Le corps en Islam

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N°458 / Avril 2019

ALL 8,20 € - BEL 7,40 € - ESP 7,40 € - GR 7,40 € - ITA 7,40 € - PORT/CONT 7,40 € - LUX 7,40 € - ANDORRE 7,40 € - CH 12,40 FS - MAR 65 DH - TUN 9,50 TND - TOM/A 1620 XPF - TOM/S 970 XPF - DOM/S 7,40 € - CAN 10,50 $ CAN - USA 10,50 $


Sommaire

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DOSSIER

ACTUALITÉS L’ÉDITO

3 Derrière le voile

FORUM Vous nous écrivez 4 Retour sur la France noire ON VA EN PARLER

Exclusif 6 2021 : l’histoire économique

mondiale à Paris

ÉVÉNEMENT

Planète 1 2 L a grande peur de

manquer d’eau Par Sylvie Brunel

ACTUALITÉ Mémoire 20 Gdansk face à

sa mémoire allemande Par Thomas Serrier

S cience 22 « Tonnerre de Brest ! »

Par Bruno Calvès

É dition 24 Vernant, les Grecs et nous

Par Hervé Duchêne

U rbanisme 26 Et Frêche inventa Montpellier

30 Le corps

Par Élias Burgel

en Islam

PORTRAIT

Carmen Bernand 28 Retour aux Andes

Par Philippe-Jean Catinchi

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Le Prophète et ses femmes Par Sobhi Bouderbala

« Ce qu’il faut au monde arabe, c’est une révolution freudienne »

France Culture Vendredi 12 avril à 9 h 05 retrouvez dans l’émission d’Emmanuel Laurentin « La Fabrique de l’histoire » une séquence avec Sobhi Bouderbala en partenariat avec L’Histoire.

Vie conjugale : ce que dit le Coran Infographie : le harem prophétique

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Ce que révèle la littérature érotique

Par Julien Loiseau

Majnoun, « le fou » de Layla

COUVERTURE : Fresque sous une arche de la résidence princière des califes omeyyades de Qusayr Amra, en Jordanie, représentant probablement une danseuse, première moitié du viiie siècle (Manuel Cohen). ABONNEZ-VOUS PAGE 97 Ce numéro comporte un encart abonnement L’Histoire sur les exemplaires kiosque France, un encart abonnement Édigroup sur les exemplaires kiosque Belgique et Suisse et un encart Sophia Boutique sur les exemplaires abonnés.

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Du côté des médecins Par Joël Chandelier

La tête tournée vers La Mecque

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L’HISTOIRE / N°458 / AVRIL 2019

Mystiques et soufis. De l’ascétisme à la transe Par Giuseppe Cecere

Printemps arabes. Le corps en révolution Par Leyla Dakhli

RMN-GP (PARIS, MUSÉE DU LOUVRE)/HERVÉ LEWANDOWSKI

Entretien avec Houria Abdelouahed


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L’ATELIER DES CHERCHEURS

GUIDE LIVRES

76 « Le Sel. De l’esclavage à la mondialisation » de Jean-Claude Hocquet Par Bernard Nantet

PARIS, MUSÉE CARNAVALET/ROGER-VIOLLET – NEW YORK, METROPOLITAN MUSEUM OF ART, INV. NR. JP3232 ; AKG – ROME, PAL AZZO MASSIMO ALLE TERME/WERNER FORMAN ARCHIVE/DAGLI ORTI/AURIMAGES

78 La sélection de « L’Histoire » Bande dessinée

8 4 « Révolution »

de Florent Grouazel et Younn Locard Par Pascal Ory

58 S eptembre 1792.

De la rumeur au massacre

Revues 86 La sélection de « L’Histoire » 8 8 La planche de JUL

Par Timothy Tackett

Classique 89 « Histoire économique et

sociale de l’Empire romain » de Michel I. Rostovtseff Par Jean Andreau

SORTIES Expositions

9 0 « Paris-Londres.

66 M eiji. L’assassinat du

ministre de l’Éducation Par Lionel Babicz

Music Migrations, 1962-1989 » à Paris Par Olivier Thomas

92 « La maison de l’Empereur » à Fontainebleau Par Huguette Meunier Cinéma 9 4 « Sunset »

de László Nemes Par Antoine de Baecque

95 « La Section Anderson »

de Pierre Schoendoerffer

Médias 9 6 La sélection de « L’Histoire » CARTE BLANCHE

9 8 Algérie : les soldats font le film

Par Pierre Assouline

70 R ome au temps des Barbares.

Le spectacle continue !

Par Christophe Hugoniot

L’HISTOIRE / N°458 / AVRIL 2019


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Puiser, arroser, s’approvisionner C i-dessus : scène sculptée de la nécropole du vizir Mérérouka à Saqqarah en Égypte,

des agriculteurs apportent de l’eau à l’aide d’un joug pour irriguer des plants de salades (v. 2345-2333 av. J.-C.). Ci-dessous : lors d’une terrible sécheresse en Inde en 2003, des habitants du village de Natwarghad dans le Gujarat tentent de récupérer de l’eau dans un immense puits. Page de droite : un vendeur d’eau à Paris, gravure du xviiie siècle, musée Carnavalet.

L’HISTOIRE / N°458 / AVRIL 2019


Événement

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LA GRANDE PEUR

DE MANQUER D’EAU Même si la population mondiale continue d’augmenter, la Terre a de l’eau pour tout le monde. Du moins en théorie. Le grand défi étant depuis toujours la bonne gestion de cette ressource fragile et précieuse, inégalement répartie, trop souvent gaspillée, voire souillée.

WERNER FORMAN ARCHIVE/DAGLI ORTI/AURIMAGES – AMIT DAVE AH/REUTERS – BALTEL/SIPA – PARIS, MUSÉE CARNAVALET ; IBERFOTO/ROGER-VIOLLET

Par Sylvie Brunel*

M

anquer d’eau. Dans les campagnes sahéliennes, ce sont les trajets interminables des femmes et des petites filles chargées de lourds récipients, l’approvisionnement dans des rivières, des mares, des puits où les bêtes boivent, où l’on se lave, défèque, rejette ses déchets. Partout, ce sont les jeunes filles qui ne vont pas à l’école à cause de la corvée d’eau, ou, lorsque celle-ci leur est épargnée, parce qu’elles savent qu’elles ne pourront pas se rendre aux toilettes faute d’installation appropriée, particulièrement lorsqu’elles commencent à avoir leurs règles. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 11 % de la population mondiale, soit près de 850 millions de Terriens, n’a pas accès à de l’eau potable. Et encore ce chiffre ne comptabilise-t-il que les personnes qui passent plus de trente minutes aller et retour pour se procurer cette eau… Nous sommes bien loin du robinet qu’on tourne chez soi pour remplir son verre sans même y penser ! On estime aussi que 2,5 milliards de personnes, soit le tiers de la population mondiale, vivent dans des pays qui

rencontrent des problèmes d’assainissement. Les grandes mégalopoles du monde tropical figurent en première ligne. Coupures d’approvisionnement imprévisibles obligeant les ménages à stocker leur eau dans divers récipients. Eau de mauvaise qualité au robinet, qui rend malade. Vendeurs d’eau en sachets dans les rues, camionsciternes ravitaillant les quartiers pauvres, sommes colossales consacrées à acheter de l’eau en bouteille, vendue plus cher que la bière quand elle est siglée de grandes marques occidentales… Même en Chine, deuxième puissance mondiale, il ne faut pas boire l’eau du robinet tant elle est contaminée, dans un pays capable pourtant d’envoyer une équipe d’astronautes sur la face cachée de la Lune !

Paludisme et choléra

Il faut revenir aux fondamentaux : si pas un seul être vivant ne peut subsister sans eau, qui compose l’essentiel de notre organisme, une eau contaminée et de mauvaise qualité présente des risques dramatiques pour la santé humaine, au point que l’OMS estime que quatre maladies sur cinq dans les pays pauvres sont liées à l’eau ;

CHIFFRES

1 %

L’AUTEURE Professeure de géographie à Sorbonne Université, Sylvie Brunel a récemment publié L’Afrique est-elle si bien partie ? (Sciences humaines, 2014) et Plaidoyer pour nos agriculteurs. Il faudra demain nourrir le monde… (Buchet-

Seul du stock mondial d’eau est utilisable (l’eau douce des rivières et des nappes souterraines), le reste étant soit salé (97 %), soit emprisonné dans les glaces de l’Antarctique et du Groenland.

850 millions

Près de de personnes, soit 11 % de la population mondiale, n’ont pas accès à de l’eau potable.

1 million

de personnes meurent chaque année de maladies liées au manque d’eau potable (dont 90 % sont des enfants de moins de 5 ans).

40 % de la production

agricole mondiale dépend de l’agriculture irriguée, qui n’occupe que 18 % des terres.

3 000 à 5 000 litres

d’eau sont nécessaires pour produire une ration quotidienne alimentaire.

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DOSSIER

L e corps en Islam

Le Prophète et ses femmes Les textes de la tradition islamique sont étonnamment riches sur la vie privée de Muhammad et de ses nombreuses femmes. Derrière ces anecdotes intimes se cachent les enjeux de pouvoir du califat naissant.

U

ne « impossible biographie » : c’est en ces termes que, dans le livre qu’elle consacre aux récents débats historiographiques sur le prophète de l’islam, Françoise Micheau qualifie la vie de Muhammad1. Non pas que les écrits sur l’envoyé de Dieu manquent, mais leur caractère hagiographique les rend difficiles à utiliser pour l’historien. La vie du Prophète, repensée et mise par écrit, était censée servir de modèle à tout musulman : la Sira, rédigée par Ibn Hisham, s’apparente ainsi à une légende sacrée, une construction littéraire tendue vers la perfection – mais elle n’est pas, pour autant, sans valeur pour l’historien.

La passion de Khadidja Dans ces récits où dominent la Révélation et l’histoire politique, plusieurs chapitres sont consacrés aux femmes de Muhammad, épouses légales et concubines. Les premières, au nombre de onze selon la version la plus admise, portent le titre de mères des croyants, canonisé par le Coran : « Le Prophète est plus proche des croyants qu’eux-mêmes ; ses épouses sont leurs mères » (XXXIII, 6)2. La même sourate interdit aux croyants de se marier avec les épouses du Prophète, après la mort de ce dernier. Ce statut particulier de « mères symboliques » a en quelque sorte enfermé les épouses de Muhammad dans un harem intouchable. Dans ce harem, les rapports intimes cohabitent avec la compétition et la jalousie. Qui pouvaient être L’HISTOIRE / N°458 / AVRIL 2019

L’AUTEUR Maître-assistant à l’université de Tunis, Sobhi Bouderbala est spécialiste des premiers temps de l’islam et de papyrologie. Il a récemment codirigé l’ouvrage New Frontiers of Arabic Papyrology. Arabic and Multilingual Texts from Early Islam (Brill, 2017).

Notes 1. Cf. F. Micheau, Les Débuts de l’Islam. Jalons pour une nouvelle histoire, Téraèdre, 2012. 2. XXXIII, 6. La traduction du Coran choisie est celle de J. Berque, Le Coran, Albin Michel, 1995. La sourate est indiquée en chiffres romains, le verset en chiffres arabes.

exacerbées par l’existence de concubines, que le Prophète préférait parfois à ses épouses. Les plus illustres concubines sont Maria la Copte et Rayhana la Juive. Muhammad a conclu onze mariages, dont un seul à La Mecque. Khadidja, veuve de 35 ou 40 ans, richissime commerçante et femme noble de la cité arabique, se prend de passion pour son jeune employé de 25 ans et l’épouse. L’alliance avec Khadidja confère au jeune Muhammad une meilleure situation sociale et lui gagne le soutien d’un puissant clan, celui des Asad. De cette union naissent quatre filles et quatre garçons, ce qui intrigue eu égard à l’âge de Khadidja au moment du mariage. Les garçons meurent en bas âge et il ne reste au couple que les filles, dont les plus célèbres sont Zaynab et Fatima. La Tradition est unanime quant à la fidélité de Muhammad à Khadidja : aucune concubine n’est mentionnée ni la moindre tentation. L’Hégire (l’« émigration » du Prophète) transforme sa vie personnelle autant que son statut social. De mari fidèle qu’il était à La Mecque, où il vivait en commerçant discret, puis comme prédicateur persécuté par l’élite mercantile de la cité, il devient polygame à Yathrib (future Médine), où il s’impose comme le chef d’une cité prospère à la tête d’une communauté, l’umma. Suivant en cela des usages antéislamiques, son statut lui impose désormais de conclure plusieurs mariages pour asseoir son autorité et nouer des liens avec les grandes familles de La Mecque et d’autres tribus. Fait notoire, Muhammad n’épouse donc aucune Médinoise.

DR

Par Sobhi Bouderbala


ISTANBUL, MUSÉE DES ARTS TURCS ET ISL AMIQUES ; ROL AND & SABRINA MICHAUD/GAMMA-RAPHO

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Représentation L e Prophète et sa famille sur un manuscrit turc du xviiie siècle. Leurs visages ont été effacés, mais les trois femmes à côté de Muhammad sont d’après la Tradition, de droite à gauche, sa fille Fatima et ses épouses Aïcha et Oum Salama.

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58 /

L’Atelier des

CHERCHEURS n Septembre 1792. De la rumeur au massacre p . 58 n M eiji. L’assassinat du ministre de l’Éducation p. 66   Rome au temps des Barbares. Le spectacle continue ! p. 70 n

Septembre 1792

De la rumeur au massacre Du 2 au 6 septembre 1792, à Paris, pendant la Révolution, plus de 1 000 prisonniers sont massacrés par la foule. Faut-il n’y voir qu’un crime de masse spontané ? Timothy Tackett nous montre comment l’anxiété et l’incertitude causées par les rumeurs d’invasion et de complots ont pu déclencher le terrible passage à l’acte.

L L’AUTEUR Professeur à l’université de Californie, Timothy Tackett est spécialiste de la Révolution française. Plusieurs de ses livres ont été traduits en français, dont Par la volonté du peuple. Comment les députés de 1789 sont devenus révolutionnaires (Albin Michel, 1997) et Anatomie de la Terreur (Seuil, 2018). L’HISTOIRE / N°458 / AVRIL 2019

e 2 septembre 1792, vers 14 heures, tandis que les cloches des églises de Paris sonnaient le tocsin, une foule considérable rencontra un groupe de prisonniers qu’on transférait à la prison de l’Abbaye, près de SaintGermain-des-Prés. Presque immédiatement, la foule tomba sur eux et les tua tous. Elle pénétra ensuite dans la prison de l’Abbaye puis dans celle, proche, des Carmes, y exécutant systématiquement les détenus, qu’ils soient prisonniers politiques (nobles, prêtres réfractaires et anciens gardes-suisses) ou criminels de droit commun. Les jours suivants, et jusqu’au 6 septembre, ils prirent d’assaut la Conciergerie, la Salpêtrière, le

Châtelet, les Bernardins, Saint-Firmin, les deux prisons de la Force, et l’hôpital-prison de Bicêtre, qui était aussi une maison de correction pour mineurs – dont beaucoup furent massacrés. Parfois des procès improvisés furent organisés afin d’assurer un tri entre les « innocents » et les « coupables ». Les prisonniers incarcérés pour dettes, pour des querelles de famille ou pour des infractions mineures furent souvent libérés, comme la plupart des femmes. En revanche, tous les contre-révolutionnaires aussi bien que les coupables de vol, de fauxmonnayage, et de meurtre – ceux que l’on appelait les « brigands » – furent poussés

Décryptage L’historien américain Timothy Tackett, auteur d’un ouvrage devenu classique sur la transformation des députés du tiers état en révolutionnaires, s’est interrogé, principalement à partir de correspondances privées, de Mémoires et de Journaux, sur le rôle des émotions dans le processus révolutionnaire. La crainte du complot nourrie par les rumeurs, apparaît comme un puissant moteur.

HERMANCE TRIAY/OPALE/LEEMAGE – RMN-GP (PARIS, MUSÉE DU LOUVRE)/THIERRY LE MAGE

Par Timothy Tackett


/ 5 9

Au Châtelet O n reconnaît sur ce dessin les tours et les hautes murailles de la prison du Châtelet où, le 3 septembre 1792, plus de 200 criminels de droit commun ont été massacrés.

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90 /

GUIDE Sorties n Expositions p. 90 n C inéma p . 94 n M édias p . 96

Expositions

London Calling

L

ondres. 30 avril 1978. Après une marche à travers la ville, 100 000 personnes assistent, à Victoria Park, au concert qui réunit les Clash, les Buzzcocks, Steel Pulse, X-Ray Spex, les Ruts, Sham 69, Generation X et le Tom Robinson Band. Cette manifestation intitulée Rock Against Racism vise à réagir aux propos xénophobes du musicien Eric Clapton dans un contexte de montée du Front national britannique, de tensions intercommunautaires et de discours contre l’immigration. L’événement est initié par de jeunes musiciens, motivés par leurs consciences civiques et dont les parcours artistiques et personnels ont été grandement inspirés par des influences et des rencontres venues de tous les horizons. En effet, du fait d’un besoin croissant de main-d’œuvre, la capitale du Royaume-Uni accueille depuis le début des Trente Glorieuses des immigrés issus des quatre coins de son ancien empire colonial. Ces individus infusent leurs cultures, leurs rythmes, leurs instruments dans la scène musicale londonienne qui s’en nourrit dans un processus de création sans cesse renouvelé. Présentant plus de 600 documents liés à la musique – instruments, costumes, affiches de concert, pochettes de disques, fanzines –, cette riche et foisonnante exposition montre comment Londres mais aussi Paris sont devenues, entre le début des années 1960 et la fin L’HISTOIRE / N°458 / AVRIL 2019

n Ci-dessus : Planète Paris, un tableau

d’Hervé Di Rosa. Ci-dessous : Fanzine Temporary Hoarding, publié à l’occasion du festival Rock Against Racism à Londres en 1978.

des années 1980, des capitales musicales multiculturelles. Des séries photographiques réalisées par James Barnor, Charlie Phillips, Pierre Terrasson, Philippe Chancel et Syd Shelton illustrent l’extrême vitalité de la communauté afro-caribéenne de Londres qui crée le Carnaval de Notting Hill en 1966. Mais aussi les concerts festifs de Camden Town ou de la Goutted’Or, les luttes antiracistes et les manifestations politiques à travers les concerts comme celui « des Potes », place de la Concorde le 15 juin 1985. « L’idée de ce dispositif, explique la commissaire scientifique Angéline ­Escafré-Dublet, est de plonger le visiteur dans ces ambiances musicales et de montrer comment la musique, vecteur d’émancipation culturelle, a transformé ces villes. » L’exposition est une immersion sonore avec une playlist qui permet d’écouter – entre autres – le reggae-punk de Poly Styrene, le makossa de Manu Dibango, le ska de Desmond Dekker, le R&B de Soul II Soul, le blue beat de Millie Small, le punk de Rachid Taha, le zouk de Kassav’, l’électro-rap de Neneh Cherry, l’afro-reggae d’Alpha Blondy, le raï de Khaled… Bref un fabuleux tour du monde musical. n Olivier Thomas

À VOIR Paris-Londres. Music Migrations, 1962-1989 jusqu’au 5 janvier 2020 au musée de l’Histoire de l’immigration, Paris.

© COURTESY OF HERVÉ DI ROSA © BERTRAND HUET/TUTTI – COLLECTION PARTICULIÈRE © BERTRAND HUET/TUTTI – © SYD SHELTON

Le musée de l’Histoire de l’immigration accueille une exposition consacrée au multiculturalisme musical de Paris et de Londres.


/ 9 1

n Misty in Roots lors d’un concert Rock Against Racism-Militant Entertainment tour en 1979 (photographie de Syd Shelton). L’HISTOIRE / N°458 / AVRIL 2019


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