Spécial Série noire

Page 1


Sommaire Juin 2015 n° 556

Pierre Bonnard, les ombres au tableau

3 Édito L e joueur et le militant Par Pierre Assouline 6 Presto L’actualité en bref

L’esprit du temps 10 Analyse Daech, l’écriture et la mémoire exterminées Par Marc Weitzmann 14 Débat L’Évangile s elon Françoise Chandernagor Par Jean-François Colosimo 16 Histoire littéraire Retour sur le boom latino-américain Par Philippe Ollé-Laprune 19 Admiration Richard Texier en nage libre Par Daniel Pennac 20 Beau livre Olivier Roller, l’art du tête-à-tête Par Ezra Nahmad 22 Exposition Pierre Bonnard, les ombres au tableau Par Serge Bramly 26 Univers J acques Abeille à tire d’aile Par Bernard Quiriny 29 Figure Naomi Klein, la marque du « radical chic » Par Patrice Bollon 32 Rendez-vous

Grand entretien 34 J ames Ellroy : « Il me faut un meurtre pour organiser le show » Propos recueillis par Alexis Brocas 98 La chronique Par Maurice Szafran 4 - Le Magazine Litteraire • N° 556/Juin 2015

40 Mario Vargas Llosa, U n héros discret La valse des pères Par Alexis Brocas 44 James Salter, P our la gloire Le décollage d’un maître Par Alexis Brocas 46 Mark Twain, Œ uvres Un fleuve intarissable P ar Maxime Rovere 48 Luigi Di Ruscio, P almiro et La Neige noire d’Oslo Un ouvrier de la langue Par Enrica Sartori 51 Alexis Jenni, La Nuit de Walenhammes Le coron halluciné Par Camille Thomine 52 Émile Zola, M adeleine Férat Au malheur d’une dame P ar Philippe Claudel 54 Au fond des poches

Critique non-fiction 56 L e Futurisme. Textes et manifestes, 1909-1944 Et les futuristes turbinaient... Par Maxime Rovere 60 Alexandre Gefen, I nventer une vie La vie rêvée des autres P ar Chloé Brendlé 62 Pascal Quignard, Sur l’idée d’une communauté de solitaires V olupté janséniste Par Vincent Landel 64 Tadeusz Kantor, Écrits Tous les cantiques de Kantor P ar Christophe Bident

Portrait 66 S imone Schwarz-Bart À mi-mots Par Yann Plougastel

66

Simone Schwarz-Bart

PHOTO JEAN-LUC BERTINI POUR LE MAGAZINE LITTÉRAIRE

22

PATRICE SCHMIDT/MUSÉE D'ORSAY DISTRIBUTION RMN

Critique fiction


Président-directeur général et directeur de la publication

Thierry Verret

Directeur éditorial

Maurice Szafran

Directeur délégué

Jean-Claude Rossignol

Assistante de direction : Christy Mazataud

Édité par Sophia Publications 8, rue d’Aboukir, 75002 Paris Courriel : courrier@magazine-litteraire.com Internet : www.magazine-litteraire.com SERVICE ABONNEMENTS

Le Magazine Littéraire, Service abonnements 4 rue de Mouchy - 60438 Noailles Cedex Tél. - France : 01 55 56 71 25 Tél. - Étranger : 00 33 1 55 56 71 25 Courriel : abo.maglitteraire@groupe-gli.com Tarifs France 2011 : 1 an, 12 numéros, 62,50 €. Achat de revues et d’écrins : 02 38 33 42 87 U. E. et autres pays, nous contacter. RÉDACTION

Conseiller de la rédaction

Pierre Assouline

Rédacteur en chef adjoint Chef de rubrique

Alexis Brocas abrocas@magazine-litteraire.com

La Série noire

ARCHIVES GALLIMARD

70

Hervé Aubron haubron@magazine-litteraire.com

Conception graphique et couverture

Dominique Pasquet

Directrice artistique

Blandine Scart Perrois blandine@magazine-litteraire.com Responsable photo

Michel Bénichou mbenichou@magazine-litteraire.com Rédactrice

Enrica Sartori enrica@magazine-litteraire.com

Secrétaire de rédaction-correctrice

Valérie Cabridens vcabridens@magazine-litteraire.com

Le dossier La Série noire, 70 ans à l’ombre 70 I ntroduction Dossier coordonné par Alexis Brocas 72 « Je ne suis pas un commissaire du bon goût » Entretien avec Aurélien Masson, l’actuel directeur de la collection 74 Cinquante nuances de noir Par Elsa Marpeau 76 Réalités augmentées Par Alexis Brocas 78 Ce baiser insensé entre le réel et l’imaginaire Par Ingrid Astier 79 L’enfer sur terre Par Juliette Einhorn 81 Avatars du hard-boiled Par Hubert Prolongeau 82 Marcel Duhamel, le premier taulier Par Olivier Cariguel 82 La Série noire en quinze romans Par Claude Mesplède 85 Robert Soulat, le second souffle Par Daniel Pennac 90 Patrick Raynal, « Monsieur Gros » Par Jean-Bernard Pouy 92 France-Amérique : échanges de tirs transatlantiques Par Hubert Prolongeau 94 Manchette, le maestro masqué Par Gilles Magniont 97 L’œil du parrain adverse Entretien avec François Guérif

Fabrication

Christophe Perrusson

ONT AUSSI COLLABORÉ À CE NUMÉRO :

Évelyne Bloch-Dano, Jeanne El Ayeb, Arthur Montagnon, Bernard Morlino, Pierre-Édouard Peillon, Thomas Stélandre, LaureAnne Voisin. EN COUVERTURE :

James Ellroy en 2010. © Philippe Matsas/Opale © ADAGP-Paris 2015 pour les œuvres de ses membres reproduites à l’intérieur de ce numéro. CE NUMÉRO COMPORTE 3 ENCARTS :

2 encarts abonnement sur les exemplaires du kiosque, 1 encart Edigroup sur exemplaires kiosque de Suisse et Belgique.

Directrice commerciale et marketing

Virginie Marliac

MARKETING DIRECT

Gestion : Isabelle Parez

iparez@magazine-litteraire.com

Promotion : Anne Alloueteau VENTE ET PROMOTION

Directrice : Évelyne Miont Ventes messageries À juste titres Diffusion librairies : Difpop : 01 40 24 21 31 PUBLICITÉ

Directrice commerciale Publicité et Développement

Caroline Nourry

Publicité littéraire

Marie Amiel - directrice de clientèle mamiel@sophiapublications.fr Publicité culturelle

Françoise Hullot - directrice de clientèle (secteur culturel) fhullot@sophiapublications.fr Responsable communication

Elodie Dantard

SERVICE COMPTABILITÉ

Sylvie Poirier spoirier@sophiapublications.fr IMPRESSION

Imprimerie G. Canale, via Liguria 24, 10 071 Borgaro (To), Italie. COMMISSION PARITAIRE

n° 0415 K 79505. ISSN‑ : 0024-9807 Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Copyright © Magazine Littéraire Le Magazine Littéraire est publié par Sophia Publications, Société anonyme au capital de 7 615 531 euros. Dépôt légal : à parution

N° 556/Juin 2015 • Le Magazine Litteraire - 5


L’esprit du temps Figure

NAOMI KLEIN LA MARQUE DU « RADICAL CHIC » L’auteur de N o Logo est en tournée mondiale pour promouvoir sa nouvelle charge anticapitaliste, cette fois sur le terrain environnemental. Non sans simplisme ni opportunisme. Par Patrice Bollon

V

enue à Paris à la fin du mois de mars pour la promotion de son dernier livre, Tout peut changer, Naomi Klein a rempli coup sur coup deux amphithéâtres d’université, d’abord à Tolbiac puis à Saint-­Denis. Les deux conférences ont été très vite sold out. Depuis No Logo (Babel, 2002), une dénonciation du règne des marques et de la « marchandisation libérale » du monde parue au début de la décennie 2000, traduite en une vingtaine de langues et vendue à plus d’un million d’exemplaires, la journaliste et essayiste canadienne anglophone, née en 1970 à Montréal, est une star internationale de la contestation. Aux États-Unis, on dit même qu’avec La Stratégie du choc (Babel, 2010), en 2007, elle a remplacé Noam Chomsky dans le rôle de « grande conscience de gauche », et elle apparaît régu­ lièrement dans les listes des « Dix intellectuel(les) qui comptent aujourd’hui » que concoctent les magazines. Une des égéries d’Occupy Wall Street en 2011, elle investit main­ tenant la question écologique,

indissociable – c’est la thèse de son essai – de la lutte anticapitaliste, et une occasion d’agréger des revendications d’ordres économique, social, politique, moral et ethnique pour « remplacer notre système en déroute ». Business de la radicalité

Ses shows sont très rodés. Naomi Klein, qui, avec ses larges lunettes rondes, a de faux airs d’une Janis Joplin clean promue cheftaine scout après sa énième désintox enfin réussie, est une performeuse. Elle peut parler deux heures sans notes, ponctuant son discours de formules bien senties, à la façon de couplets que tout le monde peut sinon reprendre, du moins penser en chœur. Sur son site, ses interventions se présentent comme des tours mondiaux, septembre au Canada et aux États-Unis, octobre en Grande-­Bretagne, février en Italie, mars en Allemagne, Espagne et France, puis retour au ­C anada et aux États-Unis pour d’autres dates… Et si elle apparaît seule sur scène, ses best-sellers, de six cents pages en moyenne,

À LIRE

Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique, NAOMI KLEIN,

traduit de l’anglais (Canada) par Geneviève Boulanger et Nicolas Calvé, éd. Actes Sud/Lux, 630 p., 24,80 €. Brut. La Ruée vers l’or noir, DAVID DUFRESNE, NANCY HUSTON, NAOMI KLEIN et al., éd. Lux,

112 p., 12 €.

alternant reportages, portraits, données chiffrées et toujours ponctués d’un bon millier de notes, sont des entreprises collectives sur lesquelles travaillent à temps plein des dizaines d’archivistes ; ils s’accompagnent de vidéos et de films – qu’elle produit et dont certains sont réalisés par son mari, Avi Lewis ; il y a aussi des rencontres payantes, etc. Un véritable business de la radicalité. Naomi Klein a été, il est vrai, biberonnée aux valeurs de gauche. Son grandpère, un Américain qui travaillait comme animateur pour le cinéma, a participé, en tant que syndicaliste marxiste, à la grève des studios Disney de 1941. Blacklisté par Hollywood, il est devenu ensuite ouvrier sur un chantier naval. Son père est un médecin social, et sa mère une documentariste féministe engagée, célèbre pour son attaque contre la pornographie, Not a Love Story (C’est surtout pas de l’amour). Tous deux immigrèrent à la fin des années 1960 au Canada par opposition à la guerre du Vietnam. Naomi Klein aime à raconter comment elle s’est rebellée au départ contre sa famille. Adolescente futile, fan de la chanteuse Cindy Lauper, elle ne se souciait que de la teinture peroxydée de ses cheveux et travaillait le dimanche dans une boutique Esprit pour gagner son argent de poche. No Logo représenta pour elle une sorte de « thérapie personnelle ». Le livre dut d’ailleurs une large part de son >>> N° 556/Juin 2015 • Le Magazine littéraire - 29


>>> succès à un hasard : il parut au

Canada deux semaines seulement avant le sommet de l’OMC à Seattle en novembre 1999, qui révéla au monde l’existence des altermondialistes. Bref, un parfait symptôme d’époque, que certains journaux interprétèrent comme « le Das Kapital du mouvement contre les nouvelles multinationales ».

Naomi Klein ne nous dit pas comment dépasser les contestations écologiques locales.

Entre données factuelles et interprétations sentencieuses

Si No Logo, qui dévoilait les conditions de travail des ateliers de misère philippins, mexicains ou chinois, produisant à bas coût des objets de luxe pour les riches Occidentaux, et mettait l’accent sur la récupération des thèmes contre-culturels par la publicité, n’a, en quinze ans, pas pris une ride, il n’en va pas de même de La Stratégie du choc. Dans ce deuxième ouvrage, Naomi Klein ne se contentait plus de décrire le monde, mais l’enfermait dans une thèse forte, unilatérale. À l’instar de ces traitements par électrochocs inventés par la psychiatrie des années 1950 et repris par l’armée américaine à des fins de torture, le capitalisme, y affirmaitelle, se saisissait de crises plus ou moins spontanées – et en fomentait au besoin certaines – pour imposer aux populations récalcitrantes les normes du « consensus de Washington » : ouverture à la concurrence, bas salaires et privatisations des services publics. Une vision paranoïde du néolibéralisme qui faisait de l’économiste de Chicago Milton Friedman (19122006) le grand Satan, plausible dans les cas du Chili de 30 - Le Magazine littéraire • N° 556

Naomi Klein, en 2014.

Pinochet et de la Russie d’Eltsine, mais très outrée pour ceux des États-Unis de Reagan ou de l’Angleterre de Thatcher, à propos de laquelle la sociologie britannique a souligné le soutien d’une grande partie des ouvriers et employés à sa politique, parlant même de « populisme conservateur ». À quoi il faut ajouter que l’ouvrage parut quelques mois avant la crise de 2008 ; les effets de celle-ci furent contradictoires, induisant un approfondissement de la libéralisation économique tout autant qu’un retour de l’intervention de l’État… Des ambiguïtés qui ne l’ont pas empêché de se poser en vade-­mecum pour toute une réflexion « de gauche » anti­ système. Ce cocktail de vrai et de

plus ou moins vrai, d’éléments factuels et d’interprétations sentencieuses, se retrouve dans Tout peut changer. Le constat d’urgence dont part le livre a une force indéniable, ne serait-ce que par l’accumulation des données catastrophiques à laquelle il procède. Aux lecteurs qui l’ignoreraient encore, Naomi Klein révèle le scandale écologique de l’exploitation des schistes bitumineux de la province canadienne de l’Alberta : une forêt boréale décapitée sur une superficie égale à celle de deux Suisse et transformée en un paysage lunaire ; d’immenses lacs de rétention de produits toxiques, où croupit une eau mêlée du mercure et de l’arsenic qu’on emploie dans le processus de séparation du goudron d’avec le sable ; la mort des oiseaux et des poissons ; le développement de cancers parmi la population locale, etc. L’essayiste déjoue aussi utilement les illusions du « capitalisme vert » des nouveaux entrepreneurs à la Richard Branson (Virgin) et de cette « géo-ingénierie » qui prétend traiter les maux de la technologie par plus de technologie encore. Elle débusque enfin les liens douteux que certaines organisations environnementalistes ont tissés avec les grandes firmes pétrolières. Elle oublie néanmoins au passage de mentionner que 350.org, l’ONG dont elle est une membre émérite, fut financée par la Fondation Rockefeller et est suspectée d’avoir reçu des subventions indirectes du milliardaire de la Bourse Warren Buffet et nouveau tycoon nord-­ américain du transport ferroviaire, soit le moyen d’acheminement du ­bitume de l’Alberta ­alternatif à l’oléoduc dont elle combat la construction. Il y a plus grave. On ne s’attendait guère à ce que Naomi Klein

KOUROSH KESHIRI/ACTES SUD

L’esprit du temps Figure


Dossier

La Série noire, 70 ans à l’ombre Dossier coordonné par Alexis Brocas

mais pour le coup celle-ci, une jeune ministre noire, incarne notre époque. Et, si l’on doit trouver une préoccupation récurrente dans cette vaste production, c’est bien de se mesurer à la complexité croissante du monde actuel, à la fois interconnecté et fragmenté. Les auteurs de noir s’y donnent à plein : usant du crime comme d’un ouvre-boîte et de l’enquête comme d’un vecteur d’exploration, modelant leurs fictions sur les milieux qu’ils décrivent – et non l’inverse –, ces écrivains ne reculent devant aucune complexité. Resteront-ils ? Parions que oui, en nous fondant sur le destin de la Série noire passée, que raconte aussi ce dossier. On croyait ses romans périssables, vite lus et aussitôt oubliés : ils font aujourd’hui l’objet de passionnantes études – citons les travaux de Claude Mesplède, ou le dictionnaire de L’Argot de la Série noire, de Robert Giraud et Pierre Ditalia. Ils sont aussi objets de cultes, dans le cas des œuvres de Dashiell Hammett et de Raymond Chandler. Pour la suite, il paraît compliqué de vouer à l’oubli une maison qui a vu débuter Tonino Benacquista (pour son deuxième roman), Daniel Pennac, Thierry Jonquet, Didier Daeninckx… Et puisque les polars Série noire se fondent autant sur les failles structurelles de la nature humaine que sur celles, toujours renouvelées, de la collectivité, nous pouvons lui prédire un avenir radieux. P A. B.

72 • AFFAIRES EN COURS

82 • ANTÉCÉDENTS

Si le crime littéraire perdure, les m odus operandi évoluent. Réalisme chez Dominique Manotti, hyperréalisme chez DOA, imaginaire débridé chez Frédéric Jaccaud… Le polar engagé d’autrefois est bien loin, mais celui d’aujourd’hui n’en a pas pour autant renoncé à toute dimension politique – et comment le pourrait-il, quand il ne cesse d’interroger notre monde et nos normes ?

Ceux qui firent la Série noire, par ceux qui les connurent : Jean-Bernard Pouy livre un portrait en pied (nu) de l’éditeur Patrick Raynal, Daniel Pennac raconte ses débuts sous la houlette de Robert Soulat, Claude Mesplède relate l’histoire de la collection en quinze romans… Plongée dans un monde où l’on passait facilement du rire au noir.

70 - Le Magazine littéraire • N° 556/Juin 2015

Au travail, l’un des piliers français de la Série noire, Jean-Patrick Manchette, en 1967. En bas : des objets usuels de l’écrivain (en 1964).

L’ultime roman de Jean-Patrick Manchette, La Position du tireur couché, fait l’objet d’une adaptation (très libre semble-t-il), en salle le 24 juin prochain : The Gunman, réalisé par Pierre Morel, avec Sean Penn et Javier Bardem.

(1)

COLLECTION DOUG HEADLINE

S

i les grands livres ne vieillissent pas, puisqu’ils ont toujours l’âge de leurs lecteurs, qu’en ­est-il des collections ? La Série noire fête cette année ses soixante-dix ans. On pourrait la croire épuisée, cacochyme et perdue à l’heure où, pour se vendre, le suspense doit être chic (les romans noirs à l’eau de rose de Camilla Läckberg), biblique (Dan Brown), ou parascientifique (Dan Brown repetita). Pourtant, la ténébreuse septuagénaire ne nous a jamais semblé aussi juvénile. Elle qui, à ses débuts, publiait à la chaîne le tout-venant d’outre-Atlantique est devenue une vaste auberge criminelle – et souvent une auberge de jeunesse – où l’on parle beaucoup français et où cohabitent toutes les couleurs du roman noir. L’hyperréalisme de DOA, l’imaginaire dantesque d’Antoine Chainas, les intrigues mondiales de Caryl Férey, les notations sensuelles et érudites d’Ingrid Astier… La Série noire a su réunir l’avantgarde du crime d’aujourd’hui sans renier sa dimension commerciale initiale : les polars à la dure de Jo Nesbø ont su conquérir le grand public. Sans renier non plus ses classiques : Manchette demeure une référence cardinale, et l’ombre portée de son Tireur couché (1) solitaire se retrouve dans L’Ange gardien de Jérôme Leroy, lui aussi au service d’une mystérieuse officine, lui aussi amoureux d’une belle…


N° 556/Juin 2015 • Le Magazine littéraire - 71


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.