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ARTES
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ATLAS DES AMÉRIQUES Les mondes amérindiens Conquistadors, esclaves et colons Le leadership des États-Unis
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MENSUEL DOM 7,50E BEL 7,50E CH 13,00 FS CAN 10,50 $CAN ALL 8,20E ITL 7,50E ESP 7,50E GR 7,50 E PORT CONT 7,50 E MAR 63 DHS LUX 7,50 E TUN 6,80 TND TOM/S 970 XFP TOM/A 1620 XFP MAY 8,90 E ISSN 01822411
SOMMAIRE
N° 376 - MAI 2012
Atlas historique 2e PARTIE
22
LE MOMENT EUROPÉEN
De 1492 à 1776 Introduction par Olivier Grenouilleau
Géographie physique.
6
1, 2 OU 3 CONTINENTS
carte
Géographie des Amériques
26
LES « GRANDES DÉCOUVERTES »
28
L’INVENTION DE L’« AMÉRIQUE »
30
CONQUÊTE ET DÉPOPULATION
32
UNE PREMIÈRE MONDIALISATION
34
DES ESCLAVES CONTRE DU SUCRE
36
QUAND L’AMÉRIQUE DU NORD ÉTAIT FRANÇAISE
38
UNE COLONISATION INACHEVÉE
1re PARTIE
8
LES MONDES AMÉRINDIENS
De -30000 à 1492 Introduction par Christian Duverger
12
LES VRAIS « DÉCOUVREURS » DE L’AMÉRIQUE
14
UNE TERRE D’ÉCHANGES
16
BRILLANTES CIVILISATIONS DE MÉSO-AMÉRIQUE
18
LA PUISSANCE AZTÈQUE
20
AU SUD, DE CARAL À CUZCO
Textes et commentaires par : Ce numéro comporte deux encarts jetés : L’Histoire (kiosques France et export, hors Belgique et Suisse) et Edigroup (kiosques Belgique et Suisse). En couverture :
Les Amériques vues par satellite (Bloomimage/ Corbis).
L’esclavage, XVIe-XIXe siècle.
Farid Ameur, Jérôme Baschet, Gilles Bataillon, Carmen Bernand, Bruno Cabanes, Olivier Compagnon, Georges Couffignal, Olivier Dabène, Marie-Danielle Demélas, John A. Dickinson, Christian Duverger, Armelle Enders, Anaïs Fléchet, Michel Foucher, Annick Foucrier, Christian Grataloup, Olivier Grenouilleau, Philippe Haudrère, Gilles Havard, Philippe Jacquin, Annie Jourdan, André Kaspi, Danièle Lavallée, François Lebrun, Pierre Milza, Jean-François Mouhot, Pap Ndiaye, Jacques Poloni-Simard, Judith Rainhorn, Frédéric Régent, Alain Rouquié, Yves Saint-Geours, Nelly Schmidt, Hervé Théry, Clément Thibaud, Justin Vaïsse.
Retrouvez leurs biographies p. 98. Les cartes ont été réalisées par Légendes Cartographie.
4 - GÉOPOLITIQUE HISTORIQUE DES AMÉRIQUES
ATLAS DES AMÉRIQUES
des Amériques 4e partie
60
le leadership des états-unis
De 1898 à la fin de la guerre froide Introduction par André Kaspi
64 1898, naissance d’un empire 66 guerres mondiales : en être ou pas 68 1941, un conflit sur deux fronts
La guerre de Sécession, 1861-1865.
3e partie
40
la construction des nations
De 1776 à la révolution mexicaine Introduction par Yves Saint-Geours
44 1776, la première révolution 46 bolivar et la conquête de l’indépendance 48 le combat pour l’abolition de l’esclavage
70 populisme et dictatures en amérique latine 72 un enjeu de guerre froide 74
76 états-unis, l’exception du sud
54 l’amérique latine, l’autre terre promise 56 la guerre de sécession, 2e naissance des états-unis 58
1910, le mexique s’émancipe
5e partie
78
le rééquilibrage nord-sud
De 1989 à l’Unasur Introduction par Michel Foucher
50 la frontière recule 52 états-unis, quel melting-pot ?
la « république impériale »
82 DéPENDANCES et coopérations 84 religion : la poussée évangélique 86
la démocratie en marche
88 états-unis, le chef d’orchestre 90 le brésil, nouveau grand ? 92 puissances montantes 94 le poids des héritages 96 défis et promesses
Les religions au Brésil aujourd’hui.
Toute l’actualité de l’histoire sur histoire .presse.fr géopolitique historique des amériques - 5
LES MONDES Resté à l’écart du reste du monde, le continent, peuplé il y a 30 000 ans, voit émerger des civilisations, théâtres d’intenses circulations d’hommes, de marchandises et d’idées.
De -30000 à 1492 Par Christian Duverger
A
8 - géopolitique historique des amériques
Chef-d’œuvre précolombien La pyramide des Niches, sur le site d’El Tajin (Veracruz, Mexique). Une cité a prospéré là de 600 à 1200.
jose fuste raga/age fotostock
la différence des autres continents, l’Amérique est longtemps demeurée inhabitée. Selon toutes les apparences, l’homme y est tardif. Il n’y a pas eu d’hominisation locale. Les premiers indigènes ont été des immigrants appartenant tous au genre Homo sapiens. Il est certain que la quasitotalité du stock humain présent en Amérique est d’origine asiatique. Les préhistoriens, forts des découvertes archéologiques intervenues depuis quarante ans, semblent confirmer l’existence de deux mouvements de migration distincts : l’un, ancien, se situerait autour de 40000/35000 avant notre ère ; l’autre, plus récent, coïnciderait avec la réouverture du corridor alaskien consécutive au réchauffement intervenu il y a 11 000 ans. Les sites postérieurs sont légion dans toute l’Amérique. On peut y voir l’indice d’une importante colonisation venue d’Asie et des régions arctiques. Le retrait des glaciers ouvrait en effet à cette époque de vastes étendues de toundra gorgée d’eau où se multiplièrent les troupeaux de grands herbivores, mammouths, bœufs musqués et cervidés. Les hommes s’engouffrèrent en Amérique à la poursuite d’un gibier prolifique. Nul ne conteste que le type physique dominant en Amérique soit le type mongoloïde. Toutefois, il existe aussi chez les peuples amérindiens une part d’hétérogénéité. Cette diversité ethnique, qui a depuis toujours attiré l’attention des anthropologues, a engendré plusieurs théories « diffusionnistes », postulant des migrations transocéaniques. Certes, on ne peut exclure que, aux époques où l’homme a utilisé la navigation, des embarcations isolées venant de l’Atlantique ou du Pacifique aient pu toucher, volontairement ou accidentellement, le continent américain. Mais les influences induites par ces éventuels contacts sporadiques sont nécessairement demeurées ultra-limitées, génétiquement et culturellement. Il est donc peu légitime d’invoquer des civilisations extérieures à l’Amérique pour expliquer les sociétés amérindiennes.
AMÉRINDIENS Par ailleurs, il est clair que le principe de l’hétérogénéité ethnique est compatible avec l’idée d’un peuplement effectué par le détroit de Béring. La voie terrestre arctique, si elle a permis le passage en Amérique de très nombreux groupes mongoloïdes, n’exclut pas pour autant les migrations de groupes d’origines plus lointaines, venus par exemple de Chine, du Japon, de l’Inde ou du Caucase. Cette diversité initiale a été amplifiée par des phénomènes d’adaptation à des milieux spécifiques, mais, en contrepartie, elle s’est accompagnée d’un vaste processus de métissage. L’évolution a ainsi obéi à un double mouvement antithétique, l’un tourné vers
la disparité, l’autre vers la symbiose. C’est pourquoi tous les peuples amérindiens ont un air de famille tout en affichant des différences marquées. Une préhistoire pas comme les autres La phase de réchauffement climatique postglaciaire culmine vers 8000 av. J.-C. Le climat de l’Amérique devient alors celui que nous connaissons aujourd’hui ; tous les animaux pléistocènes disparaissent. L’extinction du gros gibier incite les hommes à changer de mode de subsistance et, donc, à changer de vie : ils vont très progressivement
géopolitique historique des amériques - 9
CONQUÊTE ET DÉPOPULATION les débuts de la colonisation, 1519-1535
Après la découverte des Antilles par Colomb en 1492, les Espagnols installent deux colonies à Hispaniola (Haïti) et Cuba. En vertu du traité de Tordesillas, signé en 1494 entre Portugais et Espagnols, toute terre découverte à l’est d’une ligne imaginaire doit revenir aux Portugais. Cabral découvre donc le Brésil en 1500 pour le compte des Portugais lors d’un voyage vers l’Inde. São Vicente est fondée en 1532 pour faciliter les échanges avec la métropole. Du côté espagnol, c’est le temps des conquistadors, à la recherche d’El Dorado, le pays de l’or. Hernan Cortés
30 - géopolitique historique des amériques
part en 1519 de Cuba et, avec 600 hommes, s’empare en deux ans de l’Empire aztèque. Après lui, Francisco Pizarro tente par deux fois d’aborder le Pérou. Il vient à bout de l’Empire inca de 1532 à 1535. Les conquérants fondent des villes, comme Veracruz (1519) et Lima (1535), d’abord nommée « Cité des Rois ». Pourtant, si les pouvoirs centraux tombent rapidement, il reste des territoires immenses à explorer et dominer. Les tentatives d’Almagro, compagnon et concurrent de Pizarro au Pérou, pour conquérir le sud du continent échouent, et il rentre bredouille en 1537 à Cuzco.
LE MOMENT EUROPÉEN
Le projet de Cortés Issu d’une famille de la petite noblesse espagnole , Hernan Cortés arrive en 1504 à Saint-Domingue. Il se lance à l’assaut de l’« empire » des Aztèques en 1519. La conquête rapide de cet immense territoire peut s’expliquer par la discorde entre les différents peuples indiens que Cortés utilise, au point que la pénétration espagnole prendra surtout la forme de guerres indigènes. La prise de Mexico, en août 1521, sera tout de même difficile, faisant près de 40 000 morts. L’autre phénomène essentiel qui permet d’expliquer la facilité de la conquête est l’accueil favorable réservé par les Aztèques aux Espagnols. Dans le monde méso-américain, le métissage est très pratiqué et même recherché. Cela n’exclut pas, bien sûr, la violence des Espagnols, ni le choc de la conquête. Forte de ces nouvelles terres, la couronne espagnole entend bien s’enrichir : les propriétaires espagnols se partagent les territoires en s’engageant à verser un cinquième de toutes les richesses tirées d’Amérique, le quinto real. Mais c’est un projet tout différent qui anime Cortés. Il veut s’installer sans toucher la structure sociale et rêve d’une Amérique autosuffisante, ne commerçant pas exclusivement avec la métropole. Assez rapidement cependant, il est contraint au départ, sous la pression de la couronne espagnole, qui adopte une vision plus « coloniale ». Il rentre définitivement en Espagne en 1540. En 1542, Charles Quint signe à Barcelone les « Lois Nouvelles » ; l’Espagne annexe de facto ses territoires transatlantiques. C’est à ce moment-là que se constitue l’Amérique latine. n D’après Christian Duverger, L’Histoire n° 322.
une catastrophe démographique
Comptant peut-être 50 millions d’habitants en 1492, l’Amérique centrale et du Sud connaît un cataclysme démographique après l’arrivée des Européens. La population mexicaine est réduite à un million d’individus en 1600. En 1650, il ne reste plus que 8 millions d’habitants autochtones pour l’ensemble de l’Amérique latine. Au-delà des guerres, des massacres et de la mise en esclavage, la principale raison de cette chute démographique est le choc microbien : les Indiens ne sont pas immunisés contre la variole, la grippe ou la varicelle… Il faut attendre la charnière des xixe et xxe siècles pour que l’Amérique latine retrouve sa population de 1492. C. D.
chronologie 1519, février Cortés appareille de Cuba avec 600 hommes pour la troisième expédition mexicaine. 1520, 30 juin Un massacre des Mexicains déclenche des représailles ; Cortés fuit la ville à grand-peine : c’est la Noche Triste. 1521, 13 août Chute de Mexico et
de l’empereur Cuauhtémoc ; l’Empire aztèque disparaît. 1532 Parti de Panama, Pizarro pénètre dans l’Empire inca. Après une entrevue, l’empereur Atahualpa est capturé puis exécuté. 1535, janvier Fondation de Ciudad de los Reyes (Lima) par Pizarro. Les dernières résistances incas sont vaincues.
géopolitique historique des amériques - 31
la « république impériale » Une superpuissance dans la guerre froide, 1947-1989
Pendant un demi-siècle, la politique internationale est marquée par la rivalité soviétoaméricaine. Les États-Unis, superpuissance par défaut au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ont pour objectif de contenir l’URSS par une mobilisation militaire intense (un million de soldats américains à l’étranger, 450 bases militaires dans 35 pays vers 1950) et l’organisation de leur zone d’influence en un système global avec quatre alliances de défense régionale (dont la plus importante est l’Otan), des accords formels de défense avec une quarantaine de pays, une aide économique et militaire à une centaine d’autres. Les dépenses militaires américaines pendant cette période s’élèvent à 10 000 milliards de dollars. Toutefois, la surpuissance technologique ne garantit pas la victoire, comme les stratèges américains en font l’amère expérience au Vietnam. Le surinvestissement stratégique des États-Unis a également joué un rôle dans les difficultés économiques et budgétaires croissantes de ce pays à partir des années 1970. Pour autant, la guerre froide a tourné à l’avantage des Américains, qui ont entraîné l’URSS dans une spirale de dépenses militaires dont les Soviétiques ne se sont jamais remis. P. N. 74 - géopolitique historique des amériques
LE LEADERSHIP DES ÉTATS-UNIS
géopolitique historique des amériques - 75
défis et promesses pib par habitant
indice de gini
Le continent est marqué par de fortes inégalités de développement. Le Nord, largement en tête avec une économie forte et intégrée, est suivi par des pays industrialisés et urbanisés, tels que le Mexique, le Brésil ou encore le Cône Sud (Chili, Argentine, Paraguay, Uruguay), mais également par les paradis fiscaux des Caraïbes. Les pays andins ainsi que l’Amérique centrale appartiennent à une zone de pauvreté pénalisée par des économies longtemps moins dynamiques. Le Costa Rica, pays le plus développé d’Amérique centrale, fait figure d’exception.
La répartition des revenus au sein des pays est très inégalitaire en Amérique. L’indice de Gini permet de calculer cette ventilation : plus l’indice se rapproche de 100, plus les disparités sont fortes. A l’inverse, quand l’indice se rapproche de 0, comme c’est le cas au Canada avec 32,1, on peut estimer que les revenus sont relativement bien répartis. Le Brésil (53,9), le Paraguay (52) et le Chili (52) restent très inégalitaires malgré leur croissance économique. Ces fortes inégalités sont dues à la concentration des activités économiques dans peu de régions, souvent les plus urbanisées.
96 - géopolitique historique des amériques
LE RÉÉQUILIBRAGE NORD-SUD
taux d’homicide
En 2010, 468 000 homicides ont été enregistrés dans le monde, dont 31 % sur le continent américain. En 2009, le Salvador et le Honduras étaient les pays les plus meurtriers du monde avec, respectivement, 70,9 et 70,7 homicides volontaires pour 100 000 habitants. Le trafic de drogue et la guerre des cartels font croître les homicides depuis 1995 aux Caraïbes et en Amérique centrale. Les États-Unis ont vu leur criminalité baisser à 5 homicides pour 100 000 habitants, chiffre plus faible mais encore loin du Canada (1,8), qui possède un taux proche de celui des pays européens.
croissance économique
La puissance des économies du Nord, f ortement mondialisées, contraste avec les économies du Sud, fragilisées davantage encore depuis 1970 par les crises économiques mondiales et le surendettement. Néanmoins, dans la crise actuelle, les économies du Nord ralentissent. Dans le même temps, certains pays des Caraïbes, comme Porto Rico ou la Jamaïque, demeurent dans un marasme économique (alors que l’économie de Haïti semble repartir). A l’inverse, l’ensemble de l’Amérique du Sud connaît une croissance soutenue depuis ces cinq dernières années, notamment l’espace andin.
géopolitique historique des amériques - 97