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« Il faut revoir la taxe d’abonnement »

L’industrie des fonds a été touchée par une forte vague de rachats en 2022, mais dégage de nouvelles zones de croissance grâce aux actifs privés et aux investissements durables.

Camille Thommes, directeur général de l’Alfi, évoque les enjeux de la compétitivité du secteur.

En 2022, les actifs des fonds domiciliés au Luxembourg ont reculé de près de 14 %. Comment interpréter ce recul ?

Le secteur avait connu une croissance sans précédent au cours des dernières années jusqu’en mars 2022, notamment grâce à l’évolution positive des marchés financiers et l’abondance de liquidités. La donne a ensuite changé autour de mars 2022. À la suite de la guerre en Ukraine, l’industrie des fonds est entrée dans une période d’incertitude avec une volatilité des marchés financiers. Nous avons également enregistré une hausse des taux d’intérêt et une inflation élevée que beaucoup d’entre nous n’ont pas connues pendant de longues années, combinées à des craintes de récession. Tous ces éléments ont eu un impact sur les marchés et, par conséquent, sur les actifs des fonds. Il est donc clair que le Luxembourg, en tant que place financière internationale, n’est pas à l’abri de tels développements. Il en a résulté un recul des actifs dont une grande partie revient aux effets négatifs des marchés financiers.

Y a-t-il une corrélation entre les rendements des fonds et les volumes des actifs sous gestion ?

La pression sur les marges et les coûts pour les gestionnaires ne cesse de croître dans un environnement qui est volatil. Ils font face à une situation de fluctuation des marchés qui les oblige à réduire leurs coûts et à prendre des décisions difficiles quant aux investissements à réaliser. L’environnement actuel a évidemment un impact sur les actifs sous gestion, et donc, en corollaire, sur les chiffres d’affaires et les revenus générés par les gestionnaires. Ces aspects ont toute leur importance pour un secteur qui opère dans un environnement international très compétitif, où la maîtrise des coûts est essentielle pour rester attrayant.

Les marchés financiers témoignent d’un certain rebond depuis le début de l’année. Le recul des actifs sous gestion ne serait-il que temporaire ?

La volatilité reste d’actualité. De l’avis de certains économistes, nous pouvons nous attendre à une détente autour du troisième trimestre de cette année, couplée à une stabilisation des taux d’intérêt en Europe. Évidemment, nous souhaitons que ça reparte, mais l’incertitude reste de mise.

La majorité des fonds à ne pas connaître d’afflux négatif sont ceux qui sont classés comme ESG. Comment interpréter ce phénomène ?

Il y a tout simplement un intérêt grandissant de la part des investisseurs institutionnels et de détail à placer leur argent dans des produits dont l’objectif est d’investir dans des sociétés durables et sensibles au changement climatique. Il y a une prise de conscience. De manière générale, la finance durable a pour vocation de devenir un processus essentiel pour les acteurs de la gestion collective. Pour leur part, les entreprises sont engagées pour atteindre le net zéro carbone d’ici 2050.

C’est à la fois vital pour la planète, mais cela représente aussi une multitude d’opportunités pour les gestionnaires. Par conséquent, l’offre de capital aligné sur le climat de la part des clients institutionnels et privés devrait continuer à augmenter.

Est-ce que la demande ne va cependant pas plus vite que l’offre en matière d’ESG ?

Oui, dans un certain sens. L’univers des entreprises d’investissement qui peuvent être purement considérées comme vertes est assez réduit. Nous nous trouvons dans une période de transition où, d’une part, les entreprises sont obligées, à partir de cette année, de divulguer les données sur le degré de durabilité dans leurs activités industrielles et, d’autre part, les gestionnaires de fonds doivent prendre en compte ces données pour en informer de manière adéquate leurs clients. Cette transition prendra plusieurs années.

Les gestionnaires d’actifs sont-ils suffisamment outillés pour faire face à cette transition ?

La charge de travail liée à l’impact de la mise en conformité pour l’industrie est très lourde. Il y a aussi un manque de disponibilité des données pour s’assurer que les investissements répondent aux critères requis. Non seulement il y a un manque

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