Des navires autonomes et semi-autonomes naviguent déjà sur nos voies navigables intérieures.
SEAFAR, PIONNIER BELGE DE LA NAVIGATION AUTONOME Dans l’industrie, on pense parfois que la pénurie de personnel est une chose à laquelle nous sommes les seuls à être confrontés. Rien n’est moins vrai car la navigation intérieure est aussi aux prises avec une pénurie criante de capitaines et de personnel d’équipage. Le transfert entre le transport fluvial et routier rend la pénurie encore plus aiguë. La solution avancée par Seafar, la société belge spécialisée dans la gestion des navires, est aujourd’hui appréciée dans le monde entier. Louis-Robert Cool est le moteur de cette entreprise innovante. Il est juriste de formation et la première question que nous lui posons semble logique : « Comment quelqu’un comme vous avec un tel bagage se retrouve-t-il dans la navigation intérieure ? Louis-Robert Cool: « J’ai toujours eu une passion pour le transport maritime et la technologie. Après mes études, j’ai travaillé chez une entreprise qui concevait des algorithmes pour la navigation offshore, notamment pour la défense et les applications géographiques. Après cette première expérience, je suis parti en recherche dans le secteur civil, la navigation intérieure et le cabotage. Je voulais savoir si la navigation autonome pouvait signifier quelque chose dans ces secteurs. J’ai rapidement eu écho de plaintes de la navigation intérieure : il est très difficile de trouver des personnes qui 38
veulent encore naviguer sur de tels navires. Habiter sur un bateau n’est pas évident et les régimes de travail sont souvent difficiles à cause du calendrier serré. » « Dans le même temps, une autre évolution va dans le sens opposé : nos gouvernements veulent réduire le transport routier au profit de la navigation intérieure. C’est indiqué dans le Green Deal et cela se reflète dans les grands projets d’infrastructure comme le projet Seine-Escaut. À cela, les voies d’eau sont rendues navigables pour des bâtiments ayant des tonnages jusqu’à 4.500 tonnes et 3 couches de conteneurs. » Un système en couches et trois piliers « En 2018, j’ai perçu une opportunité de satisfaire les deux évolutions. J’ai réuni quelques ingénieurs et nous avons développé une solution permettant aux navires de naviguer de manière autonome. Il y a trois grands volets à cela. » « Le premier, que nous appelons ‘parallel bridge’, consiste à capter et à visualiser tout ce que voit, entend et ressent un capitaine sur son navire. Les systèmes existants sont dupliqués et le second système – le Seafar Control System – est à terre. Nous pouvons reprendre le contrôle du navire, bien qu’il y ait toujours un ‘kill switch’ entre les deux systèmes. En d’autres termes, on peut remettre le navire en ordre avec un capitaine