Le Proche-Orient, de Sumer à Daech

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LES COLLECTIONS

LE PROCHE-ORIENT de Sumer à Daech

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Sommaire

LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°69 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2015

Le Proche-Orient de Sumer à Daech 34 Mongols vs Mamelouks par J ULIEN LOISEAU ❙ La gloire de Saladin par A NNE-MARIE EDDÉ ❙ Carte : de part et d’autre de l’Irak 38 Vivait-on mieux sous les Ottomans ? par V INCENT LEMIRE ❙ Un âge d’or pour les chrétiens ? par B ERNARD HEYBERGER

6 Carte : Proche- ou Moyen-Orient ? 7 Chronologie

1. L E BERCEAU

DES CIVILISATIONS

10 Ici commence l’histoire par F RANÇOISE BRIQUEL-CHATONNET 16 Au carrefour des empires par M AURICE SARTRE ❙ L’Euphrate, une frontière venue de très loin par G ABRIEL MARTINEZ-GROS ❙ Cartes : le Proche-Orient antique 24 Et le Proche-Orient devint arabe par G ABRIEL MARTINEZ-GROS ❙ Qu’est-ce qu’un calife ? par J ULIEN LOISEAU ❙ Carte : le fulgurant succès des conquêtes arabes 4 LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°69

Vendredi 23 octobre à 9 h 05 dans l’émission « La Fabrique de l’histoire » d’Emmanuel Laurentin, retrouvez Philip Golub lors de la séquence « La Fabrique mondiale de l’histoire ». En partenariat avec L’Histoire.

RMN-GP (MUSÉE DU LOUVRE)/HERVÉ LÉWANDOWSKI. COSTA/LEEMAGE

30 Naissance des chiites par S ABRINA MERVIN


2. N AISSANCE DES ÉTATS 44 1916-1920. Le grand partage par HENRY LAURENS 54 Indépendances, démocratie

et coups d’État

HEIKKI KOTILAINEN/LEHTIKUVA/AFP

par M ATTHIEU REY ❙ Cartes : la victoire américaine

60 Le pétrole : une malédiction ? par HENRY LAURENS 64 Ce qui a changé avec Israël par A LAIN DIECKHOFF ❙ La poudrière libanaise ❙ Cartes : les frontières d’Israël de 1947 à 1993

3. 1979-2015 :

LE BIG BANG

70 Les quatre coups de l’année 1979 par H AMIT BOZARSLAN 74 2003 : la faute américaine par P HILIP GOLUB 78 La longue route vers

l’État palestinien

par J EAN-PIERRE FILIU ❙ Carte : un territoire en morceaux

82 La Turquie retrouve l’Orient par H AMIT BOZARSLAN ❙ Qui sont les Kurdes ? 86 Géopolitique du chaos entretien avec O LIVIER ROY ❙ Carte : l’arc de crise 92 Lexique 96 À lire, voir et écouter

ABONNEZ-VOUS PAGE 91 Toute l’actualité de l’histoire sur histoire.presse.fr Ce numéro comporte deux encarts jetés : L’Histoire (kiosques France et export, hors Belgique et Suisse) et Edigroup (kiosques Belgique et Suisse). LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE  N°69 5


l’Empire romain depuis les années 17-19 de notre ère, Palmyre, isolée dans le désert syrien, a pris l’aspect d’une ville gréco-romaine, tout en conservant des traits originaux. Le principal sanctuaire de la ville, celui de Bêl (à l’arrière-plan), mêlait ainsi influences gréco-romaine, mésopotamienne et syrienne. C’est ce joyau qui a été en partie détruit par les djihadistes de Daech en août 2015.

16 LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°69

GÉRARD DEGEORGE/AKG

Palmyre Cité de


u carrefour A des empires Rarement unifié, le Proche-Orient fut dès le IIIe millénaire le centre des premières grandes constructions politiques du monde. Et celui aussi des premiers affrontements entre empires. Par M AURICE SARTRE Professeur émérite de l’université François-Rabelais de Tours, membre de l’Institut universitaire de France et membre du comité scientifique de L’Histoire, Maurice Sartre est notamment l’auteur avec Annie Sartre-Fauriat de Palmyre (Gallimard, 2008) et de Zénobie (Perrin, 2014).

soumettre, mais aussi entre les empires eux-mêmes. Sans entrer dans le détail, essayons de fixer quelques grandes étapes, à partir de la seconde moitié du IIIe millénaire, qui marquent, en Mésopotamie comme en Égypte, l’émergence des premiers empires. Au sud, l’Égypte constitue un élément relativement stable depuis le IIIe millénaire. Sa politique extérieure ux vallées des grands fleuves les grands est plus dictée par le souci de sa sécurité que par une empires, aux paysages plus comparti- volonté d’expansion. En effet, les pharaons, lorsqu’ils mentés de la côte méditerranéenne le en ont les moyens, cherchent à prévenir toute attaque NOTES morcellement en cités-États, jalouses venant du nord ou du nord-est en contrôlant, directe- 1. On appelle de leur indépendance… Ce détermi- ment ou par clients interposés, le Sinaï, mais aussi la « lettres d’Amarna » nisme géographique rudimentaire, s’il Palestine, la Transjordanie et le sud de la Syrie. les tablettes cunéiformes trouve partiellement confirmation dans l’histoire du retrouvées LE GRAND SARGON D’AKKAD Proche-Orient antique, ne saurait être pris au pied dans la nouvelle capitale Byblos, sur la côte phénicienne, apparaît comme de la lettre. construite par Un grand empire au moins est né sur les plateaux une tête de pont d’où se diffusent les produits égyp- Akhenaton arides de l’Anatolie centrale et les reliefs tourmentés tiens. Mais les listes dressées par Thoutmosis III (1365-1349 av. J.-C.). Elles qui les prolongent à l’est : celui des Hittites, au IIe mil- (xve siècle av. J.-C.) après ses campagnes en Syrie ou contiennent e e 1 lénaire avant notre ère. Tandis que, au III  millénaire, les lettres d’Amarna (xiv  siècle av. J.-C.) montrent la corres­ pondance c’est une civilisation fondée sur des cités-États qui avait que les réseaux de relations des pharaons s’étendaient officielle adressée au vu le jour dans la vallée du Tigre et de l’Euphrate : celle dans toute la région. par les La situation est tout autre en Mésopotamie. Le pre- pharaon de Sumer. Laissons donc de côté les causes, multiples, princes de Syrie qui ont conduit tel ou tel peuple à former un empire mier grand empire, celui de Sargon d’Akkad, s’y consti- et de Palestine. quand son voisin proche se plaisait dans la désunion tue vers 2340 av. J.-C.2 au détriment des multiples cités 2. Les spécialistes politique et tentons plutôt de voir comment ces formes sumériennes apparues mille ans plus tôt. Désunies, se divisent d’organisation ont cohabité, se sont succédé et se sont Our, Lagash, Ourouk ou Kish ont été rapidement sou- entre deux surtout combattues. mises par Sargon qui prit le titre de roi de « Sumer et chronologies possibles Lieu d’échanges et de contacts, le Proche-Orient Akkad ». Empire éphémère (il tombe vers le milieu du séparées par une fut en effet une terre d’affrontements entre les empires xxiie siècle), Akkad parvint toutefois à s’étendre sur le cinquantaine et les communautés secondaires qu’ils cherchèrent à moyen Euphrate (Mari) et jusqu’en Syrie du Nord (Ebla). d’années.

A

LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE  N°69 17


1916-1920

Le grand partage

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Par HENRY LAURENS

CORBIS. PICTURES FROM HISTORY/WOODBURY & PAGE/BRIDGEMAN IMAGES

Professeur au Collège de France, à la chaire « histoire contemporaine du monde arabe », Henry Laurens a notamment publié La Question de Palestine en 5 volumes (Fayard, 2002-2015).

Avec l’affaiblissement de l’Empire ottoman, les appétits européens s’aiguisent. Durant la Grande Guerre, deux logiques s’affrontent : l’impérialisme des Français et des Britanniques, qui cherchent à se partager la région, et la reconnaissance du droit des peuples.

L a fin du rêve arabe

Faysal (au centre), le fils du chérif Husayn et le héros de la révolte arabe, en 1919, à la conférence de paix de Paris, encadré par des conseillers britanniques dont Thomas Edward Lawrence (à sa gauche). Il espère encore obtenir un royaume arabe indépendant. En haut : la carte signée le 16 mai 1916 par les diplomates Sykes et Picot délimitant des zones d’influence française et britannique au Proche-Orient. LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE  N°69 45


Ce qui a changé avec Israël Entre Israël et ses voisins arabes, la guerre a commencé le lendemain même de la proclamation d’indépendance. Depuis, elle s’est poursuivie, de façon sporadique sans que la paix semble possible. Par A LAIN DIECKHOFF Directeur de recherche au CNRS et enseignant à Sciences Po, Alain Dieckhoff est directeur du Ceri. Il a récemment codirigé Afrique du Nord, Moyen-Orient. L’échec du rêve démocratique (La Documentation française, 2014).

L NOTES 1. En hébreu, « installation », « population », désigne les communautés juives de Palestine avant la fondation de l’État d’Israël. 2. Acronyme de Tsava Hagana le-Israel, armée de défense d’Israël.

1948 : LA GUERRE D’INDÉPENDANCE Engagés durant toute la période du mandat britannique dans une lutte acharnée contre le Yichouv1, les dirigeants palestiniens ont, dès le vote du plan de partage de l’ONU, le 29 novembre 1947 (cf. carte, p. 66), entamé les combats pour empêcher ce qu’ils considèrent comme la mutilation de leur patrie historique. Bien que sur la défensive, le Yichouv tient bon et U n État pour les juifs La joie explose à Tel-Aviv finit par progresser avec l’arrivée de matériel militaire à l’annonce du vote en faveur de la création d’un État juif venu de Tchécoslovaquie. Le 14 mai, Israël peut ainsi en Palestine par l’ONU, le 29 novembre 1947. contrôler le territoire qui lui a été alloué par l’ONU (à l’exception du désert du Néguev) et même prendre pied dans des zones situées au-delà des frontières de l’État, à Jaffa et en Galilée occidentale. Les Palestiniens militairement vaincus, les États arabes entrent à leur tour en guerre. Mais ils ne

64 LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°69

AFP

e 15 mai 1948, alors que l’indépendance d’Israël ne date que de la veille, cinq armées arabes (Égypte, Transjordanie, Syrie, Liban, Irak) envahissent l’État hébreu. La première guerre israéloarabe commence. Si elle ouvre un chapitre nouveau, celui de la confrontation militaire entre États, elle en clôt au même moment un autre, celui de l’affrontement intercommunautaire entre juifs et Palestiniens : lorsque l’État d’Israël voit le jour, ces derniers ont déjà perdu leur guerre.


Réfugiés palestiniens A l’issue de l’attaque éclair israélienne en juin 1967 (la guerre des Six-Jours), la Cisjordanie

LIBAN Acre Haïfa Galilée

Golan

1947

SYRIE

Nazareth Naplouse Tel-Aviv Jaffa Cisjordanie Jérusalem Gaza

Hébron

Amman TRANSJORDANIE (JORDANIE)

Mer Morte

Beersheba Néguev

Plan de partage proposé par l'ONU en 1947 État juif

Légendes Cartographie

parviennent pas à retourner la situation en leur faveur, malgré quelques premiers succès. Le manque de coordination entre les différentes armées explique largement qu’elles ne soient pas en mesure de profiter des carences initiales en matériel de l’armée israélienne. Très vite, celle-ci progresse. Bientôt, les dernières poches encore contrôlées par les Arabes en haute Galilée sont évacuées et, dans le Néguev, Tsahal2 brise définitivement l’armée égyptienne. Le 7 janvier 1949, les armes se taisent. Israël a gagné la guerre et se retrouve avec un territoire de 20 700 km2 (6 000 km2 supplémentaires par rapport au plan de partage de 1947). Toutefois, le prix du sang a été lourd : 5 800 morts, soit 1 % de la population du Yichouv et 8 % de la classe d’âge des 19-21 ans. Un tiers des victimes sont des survivants du génocide, qui venaient à peine d’arriver. La guerre d’indépendance reste la plus longue et la plus meurtrière des guerres d’Israël. Du côté arabe, la défaite est écrasante. Elle se mesure moins en nombre de morts (environ 2 000 soldats des armées régulières, sans compter un nombre indéterminé de guérilleros et de civils) qu’en termes humains. 1948 marque l’effondrement et l’éclatement d’une société : plus de 700 000 Palestiniens sont devenus des réfugiés. Pour rendre impossible tout retour, le nouvel État hébreu détruit les villages abandonnés, installe de nouveaux immigrants dans les maisons désertées et fait construire des implantations sur les terres arabes.

Jourdain

AFP

est occupée ; les Palestiniens fuient. Ci-dessus : le 22 juin, un soldat israélien observe les Palestiniens qui empruntent le pont Allenby, à quelques kilomètres de Jéricho, pour rejoindre la rive est du Jourdain.

État arabe

ÉGYPTE

Pays arabes Sinaï

Frontière prévue

50 km Mer Rouge

Eilat

Zone internationale

Le plan de partage de l’ONU

Le plan de l’ONU voté le 29 novembre 1947 propose un partage de la Palestine sous mandat britannique entre deux États, juif et palestinien, avec une union économique, et prévoit que Jérusalem sera internationalisé et placé sous le contrôle de l’ONU. Le tracé de l’État juif épouse en grande partie les contours de l’immigration juive. Les sionistes s’y rallient ; les Arabes rejettent le plan, qui ne sera jamais appliqué. LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE  N°69 65


Géopolitique du c haos Une fois de plus, le Proche-Orient s’est embrasé. Dans cette recomposition, les frontières d’États semblent moins fortes que le clivage sunnites-chiites. Peut-être est-ce d’abord une question d’hégémonie. Entretien avec O LIVIER ROY Professeur à l’Institut universitaire européen de Florence, où il dirige le Programme méditerranéen, Olivier Roy, ancien directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l’islam, a notamment publié En quête de l’Orient perdu (Seuil, 2014).

L

e Proche-Orient est à feu et à sang. Il s’agit là d’une des conséquences de la disparition de l’Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale. L’arc de crise, en effet, englobe la Palestine, le Liban, la Syrie et l’Irak, c’est-à-dire les vilayets méridionaux (subdivisions administratives) de l’Empire ottoman. Bien sûr, des problèmes existent ailleurs, en Iran, en Libye, en Égypte ou au Yémen, mais, dans les anciennes provinces arabes ottomanes, l’expansion de Daech remet en cause les frontières et les États-nations, ce qui constitue un phénomène nouveau. Paradoxalement, les constructions artificielles de la période coloniale (après 1920) avaient semblé prendre racine après les indépendances. Le Liban a survécu au départ des Français en 1943 ; les Palestiniens, sans acquérir un vrai État, se sont vu reconnaître comme peuple par les accords d’Oslo (1993). En Syrie et en Irak, la rivalité mortelle des deux partis Baas, de 1967 à 2003, a surtout démontré l’ancrage d’une nouvelle identité nationale au détriment du panarabisme, tandis que la Jordanie, le plus artificiel de tous les États arabes, a résisté aux tentatives de déstabilisation. Enfin les mouvements islamistes qui ont occupé l’espace de contestation à partir des années 1970 se sont à leur tour moulés dans le cadre national, comme on l’a vu avec la brève victoire des Frères musulmans égyptiens aux élections parlementaires et présidentielles de 2012.

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Semblant parachever la pérennité du modèle national, les printemps arabes (2011) se sont concentrés sur la démocratisation de l’État-nation et non sur le remodelage du Moyen-Orient. Mais, en Syrie, le printemps arabe s’est transformé en guerre civile qui a tout de suite tourné en guerre régionale dont le pivot est la rivalité entre l’Arabie saoudite et l’Iran. L’ÉCHEC DU NATIONALISME Jusqu’au printemps arabe, les grands mouvements de mobilisation populaire se sont référés à des idéologies supranationales : le panarabisme et l’islamisme. L’alternative à l’Empire ottoman fut en effet le nationalisme arabe, pas les patriotismes locaux – même si Français et Britanniques ont tout fait pour le casser après l’avoir encouragé lors de la Première Guerre mondiale. Ce nationalisme n’était pas islamique puisqu’il prétendait unifier tous les Arabes (y compris les chrétiens arabes, souvent actifs dans ces mouvements) et se voulait supranational (ou plutôt « supra-étatique »), en refusant les frontières héritées de la colonisation. Dans les années 1950, dans tout le monde arabe, du Maroc au Yémen, à Oman, au Qatar, les mouvements de libération nationale se sont réclamés du nationalisme arabe. Or ce mouvement a échoué : il a parfois pris le pouvoir (le FLN en Algérie, Nasser en Égypte, les partis baasistes en Irak et Syrie) mais en s’enfermant dans le cadre des frontières étatiques héritées du colonialisme. Cette fragilité est accentuée par le fait que le nationalisme arabe a servi de couverture à une captation du pouvoir en Syrie par la minorité alaouite crypto-chiite, dont fait partie la famille el-Assad, au détriment des Arabes sunnites (coups d’État de 1963, 1968, 1970). En Irak, dans une symétrie négative, le parti Baas a servi de


TURQUIE

Kurdistan Kobané

Alep ALAOUITES Al-Nosra Tartous

Mer Méditerranée

LIBAN

VIe flotte

Beyrouth

HEZBOLLAH

Ninive Mossoul

Raqqa Nimroud Deir ez-Zor Daech Palmyre IRAK

Damas

ISRAËL

IRAN

Faludja

SYRIE

Bagdad

CISJORDANIE

Jérusalem

Téhéran

Conflit israélo-palestinien

CHIITES IRAKIENS

GAZA

Le Caire

Suez

JORDANIE KOWEÏT

ÉGYPTE

Koweït City

Ve flotte

ARABIE SAOUDITE

BAHREÏN QATAR HASA

… convoité… La présence occidentale Base, flotte américaine Base russe Base française L’enjeu énergétique Hydrocarbures Principal oléoduc Route maritime Passage stratégique

… déstabilisé Révolte des printemps arabes HEZBOLLAH Allié de l’Iran ÉGYPTE Allié de l’Arabie saoudite État en situation d’implosion Groupe djihadiste État en guerre Conflit ancien et toujours non réglé Région et ville contrôlées par Daech Front actif Site historique détruit par Daech Défaite de Daech

Al Oudeid Abu Dhabi

Riyad

ÉMIRATS ARABES UNIS

AQPA

Conflit au Yémen (intervention Sanaa de l’Arabie saoudite Y É M E N et de ses alliés) HOUTIS

Bab el-Mandeb Djibouti

200 km

Légendes Cartographie

Un espace divisé… Le monde sunnite Le monde chiite Les juifs Les minorités chrétiennes

Doha

L’arc de crise

L’irruption de Daech remet en cause les frontières et les États-nations, et bouleverse les fragiles équilibres préexistants. Si la Syrie et l’Irak paient le plus lourd tribut à ce nouveau conflit, les zones kurdes, la Palestine et le Yémen connaissent toujours des combats dont les civils sont les premières victimes. Zone stratégique, en particulier à cause du pétrole, le Moyen-Orient reste surveillé par les Occidentaux qui conservent des bases militaires. Mais, sur cet échiquier fragmenté, les deux principales puissances à la manœuvre restent l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite. L’enjeu : l’hégémonie régionale.

relais aux Arabes sunnites, minoritaires démographiquement, représentés par Saddam Hussein et son clan. Jusqu’en 1979, la question de l’opposition entre chiites et sunnites ne se posait pas. Dans les pays arabes, les chiites, minoritaires démographiquement (sauf en Irak et à Bahreïn, où ils étaient cependant dominés politiquement par les sunnites), préféraient s’identifier à des grandes causes : nationalisme arabe et communisme, puis, à partir de 1979, islamisme. La révolution de 1979 contribue en quelque sorte à « iraniser » les chiites arabes aux yeux des sunnites, même si le soutien à l’Iran est loin d’être unanime.

L’Iran islamique reformule en termes idéologiques la volonté, déjà manifeste sous le chah, de devenir la puissance hégémonique du Moyen-Orient. Le Hezbollah chiite libanais a été la pièce maîtresse de cette politique qui a culminé en 2006, lors de sa résistance à l’intervention militaire israélienne au Liban du Sud. Mais cette stratégie n’a pas marché : les seuls Arabes à rallier l’Iran l’ont fait sur une connexion chiite, et la crise syrienne de 2011 a fait éclater toute possibilité de coalition entre chiites et sunnites. La première manifestation ouverte du nouveau clivage chiites-sunnites intervient en septembre 1980 LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE  N°69 87


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