PRÉVENTION NOUVEAUX DÉFIS
MODE
N° 164 Mars 2017 – CHF 6.– €6 – 360.ch
RAD HOURANI
INTERVIEW
KATERINE LA COPINE
PÉRIL BLEU NUIT
360° – MARS 2017
SAUVER NOS PLUMES ACTU
INTERNATIONALE Scandale en Palestine – P.2 Ambassadeur LGBTI sous Trump - P.3 SUISSE Succès pour LGBT+ - P.4 Adaptation du code pénal - P.5 FRANCE La tentation du pire - P.6 SANTÉ La prévention s’organise – P.10 ÉGALITÉ Pays du troisième genre – P.15
SOCIÉTÉ
BUZZ En couv’ – P.17 MODE Rad-icalement beau - P.18
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n magazine romand comme l’Hebdo disparaît, un quotidien comme le Temps, après 24 Heures et la Tribune de Genève, voit sa rédaction se réduire comme peau de chagrin. La presse va mal. La démocratie aussi. Car comment comprendre le monde sans une information de fond, sans des débats d’idées contradictoires, sans des analyses réfléchies. Que ce soit sur papier ou en numérique, les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier. Voilà pourquoi le magazine 360° se bat depuis presque 20 ans pour lutter contre la mythomanie rampante qui ronge nos sociétés. Voilà pourquoi 360° s’élève encore et toujours contre l’homophobie, contre la transphobie, contre le racisme, contre toutes formes de discrimination. Les médias ont l’habitude des procès d’intention. Ce n’est pas nouveau mais plus que jamais inquiétant en France, aux Etats-Unis, en Turquie, en Russie, aux Philippines ou ailleurs dans le monde. Alors oui, restons vigilants. Ne cédons pas à la tentation d’un populisme nauséabond : quand il sera trop tard, nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer. Il y a une règle tacite en journalisme : on ne commande pas aux lecteurs. Pour une fois, et avec toute l’objectivité qu’impose la déontologie, je me détournerais de cette maxime et oserais un conseil : lisez, écoutez, regardez, débattez ! Ne vous laissez pas manipuler. Car il ne s’agit de rien d’autre, en réalité, que de notre liberté.
CULTURE
GAYMAP
GROS PLAN Gravisphère – P.43 ENTRETIEN Philippe Katerine – P.44 ÉVÉNEMENT Hors cadre – P.47 EXPOSITION Naturaleza - P.48 SORTIE Mélodies australes – P.48 Berg enchante Genève - P.48 Plans Genève, Lausanne et Berne – P.54, 56 et 58
Guillaume Renevey, Rédacteur en chef
ET ENCORE
Vignette édito ©Nicolas Schopfer Couverture © Statue de Jeanne d’arc d’Alfred-Désiré Lanson à Jargeau, France. Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch
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TRANSDESSINÉE – P.39 INFOS PARTENAIRES – P.40 TU T’ES VU ? – P.50 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS – P.60
SOMMAIRE N° 164
DESIGN Décomplexé - P.23 PORTRAIT Riethauser l’intrépide - P.25 CINÉMA En quête d’identité – P.28 Le film qui agace le FN – P.29 Foutraque et nostalgique - P.29 ARTY SHOW Divine Damnation – P.32 LITTÉRATURE Plume quantique - P.36 LIVRES Dette générationnelle– P.39
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ACTU INTERNATIONALE
SCANDALE EN PALESTINE
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Un mandat d’arrêt a été émis contre un auteur de Cisjordanie, Abbad Yahya. Son dernier polar a été saisi par les autorités qui l’accusent de corrompre le public. Antoine Gessling
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e romancier palestinien Abbad Yahya est dans l’impossibilité de rentrer chez lui. « Je ne sais pas quoi faire », a-t-il confié à l’AFP depuis le Qatar, où il séjourne. « Si j’y vais, je serai arrêté et si je reste ici… je ne peux rester éloigné de ma maison et de ma famille. » Un scandale a éclaté avec la parution de son dernier polar. Un crime à Ramallah raconte l’histoire de trois jeunes hommes confrontés à un meurtre commis dans le café où ils travaillent. Les soupçons s’orientent sur l’un d’eux, homosexuel. Bien qu’innocent, ce dernier est poursuivi, et doit s’exiler en France. Le triste état des lieux dressé par Yahya – celui d’une société palestinienne minée par le conservatisme et l’islamisme – s’est vu confirmé par la réception hostile du livre par les autorités. Le roman a été interdit. Tous les exemplaires ont été saisis et l’éditeur arrêté. Le procureur général de Palestine, Ahmed Barak, a expliqué que le livre contenait des textes et termes à caractère sexuel qui menacent « la moralité et la pudeur
publiques, et qui pourraient affecter la population, en particulier les mineurs. » Les intellectuels locaux n’ont pas vraiment volé au secours du jeune auteur de 29 ans. Yahya « est allé trop loin, il a franchi les lignes rouges de la société palestinienne » a estimé par exemple Adel Osta, professeur de littérature à l’université An-Najah de Naplouse. Le président de l’association des écrivains palestiniens a renchéri. « C’est un roman stupide qui viole les valeurs nationales et religieuses de notre société pour flatter l’Occident et gagner des prix. Ma liberté d’écrivain s’arrête aux limites de la liberté du pays » a jugé Murad Sudani. Néanmoins, les témoignages de soutien ont afflué sur la page Facebook de l’auteur, qui est aussi défendu par les responsables de la Culture de l’Autorité palestinienne et de l’OLP. Ceux-ci ont critiqué l’utilisation arbitraire de la censure. Les organisations de défense des droits de l’homme en Cisjordanie ont exigé l’abandon des poursuites visant l’auteur. 2
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TOU TE SUR L’ACTU LE 360.C SITE H
ALLEMAGNE
INCENDIE MEURTRIER
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Le poste pour la défense des minorités sexuelles créé sous Obama n’a pas été sabré.
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ne présidence Trump gay-friendly ? Du moins en apparence. A la surprise générale, l’envoyé spécial du Département d’Etat pour les droits LGBTI a vu son poste confirmé par la nouvelle administration américaine. Randy Berry, diplomate ouvertement gay, avait été nommé à cette fonction créée par l’ancien président Obama et le secrétaire d’État John Kerry. « Je ne vais pas me réjouir avant de voir ce que son mandat devient sous l’administration actuelle », a commenté Ross Murray, de l’organisation proLGBT GLAAD dans Foreign Policy. Donald Trump tente de courtiser l’électorat LGBT alors même que plusieurs membres de son gouvernement défendent une vision conservatrice de la société, à commencer par son vice-président Mike Pence, ou sa ministre de l’éducation, Betsy DeVos. Sans parler de l’extrême droite, présente dans le cabinet Trump avec des personnalités comme Steve Bannon
ou Stephen Miller. Les principales organisations LGBT du pays ont pris part aux manifestations contre les récentes mesures anti-avortement et contre les décrets migratoires, aux côtés des groupes féministes et de lutte contre le racisme et la xénophobie. INFLUENCE D’IVANKA Derrière cette tendance de Trump à ménager les questions de droits LGBT, beaucoup voient l’influence de la fille du président, Ivanka. Trump a ainsi adressé plusieurs messages à l’électorat gay durant sa campagne. Depuis sa prise de fonction, il a notamment annoncé qu’il ne révoquerait pas un texte de son prédécesseur exigeant un engagement contre les discriminations homophobes et transphobes chez les entreprises sous contrat fédéral. Cela n’a pas empêché la Maison-Blanche d’effacer de son site toutes les références aux questions LGBT. AG
« Issu du croisement d’un Action Man
tout en muscles avec un artiste néo-gothique » La suite en page 32 3
ITALIE
SCANDALE L’Office national italien contre la discrimination raciale, l’Unar, est dans la tourmente. Le directeur de cette institution gouvernementale, Francesco Spano, a donné sa démission après la diffusion d’une enquête de la chaîne privée Italia 1 en février. L’émission satirique Le Iene affirme que l’Unar a subventionné à hauteur de 55’000 euros une association socio-culturelle LGBT qui servirait de paravent à l’exploitation de lieux « d’orgies et de prostitution gay » à Rome. De fait, de nombreux établissements gay italiens bénéficient d’une affiliation à des organisations LGBT via une carte de membre, qui contribue à financer ces dernières – et non l’inverse comme veut le suggérer Le Iene. Vous vous en doutez, l’extrême-droite italienne s’en donne à cœur joie.
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ACTU INTERNATIONALE
AMBASSADEUR LGBTI SOUS TRUMP
Trois personnes sont mortes et une a été grièvement blessée début février dans un sauna gay de Berlin, le Steam Works. Le feu a démarré dans le sous-sol de l’établissement du quartier de Schöneberg, mentionne le site Queer.de. Les pompiers ont été appelés à 22h30. Une trentaine d’hommes se trouvaient alors dans le sauna, dont 15 ont été légèrement intoxiqués. La police privilégie la piste de l’accident. Selon les secours, le feu se serait déclenché dans un faux plafond.
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ACTU SUISSE
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SUCCÈS POUR LGBT+ En trois mois, la ligne d’aide aux victimes d’homophobie et transphobie en Suisse a montré qu’elle répondait à un véritable besoin au sein de la communauté. François Touzain
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GBT+ Helpline répond depuis trois mois aux appels de lesbiennes, gay, bi et et trans victimes de violences ou de menaces. L’occasion d’un premier bilan, dressé par le site alémanique Watson, qui a interrogé Bastian Baumann, secrétaire de Pink Cross, un des artisans de ce nouveau service. On apprend qu’une centaine de cas ont été rapportés confidentiellement aux animateurs de la ligne d’aide. Ils vont des insultes de rue au tabassage ayant occasionné une hospitalisation, en passant par le mobbing. « C’est plutôt impressionnant, quand on pense que les victimes n’avaient pas, jusqu’à présent, cette possibilité », estime Bastian Baumann. Difficile pour l’instant de tracer le profil des utilisateurs. Sans surprise, davantage d’hommes que de femmes font appel au service, mais aussi une proportion significative de trans. « Les crimes contre les personnes LGBT sont bien trop peu présents dans les consciences, souligne Bastian Baumann. De nombreux homos et trans ont été concernés au moins une fois dans leur vie. Moi-même, on m’a une fois traité de « pédé de merde » depuis une voiture – de manière totalement gratuite. » Le dispositif
LGBT+ Helpline est composé d’une ligne d’urgence ouverte du lundi au vendredi de 10h à 19h30 (en dehors de ces heures, le service alémanique répond également), qui propose un soutien immédiat et des conseils de prise en charge, ainsi qu’une consultation psy. HÉSITATIONS À PORTER PLAINTE Les répondants encouragent aussi les victimes à porter plainte malgré les réticences fréquentes. « Les gens sont souvent hésitants. Ils disent que contacter la police ne leur rapporte rien. On les encourage et les accompagne donc dans ce processus. Et s’ils restent anxieux, on organise des contacts avec Pink Cops, l’association de policiers LGBT. » A noter qu’en l’absence de statistiques officielles sur les crimes de haine contre les LGBT, LGBT+ Helpline entend fournir des indicateurs statistiques précieux sur les agressions contre les membres de la minorité en Suisse. Financés par des fonds privés, dont une large part provenant de particuliers, LGBT+ Helpline lancera en avril une nouvelle campagne de communication Stop Hate Crime, avec pour but de mieux couvrir les localités rurales. 4
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ADAPTATION DU CODE PÉNAL L’initiative parlementaire contre l’homophobie et la transphobie de Mathias Reynard a franchi une nouvelle étape en commission, qui y a ajouté le critère d’«identité sexuelle».
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Égalité et non discrimination Famille Crimes et propos haineux Reconnaissance legale du genre et intégrité du corp Liberté de réunion, d’association et d’expression Asile En 2016 zero pointé pour la Suisse dans la lutte contre les propos haineux
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ACTU SUISSE
rainbow-europe.org
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n petit pas de plus dans la lutte contre l’homophobie. En février, la Commission des affaires juridiques du Conseil national a accepté d’ajouter les critères d’orientation sexuelle et d’« identité sexuelle » à l’article 261bis du Code pénal. Dans sa forme actuelle, cet article concerne les faits de haine et de discrimination visant des personnes « en raison de leur appartenance raciale, ethnique ou religieuse ». La proposition, qui fait suite à l’initiative parlementaire du conseiller national Mathias Reynard (PS/VS), a obtenu 15 voix contre 9 et une abstention. Dans sa version originale déposée en 2013, le texte ne faisait référence qu’à l’orientation sexuelle. Dans un communiqué, la Commission estime « qu’il est nécessaire d’anticiper et d’appliquer les recommandations faites sur le plan international. Elle relève que cela a déjà été introduit dans certains pays voisins. » La France, par exemple, s’est dotée des premiers textes législatifs de lutte contre l’homophobie en 1985 et contre la transphobie en 2012. La balle est désormais dans le camp de l’administration fédérale, qui devra proposer aux chambres un projet de modification de loi. FT
ACTU FRANCE
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LA TENTATION DU PIRE Bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, « outé » en 2014, a contribué à la dédiabolisation du FN, notamment auprès des LGBT. Sébastien Duval
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L
d’une ligne de fracture au sein du FN. D’un côté : les tenants de sa dédiabolisation, stratégie défendue par Philippot et sa garde rapprochée – des jeunes têtes bien faites et bien pleines tout juste sorties de grandes écoles – pour lui permettre de capter un électorat plus large. De l’autre : la frange conservatrice, rangée derrière Maréchal-Le Pen. La présidente du parti, Marine Le Pen, s’adonne au milieu à un numéro d’équilibriste afin de ne froisser aucun de ses militants. Elle a ainsi laissé à sa nièce le soin de battre le pavé contre le mariage pour tous, restant de son côté étonnamment discrète sur la question. PRISE DE GUERRE Un « jeu dangereux » pour la journaliste indépendante Marie-Pierre Bourgeois, auteure de Rose Marine (éditions du Moment), une enquête sur le FN et l’homosexualité : « Marine Le Pen a réussi, en partie, à se débarrasser de l’image antisémite du parti. Il lui reste à casser aussi son image homophobe. Elle peine à rallier l’électorat urbain et diplômé et draguer cette nouvelle clientèle passe par la communauté LGBT. » Sébastien Chenu s’est laissé séduire. Fondateur de GayLib, cercle de réflexion de l’UMP (droite) sur les questions LGBT, il a eu l’impression de faire « un deuxième comingout » en rejoignant le FN à la fin de l’année 2014. « J’ai perdu quelques amis au passage, qui n’étaient donc pas de vrais amis, mais j’en ai gagné d’autres », raconte-t-il. Je n’ai 7
pas le sentiment de m’être renié. Beaucoup vivent sur des fantasmes de ce que serait le FN. Moi le premier, lorsque j’ai rejoint le parti, j’en avais une image très dégradée et je l’ai dit à Marine Le Pen la première fois que je l’ai rencontrée. « Je pensais voir des conservateurs, des réactionnaires, des racistes, des gens qui détestaient leurs voisins. Je n’ai trouvé que des patriotes authentiques. » Sébastien Chenu est d’après Marie-Pierre Bourgeois une « prise de guerre » importante pour la dirigeante frontiste quand on sait que les gays représentent plus 6 % de l’électorat français. L’intéressé se défend néanmoins d’être instrumentalisé : « Lorsque j’ai été nommé à la tête de la fédération du Nord, la plus importante de France, j’ai dit aux militants à quel point ils n’avaient pas de chance. Leur nouveau patron était non seulement un parachuté, mais aussi issu d’un autre mouvement politique et un pédé. Je n’ai jamais eu le moindre problème et j’interviens sur tous les sujets, alors qu’il y a avait un peu un côté gay de service à l’UMP. » VOTE COMMUNAUTAIRE Ce nouveau visage du FN, dont plusieurs cadres, très présents dans les médias, sont ouvertement homosexuels, explique sans doute en partie son attrait grandissant auprès des électeurs gays, traditionnellement portés à gauche. Selon un sondage du Cevipof, 32,45 % des couples homosexuels mariés ont voté pour le parti d’extrême droite au premier
ACTU FRANCE
es sondages, jusqu’ici, sont unanimes. Quinze ans après son père, Marine Le Pen devrait être présente, le 7 mai prochain, au deuxième tour de l’élection présidentielle française. La candidate du Front national (FN) a notamment promis en cas de victoire de revenir sur l’une des mesures emblématiques du gouvernement socialiste sortant : le mariage pour tous, qu’elle remplacerait par un contrat d’union civile. Pour son bras droit, Florian Philippot, le sujet n’est cependant pas une priorité : « La question de la culture du bonsaï compte aussi beaucoup, ce n’est pas pour autant que l’on va lancer un collectif sur le sujet. » Glissée en avril dernier dans les colonnes du Monde, la petite phrase de l’un des vice-présidents du parti d’extrême droite, outé en 2014 par le magazine Closer, avait fait s’étrangler plusieurs de ses camarades, à commencer par Marion Maréchal-Le Pen. « Si la culture du bonsaï entraînait des millions de gens dans la rue, cela vaudrait le coup de s’y intéresser » avait alors répondu la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, jeune députée du Vaucluse, en référence aux nombreuses manifestations contre l’adoption du mariage égalitaire en France. Florian Philippot a finalement eu le dernier mot en plaçant bien en évidence, près de lui, dans une vidéo publiée sur sa page Facebook après l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, un faux poivrier de Chine. Bonsaï ! L’épisode peut paraître anodin. Il est pourtant révélateur
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pédés qui se retrouvent au Queen le dimanche soir à Paris et qui ne pensent qu’au cul ». En couple depuis 27 ans et récemment mariés, Boris et Éric se disent eux aussi, dans un documentaire de France 3 sur « les nouveaux électeurs de Marine Le Pen », disposés à voter pour la présidente du FN lors de l’élection
32,45 % des couples homosexuels mariés auraient voté FN au régionales de 2015. présidentielle à venir. Pris à parti par des jeunes du coin, ils ont le sentiment que les débats autour du mariage égalitaire ont réveillé une homophobie latente en France et que Marine Le Pen est la seule à pouvoir « resserrer les boulons et rétablir une certaine justice ». Attiré quant à lui par son discours souverainiste,
Guillaume Laroze a milité pendant un an au FN, en tant que secrétaire général du collectif Marianne, chargé de diffuser les idées du parti dans le milieu étudiant, avant de rendre sa carte. Le jeune homme de 19 ans s’en est expliqué sur les réseaux sociaux dans un message plein d’amertume : « On m’a traité de ‹ gauchiste islamisé infiltré › (sic), de ‹ parasite LGBT ›, de ‹ déchet pédérastique › (ou sa charmante variante ‹ sodomite ›) et j’en passe. » Le FN serait selon lui « une cocotte minute sur le point d’exploser, où deux sensibilités bien différentes ont de plus en plus de mal à cohabiter, quoi qu’en disent officiellement les cadres ». Le ravalement de façade du parti cacherait des valeurs historiques encore bien présentes à la base. Son fondateur, Jean-Marie Le Pen, bien qu’il en ait été écarté, n’en reste pas moins très écouté chez certains militants frontistes et ne manque jamais une occasion de manifester sa rancœur personnelle envers Florian Philippot, à l’origine selon lui de son exclusion. Alors que ce dernier s’était paré d’un costume de chevalier à l’occasion d’une fête médiévale, celui qui avait un jour qualifié l’homosexualité d’ « anomalie biologique et sociale » l’a publiquement insulté, sur Twitter, en légendant sa photo d’un très subtil « Don Quichotte de la Jacquetta ». Le numéro 2 du FN n’a pas répondu à la provocation. Sans doute trop occupé à tailler ses bonsaïs. Publicité
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ACTU FRANCE
tour des élections régionales de 2015, contre moins de 30 % pour les couples hétérosexuels mariés. « Je ne suis pas sociologue, mais c’est peutêtre dû au fait que Marine Le Pen véhicule une idée de protection des citoyens, avance Sébastien Chenu. Je ne crois pas au vote communautaire. Les gays de ce pays vivent comme tout le monde et ont les mêmes problèmes que tout le monde. Ceux qui bossent paient trop d’impôts, ceux qui vivent dans des quartiers difficiles peuvent se faire agresser. » Même constat chez Marie-Pierre Bourgeois : « Le parti est opposé au mariage pour tous, mais cette question passe au second plan, après la sécurité, pour beaucoup de gays qui ont simplement envie de rentrer chez eux tranquillement le soir après le boulot. » C’est ce qui a notamment convaincu Matthieu Chartraire de prendre sa carte au FN. Le ralliement de ce jeune commercial à la plastique avantageuse a beaucoup fait parler. Et pour cause : il a été élu Mister Gay 2015 par les lecteurs de Têtu. Le magazine français a changé depuis le règlement de son concours, avec l’adoption d’une charte de déontologie encourageant les candidats à s’engager à défendre les intérêts de la communauté LGBT. « Ce n’est pas parce qu’on est homo qu’on est obligé de voter à gauche », confie Matthieu dans un long portrait du journal Libération, content de prendre ses distances avec « ces
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LA PRÉVENTION S’ORGANISE Le groupe romand des intervenant·e·s de proximité a été créé pour plus de cohérence dans la prévention de terrain.
ACTU SANTÉ
Guillaume Renevey
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ous en avez toutes et tous croisés, des intervenant-e-s de proximité. Aujourd’hui, ils-elles formalisent leurs collaborations afin de coller au plus près des défis qui attendent leur domaine d’activité. Le groupe romand des intervenant-e-s de proximité, le GRIP, est né du souhait de partager les réflexions, les pratiques et les outils pour mettre en oeuvre les différents mandats de prévention notamment VIH. Un rapprochement devenu presque indispensable alors que chaque canton a aujourd’hui une travailleuse ou un travailleur de proximité pour les questions liées au VIH auprès des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Ces acteurs et actrices étaient un peu isolé-e-s et il y avait aussi ce sentiment, qu’ayant de part et d’autres des réflexions identiques, il faisait sens de se regrouper. Rencontre avec l’un des instigateurs de ce projet et coordinateur pour la Suisse romande de ces thématiques auprès de l’Aide Suisse contre le Sida, Florent Jouinot.
personnes sont allées spontanément à la rencontre de ces publics au-delà des messages véhiculés dans les médias pour leur dire : oui nous sommes concernés. Ils ont alors transmis l’information scientifique de première main et s’est développé à partir de là un rapport de confiance. C’est ainsi que sont nées les premières actions de prévention VIH dans les communautés. Après 30 ans, l’infection et ses traitements ont largement évolués. Les messages ne peuvent plus être les mêmes. Le tout préservatif n’est d’une part plus nécessairement pertinent et d’autre part n’est plus audible sur la scène où ce message a été rabâché depuis trois décennies. L’infection chronique que constitue aujourd’hui le VIH amène à avoir une approche différenciée. Comme il n’y a plus la crainte de la mort, même si objectivement les gens savent comment le virus se transmet, subjectivement tout le monde ne se sent pas concerné de la même façon. Le travail de proximité doit s’adapter à cette nouvelle donne. Lorsque « l’on va vers », on est obligé de partir de là où se trouve l’individu, de sa réalité et de sa perception des choses pour lui proposer l’outil ou la stratégie de réduction des risques qui lui convient.
360° : Florent Jouinot, on peut l’observer, il y a donc un changement de paradigme dans la prévention de terrain. D’où revient-on ? Florent Jouinot : Historiquement, il y avait des lieux communautaires extérieurs ou privés, principalement des commerces. Et puis le VIH est apparu. Puisque la thématique n’a pas été prise à bras le corps dès le début, des
Contracter le VIH n’est pour autant pas anodin… Comme je le disais, l’information objective est connue concernant le VIH et les enquêtes le confirment. Il y a quelques points épineux comme la pénétration sans éjaculation qui serait sans risque, ce qui est une absurdité. 10
360° – MARS 2017 Simplement, dans leur situation, en fonction de leur relation avec leur partenaire ou leur perception de leurs pratiques, les HSH (Hommes ayant des rapports Sexuels avec des Hommes) n’ont pas forcément l’impression d’être exposés au virus. La question est alors d’identifier le moment où ils s’exposent au VIH malgré leurs connaissances objectives. Cela impose de prendre en considération les facteurs de vulnérabilité individuels. Un message tous publics est très compliqué. Et c’est précisément à ce moment que réside le rôle du travail de proximité en complément des grandes campagnes de prévention qui sont elles aussi nécessaires. On parle beaucoup des questions de santé psychiques communautaires. Est-ce que cela n’appelle pas aussi à une prise en charge plus large de ces publics ? Les intervenant-e-s sont justement des vigies et peuvent aborder des enjeux en lien avec des éléments psychiques, sociaux et biomédicaux. Ils-Elles ont la capacité de proposer des prestations existantes ou de faire remonter l’information du terrain vers les institutions pour que de telles actions se mettent en place. L’évolution des Checkpoints en est un parfait exemple.
ACTU SANTÉ
Concrètement, comment fait-on aujourd’hui pour ne pas « saouler » les HSH ? Si vous allez dans un sauna pour avoir des rapports sexuels, vous n’avez pas forcément envie de vous faire dire ce que devrait être votre vie… Les travailleurs-euses de proximité ne sont pas des distributeurs de préservatifs ou de bonne morale. Dans les saunas, on reste dans les espaces de convivialité et les gens sont plutôt ouverts à discuter. Dans les parcs ou les aires d’autoroutes, quand on a une approche bienveillante et que l’on ne juge pas les risques, les choses se passent en général bien surtout si l’on amorce l’échange sur des thématiques qui sont importantes pour eux. Est-ce qu’il y a des indices et des critères d’évaluation de l’acceptation par les publics ? Aujourd’hui, on monitore de plus en plus car c’est souvent une exigence pour pouvoir prétendre à certaines subventions. Subjectivement, il y a assez peu de rejet exception faite peut-être en début de soirée en milieu festif. Mais par contre au cours d’une soirée, les clubbers sont très enclins à discuter et même surpris positivement de la qualité des échanges. Ils ne feront peut-être pas la démarche d’aller dans un centre pour poser leurs questions ou obtenir un service. Par contre, quand on va vers eux pour recueillir leur opinion sans jugement ils sont très réceptifs. Prenez l’exemple de la PrEP (prophylaxie pré-exposition au VIH), les personnes ont en général un avis très posé sur la question. Là, il s’agit de déconstruire des fausses croyances toujours dans le respect de leur opinion. Au-delà des discussions, on intègre également des prestations : par exemple un test rapide ou des prélèvements pour d’autres infections sexuellement transmissibles. Comment ce nouveau regroupement, le GRIP, est-il constitué ? On discute déjà de la mise en œuvre des campagnes nationales à l’échelle locale. Cela nous permet aussi d’échanger 11
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des pratiques ou des idées. Par exemple un projet de dépistage VIH hors-les-murs va faire l’objet d’une collaboration entre Vaud et Genève. Il y a déjà une collaboration similaire entre Vaud et Fribourg. En Valais, des dépistages hors murs ont été mis en place avec les organismes cantonaux. On va donc pouvoir profiter de l’expérience et des outils des un-e-s et des autres et avoir une vision et une approche commune. Il s’agit de mutualiser les connaissances, les compétences et les moyens pour faire au mieux pour ces publics qui sont très mobiles en Suisse romande.
J’entends encore un politicien dire qu’il n’y a pas d’homosexuels dans son canton. Si on en croit les statistiques, c’est presque vrai. Il y a encore un tabou et une invisibilité. Je me souviens de certaines périodes où je connaissais plus de personnes ayant contracté le VIH qu’il n’y en avait dans les statistiques du Canton. Ce sont donc des personnes qui ne parlent pas du contexte de leur infection et qui peutêtre même, ne sont pas suivies dans leur canton d’origine. Par le travail de proximité il faut atteindre ces personnes-là car ce sont elles qui sont dans des situations de vulnérabilité. L’épidémiologie le montre.
Comment est positionnée la Suisse romande sur ces sujets par rapports à la Suisse alémanique ? Un groupement des intervenant-e-s de proximité n’existe pas encore de l’autre côté de la Sarine. Le modèle du GRIP inspire au contraire et des discussions ont lieu sur la pertinence d’une structure similaire en Suisse alémanique. Le souci que l’on a aujourd’hui c’est de justifier encore ces actions de terrain dans certains cantons. Il y a plusieurs cantons romands qui n’ont aujourd’hui plus de scène notamment à cause de l’arrivée des applications de rencontres géolocalisées. Les lieux extérieurs historiques sont parfois désertés et dans certaines régions les autorités politiques tentent de les faire disparaître.
Quels sont les gros chantiers pour le GRIP en 2017 ? Nous menons une réflexion sur les consommations d’alcool et d’autres substances ainsi que sur les prises de risques. Le dépistage hors-murs et l’utilisation de la PrEP pour les personnes qui n’utilisent pas ou qui pourraient ne pas utiliser le préservatif dans certains contextes font également partie de nos travaux.
Comment fait-on justement muter les outils de prévention pour aller chercher les publics à risques sur les applications ? Nous sommes en train de réfléchir à ajouter un-e intervenant-e qui serait supra-cantonal et qui investiguerait l’utilisation des applications de rencontres comme espace pour la prévention. On peut également imaginer une action dans un lieu extérieur, par exemple une plage dans le canton de Fribourg, l’un irait vers les gens physiquement et l’autre via les applis. Une complémentarité entre l’incarné et le virtuel.
Rappelons les critères d’éligibilité de la PrEP… Il faut être potentiellement et régulièrement exposé au VIH. Ce n’est pas pour un oubli ponctuel ou une rupture de préservatif. Pour ces cas de figure, il y a le traitement d’urgence (PEP ou Prophylaxie Post Exposition). Pour ce qui est de la prise en charge, les consultations et les analyses relèvent de l’assurance de base. C’est uniquement le traitement qui n’est pas pris en charge en Suisse, puisque l’autorisation commerciale est valable uniquement pour le traitement du VIH et non pas pour un usage préventif. Par contre, la loi suisse autorise l’importation de médicaments pour son usage personnel.
Quels sont les moyens alloués au GRIP ? C’est l’Aide Suisse contre le Sida qui va fournir le matériel et les moyens de coordination. L’enjeu se situe surtout au niveau des dotations cantonales pour les intervenante-s. Parallèlement, l’Office fédéral de la santé publique participe à financer plusieurs postes d’intervenant-e-s de proximité La balle est dans le camp des cantons en fait… Quand on voit que les questions liées au VIH notamment se concentrent sur certains groupes de population, il me semble judicieux d’axer la majorité des moyens, ou du moins en proportion, sur cette population. C’est cette réflexion qu’il faudrait avoir.
Est-ce qu’il n’y a pas un danger d’acheter n’importe quoi sur Internet ? Il existe des génériques de laboratoires indiens, brésiliens ou africains qui sont les mêmes que l’Organisation Mondiale de la Santé sollicite pour permettre l’accès au traitement en Afrique, en Orient ou en Amérique du Sud. A ce titre, des listes de produits et de fabricants reconnus par l’OMS existent.
De ce point de vue, quelles sont les disparités cantonales ? Vaud et Genève sont considérés comme des cantons urbains avec une population HSH reconnue grâce à une scène active. Dans les cantons moins urbanisés, on dirait que les hommes gays et les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes n’existent pas. On les voit sur les applications, on en croise dans les lieux de rencontres extérieurs mais pour les autorités ils n’existent pas.
Dans quelle fourchette de prix ? A partir de 60 francs par mois versus 879 francs en officine en Suisse. 13
ACTU SANTÉ
Est-ce que ce nouvel outil qu’est la PrEP ne vient pas brouiller le message de prévention justement ? En gros, prenez tous la PrEP, il n’y aura plus de problèmes... La PrEP est un moyen efficace qui trouve sa place dans un message global qui se complexifie de fait. C’est aussi le travail des intervenant-e-s de proximité de le traduire de manière cohérente afin qu’il soit compris par son public et il faut faire en sorte que les personnes trouvent les moyens de prévention et réduction des risques qui leur correspondent au mieux. Déjà, le public cible n’est pas forcément séronégatif. Certains sont séropositifs sous traitement et ne transmettent pas le virus. Aussi, tous ne souhaitent pas prendre de médication d’où l’intérêt de trouver l’outil adapté à chacun.
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PAYS DU TROISIÈME GENRE
ACTU ÉGALITÉ
Ngatu fakaleiti (étoffe de tapa transgenre), îles Tonga
L’anthropologie se met au service de la question de l’identité de genre dans le cadre d’une conférence qui aura lieu à Genève. Nadia Barth
© Palema Tuala et Adam Rish
«G
arçon manqué ou garçon efféminé ? Voilà quelques expressions qui disent tout de la vision binaire du genre que nous avons en occident. Une binarité que ne connaissent pas certaines sociétés traditionnelles ailleurs dans le monde. C’est du moins ce que cherchera à démontrer Niko Besnier, professeur d’anthropologie à l’Université d’Amsterdam durant une conférence qui aura lieu à Genève le 6 mars 2017. L’évènement s’inscrit dans le cadre de la Semaine de l’égalité qui s’intitule : Ne nous libérez pas, on s’en charge ! Un voyage à travers l’égalité, le genre et les féminismes dans le monde. En se 15
basant sur sa connaissance des sociétés des îles de Polynésie, Niko Besnier montrera que les catégories de genre sont historiquement instables et leur distribution géographique compliquée. L’occasion donc, de tordre le cou aux idées reçues et de découvrir comment ailleurs, certaines identités de genre s’articulent avec le reste de la société dans laquelle elles évoluent. Voilà une conférence qui promet d’ouvrir nos horizons ! La conférence aura lieu le lundi 6 mars 2017 à 18h30 à Uni Mail, salle MS150. Semaine de l’égalité : du 6 au 12 mars.
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EN COUV’
Jamais la visibilité des personnes transgenres n’a été aussi forte. De l’ombre à la lumière, le combat continue. Alexandre Lanz
«L
a beauté transgenre », titre en grand Vogue Paris en couverture de son numéro de mars 2017. Pour la gracier, le mannequin brésilien – transgenre justement – Valentina Sampaio, superbe face à l’objectif du duo de photographes Mert & Marcus. Une première pour le magazine de mode parisien, aussitôt saluée par son prestigieux cousin Vogue US, qualifiant « d’admirable et courageux » le choix de la rédactrice en chef Emmanuelle Alt. Dans son édito, Alt souligne l’importance cruciale de célébrer les personnes transgenres tout en prenant garde de préciser que la victoire sera réellement
gagnée lorsqu’il n’y aura plus besoin de le mentionner en couverture. On n’aurait su mieux le dire. Car il ne s’agit évidemment pas là d’un trend qui s’en ira aussitôt qu’il est apparu. Il s’agit de la visibilité et de l’espace que chaque communauté sociétale mérite dans les médias. Pour se faire voir, se faire entendre, cesser d’incarner injustement les clichés portés par l’ignorance, encore trop souvent traités façon cabinet des curiosités. Devenir banal en somme, aux yeux de tous. Car si à l’incroyable aventure humaine et individuelle que les personnes transgenres traversent s’ajoute l’intolérance des autres, la perspective 17
SOCIÉTÉ BUZZ
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devient tout simplement insupportable. Un combat qui n’est pas sans rappeler celui des mannequins noirs sur les podiums et dans les magazines, toujours rarissimes en 2017 malgré la trajectoire de la superstar Noami Campbell, et d’autres. Vogue Paris n’est pas le premier média à faire le choix d’une couverture transgenre, en janvier de cette année, c’était le National Geographic qui se fendait d’une édition spéciale Gender Revolution, courageusement incarnée par Avery Jackson, une jeune fille de 9 ans de Kansas City citant : « La meilleure chose en étant une fille, c’est que maintenant je n’ai plus à prétendre que je suis un garçon ». L’émoi médiatique fut retentissant, témoignant d’une réalité à laquelle font face de nombreuses personnes nées dans le mauvais corps. Au-delà des couvertures de magazines, l’industrie du spectacle s’empare aussi du sujet dans la série TV Transparent et ses personnages cinglants d’humanité, diffusée sur Amazon depuis 2014 : Maura, autrefois Morton, y révèle tardivement son identité de femme transgenre à sa famille. La même année, une autre personnalité transgenre interprétant son propre rôle dans la série Netflix Orange Is The New Black se retrouve en couverture de Time, une première pour la prestigieuse publication. Il s’agit de l’actrice Laverne Cox, qui se remémore au fil de l’interview le fracas de son adolescence brisée, harcelée par ses camarades d’école dans l’Alabama, jusqu’à tenter de mettre fin à ses jours à 11 ans. Aujourd’hui, Cox profite de sa notoriété pour se battre pour des droits égaux aux EtatsUnis, notamment avec son poignant documentaire Free Cece sorti en 2016, relatant l’histoire d’une femme transgenre incarcérée dans une prison pour hommes après s’être défendue contre un agresseur transphobe. Sans se fourvoyer dans des parallèles hasardeux, il est toutefois hallucinant de constater que dans un monde clivant, clivé et politiquement radicalisé, où certaines mentalités se rassurent dans le repli sur soi et l’idée nauséeuse de murs pour délimiter les frontières, le courage vient de celles et ceux qui doivent se battre pour devenir physiquement eux-mêmes et sortent de l’ombre pour se faire entendre. Une belle leçon de vie, comme un ultime espoir.
SOCIÉTÉ MODE
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RAD-ICALEMENT BEAU Il y a dix ans Rad Hourani organisait son premier défilé dans une galerie parisienne, lançant une carrière fulgurante. Pour lui la mode sera sans genre, ou ne sera pas. Francesca Serra
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A
vant de lancer sa marque, le parcours professionnelle de Rad Hourani se limitait à quelques expériences comme styliste de studio pour des shootings photos, d’abord à Montréal, puis à Paris. A cette époque, il naviguait entre les sections homme et femme des boutiques et des grands magasins pour trouver des vêtements qui puissent le satisfaire en matière de coupe, de qualité de tissu ou d’originalité. C’est de là que lui vient l’idée de concevoir des pièces pour compléter sa garde-robe personnelle, jusqu’au jour où il a l’occasion d’organiser son premier défilé fin 2007. Six ans après, en 2013, Rad Hourani franchit la porte de la haute couture parisienne en tant que membre invité, devenant ainsi le premier designer à présenter une collection unisexe. La rapidité de son ascension impressionne d’autant plus que Rad Hourani n’a pas suivi de formation académique en stylisme. Avant de lancer sa première collection, il a pendant une année étudié et comparé les principes anatomiques masculins et féminins, qu’il a synthétisé sur un modèle qui lui sert de canevas pour ses créations. Il n’utilise donc pas des patrons, mais travaille à partir de cette base pour dessiner des modèles directement sur le tissu final, à l’instar d’un sculpteur de l’étoffe. La dimension sculpturale se traduit par des coupes strictes et verticales qui élancent davantage la silhouette. Son magnifique trench à revers multiples, sa blouse transformable en corset ou encore ses vestes
façon origami révèlent son sens aiguisé des proportions. Pour le couturier autodidacte d’origine jordanocanadienne, jouer avec les différentes couches de tissu s’apparente à un exercice de mathématique. NO MOODBOARD Ce qui fascine, et parfois agace, réside dans son approche autocentrée de la mode. Il déclare qu’encore aujourd’hui il crée avant tout pour lui-même et que cela lui permet non seulement de rester focalisé sur une esthétique originale, mais aussi de s’engager pour la portabilité et le confort de ce qu’il produit. Pour sonder ces aspects, le designer dit toujours vérifier la sensation du tissu sur son corps et à travers le mouvement. Il explique n’avoir jamais utilisé de moodboard dans son travail et ne cite jamais des noms de la mode comme influence externe, refusant de s’inscrire dans une lignée ou dans une école de pensée. Pour fonder sa position refusant les compromissions et les limites, il cite volontiers l’individualisme radical ou égoïsme rationnel prôné par l’écrivaine athée Ayn Rand, auteure du célèbre roman La source vive. Et c’est dans le statut d’artiste visuel dans son entier que Rad Hourani ambitionne de s’inscrire en s’attaquant aussi, avec des résultats remarquables, à la photographie et à la vidéo. Lors de ses différentes expositions il ne lésine pas à satisfaire ses envies de touche-à-tout, incluant également la peinture parmi ses intérêts, avec des résultats plutôt décevants 19
SOCIÉTÉ MODE
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pour le coup. Peut-on être à la fois réservé et mégalomane, compétent et touche-à-tout, individualiste tout en rêvant d’un monde meilleur ? Sans vouloir sonder les recoins sombres de l’ego de l’artiste, on doit lui reconnaître d’avoir agi en précurseur, avant l’actuel courant de la mode sans genre qui, à ses yeux, n’est pas parfaitement égalitaire. En effet, pour la plupart des marques concernées, il se dégage toujours cette impression de vouloir habiller un homme un peu plus comme une femme et vice-versa. La formule Rad Hourani se base, elle, sur la neutralité. Ses pièces minimalistes, austères et pour la plupart monochromes s’adaptent facilement à n’importe quelle garde-robe, leur complexité réside dans les détails, dans la façon de cacher les coutures ou de révéler leur géométrie grâce au mouvement comme
avec ses superbes plissés. Son but étant d’élaborer des pièces fortes qui puissent donner assurance et confort à celle ou celui qui les porte, telle la sensation d’une armure délicate et légère. Pour le couturier aller au-delà du genre signifie aussi dépasser d’autres barrières et rejeter ainsi les clivages de religion, de nationalité et d’âge. « J’ai toujours voulu faire des vêtements pour l’humain, en dehors de tout effet de mode, d’âge ou de sexe. » Dans un monde de la mode volage, au lieu de partir dans une nouvelle direction à chaque saison, il mise sur une continuité, comme une longue partition. radhourani.com Publicité
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SOCIÉTÉ MODE
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DÉCOMPLEXÉ
CULTURE DESIGN ©DR
E Chaque mois 360° saute d’un objet, d’une époque ou d’un art à l’autre pour vous parler design.
t pourquoi pas rose ? Cette couleur a subi un processus d’émancipation, qui s’inscrit dans un trend plus général qui a vu les couleurs pastel marquer un retour cyclique dans les collections de mobilier. Ce phénomène a surtout été initié par des éditeurs scandinaves tels que Norman Copenhagen, Muuto ou Hay qui ont imposé, avec leur design fonctionnel et anti-bling-bling, un nouveau minimalisme chaleureux ponctué de couleurs pastel : du bleugris, du vert menthe, mais surtout du rose. Rose bonbon ou rose poudré reviennent en force pour recouvrir les murs de nos intérieurs, mais 23
aussi pour être distillés avec originalité à travers des pièces de mobilier. Pour intensifier l’effet contemporain de ces tonalités, il suffit de les combiner à quelques touches dorées ou cuivrées. La designer d’origine irano-égyptienne India Mahdavi a récemment conçu pour le restaurant londonien The Gallery at Sketch un écrin monochrome ponctué par ses fauteuils sublimement régressifs Charlotte. Parmi les meilleures créations de la constellation iconoclaste signée par les frères Campana figure aussi Cipria, un canapé poilu formé de neuf coussins pour offrir un nuage rose à votre salon. FS
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RIETHAUSER L’INTRÉPIDE
CULTURE PORTRAIT
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Ce cinéaste et militant a fait de la cause homosexuelle un élément central de son parcours. Portrait d’un Genevois qui n’a pas peur de faire éclater les carcans sociaux. Nadia Barth
S
téphane Riethauser vit à 100 à l’heure. Ce Genevois d’origine ne tient pas en place. Successivement enseignant, journaliste, photographe amateur, militant de la cause homosexuelle, traducteur, réalisateur... Son parcours donne le vertige et se moque bien de ceux qui sont tout tracés. A 44 ans, Stéphane Riethauser n’a l’air de ne connaître ni les limites, ni la mesure… Il a toujours un projet en route, un film à réaliser, un rendez-vous qui l’attend, une cause à défendre. Lorsque je le contacte pour faire son portrait, nous sommes en plein festival du film de Berlin, ville dans laquelle il habite depuis huit ans. Son agenda est plus que jamais surbooké et notre rendez-vous téléphonique se cale quelque part entre une immense fête qu’il organise et d’autres rendez-vous de cinéma… Et le cinéma, Stéphane Riethauser en a fait sa priorité. Celui qui s’est notamment fait connaître grâce
à son ouvrage A Visage découvert, un livre de portraits de jeunes gays et lesbiennes de Suisse romande, se consacre aujourd’hui essentiellement au 7e art. L’un des dénominateurs communs de ses films est l’homosexualité. Un sujet qu’il a porté à l’écran mais aussi le poing levé. AU CŒUR DE BERLIN Sa dernière réalisation est un documentaire qui s’intitule Le Jardin des étoiles. Le film tourne autour d’une étonnante personnalité. Celle de Ichgola Androgyn qui a ouvert le premier café funéraire d’Allemagne. Il se trouve dans un cimetière de Schoeneberg à Berlin. « Dans les années 70 et 80, le quartier était l’épicentre du mouvement gay, détaille le réalisateur. Raison pour laquelle des centaines d’homosexuels ont été enterrés là alors que l’épidémie du sida battait son plein. A côté, on trouve des carrés spéciaux où 25
360° – MARS 2017 l’on enterre les enfants mort-nés. » Le lieu est hors norme et le personnage qui règne sur cet endroit est si extraordinaire que Stéphane Riethauser y voit une histoire singulière à raconter. Avec son complice Pasquale Plastino, il tourne pendant un an et demi et se charge de faire tout ou presque, de la caméra au son en passant par les interviews. « C’est un film fait de bouts de ficelle, sans argent. Mais je m’en foutais. J’avais besoin d’être derrière la caméra et de sortir de mon bureau. » Le résultat est un conte sur la mort inspiré d’une histoire des frères Grimm, eux-mêmes enterrés dans le cimetière. Le propos est difficile, l’angle singulier, l’univers hors du commun mais Stéphane Riethauser est intrépide. Il aime sortir des sentiers battus et pourtant, rien ne l’y ne prédestinait.
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CULTURE PORTRAIT
CHANGEMENT DE ROUTE « J’ai fait mon coming out à 22 ans », lance le cinéaste. De son enfance au début de sa vie d’adulte, il grandit en se conformant à la norme. Pour lui, elle ressemblait à une vue sur le lac depuis la rive gauche genevoise. « J’ai évolué dans un milieu très privilégié, bourgeois et libéral mais très cloisonné. Il y avait un modèle de vie à suivre. J’ai fait le Collège Calvin comme mon père avant moi. J’ai ensuite poursuivi des études de droit parce que c’était ce qu’il fallait faire. Je suis allé à l’armée. J’étais de droite et j’étais sexiste. Je me disais que j’allais suivre la voie de papa, reprendre son entreprise et me marier. Je refoulais complètement mon homosexualité jusqu’au jour où le désir est devenu si fort que je ne pouvais plus le nier. J’en ai alors parlé à ma famille. » Cette affirmation de
son identité sexuelle devient alors le terreau fertile de la construction de sa vision du monde et de son engagement. « En faisant mon coming-out, j’ai compris mon ignorance ». Stéphane Riethauser travaille alors pendants plusieurs années au sein d’associations LGBT aux Etats-Unis et en Suisse. Il s’intéresse plus particulièrement à la lutte contre l’homophobie en milieu scolaire. En 1999, il fonde même Lambda Education, un label au nom duquel il donne des conférences et des séminaires de sensibilisation à l’homophobie. L’année suivante, il publie son ouvrage A visage découvert. Après la plume, c’est la caméra qui l’intéresse. A 31 ans, il réussit le concours de la RTS et commence une formation de réalisateur. Pendant cinq ans il travaille pour les programmes Temps Présent ou encore Illico. Tout à l’air de lui réussir. « J’aurais pu continuer encore longtemps au sein de la RTS mais j’avais envie d’aller vivre à Berlin. Cette ville m’avait toujours attiré et je me suis dit que c’était le moment ou jamais de partir. C’était aussi l’occasion de commencer à réaliser mes propres films. » Il accouche alors de son premier court métrage Prora, qui fait le tour du monde des festivals et remporte de nombreux prix. Stéphane Riethauser fait partie de ceux qui vont jusqu’au bout de leurs rêves. Tous azimuts. Il met actuellement la touche finale à un projet très personnel : un documentaire sur l’identité de genre qui relate son parcours et celui de sa grand-mère. Lorsqu’on lui demande aujourd’hui quel est son prochain défi, il répond « réaliser mon premier long métrage de fiction ». Gageons qu’il y arrivera.
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CULTURE CINÉMA
EN QUÊTE D’IDENTITÉ
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Avec « Moonlight », Barry Jenkins évite les clichés de la sociologie et la sensiblerie. Edmée Cuttat
«M
on héros est pauvre, noir, gay…C’est ma vie », relève Barry Jenkins, 37 ans, le réalisateur de Moonlight. Enfant noir de Liberty City, un quartier défavorisé de Miami, orphelin de père, vivant avec sa mère toxico, harcelé par ses camarades, Chiron n’a pas d’ami à part Juan, un caïd de la drogue qui le protège. De surcroît, il devra assumer son homosexualité dans un environnement hostile. Avec ce scénario, on pouvait craindre le pire. C’est le contraire absolu. Marqué par la grâce avec des scènes qui vous touchent au cœur par leur bouleversante simplicité,
Moonlight est un film rare, à contrecourant, privilégiant une approche poétique, empathique, sensuelle. Tout en évoquant des discriminations qui durent, Barry Jenkins évite aussi bien les clichés de la sociologie que la sensiblerie tire-larmes du récit édifiant et misérabiliste. Sans dramatisation hollywoodienne, il propose une mise en scène, dépouillée, explorant avec finesse les rapports humains et les préférences sexuelles. TROIS PÉRIODES-CLÉS In Moonlight, Black Boys Look Blue. C’est le titre de la pièce de Tarell Alvin McCraney, dont est tiré le film. Le dramaturge a aussi grandi dans le ghetto de Miami, au moment où l’arrivée du crack faisait des ravages dans les années 80. Également fondé sur la propre histoire difficile de Barry Jenkins, ce film sous haute tension se divise en trois chapitres. Ils évoquent trois périodes-clés de l’existence d’un être déchiré qui cherche sa place dans le monde, en commençant par se battre contre la dureté de sa mère et sa sexualité naissante. Une quête d’identité et un parcours entre rejets, brimades et insultes qui le mèneront 28
à l’acceptation de soi. Chiron, c’est d’abord Little, un enfant mutique au visage triste qui se cache pour échapper aux autres. Puis un adolescent replié sur lui-même, Chiron, persécuté pour sa différence. Et enfin un adulte, Black, devenu dealer à son tour, ultra viril avec ses muscles, sa chaîne et ses dents en or. Mais toujours assailli par ses démons et demeuré ce petit garçon demandant tout en craignant de le savoir ce que signifie faggot. Une troisième partie que les non-dits rendent encore plus émouvante. Moonlight, sacré aux Golden Globe, est porté par trois excellents comédiens, Alex R. Hibbert, Ashton Sanders et Trevante Rhodes, chacun exprimant à sa façon les contradictions, l’introversion, les fêlures et les souffrances de Chiron à 8, 16 et 26 ans. A noter que le casting est entièrement noir. Barry Jenkins n’y voit aucun problème, car il n’a pas connu de blancs avant d’entrer à l’université ! « S’il avait fallu en créer pour une question de représentation, cela n’aurait eu aucun sens. Ce n’était pas une intention mais le respect du monde de mon personnage ». Sortie le 15 mars
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FOUTRAQUE ET NOSTALGIQUE
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Avec « Chez nous » Lucas Bellvaux décortique la stratégie du FN pour draguer la France d’en bas
Avec « Trainspotting 2 », Danny Boyle livre une suite fidèle à l’esprit de l’original, mais moins convaincante.
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nfirmière à domicile, entre Lens et Lille, Pauline s’occupe seule de ses enfants et de son père ancien métallurgiste communiste. Confrontée à la misère sociale, elle se montre dévouée et généreuse envers ses patients. Profitant de sa popularité, les pontes du Bloc patriotique, un parti extrémiste soucieux de dédiabolisation, lui proposent d’être leur candidate aux municipales. Chez nous, signé du Belge Lucas Belvaux, a énervé les dirigeants du FN qui, sans l’avoir vu, ont particulièrement dénoncé le personnage d’Agnès Dorgelle (Catherine Jacob). Blonde et brutale patronne du Bloc, elle évoque indéniablement Marine Le Pen. En réalité elle ne tient qu’un rôle secondaire. La véritable héroïne c’est cette jeune infirmière, à nouveau formidablement incarnée par Emilie Dequenne, à qui ce parti, dirigé par une femme et s’adressant aux ouvriers, ne semble pas dangereux. Niant vouloir provoquer le FN, Lucas Belvaux s’emploie à décrire, sur fond de crise économique et morale, l’implantation complexe d’un parti en quête de respectabilité. Son but est de susciter le débat, en se focalisant sur la manière dont les gens s’engagent en politique. La séduction qu’exerce peu à peu ce Bloc populiste sur Pauline représente l’un des intérêts majeurs. EC Sortie le 1er mars
L
es chemins des voyous écossais Renton, Spud, Sick Boy et Begbie se croisent à nouveau. Rentré au pays vingt ans après, Renton (Ewan McGregor), le junkie traître et voleur, retrouve Spud (Ewen Bremner), également addict à l’héroïne qu’il sauve du suicide. Autre accro, Sick Boy (Jonny Lee Miller), s’est lui reconverti dans le chantage à la sextape, avec la complicité de la jeune Nikki, déterminée à ouvrir un bordel chic. Quant à Begbie (Robert Carlyle), il s’est échappé de prison et tente de convertir son fils à son pitoyable business. Mais lorsque ce psychopathe alcoolique apprend la présence de Renton, il ne pense qu’à le coincer pour lui faire cracher le fric qu’il a dérobé. Danny Boyle s’inspire très librement de Porno d’Irvine Welsh, pour livrer un film à la fois foutraque, nostalgique, mélancolique et drôle sur la désillusion d’hommes mûrs. Il se révèle toutefois moins bon que l’original, même s’il lui est fidèle dans l’esprit. Mais c’est justement là que réside la difficulté. Concilier cet esprit d’époque avec une volonté de modernité, symbolisée par l’ambitieuse Nikki (Anjela Nedyalkova), personnage particulièrement intéressant venu de l’Est. A signaler par ailleurs une excellente BO qui ravira les fans. EC Sortie le 1er mars
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CULTURE CINÉMA
LE FILM QUI AGACE LE FN
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CULTURE ARTYSHOW
DIVINE DAMNATION
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Tanké tel un rutilant cuirassé insubmersible, l’affolant Luizo Vega déploie un monde tout en noirceur et lumière, ruisselant de beauté et de débauche. Ensorcelant ! Leatherette
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e qualifier de beau gosse serait un peu en-dessous de la réalité. Le spectaculaire Luizo Vega représente à lui tout seul l’aboutissement du fantasme universel queer. Semblant issu du croisement d’un Action Man tout en muscles avec un artiste néo-gothique à l’oeil de lynx, sa vie et son oeuvre nous frappent de plein fouet. Archéologue du présent, il flirte avec les mythes fondateurs qu’il associe savamment à une iconographie subversive hautement esthétisante empruntée aux magazines et aux catwalks d’aujourd’hui. Son travail artistique renferme dans son ADN les divers éléments de l’alchimie magique qui valident une entrée au panthéon des plus grands.
CULTURE ARTYSHOW
BABY VAMP Bien armé d’un solide regard ayant parfaitement digéré le queer-porn, la peinture classique, les chef-d’oeuvres du cinéma et la photographie de mode, il compose ainsi avec élégance sa fascinante histoire. Sa biographie romanesque démarre en Argentine d’où il est originaire, en passant par le Chili duquel il est expulsé sous les feux des médias lors d’une performance urbaine mettant en scène une mineure dénudée alors qu’il est encore un très jeune artiste. Cet épisode emblématique joliment intitulé Baby Vamp sonne en 2002 le début d’une oeuvre construite autour d’un bras de fer permanent avec les censeurs et les âmes sensibles, le tout salué unanimement par un public avide de tant de grâce ensorcelante couronnée d’insolente liberté. Le buzz le suit et le poursuit, et il enchaîne avec une magistrale rumeur qui fait le tour du Web en 2010 (pour la sortie de son film Material Boy qui est en réalité le produit de cette rumeur rondement bien menée). Luizo Vega serait le fils caché de Madonna Louise Ciccone ! Difficile de faire plus gros pour affoler la blogosphère en quelques minutes. Le hoax se répand et le voilà canonisé en même temps que son film devient un mockumentary horsnorme aux contours autofictionnels, témoignant de son parcours atypique, dans l’ombre tutélaire de « sa mère superstar ». Dans la foulée, il réalise la même année sa célèbre performance The Naked Project au Vatican. Poser en tenue d’Adam, carrossé comme dans un tableau du Titien en exhibant une
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plastique puissamment érotique dans le saint des saints de l’homophobie occidentale est un geste politique de grande portée pour la nation queer. A ses côtés, Ai Wei Wei et son doigt levé fait bien pâle figure. STUDIO V Notre homme ayant plus d’une corde à son arc, il est aussi très efficace derrière la caméra et a déjà plusieurs films à son actif. Ses 33
scénarios transposent souvent des mythes bibliques ou mythologiques dans la période contemporaine avec une valeur ajoutée de type psychologique. L’homosexualité y prédomine et la poésie des plus grands réalisateurs du XXe siècle n’est jamais bien loin. La structure narrative des films de Luizo Vega emprunte aussi volontiers son rythme très particulier à son ami et mentor Bruce La Bruce, dans les films duquel il a déjà fait
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360° – MARS 2017 ici indéfiniment jusqu’à obtent i o n d’ u n s a c re p o l y m o r p h e. La performance se situe simultanément à tous niveaux et un simple shooting performatif au Studio V constitue déjà une partie de l’oeuvre en soi, un modus operandi qui n’est pas sans rappeler la Factory de Warhol. Les messes noires photographiques de Vlad Vega empruntent aussi bien aux rituels contemporains de bondage SM ou de suspensions sanguinolentes qu’à la sexualité débridée et polysexuelle du vampire assoiffé de sang frais. La distante morgue des top-models extra-terrestres aussi lisses qu’intouchables y côtoie le souffle court d’un groupe d’éphèbes musculeux,
Luizo Vega serait le fils caché de Madonna Louise Ciccone !
étincelants de sueur et de testostérone, le tout figé sur le même cliché. Un univers tout de cuir noir et de latex, de clous qui s’entrechoquent et de tatouages serpentant sur peaux diaphanes se déploie ainsi sous nos yeux médusés. Quant au film tant attendu, promettant de revisiter le mythe de Dracula en une version des plus hot réalisées à ce jour, il n’en finit pas de devenir un gigantesque makingof qui se promènera notamment sur les catwalks de la Fashion Week parisienne début mars. Avant de peut-être surgir enfin sur les écrans fin 2017 et de nous éblouir pour l’Éternité. www.studiovparis.com 35
CULTURE ARTYSHOW
plusieurs apparitions remarquées en tant qu’acteur. On pense aussi immédiatement à Pasolini, Fassbinder ou Ferrara en s’immergeant dans Santo the Obscene (2015) ou Pierrot Lunaire (2014) deux très bons films de genre à la facture irréprochable. L’influence incontestable de Maître David Lynch figure tout aussi fièrement en tête de ses références iconographiques. LE MYTHE DU VAMPIRE Certaines des photographies de mode de Luizo Vega évoquent instantanément la scène mythique de Lost Highway dans laquelle un Marilyn Manson aussi évanescent que christique s’ébat dans le stupre et la luxure entouré de plusieurs partenaires SM, filmés en nightshot bleuté sur fond sonore guttural mis à feu par les magistraux colosses de Rammstein. Cette scène inoubliable – un sommet du genre – a marqué à jamais les esprits et se retrouve cristallisée à la perfection dans l’oeuvre photographique de Luizo Vega. Il a notamment shooté Marilyn Manson à son tour ultérieurement, d’une façon particulièrement ectoplasmique rendant cette image instantanément iconique. Cette photographie fonctionne d’ailleurs un peu comme une sorte de retour à l’expéditeur pour bons et loyaux services en s’offrant sa muse réincarnée dans son propre objectif. Le regard très particulier de la star aux yeux vairons artificiels est sans conteste devenu l’une des marques de fabrique préférées de Luizo Vega lorsqu’il s’agit de travestir ses modèles lors de sessions photos volcaniques autour de son nouveau filmobjet Dracula is not dead, sorte de spectacle total en gestation. Une cohorte de stars parmi les plus ténébreuses du monde du cinéma, de la danse et de la mode se bousculent actuellement au Studio V, son antre parisien glamourissime, pour se faire tirer le portrait par Vlad Vega – son alter ego vampire. L’artiste reçoit ses pairs en cape de satin noir virevoltant sur son torse nu, objectif au poing, prêt à dégainer pour « immortaliser » ses invités au sens propre comme au figuré. Les mises en abîme entre photographe et modèle, réalité et fiction, mode et cinéma, légende du vampire et mythologie saphique s’entrelacent
CULTURE LITTÉRATURE
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PLUME QUANTIQUE Récemment salué par le Prix Découverte du roman gay, « Désordres », le premier roman de Jonathan Gillot, est un thriller politique qui allie violence et sensualité homosexuelle Lucas Vuilleumier
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REGARD PERCUTANT Dès les premières pages, un attentat fait exploser l’hôtel de ville de Chaumont, petit bourgade de 20 000 habitants (l’auteur y est né, et ça se ressent). En pleine séance du conseil municipal, les tables volent en éclats, des têtes sont arrachées, et bientôt une certaine odeur de cendres tièdes,
un peu rance mais surtout mystérieuse, se met à ramper dans les rues de la petite cité. Quentin Viessenthal, jeune journaliste sans envergure, est dépêché sur les lieux de drame. Assisté de son caméraman, Camille, il travaille dans l’ombre délétère de sa détestable collègue, Mélanie Pacquerin, dont le destin s’arrête net lorsque des hommes fort mal intentionnés, et qui ont certainement un lien avec le récent attentat, ne l’étranglent et la laissent pour morte. Ce meurtre, premier d’une longue série, ne fera pas les gros titres des journaux. Le superviseur de la chaîne d’info en continu qui emploie Quentin Viessenthal est très clair : « Malheureusement, des gens qui se font étrangler, ça arrive tous les jours. Si elle avait été tuée en Syrie, elle aurait eu le droit au bandeau défilant. Mais là… » Regagner Paris semble la seule solution. L’étrange organisation qui peu à peu assiège la ville n’a pas froid aux yeux, et n’hésite pas à égorger policiers et responsables politiques. Quentin subira d’ailleurs une agression plutôt dissuasive. Un homme aux yeux cobalt, mandaté pour le supprimer, lui laissera finalement la vie sauve, le menaçant tout de même de quitter Chaumont au plus vite, sous peine de représailles. Enivrant, ce regard. Percutant. Il est le premier
contact entre Quentin et Max, un jeune homme au passé trouble qui a rejoint les NS (Nationaux Souverainistes), organisation terroriste financée par une puissance étrangère, qui a pris possession du pouvoir à Chaumont. Les forces de l’ordre ont été remplacées par la Force Civique, une bande musclée et inquisitrice, imposant à la ville une loi martiale très stricte. Exerçant ainsi une pression qui mettrait en branle le gouvernement, les NS ont des revendications plus que limpides. Désireux non pas de « déstabiliser la société, mais au contraire de la fortifier », ils demandent notamment l’arrêt de l’immigration, le renvoi de tous les étrangers musulmans ou juifs, et, surtout, une sortie immédiate de l’Union européenne. Espérant ici contaminer tout le pays et que la rébellion se propage, ces néo-nazis sont déterminés à semer la terreur sur la République française, et à ébranler ses valeurs. La suite du roman, où Quentin devra dépasser ses simples fonctions de reporter, conjuguera avec habileté le climat presque apocalyptique de ce polar avec une romance gay d’autant plus excitante qu’elle semble impossible. Désordres, Jonathan Gillot Editions Ex-Aequo, 250 pages Publicité
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CULTURE LITTÉRATURE
e 7 janvier, un comité international a remis, à l’occasion sa quatrième édition, un prix littéraire qu’il faudra surveiller, tant le dernier livre primé décoiffe et convainc. Les conditions pour y concourir sont assez limpides : toutes les oeuvres romanesques en lice abordaient le thème de l’homosexualité, de façon frontale ou de manière plus discrète, comme dans Désordres, premier roman commis par un jeune docteur en physique quantique né en 1986. On est facilement impitoyable, dans ce thriller qui n’épargne ni les médias, ni les politiques, la narration de Jonathan Gillot, ironisant sur leur influence et leurs pouvoirs tout relatifs. Il faut dire que l’intrigue a quelque chose d’inédit, surfant toutefois sur des thématiques à l’oeuvre dans une France qui, ici, est assiégée d’une façon jusqu’au-boutiste et définitivement violente. En effet, Désordres est un petit condensé des menaces actuelles…
INFOS PARTENAIRES
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DETTE GÉNÉRATIONNELLE Chaque mois, Livresse nous propose de la lecture incontournable. Yannick Grannec LE BAL MÉCANIQUE
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’est deux livres en un que nous propose l’auteure dans Le bal mécanique, son deuxième roman. Deux parties qui pourraient se lire indépendamment l’une de l’autre, mais qui mises bout à bout donnent une profondeur remarquable au récit. La première se passe aujourd’hui dans le monde d’une émission de téléréalité dont le succès mêle décoration d’intérieur et thérapie familiale ; la deuxième nous propulse au début du vingtième siècle, dans le monde artistique d’entre deux guerres, et du Bauhaus notamment où l’on y côtoie des artistes tels que Gropius, Klee, Kandinsky. Utilisant comme
fil rouge un bout d’histoire d’une famille pourtant bien décomposée, l’auteure fait un parallèle entre les différentes époques, et surtout met en exergue, à chaque étape, l’importance de l’Art, y compris à travers la téléréalité. C’est une véritable ode à la liberté et au pouvoir de la création : des livres et des peintures ont été brûlés, des statues détruites, des bâtiments saccagés, mais, malgré cela, à travers les décennies, des générations d’artistes continuent à innover et à changer nos regards sur le monde… Un roman étonnant, d’une densité incroyable, qui pose la question de la transmission, de la dette de la génération actuelle à ceux qui ont bravé le chaos et les autoritarismes pour faire triompher la pensée et la créativité. ed. Anne Carrière
TRANSDESSINÉE par Johanna
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GRAVISPHÈRE
Toutes les infos sur lagraviere.ch Night Lovell
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GAYMAP GROS PLAN
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inq ans déjà que La Gravière fait battre le cœur des nuits genevoises avec sa programmation éclectique et son engagement passionné pour la vie nocturne et culturelle. Pour marquer le coup, une semaine de festivités est prévue jusqu’à la mi-mars avant d’embrayer sur une année anniversaire pas piquée des vers. Au programme, un concert post-hardcore de Russian Circles (US) et Cloakroom (lundi 6), un mélange d’electro-techno et de reggae avec des voix allant du dub au hip-hop de The Broots (jeudi 9), un live New Hip Hop de Night Lovell (CA), Vincz Lee et DJ Vidy (vendredi 10) et une incontournable Gravitation all styles le samedi 11 risquent bien de vous faire perdre tous vos moyens. L’équipe de La Gravière étoffe son offre avec la création du Noctambar, un bar de nuit donc, tous les jeudis dès 21h. Ce mini jubilé est peut-être aussi l’occasion de plonger dans le club. La création de la Gravisphère en est l’occasion parfaite. Pour 50 francs par an, vous pourrez assister à des soirées et des lives à prix réduit, bénéficier d’au minimum 5 soirées gratuites et recevoir des invitations.
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GAYMAP ENTRETIEN
« NE RIEN FAIRE, C’EST DU TRAVAIL »
©Eric Garault
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Maîtrisant l’art de ne pas y toucher, avec « Le Film », son dixième album studio, Katerine commet une belle erreur de casting. Interview aux effluves presque nihilistes. Pascal Villa
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360° : Habituellement vos textes sont est assez minimalistes mais là, il y a un tournant, non ? Philippe Katerine : En effet, dans Le Film j’ouvre un peu plus mon coeur. Je suis moins dans le jeu de piste ou quelque chose comme ça. C’est peut-être dû au fait que j’ai écrit les textes avant de composer la musique et c’est la première fois que j’œuvrais dans ce sens. Donc je suppose qu’on est plus dans une chanson à texte qui rejoint une certaine tradition. Les influences et l’atmosphère musicales sont aussi un hommage à votre papa ? Mon père écoutait beaucoup d’accordéon. Moi, je n’ai jamais aimé ça et il n’y a pas d’accordéon dans ce disque. Par contre, mon père jouait de l’harmonica et, pour la première fois dans cet album il y a un harmonica. Je n’ai jamais vraiment apprécié cet instrument non plus, alors je suppose que c’est très en relation avec mon père.
Donc vous avez réussi à aller contre votre nature ? Absolument ! Et ça fait toujours un bien fou d’aller contre soi. Même dans la vie, c’est toujours bien d’essayer quelque chose qui nous rebute, moi je trouve qu’il y a toujours une voie qui s’ouvre. Est-ce que, comme dans la chanson, vous aviez un doudou quand vous étiez petit ? Non, je n’avais pas vraiment de doudou. Peut-être mes chaussettes sales, mais pas de doudou régulier, ça changeait tout le temps. Pour moi, il s’agit plutôt d’un doudou humain, comme par exemple l’odeur des gens, ça j’y suis très accro. En tout cas, à l’odeur de certaines personnes. Vous avez fait votre coming out dans les médias en expliquant que vous aviez eu votre première expérience sexuelle avec un garçon et, selon vos dires, vous avez toujours une forme d’homosexualité latente ? Oui, oui, c’est bien présent, mais enfin la plupart du temps ça reste minoritaire. Disons que suis à peu près à 40-60 %. Malgré tout c’est fluctuant, ça bouge tout le temps. Qu’est-ce qui vous attire chez un homme ? C’est son côté féminin, comme je suis attiré par le côté masculin chez une femme. C’est pour ça que je m’appelle Katerine et Philippe aussi. Sur l’album Robots après tout, il y avait un morceau où vous disiez avoir été séduit par Marine Le Pen. Vous chantez toujours cette chanson ? Oui, je la chante en concert, bien sûr. Mais ce n’était pas une attirance pour Marine Le Pen, c’était une attirance pour une femme de dos qui s’est avérée, quand elle s’est retournée, être Marine Le Pen. Donc de dos Marine Le Pen peut être séduisante ? Toute personne selon un certain angle peut être séduisante. Au cinéma, dans le film Gaz de France, vous avez incarné le président de la République. Vous président quel serait votre projet ? Eh bien, je rejoindrais l’idée de Benoît Hamon, c’est-àdire proposer de travailler beaucoup moins. Je pense que la valeur travail est complètement obsolète aujourd’hui.
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ais qui est donc le storyteller ? Telle est la question de Philippe Katerine dans Le Film, un album où il pose sa voix sur un piano, avec la complicité du sounddesigner Julien Baer. Tout commence avec la mort de son papa, fan de musette et d’harmonica. Une disparition qui lui donne des envies de meurtres. Et, comme il le confesse en chanson, plutôt que d’assouvir ses pulsions sur le premier humain venu, il a finalement occis un pauvre hérisson. « Il y a des gens qui sont furieux d’entendre ça », dit-il. « Et c’est normal ! Mais il fallait bien rendre hommage à cette bête qui a pris pour toutes les autres et qui m’a évité d’aller en taule. » D’ailleurs, pour Katerine, le hérisson est désormais un animal sacré, parmi d’autres. Taxé par certains de chanteur post-dadaïste, il cite sans pour autant se réclamer d’eux les poètes surréalistes Philippe Soupault et Benjamin Péret. A 48 ans, et malgré son goût d’une langue pour le moins dépouillée, le petit Philippe reste fasciné par les mots. Il voue notamment un culte au conditionnel. « Quand tout est au conditionnel, ça me fait rêver : J’eusse pu faire ci, j’eusse pu faire ça… » On ne s’étonnera pas non plus qu’il ait quelques tocs. Avec Dana Ciocarlie, la pianiste qui l’accompagne, ils font mine de se griffer et poussent des cris de fauves avant chaque concert. « On fait les tigresses, les tigres, c’est un moment que j’aime beaucoup. C’est très lié aussi à une espèce d’excitation sexuelle. Faut pas se mentir, la joie de monter sur scène, ça vous traverse le corps. »
360° – MARS 2017 Donc vous êtes pour le revenu universel ? Bien sûr, et même dès la naissance ! Je pense aussi qu’il faut apprendre à ne rien faire. C’est un vrai travail et c’est un apprentissage qui doit commencer très tôt. Beaucoup de gens sont complètement déboussolés parce qu’ils n’ont rien à faire, tout en ne sachant pas comment ne rien faire. Moi le premier d’ailleurs ! Je n’y arrive pas vraiment. J’aimerais bien savoir beaucoup mieux ne rien faire.
Alors qu’est-ce que vous voulez faire quand vous serez grand ? Eh bien justement, pour moi, l’accomplissement, devenir adulte, ce serait de parvenir à savoir ne rien faire.
UN PLAN À TROIS WEEKENDS
On parle beaucoup de l’ubérisation de la société, beaucoup de gens craignent d’être remplacés par des machines… Tout ça n’est pas très rassurant ? Je pense qu’il n’y a aucune période rassurante. Si on est rassuré par son avenir, la vie n’a aucun intérêt. Mais c’est vrai que là, ça a encore plus d’intérêt parce qu’on est encore moins rassuré. Et vous allez voter Benoît Hamon ? Non, je ne vote pas, je n’ai même pas ma carte d’électeur.
Vous auriez aimé que votre papa puisse entendre cet album ? Certainement oui, ne serait-ce que pour lui. J’aurais aimé qu’il continue son bonhomme de chemin. D’ailleurs ce disque-là, je pense que c’est celui qu’il aurait le plus… embrassé, je dirais. Parce ce qu’il pouvait être plutôt étranger à ce que je faisais, mais celui-là, il l’aurait davantage embrassé. Et en plus avec de l’harmonica ! Peut-être même qu’il y aura de l’accordéon sur le prochain ? Alors là, vraiment, on n’est pas à l’abri.
GAYMAP ENTRETIEN
Pourquoi ? Je ne me sens pas assez mûr.
Katerine en concert, le 20 mars à l’Alhambra, Genève Voixdefete.com Le Film (2016, Cinq7) Katerine.net
Donc l’enfant de moins de 3 ans sur l’album, c’est un peu vous ? Sur ce point oui. Mais là aussi j’essaie d’aller à l’encontre de moi-même, de bouger. Et puis, j’ai quand même l’impression de donner une voix en chantant, pour moi c’est là que ça se passe.
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HORS CASES Tous à table pour se saisir de la question transgenre
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qui n’est autre que le nouvel expert indépendant de l’ONU sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre qui vient d’être nommé par le Conseil des droits de l’homme. Autre personnage incontournable de la planète LGBT présent à Genève pour l’occasion :
Mauro Cabral, l’activiste intersexe et transgenre argentin qui est également co-directeur du Global Action for Trans Equality (accord de principe). Le FIFDH 2017 du 10 au 19 mars à Genève Publicité
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e festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) est une plateforme qui se situe bien au-delà du nécessaire. Chaque année, c’est dans ce cadre et à Genève que se font les idées humanistes de demain. C’est là aussi que se délient les langues et que les regards se portent sur des thématiques qui concernent les populations les plus vulnérables du globe. Cette année, le festival, porté par Isabelle Gattiker, se donne le temps d’une table ronde autour de la question transgenre. Le débat sera articulé autour du film The Pearl of Africa. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y aura du beau monde autour de la table avec notamment Vitit Muntarbhorn,
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NATURALEZA
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S Halle Nord accueille des travaux inédits réalisés par l’artiste Henry Deletra Hanna, fruit d’un long voyage en Amérique native.
uis-je montagne, écorce ou baleine ? La planète, est-elle juste un caillou naviguant dans l’univers ou un être vivant avec une conscience et un esprit ? C’est le genre de conversation que vous pourrez entretenir avec les œuvres de Henry Deletra Hanna dont les échos hantent les murs de Halle Nord, centre d’art au fil de l’eau. Origines, évolution et rapport à la nature sont les concepts qui aimantent la constellation de pièces exposées, entre dessins, peintures, photographies et vidéos. Le tout commence par une invitation éloquente d’une photo en noir et blanc grandeur nature qui s’intitule Entrada. On y perçoit une végétation bourgeonnante de vie, un feuillage dense qu’on entend presque frémir et des fleurs voluptueuses qu’on imagine éclore dans sa pénombre. Mais le regard de l’artiste ne se contente pas de s’émerveiller devant une nature bienveillante et généreuse, et préfère naviguer à travers l’histoire et les savoirs. L’enchantement peut ainsi
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laisser place à la suggestion devant une représentation de la Terre Mère menaçante. C’est le cas de la déesse aztèque Coatlicue, peinte dans les couleurs vives, qui évoque – comme Gaïa pour les Grecs, Pachamama dans la culture andine ou Kali dans l’hindouisme – son potentiel destructeur, indissociable de la promesse de renouveau. L’atmosphère redevient intimiste lorsque les vidéos nous invitent autour du feu pour écouter les récits de trois différents chamans. « Ce n’est pas le chaman en tant que guérisseur ou guide que je désirais mettre en avant » nous précise Herny Deletra « c’est leur regard poétique sur la nature qui importe le plus et surtout leur contribution personnelle et unique pour faire avancer la connaissance ». FS Madame Tonantzin par Henry Deletra Hanna à Halle Nord Place de l’île 1 Genève du 03 au 25 mars act-art.ch
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MÉLODIES AUSTRALES
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Austra pose comme par enchantement ses « flight case » aux Docks de Lausanne.
BERG ENCHANTE GENÈVE Le Lyric Opera of Chicago propose « Wozzeck », un opéra d’Alban Berg. ©DR
ne date à retenir ! Le groupe pop électronico-dramatique canadien Austra viendra réchauffer les nuits lausannoises aux Docks le 16 mars. La formation emmenée par Katie Stelmanis définit son troisième album, Future Politics, comme un engagement à détrôner la dystopie rampante. Une riche idée à l’heure où nos utopies virent au cauchemar et que nos sociétés dérapent, nous empêchant parfois d’envisager le bonheur. La chanteuse, ouvertement lesbienne, compte au rang de ses influences originelles des figures format mélopées sombres telles que Radiohead, Björk, Nine Inch Nails… Elle dira dans les colonnes de Libération en 2011 qu’elle fait de la queer music. « Comme Gossip, Hercules and Love Affair, The xx ou Tegan and Sara. » Normal que 360° se fasse l’écho d’un tel événement et vous le recommande chaudement. Ne serait-ce que pour la virtuosité de la voix de Katie Stelmanis !
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Pour en savoir plus rendez-vous sur docks.ch
www.geneveopera.ch
ette œuvre qui a été interdite par le régime nazi et rangée au chapitre des Arts décadents par le 3e Reich. Composé entre 1912 et 1922, Wozzeck, de l’Autrichien Alban Berg, raconte l’histoire adaptée d’un fait divers datant de 1821. Un homme reconnu psychiatriquement responsable de l’assassinat de sa maîtresse se donne à son tour la mort. Si l’histoire semble banale, le contexte l’est un peu moins. A l’époque, Wozzeck rencontre un succès populaire mais est considérée comme une œuvre socialisante mettant en exergue les inégalités de classes. Wozzeck qui est joué sur toutes les grandes scènes du monde est généralement considéré comme le premier opéra d’avant-garde du xx e siècle. Aucune œuvre avant elle n’a posé avec autant de courage la question « Que signifie être humain ? » L’Opéra des Nations vibrera jusqu’au 14 mars du génie musical d’Alban Berg.
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NOUVEL AN CHINOIS @REX GOOD VIBES, VEVEY
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JUNGLE LOVE PARTY @L’USINE, LYON
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AGENDA CLUBBING
SAMEDI 11.3 LAUSANNE GT’s Academy: la finale, 21h BERNE Frauenraum Genderhacking Festival Maskenball, 23h BÂLE SUD Queerplanet, 23h ZURICH Heaven Club 4 Years Heaven, 23h
GAYMAP AGENDAS
VENDREDI 3.3 BERNE Frauenraum TanzBar meets Popshop, 20h BÂLE Hirscheneck Frauendisko, 22h ST-GALL Militärkantine The Limettes Party, 21h ZURICH Heaven Club Boyteschema, 23h
DÉ PLU COUVRE S DE Z PHO SUR T 360.C LE SIT OS E H/G AYM AP
SAMEDI 4.3 GENÈVE 360° Fever Party « Garce Attack ! » @Théâtre Pitoëff, 22h VEVEY-MONTREUX Rex « Good Vibes » Black & White « Mapplethorpe » Apéro, film & party, 19h ZURICH Heaven Club London Night, 23h DIMANCHE 5.3 LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, 23h ST-GALL News Sack & Pack Party, 20h
DIMANCHE 12.3 LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, 23h BERNE Frauenraum Barometer, 14h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h VENDREDI 17.3 LUCERNE El Cartel Frigay Night, 23h SAMEDI 18.3 LAUSANNE GT’s We Love Girls Party, 22h BÂLE Apawi Barbarella, 23h ZURICH Hive Aera 20th Anniversary, 22h Heaven Club Battle of the Queens, 23h DIMANCHE 19.3 MONTREUX Il b Winter Party 2017 aux Rochers-de-Naye (par beau temps), 12h
VENDREDI 10.3 ZURICH Heaven Club 4 Years Heaven, 23h
LAUSANNE GameBoy The MAD Gay
Party, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h JEUDI 23.3 BERNE Frauenraum Sister’s Funky Tongue vol.13, 20h SAMEDI 25.3 LAUSANNE GT’s Lust Party, 22h BERNE ISC Golden Tolerdance, 22h DIMANCHE 26.3 LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h BELLINZONE Imbarco Immediato Sunday’s Happy Gays @Bar Castello, 18h30 SAMEDI 1.4 GENÈVE Palais Mascotte 360° Fever Party, 22h DIMANCHE 16.4 LAUSANNE Bordello Hot Easter @MAD, 23h ZURICH Plaza Club Boyahkasha 13th Birthday, 22h Publicité
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AGENDA CRUISING
VENDREDI 3.3 LAUSANNE Pink Beach Grizzly Night (bears), 20h Trafick En Travelo, 19h BERNE Aqualis Underwear Night, 23h ZURICH Rage Sports-Arena, 22h
SAMEDI 18.3 GENÈVE Bains de l’Est Bear, 16h LAUSANNE Trafick Demoniak, avec la porn star Aymeric Deville, 21h ZURICH Rage Workers in Gear, 22h
SAMEDI 4.3 GENÈVE Bains de l’Est QNu (naked), 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h ZURICH Rage X-treme Rubber and Leather, 22h
DIMANCHE 19.3 LAUSANNE Trafick X-treme Gay (naked), 14h
VENDREDI 10.3 GENÈVE Cruising Canyon Air X Night (fetish), 22h LAUSANNE Pink Beach No Limit (naked), 20h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Full Fetish Extra, 22h
SAMEDI 25.3 GENÈVE Bains de l’Est O’Féminin, 12-19h LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (dark and naked), 21h
SAMEDI 11.3 GENÈVE Bains de l’Est Black Out (dark and naked), 23h LAUSANNE Trafick Up or Down Orgie, 21h ZURICH Rage Prollboyz (sneakers), 22h
VENDREDI 31.3 BERNE Aqualis Naked Night, 23h
DIMANCHE 12.3 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h VENDREDI 17.3 LAUSANNE Trafick Les Délires du Trafick, 20h BERNE Aqualis FF-Night, 23h ZURICH Rage Friday Naked, 22h
GAYMAP AGENDAS
DIMANCHE 5.3 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h ZURICH Rage Mega Nackt-Party, 17h
VENDREDI 24.3 GENÈVE Cruising Canyon Air X Sports, 22h LAUSANNE Trafick Dirty Trouble (yellow), 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Kick-off! (sneakers), 22h
DIMANCHE 26.3 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h
SAMEDI 1.4 GENÈVE Bains de l’Est QNu (naked), 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h ZURICH Rage Bunker 13 (uniforms), 22h DIMANCHE 2.4 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h ZURICH
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S16 Le Bal des Créateurs 25, rue de l’Arquebuse S17 Tattoo - Y4SHK4 rue des Étuves 5 (sur rdv) S18 Cinéma – Ciné 17, 17, rue de la Corraterie S19 Mode – Jack Cuir, 40, rue de Monthoux
C1 La Gravière 9, chemin de la Gravière C2 Le Chat Noir 13, rue Vautier, Carouge
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R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R4 Le Tramway 6bis, rue de la Pontaise
P2 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3 P3 Les Docks, Avenue de Sévelin 34
R6 Le relais 163, av. de Morges R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av. de Tivoli > B3
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Autoportrait d’après Petrus Christus – Jeune fille)
©DR
epuis un temps certain déjà, plus encore ces derniers temps et de plus en plus souvent, je suis troublée de voir fuser et se multiplier – entre autres sur les réseaux sociaux – des appels à la torture, au meurtre. En réaction et commentaires. Violents, souvent. De plus en plus souvent. De plus en plus violents. D’abord, sont apparus les désirs de retour de la peine de mort « dans certains cas ». Comme si cette peine était tolérable pour quelque « cas » que ce soit. Comme si ce n’était pas un acte de barbarie au même titre que ceux auxquels certains et certaines prétendent, sans état d’âme, qu’elle se doit de répondre. Et puis, progressivement, l’acidité des langues s’est déplacée, s’insinuant avant de s’installer dans le champs du débat. Voeux de mort aux contradicteurs-trices. En réponse à des violences ressenties, mais parfois même à des propos relativement anodins. Comme une sorte d’automatisme, de réflexe conditionné. Tout comme celui qui multiplie les R.I.P. de circonstance à chaque décès de personnalité. Les mêmes parfois s’adonnent au deux, appelant la Mort ici tout en la déplorant là. Or, la Dame aime qu’on l’appelle, qu’on la courtise, qu’on la flatte. Mais elle a ses propres caprices et n’a pas pour habitude de se plier aux voeux de celles et ceux qui la convoquent. Elle et elle seule décide des lieux et des temps où elle intervient. Et qui sait si elle n’a pas des goûts de luxe et ne préfère pas prendre justement dans ses bras celui et celle qui vous ferons vous lamenter plutôt que celle ou celui qui vous voudriez voir disparaître dans des douleurs infinies. Dites, vous n’avez pas l’impression qu’elle travaille déjà à plein régime et fait suffisamment de ravages pour souhaiter qu’elle noircisse encore les pages de son agenda ? Greta Gratos La mort ne vous concerne ni mort ni vif : vif parce que vous êtes ; mort parce que vous n’êtes plus. Michel de Montaigne
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