USA
trump et cie
genre
quel avenir
N° 162 décembre & janvier 2017 – CHF 6.- ¤6 – 360.ch
musique
house history
Manifeste de tout poil
360° – Décembre & janvier 2017
ACTU Internationale Les antigay se frottent les mains – P.2 suisse Violences enfin répertoriées - P.4 Berne rejoint le réseau arc-en-ciel - P.5 genre Un nouveau souffle - P.6 portrait De l’écriture au monde - P.10
SOCiété PILOSITé Elles en ont la barbe - P.14 BUZZ Mariah Christmas everybody ! - P.19 MODE Du ghetto au Gotha - P.23 BI-DESIGN Evanescence - P.27
RESPIRER
L
es fins d’années se ressemblent toutes. C’est l’heure des bilans. Celui des 12 derniers mois n’est pas bien reluisant. Il est vrai qu’en Occident, pour l’heure encore protecteur, des avancées notables ont été faites dans certains pays autour des questions LGBT notamment. Espérons d’ailleurs que le peuple suisse saura prendre ces prochains mois le train du progrès social. Rappelons tout de même que 72 États pénalisent toujours les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres par de la prison, de la torture, des travaux forcés ou la peine de mort. Les débuts d’années se ressemblent moins. Et 2017 va nous réserver son lot de surprises, parfois sournoises. Le champ du pouvoir politique est désormais gagné par les conservatismes les plus agressifs que cela soit au EtatsUnis ou ailleurs à travers le monde. Le scrutin qui aura lieu au printemps en France sera également une épreuve qui va laisser refouler les idées les plus rétrogrades et de nombreuses attaques sur les droits sont à prévoir. Disons-le, certains corpus juridiques ont déjà été bien mis à mal et les effets négatifs de ces régressions se font sentir à l’échelle globale et, dans un premier temps s’amplifieront. Pour être plus forts, profitons toutes et tous de cette période d’entre-deux pour respirer. Pour prendre de la distance et nous entourer des plus bienveillants des nôtres. C’est simplement ce que tout un chacun mérite. C’est ce que je vous souhaite. Donnons-nous les moyens d’aborder sereins mais mobilisés l’année qui va débuter. Prenons le temps d’affirmer notre fierté pour mieux prendre soin de nous toutes et de nous tous !
CULTURE
ASSOCIATIONS étude Les familles arc-en-ciel sondées - P.46
GAYMAP GROS PLAN Tout schuss - P.51 MUSIQUE Le Chant de la machine - P.52 Les clubs, lieux de refuge - P.53 GASTRONOMIE Fusion food - P.52 SORTIES Nouveaux horizons - P.58 Le bordel à papa noël - P.59
Guillaume Renevey, Rédacteur en chef
ET ENCORE
Vignette édito ©Nicolas Schopfer Couverture : ©Rohan Thomson
Transdessinée – P.46 Infos partenaires – P.38, 40, 41 Tu t’es vu ? – P.66, 68 et 69 Plans Genève, Lausanne, VEVEY et Berne – P.70, 72 et 74 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS – P.76
Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch 1
SOMmaiRE N° 162
artyshow Casey Spooner astre incandescent - P.28 black movie Cinéphilie proactive - P.30 cinéma La muse d‘assayas - P. 34 Jim Jarmush filme la poésie du cocon - P.35 L’examen impitoyable - P.35 focus L’homme invisible - P.36 littérature Un livre contre l’oubli - P.41 Hop, sous le sapin - P.45
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actu internationale
LES ANTIGAY SE FROTTENT LES MAINS
©Chip Somodevilla
La désignation de figures farouchement hostiles aux droits des LGBT dans l’équipe de Donald Trump fait d’ores et déjà froid dans le dos. François Touzain
A
vant-goût de la présidence Trump, les noms des premiers membres de l’équipe du futur chef d’Etat, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, ont de quoi inquiéter les LGBT américains. Si le vainqueur de l’élection les a relativement épargnés durant sa campagne bulldozer, faisant même mine de leur tendre la main, il est en train de s’entourer de personnalités déterminées à revenir sur les avancées spectaculaires de l’ère Obama. Figure clé de l’équipe de transition en politique intérieure, Ken Blackwell incarne ce virage antigay. Lors de sa campagne de gouverneur de l’Ohio, en 2006, il avait notamment estimé que les homos étaient « guérissables, comme les kleptomanes et pyromanes ». Blackwell
est un des piliers « scientifiques » du Family Research Council. Ce lobby antigay compte bien mettre un pied dans la porte de la Maison-Blanche, tout comme la National Organization for Marriage, qui s’est dit impatiente de voir le président garnir la Cour suprême de juges qui abrogeront l’ouverture du mariage à tous les couples. Pendant ce temps, les contours de l’administration Trump se dessinent. Le sénateur de l’Alabama Jeff Sessions, nommé au poste de procureur général, ne fera pas de cadeaux aux minorités, dont il combat les revendications depuis plus de trente ans. Il s’est ainsi acharné à refuser des subventions aux associations LGBT au nom des antiques lois anti-sodomie dont il a été un défenseur fervent. Evidemment, il a combattu l’ouverture du 2
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USA
AGENDA CACHé Une Américaine a porté plainte pour « violation de ses droits en tant que mère » après que son ado, qui a fui le domicile familial depuis plus d’un an, a entamé une transition avec l’aide des services sociaux. Selon NBC Out, cette procédure judiciaire a un but caché: remettre en cause la loi du Minnesota qui permet aux jeunes en rupture avec leur famille d’avoir accès à des soins médicaux sans l’accord de leurs parents. En l’occurrence, c’est l’accès des mineures à l’interruption volontaire de grossesse qui semble en ligne de mire.
AMIS ET MARIS
©Daniel Shular
mariage, comme la future ministre de l’Education, Betsy DeVos, épouse d’un milliardaire et généreuse donatrice de la Heritage Foundation, autre bastion de l’Amérique ultraconservatrice. Et ces personnalités font office d’enfants de chœur à côté de Steve Bannon, le sulfureux patron du site d’extrême droite Breitbart, et désormais futur chef de la Stratégie de la Maison-Blanche. Temps difficiles Peu de chance que les ardeurs anti-LGBT de l’équipe soient tempérées par le vice-président élu. Mike Pence, ex-gouverneur de l’Indiana, a été le héros de la loi sur la « liberté religieuse », qui légitime la discrimination des LGBT sous couvert d’objection de conscience. Au moment
de mettre sous presse, le poste de chef de la diplomatie restait à pourvoir. Mais plusieurs ambassadeurs gay-friendly (dont la représentante en Suisse, Suzi LeVine) quittaient le navire, présageant de temps difficiles pour les combats LGBT dans de nombreuses parties du monde, singulièrement en Afrique et en Europe orientale. Malgré tout, les Log Cabin Republicans, principal groupe gay-lesbien au sein du Parti républicain, ont assuré vouloir travailler avec l’équipe de transition de Trump. Leur seul relais possible dans cette galère semble être Peter Thiel, le milliardaire gay de la Silicon Valley. Ce dernier a assuré durant la campagne que le magnat de l’immobilier serait « plutôt généreux avec les droits des gays »…
Deux amis inséparables – et hétéros – ont choisi de sceller leur union à la mairie, profitant de la récente loi italienne destinée aux couples gay et lesbiens. Mère de la réforme, la sénatrice démocrate Monica Cirinnà n’est pas choquée : « Les mariages de complaisance ont toujours existé. Si cette fois ce sont deux hommes qui ne sont pas unis émotionnellement, mais [enregistrent leur union] pour des raisons pratiques, je pense que la loi donne la liberté aux citoyens de le faire. »
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« Durant des siècles, les femmes à la pilosité débridée ont été confinées dans les baraques foraines et les freak shows. » La suite en page 14
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actu internationale
ITALIE
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VIOLENCES ENFIN RÉPERTORIÉES Projet associatif national, LGBT+ Helpline a ouvert ses lignes. Son but : aider les victimes de crimes de haine et mettre un terme à l’invisibilité statistique de ce type d’agressions en Suisse.
actu suisse
François Touzain
©DR
C’
est fait. La Suisse dispose, depuis mi-novembre, de son observatoire national des violences homophobes et transphobes. Mise en place par plusieurs organisations, dont Pink Cross, Los, Transgender Network et Queeramnesty, une hotline spécialisée dans les crimes de haine visant les personnes lesbiennes, gay, bi et trans* a ouvert ses lignes. Le service, accessible par téléphone (0800 133 133, ouvert 24 heures sur 24), e-mail et internet, est proposé dans les trois langues nationales, ainsi qu’en anglais. Quelques 30 conseillers aux profils divers s’y relaient pour aider les victimes à
chercher, le cas échéant, de l’aide psychologique ou médicale et à porter plainte. Le but de LGBT+ Helpline est double : d’une part aider les victimes dans leurs démarches et de l’autre, recueillir des données sur la fréquence et le type d’agressions. Aujourd’hui, celles-ci ne sont pas répertoriées spécifiquement par les forces de l’ordre, ni par la justice, en l’absence d’une norme pénale inclusive – toujours en débat au Parlement. LGBT+ Helpline prévoit également de publier un rapport annuel sur la situation des crimes de haine en Suisse. Il sera livré à l’OSCE, 4
l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. AU-DESSOUS DU RADAR Pour Bastian Baumann, de Pink Cross, il ne peut y avoir de poursuites et de prévention efficaces sans statistique : « Ce qui n’est pas répertorié, passe au-dessous du radar de l’administration, de la police et de la politique. » Selon lui, il y a un important écart de traitement entre les villes, où les policiers sont souvent formés à la spécificité des violences homophobes et transphobes, et les régions rurales.
lgbt-helpline.ch
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Le Parlement de la ville fédérale a décidé d’adhérer au Rainbow Cities Network, voué à la défense des droits des LGBT. François Touzain
A
près Zurich et Genève, la ville de Berne a décidé à son tour de prendre place dans le Rainbow Cities Network (RCN). Le Conseil de Ville a accepté, par 53 voix contre 10, une motion de l’élue verte Leena Schmitter d’adhérer à ce réseau voué à la lutte contre les discriminations basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Il consiste principalement en l’échange d’expériences et de bonnes pratiques dans
les politiques locales. Fondé en 2013 aux Pays-Bas, le RCN compte actuellement 29 villes et s’étend jusqu’à Istanbul et Mexico. L’adhésion au réseau implique la création d’un poste au sein du Bureau de l’égalité qui a fait grincer des dents chez les élus libéraux. La question devra être tranchée au cours d’une autre session, relève le quotidien « Der Bund ». Publicité
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actu suisse
BERNE REJOINT LE RÉSEAU ARC-EN-CIEL
©DR
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UN NOUVEAU SOUFFLE La question du genre est partout. A l’heure où certains constatent un essoufflement des militantismes féministes et LGBT, cette approche dans l’air du temps pourrait bien leur donner un nouvel élan.
actu genre
©DR
Nadia Barth
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« Je remarque une chute du militantisme LGBT. » Thierry Delessert
LGBT. Il s’installe à un autre niveau et interroge autant les rapports de pouvoir entre les deux sexes dans un monde à dominance masculine que les rapports entre homosexuels et hétérosexuels dans un monde hétéronormé. Sur la vague du cinéma « Cela fait longtemps que la question du genre est dans l’air du temps, affirme Agnès Boulmer, directrice du Festival de cinéma Everybody’s perfect. Mais maintenant c’est vraiment concret. » Au cinéma, véritable vitrine du monde, le sujet est très présent. « Je regarde entre 500 et 600 films par année et je me suis rendue compte qu’il y avait tellement de réalisations sur cette question que j’ai créé un classement dédié au genre dans le festival », ajoute Agnès Boulmer. « Les séries américaines montrent de plus en plus de personnages gay ou lesbiens qui sortent de la caricature, pointe Thierry Delessert, historien de l’homosexualité à l’Université de Lausanne. Quand on connaît le puritanisme américain, 7
c’est le signe qu’on a fait une vraie avancée en matière d’acceptation et de représentation. » Un progrès qui repose, bien entendu, sur le long travail des militants. « Le dynamisme actuel du mouvement LGBT tient notamment à la variété des modes d’action des ses acteurs et à la capacité des militants à faire varier les répertoires de la scène politique à la scène culturelle, souligne Delphine Gardey, historienne et directrice de l’institut des études genre de l’Université de Genève. Ceci explique en partie l’assimilation de ces questions dans la société.» Mais cet activisme tend néanmoins à s’essouffler. « Je remarque une chute du militantisme LGBT, souligne Thierry Delessert. On se croit intégré mais en réalité c’est un leurre. C’est pareil pour le militantisme féministe. Le combat autour du genre pourrait bien leur donner un nouveau souffle ». De l’égalité au genre La Biennale du genre à Genève participe à cette nouvelle énergie en mettant sur le devant de la scène
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«
On ne naît pas femme, on le devient », cette célèbre phrase de Simone de Beauvoir nous indique de quoi nous parlons lorsqu’on évoque le genre. Elle signifie notamment que l’assignement à la féminité ou à la masculinité est avant tout une histoire de construction sociale. Le concept du genre ne date certes pas d’aujourd’hui mais depuis quelques temps on remarque un véritable engouement pour cette question. Le cinéma, les séries télévisées, la publicité ou encore les institutions lui font la part belle. une Biennale du genre a été organisée dernièrement à Genève. La dernière pub de la marque H&M s’attaque aux stéréotypes en montrant des femmes qui s’approprient des codes traditionnellement attribués au masculin. Depuis cet automne, l’Université de Genève remet un prix du genre. La liste des exemples est longue et elle est signe sans doute, qu’une nouvelle lutte est en marche. Un combat qui transcende le simple débat pour l’égalité entre homme et femme ou la tolérance
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©DR
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cette question. « Initialement, l’événement s’appelait la Quinzaine de l’égalité, explique Colette Fry, directrice du bureau de l’égalité. La première édition de 2014 avait connu un grand succès. On a alors décidé de renouveler et de pérenniser l’expérience en l’appelant Biennale du genre. » Cette transition du terme « égalité » vers celui de « genre » n’est certainement pas anodin. Il confirme que nous avons accédé à un autre niveau de débat en même temps que le terme se popularise et se vulgarise. « La remise en question du genre part du principe que
l’égalité est acquise en occident. Le genre c’est la lutte d’après », confirme Agnès Boulmer. Et les avancées académiques en la matière fournissent nombre d’outils à ce combat. Pour Thierry Delessert c’est clair : « La lutte se forme grâce au co-appui entre intellectuels et militants ». tardivement Sur le plan académique, on a été longtemps aveugle à cette question. La recherche s’est considérablement transformée au cours de ces dernières décennies. « Le genre est à l’origine une importation 8
américaine », pointe Delphine Gardey. « Le traitement de cette question dans la sphère francophone a été tardif », poursuit Thierry Delessert. Aujourd’hui, le genre a sa place à l’université et celle-ci permet de donner une légitimité académique à des travaux à l’origine très disparate. « On n’a jamais eu autant d’étudiants dans ce domaine et on recrute dans toute l’Europe, remarque l’historienne. « L’institutionnalisation est une bonne chose mais le risque est de gommer le potentiel critique et d’entraîner des contremanipulations », alerte l’historien
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vaudois. Bien sûr si le genre a mis autant de temps à s’institutionnaliser c’est aussi parce que cette notion a de nombreux détracteurs.
Les études universitaires, bien que parcourues de divergences théoriques, mettent en avant un fait unanimement reconnu : les inégalités entre les hommes et les femmes, les rôles sociaux attribués à chacun, sont traditionnellement justifiés par l’existence d’une supposée « nature féminine » et « nature masculine ». Or, ces inégalités, ces déterminismes, sont en réalité issus de constructions sociales, de représentations incorporées par les individus via des stéréotypes. Les inégalités ne sont donc pas immuables, ni naturelles, entre les hommes et les femmes. « En étude genre, on peut distinguer quatre temps qui définissent chacune le terme, détaille Thierry Delessert, historien de l’homosexualité à l’Université de Lausanne. D’abord il y a les années 70 aux Etats-Unis où le genre veut dire femme. Puis arrive une pensée binaire qui aborde la question en opposant les hommes aux femmes. Ensuite, l’approche est faite sous l’angle des rapports socio-sexués, c’està-dire qu’on s’interroge sur la façon dont se fait la construction sociale sur la sexualité. Cet espace permet donc de faire de la place à la question de l’homosexualité. On ne pense pas seulement qu’à la femme hétéro dominée. On réfléchit aussi sur un monde hétérosexué qui impose sa vision d’où découle la construction de la déviance. Et maintenant la tendance est au croisement entre le genre, l’ethnie et la classe sociale ».
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Les « anti-genre » En statuant que le féminin et le masculin sont des constructions sociales, on bouscule des repères sociaux séculaires. En octobre de cette année, le Pape François avait dénoncé la théorie du genre en clamant que son enseignement dans les manuels scolaires propageait un endoctrinement sournois. Cette accusation a donné du grain à moudre aux « anti-genre » qui craignent une dissolution des identités. « Il y a un vrai désarroi de la part des gens, détaille Thierry Delessert. Ils ont peur que dans 40 ans, nous soyons tous féminin et masculin. Mais ils peinent à comprendre que le genre ne nie pas le biologique. C’est simplement un relativisme du biologique. » Néanmoins si de nombreuses personnes sont encore très réfractaires à cette approche, il n’en reste pas moins vrai que la nouvelle génération apparaît plus ouverte. « Aujourd’hui de plus en plus de filles n’ont plus envie d’avoir l’air de filles, constate Agnès Boulmer. Elles ont moins peur de s’attaquer à des métiers d’homme et l’inverse est vrai aussi pour les garçons. » Rien d’étonnant puisque cette jeunesse est le fruit d’une sensibilisation médiatique et d’une longue lutte. Celle-ci n’est bien sûr pas finie. «Cette année nous fêtons les 20 ans de la loi sur l’égalité, signale Colette Fry. A l’heure du bilan, on remarque que les choses avancent lentement sur le chemin de l’égalité. Les changements de mentalité prennent du temps ». La future génération a donc encore du travail et le riche débat autour du genre lui offre sans doute là, les armes pour son avenir.
Evolution des études genre
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actu portrait
DE L’ÉCRITURE au monde
©Olivier Vogelsang
Les histoires ont besoin d’un héros. Sébastien Meier, jeune auteur romand de polars, a accepté d’être le personnage principal de son propre récit. Zelda Chauvet
L
a narration se construit autour de son voyage, de sa vie ordinaire à l’aventure du monde qui l’appelle, selon Joseph Campbell. Malgré lui. Il frôle la mort, sacrifie l’univers d’où il vient pour mieux y retourner, conscient de sa force combative, de la vérité qu’il participe à dévoiler. Sébastien Meier est un héros littéraire. Malgré lui. Et pourtant. De son milieu bourgeois « besogneux », il a hérité la valeur du travail, qui s’inscrit jusque dans le papier. Le livre ne l’effraie pas, ses parents imprimeurs le lui ont appris. Il est objet artisanal, bien loin du symbolisme honorifique et idéologique magnifiés par certains milieux académiques. Enfant,
Sébastien Meier n’écrit pas. Pas encore. Il dessine des voitures au fond de la classe du Collège catholique de Champittet. Dessiner des garçons nus, ça ne se fait pas. Et ça renforce son sentiment de décalage avec ses camarades, avec le milieu de droite, de petits patrons, qui l’a vu naître. Un monde fait de « c’est comme ça ». Le problème est qu’il déteste les faits et les vérités imposées, parce que les rapports aux autres y sont biaisés. La rébellion le saisit, coïncidant à 15 ans avec la verbalisation difficile de son homosexualité. Il en pleure la nuit, supplie le ciel de le changer, de le sauver. Dieu a choisi cette fois-là de ne pas l’écouter. 10
Sébastien Meier commence alors à jouer avec les touches de son clavier et devient le héros de sa vie, s’éloignant en solitaire de son environnement. Pour survivre, il choisit le mur de l’arrogance qui le protège des branleurs élitistes, un personnage qui l’emmène honorablement au bac L et le libère de son moule. Jamais il ne retournera à l’école, il l’a décidé. Il partira en quête, et ne fera plus demi-tour. Il laissera le monde le traverser et lui prêter ses couleurs comme dirait l’un de ses héros à lui, Nicolas Bouvier. Ce que Sébastien Meier ignore alors, c’est que l’écrivain voyageur genevois, lui, connaît déjà la suite de l’histoire : le monde « se retire, et vous
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« Trump comme symbole de l’hétéropatriarcat, j’ai envie de croire que c’est un peu le chant du cygne, ou Papy fait de la résistance.» Sébastien Meier
être suffisant ». Mais la passivité de l’exercice l’ennuie. Sébastien Meier est un homme d’action, d’expérimentation. Un homme de la terre. mouvement et inspiration Le livre, il a appris à le fabriquer à la source. Lancer les Editions Paulette en 2008 est donc aussi naturel que de sortir un crayon. Une histoire qui portera au grand jour une héroïne, Aude Seigne, dont Les Chroniques de l’Occident nomade reçoit le prix Nicolas Bouvier en 2011. Tiens, tiens. Le héros est rejoint dans son voyage par son guide, le maître voyageur luimême. L’aventure emporte le jeune auteur en herbe dans une folie créatrice. Il fait tout, de l’impression à la promotion, s’épuise et s’effondre. Consumé jusqu’à l’os par ce « pays de bourgeois », il franchit le seuil qui le sépare du monde extraordinaire : l’Argentine. Délire romantique : sous une chaleur de plomb, où ses économies fondent trop vite, ses mots disparaissent pour laisser entrer un mal qui l’emmène au plus profond 11
de l’abysse. « Je suis allé me faire bouffer par l’Amérique latine ». Trois mois, à s’éloigner de tout, même de lui-même. L’éveil sera brutal. « Les rails du train n’étaient pas loin ». L’éveil sera aussi lacanien. Grâce au psychanalyste français, Sébastien Meier fait le constat de l’endroit d’où il vient et entreprend « sa reconstruction ». Le héros est transformé et approche sa réparation. Il devient écrivain. « L’avantage d’avoir déconstruit tout mon héritage, c’est que je me suis retrouvé nu, face à moi-même. Il n’y avait plus rien. Je n’avais plus rien à perdre. Il ne peut donc rien m’arriver de pire. Comme dirait Bob Dylan, « When you’ve got nothing, you’ve got nothing to lose ». » Ainsi, émerge Les Ombres du Métis, récompensé, dans un processus créatif de liberté totale. Puis rapidement après, Le nom du père. Le héros est revenu et il a des choses à dire. L’écrivain dévoile ses vérités multiples à travers ses personnages : Bréguet, Rossetti, autant d’exemples de la réalité humaine qu’il explore,
actu portrait
place devant ce vide qu’on porte en soi ( ) qui, paradoxalement, est notre moteur le plus sûr. » Le vide est sans doute un trop plein parasité pour le jeune écrivain. Il ne se sent pas vraiment écrivain d’ailleurs. Il écrit naturellement mais se cherche dans d’autres sphères. De Vidy au Petit Théâtre en passant par une institution psychiatrique, il s’essaie à de nombreuses activités, comme pour toujours trouver le moyen de ne pas être écrivain. « Écrire est difficile à accepter car j’ai l’impression que ça ne sert à rien, que ce qui va en ressortir c’est du divertissement. Il y a un côté vain. J’ai l’impression que je ferais mieux de travailler en gériatrie, ça ferait plus de sens. » Dans cet ailleurs, il rencontre des marginaux, des grandes gueules, des gens comme lui. « Écrivain, ce n’est pas un vrai métier », lui répète-t-on. Une constatation somme toute banale, mais qui le résigne à oser une semaine à l’université. « Il fallait bien que je fasse quelque chose – écrire ne pouvait
©Olivier Vogelsang
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Être courant d’air Il est devenu un combattant à la liberté assumée. Débarrassé de la peur d’être, il assume sa folie et défie les grands pontes et leurs institutions, de Payot au Salon du livre. Mais surtout, Sébastien Meier créé sur le fil. Il joue des codes avec ses lecteurs mais aussi avec lui-même, balancé entre une volonté d’exister commercialement comme auteur et un besoin de disparaître complètement comme individu. « Rien ne me fait plus plaisir que d’être entre deux trains de nuit avec mon sac à dos, tout seul. Foutre le camp – c’est l’état nomade de Bouvier, être courant d’air. » Le vide comme moteur pour retrouver le mouvement de l’inspiration. Car la promotion peut avoir cet effet pervers qui fait perdre la tête, qui gonfle son sujet d’autosatisfaction. «C’est si vite fait de devenir un gros con ». La danse le sauve toujours. Le flamenco, qu’il a découvert en Argentine, redéfinit son rapport au corps – le corps qui nourrit son écriture par sa présence ou son absence. Il n’est pas en déliquescence quand il oublie de manger, de se raser ou de se laver, il l’informe de la vérité de ses mots. Quand ces derniers résonnent, il va bien. Quand,
au contraire, ils grincent, son bras, sa main ou encore son dos lui rappellent sa dérive du juste. Sébastien Meier écrit des polars par hasard, mais il écrit aussi des polars comme pour redessiner un avenir. Combattre le désenchantement, la désillusion du monde poussé à son paroxysme dans l’élection de Trump. Créer pour qu’on ait encore envie d’aller de l’avant, rester enthousiaste, continuer à se dire que ça va être merveilleux sans sombrer dans un optimisme niais, là réside l’essence de ses croyances. « Trump comme symbole de l’hétéropatriarcat, j’ai envie de croire que c’est un peu le chant du cygne, ou Papy fait de la résistance. La technologie est passée par là. Je crois que nous allons en réalité vers un monde ouvert, plus égalitaire, où on partage mieux les choses et où on cesse d’être dans cette logique de l’ego surdimensionné. Il n’y a plus rien à conquérir, la conquête de l’Ouest, c’est fini. Il est peut-être temps de passer à autre chose. » Sébastien Meier est le héros du monde qu’il nous raconte. Demain, il repartira, loin. Pour mieux revenir. Ses histoires sont essentielles, car ce sont aussi les nôtres. Sébastien Meier a publié « Les Ombres du métis » et « Le Nom du père » aux Éditions Zoé.
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pour ne pas être cet auteur de plus qui « chante les louanges de l’hétéronormativité ».
SOCIéTé PILOSITé
© Wellcome Library
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Elles en ont la barbe
Les femmes qui ont du poil au menton sont ostracisées depuis des siècles. Les exemples de femmes à barbe inspirantes ne manquent pourtant pas. Annabelle Georgen
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© Heather Shuker
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a vie est parfois pleine d’ironie. Il aura fallu attendre la drag-queen viennoise Conchita Wurst, née de l’imagination et « performée » par un homme, pour que barbe et féminité soient enfin réconciliées. Car comment critiquer la barbe taillée avec une précision d’horloger suisse de la popstar autrichienne, qui s’accorde à la perfection avec ses longs cils et sa chevelure ondoyante d’un élégant noir de geai ? Sans tomber dans l’éloge de la belle Viennoise, on peut tout de même se risquer à dire qu’elle a déroulé le tapis rouge aux femmes à barbes, et plus largement à toutes celles et ceux qui ne reflètent pas les codes typiques du féminin et du masculin dans nos sociétés implacablement binaires. Car oui, pourquoi quelques poils au menton sur un visage féminin seraient-ils obligatoirement incongrus, aberrants, et frapperaient celle qui les porte du sceau maudit de l’étrangeté et de la laideur ?
plus laide du monde ». Malgré ces qualificatifs insultants, l’homme qui l’avait achetée et l’exploita durant des années, Theodore Lent, trouva le moyen de la mettre enceinte. Ni elle ni le nouveau-né ne survécurent à l’accouchement. Elle décéda en 1860 à Moscou, à 26 ans seulement. Voyant disparaître la poule aux œufs d’or, Theodore Lent s’empressa de confier les deux cadavres à un taxidermiste, afin de continuer à exposer les corps empaillés de Julia Pastrana et de leur enfant. D’autres femmes à barbe ont marqué leur époque, comme Clémentine Delait, tenancière de bar dans la France du début du 20e siècle. Après avoir tenté de masquer durant des années les poils qui lui mangeaient le bas du visage, elle se laissa pousser une longue barbe, ce qui contribua grandement à faire la réputation internationale de son établissement, pourtant situé dans un village des Vosges. Elle se faisait appeler « la femme à barbe », demandant même à ce que cette épitaphe figure sur sa tombe et signait bien volontiers des autographes à ses clients. Lorsqu’elle s’engagea au sein de la Croix-Rouge durant la Première guerre mondiale, son physique original fit bientôt d’elle une des mascottes des soldats postés dans les tranchées, les fameux « poilus », surnommés ainsi parce qu’eux non plus ne se rasaient plus la barbe. Et n’oublions pas nos contemporaines, telle la chamane lesbienne allemande, Ute Schiran, décédée en 2013, ou la jeune Britannique Harnaam Kaur, 24 ans,
Confinées dans les freak shows Durant des siècles, les femmes à la pilosité débridée ont été confinées dans les baraques foraines et les freak shows à la Tod Browning. À l’instar de la Mexicaine Julia Pastrana, la plus célèbre des femmes à barbe au 19e siècle. Atteinte d’hypertrichose, un dérèglement hormonal qui se manifeste par une pilosité excessive, elle fut exhibée dans les foires et les cirques des États-Unis et d’Europe sous les surnoms monstrueux de « la femmesinge », « la femme-ours » ou encore de « la femme la 15
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qui affiche une féminité décomplexée sur les réseaux sociaux et veut encourager les femmes à s’accepter telles qu’elles sont. Même si on peut déplorer au passage le fait qu’elle sera mentionnée dans la prochaine édition du Guinness des records... La jeune femme aborde cependant cette nomination de façon positive, comme elle l’a déclaré récemment : « J’espère que ceux qui verront mon record pourront en tirer du positif, de l’inspiration et réaliser que, qui que tu sois et quelle que soit ton apparence, tu es officiellement extraordinaire ! » « sainte » parmi les cathos Fait peu connu, la femme à barbe a également fait autrefois l’objet d’un culte parmi les catholiques, en particulier à l’époque baroque, même si la figure de la sainte « Kummernis » ou « Wilgeforte », selon les différentes appellations, n’a jamais été reconnue par le Vatican. Selon la légende, il s’agirait d’une jeune femme très pieuse qui ne voulait pas se marier avec l’homme à qui elle était « destinée » car celui-ci était païen. Elle aurait alors demandé à Dieu de lui faire pousser une barbe pour faire fuir son prétendant. De rage, son père l’aurait faite crucifiée. On trouve aujourd’hui encore quelques oeuvres à son souvenir
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dans les églises, comme la surprenante statue habillée qui orne l’une des chapelles de Notre-Dame de Lorette, à Prague. Pourquoi la femme à barbe dérange-t-elle donc à ce point les hommes ? Parce que cet attribut est typique du masculin. Il symbolise à la fois la virilité et la sagesse, mais aussi le raffinement – pensons aux nuées de hipsters aux barbes fournies et lustrées qui peuplent aujourd’hui les grandes capitales de la planète. Dans un de ses textes, le théoricien de l’anarchie Pierre-Joseph Proudhon s’attaquait violemment aux femmes qui selon lui « s’affubl[aient] d’une barbe philosophique », raillait « la soi-disant savante qui dogmatise, qui pérore, qui écrivaille » et accusait « la femme qui veut porter favoris et moustaches » d’être « peutêtre encore plus hideuse que le mignon qui affecte les grâces féminines ». Les féministes du groupe d’action français La Barbe, qui s’invitent dans les réunions et les débats peuplés d’hommes, ont bien compris quel pouvoir recélaient ces quelques poils, comme elles l’expliquent sur leur site : « Être une femme, porter une barbe, ostensiblement, parmi les hommes de pouvoir. Consentir en silence à la suprématie des hommes et semer la confusion des genres. La Domination Masculine ? La barbe ! »
360° – Décembre & janvier 2017
Mariah Christmas everybody !
SOCIéTé BUZZ
©DR
Pendant que certains artistes disparaissent, les chansons elles, sont éternelles. Surtout celles de Noël. A vos playlists ! Alexandre Lanz
V
oilà, 2016, c’est (pratiquement) fait. A l’heure du bilan, la question est : comment mieux la terminer qu’elle n’avait commencé avec les ravages de la grande faucheuse ? Sans virer dans le récap nécro, on a perdu des sacrés poids lourds du côté des musicos en 2016. Le 10 janvier, David Bowie ouvrait le bal funèbre quelques jours à peine après la sortie de son ultime album, suivi d’une pluie pourpre annonçant la disparition de Prince, ensuite Black dont le refrain mélan-
colique de sa chanson « Wonderful Life » nous hante à jamais. Puis ce fut Pete Burns, l’outrageux et regretté frontman de Dead or Alive. Entre autres. Coup de grâce en novembre, nous perdions Leonard Cohen la même semaine que les Etats-Unis élisaient un 45e président à la chevelure de clown et le teint orangé, dont on taira le nom ici pour ne pas salir la mémoire du poète au chapeau et à la voix ténébreuse. Sacrée 2016, tu nous en auras fait voir de toutes les couleurs ! 19
Bon alors, que reste-t-il comme couleurs à l’arc-en-ciel pour nous faire jubiler, chanter et tournoyer sous les boules du sapin ? Le rouge et l’or pardi ! Vous n’aimez pas l’esprit de Noël ? Sortez les grelots et les carillons, on parie que Mariah Carey saura faire changer d’avis même les plus hardis des fans de Ramstein. Car son œuvre à elle, celle qui marquera l’histoire avec un grand H, c’est bien sa rengaine « All I Want For Christmas Is You ». A tel point que début novembre, le magazine gay anglais
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Alors, vous reprendrez bien un peu de pudding pop ?
SOCIéTé BUZZ
Attitude se fendait d’un cri du cœur sur sa page Facebook en proposant de rebaptiser l’hiver au nom de l’hymne à Noël de la diva. Voilà qui (re)met un peu de baume au cœur dans ce monde de brutes. Aux obsédé(e)s de l’organisation parfaite dont le psyché tend du côté de Bree Van de Kamp, il reste quelques jours pour concocter la playlist de circonstance pendant que la dinde dore au four et que votre tante excentrique s’égosille sur sa coupe de champagne. Au programme ? Une liste étourdissante d’icônes gay, comme on les appelle parfois. Même en manque de véritables hits depuis quelques années, son flair ne la trompe jamais : en 2015, l’éternelle princesse de la pop Kylie Minogue sortait « Kylie Christmas ». Et hop elle remet le couvert cette année avec la version remasterisée « Kylie Christmas : Snow Queen Edition », agrémentée de duos avec Mika, Iggy Pop et un morceau composé par Chris Martin, le chanteur de Coldplay. Alors, vous reprendrez bien un peu de pudding pop ? Wham ! et son « Last Christmas » font toujours recette. Là encore, force est de constater que la chanson demeure le véritable classique de George Michael. Une dose de Lady Gaga lorsqu’elle était encore Gaga avec sa reprise du classique « White Christmas » de Bing Crosby et on passe à la catégorie supérieure avec la reine de la country Dolly Parton et son album « Home for Christmas », dont la pochette à elle seule épargnera 20 ans de psychothérapie à ceux qui ne se sentent pas plus à l’aise avec leur homosexualité qu’avec le petit Jésus dans sa crèche. Dernier conseil de la maison avant de vous laisser voler de vos propres ailes à l’élaboration de votre playlist : le somptueux « Have Yourself a Merry Little Christmas » de Judy Garland. Un must. A écouter en contemplant les flocons de neige tomber dehors pendant que le feu crépite dans la cheminée. Joyeux Noël… et à l’année prochaine ! 21
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Du ghetto au Gotha
La marque queer punk Hood by Air fête ses dix ans et son directeur artistique Shayne Oliver est la nouvelle idole des 15-25 ans. L’occasion de rembobiner sur ce phénomène issu de l’underground new yorkais. Francesca Serra
L
ors de son dernier défilé new-yorkais en septembre dernier, les mannequins de Hood By Air avançaient maladroitement traînant leurs pieds dans des bottes Santiag à double tête, les cheveux et le visage couverts de vaseline, arborant sur les t-shirt le logo de la chaine X Porn Hub. Alors que la mode a l’habitude de plagier les codes d’un mouvement culturel pour se renouveler, Hood By Hair agit en totale légitimité en tant qu’émanation authentique d’une culture queer. Un regard dans le rétroviseur nous permet de comprendre la trajectoire d’Hood by Air, du ghetto à la vente chez Colette et Opening Ceremony. Lancée en 2006, la marque streetwear Hood by Air figure aujourd’hui parmi les grands noms de la mode, exploit encore plus bluffant lorsqu’on se penche sur l’histoire de son fondateur. Arrivé à Brooklyn à l’âge de 11 ans, Shayne fréquente la Harvey Milk School où il développe un goût particulier pour des looks versatiles évoluant tout au long de la journée et qui lui
permettent de se faire remarquer à l’école sans se faire harceler dans les quartiers dangereux. Lorsqu’il s’inscrit au Fashion Institute of Technology, il échoue avant la fin de la première année. Il retourne à ses habitudes à Christopher Street parmi lesquelles figure aussi le voguing avec le fameux groupe House of Ninja. Lui et son ami Raul Lopez décident alors de lancer leur propre marque, trouvant le streetwear de l’époque – y compris celui signé par Raf Simon et Jeremy Scott - trop coloré, trop court, trop fin, en un mot, trop loin de ce qui se passe dans la rue. De là, surgit l’envie d’injecter plus d’agressivité dans les rayons «hoodies» avec des pièces streetwear plus vraies et plus mastocs. Shayne Oliver fixe ainsi les bases de son langage: un goût prononcé pour l’oversize, le noir-blanc et une extrême parcimonie en matière de motifs. Il développe la notion de «sloppiness», une nonchalance dans le geste de se dévêtir, d’où son amour pour les habits zippés et les volumes découpés. 23
société mode
©DR
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©Joe Schildhorn/BFA.com
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société mode
Le parcours de la marque est loin d’être linéaire. Après avoir distribué les premières pièces dans quelques boutiques newyorkaises – un t-shirt se vendait 200 $, aujourd’hui 600 $ – le label marque une pause. En 2009, Shayne en profite pour lancer les soirées GHE2O GOTH1K (lire Ghetto Gothic) avec la DJ pansexuelle Jazmin Soto alias Venus X. C’est justement la culture underground, résolument festive et déjantée, qui va nourrir le succès Hood By Air, une marque qui naît d’un sens de communauté partagé par ces tribus nocturnes. La renommée de ces soirées clandestines au brassage musical, esthétique et culturel détonnant offrira au projet un nouveau souffle, attirant des célébrités comme Kanye West, mais surtout un clan fidèle de sympathisants-muses comme l’acteur trans Hari Nef, l’activiste LGBT russe Slava Mogutin, la performeuse Boychild et les musiciens A$AP Rocky et Arca. Derrière l’ascension de la marque, qui a raflé le prix LVMH en 2014, se cache notamment une personnalité aussi discrète qu’intrigante : la réalisatrice lesbienne Leilah Weinraub, aujourd’hui CEO de Hood by Hair. En questionnant les lignes de démarcation entre les genres, entre les classes sociales, entre le beau et le laid, Hood By Hair construit son vocabulaire à travers des pièces reconnaissables : les jupes et pantalons fendus, les pantalons plissés et les cuissardes portés indistinctement par des mannequins homme et femme. Reste à savoir si ces défilés défiant les codes des podiums rencontrent un véritable succès commercial ou s’ils servent simplement à nourrir l’aura de la marque, dont les recettes proviennent en grande partie des pièces les plus simples comme les t-shirts et les hoodies de ses débuts. Avec la fin des GHE2O GOTH1K en 2014, Shayne Olivier doit évoluer en gardant intact le big-bang esthétique et culturel de sa genèse, pour ne pas devenir une culture horssol. C’est probablement le message qu’Ian Isiah, chanteur et mannequin pour HBA, voulait faire passer, lors du défilé Hood By Air à Los Angeles en février dernier, en hurlant aux VIP et journalistes présents « This is fucking life ! ».
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SOCIéTé bi-design
EVANESCENCE
©Lisa Klappe
Chaque mois 360° saute d’un objet, d’une époque ou d’un art à l’autre pour vous parler design. Francesca Serra
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Je suis une bulle de savon, une goutte d’illusion/un mirage, quelque chose dans les nuages, sans visage » chantait Michel Polnareff en 1981. Si la bulle de savon indique quelque chose d’inconsistant, elle nous sert de départ merveilleusement ambigu pour parler d’objets et structures destinés à agrémenter durablement notre espace de vie. A la
fois essentielle et originale, la chaise Prismania a été présentée pour la première fois au dernier Salone Satellite, concours du Salon du Meuble de Milan destiné aux designers de moins de trente-cinq ans. Dans sa pratique, la designer hollandaise Elise Luttik affectionne la notion d’interaction et, pour cette pièce, elle s’est inspirée des pellicules photographiques 27
pour créer une chaise qui joue entre transparence et couleurs vives, parfois fluo, selon l’angle de vue. Sur la structure en plexiglas est posé un film dichroïque qui génère ces spectres des couleurs qui rappellent les reflets changeants d’une bulle de savon. Chaise PRISMANIA de Elise Luttik pour NOON, www.noonfurniture.com
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CASEY SPOONER ASTRE INCANDESCENT
culture artyshow
Hallucinant de panache et exhibant une plastique incendiaire, l’irrésistible Casey Spooner est en réalité un performer aguerri qui se joue ouvertement des codes erronés séparant art, mode et musique en castes hermétiques. Leatherette
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l a indéniablement reçu la visite de plusieurs fées particulièrement inspirées au-dessus de son berceau. Il semblerait qu’il soit Impossible pour le très prolifique Casey Sponner de décider auquel de ses nombreux talents il préfère donner la priorité. Doté d’un charme désarmant, il est rapidement devenu l’icône polymorphe à la main de fer dans un gant de velours que tout New York s’arrache, surfant simultanément entre les couvertures de VOGUE et les talk-shows au MOMA, sans se départir de son sex-appeal ravageur. Outre un physique d’Apollon version 2.0 qu’il cultive avec autant de constance que d’humour -en ce qui concerne les clichés queer- il est considéré comme l’un des artistes performers américains actuels les plus en phase avec les problématiques contemporaines d’image et de légitimité de genres. Connu par le plus grand nombre comme le flamboyant frontman du groupe electroclash Fischerspooner,
il peut également se targuer de collectionner une cohorte de détracteurs totalement déconcertés par ses expériences socio-culturelles fleurant bon l’arrogance surjouée , la plupart tombant dans le panneau à pieds joints. Et si elles sont hautement appréciées du public arty, ses performances ne font toutefois pas toujours l’unanimité et s’attirent le plus souvent des critiques hostiles, sinon virulentes. Difficile de ne pas se mettre à dos la moitié de la presse musicale lorsque l’on propose des spectacles débridés 100 % en playback ; entamés dans les backstages en se remaquillant, enfilant les costumes ou ajustant une perruque; interrompus plusieurs fois par de faux problèmes techniques récurrents (faisant partie intégrante de la scénographie) et insultant copieusement le public au passage, cela va de soi. Quiconque ayant eu la chance d’assister à ce joyeux bastringue aura vu défiler à vive allure une multitude de clichés chers au glam-rock et à l’industrie musicale, démontés en deux 28
coups de talons aiguilles et aspergés d’hémoglobine artificielle. Totalement décapant ! Suite au raz-de-marée provoqué par leur bombesque LP #1 estampillé « Gigolo Records » signé chez l’inénarrable DJ Hell – considéré à juste titre comme le nouveau Giorgio Moroder et accessoirement comme l’inventeur de l’electroclash – une tournée mondiale triomphale finit d’attiser le feu sacré qui enrobe Fischerspooner au début des années 2000. Ils comptent alors parmi les porte-drapeaux les plus spectaculaires de l’écurie Gigolo en pleine gloire et leur travail cristallise à la perfection le paroxysme du chic dans l’art de revisiter les eighties -ce qui est le propre de l’electroclashmais poussé ici un cran au-dessus du déjà-vu et revu. Ils caracolent au sommet des charts et font le tour de la planète affichant des allures à se damner. Le combo créé avec son comparse Warren Fischer en tant que projet expérimental durant leurs études à l’Institut d’Art de Chicago fait donc
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New York, nous retiendrons la cabine d’essayage en plexiglas transparent. Aménagée au-dessus des spectateurs dans laquelle Casey Spooner toujours aussi bien carrossé a émoustillé tout ce beau monde en offrant un moment dévastateur, celle-ci est digne d’un peep-show des plus torrides et a fait école. NON CENSURé Sans cesse renouvelé, l’univers de Casey Spooner et Warren Fischer compte aussi d’autres satellites en gravitation autour d’eux et les collaborations ont été nombreuses, simultanément dans le domaine artistique, sur scène et en studio. Casey Spooner produit aussi depuis 2010 de la musique en solo. Son ardent premier LP « Adult Contemporary » a tout naturellement joliment défrayé la chronique grâce à un clip terriblement hot, intitulé « Faye Dunaway » composé d’extraits de films porno gay hard en version non-censurée. Le bel astre rayonnant porte en 29
l’occurrence très fièrement son statut queer en tant que leitmotiv absolu. Sa carrosserie bien huilée orne quant à elle depuis plus d’une décennie toutes sortes de publications, des plus grands titres internationaux sur papier glacé à grand tirage jusqu’aux fanzines underground beaucoup plus osés et intimistes. Casey Spooner semble d’ailleurs éprouver depuis toujours un plaisir quasi enfantin à étaler sa majestueuse carrure sous tous les angles imaginables. A cette fin, il travaille avec les meilleurs photographes contribuant ainsi à dessiner un nouvel archétype de l’homme gay idéal et nombreux sont ceux qui le vénèrent, tel un demi-dieu un rien cabotin. Une sorte de mâle de rêve kaléidoscopique, alliant élégance raffinée et sauvagerie délurée, croisant au passage un artiste extravagant doublé d’un homme accompli et cosmopolite, aussi éblouissant à la scène qu’à la ville et qui n’a pas fini de nous faire mousser.
culture artyshow
littéralement des ravages à ce stade, laissant une trace indélébile dans l’histoire de la musique électronique, tout en apportant une dimension performative de qualité supérieure héritée de leurs précédentes expériences théâtrales, flirtant également de très près avec la mode. L’aspect hybride, difficilement quantifiable entre pure performance artistique, groupe superstar ou jolie arnaque en forme de piedde-nez, ne cesse de faire couler de l’encre et d’agacer prodigieusement les colleurs d’étiquettes, particulièrement désorientés sur ce cas précis. Certains crient au génie, d’autres à l’escroquerie pure et simple. Le passage obligé dans les galeries new-yorkaises en vogue entérine plus profondément leur démarche artistique. Rien n’est laissé au hasard, surtout pas les petits détails, et spécialement ceux qui rendent fous leurs détracteurs trop faciles à cerner. Parmi leurs interventions mémorables chez le galeriste Gavin Brown à
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CINéPHILIE PROACTIVE Des films de Werner Herzog, Wang Bing ou encore João Pedro Rodrigues sont au programme de la 18e édition du Black Movie. Le festival de film genevois se tiendra du 20 au 29 janvier.
culture black movie
Maxime Maillard
Lo and Behold: Reveries of the Connected World
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éputé pour sa défense radicale d’un cinéma indépendant et international, le festival Black Movie revient en janvier avec une programmation alléchante. Films africains, regards sur le pouvoir et la jeunesse, sexualité, voyage intérieur, défense des droits humains, sont quelques-unes des thématiques qui marqueront cette dix-huitième édition. Sans oublier le petit Black Movie, et ses courts-métrages animés à destination des enfants ; des master class, des débats et des Nuits blanches qui se tiendront à Kalvingrad (Usine), nouveau QG de la manifestation. Une vingtaine de réalisatrices et réalisateurs d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine sont attendus du 20 au 29 janvier, avec au fil des ans, des
chouchous et de nouveaux regards émergents. Florilège de quelques pépites à ne pas manquer. Herzog et Bing Sorti en 2016, Lo and Behold: Reveries of the Connected World se présente comme une enquête personnelle sur les effets de la digitalisation du monde. A 74 ans, Werner Herzog (Aguirre, la colère de Dieu, 1972) y questionne en dix chapitres l’explosion des technologies de l’information, leur impact sur la vie quotidienne et la conception de l’humain. De la naissance d’Internet en 1969, à des fins militaires, aux avancées révolutionnaires de la robotique, en passant par les témoignages de victimes des réseaux sociaux, le panorama n’est pas une 30
cure d’optimisme. Boîte de Pandore ou progrès pour l’humanité ? Herzog demeure sceptique face à l’amour déclaré de certains scientifiques pour leurs intelligences artificielles ; prenant en charge la voix off du documentaire, il se demande face à une grappe de moines en robe safran au bord de la rivière Chicago, tous absorbés par leur I-Phone : « Les moines ont-ils cessé de méditer et de prier ? Ils semblent tous Tweeter. » Loin de Chicago et de la Silicon Valley, les « Ta’ang » fuient la Birmanie pour se réfugier en Chine. Ces laissés-pour-compte de l’actualité internationale marchent avec leurs modestes biens dans la nuit, suivis de près par le réalisateur chinois Wang Bing (A l’ouest des rails, 2004 ;
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culture black movie
L’Ornithologue
Les Trois Sœurs du Yunnan, 2012). Tourné sans autorisation et dans l’urgence, Ta’ang capte le dénuement quotidien de cette minorité ethnique en conflit avec l’armée birmane. Recherche et partage de nourriture, construction d’abris de fortune, maltraitance des militaires, rien n’échappe au cinéma ultra réaliste – à ras d’homme et de sujet – de Wang Bing. Film après film, avec une attention immodérée pour les marginaux, le documentariste dresse le portrait implacable du refoulé de la société chinoise. Côté fiction, L’Ornithologue de João Pedro Rodrigues (O Fantasma, 2000) revisite le mythe de Saint-Antoine de Padoue sous l’angle homoérotique d’un récit initiatique. Incarné par Paul Hamy
(Mon Roi, 2015), un passionné de la faune descend le fil d’une rivière en quête d’une espèce de cigogne en voie d’extinction. Son kayak se brise dans les rapides et il est sauvé in extremis par deux Chinoises fanatiques en pèlerinage pour Saint-Jacques-de-Compostelle. S’en suivent plusieurs rencontres improbables (dont un jeune berger nommé Jesus) dans un monde végétal peuplé de symboles, de rites païens et d’animaux. Filmé comme un western en décors naturels (une réserve au nord du Portugal), dans une mise en scène baroque, ce film de survie en milieu hostile est aussi « une odyssée mystique plastiquement magnifique », estime Pascal Knoerr, responsable des relations presse au Black Movie. Suivi par 31
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le festival depuis plusieurs années, notamment lors du focus sur le cinéma portugais en 2013, João Pedro Rodrigues sera présent à Genève avec l’acteur français Paul Hamy. Chorale gay Tourné à l’autre bout de la planète, Weekends s’appuie sur les ressorts de la comédie musicale pour évoquer les droits LGBT en Corée du Sud. Un pays majoritairement chrétien, où l’homosexualité reste un tabou et une honte sociale. Militant et drôle, ce docu signé Lee Dongha suit une chorale gay, composée exclusivement d’hommes qui se réunissent chaque fin de semaine pour pratiquer le chant et se soigner collectivement. Entre plans fixes en mode interview, où chaque protagoniste se raconte face caméra, et séquences de tournées à travers le pays, le film laisse aussi entrevoir les actions sociales menées dans la rue par ces citoyens de tous horizons (ils sont employés
lambda, designer, stagiaire, médecin) en faveur de la reconnaissance de leurs droits. Dans un genre plus spectaculaire, l’OVNI de cette édition sera sans aucun doute Baby Bump. Une plongée hallucinée dans les transformations d’un corps à l’adolescence. Avec ce premier long-métrage, le Polonais Kuba Czekaj appuie sur les effets visuels pour accorder la forme aux turbulences physiologiques de Mickey House. Un ado pustuleux, flippé, largué socialement et en proie à des cauchemars surréels que le montage accentue par des gros plans repoussants, des associations d’images, des écrans divisés et anxiogènes. « C’est un film clippé à l’extrême avec une esthétique des fluides et des humeurs sur-bruités, commente Pascal Knoerr de BM, mais il nous fait toucher au plus près les modifications d’un corps adolescent. C’est typiquement le genre de film qu’on aime au Black Movie, décalé, impertinent et un peu punk. » 33
Black Movie, du 20 au 29 janvier 2017 Lieux principaux : Maison des arts du Grütli, Spoutnik, Cinélux, Alhambra, Lieu central : Kalvingrad. www.blackmovie.ch
culture black movie
Baby Bump
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culture cinéma
la muse d‘Assayas
Personnal Shopper
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Brillante dans «Personal Shopper», la jolie Américaine s’occupe du dressing d’une célébrité en attendant une manifestation de l’au-delà. Edmée Cuttat
A
près leur première collaboration dans « Sils Maria » en 2014, Olivier Assayas et Kristen Stewart ont eu envie de recommencer l’expérience avec « Personal Shopper », où la nouvelle muse du cinéaste se retrouve à incarner une assistante de star. Jeune Américaine dépressive et solitaire installée à Paris, Maureen s’occupe, bien qu’elle déteste ça, de la garde-robe d’une célébrité de la mode trop débordée pour faire ses courses ellemême chez les grands couturiers et les bijoutiers. L’occasion d’un défilé de marques de Chanel à Cartier en passant par Louboutin, prétexte pour le réalisateur de critiquer un monde obnubilé par le luxe. Car pour lui, Personal Shopper est l’histoire d’une femme exerçant un travail d’un matérialisme aliénant et cherchant le salut dans le rejet de ce matérialisme. Cela dit, elle n’a pas trouvé mieux pour payer son loyer en attendant une manifestation de l’au-delà. Car par ailleurs médium, Maureen cherche à communiquer avec Lewis, son frère jumeau décédé récemment des suites d’une malformation cardiaque, une maladie dont elle souffre également. Inconsolable, incapable de faire son deuil, elle affirme sentir sa présence, ce qui lui permet de conserver l’espoir d’un signe du disparu, pour pouvoir vivre sa vie restée en suspens. Elle se met alors à recevoir sur son portable d’étranges messages
anonymes, la poussant à devenir une autre. Impressionnante, brillante, magnétique, de chaque plan, Kristen Stewart, superbement filmée sous toutes les coutures par un Olivier Assayas à l’évidence fasciné par son héroïne, offre une remarquable prestation dans un rôle subtil et complexe, à l’image de l’opus. Inclassable entre thriller horrifico-psychologico-fantastico-fantomatique et drame intime, Personal Shopper se révèle envoûtant, déroutant, bizarroïde. Il nourrit une sorte de méditation érudite, cérébrale et irrationnelle, convoquant des spectres sous forme de masses gazeuses, le souvenir d’Hilma Af Klint, pionnière de l’art abstrait, ou celui d’un Victor Hugo spirite joué par Benjamin Bioley. Tout n’est certes pas réussi et convaincant. On lui reprochera par exemple des revenants peu crédibles ou une séquence aussi longue qu’improbable, nous valant d’interminables échanges de textos. Des maladresses non seulement gommées par la présence ensorcelante de Kristen Stewart, mais également par une mise en scène sophistiquée et élégante. En dépit des huées des critiques, elle lui a valu un prix le mai dernier à Cannes, à égalité avec Baccalauréat du Roumain Cristian Mungiu. Voir ci-contre.
Sortie le 14 décembre
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Paterson
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Baccalauréat
l’examen impitoyable Le Roumain Cristian Mungiu se penche sur la corruption à laquelle s’initie un honnête homme.
Avec « Paterson », le réalisateur américain propose un film plein de grâce et d’humour.
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Sortie le 21 décembre
Sortie le 7 décembre
édecin quinquagénaire enrobé ruminant son échec, Roméo exerce dans une bourgade de Transylvanie. Convaincu qu’il n’y a plus d’avenir en Roumanie après y être revenu plein d’espoir en 1991, il s’est démené pour que sa fille Eliza soit acceptée à l’Université de Cambridge. Il ne lui reste qu’à passer son bac, une formalité pour cette élève modèle. Rien ne va pourtant se dérouler comme prévu. Eliza est agressée sexuellement à quelques jours des examens. Le drame risque de peser sur ses résultats et remettre en cause sa bourse pour l’Angleterre, ainsi que la vie de Roméo. Frustré, il cherche n’importe quel moyen pour qu’elle réussisse. Et finit par accepter l’aide d’un malade influent, en vue de corrompre le correcteur des copies. Le piège se referme, c’est l’engrenage. A travers « Baccalauréat », critique sociale virant au film noir, Cristian Mungiu, Palme d’or pour « 4 mois, 3 semaines, 2 jours », se penche sur une Roumanie minée par les compromissions et le trafic d’influence auxquels s’initie un honnête homme. Un examen passionnant et impitoyable concernant finalement toutes nos sociétés. On regrettera juste le dénouement, l’auteur misant platement sur la rédemption par la jeunesse. EC
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culture cinéma
Jim Jarmush filme la poésie du cocon
im Jarmush s’est lancé un sacré défi: exalter la beauté du bonheur au quotidien avec « Paterson », qui est aussi le nom de son personnage, celui de la ville où se déroule l’intrigue et le titre du célèbre recueil du poète américain William Carlos. Conducteur de bus, Paterson, incarné par Adam Driver, écrit lui aussi des poèmes, dans un carnet dont il ne se sépare jamais. Il est particulièrement inspiré par son amour inconditionnel pour Laura, sa compagne (Golshifteh Farahani), qui le lui rend bien. Tous deux vivent dans une petite maison en compagnie de leur bouledogue, Marvin. Une existence simple, ultra ritualisée. Paterson se réveille pile à 6h15, part à son travail, promène le soir Marvin qu’il attache devant un bar où il prend sa bière habituelle, avant de rentrer chez lui. De son côté la fantasque Laura, s’inventant chanteuse ou pâtissière, redécore tout, obsessionnellement, en noir et blanc. Ils sont follement heureux au sein de ce cocon domestique, jusqu’au jour où s’immisce un grain de sable On n’en dira pas davantage. Sinon que ce film porté par deux excellents comédiens se révèle plein de poésie et de grâce, la répétition des situations banales le rendant aussi irrésistiblement cocasse. EC
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culture focus
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Bryan Cranston
L’homme invisible
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Bryan Cranston, l’anti-héros de la série à succès « Breaking Bad », accumule désormais les premiers rôles avec talent mais l’air de rien. Anne Rollat
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alter White, le prof de chimie insignifiant qui se spécialise dans la fabrication de méthamphétamine pour assurer l’avenir de sa famille est décédé, comme le pire des salopards, dans la dernière saison de Breaking Bad en 2012. Mais puisqu’il y a une vie après la mort, la carrière de l’acteur s’est envolée depuis. Le jeune comédien qui a cultivé des champs de navets pendant des années, l’éternel second rôle dont personne ne se souvient dans Argo ou dans Drive, joue désormais les têtes d’affiche en profitant pleinement de son physique passe-partout. En 2015, il entre dans la peau de Dalton Trumbo, célèbre scénariste qui, alors que la Guerre Froide bat son plein, est blacklisté par le tout Hollywood. Métamorphosé, Bryan Cranston livre une prestation remarquable qui a failli lui valoir un Oscar. Autre transformation bluffante avec Infiltrator. Pour le coup, il interprète un agent fédéral infiltré dans les milieux de la drogue colombiens. Là encore, il est impeccable quand il s’agit de se comporter comme une véritable ordure. Enfin, il est méconnaissable pour le petit
écran avec le téléfilm All the way. Seulement quelques heures après l’assassinat de Kennedy, on le retrouve, ridé et dégarni, à la Maison Blanche pour interpréter le Président Lyndon Johnson. Par la force des choses, il doit du jour au lendemain occuper un poste pour lequel il n’était pas destiné. Et gérer, entre guerre du Vietnam et droits civiques, un pays tel que les Etats-Unis. Pour ce natif de Canoga Park en Californie, qui a risqué d’entrer dans la police avant de se tourner vers la comédie comme son père, le chemin vers la reconnaissance a donc été long, très long. Mieux vaut tard que jamais, déjà trois films prévus en 2017. Contrairement à certains de ses collègues, Bryan Cranston ne fait jamais du Bryan Cranston. Non, ce sexagénaire sans signe particulier n’attire pas l’attention. Sa nature de caméléon ascendant poisson, lui permet de se glisser dans ses personnages pour s’en emparer. Et quand il en a fini avec eux, il retourne parmi les anonymes au point qu’on ne sait plus réellement à quoi il ressemble. A l’inverse, on commence à se rappeler parfaitement de ses films.
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UN LIVRE CONTRE L’OUBLI Jonas Gardell publie un impressionnant roman sur les années Sida. Vendu à 500 000 exemplaires en Suède, il est un chef-d’oeuvre aussi nécessaire que saisissant. Lucas Vuilleumier
culture littérature
L’auteur est une véritable star en Suède.
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lles étaient abruptes, radicales et violentes, les consignes données aux infirmières alors que l’épidémie du Sida faisait rage, dans les années 80. Depuis l’apparition d’un des plus terribles maux du siècle, coriace, qui décime toute la communauté homosexuelle. On n’est jamais trop prudent quand on approche un contaminé. On opère alors un délétère retour en arrière: ces années qui se lançaient dans la liberté et l’insouciance se voient trop vite rattrapées par un spectre meurtrier, une ombre menaçante qui tue dans l’oeuf ce bonheur qui était enfin à conquérir.
chaque couche de la société. Et même si on se protège, si on se barricade, on est forcément touché par cette épidémie sans pitié. Ces frères, ces amis, ces compagnons qui s’emmurent de silence peuplent le livre de Jonas Gardell comme autant de vies minuscules en voie d’extinction. Universel, même s’il se passe en Suède, N’essuie jamais de larmes sans gants, est le roman de tous ceux qui se sont fait traiter de pédé sans jamais se départir de leur envie d’être heureux à leur tour. S’il est avant tout l’histoire de Rasmus, un jeune homme qui quitte sa profonde province pour respirer à nouveau à Stockholm, il est aussi celui de la galaxie homosexuelle, haute en couleurs et bigrement attachante, qui va se déployer autour de lui, toujours guettée par cette maladie nouvelle. C’est chez Paul, grande folle aussi lumineuse que pathétique qui rassemble les êtres avec délice et générosité, que Rasmus
N’essuie jamais de larmes… Rien, pas même la larme d’un homme malade ne doit être touchée sans protection. Ce « cancer gay » qui se propage déclenche une peur qui gangrène rapidement 41
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©DR
“Pourtant, il existe” Rasmus et Benjamin commencent très vite une histoire d’amour intense, qui enlace un nombre incalculable d’événements historiques minutieusement compilés par Jonas Gardell, qui livre ici un exercice de mémoire exhaustif et vertigineux. Comment ne pas retenir le motif saisissant de beauté du roman : cet élan blanc croisé au détour d’une promenade en forêt que Rasmus fait avec son père dans son enfance. Peureux et vite disparu, l’animal ne fait aucun objet de convoitise de la part des chasseurs à cause de sa différence. L’enfant ne
comprend pas : « Pourtant, il existe. » Carnaval d’âmes sacrifiées en pleine bouffée de jeunesse, ce livre, dont la lecture semble immensément nécessaire, est un de ces tire-larmes qui fait du bien, tant il nous lave de la peur mal placée, de l’incompréhension qui embue cette époque. Médias et responsables poltiques n’ont pas leur pareil, dans ces eighties plus que sombres, pour relayer une crainte populaire qui isole les personnages de ce roman criant de vérité. Entre réactions crispées de l’entourage et désespoir des amis impuissants, ceux dont le VIH stoppe la course réagissent chacun à leur manière, mais surtout comme ils le peuvent car toujours dans la honte, alors que les traitements ne sont pas encore au point. Véritable tragédie d’anonymes qui luttent jusqu’au bout pour le moindre sursaut de vie, N’essuie jamais de larmes sans gants est le roman (magistral) d’une époque morose, un livre contre l’oubli qui n’a de cesse, une fois refermé, de se rappeler à notre souvenir. « N’essuie jamais de larmes sans gants » Jonas Gardell Traduit du suédois par Lena Grumpach et Jean-Baptiste Coursaud, Editions Gaïa, 465 pages Publicité
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culture littérature
va faire la connaissance de Benjamin, jeune homme pétri de convenances et des a priori de ses parents, des témoins de Jehovah pas franchement tolérants. Le livre touche au coeur, et ce, à plusieurs reprises, notamment lorsque l’homosexualité, vécue de l’intérieur comme une différence évidemment sans importance, se révèle et se remarque chez l’autre comme un simple grain de beauté. “Tu le sais au moins, que tu es homosexuel?”, ose Paul face à un Benjamin encore à côté de lui-même, avec tact et sensibilité.
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HOP, SOUS LE SAPIN Chaque mois Livresse vous propose sa sélection.
Emma Cline The girls
Pénélope Bagieu Culottées, tome 1
Négar Djavadi Désorientale
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e premier roman aux délicieux parfums d’Orient raconte l’histoire de Kimiâ Sadr. Avec les siens, elle a fuit à 11 ans l’Iran et son régime répressif pour s’installer à Paris. Arrivée en France, elle découvre les difficultés de l’exil mais aussi la possibilité de vivre son homosexualité. Entre Téhéran et Paris, nous suivons au passé l’histoire passionnante de sa famille traversant les affres de la Révolution iranienne, et celle, au présent, de Kimiâ qui essaie d’avoir un bébé par insémination avec sa compagne. En partie inspirée de sa propre vie, Négar Djavadi livre une histoire grave mais pleine d’humour, aux multiples thèmes passionnants et à l’énergie très Rock’n Roll ! Liana Levi
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oilà réunis dans un album coloré, joyeux et léger quinze portraits de femmes que la célèbre bloggeuse du journal Le Monde a nommé les « Culottées » et sous-titré : « Ces femmes qui ne font que ce qu’elles veulent ». Des petites chroniques qui nous font découvrir quelques inconnues comme Giorgina Reid, gardienne de phare, Jospehina von Gorkum, amoureuse têtue, Lozen, guerrière et chamane, ou encore Delia Akeley, exploratrice. Et si cela ne vous suffit pas, le tome 2 est prévu pour janvier 2017 ! Gallimard BD
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Alison Bechdel L’essentiel des gouines à suivre : 1987 – 1998
n monument de la littérature lesbienne enfin disponible en français ! Plus connue sous nos latitudes pour ses bandes dessinées autobiographiques « Fun Home » et « C’est toi ma maman », Alison Bechdel avait pourtant commencé à sévir brillamment à la fin des années 1980 avec sa série des « Dykes to watch out for », racontant, sous forme de petites histoires la vie, les amours, les engagements d’un groupe de lesbiennes & Co. Dernièrement, l’auteure en a réédité un condensé (d’où le titre) en anglais, que voilà traduit ! Riche, drôle, profond et incontournable ! Même pas mal
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culture littérature
D
ès les premières pages de ce récit, premier roman d’une jeune écrivaine américaine, la tension est puissante et omniprésente. Fin des années 60, Californie, Evie a quatorze ans ; fille unique, mal dans sa peau, elle vit avec sa mère que son père vient de quitter. Après une dispute avec sa meilleure amie, elle se tourne vers un groupe de filles dont la liberté la fascine. Elle tombe sous la coupe de Suzanne, et se laisse entraîner dans le cercle d’une secte et de son leader, jusqu’au drame. Raconté par une Evie adulte, mais toujours cabossée, le récit se concentre sur les semaines qui précèdent la tragédie, et tente de comprendre ce qui a transformé des jeunes filles éthérées en monstres sanguinaires. L’écriture imagée de l’auteure souligne la force de ce roman ! Quai Voltaire
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LES FAMILLES ARC-EN-CIEL SONDéEs Pour pallier l’absence de données et combattre les préjugés, les associations homoparentales suisses ont mis en ligne un questionnaire. François Touzain
association étude
L
a fédération Familles arc-en-ciel a lancé un sondage national. Disponible en trois langues, ce questionnaire s’adresse aux gays, lesbiennes ou trans qui sont parents ou souhaitent le devenir, et qui habitent en Suisse. La récolte de données, première du genre au niveau national, vise à mieux soutenir ces foyers et à lutter contre les discriminations et les préjugés. Les résultats, attendus en février prochain, serviront d’outils pour sensibiliser les professionnels et le grand public. Ce travail s’inscrit dans un contrat de prestation pour Pro Familia suisse, financé par une subvention fédérale de 75 000 fr sur trois ans.
Participer au sondage: fr.surveymonkey.com/r/famarc
Transdessinée par Johanna
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Le 1er décembre est l’occasion de rappeler qu’environ 20 000 personnes vivent aujourd’hui avec le VIH en Suisse. Qu’en est-il de leur réalité de vie au quotidien avec le virus ? De la réalité médicale, Indétectables… Les avancées médicales qu’ont connus les traitements ont grandement amélioré la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. Aujourd’hui, le diagnostic n’est plus synonyme de mort et l’espérance de vie reste inchangée s’il intervient rapidement après l’infection. Dans la majorité des cas, le traitement se résume à un cachet par jour sans plus d’incidence sur le quotidien. Comme le montrent les contrôles médicaux réalisés généralement tous les 6 mois, ce traitement permet de ramener la charge virale en dessous du seuil de détection, soit l’indétectabilité. Les personnes séropositives et leurs partenaires séronégatifs-ives peuvent alors décider d’abandonner le préservatif sans risque de transmission du virus. Pour en savoir plus sur #undetectable consultez DrGay.ch
Ou parlez-en à Checkpoint :
…à la réalité sociale, Invisibles Pourtant, malgré ces évidences médicales, les personnes séropositives sont encore trop souvent confrontées à la sérophobie. Il leur est difficile de parler de leur statut sérologique avec leurs proches : familles, ami-e-s, partenaires Par peur d’une réaction de rejet, elles sont contraintes à se murer dans le silence. Celui-ci les conduit à un isolement et une perte d’estime de soi, générateurs de mal-être. Depuis la fin des années 1990 et l’apparition de traitements efficaces, l’invisibilisation des personnes séropositives n’a pas permis de changement culturel. La représentation que nous nous faisons généralement d’une personne porteuse du VIH n’a malheureusement pas évolué depuis cette époque. En l’absence d’informations sur les réalités médicales actuelles et de figures d’identification positive, le diagnostic de séropositivité est encore vécu comme un choc, assorti d’un sentiment de culpabilité et de honte.
Checkpoint Vaud Rue du Pont 22 1003 Lausanne vaud@mycheckpoint.ch +4121 631 01 76 Sans RDV Lundi 12–16h Mercredi & Vendredi 16–20h
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Checkpoint Genève Rue du Grand-Pré 9 1202 Genève geneve@mycheckpoint.ch +41 22 906 40 30 Sans RDV Lundi & Mercredi 16 à 20h Ve 12 à 16h
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Journée mondiale de soutien aux personnes infectées et affectées par le VIH/Sida
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GAYMAP gros Plan
TOUT SCHUSS Les Alpes se parent des couleurs de la diversité.
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iguiser ses carres et dévaler les pistes. L’hiver s’annonce sportif et festif. Quelques événements se taillent la part du lion aux quatre coins des Alpes. L’Arosa Gay Ski Week est sans conteste l’événement phare de cette saison. Du 21 au 28 janvier, 600 personnes sont attendues pour faire honneur à l’or blanc jusqu’à 2653m d’altitude ! Le savoir-faire et le sens de l’accueil d’Alexandre Herkommer et de son équipe font résonner le goût helvétique. So chic.
Du 5 au 12 mars, à Graubünden, un des pionnier du genre (créé en 1993), Swing marie les sports de glisse au yoga, à la gastronomie et à la culture. Point de chute: le quatreétoiles Schweizerhof. Swing c’est Zen ! A l’échelle européenne, c’est Tignes qui fait fureur. L’European Snow Pride établit son campement dans la station française. Incontournable: l’après-ski au Chalet du Bollin et et les soirées survoltées au palais des congrès.
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Enfin, pour les plus gourmands, c’est du côté d’Avoriaz qu’il va falloir lorgner. L’European Gay Ski Week se targue d’être le plus gros événement LGBT pour dévaler les pistes tout en se faisant chauffer les cuisses. On se retrouve sur les pistes ! HS www.arosa-gayskiweek.ch www.swing-gayski.ch europeangayskiweek.com www.europeangayskiweek.com
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GAYMAP musique
Le Chant de la machine
A la fin des années 90, David Blot et Mathias Cousin, deux amis, témoins privilégiés de la naissance de la French Touch, se lancent dans un projet de BD pour raconter l’histoire de la House Music. Salomé Kiner
C
’est une histoire qui commence à New York comme une biographie ordinaire. Une date de naissance, 1972. Une poignée de géniteurs: David Mancuso, considéré comme le premier DJ de l’histoire des clubs (décédé mi-novembre), Nicky Siano, Frankie Knuckles, Larry Levan. Encouragés par une armée de noctambules mélomanes, arrimés à des clubs légendaires, ces pionniers font danser leurs adeptes sur les braises électriques de la musique disco. Une chrysalide de laquelle jaillira bientôt la House Music et son cortège de fêtes, de
hits, de drogues, de métissages et de révolutions. Le Chant de la machine raconte cette histoire. En creux, elle raconte aussi celle, poreuse, accidentée, d’une fin de siècle en manque d’idéologies. Elle passe par les ghettos de Chicago et les friches industrielles de Detroit. Elle fait escale dans l’Angleterre austère de Thatcher, choppe une insolation à Ibiza et danse sans conscience avec les kids perchés des raves européennes. D’abord sensuel et cristallin pour raconter l’effusion extatique des débuts, Le chant de la machine s’éraille au fil de son sujet. 52
Inspiré dans le premier tome par les bluesmen de Crumb, le trait de Mathias Cousin se lâche progressivement dans les vertiges de l’ecstasy, s’épaissit sous les ruses de l’industrie et se déforme pour dénoncer les spoliations de la culture de masse. Sans jamais tomber dans les travers amers du « c’était mieux avant ». Le Chant de la Machine, de David Blot et Mathias Cousin, Ed. Allia, 224 pages Disponible notamment chez Cumulus à Genève, 5 rue des Etuves et en commande chez Belphegor à Lausanne, 10 bld. de Grancy.
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« Les clubs, lieux de refuge » Journaliste, animateur du « Nova Club » sur Radio Nova, fondateur des soirées Respect, David Blot est l’auteur du « Chant de la machine ».
Quel rôle la communauté gay a-t-elle joué dans l’émergence de la musique house ? À l’époque où les minorités - les noirs, les latinos, les gays- étaient encore stigmatisées dans la rue, les clubs sont des lieux de refuge. C’est une notion capitale dans l’histoire des clubs new yorkais et pour la musique qu’on y passe. On y va pour se retrouver, pour se laisser aller. Comme la disco, la house est une musique désinhibante, très sensuelle. Elle échappe aux codes très virils qu’on trouve dans les cultures
dominantes du rock et du hip hop. Je me méfie des généralités, mais cet aspect-là de la house a pu séduire une partie de la communauté gay.
mais disons que la techno est une musique horizontale quand la house serait plus verticale…
Née de la cuisse de la disco, la house est-elle une musique noire ? Oui, la house est une musique qui voyage, une musique d’échanges entre continents, mais son origine est noire-américaine, ça ne fait pas l’ombre d’un doute ! Ça m’énerve quand on dit que ça vient d’Europe. Cerrone, Giorgio Moroder ou Kraftwerk lui ont apporté les machines, l’ont hétéroïsée et blanchisée, probablement involontairement. Aux Etats-Unis, la naissance de la techno est le fait d’une poignée d’afro-américains, mais s’ils n’avaient pas écouté New Order et Kraftwerk, ils n’auraient pas fait ce son-là.
La musique électronique est-elle la dernière invention musicale majeure ? Les nouveautés se raréfient depuis les années 1990. Prenons la période 1956-1986, c’est la même durée entre aujourd’hui et 1986, naissance de la house. En 1950, on écoutait Eddie Cochran, Gene Vincent et Elvis Presley. 30 ans après, c’est la techno de Detroit. Entre les deux, il y a eu les hippies, le punk, la new wave, etc. Depuis 1986, que s’est-il passé ? Le vrai dernier genre serait la drum’n’bass, mais c’est déjà un bébé-de On me parle de trap ? Ce genre de hip hop existait déjà dans les années 80. Je me demande si Internet et la musique à portée de clic n’a pas son rôle dans cette stagnation. Aujourd’hui, les gens sont ultra pointus sur des trucs obscurs impossible à trouver il y a 20 ans de ça. Le temps d’assimiler toutes ces musiques ne laisse pas beaucoup de place à l’invention. Et d’autres se demandent aussi que faire de plus novateur que la techno et la musique électronique.
Qu’est ce que différencie à votre avis la techno de la house ? C’est une question complexe. La house est plus disco et la techno new-wave. Elle utilise moins de voix que la house, qui est plus funky, plus sexy et moins rapide que la techno. La techno est mentale, futuriste, elle donne envie de prendre sa voiture la nuit sur l’autoroute. C’est une image,
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360°: Parmi les personnages du « Chant de la machine », on reconnaît Didier Lestrade, cofondateur d’Act-Up Paris : David Blot : Didier Lestrade est fondamental pour moi. À la fin des années 1980, il était le seul à écrire sur la house en France, dans sa tribune du journal Libération. Je ne comprenais pas tous les mots, mais je découpais religieusement ses articles. En 1996, lorsqu’on a débuté ce projet avec Mathias Cousin, Internet débutait à peine, on avait peu de sources. Nous sommes allés le voir et il nous a beaucoup aidés à comprendre et imaginer les histoires new yorkaises du Paradise Garage, du Loft, de David Mancuso
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FUSION FOOD Deux nouvelles enseignes ouvrent leurs portes à Genève avec une formule gastronomique magique qui mise sur les métissages.
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Francesca Serra
©Irina Popa
Monica Barros ne fait qu’une avec sa cuisine.
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our les vrais passionnés, la cuisine est une affaire d’inspiration. Gourmet habité et stakhanoviste, Monica Barros a choisi d’arpenter le monde pendant un an en compagnie de sa compagne Laura pour découvrir et répertorier les recettes traditionnelles. Elle a ensuite travaillé pour une des meilleures tables neuchâteloises, la Collégiale, dont la réputation s’est bâtie, entre autres, sur leur assortiment de tartares. Monica aujourd’hui double la mise : ce sont bien vingt tartares, aussi en version végétarienne, qu’elle propose désormais dans son café restaurant Le Boteco, à quelques pas de la place des Philosophes. Autre singularité, elle offre à nos papilles un fragment de Brésil avec les savoureux petiscos, les tapas brésiliens. On y déguste donc le manioc frit
aux oignons, les pastels de gambas, les « pão de queijo », de la « picanha na chapa ». La cheffe brésilienne jongle entre recettes d’ailleurs et produits locaux, la viande provient de la Boucherie du Molard et l’assortiment, renouvelé chaque mois, de bière est 100 % artisanale. Ouvert dès 6h30 avec viennoiseries, tartines et smoothies de fruits tropicaux, Le Boteco est une adresse où on se réfugie volontiers à tout moment de la journée pour son écrin accueillant et pimpant, mélange zen entre meubles scandinaves et déco pop, qui ne manque pas de suggérer la végétation luxuriante du Brésil. LE BOTECO, rue Micheli-du-Crest 12, 1205 Genève, 022 328 09 09 Ouverture mi-décembre
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es personnes qui, comme moi, sont accros au ceviche ne peuvent que se réjouir du boom que connaît en ce moment la cuisine péruvienne au niveau international. A la seule exception de leur recette ancestrale du cochon d’inde rôti, les spécialités péruviennes sont désormais plébiscitées. Si la gastronomie andine fait sensation, elle le doit, en grande partie, au célèbre chef péruvien Gaston Acurio qui l’aurait poussée aux sommets des classements gastronomiques, mais elle doit avant tout à sa géographie et son histoire. De la forêt amazonienne à ses longues côtes en passant par le désert, le pays peut vanter une biodiversité incroyable et aussi cinq siècles de melting pot culturel dont elle a hérité le Nikkei alias la cuisine nippo-péruvienne. Cette spécialité a enfin son véritable restaurant à Genève, le Kampai, niché dans le cœur des Pâquis, qui
fait également office de bar jouant les prolongations musicales jusqu’à deux heures du matin. Articulé sur deux étages, l’espace a été conçu dans les moindres détails par le gérant Oscar Zapata qui a même dessiné la vaisselle en céramique déclinée dans les tons du gris, brun, jaune et rouge corail. La présentation des mets est très sophistiquée pour rendre hommage aux saveurs incroyablement subtiles des recettes comme le makis acevichados ou encore le tataki de thon, réalisés dans les règles de l’art. Pour le ceviche, aux délicieux morceaux de poisson cru viennent se marier les notes des agrumes du yuzu qui évoquent en même temps le citron vert et la mandarine. Chevere ! FS KAMPAI, rue de Monthoux 25, 1201 Genève, 022 900 18 54 Publicité
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NOUVEAUX HORIZONS Il y a du nouveau sous le stratus genevois. Une percée lumineuse propose aux amateurs de sorties bien senties deux nouveaux lieux qui se déclinent saveur LGBT.
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Carouge, on entendait la rumeur enfler depuis un moment, un nouvel espace dédiée à la communauté vient d’ouvrir ses portes. Le Champmeslé, c’est son nom, divertira nos contemporains de la manière la plus adéquate : à grand coups de dancelfoor. Mais pas seulement, puisque des expositions sont aussi prévues avec un renouvellement qui s’inscrit sur une base mensuelle. Sinon, le Moulin Rouge de Genève pense à nous aussi. La vénérable institution se lance pour défi de rallier toutes les couleurs de l’arc-en-ciel autour d’un T-Dance le 18 décembre. Organisé notamment par Jean-Luc Beaugeard, un ancien des gay tea
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dance parisien, il nous reste à faire en sorte que le projet cartonne pour que Calvin soit le seul à se tourner les pouces le dimanche. Bon et puis, pour tous ceux qui se demandent quand le Phare va rouvrir ses portes et bien sachez que ce lieu qui manque à beaucoup fera à nouveau notre bonheur dès le mois de mars ! Ah et oui, on n’oublie pas ! Deux soirées Fever sont annoncées pour ce passage à l’an neuf. Le 10 décembre à la Gravière pour une 36gr et le 14 janvier au Palais Mascotte. Ho ho ho ! HS facebook.com/lechampmesle moulinrouge.ch 360fever.ch
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LE BORDEL à PAPA NOËL Tradition devant l’éternel, la soirée de Noël au MAD de Lausanne s’annonce tropicale.
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floor LGBT va venir nous aider à digérer la dinde qui n’aura pas manqué de nous fatiguer le système. Le programme se décline sur deux étages avec un line-up à faire pâlir Mère Noël. Notez également que personne ne restera sur le carreau le premier janvier puisque toute l’équipe de Ludo
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et Adriano remettent le couvert dans le temple des nuits lausannoises. Et puisqu’une bonne nouvelle vient rarement seule sachez, que toutes ces soirées sont gratuites. Un bien beau cadeau. HS gameboy-gayparty.ch
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ous prenez un bon son club, des biscotos à gogo, des gogos mais aussi des individus on ne peut plus normaux et vous obtenez une joyeuse Bordello. Ce ne sont pas celles et ceux qui resteront sur les rives du Léman qui vont s’en plaindre. Comme chaque année le grand raout dance-
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GAYMAP tu t’es vu ?
Black Night@ Rex Good Vibes, Vevey
Les 10 ans ! @ La Suite 115, Genève
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GRINDR CHASSE LES NUAGES DE DEALERS A la demande d’utilisateurs et d’élus, Grindr a annoncé avoir bloqué certains symboles et codes utilisés par les dealers de stupéfiants sur son application.
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François Touzain
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lusieurs sites LGBT aux EtatsUnis et en Australie ont rapporté un phénomène préoccupant sur l’application Grindr. Comme d’autres systèmes de messagerie, l’omniprésente plate-forme de drague gay voit se développer un marché de la drogue sur les écrans de smartphones. Une enquête de OutInPerth avait relevé en février un nombre impressionnant de profils illustrés par un ciel nuageux, des pilules ou des fumées – autant de codes qui signalent le plus souvent des dealers de méthamphétamines, ou parfois de médicaments ou de cannabis.
La police d’Australie-Occidentale s’est dite au courant du problème, et a recommandé aux utilisateurs de Grindr de porter plainte en cas de proposition de stupéfiants. ÉMOTICÔNE BANNI La situation serait analogue aux Etats-Unis, où les dealers rivalisent d’imagination pour placer dans leurs profils des références à peine voilées à tout leur assortiment de drogues. Comme le rapporte le site WeHoVille, Grindr aurait pris du retard dans la lutte contre le deal sur sa plate-forme
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par rapport à des apps concurrentes comme Scruff. Des élus de West Hollywood ont ainsi saisi les dirigeants de Grindr, dont le siège est installé dans la municipalité californienne. Résultat: Grindr a annoncé que le système bloquerait désormais l’utilisation de certains émoticônes dans les profils. C’est le cas du symbole «nuage», apparemment utilisé par les revendeurs de «meth». Certains codes et phrasesclés destinés aux adeptes du chemsex seront aussi bloqués, a indiqué Grindr, qui s’est toutefois refusé à en dire davantage.
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GAYMAP tu t’es vu ?
360°Fever are for Ever @ Palais Mascotte, Genève Photos : Irina Pop
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AGENDA CRUISING
Déc les ouvre s z jan oirées vier d sur e le 360.c site h/g aym ap
VENDREDI 2.12 LAUSANNE Pink Beach Grizzly Night (bears), 20h Trafick En Travelo, 19h BERNE Aqualis Sneakers or Underwear, 23h ZURICH Rage Kick-off! (sportswear and sneakers), 22h
LAUSANNE
Trafick Super Mixte XXXL, 21h Pink Beach Pink Birthday, 12h
ZURICH
Rage X-treme Rubber + Leather, 22h
DIMANCHE 18.12 LAUSANNE
Pink Beach Pink Birthday (showcase and surprises) Trafick X-trem Gay (naked), 14h
SAMEDI 3.12 GENÈVE
Bains de l’Est QNu (naked), 23h
VENDREDI 23.12 GENÈVE Cruising Canyon Air X Sports, 22h LAUSANNE Trafick Jingle Bells Night, 19h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Winterwonder + Sexfabrik (no dresscode), 22h
LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h ZURICH Rage Erection (full fetish), 22h
DIMANCHE 4.12 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h ZURICH Rage Mega Nackt-Party (naked), 17h
GAYMAP agendas
SAMEDI 17.12 GENÈVE
Bains de l’Est Bear, 16h
SAMEDI 24.12 LAUSANNE Pink Beach Xmas (nonstop sauna weekend), 12h
VENDREDI 9.12 GENÈVE Cruising Canyon Air X Night (fetish), 22h LAUSANNE Pink Beach No Limit (naked), 20h Trafick Bear Night, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Full Fetish, 22h
DIMANCHE 25.12 LAUSANNE Trafick Sexe Christmas (naked), 14h ZURICH Rage Friday Naked Plus, 22h JEUDI 29.12 LAUSANNE
Trafick En Travelo, 19h
VENDREDI 30.12 LAUSANNE
SAMEDI 10.12 GENÈVE
Bains de l’Est Black Out (naked & dark), 23h
Trafick Mask & Naked XXL, 21h
Trafick Orgie Romaine, 21h
Aqualis Naked Night, 23h
BERNE
LAUSANNE
ZURICH Rage Underwear, Jocks, Naked, 22h
ZURICH
Rage Prollboys, 22h
SAMEDI 31.12 LAUSANNE
DIMANCHE 11.12 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h
Pink Beach New Year X-perience Night (naked), 21h Trafick Happy New Year Party, réveillon 100% sexe, avec
les pornstars Nicola Antonio et Zander Craze, 19h ZURICH
VENDREDI 16.12 LAUSANNE Pink Beach Pink Birthday, 12h Trafick Les Délires du Trafick, 21h BERNE Aqualis FF-Night, 23h ZURICH Rage Friday Naked, 22h
Rage Silvester Blow-Up (full fetish and sportswear), 22h
DIMANCHE 1.1 LAUSANNE
Trafick X-trem Gay (naked), 14h
ZURICH
Rage Mega Nackt-Party, 19h
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AGENDA CLUBBING VENDREDI 2.12 LAUSANNE Chic Club La Mala Educación, DJ Morgan, 23h BERNE Frauenraum Popshop, 21h Comeback Soirée électro, 22h H24 The Club Classics, 23h ZURICH Heaven Club Boyteschema DjCK, 23h SAMEDI 3.12 LAUSANNE GT’s LOL by Lilith! (girls only), 22h BERNE Spinnerei Erdbeerfeld, 22h H24 The Club Kizomba Evolution Party, 22h BÂLE Heimat Ok Sébastien / Molke 7, 23h ZURICH Kaufleuten Festsaal Heaven XXL, 23h Stairs Club Inside, 23h
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DIMANCHE 4.12 LAUSANNE GameBoy @MAD, DJ Yazz (pop), 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h ST-GALL News Sack & Pack, 20h MARDI 6.12 GENÈVE La Petite Reine La Petite Mardi, 18h30 MERCREDI 7.12 BERNE Café Marta William, Abeti & Yann (live), 20h VENDREDI 9.12 BERNE H24 The Club 24k Lifestyle, 22h
ZURICH Heaven Club Balkan Gay Night, 23h
SAMEDI 10.12 GENÈVE 360° Fever 36 gr. @La Gravière, 22h LAUSANNE GT’s Academy: la finale! 19h BERNE Frauenraum TanzBar, 20h30 H24 The Club De-Stress, 22h ZURICH Kaufleuten Festsaal Jack, 23h DIMANCHE 11.12 LAUSANNE GameBoy @MAD, DJ Cyril G, 23h BERNE Frauenraum BarOmeter, 14h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h VENDREDI 16.12 BERNE H24 The Club Spotlight, 22h LUCERNE El Cartel Frigay Night, 23h ZURICH Heaven Club Scream & Shout, 23h
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360° – Décembre & janvier 2017 SAMEDI 17.12 LAUSANNE GT’s Remember Party, DJ Marie-Thérèze Lafôsse, 22h BERNE Frauenraum Utopienfete, 22h H24 The Club De-Stress, 22h ZURICH Papiersaal Offstream, 23h Heaven Club Hell on Heels, 23h DIMANCHE 18.12 GENÈVE Moulin Rouge Gay Tea Dance, 18h LAUSANNE GameBoy @MAD, DJ Extasia (Zurich), 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h LOCARNO (TI) Imbarco Immediato Happy Gay Christmas @Locarno On Ice, 18h30 MARDI 20.12 GENÈVE La Petite Reine La Petite Mardi, l’apéro queer du mardi, 18h30
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DIMANCHE 25.12 LAUSANNE Bordello Christmas Party @MAD, 23h ZURICH Plaza Club Boyahkasha! X-Mas, 22h VENDREDI 30.12 BERNE H24 The Club De-Stress, 23h SAMEDI 31.12 LAUSANNE GT’s The All Night Party, 19h Chic Club La Mala Educación, Masquerade Party, 23h BERNE H24 The Club New Years Party, 22h Rainbowdancer Silvester Ball, 21h Du Nord Nordufer Silvesterparty, 23h ZURICH Alte Kaserne Flex Booom, 23h DIMANCHE 1.1 LAUSANNE Bordello New Year Party @MAD, 23h ZURICH Alte Kaserne New Year’s Ladies Night (girls only), 22h » Toutes les infos sur les soirées de fin d’année, et d’autres événements sur notre site 360.ch/gaymap
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GAYMAP agendas
SAMEDI 24.12 LAUSANNE GT’s Before X-Mas, 19h BERNE H24 The Club Chromosome X, 24h Tolerdance @ISC, DJs Ludwig & PCB, 22h
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C1 La Gravière 9, chemin de la Gravière C2 Le Chat Noir 13, rue Vautier, Carouge
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15, Alfred-Vincent X5 Cruising Canyon X6 Sauna des Sources 17, rue des Sources Hors-plan • Outside of the map : ro u Sauna ed tKing eF lr i s s a Jean-Jaurès, 39, orue nt Ambilly (F)
13, rue de la Filature, Carouge S15 Mode – Garçon Manquée
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4-8, rue de la Rôtisserie C4 L’Usine 4, place des Volontaires C5 Palais Mascotte, 43 rue de Berne C6 Le Champmeslé, rue Jacques Dalphin 53,
31, rue Saint-Joseph
S16 Le Bal des Créateurs 25, rue de l’Arquebuse S17 Tatouages – BRUT 6, rue Sismondi S18 Cinéma – Ciné 17, rue de la Corraterie 17 S19 Mode – Jack Cuir, 40, rue de Monthoux
3, rue de l’Est X1 Les Bains de l’Est u te d Pradier X2 Duplexx 8,rorue e Ma lagn X3 Sauna des Avanchets ou Avenue Baptista, Les Avanchets
30, rue Saint-Joseph, Carouge S10 Opticien – Vue des Bains
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B3 GT’s Bar & Lounge Club 5, avenue de Tivoli B5 D3 9, place du Tunnel
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3, rue de la Grotte
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R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point
P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève
R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R4 Le Tramway 6bis, rue de la Pontaise
P3 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3
R6 Le relais 163, avenue de Morges R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av de Tivoli > B3
021 314 04 00
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360° – Décembre & janvier 2017
Associations A1 Aide Sida Berne Monbijoustrasse 32 A2 HAB Homosexuelle Arbeitsgruppen
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Monbijoustrasse 73
A5 SCHLUB (étudiants) c/o SUB cke
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R6 Drei Eidgenossen Rathausgasse 69 R8 Frohegg Belpstrasse 51 R9 Fugu im Nydegg Gerechtigkeitsgasse 16
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R5 Cinématte Wasserwerkgasse 7
R10 Lœtschberg Zeughausgasse 16
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R3 Bistro Steinhalle Helvetiaplatz 5 R4 Brasserie Lorraine Quartiergasse 11
c/o Villa Stucki Ka
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Restaurants R1 Adrianos Theaterplatz 2 R2 Aux Petits Fours Kramgasse 67
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R11 Lorenzini Hotelgasse 8
Gerechtigkeitsgasse 75 B1 Blue Cat Rathausgasse 42 B2 Comeback Bar
R12 O’Bolles Bollwerk 35
B4 ONO Kramgasse 6
R14 Marcel’s Marcili Neubrückstrasse 8
gB5 str as se
R13 Sous le pont Marzilistrasse 25
Tag-Café Espresso Rathausgasse 44
Parties – Soirées Santé/Health
c/o ISC ; P1 Tolerdance Neubrückstrasse 10
A1 Aide Sida Berne
P2 H24 The Club
Consultation VIH/HIV testing and info
Hirschengraben 24 c/o Kapitel Bollwerk
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Monbijoustrasse 32
Bollwerk 41
Consultation VIH/
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X1 Loveland Gerechtigkeitsgasse 39-41
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031 632 21 11
Dermatologie (IST)/ Dermatology (STD’s)
Cruising
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Reitschule Neubrückstrasse 8
Nydeggbr ücke
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VIH (PEP) /HIV post-exposure
C3 Frauenraum
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C2 Sous-Soul Junkerngasse 1
X3 Sauna Aqualis Brunnmattstrasse 21 X4 Sauna Sun Deck
Public gay • mostly gay
Länggassstrasse 65 X5 Studio 43
Public lesbien • mostly lesbian
Monbijoustrasse 123
Services proposés aux personnes bi Services proposés aux personnes trans
Cinéma K1 UNCUT C/o Kino REX Schwanengasse 9
Marienstrass e
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GAYMAP berne
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031 632 25 25
Traitement post-exposition
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HIV testing and info
Clubs
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031 390 36 38
Inselspital/Insel Hospital
360° – Décembre & janvier 2017
Chants nocturnes DE Greta Gratos
Des tics en stoc ? commentaire est par avance filtré, identifié, classifié. Chaque mot ou pensée dissidente n’est plus qu’un symptôme inscrit au sein d’une liste pré-établie et obtient immédiatement la réponse automatique adéquate. Ici et là et jusque dans les sphères qui me sont les plus intimes, je lis, vois, entends des phrases toutes faites, où pas même une virgule ne peut être questionnée. Le jeu brusquement disparait. L’humour aussi. Ils cèdent la place au mépris, dont la certitude diplômée se sert pour cingler de toute sa hauteur tout ce qui pourrait (devrait?) l’interroger. Toute réaction non admise n’est comprise que comme une agression. L’autre n’est plus rien: qu’il consente, s’exécute ou se taise. L’esprit se ferme sur lui-même et la discussion se meurt, étouffée par le silence imposé. Et le malaise s’étend, insidieusement, comme un poison lent. Dites, joli-e-s bonbons, vous n’avez pas l’impression que... Oh non, rien, pardon, ça a failli m’échapper! Greta Gratos
Autoportrait d’après John Hoppner - Mary Robinson en Perdita.
E
n moi, le vide toujours plus se creuse. En moi? Vraiment? Un vide, face à ce trop plein de certitudes, de dogmes et de définitions qui envahissent tout, monopolisent toute la place, ne laissent pas le moindre interstice pour une respiration. Un savoir académique, constitué de sources sûres, qui finit
par ressembler à une posologie médicamenteuse, noircissant les pages de la pensée. Des dogmes aux portes verrouillées qui ne s’ouvrent que sur présentation de codes parfaitement conformes. Pas le moindre espace au sein de ces grilles de lecture de plus en plus sophistiquées où tout ce qui pourrait être émis en réponse ou
Rédaction en chef Guillaume Renevey (guillaume@magazine360.ch) Rédaction texte Nadia Barth Edmée Cuttat Zelda Chauvet Annabelle Georgen Antoine Gessling Greta Gratos Salomé Kinner Alexandre Lanz Leatherette Maxime Maillard Anne Rollat Hélias Sandri Francesca Serra François Touzain Véra & VG - (Livresse) Lucas Vuilleumier Corrections Zino Davidoff Rédaction image direction : Ester Paredes Graphisme Schönborn Hernandez Publicité Philippe Scandolera (pub@360.ch) Jérémy Uberto (marketing@360.ch)
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Fais-moi un stick de tous ces mensonges que tu nommes éthique, parce que ça t’arrange. Et dans ce songe, plus profond que l’opium, les âmes, un jour, déserteront les Hommes». Ethylétique - texte pour une chanson désuette - 1994
Abonnement Rolan Delorme (abo@360.ch) Expédition Alain André Claude Federico François Gerald Jacques Jean-Patrice Michel René Otto Editeur Association Presse 360 Impression Appi, Gland 360° 36, rue de la Navigation – CP 2217 – CH-1211 Genève 2 Tél. 022 741 00 70, Fax 022 741 00 74
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Toute reproduction est strictement interdite pour tous les pays, sauf autorisation écrite de 360°.
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