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JESSIE THILL

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CLAUDE MARX

CLAUDE MARX

« Ce n’est pas un échec, mais c’est décevant »

La députée Jessie Thill (déi Gréng) s’est rendue à la COP en Égypte. Sans cacher sa déception face aux faibles avancées de cette 27e édition, elle reste convaincue de l’utilité de ces conférences internationales.

La COP27 n’est pas parvenue à trouver un accord pour accélérer la sortie des énergies fossiles, ce qui procure un sentiment d’échec… Il y a eu des choses positives, mais aussi beaucoup de négatives. En 2022, nous n’arrivons pas à nous engager clairement sur une fin des énergies fossiles lors d’un sommet pour le climat… De ce point de vue, je ne dirais pas que c’est un échec, mais c’est décevant.

La création d’un fonds pour les « pertes et dommages », afin d’aider financièrement les pays en développement à faire face aux dégâts irréversibles causés par le réchauffement climatique, représente par contre une avancée historique… Absolument. C’était une revendication des petits États insulaires depuis longtemps. Tous n’ont pas les moyens de faire face aux conséquences de la crise climatique. C’est une révolution que les pays du nord industrialisés reconnaissent enfin leur responsabilité et le fait que les conséquences du réchauffement climatique ont des effets dès maintenant et sont irréversibles.

Quel a été votre rôle lors de la COP ? En tant que députés, nous rencontrions tous les jours la délégation luxembourgeoise pour échanger sur les négociations. Il y avait aussi beaucoup d’événements : des conférences, des présentations de scientifiques, des rencontres avec des activistes et des députés Verts de l’Europe et du monde. J’en ai tiré beaucoup d’espoir et d’énergie.

La COP27 avait lieu en Égypte. Vous en avez aussi profité pour aborder la question des droits de l’Homme, un sujet sensible dans ce pays… 70.000 personnes y sont enfermées pour des raisons politiques. Nous avons demandé à voir des prisonniers pour raisons politiques et rencontré des militants des droits de l’Homme. Certains témoignages m’ont choquée. Des jeunes filles de 17 et 18 ans risquent 10 ans de prison pour une vidéo où elles dansent, publiée sur TikTok…

Vous avez vous-même eu des démêlés avec les autorités locales…

Un matin, je portais, avec un autre député

Vert, des pin’s pour les droits de l’Homme et la libération des prisonniers. Nous avons eu des problèmes avec la sécurité égyptienne. J’ai pu rentrer grâce aux agents de sécurité de l’Onu – le lieu de la COP est considéré comme territoire de l’Onu.

Après avoir vécu celle-ci, considérez-vous que les COP sont toujours utiles ?

À 100 %. Il n’y a aucun autre événement qui réunit toutes les personnes impliquées dans le climat au même endroit. C’est vraiment important d’y participer, que toutes ces personnes puissent échanger, qu’il y ait cette pression de la part des activistes climatiques et qu’un pays puisse rencontrer ses pays partenaires pour coopérer. Les négociations en bénéficient aussi.

La députée Jessie Thill (déi Gréng) salue une « révolution » lors de la COP27, avec la création d’un fonds pour les « pertes et dommages » afin d’aider financièrement les pays en développement à faire face aux dégâts causés par le réchauffement climatique. La COP27 a été présentée une fois de plus comme une COP de transition. La COP28 sera-t-elle plus ambitieuse ? Je pense que oui. Et ce sera important pour le Luxembourg, qui doit présenter son nouveau Plan national climat et énergie (PNEC) l’an prochain. Avec l’espoir que notre pays endosse un rôle de pionnier.

Interview PIERRE PAILLER Photo ROMAIN GAMBA

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