N° 163 Février 2017 – CHF 6.– €6 – 360.ch
ENTRETIEN JEAN ZIEGLER
ÉVÉNEMENT LA FÊTE DU SLIP
NON CENSURÉ DORIAN GRAY
360° – FÉVRIER 2017
REALPOLITIK ACTU
INTERNATIONALE L'îcone homophobe et les maris violents – P.2 Du « porno gay » sur les écrans saoudiens - P.3 RENCONTRE Jean Ziegler - P.4 ASILE Sortir de l'isolement - P.10 PÉROU Viols correctifs au Pérou – P.12
SOCIÉTÉ
BUZZ Melania melancholia – P.14 MODE Transmutation - P.16
CULTURE
N
GAYMAP
GROS PLAN Queeraoké – P.41 PORTRAIT Ballkanika Trauma – P.42 ÉVÉNEMENT La fête du slip : plan à trois week-end – P.44 CUL+ « Une tradition » – P.48 Plans Genève, Lausanne et Berne – P.54, 56 et 58
Guillaume Renevey, Rédacteur en chef
ET ENCORE
Vignette édito ©Nicolas Schopfer couverture ©Miguel Martinez Diaz Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch 1
TRANSDESSINÉE – P.37 INFOS PARTENAIRES – P.38-39 INFOS SANTÉ – P.32 TU T’ES VU ? – P.46, 47, 50 et 51 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS – P.60
SOMMAIRE N° 163
DESIGN La subversion assise - P.21 FESTIVAL Antigel is burning - P.22 ARTY SHOW Marqueur temporel – P.24 CINÉMA Look at the picture – P.28 Jackie réssuscité – P.29 STREAMING Une femme à la hauteur – P.33 LITTÉRATURE Dorian Gray enfin disponible - P.34 LIVRES Photomaton– P.37
ous pourrions avoir l’impression que les grilles d’analyses de notre monde évoluent inexorablement vers la complexification. Qu’il est plus dur de prédire le comportement d’un acteur de la scène internationale aujourd’hui que ce n’était le cas hier. Il me semble que sur au moins deux points, cette idée est à récuser. D’abord, les leçons de l’histoire sont là pour nous rappeler les errements de l’humanité. Malheureusement, la mémoire a la faculté d’oublier. En deux générations, les « plus jamais ça » peuvent être refoulés sans le moindre état d’âme. Deuxièmement, bien que daté, le principe du réalisme politique en relations internationales nous donne des clés d’analyse qui sont toujours d’actualité. En 1513, dans Le Prince, Nicolas Machiavel établit que le seul but d'un souverain doit être la recherche du pouvoir, indépendamment des questions religieuses et morales. A l’heure où nos démocraties subissent le retour en force des régressionnistes, il nous faut plus que jamais être vigilants sur les acquis en matière de droits humains. Sans cynisme, juste avec réalisme, se rappeler, comme l’écrivait à son tour un siècle et demi plus tard, dans son Léviathan Thomas Hobbes : Homo homini lupus est. L’homme est un loup pour l’homme.
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ACTU INTERNATIONALE
L'ICÔNE HOMOPHOBE ET LES MARIS VIOLENTS
©Denitza Tchacarova
les homophobes du monde entier comme l’initiatrice de la loi de 2013 qui interdit la « promotion des relations sexuelles non-traditionnelles » aux mineurs, bâillonnant de fait les organisations LGBT russes.
En Russie, après la loi anti-« propagande gay », un texte vise à décriminaliser les violences domestiques.
UNE CHOSE « NORMALE » Comme la loi anti-« propagande homosexuelle », la nouvelle offensive de la députée prétend protéger la « famille traditionnelle ». Pour Mizoulina, les violences domestiques sont une chose normale : « En Russie, les relations parent-enfant sont bâties sur l’autorité. Les lois devraient soutenir ce principe. » En août dernier, l’élue avait estimé que les maris et pères violents « ne devaient pas passer deux ans en prison pour une simple claque ». Pourtant, les statistiques officielles démontrent que les brutalités sont endémiques dans les foyers russes : 40 % des crimes violents sont commis à l’intérieur des familles. Chaque année, 26 000 enfants et 36 000 femmes sont victimes de violences. Le Centre Anna, une ONG de soutien aux victimes, estime que 14 000 épouses ou compagnes sont tuées chaque année par leur conjoint. Olga Yurkova, présidente d’un refuge, le confirme : « Un énorme nombre de femmes subissent la violence domestique, mais n’en parlent pas. La dépénalisation va aggraver encore la situation. »
Antoine Gessling
T
rois cent soixante-huit voix pour, une voix contre : un projet de loi qui fait froid dans le dos a été accepté à la quasi unanimité par la Douma, le Parlement russe, mijanvier. Le texte prévoit rien de moins que de dépénaliser les violences domestiques, actuellement passibles de 2 ans de prison. Celui qui porte des coups à son conjoint ou à son enfant ne risquera qu’une simple contravention, selon la proposition adoptée en première lecture. Son auteure est une vieille connaissance : Elena Mizoulina, députée du parti progouvernemental et postcommuniste Russie juste, également présidente de la commission parlementaire des Affaires familiales. Cette austère universitaire de 62 ans est célébrée par 2
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TOU TE SUR L’ACTU LE 360.C SITE H
TURQUIE PASSAGE À TABAC
©DR
Le pas de danse suggestif d’un concurrent de téléréalité a déclenché l’hystérie dans le royaume.
C
’est une véritable tempête qui a déferlé sur les réseaux sociaux saoudiens. « Augmente ton crédit », téléréalité de la chaîne Bedaya TV, a vu une de ses scènes partagées des milliers de fois sur le Net. Dans ce « Loft » à la mode bédouine – où tous les participants sont évidemment masculins – une fête bat son plein. Un des concurrents danse derrière un camarade, qu’il tient par la taille. Un bref instant, il imprime de légers coups de hanches. L’allusion homosexuelle, à peine perceptible, a déclenché un tonnerre de réactions outrées. Certains internautes ont accusé la chaîne de pornographie et réclamé sa fermeture, ainsi que des poursuites contre le fautif. Bedaya TV a fini par publier un communiqué s’excusant de la diffusion d’un «acte contraire
à la religion et aux valeurs morales », tout en plaidant le geste involontaire. Après avoir été remplacé par une lecture de Coran, mercredi, le show est revenu à l’antenne… sans le candidat incriminé, disqualifié. RIGORISTE Bien qu’elle soit répandue dans la société, de l’avis de nombreux témoins, l’homosexualité masculine est un tabou dans la monarchie wahhabite, dépositaire d’une interprétation rigoriste de l’islam. Traditionnellement, la « sodomie » traquée par la police religieuse y est passible de châtiments corporels ou de longues peines de prison. La peine de mort a aussi été appliquée dans des cas où des crimes tels que le meurtre ou le viol sont retenus contre les homosexuels présumés. AG
« Que voulez-vous, the First Lady
is a Trump ! » La suite en page 14
ESPAGNE
OLÉ Un mégacomplexe touristique gay est sur le point de démarrer près d’Alicante. Un projet qui témoigne du boom de ce secteur en Espagne. Six milliards d’euros : c’était les revenus record du tourisme LGBT en Espagne en 2016, selon le cabinet britannique LGBT Capital. Ce ne sont pas moins d’un millier d’appartements et un hôtel cinq-étoiles destinés à la clientèle homo qui devraient voir le jour.
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ACTU INTERNATIONALE
DU « PORNO GAY » SUR LES ÉCRANS SAOUDIENS
Célébrité en Turquie, le styliste Barbaros Sansal a échappé à une tentative de lynchage sur le tarmac de l’aéroport Atatürk d’Istanbul, lundi. Militant LGBT et opposant au régime de Recep Tayyip Erdogan, il venait d’être expulsé de la république de Chypre du Nord. Les autorités locales avaient prestement accepté la demande d’extradition après le tollé provoqué en Turquie par une vidéo postée par Sansal. L’artiste critiquait les arrestations de journalistes et la corruption.
ACTU RENCONTRE
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©Nicolas Righetti
« IL N’Y A PAS DEUX HUMANITÉS » 4
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Jean Ziegler dessine dans « Chemins d’Espérance » les routes qui nous séparent d’un monde plus égalitaire. Pour 360°, le sociologue genevois se penche sur la question des droits LGBT. Guillaume Renevey
au niveau institutionnel avec le mariage, l’adoption, etc. Des choses qui vont de soi. Pourquoi une pratique sexuelle déterminerait la plénitude ou la réduction de l’exercice des droits civils et politiques ? C’est complètement absurde et pas du tout justifiable. Chaque être humain, du fait qu’il est citoyen de ce pays, je parle ici de la Suisse, a le droit, à égalité avec tous les autres, à l’exercice de toutes les libertés et de tous les droits garantis par la constitution. Point à la ligne. Il n’y a pas à dire : oui mais le mariage homosexuel… oui mais l’adoption c’est pas possible… oui mais la procréation médicalement assistée, etc. De quel droit on limiterait des droits constitutionnels qui ont été votés par le peuple et qui sont valable puisque l’article 4 de la constitution fédérale fixe expressément l’égalité devant la loi ? Par quelle aberration une institution, un parlement, une majorité parlementaire ou une autre pourrait réduire un article constitutionnel et le rendre discriminatoire ? C’est totalement inacceptable.
360° : Jean Ziegler quelle est votre analyse sur la situation des droits LGBT à travers le monde ? Jean Ziegler : Mon analyse est double et contradictoire. Tout d’abord, il y a une prise de conscience. Il y a un progrès dans différents pays. Pas suffisant. Mais il y a un éveil qui se fait tout de même. La discrimination effrayante, qui va dans certains pays africains notamment jusqu’à la punition pénale et à la peine de mort, était plus répandue auparavant et en Europe notamment. Je pense que si quelqu’un se fait aujourd’hui l’avocat ouvert de ces discriminations ce n’est plus tolérable. Plus personne ne considérerait cela comme un discours acceptable. Il faut réaliser que c’est un discours pathologique qui était parfaitement recevable il y a une génération encore. Et là, il y a donc un progrès. Mais il reste encore beaucoup à faire
Transposons ces problématiques sur la scène international. La Russie a notamment censuré les propos concernant cette thématique dans le dernier discours de Ban Ki Moon. Comment peut-on avancer dans ce contexte-là ? Il y a beaucoup de démagogie politique. Vous prenez l’exemple de la Russie, je pourrais prendre celui de l’Ouganda ou d’autres pays. Il y a toute une frange de la classe politique qui joue sur les différences d’une partie de la population. C’est exactement comme la xénophobie. « Un homme est un homme » comme disait Brecht. Il n’y a pas deux humanités. Ce que fait Poutine en Russie, essayant 5
ACTU RENCONTRE
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ean Ziegler fait partie de ces personnes que l’on adore ou que l’on adore détester. Il n’en reste pas moins qu’il est l'une de ces figures qui font briller une forme de diplomatie Suisse engagée, altermondialiste diront certains. Haut rapporteur des Nations-Unies pour l’alimentation et maintenant Vice-président du Conseil consultatif du Conseil des droits de l’homme, Jean Ziegler nous a ouvert les portes de sa maison dans la campagne genevoise. Ouvrir des portes et de nouveaux horizons c’est un peu l’histoire de ce Bernois d’origine. C’est aussi ce qu’il propose dans son nouvel ouvrage Chemins d’espérance paru aux Editions du Seuil. Même s’il n’en est pas directement question dans cet ouvrage, à 83 ans Jean Ziegler a voulu nous donner son regard, forcement acéré, sur les thématiques concernant les communautés LGBT.
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« Aller dans le sens de l’obscurantisme est un jeu qui finit toujours dans le désastre. »
ACTU RENCONTRE
Jean Ziegler
Brillon de Jouy. Franklin aimait bien les belles femmes. C’est là que se réunissaient les révolutionnaires dans Paris qui bouillonnait treize ans déjà avant l’insurrection de la Bastille. Alors qu’ils dînent, quelqu’un l’approche et lui tire sur le veston. Et dit : « Monsieur Franklin vous êtes un imposteur. Tout le monde vous fête comme le messager des droits de l’homme. Même Voltaire s’est levé sur son lit de mort pour vous accueillir à l’Académie. Mais moi à Paris, je ne vois que misère, abus, humiliation des pauvres. Vos droits de l’homme ce n’est rien du tout. » Benjamin Franklin se tourne alors vers ce jeune homme et lui répond : « Jeune homme, vous vous trompez ! Derrière ces droits de l’homme, il y a un pouvoir plus grand que tous les pouvoir du monde. The Power of Shame. » Le pouvoir de la honte. Ce jeune homme, c’était George Danton qui sera un des grands leaders de la révolution. Et je le vois aux Nations Unies tout le temps. Le pouvoir de la honte joue. J’ai été rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation de 2000 à 2008. En 2005, je préparais mon rapport devant l’Assemblée générale sur les réfugiés de la faim nord coréens en Chine. La Corée du Nord est une prison effroyable, une dictature horrible et inhumaine. Mais malgré tout, quand le Yalou, le fleuve entre la Mandchourie et la Corée du Nord est gelé, des gens réussissent à s’enfuir. Les Chinois ont pour habitude d’arrêter ces gens et de les renvoyer à Pyongyang où ils sont fusillés ou disparaissent dans les camps de concentration. Je voulais dénoncer ça dans mon rapport. Mais pour être sûr je suis monté au 38e étage du bâtiment des Nations-Unies à New York voir Kofi Annan qui était alors Secrétaire général des Nations-Unies. Je lui demande alors si je peux dénoncer ces faits en tant que rapporteur ou est-ce que cela gêne sa propre diplomatie secrète ? Et Kofi Annan me dit : « Vous pouvez le dire. Vous devez le dire. J’ai négocié pendant 4 ans avec les Chinois pour qu’ils ne livrent pas ces réfugiés de la faim au régime nord coréen. Il n’y a plus rien à faire, vous devez rendre public ce crime. » A 15 heures, je suis descendu dans la salle et tout à coup je vois quelqu’un qui s’agenouille discrètement à côté de moi et me dit : « Ce point 5 de vos recommandations je vous prie de ne pas en parler. Nous devons en parler. Je vais vous expliquer. » C’était l’ambassadeur de Chine. L’ambassadeur de Chine, 1,3 milliards, d’habitants, s’agenouille à côté de moi petit rapporteur qui n’a aucun pouvoir et me supplie de ne pas aborder un paragraphe dans mon
de justifier par la loi une discrimination qui n’a pas lieu d’être, est une pure opération démagogique. Il joue sur cette haine, qui est souvent aussi une haine de soi, l’honore et la ratifie pour étendre son pouvoir personnel. Je pense que ce jeu-là : aller dans le sens de la pathologie, de l’obscurantisme et de la folie négationniste et discriminatoire, est un jeu qui finit toujours dans le désastre pour celui qui manipule ce discours. Vous allez me dire cela ne change rien à la souffrance des victimes. Vous comprenez, c’est ça qui est horrible. Le temps. Je peux dire en tant que sociologue, en tant qu’auteur et en tant qu’intellectuel qui réfléchit au monde que ces discours sont condamnés à terme. Mais comme disait Kant « le temps c’est de la vie humaine ». Les victimes souffrent atrocement. Maintenant. Renvoyées à la clandestinité, à la sanction pénale, à l’opprobre des contemporains. Il faut vraiment se mobiliser très vite sur le plan international pour venir au secours de ces victimes. Et en contradiction radicale avec ce discours démagogique. A Genève, le Conseil des droits de l’homme a voté en faveur d’un expert indépendant pour la protection et contre la violence à l’égard des personnes LGBT. Est-ce que le pouvoir d’une telle personne va au-delà de ce que l’on appelle le naming and shaming ? Est-ce que cela peut vraiment faire avancer les choses ? Bon, d’abord, je vais vous contester. Le naming et shaming, ce n’est déjà pas si mal. C’est déjà d’une force formidable. Je vais vous donner une anecdote. Cela se joue à Paris en 1776, lorsque George Washington a perdu la bataille contre le corps expéditionnaire anglais. Il a envoyé un messager à Philadelphie au Conseil constitutif en disant : « C’est maintenant qu’il faut déclarer l’indépendance des Etats-Unis. » Le 4 juillet 1776. C’est un coup de génie ! Dans la défaite, il faut aller à l’offensive. Et les pères fondateurs du Congrès de Philadelphie qui ont proclamé l’indépendance, avec en préambule la première déclaration des droits de l’homme, ont décidé d’envoyer à Paris un des leurs. Benjamin Franklin, un ouvrier d’imprimerie, le seul qui ne soit pas un esclavagiste et un grand planteur, avait pour mission d’obtenir l’alliance du roi de France contre les Britanniques. Et il a réussi avec Lafayette. Un soir, Benjamin Franklin – il a beaucoup écrit à ses deux petits-fils c’est pour cela que l’on a un témoignage direct – dîne au Procope qui existe toujours en plein Saint-Germain-des-Prés avec Madame 6
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rapport. C’est le pouvoir de la honte ! J’ai évidemment mentionné ces éléments puisque le Secrétaire général me l’avait demandé. Le crime continue mais au moins la transparence a été créée. L’expert indépendant pour la protection et contre la violence à l’égard des personnes LGBT représente une grande conquête contre certains pays musulmans avec des négociations sans fin. Là les occidentaux ont été bons. Notamment la Suisse a été bonne avec son ambassadeur Alexandre Fasel. Son travail honore la Suisse. Les Poutine ou le gouvernement de l’Ouganda ne vont pas se réveiller demain matin, s’illuminer et se dire « on fait fausse route, les victimes ont raison et pas nous » ! Non. Mais de recommandation en recommandation,
©Nicolas Righetti
de débat en débat devant le Conseil des droits de l’homme et devant l’Assemblée générale, les choses avancent et font progresser les consciences. Plus personne n’oserait dire que c’est la fatalité qui tue. Karl Marx a dit : « Le révolutionnaire doit être capable d'entendre pousser l’herbe. » Et cette herbe, elle pousse ! Les Etats-Unis sont leader sur la progression des questions LGBT. Avec l’élection de Donald Trump nettement moins sensible à ces questions, et c’est un euphémisme, qui peut prendre le relais ? La société civile ? Les mouvements pour l’égalité aux Etats-Unis sont admirables. Ce sont des gens qui se sont battus et qui vont sans Publicité
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ACTU RENCONTRE
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« Karl Marx a dit : ‹ Le révolutionnaire doit doit être capable d'entendre entendre pousser l’herbe. › » Jean Ziegler
Au Conseil des droits de l’homme, l’opposition l’a tout de suite compris. C’était l’Arabie Saoudite, c’était le Koweït, c’était les Emirats Arabes Unis, c’était le Bangladesh qui se sont battus contre toute norme et contre la création de cet expert sur les minorités sexuelles sachant très bien que s’ils perdaient sur la protection de leur pathologie, cela toucherait tout le champ social. Et que ce qui allait être mis en lumière et ensuite en question radicalement c’est l’inégalité des revenus, c’est le système féodal, c’est l’arbitraire de ces monarchies obscurantistes. Ce ne sont pas des imbéciles. Ils ont compris que s’ils cédaient sur le droit à discriminer, si j’ose dire, tout le reste allait suivre. Nous sommes des obligés. Nous devons être reconnaissants et admiratifs de ceux qui dans des situations très difficiles – familialement, psychologiquement, politique-ment et institutionnellement – ont mené et continuent de mener ce combat car ils sont l’avant-garde d’un mouvement beaucoup plus vaste. L’inégalité, l’injustice, le préjugé, la discrimi-nation, la diffamation sont des pathologies sociales qui affectent tout le corps social bien au-delà de ces minorités combattantes.
Terminons sur un chemin d’espérance, du nom de votre dernier ouvrage. Celui de voir que dans toute situation de prime abord négative, il y a aussi parfois des externalités positives. Oui et sur la question des discriminations sexuelles, qui est, je le répète, d’une totale absurdité, il y a des progrès. Et surtout la conscience chez beaucoup de gens que c’est une lutte d’avant-garde. Ce qui est impliqué c’est beaucoup plus, même si c’est déjà pas mal, que le respect égal pour tous les êtres, l’égalité devant le droit quelles que soient leurs préférences sexuelles. C’est une lutte qui profite finalement à tous ceux qui souffrent d’inégalité, de discrimination sociale, politique ou religieuse.
Chemins d’Espérance, ces combats gagnés, parfois perdus mais que nous remporterons ensemble de Jean Ziegler, aux Editions du Seuil
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ACTU RENCONTRE
doute continuer à se battre. Cette société civile va amplifier son action. Un discours comme celui de Trump est mobilisateur pour la résistance, c’est horrible de le dire. Je pense que l’espoir est là. Comme c’est une démocratie simulative mais élective (le vrai pouvoir ce sont les milliardaires qui l’ont, même si le pouvoir d’État fonctionne par élections) et bien si la conscience collective change, alors le comportement électoral va changer. Cette classe politique, je n’ose même pas parler d’élite, est sensible aux forces électorales. Et je suis vraiment plein d’espérance que ces gens-là, qui ont obtenu des victoires dans des situations puritaines, de refus et de pathologie sociale vont forcer cette résistance à s’amplifier face à Trump. Car Trump, lui, ne va pas changer.
ACTU ASILE
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©DR
SORTIR DE L’ISOLEMENT Le projet Asile LGBT passe à l’action. Depuis le début de cette année une série de mesures a été mise en place afin d’accueillir les réfugiés LGBT à Genève. Nadia Barth
«
Ils connaissent un grand isolement et craignent souvent de s’exprimer de peur d’être stigmatisés », affirme Anne Arvy, coordinatrice du projet Asile LGBT. Il s’agit des réfugiés lesbiennes, gay, bi et trans. C’est partant notamment de ce constat que le projet Asile LGBT est né à Genève. Celui-ci allie les associations actives dans le domaine de l’asile et les organisations LGBT. Une première dans le genre. Après 9 mois de recherches arrivées à leur terme en
novembre 2016, un diagnostic a été posé sur les besoins de cette population. Il a donné naissance à une série d’actions dont certaines ont déjà été mises en place au début de cette année. Elles visent à améliorer les conditions de vie de ces réfugiés doublement stigmatisés et peu visibles. Des actions nécessaires à l’heure où de plus en plus de personnes LGBT fuient leur pays pour chercher protection ailleurs. En Suisse le nombre de demandes d’asile pour motifs liés 10
à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre est d’ailleurs en augmentation. Selon Anne Arvy, « on peut légitimement supposer que cette tendance va se renforcer face à l’émergence de la question LGBT à l’échelle internationale. » INFORMER ET ENCADRER Parmi les actions mises en place, un groupe de soutien par les pairs réfugiés a été créé. « Sa spécificité première est d’offrir un accueil et un
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Lorsqu’une telle situation se présente à nous, nous pouvons rouvrir le dossier selon le véritable motif. C’est le cas d’une personne que nous aidons actuellement et dont la demande est en voie d’aboutir. Sans l’existence du projet, ces dossiers passeraient à la moulinette administrative. » Les actions pratiques vont encore se développer au courant de cette année. « Le but est d’accompagner tous les acteurs dans leur réflexion et dans leur coordination afin qu’ils puissent s’approprier les pratiques et continuer de les faire raisonner au sein de leurs structures sur la durée, conclut Anne Arvy. »
DONNÉES INEXISTANTES « En Suisse, il n’existe pas de données précises sur ce groupe puisque le Secrétariat d’Etat aux Migrations ne tient pas de statistiques spécifiques à ces demandes, explique Anne Arvy. Ceci malgré les recommandations de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne. Par ailleurs, la plupart des études produites ces dernières années sur cette population traitent des capacités juridiques des personnes LGBT à faire valoir leur droit à une protection. Mais les données sur leur situation concrète manquent pour comprendre tout le reste de l’asile, tout ce qui n’est pas son aspect légal, mais qui façonne le quotidien des personnes. En conséquence, nous ne savons pas combien de réfugié.es LGBT vivent à Genève, ni dans quelles conditions. » Permanence d’information organisée tous les jeudis de 14h à 18h à l’association 360.
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ACTU ASILE
accompagnement par les pairs, c’està-dire par des personnes directement concernées, détaille Anne Arvy. Elles ont une expérience partagée à la fois de la migration et de l’homosexualité. La constitution de ces personnes minorisées et fragilisées socialement en acteur collectif leur permet en quelque sorte, de reprendre le pouvoir. » Dans la mesure où il n’est pas toujours aisé d’atteindre ou d’identifier ces individus, un affichage a également été conçu dans tous les foyers pour informer les habitants de l’existence du projet. « Il est parfois difficile pour eux de trouver l’énergie et la confiance de se mettre en lien, explique Anne Arvy. C’est pourquoi des relais existent aussi au niveau des professionnels comme les juristes ou les assistants sociaux. » Véritable pierre angulaire du projet, les acteurs sur le terrain sont bien sûr également concernés par les actions. Un programme de sensibilisation à leur attention a donc été élaboré. Il a pour but de leur permettre de questionner leurs propres représentations et de prendre conscience d’éventuels préjugés envers les réfugiés LGBT. Il devrait aussi leur donner des lignes pratiques de conduite qui les guident dans leur travail. « Ces professionnels contribuent à apporter un cadre pour que les personnes concernées se sentent accueillies, informées, rassurées, souligne Anne Arvy. Il faut aussi que ces migrants sachent qu’ils sont dans un pays où l’on respecte les droits LGBT. » Des droits qu’ils n’osent pas toujours revendiquer. « Certaines personnes ont été redi-rigées vers nous parce qu’elles n’ont pas osé parler de leur orientation sexuelle alors qu’il s’agissait de leur motif de demande d’asile. Elles ont préféré mentir en donnant une autre raison. Elles ont donc été déboutées par manque de preuves.
ACTU PÉROU
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VIOLS CORRECTIFS Au Pérou, les viols correctifs sont récurrents. Pour soutenir les victimes et forcer l’Etat à agir l’association « No tengo miedo » collecte et publie des témoignages Adeline Haverland
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arlotta a le regard embué. Sur les marches de la place San Martin, au cœur de la capitale péruvienne, Lima, la jeune fille aux cheveux peroxydés hésite encore. La main droite agrippée à celle de sa partenaire, l’autre triturant machinalement ses sourcils, la jeune péruvienne a décidé de participer au projet Historias, lancé par l’association No tengo miedo (je n'ai pas peur) pour dénoncer les viols dont sont victimes les lesbiennes dans le pays. « C’était un ami de la famille,
quelqu’un que je connaissais bien et en qui j’avais toute confiance. Avant de me violer, il m’a dit que ce n’était pas « bien » d’être comme j’étais, qu’il fallait me soigner », explique Carlotta dont l’agression est arrivée quelques semaines après qu’elle a avoué son homosexualité à ses parents. Rongée par la honte et la culpabilité, la jeune fille a longtemps tu son histoire. C’est pour briser le silence qui entoure les drames comme celui de Carlotta que l’ONG No tengo miedo 12
a décidé de collecter les témoignages de lesbiennes victimes de violences familiales. Dans un recueil annuel, destiné à la communauté gay mais également à l’ensemble de la société péruvienne, l’association donne la parole aux victimes. « Raconter son histoire est souvent la première étape de la reconstruction. C’est aussi un moyen de dire aux filles qui vivent la même situation : vous n’êtes plus seules ! », résume Adriana Galledex, la coordinatrice du projet. Car des drames comme celui de
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Carlotta, le Pérou en connaît des dizaines chaque jour. Dans un pays où l’on assimile encore l’homosexualité à une maladie, ces agressions portent même un nom spécifique : les violaciones correctivas (viols correctifs). Organisés par les familles ou les amis, ces viols sont sensés « guérir » les lesbiennes et les remettre dans le droit chemin. MUTISME DES AUTORITÉS Le Pérou ne reconnaissant pas la notion de crime homophobe, il est très difficile d’obtenir des chiffres officiels sur ces drames, mais une enquête menée par No tengo miedo en 2014 montre que près de la moitié des lesbiennes ont déjà été victimes de violences au sein du foyer parental et dans 22 % des cas, les agressions ont lieu de manière quasi-quotidienne. Peur de la toutepuissante Eglise catholique, machisme institutionnalisé, ou conservatisme généralisé de la société péruvienne... Les explications sont nombreuses pour justifier le mutisme des autorités, qui malgré la violence et la récurrence de ces situations se refusent à aborder le sujet. « Avec le troisième plus haut taux de violences sexuelles au monde, le Pérou est un pays machiste et violent », explique l’activiste féministe Maria Ysabel Cedano, « les femmes sont encore considérées comme des biens au service de l’homme, notamment sexuellement. » Pour la militante, ce contexte rend vulnérables les lesbiennes et les met en première ligne des violences : « les familles voient la pénétration comme un acte punitif. Elles
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(1) Le prénom a été modifié à la demande de la victime 13
ACTU PÉROU
pensent que les femmes sont lesbiennes parce qu’elles ne connaissent rien d’autre, mais qu’en les forçant, elles reviendront dans le droit chemin ». Présente dans les locaux de l’association, Jennifer fait partie des victimes pour qui le premier rapport annuel de l’ONG a eu l’effet d’un électrochoc. Violée par un voisin à la demande de sa grande sœur, la jeune femme a longtemps oscillé entre haine et colère. « En lisant les témoignages des autres victimes, j’ai senti un poids qui disparaissait, c’était celui de la culpabilité. » Culpabilité d’aimer les femmes et d’être considérée comme une déviante, mais également honte d’être persécutée par sa propre famille. « Que doiton faire quand c’est votre propre sœur qui commandite le viol ? », soupire encore la jeune fille. Cette question est dans la tête de toutes les victimes. On la retrouve dans la plupart des récits collectés par No tengo miedo. « Les victimes de viols sont toujours très vulnérables, mais quand en plus, il s’agît de porter plainte contre sa mère ou son père, cela devient inextricable », résume Maria Ysabel Cedano. A l’image de Carlota, Jennifer a aussi décidé de partager son histoire pour le projet Historias. « Nous recevons de plus en plus de témoignages de victimes », souligne la coordinatrice du projet, ravie de voir la parole de la communauté LGBT se libérer et dénoncer, « les Péruviens doivent admettre que tant que les viols correctifs ne sont pas condamnés, cela sous-entend qu’ils sont tolérables. Plus les victimes seront nombreuses à témoigner, moins l’État pourra fermer les yeux. »
SOCIÉTÉ BUZZ
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MELANIA MELANCHOLIA Le 20 janvier le cauchemar devenait réalité lors de la cérémonie d’inauguration du nouveau président. Dans son ombre, Melania, boudée par les designers. Bouh ! Alexandre Lanz 14
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boudeuses ou looseuses, elles ont une palette de tempéraments sur lesquels elle pourra bien calquer ses humeurs vestimentaires. Commençons par le commencement, Jackie Kennedy. Lointaine époque que la sienne, pourtant furieusement moderne lorsqu’elle faisait la promotion internationale de la couture française sans sourciller, pendant que son mari volage multipliait les plans sans lendemain. Pionnière en Dior ou en Chanel au début des années 60, l’élégante épouse ouvrait la voie du Power Dressing. Dans son sillage, ses successeuses relevaient le défi avec plus ou moins de talent, mais toujours en vêtements griffés. En pleine révolution du brushing et de l’épaulette dans les années 80, Nancy Reagan ne manquait pas d’inonder les pages glacées des magazines de son sourire carnassier et ses tempes liftées aux côtés de son ex-acteur de président Ronald, habillée de préférence en Oscar de la Renta. Quelques années plus tard, à Paris, Cécilia Sarkozy tirait la gueule en Prada – outrage à la haute couture française ! – pendant que son petit Nicolas savourait sa victoire en mai 2007. Quelques mois plus tard, le président cocu se rabattait sur Carla Bruni, la star des podiums des années 90 reconvertie en chanteuse à guitare. Le monde n’a pas fini de regretter la classe du couple Obama et l’audace vestimentaire de Michelle que déboule Melania dans les étals. Pour l’instant, le charme n’opère pas et sa distance glaciale n’augure rien d’extravagant. Moralité de cette histoire : intégrité, charme et intelligence, l’argent n’achète pas tout. Que voulez-vous, the First Lady is a Trump ! 15
SOCIÉTÉ BUZZ
n retrait de son imposant et vulgaire époux en cravate rouge trop longue, elle a gardé la face. Boycottée par les designers les plus illustres, Marc Jacobs et Tom Ford en tête de liste, elle avait opté pour une tenue bleu ciel signée Ralph Lauren. Certains ont vu dans la couleur une tentative de s’approprier un peu de l’aura de son illustre ancêtre, Jacqueline Kennedy. La classe en moins. Mais avouons-le, elle ne s’en sortait pas trop mal en Barbie brunette flanquée de son embarrassant président de mari. Pendant qu’il (je décide de ne pas écrire son nom) effaçait la page LGBT du site de la White House en même temps que celle concernant l’écologie et réduisait à néant l’Obamacare, des millions de femmes se rassemblaient pour protester contre lui. A quoi pouvait-elle bien penser, Mel ? A son nouveau job peut-être ? Mais au fait, quelles en sont les qualités requises ? Reine du shopping pendant que Donnie se fait dorer la moumoute sous une golden shower de putes russes ? Non, trop dangereux. Dans ces sphères-là, il n’incombe pas à l’illustre épouse d’aller chercher la mode, puisque c’est l’inverse qui se passe. Et puis, imaginez-la un seul instant descendre de sa tour d’ivoire pour dévaliser les rayons de Zara ou Versace : elle se ferait bousculer dans sa trajectoire, ce qui pourrait s’avérer malencontreux sur ses très hauts talons ! Non, souvenons-nous, Mel avait trouvé le bon filon en copiant/ collant le discours de Michelle Obama il y a quelques mois. Alors pour l’inspiration, la copieuse commence par une immersion dans les archives des dressings des First Ladies. Tantôt épouses modèles, icônes de mode,
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SOCIÉTÉ MODE
La marque TILLYandWILLIAM épate par son approche queer de la mode qui intègre versatilité, confort et respect de l’environnement. High-fashion, low-impact! Francesca Serra
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essica Lapidos alias Tilly et Tom Barranca alias William s’imposent des règles strictes pour mener leur barque. Avant qu’une pièce TILLYandWILLIAM passe à la production, elle doit satisfaire quatre critères indispensables : exclure toute considération liée au genre, se convertir pour se porter différemment, être agréable au toucher et permettre une grande liberté de mouvement. « Nos pièces visent à élargir la façon d’appréhender l’habillement », nous précise Tilly. « Chacun peut imprimer sa personnalité sur l’habit et pas le contraire. La versatilité répond également à des besoins pratiques comme celui de s’adapter
à une météo changeante ou un mood différent, mais surtout à bouger sans gêne. » Une seule pièce, mais plusieurs usages et plusieurs morphologies possibles. Alors que la mode fonctionne par définition sur l’inconstance, nous poussant à renouveler nos achats dans un délai toujours plus court, la marque s’engage également sur le front de la durabilité. Soucieuse des enjeux environnementaux, elle examine scrupuleusement l’origine des tissus et établit avec les fabricants une relation de proximité. Afin que leurs pièces n’aillent pas nourrir la masse colossale des déchets vestimentaires – à titre 16
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SOCIÉTÉ MODE
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d’exemple un américain moyen génère 37 kg de déchets textiles chaque année – la marque propose aussi de les récupérer soit en offrant un rabais sur l’achat suivant, soit en proposant du upcycling en donnant une nouvelle vie à l’habit à travers la réparation ou une customisation. Les images de leurs campagnes mettent en avant des pièces au look minimal et aux matières extrêmement souples, légères. Un pantalon devient un haut, une cape se transforme en robe, les métamorphoses potentielles sont nombreuses et les designers y arrivent en s’appuyant sur des notions mathématiques 17
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et géométriques pour réaliser leurs patrons. Dans ce jeu jouissif et freestyle, c’est le client qui a le dernier mot et les deux designers se délectent de voir leurs pièces prendre vie sur les autres. « Les gens découvrent continuellement de nouvelles façons de porter nos modèles », s’extasie Tilly. En plus des collaborations ponctuelles avec d’autres artistes comme avec les organisateurs du festival de film queer expérimentaux MIX à New York, le duo a dessiné quatre collections pour sa propre marque. Il y a la série sans coutures CUT, les coupes virevoltantes de TWIRL, les superbasics de SKIN et les motifs vaguement psychédéliques de LIGHT. Les mannequins utilisés pour les shootings ou les défilés sont pour la plupart des danseurs et témoignent ainsi d’un lien indéniable avec l’univers de la danse. En place d’un défilé classique, c’est la danse et la performance qui, selon Tilly et William, correspondent le mieux à l’esprit de leur projet. Pour définir leurs événements, ils ont donc créé le terme « transformance » : transformation + danse + performance.
TILLYandWILLIAM a rejoint le collectif VOX Bizarre aux cotés d’autres designers indépendants - Casey Caldwell, Claire Fleury, LACTIC Incorporated – qui ont pour ambition d’associer mode et engagement social. « Nous essayons de réfléchir aux moyens que notre communauté queer pourrait développer afin de mener à bien des actions anti-racistes, anti-fascistes, anti-bigoterie » nous précise Tilly. En discutant avec elle du phénomène genderless dans la mode, une appellation que certaines marques s’arrogent trop souvent, elle nous explique : « la binarité homme-femme nuit à tout le monde, même si certaines personnes n’en sont pas conscientes. Depuis l’histoire ancienne, un éventail très large de genres a été reconnu à travers les cultures, mais cette réalité a été reniée par la civilisation moderne. Pour nous le futur est donc une question de genderful plutôt que de genderless. » tillyandwilliam.com
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LA SUBVERSION ASSISE
CULTURE DESIGN ©DR
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Chaque mois 360° saute d’un objet et d’une époque à l’autre pour parler design. Francesca Serra
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vec ses irrégularités de surface, son aspect rustique en bois massif de manguier et sa chevelure hirsute, le tabouret Urban rappelle les typiques silhouettes des Tschäggättä, domestiquant la puissance érotique et la brutalité d’une tradition vivante. Le carnaval est une fête païenne qui puise ses origines dans la tradition archaïque liée au cycle saisonnier et agricole, incluse par le christianisme dans son calendrier pour symboliser les derniers excès alimentaires
autorisés avant la période du Carême. Cette célébration a néanmoins toujours permis, grâce à l’anonymat garanti par le déguisement, de bouleverser les codes sociaux. C’est dans la transgression organisée que se situe son intérêt et c’est avant tout la force de l’interdit qui engendre sa puissance esthétique, ici photographié par l’artiste Henry Delettra. Dans la Suisse la plus profonde, dans le Lötschental, la tradition permettait aux jeunes hommes célibataires de se déguiser 21
en Tschäggättä en se cachant sous d'imposants déguisement faits de peau de bêtes et de masques en bois grimaçants afin d’aller embêter leurs proies. Si aujourd’hui le potentiel subversif a été amoindri, n'en demeure pas moins la portée esthétique d’un spectacle saisissant. Prochaine fête de la Tschäggättä : 23 février 2017 Tabouret Urban, L40 x H46 pfister.ch
CULTURE FESTIVAL
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Le Festival genevois présente « Le Voguing c’est chic». Une carte blanche à celle qui a créé «la ballroom scene » et incarné le voguing à la française, Lasseindra Ninja. Zelda Chauvet
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a première rencontre avec le voguing, c’était dans un club à Harlem. J’avais 12-13 ans. Je me suis sentie émerveillée autant que perdue face à l’expression de cette liberté totale. » Lasseindra Ninja se souvient. La culture qu’elle découvre à New York prend racine au cœur des ballrooms de travestis dans les années 20 avant sa popularisation dans les années 80, avec le documentaire Paris is burning, ou encore le Vogue de Madonna. Si l’on imagine le voguing comme un enchaînement de poses inspirées du célèbre magazine de mode du même nom et de figures de street dance, on est loin d’avoir saisi l’essence d’un art complexe et codifié porteur d’un langage propre. Le voguing est à l’origine une expression de la culture noire homosexuelle, qui appartient à la diaspora africaine et aux Africains. C’est 22
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précisément ce patrimoine, cette histoire, que Lasseindra veut préserver. En France, elle a fédéré une communauté autour d’elle. Elle est une Legend et une Mother, à la tête de la House of Ninja. Une House, c’est une seconde famille, une famille dans laquelle évoluent les children sous le regard attentif de la Mother. La hiérarchie s’y établit en fonction de compétitions gagnées, de battles dans différentes catégories (face, realness, runway, butch queen…) entre Houses organisées lors de balls. ORIGINES La force de cette forme de société aux règles bien définies, se révèle en son sein, par sa lutte contre un monde qui trop souvent la place en marge. « Le voguing est un combat engagé, à la fois culturel, spirituel et politique, »
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poursuit Lasseindra. « On vit dans un monde où les discriminations sont telles que parfois les jeunes ne font plus attention aux insultes. Ils vivent dedans, comme si c’était normal. C’est pour ça aussi qu’on existe. On se bat pour nos droits, pour être acceptés tel qu’on est. C’est un état d’esprit, une façon de vivre. Grâce au voguing, on peut se forger un caractère, faire ses armes dans un espace de liberté dénué de jugement. » Le mouvement devient un phénomène, à Paris notamment. Le voguing, c’est branché, alors le voguing doit être blanc. Vaine tentative de réappropriation. La ballroom scene résiste. Le voguing est né du racisme, il ne peut être incarné sans avoir au cœur ce qui porte chacun des mouvements du danseur. Pourtant, le voguing n’est pas fermé aux gens de l’extérieur. La communauté parisienne évoluant autour de Lasseindra est même multiple, représentative d’une France d’aujourd’hui. N’y entre cependant pas qui veut. Pour la rejoindre, il faut comprendre son histoire, ce qu’elle représente et pourquoi on souhaite l’incarner. Ce sont ces origines, ce message, cette force de vie vibrante qu’Antigel accueille à Genève, au cœur d’un évènement unique au Grand Central. « Nous avons aimé inviter, ces dernières années, des outsiders dans le hip hop comme Mykki Blanco ou encore Angel Haze, porteurs d’une identité sexuelle affirmée et libre. » explique ThuySan Dinh, codirectrice du Festival. « Ils ont des choses à dire et sont particulièrement inventifs au niveau de leur production musicale. Dans le domaine de la danse, nous avions déjà fait l’expérience du mélange des genres entre danse contemporaine et hip hop. S’ouvrir, détourner les codes, sortir du cadre, c’est ce qui nous intéresse. La scène voguing parisienne portée par Lasseindra Ninja nous
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semblait une proposition idéale dans la poursuite de notre exploration artistique, tant par sa forme que son fond. » La soirée sera unique et participative. L’énergie du public nourrit la performance, celle des vogueurs se transmet aux spectateurs. Une communion, qui transcende les barrières du genre, une façon pour Antigel de confirmer sa place de Festival engagé. « Il est nécessaire d’abattre les frontières, de sensibiliser le public. Le voguing se dévoile en multiples visages. La question n’est pas de savoir si l’on est homo ou non. Ce n’est pas aussi simple. Il existe autant de figures, d’identités, de possibilités que de personnes. » Le Festival propose aux Genevois de regarder le paysage artistique autrement, pour mieux percevoir la complexe réalité qui s’y cache. En cela, Antigel et Lasseindra Ninja partagent un combat. « Ce qui me touche fondamentalement dans le voguing, c’est le processus de prise en main de s’accepter soi-même et d’être accepté par les autres. Grâce au voguing, les gens se révèlent, se réveillent. On n’est ni plus mal ni plus moche qu’un autre. On est soi, et on est magnifique » Antigel, Antigel, c'est jusqu'au 19 février dans toutes les communes du canton. Parmi les espaces consacrés, le Grand Central est le poumon festif du festival. Au programme, des soirées électroniques avec notamment Lil’Louis, Nick Höppner ou Adam X, la roller disco désormais traditionnelle ou encore l’avant-garde du hip hop nord-américain de Tommy Genesis à OG Maco et A$ap Ant. « Le Voguing c’est chic » c’est le 2 février. Mais Antigel et sa programmation de dingue s’égrène jusqu’au 19 février. antigel.ch 23
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CULTURE ARTYSHOW
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Si il ne fallait garder qu’un seul regard sur nos vies débridées en ce début de troisième millénaire, Wolfgang Tillmans serait sans doute l’homme de la situation. Leatherette
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ié à chacun de ses sujets photographiques par une sincérité peu commune, Wolfgang Tillmans est probablement l’un des maîtres en la matière, ayant ébauché l’ère du #no filter. Impossible d’imaginer un homme au canon noir, absorbant ou mettant en scène selon sa volonté ce qu’il voudra bien offrir à un public dévot, lorsque l’on se retrouve devant ses images. Car tel n’est pas son cas. Face-à-face avec nous-mêmes et nos quasi-potes dans les plus grands musées d’Europe, bluffés par l’une de ses expositions à grand tirage, son travail est magistral. Wolfgang Tillmans est de ceux qui possèdent ce petit truc en plus qui fait que chacune de ses photos est signée de son nom avec une nonchalance désarçonannte. Photographier à la façon
d’un chasseur/cueilleur en saisissant l’essentiel sans avoir l’air d’y toucher est l’une des particularités de ce photographe si singulier dans sa simplicité. Les formats, les sujets et les modes d’accrochage se télescopent et seuls en sortiront indemnes les innocents. Son objectif fait office de sérum de vérité à échelle 1:1. À la façon des reporters du siècle passé, il glane les moments de grâce ainsi que la banalité sublimée – qui n’échappe pas à son œil averti – et nous la livre sous forme d’œuvres majeures. UNDERGROUND Si ce n'est pas nous-mêmes qu’il capture, cela y ressemble souvent beaucoup. Ses photos cultes au légendaire Berghain de Berlin ou dans les raves londonniennes, 25
sa cuisine en désordre ou ses médicaments contre le HIV (une boîte remplie de 17 ans de traitement), la bite de son pote ou des copines qui s’embrassent sous la douche : tout cela parle notre langue sans besoin de décodeur. Il est l’un des nôtres et nous mène allègrement à la postérité, permettant même à certains d’entre nous de finir placardés dans des musées ou nous pavanant chez Taschen en slip et chaussettes sales sur papier glacé. L’effet-miroir en forme de coup de poing, provoqué par ce photographe du réel, nous percute par sa justesse et nous renvoie à tous les coups sur un déjà-vu salutaire, à la limite du souvenir du présent cher à Sigmund. Il s’agît d’un véritable anthropologue du temps présent
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MARQUEUR TEMPOREL
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Wolfgang Tillmans expose dans le monde entier, ici à Osaka.
Il donne le change en faisant croire que tout est si simple et élémentaire .
qui nous livre notre propre Comédie Humaine à travers un travail intègre et spontané, particulièrement touchant, car il nous ressemble et nous tutoie agréablement. Un travail qui est tout simplement à l’image de l’artiste lui-même: généreux et sincère, ouvertement gay et clubber invétéré, globe-trotter mais aussi grand enfant. La fraîche innocence qui émane de ses images est d’ailleurs encore difficilement égalée à ce jour par des hordes de fans plagiaires, pensant qu’il suffit de s’abreuver du monde alentour grâce à un brin de technologie et que l’affaire est dans le sac. Et c’est précisément sur ce point de vue que Wolfgang Tillmans les coiffe au poteau et mérite amplement les différentes rétrospectives qui lui ont été consacrées dans les plus grandes institutions à travers le monde. Notre homme est un orfèvre pure souche, et comme la plupart des grands artistes, il donne le change en faisant croire que tout est si simple et élémentaire qu’à peu près n’importe qui pourrait parvenir à un résultat équivalent. Ceci étant évidemment un énorme leurre, souvent proportionnel au talent de l’intéressé, et nombreux sont ceux qui sont tombés dans le panneau, nous offrant une œuvre sans aucun intérêt ni substantifique moelle. N’est pas Wolfgang Tillmans qui veut. Sa vision fragmentaire nous offre quant à elle un angle à chaque 26
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fois renouvelé de notre monde. Point de vue d’ensemble, car d’après lui, il est impossible à un regard de pouvoir englober le « tout ». « Au fond, l’étude d’un pli de tissu ou d’une irrégularité dans une surface intacte suffit pour trouver une image du tout. Tout est question de regard, d’un regard ouvert, sans peur. » Ainsi s’exprime le jeune photographe, et non pas un moine bouddhiste, comme on aurait pu le croire au prime abord. Wolfgang Tillmans imprime ainsi l’esprit du temps avec une tonalité directe et frontale tout en abordant les thèmes liés aux modes de vie terriens, dans des styles photographiques éclectiques, tels que le portrait, le paysage, la mode, l’abstraction, les petits ou très grands formats pour satisfaire son idée fixe : relater une histoire, une narration de ses contemporains. Afin d’être toujours en connexion avec ces derniers, sa conscience humaniste dirige en permanence ses divers chemins parcourus, ses découvertes visuelles, intégrant systématiquement le monde qui l’entoure dans ses séries sans aucune frontière entre le réel et ses images. Depuis plus d’une vingtaine d’années Wolfgang Tillmans a donc vaillament exploré le domaine de l’imagerie photographique bien plus en profondeur que n’importe quel autre artiste de sa génération. De clichés de ses amis en after à des images abstraites réalisées
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tillmans.co.uk ©DR
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dans une chambre noire sans appareil photo ou des œuvres élaborées avec une photocopieuse, il a poussé l’art photographique au-delà de ses limites à bien des égards. Tillmans s’est à présent détourné de l’exploration introspective et systématique du medium photographique qui l’a occupé pendant plusieurs années pour braquer son objectif sur le monde, de Berlin, Londres ou Nottingham à la Terre de Feu, en passant par la Tasmanie, l’Arabie Saoudite et la Papouasie Nouvelle-Guinée. Le résultat de ces pérégrinations photographiques est une puissante vision singulière de la vie sur Terre dans diverses parties du monde actuel, perçu sous plusieurs angles simultanés, oscillant entre poésie pure et regard affranchi de toute émotion . Tillmans relate : « Je voyage sans but réel, sans chercher de résultats prédéterminés, en espérant trouver de la matière qui, d’une manière ou d’une autre, évoque l’époque dans laquelle je vis. »
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LOOK AT THE PICTURES Un documentaire retrace le parcours hors norme du sulfureux Robert Mapplethorpe. Edmée Cuttat ©DR
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J’ai toujours été fasciné par l’idée d’illustrer la sexualité comme personne ne l’avait fait auparavant. » Pour Robert Mapplethorpe, le sexe est partout dans la vie et dans les choses. Un pénis et une fleur c’est la même chose. Il a ainsi fait du sexe et de sa pratique le cœur de son œuvre. Le résultat lui avait valu en 1989 les imprécations du sénateur républicain Jesse Helms, outré par les photos pornographiques du licencieux personnage, jugées offensantes pour l’art. Il n’était pas le seul. Les images ont provoqué moult scandales et procédures judiciaires, loin de nuire d’ailleurs au prix des œuvres incriminées... Look at the pictures, martèle le politicien scandalisé. C’est ainsi que commence le premier longmétrage documentaire sur le célèbre photographe, réalisé par Fenton Bailey et Randy Barbaro, qui reprennent la phrase à leur compte, en détournant évidemment son sens premier. Ils retracent le parcours fulgurant d’un artiste hors norme, jusqu’à sa mort du SIDA en 1989, après avoir passé ses dernières années à militer. Il avait quarante-deux ans. A travers une série d’interviews enregistrées, Robert Mapplethorpe révèle sans détour sa vie sulfureuse et les passions qui l’ont inspiré. Des archives enfin rendues publiques, des entretiens de collaborateurs, des révélations intimes de ses amis, de ses amants, de son frère Edward, artiste lui aussi, des témoignages de son prêtre, complètent le portrait de cet homme extravagant
et dérangeant qui a inventé une nouvelle forme d’art en portant la photographie à son sommet. Ce qui est d’autant plus extraordinaire qu’au départ, il ne l’avait pas choisie. Il s’est mis à faire des polaroïds, parce qu’il avait besoin de photos pour ses collages. Le documentaire, auquel on reprochera une facture trop classique étant donné son sujet, montre un Mapplethorpe obsédé par la beauté, la perfection esthétique, comme le révèle le fameux The Black Book publié en 1986, entièrement composé de nus d’hommes noirs sculpturaux et dans tous leurs états. Le provocateur Robert adorait bousculer les tabous, choquer les gens, les perturber, les faire réagir, les manipuler, les utiliser, avoir en quelque sorte du pouvoir sur eux. Au-delà de son œuvre, Mapplethorpe, artiste total dans son attitude, sa manière de s’habiller, de se coiffer, était profondément ambitieux. Tout ce qu’il faisait, c’était pour sa carrière, remarquent les intervenants. Beau, intelligent, charmeur, il était aussi égoïste, aimait l’argent et avait soif de célébrité. Il voulait être une légende. Il a d’ailleurs connu le succès avant de mourir. Sortie le 1er mars En mars : 10 x 2 entrées à gagner dans toute la Suisse Romande et 5 x 2 entrées pour la soirée du 4 mars au Rex à Vevey ! concours@magazine360.ch
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JACKIE RESSUSCITÉE
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cruté, analysé, hypermédiatisé, l’assassinat de John F. Kennedy le 22 novembre 1963 à Dallas a fait l’objet d’incalculables thèses, ouvrages ou films. Mais aucun ne s’est uniquement focalisé sur sa veuve, confrontée à la violence de sa mort. Avec Jackie, le Chilien Pablo Larrain s’est glissé dans l’esprit de Jacqueline Bouvier Kennedy, pour faire partager son vécu émotionnel du drame. Sans doute décontenancés, les amateurs de biopics classiques vont regretter que le scénariste Noah Oppenheim n’ait pas privilégié le récit linéaire du destin extraordinaire d’une First Lady qui a réinventé la fonction au début des sixties. Ils auront tort, car l’angle choisi pour évoquer l’icône féminine universellement admirée pour sa culture, sa beauté et son élégance est inédit, non conventionnel et passionnant. Sur une musique de Mica Levi, superbement filmé, l’opus opère un retour en arrière à la faveur d’une interview accordée à un journaliste par Jackie, qui exige le contrôle de ses souvenirs, sinon leur réinterprétation. S’il conserve certes quelques éléments importants de son existence, Pablo Larrain se concentre sur les quatre jours traversés par la femme blessée, de celui de la tragédie du Texas à celui des funérailles à Washington le 25 novembre. Tout en
nous la montrant bouleversée, traumatisée, dévastée de chagrin, vêtue de son tailleur rose taché de sang, le cinéaste dévoile ses deux visages. Vulnérable, timide, notamment dans la reconstitution en noir et blanc de la fameuse visite de la Maison Blanche où elle parle d’une voix de petite fille désemparée ; digne, forte et déterminée dans sa volonté d’organiser des obsèques destinées à célébrer l’homme et à immortaliser le 35e président des Etats-Unis. DE L’OSCAR DANS L’AIR Un vrai film d’auteur dont Natalie Portman est l’atout majeur. Il y a de l’Oscar dans l’air pour la comédienne qui porte l’œuvre de bout en bout. Formidable, elle impressionne par sa classe, son jeu intelligent, subtil, sensible. Elle devient plus qu’elle n’incarne cette Première Dame exceptionnelle, complexe, fascinante, secrète, mais aussi consciente de l’importance de son image, de son style, et dont la vie a basculé en quelques minutes. Pour construire son personnage, Natalie Portman raconte à Paris Match qu’elle s’est inspirée des entretiens de Jackie avec l’historien Arthur Schlesinger Jr en 1964, mais a surtout été aidée par le livre One Special Summer qu’elle avait écrit avec sa sœur Lee lors d’un voyage en Europe en 1951. EC. Sorti le 1er février 29
CULTURE CINÉMA
La célébrissime veuve de JFK fait l'objet d'un biopic avec une grande Natalie Portman.
Prévention
L’HEURE DE POSER UN NOUVEAU REGARD SUR LE VIH Les projections lumineuses contre la stigmatisation de la Journée mondiale contre le sida ont suscité un grand intérêt du public. Le 1er décembre 2016, des projections lumineuses ont été organisées aux Hôpitaux Universitaires de Genève, au MAD Club au Flon à Lausanne et au centre commercial Sihlcity à Zurich à l’occasion de la Journée mondiale contre le sida. L’objectif était cette année un changement de paradigme qui amènerait à considérer le VIH sous un nouveau jour. La Journée mondiale contre le sida était auparavant placée sous le signe de la solidarité, de la tristesse, de la mort et de l’empathie vis à vis de tous ceux qui vivent avec le VIH et le sida. Grâce aux énormes progrès réalisés ces dernières années dans le traitement et la prévention du VIH, une vie aujourd’hui avec le VIH offre exactement les mêmes plaisirs et a la même valeur qu’une vie sans VIH. Vaincre définitivement l’épidémie du VIH requiert toutefois de poser un nouveau regard sur le VIH. De très nombreuses personnes ont aujourd’hui encore une fausse image du VIH et ce, du fait d’un manque de connaissance. Ils ne connaissent généralement pas non plus leur statut VIH, car ils ne se sont pas fait dépister. Les
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personnes qui vivent avec le VIH sont maintenant encore stigmatisés, que ce soit au travail, par leurs proches ou dans les centres de santé. Ce n’est que lorsque les personnes séropositives seront considérées, au même titre que les autres, comme membre à part entière de la société, que disparaitra la crainte que suscitent le test VIH, un dépistage positif ou encore le traitement. Dès l’apparition des projections lumineuses, nombre de passants ont sorti leur Smartphone pour capturer le moment. Un petit micro-trottoir leur a permis de tester leur connaissance générale du sujet. A la question concernant de l’existence emplois inaccessibles aux séropositifs, un tiers des personnes interrogées a répondu par l’affirmative. Les résultats collectés aideront à mettre en œuvre, l’an prochain, d’autres activités destinées à lutter contre la discrimination dont font l’objet ceux qui vivent avec le VIH. Les projections lumineuses de la Journée mondiale contre le sida sont maintenant une longue tradition, largement reprise dans de nombreuses métropoles depuis plusieurs années, afin de sensibiliser l’opinion sur la situation des personnes atteintes du VIH et du sida. Les manifestations en Suisse ont été organisées par Life Science Communication avec le soutien de ViiV Healthcare et Stagelight.
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UNE FEMME À LA HAUTEUR
Des plateaux de télés au grand écran, Virginie Efira fait la pluie et le beau temps sur le cinéma français. Anne Rollat
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lle rayonne, Virginie Efira. Avec une spontanéité désarmante, un grain de folie typiquement belge, un charme naturellement élégant, l’actrice imprime durablement la pellicule. Même dans des films moyens, elle éblouit ses partenaires pour capter toute la lumière. A l’instar de Jean Dujardin, ramené à la taille d’1 mètre 36, dans Un homme à la hauteur ou, plus récemment, Vincent Lacoste dans le formidable Victoria où elle joue une avocate fantasque – le personnage dont elle se sent le plus proche à ce jour – qui consulte à la fois une voyante, un psychanalyste et un ostéopathe avant de faire témoigner un dalmatien dans un procès. Même les critiques les plus élitistes sont tombés raide dingues de cette comédie aussi tendre que loufoque. Née à Bruxelles en 1977, Virginie Efira est arrivée au cinéma sur le tard. Après un passage par le théâtre, elle devient animatrice de télévision dans son pays natal
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avant de venir travailler en France pour présenter La Nouvelle Star en prime time. Celle qui s’est longtemps comportée comme une femme fatale avec un comportement de garçon manqué ne s’épanouit pas dans le job de Benjamin Castaldi. Elle quitte donc la télévision en 2008 pour se consacrer au seul métier qui lui tient à cœur : celui de comédienne. Elle interprète d’abord son propre rôle dans la mini série Off-Prime, puis celui de belle plante dans Le Siffleur. Elle enchaîne les grosses productions et les partenaires de taille (Edouard Baer, Benoît Poelvoorde, Pierre Niney). Les réalisateurs détectent en elle le réel potentiel d’une belle blonde faussement ingénue qui brille dans des comédies mais qui pourrait parfaitement s’assombrir soudain dans un drame. Son rôle secondaire dans Elle avec Isabelle Huppert laisse envisager des changements de registre prometteur. Loin de l’étiquette de girl next door, l’ex-étudiante en psy fait son chemin en pratiquant son autodérision coutumière : « J’ai envie de cinéma d’auteur alors que je viens des hit-parades. Mais on ne passe pas comme ça de la Roue de la Fortune à Ibsen.» Comme Virginie Efira adore les gens qui sortent des sentiers autorisés, il est certain qu’on la retrouvera dans des endroits qu’elle ne connaît pas elle-même. A un détail près : « J’ai décidé que je refuserai tout scénario où le discours sur la femme me semblerait laid ou réducteur. » A partir de-là, le meilleur est à venir. 33
CULTURE STREAMING
Intéligente, indépendante, sensuelle, Virginie Efira pratique en plus l'auto-dérision.
CULTURE LITTÉRATURE
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DORIAN GRAY ENFIN DISPONIBLE L'oeuvre toxique et sensuelle d'Oscar Wilde, désormais libérée de la morale. Annabelle Georgen
VERSION ALLÉGÉE Oscar Wilde, alors âgé de 35 ans, est alors loin de se douter que son texte va être censuré. Le rédacteur en chef du magazine, Joseph Marshall Stoddart, s’est résolu à « purger (le texte) de ses passages les plus scabreux », comme il l’écrit dans une lettre adressée à son directeur. Le Portrait de Dorian Gray paraît le 20 juin 1890 dans une version allégée de près de 500 mots. Ces mots, il aura fallu attendre plus d’un siècle pour pouvoir enfin les lire. Grâce au professeur de littérature anglaise Nicholas Frankel, enseignant à la Virginia Commonwealth University, qui a édité la version non censurée en 2011. Et cinq ans de plus pour qu’une traduction française paraisse chez Grasset 1. À la lumière de cette nouvelle
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Ou encore de ce passage ou Dorian Gray menace un de ses amis, dont on comprend aisément entre les lignes qu’il fait partie de ses anciens amants, d’envoyer une lettre de dénonciation, sans en préciser ni le destinataire ni l’objet, mais dont on devine qu’il s’agit de la femme de ce dernier. Malgré les coups de ciseaux de Joseph Marshall Stoddart, la parution du Portrait de Dorian Gray a tout de même scandalisé ses contemporains. La presse de l’époque accusa le dandy irlandais d’avoir commis un texte « ordurier », d’y faire l’éloge d’une « vie de débauches contre-nature », de « prendre un plaisir malsain à étudier la corruption morale et physique d’un garçon beau comme un ange », de faire montre « d’une frivolité efféminée »... Prenant acte de la censure de son texte et des critiques, Oscar Wilde publiera l’année suivante une nouvelle version du texte, enrichie de six chapitres, qui constitua le roman tel qu’on le connaissait jusqu’à aujourd’hui. Le procès auquel appelaient déjà certains critiques à la publication de l’œuvre aura lieu en 1895 : Oscar Wilde sera condamné à deux ans de travaux forcés et d’emprisonnement pour homosexualité, qui avait été interdite dix ans plus tôt en Angleterre. Même au plus profond de la déchéance, cinq ans plus tard à Paris, dans un hôtel miteux où il s’éteignit dans le dénuement et l’oubli, Oscar Wilde ne perdit jamais sa grâce lumineuse et ses manières de dandy. On raconte que, peu avant de rendre l’âme, il déclara : « Ou c’est ce papier peint qui disparaît, ou c’est moi. » (1) Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde, 215 p., éditions Grasset, Les Cahiers Rouges, 2016, 8,90 ¤
CULTURE LITTÉRATURE
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e 7 avril 1890, Oscar Wilde remet son manuscrit au Lippinscott’s Monthly Magazine, une revue américaine qui accueillait des nouvelles érotiques en ses pages. Son « petit conte empoisonné » décrit les tourments d’un jeune mondain à la beauté renversante menant une vie de débauche dans l’Angleterre victorienne, dont le portrait qu’a fait de lui l'un de ses fervents admirateurs vieillit à sa place : tandis que les traits du délicat jeune homme du tableau se figent peu à peu en un masque effrayant, rongé par le vice, le visage de Dorian conserve sa fraîcheur désarmante et son puissant magnétisme.
édition, plusieurs épisodes du roman prennent une autre couleur, un autre parfum. Ainsi, quand le peintre Basil Hallward, dans le chapitre VII, rend visite à Dorian Gray, ce n’est pas seulement pour prendre des nouvelles d’un ami cher, mais pour lui avouer son amour et par la même son homosexualité : « C’est un fait, tu m’as inspiré des sentiments bien plus tendres que ceux qu’il est permis d’avoir pour un ami. Je ne me l’explique pas, mais je n’ai jamais été amoureux d’aucune femme. » Plus loin, il ajoute même : « Je reconnais avoir conçu pour toi un amour fou, extravagant, irrationnel. Dès que tu adressais la parole à quelqu’un, j’en étais jaloux. Je te voulais pour moi seul. Il n’y a qu’avec toi que j’étais heureux. » Le portrait luimême est décrit comme le reflet des sentiments qui animent le peintre : « L’amour se donnait à voir dans chaque trait ; sous chaque touche on trouvait la passion. » Craignant que la publication de la nouvelle ne fasse scandale, Joseph Marshall Stoddart a soigneusement gommé les allusions homosexuelles dont est truffé le texte original, à l’instar d’un passage du chapitre V qui évoque la drague homosexuelle dans les rues de Londres, la nuit : « Un homme avait subitement braqué sur lui des yeux équivoques et l’avait pris en filature, le dépassant et se laissant dépasser par lui maintes fois. » Mais le prude rédacteur en chef du magazine en a oublié d’autres. Que dire de « ce geste gracieux de la main qui n’appartenait qu’à lui », que Dorian Gray admire chez Lord Henry lorsqu’il fait sa connaissance ? Ou de la description que fait le dandy de Sybil Lane, la jeune actrice qu’il convoite ardemment : « Quand elle est apparue dans son costume de garçon, elle était tout simplement merveilleuse » ?
INFOS PARTENAIRES
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PHOTOMATON Comme chaque mois, “Livresse” nous livre ses coups de coeur littéraires.
Poulin / Lafrance DEUX GARÇONS ET UN SECRET
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éditions de la Bagnole
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e dada de Sébastien Lifshitz c’est de chiner de vieilles photos aux brocantes. Une première collection lui avait donné l’idée du documentaire Les invisibles où il donnait la parole à des homosexuel-le-s né-e-s dans l’entre-deux-guerres. Dans cet opus est présenté un florilège extraordinaire de photos amateurs couvrant un siècle de travestissement (1880-1980). Comme le dit l’auteur dans sa préface : « Mauvais genre à sa façon est un livre politique. Il prend le parti des rebelles et des marginaux… Il met en avant ceux dont le combat intime est devenu l’affaire de tous. Il nous rappelle que l’identité n’est pas une. » éditions Textuel
TRANSDESSINÉE par Johanna
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CULTURE LIVRES
athis et Emile sont meilleurs amis… et amoureux. Alors qu’une bague est trouvée dans le bac à sable, il leur vient l’idée de se marier. Un après-midi, avec la complicité de leurs petits amis, une cérémonie est organisée pour sceller leur amour. Mais, de retour chez les parents, il faudra composer avec d’autres sons de cloche… Plutôt pour ou plutôt contre… Cet album est un magnifique allié pour qui souhaiterait aborder avec des enfants le sujet de l’amour et du mariage homosexuel. Ici l’ouverture et le respect de la différence sont transmis avec douceur, concision et une grande simplicité !
Sébastien Lifshitz MAUVAIS GENRE
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AMOUR, BIEN-ÊTRE ET SEXUALITÉ La santé sexuelle ne se limite pas à des questions de prévention et de traitement des infections sexuellement transmissibles. vivre une relation, mais plus de 60 % affirment avoir des difficultés à trouver un partenaire compatible et plus de 60 % ont peur de ne pas être capable de vivre une relation.
PLUS DE PRATIQUES ET DE PARTENAIRES
Le manque de satisfaction dans les relations des hommes gays et bisexuels se retrouve également lorsque l’on s’intéresse aux causes perçues de dépression et de suicide. « Amour et relation » sont toujours cités en première position devant l’homosexualité, les relations avec la famille et la dépression pour les tentatives de suicide et devant les relations avec la famille, le travail, l’homosexualité et la solitude pour les dépressions. Il est donc important de s’investir dans ses relations, de déterminer ce que l’on attend et de ne jamais s’enfermer dans l’isolement. N’hésitez pas à contacter le pôle santé psychique de Checkpoint Genève qui pourra vous aider ou vous orienter vers d’autres structures de soutien.
Les hommes gays et bisexuels ont des pratiques sexuelles variées et un nombre de partenaires plus élevé que les hommes hétérosexuels. Le nombre médian de partenaires sexuels s’élève à 12 par an. Fellation, massage et caresse, embrasser et masturbation mutuelle sont pratiqués dans la quasitotalité des cas. La sodomie et le rimming se retrouvent chez 70 à 80 % des personnes interrogées. Pourtant ce qui pourrait apparaître comme la traduction d’un mode de vie épanoui et hédoniste s’efface dès que l’on s’intéresse à la satisfaction par rapport à la vie sexuelle : seuls 46 % affirment être satisfaits, soit moins d’un homme gay sur deux. DES ENVIES DE RELATIONS DIFFICILES À CONCRÉTISER
De nombreuses études tendent à montrer que les personnes vivant en couple sont dans un meilleur état de santé tant physique que psychique. Dans la population générale âgée de 17 à 45 ans, 75 % des personnes sont dans une relation stable et près de 60% vivent avec leur partenaire. Chez les hommes gays, ces pourcentages tombent respectivement à 40 et 19 %. La solitude des hommes homosexuels est donc particulièrement importante. Plus de 90 % des hommes gays désirent pourtant vraiment 39
AMOUR ET RELATION : CAUSES DE DÉPRESSION OU DE SUICIDE
CHECKPOINT GENÈVE Lundi et mardi 16-20h, vendredi 12h-16h 022 906 40 30 / geneve@mycheckpoint.ch Se présenter au moins 45 minutes avant la fermeture.
INFOS PARTENAIRES
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a santé sexuelle peut être définie comme un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité. Des relations épanouissantes participent donc aussi d’une bonne santé sexuelle. Soigner son rapport aux autres, c’est se soigner soi-même !
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Le Carpool de James Corden ou le karaoké le plus branché de la planète
©DR
QUEERAOKÉ Les amateurs de karaoké se réjouissent, ils pousserons la chansonnette au mois de février.
C’est LE Guilty pleasure absolu ! Le karaoké. Et il débarque à Genève en fomat queer avec une bande d’allumées qui nous proposent de laisser chanter la Céline Dion qui est en nous en tout simplicité. La première édition de ce que l’on espère devenir un rendez-vous récurrent aura lieu le 11 février à L’écurie, lové dans l’îlot 13 juste derrière la gare Cornavin. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, toute l’équipe du collectif Queer fish propose un programme
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alléchant. Histoire de se réchauffer le style et les cordes vocales atelier Drag King dès 19h. 21h30, heure de crime mélodique et dès minuit disco avec les Déculotées pour vous faire vous déhancher. Rappelons également que le Karoaké, c’est aussi tous les weekend à Genève au Déclic et à l’incontournable Saxo à Lausanne. Toutes les infos sont à retrouver sur gaymap.ch
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BALLKANIKA TRAUMA
©photos : Pierre Jashari, collage : Sebek
Une drag qui en jette, doublée d’un artiste contemporain préoccupé par le monde qui l’entoure: voici Ballkanika Trauma, un doublon gagnant sur chaque face de la médaille. Leatherette
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yant atterri à Genève il y seulement trois ans, en transitant via Lausanne, l’Allemagne et le Kosovo, la présence de la Ballkanika Trauma dans la cité de Calvin est d’ores et déjà devenue incontournable. Possédant plus d’une corde à son arc, la turbulente créature virevolte gracieusement et sans aucun effort entre la HEAD, la vie culturelle underground et les trépidantes soirées Genevegas dont elle est l’une des instigatrices de la première heure. Son surnom gla-
mour en dit long sur son parcours martelé, mêlé à ses origines balkaniques et à la difficulté d’assumer avec simplicité son appartenance au royaume LGBT dans certaines contrées à dominance orientale. Sa marque de fabrique tient beaucoup à un look décadent puisant sans complexe dans l’opulent blingbling souvent aperçu dans son enfance hors de nos frontières : turbans et sequins côtoient des gadgets de bazar et font mouche à chaque nouvelle performance.
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C’est une véritable queer gazette qui se met en route à chaque rendez-vous...
de la rue. C’est une véritable queer gazette qui se met en route à chaque rendez-vous, un service bien au-delà de la simple esthétique. Le salon de beauté possède plusieurs particularités spécifiques et la magie de l’intimité fugace de ces moments partagés n’est pas une de ses moindres qualités. Sebek a choisi de les cristalliser sous une forme inédite mixant arts plastiques et performance, avec un brin de reality-show pour pimenter le tout. En utilisant le moment de beauté comme un catalyseur de propagande LGBT, il ouvre une nouvelle porte à la communication et tente par la même occasion de lutter activement contre la discrimination avec pour seules armes un peu de poésie et un sourire ravageur. Cet univers de coquetterie renferme tout un monde, et son acteur principal rappelle ici des figures mythiques tel le Figaro de Mozart ou Marie Laveau (célèbre coiffeuse mais surtout prêtresse vaudou, connue pour ses doubles services en 1800 à la Nouvelle-Orléans). Un rendez-vous avec Sebek – alias Ballkanika Trauma à ses heures – apporte lui aussi de toute évidence plusieurs dimensions simultanément, et chacun de ces moments se construit en mode miroir avec son interlocuteur qu’il emmène dans son sillage magnétique. A tester absolument ! SEBEK MANICURAGE Sur RDV par e-mail : sebekmanicurage@gmail.com
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On ne présente d’ailleurs plus le team Genevegas dont la forte identité visuelle et les rencontres explosives entre beautiful freaks lui ont offert une renommée foudroyante qui s’est répandue telle une traînée de poudre en terre genevoise. Cette belle famille à dominante LGBT composée d’artistes pluridisciplinaires plus surlookés les uns que les autres, singe le folklore queer sur toute la ligne à la plus grande joie de toute la république. Ballkanika Trauma est incluse dans le lot et c’est elle qui signe également leur flyers rapidement devenus des collectors que l’on s’arrache et que l’on affiche fièrement sur les murs de ses toilettes. Un désir de communication et de partage au sein de la communauté queer romande l’habite d’un feu sacré, après de longues périodes de repli forcé et de contraintes liées au climat culturel ambiant dans son pays d’origine. Il ne fait pas toujours bon être la « reine du quartier » dans certaines régions du globe et cette thématique est au centre de son travail artistique et scénique. Créé par son alter ego Sebek, son nail-studio artistico-psychanalytique fait quant à lui un carton depuis sa création cet hiver. D’abord présenté sous forme de performance artistique à Athènes en 2014, il a cédé à de multiples demandes et en a créé une réplique à Genève. Le workshop à Athènes invitait les spectateurs d’une galerie à sauter le pas et à venir papoter avec l’artiste tout en profitant du rapprochement privilégié que cette action implique. Toutes sortes de personnages très différents y ont défilé et ont profité des talents combinés de leur hôte. Outre une manucure personnalisée oscillant entre pop et dessin freehand – toujours en rapport avec leur discussion – chaque invité a partagé par la même occasion une expérience de type théâtral durant la séance. Sebek divague et leur raconte l’actualité LGBTIQ du moment, les dernières stars émergentes dans le milieu drag ou les crimes homophobes commis au coin
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UN PLAN À TROIS WEEKENDS
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Pour sa cinquième édition, La fête du slip embarque le public à la découverte du corps, du genre et de la sexualité à travers un programme « hot » et audacieux. Nadia Barth
CINÉMA PORNO « L’un des moments forts est la compétition du Slip d’Or, détaille Stéphane Morey. Il s’agit de la seule compétition de films pornos en Suisse. En tout, 21 films ont été choisis parmi plus de 110 films envoyés de 17 pays. La particularité de cette édition est que nous avons retenu plusieurs films suisses ». L’événement cherche aussi à proposer un choix des plus pointus. « On essaie d’affiner notre sélection sur des critères artistiques,
poursuit le directeur de la fête du slip. On aime explorer de nouvelles formes narratives mais aussi la pluralité des pratiques sexuelles. Le tout en s’interrogeant sur le porno comme forme d’art. » Une sélection plus artistique mais aussi plus décalée. « Une autre spécificité du festival est d’avoir des réalisations toujours plus barges, lance Stéphane Morey. Par exemple, l’an passé, le gagnant était un film a mi chemin entre la fiction et le documentaire. Il raconte les rapports BDSM d’un couple lesbien. Les deux femmes s’infligeaient des micros lacérations sur le corps. L’image quant à elle n’était jamais totalement explicite. Elle ne montrait ni de pénétration ni de génitalité. » Si le festival invite le public à poser son slip sur un siège de cinéma, il l’invite aussi à entrer dans la danse. Le thème du pole dance est le point commun d’une série de performances artistiques. On pourra notamment découvrir une création de la compagnie Hodworks, Krassen Krastev en solo avec GGGang au Théâtre Sévelin 36. « La pièce The principle of plaisure fera quant à elle une représentation de voguing, explique Stéphane Morey. Cette performance utilise la danse comme espace de résistance queer. » Une résistance qui fait un clin d’œil
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à la musique de Claude Violante, révélation récente de la scène électro-queer. L’artiste sera aux Docks le premier jour du festival en compagnie, entre autre, de Maud Geffray ou encore de Les prêtresses du Love. Pour les amateurs d’arts visuels, la galerie Forma Art Contemporain déclinera en plusieurs cabines, la thématique du lit alors qu’à la galerie Humus on s’intéressera au bondage à travers une série de photographies. Voilà un menu généreux et copieux qui s’adresse aux curieux de tous bords. Avec plus de 3500 participants en 2016, la fête du slip gagne un public de plus en plus large. « En cinq ans, il s’est véritablement diversifié, remarque Stéphane Morey. L’image qu’on nous renvoie n’est pas celui d’un festival communautaire. On est d’ailleurs assez fier de ça. Par exemple, la soirée des préliminaires qui inaugure traditionnellement l’événement est très gay friendly. » Peu importe donc la couleur de votre slip, elles sont toutes les bienvenues. Programme complet disponible dès le 14 février sur le site feteduslip.ch.
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GAYMAP ÉVÉNEMENT
« La fête du slip a bien l’intention de relancer le printemps », s’enthousiasme Stéphane Morey, co-directeur de l’événement. C’est le moins qu’on puisse dire, puisque le programme de ce festival interdit au moins de 18 ans s’annonce torride. Pole dance, Bondage, cinéma porno… La fête risque bien de mettre Lausanne sens dessus dessous. Pour sa 5e édition, elle enfile sa plus belle culotte bleue et fait durer le plaisir pendant cinq jours répartis en trois week-ends. Les festivités commenceront le vendredi 24 février et s’achèveront le vendredi 10 mars. De l’entrée au dessert, il y aura de quoi régaler les amateurs de musique, de danse contemporaine ou encore de cinéma. Un menu de choix qui fait la part belle au genre, au corps et aux sexualités dans l’art.
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«UNE TRADITION»
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L’urbaniste canadienne Jen Roberton défend la légitimité des rencontres homosexuelles dans les espaces verts. François Touzain
«S
i des rapports se déroulent dans l’espace public, pourquoi ne pas l’admettre comme un fait établi et inclure cela dans nos plans ? » L’urbaniste Jen Roberton a dû faire sursauter plus d’un auditeur de la radio publique canadienne CBC. Cette spécialiste des communautés LGBT était invitée à réagir à une série d’opérations policières dans un jardin public de Toronto, où 88 contraventions ont été dressées et un individu poursuivi pénalement en l’espace de six semaines. Après avoir cosigné un article dans la revue en ligne Spacing, elle a défendu au micro son idée plutôt provocatrice :
l’aménagement des parcs publics pour y permettre les rencontres homosexuelles en toute liberté et en toute sécurité. Jen Roberton estime que la drague en plein air est une « tradition urbaine établie de longue date », qui selon elle ne pose pas de réel problème de sécurité pour le reste de la population. En revanche, cette activité revêt, souligne-t-elle, une importance particulière pour beaucoup d’« hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), qui peuvent ne pas s’identifier en tant que queer ou gay, et peuvent ne pas avoir d’autres moyens de rencontrer d’autres
HSH. » Le problème No 1 de ces lieux isolés et obscurs : les « casseurs de pédés ». À ce sujet, Jen Roberton critique les moyens employés par les autorités pour répondre à ce problème. L’éclairage ou la suppression des bosquets visent plutôt à chasser les adeptes du cruising qu’à les rassurer. « Le problème n’est pas le sexe dans l’espace public et certainement pas la drague. Une manière efficace d’aller de l’avant impliquerait de trouver l’équilibre entre les besoins des utilisateurs du parc qui ne veulent pas voir d’actes sexuels et les besoins des personnes queer d’avoir des espaces pour exprimer leur sexualité, où ils ne seraient pas traumatisés et violentés. » Sans surprise, l’interview de Jen Roberton a suscité une avalanche de réactions atterrées sur le site de CBC, où son idée a été qualifiée de « blague ». «Rien ne peut justifier des rapports sexuels, homos ou hétéros, dans un parc, écrit un internaute. Utilisez Tinder, Grindr, Craigslist, allez au sauna ! Si vous vous entêtez à aller au parc, acceptez-en les conséquences légales, et le fait que cela n’a rien à voir avec votre orientation sexuelle. » Pourtant, le type d’aménagement évoqué par Jen Roberton n’est pas tout à fait inédit. En 2008, Amsterdam avait établi des règles pour la drague gay dans un des parcs emblématiques de la ville, le Vondelpark. Charge aux homos de respecter la propreté des lieux, de renoncer aux rencontres sexuelles diurnes et de draguer loin des places de jeux. Toutefois, la police de la capitale néerlandaise avait rappelé que les rapports sexuels dans les espaces publics restaient purement et simplement interdits. Publicité
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AGENDA CLUBBING VENDREDI 3.2 BERNE Comeback Soirée electro, 22h ZURICH Heaven Boyteschema, 23h SAMEDI 4.2 LAUSANNE GT’s LOL (Lots of Lesbians) DJ Yazz, 21h BÂLE Heimat Ok Sébastien, 23h ZURICH Club X-tra Angels Kitsch Party, 23h Heaven Molke 7, 23h Stairs Inside Closing Party, 23h DIMANCHE 5.2 LAUSANNE GameBoy @JetLag/MAD, DJ Alan Taylor, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h ST-GALL News Sack & Pack, 20h
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VENDREDI 10.2 LAUSANNE Le Romandie Club Sandwich feat. House of Moda, 23h ZURICH Heaven Balkan Gay Night, 23h SAMEDI 11.2 GENÈVE L'écurie, Queeraoké, 19h LAUSANNE GT’s Academy Huitième de finale, 21h BERNE Unbeschreiblich Weiblich Nouvelle soirée réservée aux femmes et aux trans @Kulturhof Schloss Köniz, 20h Comeback DJ Clausette (disco), 22h ZURICH Heaven Dudecute, DJ Dennis Sommer (house), 23h DIMANCHE 12.2 LAUSANNE GameBoy @JetLag/MAD, DJ Cyril G, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h VENDREDI 17.2 LUCERNE El Cartel Frigay Night, 23h SAMEDI 18.2 LYON Jungle Love Party@L’Usine, 23h LAUSANNE GT’s Academy Quart de finale, 21h BÂLE Borderline La Messe Label Night, 23h ZURICH Alte Kaserne Girlie Circuit, 23h Heaven Hell on Heels, 23h DIMANCHE 19.2 LAUSANNE GameBoy @JetLag/MAD, DJ Soren Luka, 23h
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Rage Underwear Jocks Naked, 22h
LUGANO
SAMEDI 11.2 GENÈVE Bains de l’Est Black Out, 23h LAUSANNE Trafick Up or Down Orgie, 21h ZURICH Rage Freistoss (sneakers), 22h
Imbarco Immediato Sunday’s Happy Gays @Bistro Vecchio
Torchio, 18h30 JEUDI 23.2 GENÈVE Stage de danse same-sex @Halle 22, 18h30
DIMANCHE 12.2 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h
VENDREDI 24.2 LAUSANNE Les Docks Les préliminaires de la Fête du slip, 22h BERNE Comeback Soirée electro, 22h
VENDREDI 17.2 LAUSANNE Trafick Les Délires du Trafick (tous trips), 21h BERNE Aqualis FF-Night, 23h ZURICH Rage Sports Arena, 22h
SAMEDI 25.2 LAUSANNE GT’s Academy Demi-finale, 21h BERNE Tolerdance Electro File @ISC, 22h BÂLE Apawi Barbarella (More info soon!), 23h
SAMEDI 18.2 GENÈVE Bains de l’Est Bear, 16h ZURICH Rage Full Fetish, 22h
SAMEDI 4.3 GENÈVE 360° Fever «Garce Attack!» @Théâtre Pitoëff/Salle communale de Plainpalais, 22h VEVEY Rex «Good Vibes» Black & White «Mapplethorpe» Party, 19h.
AGENDA CRUISING VENDREDI 3.2 LAUSANNE Trafick En Travelo, 19h Pink Beach Grizzly Night (bears), 20h BERNE Aqualis Underwear Night, 23h ZURICH Rage Full Fetish, 22h
DIMANCHE 19.2 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h JEUDI 23.2 LAUSANNE Trafick En Travelo, 19h VENDREDI 24.2 GENÈVE Cruising Canyon Air X Sports, 22h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage XXL Naked Party, 21h SAMEDI 25.2 GENÈVE Bains de l’Est O’Féminin, 12-19h LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (dark and naked), 21h
SAMEDI 4.2 GENÈVE Bains de l’Est QNu (naked), 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h
DIMANCHE 26.2 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h
DIMANCHE 5.2 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h ZURICH Rage Mega Nackt-Party, 17h
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VENDREDI 10.2 GENÈVE Cruising Canyon Air X Night (fetish), 22h LAUSANNE Pink Beach No Limit (naked), 20h BERNE Aqualis Naked Night, 23h
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DIMANCHE 26.2 LAUSANNE GameBoy @JetLag/MAD, DJ Extasia, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h
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R1 Café Gallay 42, bd de St-Georges
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R2 Le Pradier 6, rue Pradier
et droits humains
R3 Le Comptoir 9, rue Richemont
9, av. de la Gare des Eaux-Vives
La Suite 115 > B14 R5 Yinde 31, rue de Lausanne
A2 Aspasie
(travailleurs du sexe)
R6 Brasserie des Halles de l’Ile
36, rue de Monthoux A3 Association 360
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R7 Au Lavandou 54, rue Jacques Dalphin R8 Café du Marché 16 Avenue Henri-Dunant
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R9 Le Boteco 12, rue Micheli-du-Crest
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totemjeunes.ch A9 Plaque commémorative de Bartholomé Tecia, Place Bel Air A3 Asile LGBT Genève lgbt.asile.ch
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Les Vilains Garçons facebook.com/lesvilainsgarcons.geneve PARC DE LA GRANGE
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S8 BRAVO Coiffure, 16, Rue Jean-Gutenberg S9 Publicité Etienne & Etienne
3, rue de Berne 28, bd du Pont-D’Arve
B8 Livresse P1
5, rue Vignier
B9 Lola 7, rue Richemont B13 Le verre à Monique, B14 La Suite 115 61, rue des Eaux-Vives
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11-13, rue de la Navigation B15 Le Nathan 34, route de Frontenex A1
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C3 La Garçonnière
14, rue de Neuchâtel
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S13 Coiffure Trajectoire 9 13, rue de la Filature, Carouge S14 Épilation - Oosmosis, 31, bd Helvétique S15 Mode – Garçon Manquée
31, rue Saint-Joseph
S16 Le Bal des Créateurs 25, rue de l’Arquebuse S17 Tattoo - Y4SHK4 rue des Étuves 5 (sur rdv) S18 Cinéma – Ciné 17, 17, rue de la Corraterie S19 Mode – Jack Cuir, 40, rue de Monthoux
C1 La Gravière 9, chemin de la Gravière C2 Le Chat Noir 13, rue Vautier, Carouge
15, Alfred-Vincent X5 Cruising Canyon X6 Sauna des Sources 17, rue des Sources
8, avenue du Mail S11 Pharmacie 3, rue Ecole de Médecine S12 BD-Cumulus, 5, rue des Etuves
S20 Tattoo – BRUT 6, rue Sismondi
3, rue de l’Est X1 Les Bains de l’Est u te d Pradier X2 Duplexx 8,rorue e Ma lagn X3 Sauna des Avanchets ou Avenue Baptista, Les Avanchets
30, rue Saint-Joseph, Carouge S10 Opticien – Vue des Bains
8, rue de l’Ecole-de-Médecine
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17, rue des Etuves
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B6 Fenomeno 28, rue des Pâquis
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26, rue des Vollandes
S5 Lingerie – Koruba Love Shop,
S7 Mode – Maniak 6, rue du Vieux-Billard
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S2 La Case à Max 19, rue de la Navigation S3 Librairie-café Livresse > B8 S4 Menuiserie – agencement – Fazio & Cie
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HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP Sport/Santé – CrossFit Across 17-21, rue Eugene Marziano
de Plainpalais (Pitöeff) 52, rue de Carouge
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(étudiants)
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HORS PLAN • OUTSIDE OF THE MAP Café-Restaurant, Café du Châtelard, A v. 1,Sentier des Crosets Corsier-Sur-Vevey d
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3, rue des Deux-Marchés
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Police
Urgences/Emergency
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22, avenue de Tivoli H1 Rainbow Inn HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP :
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3, rue de la Grotte
R1 Auberge de Beaulieu 15, av. Bergières
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R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point
P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève
R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R4 Le Tramway 6bis, rue de la Pontaise
P3 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3
R6 Le relais 163, av. de Morges R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av. de Tivoli > B3
021 314 04 00
HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Le Raisin Les Cullayes (13km)
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Gerechtigkeitsgasse 75 B1 Blue Cat Rathausgasse 42 B2 Comeback Bar
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360° – FÉVRIER 2017
BLANCHE PAGE
CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS
I
l est des expériences, des projets artistiques, qui laissent des traces dans l’âme comme des sillons creusés dans un champ par le passage de la charrue. Terre en labours, retournée, bouleversée. Sans m’en rendre compte, moi qui d’ordinaire à chaque terme me réjouis de cet aboutissement qui ouvre de nouvelles portes sur l’inconnu, je me suis laissée aspirer dans une sorte d’atemporalité, qui brusquement a pris fin. Infiniment de peine j’ai eu à tourner la page de cette belle aventure de près de trois ans chez Les Dominicains de Haute-Alsace. En ce couvent du XIVe siècle transmuté en centre dévolu à la recherche numérique, je ne devais à l’origine chanter que quelques titres dans un cabaret improbable. Mais très vite les propositions ont fusé et tout s’est empilé en une longue résidence d’artiste, mêlée de chant, de jeu, de présentations de saisons, de rencontres avec des lycéen-ne-s, de visites guidées devenues instantanément les visites gratinatos prolongées par une commande de revisitation sensorielle loin des réalités historiques qui m’a fait me glisser en conteuse dans chaque fente ou interstice pour faire redécouvrir les lieux en toute poésie ; projeté dans une psyché, ce Mémoires de Pierres : le Chant du Grès a donné à son tour naissance à une carte blanche dans la sombre sacristie, À Mon Seul Désir: princes charmants s’abstenir ;
Autoportrait d’après Gustav Klimt — Le Baiser
un cabinet de curiosités dans lequel j’ai livré le plus intime de mes pensées. Et, à chaque aventure, une collaboration sensible, à l’endroit précis et précieux où il n’est nul besoin d’explication, où l’on est prêt à se perdre, à visiter les abysses, où l’on frôle de très près la télépathie. Comment, dès lors, se remettre d’un tel maelström
Rédaction en chef Guillaume Renevey (guillaume@magazine360.ch) Rédaction texte Nadia Barth Zelda Chauvet Edmée Cuttat Vladimir Ennyday Annabelle Georgen Antoine Gessling Greta Gratos Adeline Haverland Alexandre Lanz Leatherette Guillaume Renevey Anne Rollat Francesca Serra François Touzain VG + Véra (Livresse) Corrections Zino Davidoff Rédaction image direction : Ester Paredes Graphisme Schönborn Hernandez Publicité Philippe Scandolera (pub@360.ch) Jérémy Uberto (marketing@360.ch)
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Le blanc sonne comme un silence, un rien avant tout commencement. Vassily Kandinsky
Abonnement Rolan Delorme (abo@360.ch) Expédition Alain André Claude Federico François Gerald Jacques Jean-Patrice Michel René Otto Editeur Association Presse 360 Impression Appi, Gland 360° 36, rue de la Navigation – CP 2217 – CH-1211 Genève 2 Tél. 022 741 00 70, Fax 022 741 00 74
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aussi artistique qu’émotionnel ? Je ne sais. Ce que je sais, c’est qu’à présent une page se tourne. Greta Gratos
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Toute reproduction est strictement interdite pour tous les pays, sauf autorisation écrite de 360°.
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