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Sommaire
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DOSSIER
ACTUALITÉS L’ÉDITO
3 L’empire invisible
FORUM Vous nous écrivez 4 Antisémitisme : secouer
l’indifférence
ON VA EN PARLER
Rencontres 6 Traversée des mondes à
Avignon
ÉVÉNEMENT
Yougoslavie 1 2 L e pays disparu
Par Anne Madelain
ACTUALITÉ Conquête spatiale 24 Apollo 11 : un pas pour
la science Par Philippe Varnoteaux
C entenaire 26 1919 : Paris, capitale mondiale Par Laurence Badel
P olémique 29 L’écrivain a-t-il tous les droits ?
36 L’Empire perse
Par Robert O. Paxton
A rt lyrique 3 0 La Grèce d’opérette
au temps du Roi des rois
d’Offenbach Par Claude Aziza
A nniversaire 32 Peterloo, le sang des ouvriers
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Achéménides : le premier empire-monde
de Manchester Par Fabrice Bensimon
PORTRAIT
Par Maurice Sartre
Les Grecs, un peuple parmi d’autres ?
Par Jean-François Mondot
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Pasargades, visite d’une capitale Par Rémy Boucharlat
Profession : médecin du Grand Roi Par Dominique Lenfant
Le nouveau visage de la religion des Perses Par Wouter Henkelman
Le mazdéisme, religion du feu
Par Clarisse Herrenschmidt
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L’HISTOIRE / N°460 / JUIN 2019
Les rassembleurs de terres Les trésors du site Achemenet Alexandre, « le dernier des Achéménides » ? Carte : du Danube à l’Indus Chronologie
Cyrus l’Iranien Par Pierre Briant
PHILIPPE MICHEL/AGE FOTOSTOCK
Jean Guilaine 3 4 Apôtre du Néolithique
COUVERTURE nationale : détail d’un archer de la garde royale de Darius Ier, relief sur brique émaillée polychrome, provenant du palais de Darius à Suse, ve siècle av. J.-C. (Paris, musée du Louvre/Dagli Orti/ Aurimages) ; régionale : ruines du palais de Darius Ier à Persépolis et profil d’une statue d’un Shedu (taureau ailé androcéphale) en provenance de ce même palais et exposé au Musée national de Téhéran (Aisa/Leemage – Éric Lafforgue/Age Fotostock). Ce numéro comporte un encart abonnement L’Histoire sur les exemplaires kiosque France, un encart abonnement Édigroup sur les exemplaires kiosque Belgique et Suisse et un encart Sophia Boutique sur les exemplaires abonnés.
Entretien avec Pierre Briant
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L’ATELIER DES CHERCHEURS
GUIDE LIVRES
8 0 « Naissance de la Grèce » dirigé par Brigitte Le Guen Par Maurice Sartre
82 La sélection de « L’Histoire » Bande dessinée
87 « Milady ou Le Mystère des
Mousquetaires » de Frédéric Bihel et Sylvain Venayre Par Pascal Ory
Revues 8 8 La sélection de « L’Histoire »
62 C omment on imaginait la France au Moyen Age
9 0 La planche de JUL
Par Léonard Dauphant
RMN-GP (PARIS, MUSÉE DU LOUVRE)/TONY QUERREC – EXCELSIOR-L’ÉQUIPE/ROGER-VIOLLET – DE AGOSTINI PICTURE LIBRARY/AKG
Classique 91 « Écoles et enseignement
dans le Haut Moyen Age » de Pierre Riché Par Michel Sot
SORTIES Exposition
92 « Manuscrits de l’extrême »
à la BNF Par Huguette Meunier
68 1 926, une mosquée pour Paris Par Michel Pierre
Cinéma 9 4 « Stubby »
de Richard Lanni Par Antoine de Baecque
95 « Rojo »
de Benjamin Naishtat
Médias 9 6 La sélection de « L’Histoire » CARTE BLANCHE
9 8 Salviamo la storia ! Par Pierre Assouline
74 G enève, 1685 : une crise des réfugiés
France Culture Vendredi 14 juin à 9 h 05 retrouvez dans l’émission d’Emmanuel Laurentin « La Fabrique de l’histoire » une séquence avec Pierre Briant (cf. p. 38) en partenariat avec L’Histoire.
Par Naïma Ghermani
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Sarajevo
La ville est assiégée d’avril 1992 à septembre 1995 par l’armée de l’autoproclamée république serbe de Bosnie. Ici, en mai 1994, sous le regard d’un casque bleu. Page de droite : rencontre sur les Balkans à Berlin le 29 avril 2019 pour tenter de relancer le dialogue entre la Serbie et le Kosovo.
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Événement
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YOUGOSLAVIE, LE PAYS DISPARU Il y a vingt ans, le Kosovo était placé sous administration onusienne. La guerre en ex-Yougoslavie prenait fin. A ces luttes sanglantes les oppositions ethniques ont souvent servi d’explication facile. Anne Madelain nous rappelle quelles furent, dans le contexte de l’effondrement des régimes communistes d’Europe de l’Est, les responsabilités des acteurs. Analyse de la décomposition d’un pays. Par Anne Madelain
ALEXANDRA BOUL AT/SIPA – MICHAEL SOHN/AP POOL/DPA PICTURE-ALLIANCE/AFP – DR
O
n raconte que, à la veille du déclenchement du conflit en Yougoslavie en 1991, l’ambassadeur de France à Belgrade avait l’habitude de répondre à ceux qui l’interrogeaient sur la stabilité du pays : « Si la Yougoslavie éclate, ce sera de rire. » Cette boutade incongrue au vu des événements qui se sont enchaînés quelques mois plus tard témoigne ironiquement de la surprise provoquée par l’implosion de ce pays. Pourtant, en peu de temps, cette disparition a pris la forme d’une fausse évidence : la Yougoslavie avait disparu parce que cette « mosaïque » de peuples, de religions et de cultures n’était pas viable. C’était un État « artificiel », créé dans le sillage de la Grande Guerre et du redécoupage de l’Europe. Une fois levée la « chape de plomb » du communisme, se manifestaient des conflits anciens, vite qualifiés d’interethniques, qui ne pouvaient mener qu’à la division. C’était oublier combien l’idée yougoslave avait traversé tout
le xixe siècle. Cet État fédéral de près de 24 millions d’habitants en 1991, qui avait construit un modèle de socialisme original après la rupture avec Moscou, était le résultat d’une longue histoire de lutte pour l’émancipation politique menée au sein d’empires multinationaux, l’Autriche-Hongrie et l’Empire ottoman. Plus que le caractère artificiel d’un État, c’est bien le contexte politique de l’Europe du début des années 1990 qu’il faut examiner avec la chute des régimes communistes en Europe et en URSS. Si on s’est si rapidement habitué à cette disparition, c’est qu’elle coïncide avec la fin d’une période, celle de la guerre froide et de la division de l’Europe, où la vie politique et les repères des individus étaient structurés par des utopies progressistes et des luttes idéologiques. Par leurs formes à la fois nouvelles et archaïques, les conflits yougoslaves marquent aussi l’entrée dans la « crise de la pensée sur la guerre » mise en évidence par l’historien Stéphane
Audoin-Rouzeau, à savoir une incapacité à comprendre les conflits contemporains, dans lesquels les acteurs sont multiples et mal identifiés, et la victoire militaire souvent sans victoire politique. L’AUTEURE Chargée d’enseignement à Sorbonne Université, Anne Madelain est chercheuse associée au Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (EHESS-CNRS). Elle est l’auteure de L’Expérience française des Balkans, 19891999 (Presses universitaires François-Rabelais, 2019).
Acte I : la Croatie
Le 25 juin 1991, sur fond de crise politique de la Fédération yougoslave, les républiques de Slovénie et de Croatie déclarent chacune leur indépendance. La tentative de reprise en main de la Slovénie par les autorités fédérales s’avère purement formelle et se résume à quelques jours de combats sporadiques autour des casernes. Mais la guerre éclate en Croatie le 30 août avec l’attaque de la ville de Vukovar (en Slavonie orientale à la frontière de la Serbie) bombardée sans relâche par l’armée qui s’appelle encore Armée populaire yougoslave mais est déjà passée sous le contrôle du gouvernement de Belgrade. La cruauté des combats et l’intensité des destructions L’HISTOIRE / N°460 / JUIN 2019
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DOSSIER
L’AUTEUR Professeur émérite au Collège de France, où il a occupé de 1999 à 2012 la chaire « Histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’Alexandre », Pierre Briant est notamment l’auteur d’Histoire de l’Empire perse. De Cyrus à Alexandre (Fayard, 1996) et d’Alexandre. Exégèse des lieux communs (Gallimard, 2016).
Offrandes
Achéménides : le premier empire-monde Pendant un peu plus de deux siècles, la dynastie perse des Achéménides a dominé un empire s’étendant de la Méditerranée à l’Indus. Une nouveauté politique à l’échelle des mondes eurasiatiques que les découvertes textuelles et archéologiques faites depuis quelques décennies permettent d’analyser avec une précision croissante. Entretien avec Pierre Briant L’HISTOIRE / N°460 / JUIN 2019
CATHERINE HÉLIE/GALLIMARD – SUZANNE HELD/AKG
Cette frise sculptée sur les parois de l’apadana (salle d’audience) de Persépolis montre chaque peuple soumis offrant ses meilleures productions aux Achéménides.
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Métissages culturels C e char en or
LONDRES, THE BRITISH MUSEUM, DIST. RMN-GP/THE TRUSTEES OF THE BRITISH MUSEUM BIBLE L AND PICTURES/AKG
provenant du trésor de l’Oxus (actuel Amou Daria) témoigne des contacts entre les satrapies de Bactriane et Sogdiane et le monde des steppes.
L’Histoire : Du collège à l’université, l’histoire de la Perse antique est bien peu présente : comment l’expliquez-vous et comment, pour votre part, en êtes-vous arrivé à cette spécialité ? Pierre Briant : Avant tout, j’ai commencé ma carrière d’historien en étudiant l’histoire grecque « classique », puis celle d’Alexandre le Grand et de ses successeurs. C’est surtout après ma soutenance de thèse, en 1972, quand mon directeur, Pierre Lévêque, m’a proposé de réviser l’ouvrage de Paul Cloché consacré à Alexandre, que j’ai pris conscience d’un biais historiographique. Dans les années 1960 et au début des années 1970, la doxa était qu’Alexandre avait tout changé et qu’avec lui on passait d’une phase A à une phase B, au point même d’appeler cette phase A « pré-hellénistique » ! Jamais on n’expliquait ce qu’était la phase A, c’est-à-dire le monde qu’avait conquis Alexandre entre 334 et 3231. Dans le courant des années 1970, j’ai découvert l’importance des tablettes de Persépolis (cf. p. 57), grâce aux publications de spécialistes
Prince anonyme ête de jeune homme, T
en pâte de lapis-lazuli, trouvée à Persépolis, dont les yeux incrustés d’émail ont aujourd’hui disparu.
Notes 1. Sauf indication contraire, toutes les dates sont avant J.-C. 2. A. T. E. Olmstead, History of the Persian Empire, Chicago, University of Chicago Press, 1948. 3. P. Briant, Histoire de l’Empire perse. De Cyrus à Alexandre, Fayard, 1996.
de l’Oriental Institute de Chicago (George G. Cameron et Richard T. Hallock), mais aussi le caractère décisif des recherches archéologiques, grâce à ma rencontre avec Jean-Claude Gardin, un archéologue très réputé qui travaillait alors en Bactriane (Afghanistan actuel). Il m’a demandé d’entrer dans son équipe au titre d’historien des documents écrits, afin de les rassembler et de les confronter aux résultats des prospections archéologiques. C’est particulièrement à partir de ce moment que j’ai compris à quel point le dialogue entre archéologues et historiens était une condition nécessaire de tout progrès de nos connaissances et de notre réflexion. Les années 1980-1990 virent des découvertes toujours plus nombreuses, rendant obsolète la dernière synthèse parue sur l’Empire perse, celle d’Albert T. E. Olmstead datée de 19482. En 19891990, j’ai donc décidé de me lancer dans l’écriture d’une Histoire de l’Empire perse que je projetais depuis une dizaine d’années3. Et afin de rendre compte des recherches toujours en cours, j’ai également lancé le Bulletin d’histoire achéménide, pour assurer une veille bibliographique, diffuser les découvertes de sources primaires nouvelles et mettre en évidence les interprétations historiques parfois contradictoires qu’elles suscitaient. Ce travail trouve aujourd’hui son prolongement dans le site web Achemenet (cf. p. 46). Malgré ces avancées, l’histoire du MoyenOrient et de l’Asie centrale à l’époque achéménide reste la grande oubliée des programmes scolaires et universitaires. L’enseignement de l’histoire de l’Antiquité demeure organisé autour de quatre piliers : la Grèce, Rome, le Proche-Orient L’HISTOIRE / N°460 / JUIN 2019
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L’Atelier des
CHERCHEURS n Comment on imaginait la France au Moyen Age p . 62 n 1 926, une mosquée pour Paris p . 68 n Genève, 1685 : une crise des réfugiés p. 74
Comment on imaginait la France au Moyen Age Même si très peu avaient accès aux cartes, les hommes et les femmes du Moyen Age savaient se représenter leur territoire.
C
omment, au début du xive siècle, un roi de France pouvait-il se représenter son royaume ? » Quand il pose cette question à l’Académie en 1959, l’historien Robert Fawtier est bien incapable de donner une réponse satisfaisante1. Selon lui, faute de cartes, les rois n’avaient pas les moyens de connaître leur pays. Le traité de Brétigny (1360), qui cédait la Grande Aquitaine d’Aliénor au roi d’Angleterre,
Décryptage Quelle est donc la forme de la France pour qui n’a jamais vu une carte ? Le médiéviste Léonard Dauphant s’est posé cette question en essayant de se départir de nos cadres mentaux hérités de la diffusion croissante des cartes à partir du xvie siècle. En croisant l’étude du terrain (les traces matérielles des bornages médiévaux) et celle des sources littéraires qui, souvent, font écho à des pratiques orales (une chanson de geste, les itinéraires de collecte ou d’enquête des officiers du roi), il parvient à reconstituer l’imaginaire médiéval du paysage.
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L’AUTEUR Maître de conférences à l’université de Lorraine, Léonard Dauphant a notamment publié Le Royaume des quatre rivières. L’espace politique français, 1380-1515 (Champ Vallon, 2012) et Géographies. Ce qu’ils savaient de la France, 1100-1600 (Champ Vallon, 2018).
s’expliquerait ainsi en partie par cette ignorance : les Français n’auraient pas su ce qu’ils perdaient. Depuis les années 1980, le « tournant spatial » (spatial turn) a installé l’espace au cœur des sciences sociales. Les médiévistes ont redécouvert la géographie savante (Patrick Gautier Dalché) ou étudié l’espace féodal comme une culture à part entière (Alain Guerreau). Mais si les historiens savent aujourd’hui que, même sans carte, l’espace et le territoire n’étaient pas des notions floues pour les hommes et les femmes de l’époque médiévale, ils commencent à peine à comprendre comment, concrètement, ceux-ci se repéraient dans leur monde, comment ils se l’imaginaient. De quelle manière, par exemple, un marchand trouvait-il son chemin vers les foires de Champagne ? A quoi pouvait ressembler la France pour un paysan ou un officier du roi ? Aujourd’hui, les schémas culturels qui nous permettent d’appréhender l’espace ont changé. L’omniprésence de la carte, qui caractérisait le xxe siècle d’où écrivait Robert Fawtier, est remise en cause par des transports de plus en plus rapides et des modes de géo-référencement comme le GPS. Or ces technologies
DR – RMN-GP (PARIS, MUSÉE DU LOUVRE)/TONY QUERREC
Par Léonard Dauphant
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Géographie mentale Vers 1450, Rogier Van der Weyden représente Marie-Madeleine devant un paysage. C’est seulement au xve siècle que ce dernier devient sujet de tableau (Paris, musée du Louvre).
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GUIDE Sorties n Expositions p. 92 n C inéma p . 94 n M édias p . 96
Expositions
Écrire malgré tout Dans des situations extrêmes, qu’est-ce qui pousse les hommes et les femmes à continuer d’écrire ? Jeu de piste troublant à la BNF.
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BNF, RÉSERVE, DÉPARTEMENT DES ESTAMPES ET DE L A PHOTOGRAPHIE ; DR
P
qui furent les dernières rison, passion, péril, possession. – le savaient-ils ? Mais C’est à partir de ces on voit aussi les adieux quatre conditions de Marie-Antoinette à de l’extrême que l’exposises enfants dans son livre tion a été construite. Comde prières, à quelques ment, au bord de la perte, heures de son exécution, perte de conscience ou le brouillon de l’abdication de Napoléon Ier, l’ulperte de la vie, peut-on entimatum de Rommel le core écrire lorsque l’écriture apparaît comme l’ul3 juin 1942 juste avant time étincelle de vie ? Bir Hakeim. Ou Pierre Auguste Blanqui déveGuyotat sombrant littéloppe une écriture miralement dans le coma croscopique pour utiliser et jetant sur le papier des moins de papier, André lettres informes déportées sur le bas de la page. Chénier achète un gardien pour qu’il transmette ses Opium et mescaline derniers mots à son père, n Dessin réalisé en 1942 ou 1943 par un enfant réfugié à Izieu, puis déporté. Quant à la dernière parLatude, embastillé et privé tie, elle associe des exd’encre et de papier, utilise Annoté en anglais et en polonais, il illustre le rêve du « retour à la maison ». périences diverses : hypson linge et son sang, un nose (Robert Desnos), résistant aux mains de la spiritisme (Victor Hugo, dont un carGestapo grave quelques mots sous l’asDes textes dictés à sise de sa chaise. Sade, Dreyfus, Casnet retrace les séances et les textes dicsou, sont d’autres exemples de cette pretés dans le noir par les esprits), usage Victor Hugo dans le mière section. de drogues (opium pour Jean Cocteau, noir par les esprits mescaline pour Henri Michaux), possesLes larmes de Marie Curie sion démoniaque (une des possédées Au plus fou de l’amour ou au creux du Nathalie Sarraute n’arrive à mettre de Loudun au xviie siècle) ou accès à la deuil, autres témoignages : Paul Cegrâce (le Mémorial de Pascal). que l’heure exacte à laquelle son mari lan, interné après avoir tenté d’égorger Cette confrontation avec des hommes est mort. sa femme, envoie à celle-ci des lettres et des femmes, célèbres ou inconnus, Le péril embrasse des situations diverses : le père Poncet, missionnaire jébouleversantes, le prolixe Saint-Simon parvenus aux limites de l’entendement suite envoyé en 1639 en Nouvelle-France, ne trouve rien de mieux que des hiéroou de la vie, a pour le visiteur quelque glyphes en forme de croix et de larme utilise l’écorce de bouleau pour demanchose de terriblement troublant. Huguette Meunier der de l’aide ; Victor Tardieu, père du fupour exprimer son chagrin à la mort de tur poète, ajoute à ses lettres du front des son épouse. Le Journal de Marie Curie À VOIR petits points entre les lignes pour symgarde la trace de deux larmes à la page boliser le rythme des obus qui éclatent ; où elle note que son mari vient d’être Manuscrits de l’extrême. Prison, passion, des poilus rédigent à la hâte des missives renversé par un camion. Et dans le sien péril, possession jusqu’au 7 juillet à la BNF.
BNF, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS – BNF, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS ; AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE L’ASSOCIATION GERMAINE TILLION – PARIS, MUSÉE DE L’ARMÉE, DIST. RMN-GP/L AURENT SULLY-JAULNES – BNF, ARSENAL
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n Dreyfus, déporté à l’île du Diable en 1895-1899, remplit des
n Émilie Tillion (mère de Germaine) écrit ce billet clandestin
n Sous l’assise de cette chaise retrouvée à la Gestapo de Paris,
n Latude, emprisonné trente-cinq ans pour divers vols et escroqueries,
cahiers d’équations mathématiques, d’impressions sur sa vie mais aussi de dessins obsessionnels, qui lui permettent de tenir le désespoir à distance.
un résistant torturé a eu la force d’inscrire quelques mots pour ses « camarades féminins et masculins » et pour sa « bien-aimée fiancée ».
en octobre 1940 à Fresnes, où elle estemprisonnée comme résistante. Déportée à Ravensbrück et jugée trop âgée pour travailler, elle y est gazée le 2 mars 1945.
a beaucoup écrit. Parfois avec son sang sur son linge car, dit-il, « messieurs les officiers me refusent d’encre et de papier » (1761).
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