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Eltif, véhicule de choix des actifs illiquides ?

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SAVE THE DATE!

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La seconde version d’Eltif (European Long-Term Investment Funds) arrive en 2023. Suite à sa révision, ce véhicule devrait devenir un instrument de choix pour les investisseurs désireux

C’est la nouvelle sensation des marchés financiers, dont on entend parler quasi quotidiennement. Pourtant, le véhicule Eltif (European Long-Term Investment Funds) a été créé en 2015. Pourquoi, dès lors, a-t-il fallu tant d’années pour qu’il devienne si populaire ? « Cet instrument, créé dans le sillage de la crise financière de 2008 pour aider à reconstruire l’économie européenne, avait déjà été accueilli avec enthousiasme à l’époque, explique Dietmar Klos, real estate sector leader au sein d’EY Luxembourg. En donnant la possibilité tant aux professionnels qu’aux investisseurs de détail d’accéder à une grande diversité d’actifs réels – tangibles, non cotés en Bourse – dans toute l’Europe, Eltif avait tous les atouts pour devenir un véhicule de choix dans le cadre de stratégies d’investissement alternatives. »

Mais aussi séduisante qu’ait été la théorie, la mise en pratique d’Eltif s’est avérée plus délicate. « La liste des actifs éligibles était trop restrictive, rendant complexe la mise au point de produits permettant d’offrir les rendements espérés par les investisseurs, poursuit Dietmar Klos. Les investisseurs institutionnels ont donc eu du mal à percevoir la réelle plusvalue d’Eltif par rapport à d’autres véhicules alternatifs bien connus. Il faut ajouter à cela, concernant les investisseurs de détail, des exigences en matière de monitoring et de substance rendant l’option Eltif peu attractive. »

Une révision dans un contexte favorable Si Eltif a donc fait un flop au cours de ses premières années d’existence, l’intérêt pour ce véhicule est allé croissant à partir de 2020. « De 2015 à 2020, seuls 20 Eltif avaient été enregistrés dans l’ensemble de l’Union européenne. Aujourd’hui, on en compte 84 », relève ainsi Norman Finster, alternative investments consulting leader chez EY Luxembourg. Plusieurs raisons expliquent cet engouement récent. « Je pointerais tout d’abord la solidité de la ‘marque’ Eltif en matière d’investissement durable, un sujet très à la mode. Par ailleurs, je pense qu’un certain nombre de gestionnaires de fonds ont cherché à démontrer leur expertise sur ce véhicule avant l’entrée en vigueur d’Eltif 2.0  », ajoute le partner d’EY Luxembourg.

C’est que la version revue et corrigée d’Eltif, qui entrera en vigueur dès le premier trimestre 2023, mais ne s’appliquera réellement que neuf mois plus tard, risque bien de faire mouche. Elle corrige en effet l’ensemble des problèmes rencontrés avec sa première version. « Tout d’abord, le gestionnaire de fonds aura la possibilité de réaliser des co-investissements dans d’autres fonds ou véhicules, à condition qu’il ait préalablement pris des mesures au niveau du fonds Eltif afin de limiter les risques de conflits d’intérêts. Ce n’était pas le cas avant, et c’est un changement très important, estime Norman Finster. Ensuite, le spectre des actifs éligibles va s’élargir, permettant d’investir dans des fonds alternatifs européens gérés par des AIFM déjà investis dans des actifs Eltif, mais aussi dans des obligations vertes ou des titrisations standardisées. »

Un potentiel très important

Parmi les autres nouveautés, on peut citer la fin du ticket d’entrée minimal fixé à 10.000 euros, la possibilité d’investir dans un plus grand nombre d’entreprises (toutes celles avec une capitalisation allant jusqu’à 1,5 million d’euros, contre 500.000 euros auparavant), la diminution de l’allocation liée aux investissements illiquides de 70 à 55 % et l’augmentation de celle dédiée aux investissements liquides de 30 à 45 %.

« Le tout permet un meilleur profil de liquidité pour les investisseurs. L’amendement des règles de diversification qu’introduit Eltif 2.0 va aussi faciliter leur gestion », précise Norman Finster. Notons encore que l’effet de levier ne sera plus limité à 30 %, mais à 50 % pour les Eltif dédiés aux investisseurs retail, et que, en ce qui concerne la distribution, le régime d’Eltif sera conforme aux exigences de Mifid II. Cette refonte a toutes les chances de faire de ce véhicule un incontournable au cours des prochaines années. « Eltif est un véhicule ‘one size fits it all’ pour les actifs illiquides, qui peut être utilisé par des investisseurs tant de détail qu’institutionnels. Il limite aussi les risques et offre des rendements intéressants. En plus, à la différence des AIF, il peut être distribué dans toute l’Europe sans devoir tenir compte de réglementations nationales supplémentaires », explique Dietmar Klos. Le Luxembourg, où sont enregistrés plus de 50 % des Eltif créés à ce jour, pourrat-il faire de ce véhicule une nouvelle successstory digne de celle des Ucits ? « Il y a une réelle opportunité, mais il faudra, pour cela, que les gestionnaires, administrateurs et distributeurs de fonds du pays se préparent correctement à cette nouveauté, notamment en ajustant leur modèle opérationnel à ses particularités », conclut Norman Finster.

En Europe, on compte désormais 84 fonds Eltif enregistrés. Plus de la moitié (48) sont enregistrés au Luxembourg. Le pays tire ainsi profit de son riche écosystème en matière de fonds, même si les acteurs devront s’adapter aux particularités d’Eltif.

Pourquoi si peu d’Eltif immobiliers ?

Eltif a été conçu dès le départ comme un outil permettant d’investir dans des actifs réels, dont fait évidemment partie l’immobilier. Pourtant, très peu d’Eltif ont aujourd’hui été créés dans l’intention d’investir dans l’immobilier. Cette situation est-elle due au ralentissement qu’on constate sur le marché, au Luxembourg comme dans le reste de l’Europe ? « L’une des raisons qui expliquent le petit nombre d’Eltif développant des stratégies real estate est plutôt la nature même de la réglementation. Celle-ci vise en effet à s’assurer que les capitaux placés dans des structures Eltif soient dirigés vers des projets contribuant à placer l’Union européenne sur le chemin d’un développement intelligent, durable et inclusif, explique Norman Finster. Or, toutes les stratégies d’investissement en immobilier ne répondent pas à ces critères. Au contraire, les investissements en infrastructure – que l’on parle d’énergie, de transport ou d’infrastructures sociales – sont bien mieux adaptés aux objectifs d’Eltif. C’est la raison pour laquelle les Eltif dédiés aux actifs en infrastructure sont pour l’instant bien plus nombreux que les Eltif en immobilier »

La seconde version d’Eltif clarifie toutefois le fait qu’il n’y a pas d’exigence ESG spécifique pour les investissements immobiliers réalisés à travers une structure Eltif. De quoi relancer la machine et voir exploser le nombre de fonds dédiés à l’immobilier ? « Le nouveau régime augmente clairement l’attractivité du véhicule Eltif, non seulement pour l’infrastructure et le financement de PME, mais aussi pour l’immobilier, estime Dietmar Klos. C’est d’autant plus vrai dans un contexte où l’appétit des investisseurs institutionnels et de détail pour le privaty equity et la dette va croissant. » Pour voir les fonds Eltif se développer dans le futur, que ce soit par rapport à des actifs immobiliers ou autres, le rôle des distributeurs sera cependant crucial. « Les banques et les conseillers financiers devront être capables de conseiller leurs clients sur l’intérêt d’Eltif. Or, ces réseaux de distribution ainsi que les investisseurs retail eux-mêmes n’ont que peu d’expérience en matière de produits d’investissement alternatif. Il y a donc encore un important effort de pédagogie à produire pour que les fonds Eltif soient un réel succès dans cette industrie », ajoute Norman Finster.

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