones seront ravis. Exit les flatteries musicales mainstream ! A La Messe, on veut vivre la culture Techno de toute sa chair. Organisée au Club Borderline de Bâle La Messe est une soirée qui évoque l’Ostgut de Berlin ou le Labyrinth de Zurich, notamment par son cadre sobre, vaste et sombre. Ici pas d’éruptions lumineuses aveuglantes, pas de fleurs artificielles ni
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de diffuseurs de parfums. La Messe veut faire revivre les libertés étouffées. Danser comme une libération, danser en cuir, en latex ou juste en jock, pas de dresscode, juste la réalité des corps. On y trouve aussi une darkroom bien sûr, et les téléphones portables sont strictement interdits. L’attraction lors de ce grand raout du dancefloor ce ne sont pas les gogodancers, mais bien les danseurs eux-mêmes. La Messe ne veut pas de spectateurs, mais des participants, des acteurs. C’est là que la soirée joue avec son nom, qui évoque à la fois une procession conventionnelle et (dans son acception allemande) une exposition de nouveautés. La soirée n’est pas uniquement pour le public gay, elle ouvre ses portes à tous. Avec les deux premières éditions de La
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Messe, son initiateur Kevin Shala a réussi son pari, non seulement musicalement mais également du point de vue du concept général. Il a réussi à offrir un renouveau très attendu à la scène nocturne bâloise (et suisse). A l’avenir les soirées auront lieu tous les mois. La prochaine édition se déroulera durant ArtBasel (le 17 juin), il n’est donc guère étonnant que la soirée se tournera vers l’art. En plus de la musique, on y verra des performances (spectacle de bondage), et avec des DJs comme Boris (Ostgut Ton, résident du Berghain) et Ekserd (Ressort Imprint). La Messe, le 17 juin Club Borderline de Bâle. Plus d’infos sur 360.ch/gaymap lamesse.ch
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ÉTAT DE CRISE
SUR LA PISTE GRRRRR On les adore et vous allez les adorer : les plus petites des grandes soirées 360°. Désormais incontournable la prochaine 36gr aura lieu le 11 juin à La Gravière. Merci FEVER.
Une exposition à Carouge explore notre rapport à l’Europe.
FIERTÉ
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critique des scénarios absurdes et des nouveaux récits donnant naissance à des personnages abâtardi portant la marque de fabrique de leurs créateurs : violence ludique et perversité impassible. Le jour du vernissage sera aussi celui du vote sur le Brexit (le 23 juin) alors que l’Autriche a échappé de peu a un président d’extrêmedroite… Une exposition qui prend avec justesse le pouls de ce monde de fous ! lafonderie.ch
ENCORE PLUS Et pour les amateurs de prolongations en cette saison d’Eurofoot, on vous rappelle que toute l’équipe des GameBoy vous attend tous les dimanches au MAD. Le meilleur des soirées LGBT sur 360.ch/gaymap
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GAYMAP SORTIES
essin, peinture, collage, sculpture et video-performances sont mis au profit de l’actualité brûlante d’une Europe qui se délite par Gabriel Mulvey (CH), Paul Kindersley (GB) et Paul Coombs (GB) à la Fonderie de Carouge jusqu’au 8 juillet. Crise économique, crise migratoire, crise politique ou encore crise démocratique sont autant de thématiques qui seront explorées par les trois comparses. Ces derniers ont élaboré sur cet instant
©Paul Coombs
La soirée officielle de la Pride c’est le 25 juin au Fri-son. Fribourg accueillera notamment la délicieuse Solange la Frange et la lyonnaise survoltée Chantal La Nuit.
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360 FEVER, DANS LA CROUPE DU CROUPIER @THEATRE PITOËFF PHOTOS : IRINA POPA
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PROPHYLAXIE POST-EXPOSITION
Je suis un homme gay de 35 ans et j’ai eu un rapport sexuel non-protégé (pénétration anale avec éjaculation) avec un homme dont j’ignore le statut sérologique. J’ai entendu dire qu’il existait un traitement d’urgence pour ne pas contracter le VIH, qu’en est-il ? Vos informations sont exactes, il existe un traitement d’urgence appelé prophylaxie post-exposition (PEP) qui permet de limiter fortement le risque de contracter le VIH suite à un rapport sexuel non protégé. Toutefois, uniquement délivrée sur ordonnance, pour être efficace la PEP doit débuter dans les 48 heures (au plus tard 72h) suivant le rapport à risque et être prise durant un mois. Ce traitement
trithérapeutique peut générer des effets indésirables durant les premiers temps, mais est efficace contre la transmission du VIH dans presque 100 % des cas si il est pris dans les délais. À noter que, si vous vivez en Suisse, la PEP est remboursée par l’assurance maladie de base (LAMal). A Genève, la PEP peut notamment être demandée aux urgences des HUG et au CHUV, ainsi que dans les Checkpoint (voir contacts sur infotestvih.ch) et est uniquement prescrite dans le cadre d’un entretien médical. Afin d’être prise à bon escient, la décision du médecin de prescrire la PEP dépendra en effet de différents critères examinés : le/ la partenaire avec qui vous avez eu ce rapport non protégé est-elle
considérée comme vulnérable au VIH ? (homme ayant des relations avec des hommes, personne issue de pays à haute prévalence de VIH, personne usagère de drogues, etc.) et l’exposition est-elle avérée ? (nature du rapport, saignement, non-circoncision…) Dans tous les cas, il est conseillé de consulter un médecin sans tarder. La PEP est une mesure d’urgence uniquement, ne protège pas des autres infections sexuellement transmissibles et ne se substitue pas aux règles du safer sex. Consultez InfotestVIH pour trouver le centre le plus proche de chez vous : www.infotestvih.ch
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GAYMAP SANTÉ
Chaque mois, nous répondons à une de vos questions en matière de santé.
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POUR VOS SOIRÉES VENDREDI 3 JUIN LAUSANNE Chic Club La Mala Educación, DJ Valli V, 23h + pre-party au GT’s dès 19h BERNE Frauenraum Tanzbar meets Popshop (girls only) 20h
GAYMAP AGENDAS
SAMEDI 4 JUIN GENÈVE Les Vilains Garçons Sausage Party @Cave des Vollandes, 23h LAUSANNE GT’s Disco Party, 21h BERNE Du Théâtre Harry, avec DJ Zach Burns, David Marquez, 23h BÂLE Jägerhalle OK Sébastien, 23h ZURICH Stairs Club Inside. 23h DIMANCHE 5 JUIN LAUSANNE GameBoy @MAD, DJ Extasia, 23h TESSIN Imbarco Immediato Sunday’s Happy Gays @Beach, Ascona. 18h30
JEUDI 9 JUIN BERNE Frauenraum Barometer, 21h VENDREDI 10 JUIN ZURICH Alte Kaserne Revolver Pride Party, 23h Heaven Club Opening Pride Party, 23h SAMEDI 11 JUIN GENÈVE La Gravière 36gr. par 360°Fever dès 19h ZURICH Alte Kaserne Girlie Circuit Party (girls only), 22h Kaufleuten Team For Love, The Official Zurich Pride Party. 23h DIMANCHE 12 JUIN LAUSANNE GameBoy @MAD, avec DJ Soren Luka, 23h VENDREDI 17 JUIN LUCERNE Loft Club Frigay Night, 23h BÂLE Borderline La Messe, 23h
SAMEDI 18 JUIN LAUSANNE GT’s Le Petit Cabaret, 19h BERNE Gaskessel Bloc Party, 23h ZURICH Alte Kaserne Matinée World Tour, 23h DIMANCHE 19 JUIN LAUSANNE GameBoy @MAD, avec DJ Gaëtan Leroy, 23h SAMEDI 25 JUIN FRIBOURG Fri-son Soirée officielle Pride 2016, 23h BERNE Frauenraum End of Season Party, 22h DIMANCHE 26 JUIN LAUSANNE GameBoy @MAD, avec DJ Alan Taylor, 23h SAMEDI 2 JUILLET GENÈVE MOA Club Jungle Gay Party, le retour!
DEVERGONDAGES VENDREDI 3 JUIN LAUSANNE Pink Beach Grizzly Night (bears and friends), 20h Trafick En Travelo, 19h BERNE Aqualis Sneakers or Underwear, 23h ZURICH Rage Fuck This! (sportswear), 22h SAMEDI 4 JUIN GENÈVE Bains de l’Est QNu (naked), 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h ZURICH Rage Piss-off (yellow), 22h DIMANCHE 5 JUIN LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h ZURICH Rage Mega Nackt Party, 20h VENDREDI 10 JUIN GENÈVE Cruising Canyon Air X Night (fetish), 22h LAUSANNE Pink Beach No Limit (naked), 20h Trafick Mega Bear Night, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h
ZURICH Rage Kick-off ! (sportswear), 22h SAMEDI 11 JUIN LAUSANNE Trafick Orgie Romaine, 21h ZURICH Rage Xperience Cruze (full fetish and sportswear), 22h DIMANCHE 12 JUIN LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h VENDREDI 17 JUIN LAUSANNE Trafick 2e Anniversaire du Trafick (soirée spéciale), 21h BERNE Aqualis FF-Night, 23h ZURICH Rage Underwear Jocks Sports-shorts, 22h SAMEDI 18 JUIN GENÈVE Bains de l’Est Bear, 16h LAUSANNE Trafick 2e Anniversaire du Trafick (soirée spéciale), 21h
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ZURICH Rage Blackroom (leather and biker gear), 22h DIMANCHE 19 JUIN LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h JEUDI 23 JUIN LAUSANNE Trafick En Travelo, 19h VENDREDI 24 JUIN GENÈVE Cruising Canyon Air X Sports, 22h LAUSANNE Trafick Mask & Naked, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage XXL Naked Party, 21h SAMEDI 25 JUIN LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (naked and dark), 21h ZURICH Rage Ultrarubber, 22h DIMANCHE 26 JUIN LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h
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11, rue de Genève, Ferney-Voltaire
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A9 Hôpital Consultation VIH/ e de Lyon ru HIV testing and info 022 PEP 022 Dermatologie (IST)/ Dermatology (STD’s) 022 r u e Consultation violence 022 des Police Cha rmi Urgences/Emergency 117 lle
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Centre médical communautaire pour HSH mycheckpoint.ch 9, rue du Grand-Pré 3e étage 022 906 40 30
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R1 Café Gallay 42, bd St-Georges
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R2 Le Pradier 6, rue Pradier
et droits hujuinns
R3 Le Comptoir 9, rue Richemont
9, av. de la Gare des Eaux-Vives
La Suite 115 > B14 R5 Yinde 31, rue de Lausanne
A2 Aspasie
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R6 Brasserie des Halles de l’Ile
36, rue de Monthoux A3 Association 360
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R7 Au Lavandou 54, rue Jacques Dalphin Mu-Food 11-13, rue de la Navigation > A4
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A7 PVA (vivre avec le VIH) 35, rue des Pâquis
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L’Appart 36, rue du Faucigny, Annemasse (F)
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(étudiants)
Étudiant.es. Universités et Hautes écoles
facebook.com/Think-Out-AssociationLGBTFriends-Unige
SHOPPING & SERVICES S2 La Case à Max 19, rue de la Navigation S3 Librairie-café Livresse > B8 S4 Menuiserie – agencement – Fazio & Cie
Les Vilains Garçons facebook.com/lesvilainsgarcons.geneve PARC DE LA GRANGE
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5, rue Vignier B8 Livresse B9 Lola 7, rue Richemont
8, avenue du Mail S11 Pharmacie 3, rue Ecole de Médecine S13 Coiffure Trajectoire 9 S14 Végétaux – Urban Botanic 11, rue Micheli-du-Crest S15 Mode – Numéro 6 6, rue Saint-Victor, Carouge S16 Le Bal des Créateurs
B14 La Suite 115 61, rue des Eaux-Vives och
11-13, rue de la Navigation > A4
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B15 Le Nathan 34, route de Frontenex A1
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HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Double Jeu 4, rue de la Faucille, Annemasse (F)
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X4 Substation X-World
14, rue de Neuchâtel
15, Alfred-Vincent X5 Cruising Canyon X6 Sauna des Sources 17, rue des Sources
25, rue de l’Arquebuse S17 Tatouages – BRUT 6, rue Sismondi S18 Cinéma-Ciné 17, rue de la Corraterie S19 Mode-Jack Cuir, 40, rue de Monthoux
HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Sport/Santé – CrossFit Across 17-21, rue Eugene Marziano
CRUISING 3, rue de l’Est X1 Les Bains de l’Est X2 Duplexx ro u 8, te drue e M a Pradier lagn X3 Sauna des Avanchets ou Avenue Baptista, Les Avanchets
30, rue Saint-Joseph, Carouge S10 Opticien – Vue des Bains
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19, rue des Savoises Pict
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13, rue de la Filature, Carouge
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2, rue Jargonnant S7 Mode – Maniak 6, rue du Vieux-Billard
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28, bd du Pont-D’Arve B5 Le Déclic B6 Fenomeno 28, rue des Pâquis
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17, rue des Etuves
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26, rue des Vollandes
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CLUBS C1 La Gravière 9, chemin de la Gravière C2 Le Chat Noir 13, rue Vautier, Carouge
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C3 La Garçonnière 4-8, rue de la Rôtisserie C4 L’Usine 4, place des Volontaires C5 Palais Mascotte, 43 rue de Berne
HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : ro u Sauna ed tKing eF lr i s s a Jean-Jaurès, 39, orue nt Ambilly (F)
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P2 Jungle @ Moa Club Chemin des Batailles 22, Vernier P3 Les Vilains Garçons @Cave des Vollandes Rue des Vollandes, 73
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R1 Rex Café 22, rue de la Madeleine on
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0848 133 133
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HIV testing and info
Traitement post-exposition
VIH (PEP)/HIV post-
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Dermatologie (IST)/
Dermatology (STD’s)
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Urgences/Emergency
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B3 GT’s Bar & Lounge Club 5, avenue de Tivoli B5 D3 9, place du Tunnel
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22, avenue de Tivoli H1 Rainbow Inn HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP :
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3, rue de la Grotte
R1 Auberge de Beaulieu 15, av. Bergières
PARTIES – SOIRÉES
R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point
P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève
R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R4 Le Tramway 6bis, rue de la Pontaise
P3 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3
R6 Le relais avenue de Morges 163 R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av de Tivoli > B3
021 314 04 00
HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Le Raisin Les Cullayes (13km)
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360° – JUIN 2016
CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS
PRATIQUE
La Mort, qui a toujours tort, a raison de chacun. Jacques Sternberg
autoportrait d'après Petrus Christus – Portrait d'une jeune femme.
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nsupportablement humiliant d’admettre que l’on s’est trompé, que l’on a mal agi, intentionnellement ou non. Terriblement fâcheux pour qui angoisse à l’idée d’égratigner la perfection de son image ou de perdre
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la face. Ici, quelques conseils pour ne jamais être pris en faute. D’abord, retourner, comme un gant et le plus rapidement possible, toute remarque ou critique éventuelle qui pourrait être déstabilisante. Voilà qui marche
Rédaction en chef Guillaume Renevey (guillaume@magazine360.ch) Rédaction texte Nadia Barth Nathalie Brochard Edmée Cuttat Vladimir Ennyday Annabelle Georgen Greta Gratos Leatherette Alan Monnat Jonas Pulver Francesca Serra François Touzain Anne Rollat VG + Véra (Livresse) Corrections Zino Davidoff Rédaction image direction : Ester Paredes Graphisme Schönborn Hernandez Publicité Philippe Scandolera (pub@360.ch) Jérémy Uberto (marketing@360.ch)
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en général plutôt bien. Mais, dans tous les cas, ne jamais reconnaître une éventuelle erreur, un comportement déplacé ou, plus subtil, toujours trouver une raison valable, un fautif hors de soi, des circonstances dédouaneuses de toute responsabilité. Surtout, ne jamais présenter d’excuses dénuées de toute autre forme qu’un peu de simplicité, de sincérité, qui risqueraient de faire s’entrouvrir les portes de l’intolérable vexation. La justification systématique et argumentée, outre le fait de laver par avance de toute faute et de combler les failles pouvant mettre à mal la pérennité du masque social, placera l’autre (sans qu’elle ou il n’ait rien demandé) dans la position fort délicate du maître d’école, du papamaman ou du juge qui ne pourra que s’incliner face à cette évidente innocence et finira même, si l’on s’y prend suffisamment bien, par se sentir coupable de son injuste remarque initiale, voire se retrouver engoncé dans le costume étriqué du bourreau. L’équilibre du Monde et les délices des rapports de force resteront bien à leur place et la planète ne déviera pas d’un millimètre de son axe de rotation. Et chacun-e, rassuré-e, pourra s’imaginer maîtriser sa propre réalité en continuant à dormir sur ses deux oreilles... sans jamais avoir à se remettre en question. Greta Gratos
Abonnement Rolan Delorme (abo@360.ch) Expédition Alain André Claude Federico François Gerald Jacques Jean-Patrice Michel René Otto Editeur Association Presse 360 Impression Appi, Gland 360° 36, rue de la Navigation – CP 2217 – CH-1211 Genève 2 Tél. 022 741 00 70, Fax 022 741 00 74
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