Graduation thesis-Extensive campaign

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VASTE CAMPAGNE Réflexions sur les outils et les acteurs qui aménagent le territoire des campagnes wallonnes

Manel Chaouch





Vaste campagne Réflexions sur les outils et les acteurs qui aménagent le territoire des campagnes wallonnes



Année académique 2020-2021

VASTE CAMPAGNE Réflexions sur les outils et les acteurs qui aménagent le territoire des campagnes wallonnes Manel Chaouch

École supérieure des Arts Mémoire de fin d’études Master en design d’innovation sociale



Merci aux professeurs de ces cinq dernières années qui m’ont amené jusqu’ici. Merci à mon promoteur, Olivier Gilson, pour ces conseils avisés. Merci à Karima Haoudy, ma lectrice externe, qui a été d’une grande inspiration. Merci à Vincent Palexis, mon lecteur interne, qui a accepté de s’intéresser à mon sujet. Merci aux différentes personnes qui ont pris le temps de m’écouter et de répondre à mes questions. Parmi eux, un remerciement particulier à Hélène Ancion, avec qui les discussions ont été plus qu’enrichissantes. Merci à ma famille pour son soutien et ses encouragements. Merci à Nathalie pour sa relecture et ses messages d’espoir. Merci à Antoine, de toujours croire en moi. Merci à toutes les personnes qui n’ont pas été citées et qui m’ont aidé à rédiger ce travail de fin d’études.


SOMMAIRE REMERCIEMENTS PRÉFACE PARTIE

1

RETOUR DANS LE TEMPS

Chapitre 1 : Définitions Chapitre 2 : Les prémices du monde rural Chapitre 3 : La population, entre ruraux et néoruraux Chapitre 4 : Des ruralités au pluriel

PARTIE

2

BIENVENUE EN WALLONIE RURALE

Chapitre 1 : L’aménagement du territoire rural wallon (et ses enjeux) Chapitre 2 : Les outils et les acteurs de l’aménagement du territoire et du développement rural

p.9 p.12

p.15 p.17 p.23 p.31 p.41

p.47 p.51

p.67

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PARTIE

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RÉFLEXIONS SUR LES OUTILS ET LES ACTEURS QUI AMÉNAGENT LE TERRITOIRE DES CAMPAGNES WALLONNES

Chapitre 1 : Retour sur les outils et les acteurs de l’aménagement du territoire et du développement rural Chapitre 2 : Quelques recommandations

CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

p.87

p.91

p.101

p.114 p.117 p.127

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PRÉFACE Question de départ

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Jusqu’à mes 12 ans, j’ai grandi dans le lotissement « Quatre sapins » à Wavre. Entourée de villas et de grands jardins, j’y ai passé une enfance heureuse. Mais nous voilà partis pour nous installer à Corbais, un petit village de la commune de Mont-Saint-Guibert. La maison est à nouveau grande tout comme le jardin et les champs d’Henricot nous servent de voisins. L’église est notre nouveau point de repère, à nous la vie à la campagne ! Tous les matins, mon père se rend à Bruxelles pour y travailler tandis que ma mère nous dépose à l’école en voiture. Pour aller faire nos courses, nous allons au Carrefour ou à l’Intermarché à moins de 5 min en voiture. Pour les loisirs comme aller au cinéma, faire du shopping ou aller faire du sport, nous optons pour Louvain-La-Neuve, la ville voisine. En 10 ans, le village s’est métamorphosé et ces dernières années, j’ai participé sans le conscientiser, à ces changements majeurs.

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Dans une première partie, nous voyagerons à travers ces cinquante dernières années pour découvrir les phénomènes qui ont conduit la campagne et sa population à celle d’aujourd’hui. Lors d’une seconde partie, nous ferons halte en Wallonie rurale et à la campagne des Plateaux brabançons et hesbignons. Nous y apprendrons comment le territoire y est aménagé et comment cela impacte la campagne. Nous y rencontrerons également les acteurs et les outils qui façonnent ce territoire rural. Enfin, une troisième partie clôturera notre chemin avec un avis objectif sur les outils et les acteurs vus au sein de la partie précédente. J’alimente cet avis avec des recommandations pour finalement se poser les questions suivantes : comment les dynamiques citoyennes s’émancipent des outils politiques mis-en place, pour répondre d’une autre manière aux enjeux de l’aménagement du territoire rural ? Et quel rôle le designer d’innovation sociale a-t-il ? Bonne lecture.

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PARTIE Retour dans le temps « L’espace rural est en effet le théâtre complexe de pratiques, de valeurs et de représentations qui évoluent, se modifient et se recomposent dans des mouvements de continuité ou de rupture.» A. Coppens, B. Dawance, M. Grandjean, M. Haine, R. Harou, N. Martin, C. Meuris, C. Tauvel. Les défis des espaces ruraux, ANALYSE DE DIX DYNAMIQUES, Sous la direction scientifique de M.-F. Godart et Y. Hanin, Notes de recherche CPDT • n°65 • février 2016

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CHAPITRE 1

Définitions

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Il est important dans un premier temps, de définir le cœur de cette recherche théorique et donc de définir le rural, aussi appelé campagne, milieu rural ou milieu campagnal1. Le terme « ruralité » est défini comme « le caractère de ce qui est « rural ». Il est « l’ensemble des valeurs et de la culture propre au milieu rural ou à la condition des campagnards2». Sa définition est souvent liée à sa faible densité démographique, « mais également à la faible densité de constructions, d’emplois, d’équipements, de commerces, de services, de voies de communication (...)3». La campagne est connue pour être le noyau des activités agricoles. Selon le dictionnaire Larousse, la définition de « rural, rurale, ruraux » cite : « qui concerne la campagne, les paysans, l’agriculture.» Cependant, on peut lire dans le dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés de Jacques Lévy et Michel Lussault, que le rural désigne globalement « les campagnes dans leur complexité sans réduire celles-ci aux manifestations des activités agricoles ». À ces premiers aspects de la définition, s’ajoute celui dichotomique entre la campagne et la ville. « La campagne, aussi appelée milieu campagnal ou milieu rural, désigne l’ensemble des espaces cultivés, naturels ou semi-naturels habités, elle s’oppose aux concepts de ville, d’agglomération ou de milieu urbain4». [1] Tout au long de cet écrit, «espace rural», «milieu rural» et «campagne» seront considérés comme des synonymes pour parler du même type de territoire. 2 Laurent RIEUTORT. Du rural aux nouvelles ruralités, revue internationale d’éducation de Sèvres, 2012, p. 43-52. 3 R CHAPIUS. «Espace rural», Encyclopédie en ligne Hypergéo, cité par Laurent RIEUTORT. Du rural aux nouvelles ruralités, revue internationale d’éducation de Sèvres, 2012, p. 43-52. 4 Définition Wikipédia de « campagne », https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne.

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Selon la classification du service public de Wallonie agriculture, ressources naturelles et environnement1, une commune est dite « rurale » si plus de 85 % de sa surface est composée de territoires ruraux. Une commune est dite « semi-rurale » si de 60 à 85 % de sa surface est composé de territoires ruraux.

Source : https://agriculture.wallonie.be/documents/20182/39024/Indicateur_ruralite_SPW-DGO3.pdf/1af199a3-055b4bc7-866e-2b1bac7f7087

1 SPW agriculture, ressources naturelles et environnement, https://agriculture.wallonie. be/documents/20182/39024/Indicateur_ruralite_SPW-DGO3.pdf/1af199a3-055b-4bc7866e-2b1bac7f7087.

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Un territoire rural est un territoire dont la densité de population est inférieure à 150 habitants/km2 et où 80 % du territoire est des espaces ruraux. Les espaces ruraux sont des « territoires agricoles », des « forêts et milieux semi-naturels » et des « zones humides » telles que définies par la carte d’occupation du sol de Wallonie. Nous verrons dans les prochains chapitres que ces définitions sont plus complexes et qu’elles ont depuis lors, bien évoluées.

Extrait d’un plan d’occupation du sol de Wallonie, Fernelmont. Source : https:// geoportail.wallonie. be/walonmap#B-

« La campagne est embrouillée entre histoires et représentations mentales. Elle reste à inventer et à s’imposer entre la nostalgie et la négation, entre le productivisme et l’utopie. Elle s’inscrit dans une dimension imprévue de la modernité, celle d’établir une contre-production, un contre-modèle. Pour cela, elle [la campagne] doit « déconstruire » les représentations dont elle est victime1.»

1 FARINELLI, B. L’avenir est à la campagne : solidarité, proximité, autosuffisance, alternative. Sang de la terre, 2008, p.26-52.

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CHAPITRE 2

Les prémices du monde rural

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Lors de ce chapitre, nous allons parcourir le temps à travers ces 50 dernières années qui pour la campagne belge et Wallonne, ont été décisives. Nous allons comprendre comment, pourquoi et pour qui la campagne s’est métamorphosée. Exode rural

Époque contemporaine, révolution industrielle & exode rural

Moyen-Âge

476

1453

1830

1945

Depuis le Moyen Âge, le pays était partagé entre deux paysages différents. D’un côté, la ville, synonyme de modernité et de richesse est limitée physiquement pas des remparts ; de l’autre, la campagne, reflet de la pauvreté, lieu où se trouvaient les paysans, les artisans et les agriculteurs. La campagne se trouvait autour des enceintes de la ville. Source : https://archive.org/details/labelgiqueillust00dumo/page/32/ mode/2up

Durant l’époque industrielle, la ville commence à s’étendre en éjectant les activités industrielles en dehors des remparts. C’est à partir de ce moment et jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, que l’exode rural débute. La première cause de cet exode est le développement industriel et commercial des villes. En effet, la ville offre dés lors, l’opportunité de nouveaux emplois, de meilleurs salaires et d’un logement plus adéquat. 24


Les campagnards quittent alors leur campagne et participent sans le savoir au début du manque d’attractivité, de services et d’équipements des zones rurales. Une autre cause de l’exode rural, découle d’un désir de mode de vie citadin, plus dynamique. Cette migration du rural vers l’urbain entraîne une phase d’industrialisation et le début du mouvement d’urbanisation. L’urbanisation Urbanisation de la campagne

1960

L’exode rural provoque donc une augmentation de la population urbaine et une extension de sa surface sur le territoire rural. Dès les années 1960, le phénomène «d’urbanisation des campagnes » apparaît. « L’urbanisation est la diffusion d’une culture urbaine. On dit d’un espace qui s’urbanise, qu’il subit une croissance de la population [...]1». Au même moment, le développement des infrastructures routières s’accélère pour relier espaces urbains et espaces ruraux. La campagne commence à subir de lourdes transformations jusqu’aux années 1970, où la ruralité est réinterrogée et redéfinie non plus uniquement comme un espace agricole mais comme un espace de réinvention et de diversité. De là, découle un nouveau type d’espace entre rural et urbain, le périurbain.

1 Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Urbanisation

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Le périurbain Périurbain

1970

Selon le dictionnaire Larousse, le périurbain est défini comme « à proximité immédiate d’une ville.» La périurbanisation est quant à elle définit comme une « urbanisation qui s’étend au-delà des banlieues ou de la périphérie d’une ville. » La population découvre la campagne Source : CPDT, confécomme le parfait rence permanente du développement endroit pour y installer territorial, Atlas des Paysages sa résidence permade Wallonie 2, Les Plateaux brabançons nente ou secondaire. et hesbignons Assez proche de la ville pour continuer à y travailler, une dissociation entre espaces de vie et de travail se crée. Aujourd’hui encore, plus de quatre cinquièmes des personnes ont leur lieu de travail en Région de Bruxelles-Capitale mais n’y résident pas1. Ce phénomène impact fortement l’occupation du sol dû au nombre d’infrastructures routières et de maisons ou lotissements construits. Pour donner une indication des évolutions de l’occupation du sol, de 1980 à 2020, les parcelles bâties ont doublé pour laisser place aux quartiers pavillonnaires, semblable au phénomène de « clubbisation » ou clubs résidentiels qu’aborde Eric Charmes2. Ce fait a eu comme conséquence une augmentation des prix fonciers qui résulte de la concurrence pour l’occupation du sol. 1 Source : stabel, l’Office Belge des Statistiques, https://statbel.fgov.be/fr. 2 Eric CHARMES. La ville émiettée : Essai sur la clubbisation de la vie urbaine, 2015.

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Source : CPDT, conférence permanente du développement territorial, Atlas des Paysages de Wallonie 2, Les Plateaux brabançons et hesbignons

On remarque sur cette illustration, l’augmentation considérable concernant les villas et maisons de campagne.

Ainsi, le périurbain a été conçu exclusivement d’un point de vue urbain et non pas sur une réflexion de la relation ville/campagne ou du devenir de la campagne. Alors qu’Alberto Magnighi aborde la situation comme un acte de déterritorialisation1, l’architecte P. Vertesgh2 évoque une « extinction conceptuelle de la ruralité ». Pourtant, le périurbain n’était pas vécu comme une ville ou comme une campagne urbaine, mais bien comme un espace rural. Dans le texte de Bertrand Schmitt et Florence Goffette-Nagot3, le périurbain est nuancé en deux catégories d’espaces ruraux à distinguer : les espaces ruraux sous l’influence des villes, aussi intitulés, « ville dispersée » où 1 Alberto MAGNAGHI. Le projet local, 2011, cité par Obéline PANIÉ-DUJAC. Campagnes en projet, Mémoire de recherche, 2018.

2 Valérie JOUSSEAUME. Suffit-il de densifier ? Trois réflexions sur les enjeux d’un urbanisme rural contemporain, 2017. 3 Bertrand SCHMITT et Florence GOFFETTE-NAGOT. Définir l’espace rural? De la difficulté d’une définition conceptuelle à la nécessité d’une délimitation statistique, p. 42-55

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« rural urbanisé » et les territoires ruraux éloignés des villes. La saturation des communes périurbaines a poussé à aller chercher plus loin, jusque dans les communes rurales éloignées. On parle de rurbanisation. La rurbanisation Rurbanisation de la campagne

1970-1980

La rurbanisation est une évolution rurale non-périurbaine. Pour rappel, la périurbanisation correspond à l’urbanisation des communes entourant une agglomération urbaine tandis la rurbanisation correspond l’urbanisation des communes rurales plus éloignées. Selon C.Christians1, « la rurbanisation est caractérisée par l’évolution du monde rural vers un genre de vie mixte sans qu’il ne s’agisse d’un « déversement d’une ville proche »». Au plan social, la population s’est diversifiée et au plan culturel, la mise en place d’une défense et d’une valorisation de la culture, des traditions et paysages ruraux a été instauré. Des transformations ont aussi eu lieu au plan économique grâce à une multiplication des activités agricoles, artisanales et une diversification des services proposés. 1 C.CHRISTIANS cité dans Thierry ÉGGERICKX et Catherine CAPRON. Rurbanisation et périurbanisation dans le centre de la Wallonie : une approche socio-démographique, 2001, p. 123-137.

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La contre-urbanisation Contre-urbanisation de la campagne

1980

Vers 1980, le retour au rural prend une nouvelle tournure. Certains évoquent une « renaissance rurale », le rural est choisi, car il permet de retrouver un “retour au local”, une sociabilité de proximité. Comme dit précédemment, de plus en plus de communes rurales en dehors de l’influence urbaine sont repeuplées et ces communes ne visent pas le développement des villes. C’est ce qu’on appelle le phénomène de contre-urbanisation. Ville ou campagne ? Une société « globale »

1990

À partir de 1990, de nouvelles lectures de la ruralité sont proposées. La campagne devient le foyer de l’environnement et la « nature ». Elle devient alors un objet à protéger ou à mettre en valeur et qui touche toute la société « globale ». La coupure ville-campagne est également remise en cause. Pendant que les urbains rêvent de la campagne, les ruraux adoptent des modes de vie urbanisés. Malgré cela, les représentations que l’on se fait de la campagne restent inchangées.

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CHAPITRE 3

La population rurale, entre ruraux et néoruraux

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Si l’on caricature, historiquement, la campagne était habitée par des campagnards ou des paysans vivant de l’agriculture et la ville était habitée par des ouvriers travaillant dans l’industrie. De nos jours, la majorité de la population habitant à la campagne n’est plus liée à l’agriculture. En effet, une nouvelle population, de plus en plus mobile avec la généralisation de l’automobile, s’installe en campagne. Ces citadins, émigrants vers les régions rurales, sont appelés «nouveaux arrivants» ou «néo-ruraux»1.

Des vagues d’arrivées Daniel Léger explique dans son texte « Les utopies du « retour»2», que les néoruraux sont arrivés selon différentes vagues. Chacune de ces vagues caractérisait un mouvement et une envie particulière. Un besoin de fuir la ville, la recherche d’un nouveau mode de vie ainsi que d’un cadre de vie et enfin, un mouvement écologiste, marginal qui fera naître la « conscience écologique » de toute la société. En résumé, les agriculteurs ne sont plus les principaux usagers du rural ; ils en sont devenus des occupants parmi d’autres. 1 Danièle LÉGER. Les utopies du «retour», actes de la Recherche en Sciences Sociales, 1979, p. 45-63. 2 Ibid.

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Pour beaucoup, les installations rurales sont à considérer comme un phénomène de société. Mais quelles étaient les motivations qui ont poussé ces migrants à devenir ruraux ? Des motivations diverses Pour mieux cerner les motivations de ces migrants, il importe dans un premier temps de se demander, voulaient-ils fuir la ville ou étaient-ils attirés par la campagne ? À l’époque où ils se sont établis à la campagne pour y vivre, les néoruraux n’étaient pas nécessairement mécontents de la vie qu’ils menaient en ville. Bien que leurs motivations individuelles soient variées, le désir de vivre dans un milieu plus « naturel », d’agrandir leur espace de vie et l’attractivité des prix immobiliers, semblaient suffirent à quitter la ville, surtout lorsque les politiques incitaient au déménagement. Il y a une dizaine d’années, la commission locale du développement rural ainsi que le conseil communal de Martlelange, ont pris la création de construire un ensemble de plusieurs logements neufs (logements tremplins) pour les jeunes ménages. Dans le bail de location, est prévue la capitalisation d’une somme de 100€ par mois, mais cet argent est restitué aux ménages qui s’installent définitivement dans la commune. En d’autres mots, on poussait à la construction dans la commune pour la rendre plus dynamique.

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Source : Habiter la campagne aujourd’hui, quels biens communs possibles entre anciens citadins et ruraux ? 2016, https:// issuu.com/maudn/ docs/m__moire_ maud_nunez

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Lors de récentes interviews, le désir du cadre vert et de l’isolement social se confirmait largement. Sur 100 personnes...

85,9 %

Cadre vert

76, 8% Calme

28,3 %

Prix de l’immobilier

25,3 %

Sociabilité

D’autres motivations comme des changements dans la sphère privée et professionnelle, comme l’envie de pratiquer l’agriculture ou d’ouvrir un gîte touristique, étaient aussi évoquées. De nombreuses autres raisons peuvent être citées, mais généralement, les néoruraux étaient surtout attirés par les attraits de la campagne, plutôt que de vouloir fuir la ville. Il est certain que l’arrivée de nouveaux habitants a modifié « la démographie, l’économie, l’environnement, les paysages, l’habitat, les rythmes et les modes de vie »1. Nous allons à présent voir les défis et les opportunités que l’arrivée de ces néoruraux au sein du milieu rural, a engendrés. Les défis Comme énoncé au chapitre précédent, il est encore difficile d’abandonner les images survalorisantes que l’on peut avoir de la campagne. Cependant, la campagne ne correspond plus à ces imaginaires. Cette différence de représentations et de valeurs entre ruraux et néoruraux 1 Louis ROY, Sylvain PAQUETTE et Gérald DOMON. La campagne des néoruraux : motifs de migration, territoires valorisés et usages de l’espace domestique, 2005, p. 11-182.

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semble être la plus grosse source de différends entre eux. Rural, urbain ou rurbain ? Le professeur et chercheur Y.Luginbuhl, dans sa conclusion pour l’ouvrage « Nouvelles urbanités, nouvelles ruralités en Europe1», propose 4 axes pour aborder la question de l’identité villageoise. Ces 4 comportements permettent de définir une tendance plutôt villageoise ou citadine. Bien souvent, le profil du « rurbain », c’est-à-dire, personne vivant entre deux contextes, le rural et l’urbain, est majoritaire et cela malgré la revendication d’une appartenance à la campagne. Vivre en communauté Julie Ruiz et Gérald Domon2 ont avancé la notion de « communautés de relations au paysage ». Leur but était de dépasser le lieu d’origine de la personne pour créer une communauté. Selon eux, « la notion de « communauté de relations au paysage » vise à regrouper des individus « qui ont une expérience commune, à travers une utilisation similaire du territoire ». Mais l’utilisation est-elle justement la même ?

1 Yves LUGINBUHL, Nouvelles urbanités, nouvelles ruralités en Europe, 2000. 2 Julie RUIZ, Gérald DOMON. Les communautés de relations au paysage, l’expérience socio-spatiale avec le territoire comme nouveau cadre pour l’analyse des populations rurales, dans Géographie, économie, société 2013, Vol. 15, p. 139-160.

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Source : https://present.fr/2019/07/23/quand-les-neoruraux-prennent-la-campagne-pourun-immeuble/

L’aménagement du territoire Dans son mémoire, Ruralités & transformations, Thibaut Dury cite : « le principal problème des territoires ruraux suite à la perte de leurs agriculteurs, fut et reste encore à ce jour, le prix dérisoire du foncier des terres agricoles véritables mines d’or pour l’urbanisme et son art d’étendre les villes.» En matière d’aménagement du territoire et du point de vue de la ville, la campagne est devenue un terrain de jeu et un décor rêvé. Le territoire rural est pour ainsi dire, complémentaire avec l’urbain. C’est pourtant opposé à cette optique de complémentarité que les néoruraux expriment leurs besoins.

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En effet, les services proposés en campagne n’étant pas suffisants pour les néoruraux, la plupart des décisions du territoire ne sont plus pensées et décidées par les habitants ruraux de souches, mais pas les néoruraux. Répondre aux besoins exprimés par ces nouveaux habitants dans le respect d’une identité rurale tout en n’oublions pas d’intégrer les locaux, tel est le défi lancé aux acteurs du développement territorial. Les opportunités Au-delà des divergences qui opposent anciens et nouveaux résidents, il arrive de déceler des éléments de convergence et des enjeux favorisant l’émergence de nouvelles solidarités. Vu comme un défi pour certains, d’autres voient l’arrivée des néoruraux comme une opportunité d’amener de nouveaux services publics et culturels en campagne. Parallèlement, l’émergence des nouvelles fonctions rurales résidentielles et touristiques apparaît1. Pour beaucoup, les motivations qui guident le choix de son lieu de vacances deviennent les mêmes que celles qui guident le choix de son lieu de résidence.2 1 Magali TALANDIER, Géographie et impacts socioéconomiques des migrations d’agrément dans les espaces ruraux français. [2] Ce point peut-être également appréhender d’un point de vue négatif.

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Dans le texte de Magali Talandier, « Géographie et impacts socioéconomiques des migrations d’agrément dans les espaces ruraux français1», les secteurs « productifs » (l’industrie et l’agriculture) et les activités tertiaires, occupent une position prépondérante dans la structure de l’emploi rural. Du point de vue d’Olivier Mora, ces activités se rapprochent de ce qui est appelé, l’économie présentielle. « On parle d’une « économie présentielle » pour décrire les activités économiques et les besoins de service générés par la population présente sur un territoire2.» Ces nouvelles entreprises jouent donc un rôle crucial dans le développement économique et la revitalisation des zones rurales. A celles-ci, s’ajoute également le développement du secteur agricole qui se diversifie notamment par la vente directe et l’intégration d’activités non-agricoles (accueil à la ferme). Depuis peu, les agriculteurs tout comme pour la population rurale se sont rendu compte de l’importance des pratiques agricoles sur l’environnement, sur la santé et sur sa dimension paysagère. Aujourd’hui, ruraux, néoruraux et même urbains s’allient face à des causes et des valeurs qui touchent toute la société.

1 Magali TALANDIER, Géographie et impacts socioéconomiques des migrations d’agrément dans les espaces ruraux français. 2 Olivier MORA. Les nouvelles ruralités à l’horizon 2030.

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CHAPITRE 4

Des ruralités au pluriel

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En 2014, le réseau wallon du développement rural a lancé une étude prospective intitulée « les territoires ruraux wallons en 20401 ». Cette étude mettait en avant 4 différents scénarios d’usage, dans le cas d’une ruralité wallonne. Aujourd’hui, ces scénarios représentent, quatre réalités différentes sur le même territoire. En effet, la définition de la ruralité a longtemps résidé d’un combat entre différents groupes sociaux qui tentent d’imposer leur vision et leurs représentations d’une ruralité unique. Mais après plus de 50 ans, la ruralité d’autrefois, homogène et éternelle se décline en une ruralité plurielle sur plusieurs aspects. Sur le plan géographique avec les zones rurales, les zones semi-rurales, les zones périurbaines, etc. Sur le plan économique, avec une économie globale et locale. Sur le plan social avec les ruraux, les néo-ruraux, les touristes, etc. Sur le plan environnemental, avec une campagne agricole, paysagère, forestière, etc. Et enfin, sur le plan politique avec les multiples outils et échelles d’action.

1 Source : https://fr.calameo.com/read/0015609790233bee59be1

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Scénario A : la campagne absorbée : sur-urbanisation

Scénario B : la campagne du marché écologique

Scénario C : la campagne des filières productives

Scénario D : la campagne de la sobriété, scénario de rupture

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En Wallonie, la campagne des Plateaux brabançon et hesbignon n’est pas celle de l’Ardenne centrale, ni celle de la Plaine et le bas-plateau Hennuyers situé au nordouest de la Wallonie. Celles-ci sont multiples et variées, loin de l’image véhiculée d’un territoire uniforme. En Wallonie brabançonne et hesbignonne, on retrouve la campagne agricole, la campagne multifonctionnelle et la campagne périurbaine1. Lors de la seconde partie, nous nous intéresserons à l’aménagement rural en Wallonie et plus particulièrement à cette campagne des Plateaux brabançon et hesbignon, dans laquelle je vis.

1 DE WITTE, Céline, NEURAY, Claire, NIELSEN, Marc, PONS, Thaïs, VAN DER KAA, Claire. Atlasdes Paysages de Wallonie, les Plateaux brabançons et hesbignons. Conférence Permanente du Développement Territorial.

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Source : CPDT, conférence permanente du développement territorial, Atlas des Paysages de Wallonie, La Plaine et le bas-plateau Hennuyers

Source : CPDT, conférence permanente du développement territorial, Atlas des Paysages de Wallonie, L’Ardenne centrale

Source : CPDT, conférence permanente du développement territorial, Atlas des Paysages de Wallonie, Les Plateaux brabançon et hesbignon

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2

PARTIE Bienvenue en Wallonie rurale

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Durant ces dernières décennies, la Wallonie n’a cessé d’accroître son autonomie et d’étendre son champ de compétence. Ses compétences actuelles sont : l’économie, l’emploi, la formation, la recherche, le commerce extérieur, le logement, l’action sociale, la santé, l’aide aux personnes, la famille, les allocations familiales, l’aménagement du territoire, les travaux publics, les transports, la mobilité, l’énergie, les pouvoirs locaux, les infrastructures sportives, le tourisme, l’environnement, l’eau, l’agriculture, la rénovation rurale, la conservation de la nature et les relations internationales dans le cadre des matières régionales1.

1 Source : https://www.wallonie.be/fr

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Source : CPDT, conférence permanente du développement territorial, Atlas des Paysages de Wallonie 2, Les Plateaux brabançon et hesbignon

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CHAPITRE 1

L’aménagement du territoire rural Wallon (et ses enjeux)

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L’aménagement du territoire Reprenons notre Larousse pour lire que l’aménagement du territoire, c’est une : « politique consistant à rechercher, dans le cadre géographique national, la meilleure répartition des activités économiques en fonction des ressources naturelles et humaines ». L’union des villes et des communes le définit comme : « (...)l’action d’une collectivité sur son territoire : il s’agit de planifier et de coordonner l’utilisation du sol, l’organisation du bâti, ainsi que la répartition des équipements et des activités dans l’espace géographique1.» Au sein de cette partie, nous allons nous intéresser à un aménagement du territoire rural qui intègre un développement social et environnemental dans sa réflexion. J’entends par là, une prise en compte des véritables besoins humains et une intégration de leur participation à cette réflexion et une considération des limites de notre territoire. Ce sera le changement dans nos façons de consommer, d’habiter, de se déplacer, etc. qui impactera un aménagement du territoire, certains diront raisonné et d’autres diront durable. Dans ce cas, l’enjeu économique doit également être intégré dans la réflexion.

Schéma du développement durable, composition personnelle

1 CEDER, Thibault, PIETERS, Philippe. Développement durable, l’aménagement du territoire durable : gérer son territoire pour spatialiser ses politiques. Uvcw, 2013, n°874.

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Les enjeux Un grand nombre d’enjeux sont à citer. Nous nous attarderons sur cinq d’entre eux, qui ont un impact sur l’aménagement du territoire décrit à la page précédente. L’artificialisation des sols et l’étalement urbain Comme nous l’avons vu lors de la première partie, l’urbanisation ou la périurbanisation ont été déclenchées grâce au développement du réseau routier, mais aussi grâce à l’aide à l’accès à la propriété. Ces choix politiques ont été le déclic de l’idylle de la maison 4 façades en campagne. Cette manière d’habiter a engendré une manière de travailler, de se déplacer, etc. nous a poussé à la consommation du sol. La notion d’artificialisation des sols signifie l’utilisation (abusive) ou la « consommation » des sols. En cumul à l’artificialisation, l’étalement urbain est défini comme « la transformation progressive des espaces naturels et des espaces agricoles en dehors des villes et des villages en espaces bâtis, par la construction de maisons « quatre façades » et par l’installation de commerces et de zonings industriels ou artisanaux1». On évoque également le terme mitage du paysage pour définir un étalement urbain non maîtrisé. 1 Maison de l’urbanisme du Brabant Wallon

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La Wallonie s’est décidée au travers de son schéma de développement territorial (SDT), de réduire l’artificialisation nette nulle en 2050. La région Wallonne s’est donc fixée comme objectifs à court terme de1 : - Réduire la consommation des terres non artificialisées en la plafonnant d’ici 2025 ; - Préserver au maximum les surfaces agricoles ; - Maintenir, réutiliser ou rénover le bâti existant ; - Localiser au maximum les bâtiments à construire dans les tissus bâtis existants (urbains, ruraux ou périurbains) situés à proximité des services et transports en commun ; - Restaurer la biodiversité.

Source : https://www.espacevie.be/ressource/les-derniers-chiffres-de-letalement-urbain/

1 LORQUET, T., HENDRICKX, S., LAMBOTTE, J-M. et RUELLE , C. Bilan de l’artificialisation des sols en Wallonie, CPDT, 2020, Notes de recherche n° 79.

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La densification

«435 500, le nombre d’habitants à attendre d’ici 20351» Il semblerait que face à un tel chiffre, densifier uniquement la ville n’est plus une solution. En effet, on a souvent tendance à associer la densité aux villes. Or, les villes sont déjà des lieux de vie très denses et c’est notamment une des motivations qui pousse les gens à la quitter. Le débat entre densifier certains espaces pour en préserver d’autres est donc au centre des préoccupations. Densifier le périurbain et les zones rurales doit cependant être envisagé, mais différemment. Pour ce faire, plusieurs pistes de densification ont déjà été considérées. Premièrement et en lien avec l’enjeu d’artificialisation des sols, le mythe de la villa 4 façades doit s’estomper pour un habitat qui demande moins d’espace et plus d’ingéniosité. En effet, en architecture, comme en aménagement du territoire, il faudra faire parler sa créativité pour répondre à cet enjeu. Plusieurs projets font déjà leurs preuves, particulièrement en matière de rénovation et de réhabilitation de bâtiments. L’architecte Mariette Beyeler dans son livre MetamorpHOUSE2, propose d’adapter sa maison au fil de sa vie et de la sorte, réduire l’étalement urbain. Un autre exemple est l’ancienne école de Court-Saint-Étienne, commune située dans le centre du Brabant-Wallon, qui a été complètement réhabilitée en un ensemble d’appartements qui allie patrimoine et modernité. 1 Source : https://www.espacevie.be/ressource/les-derniers-chiffres-de-letalement-urbain/ 2 https://www.metamorphouse.info/

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Ces projets évoquent la notion de réversibilité ou celle de la « chronotopie1» dans les aménagements ; un lieu qui, en fonction du facteur temps, a différentes fonctions. Claire Revol en donne un parfait exemple qui est celui de la place du village qui s’adapte pour accueillir : le marché hebdomadaire, le stationnement, le banquet, la fête du village, les vœux du maire, la déambulation et les temps de jeu et de pause pour certains usagers, etc.2 D’autres projets tels que « Wonen in meervoud3» (« Habiter au pluriel ») où les habitats alternatifs comme les tiny houses et les projets d’habitat groupé (qui tentent de se frayer un chemin à travers les projets immobiliers Wallons), seront essentiels pour sensibiliser la population à ces questions d’habiter autrement. Il sera tout de même important de veiller à la protection et à l’harmonisation du paysage dans l’élaboration de ces nouvelles architectures. « À quoi bon venir vivre en campagne si je ne peux pas avoir mon jardin et mes espaces privés ?». De fait, pour éviter ces remarques à l’avenir, les communes devront prendre position pour convaincre les citoyens. 1 Karima Haoudy. aménager + ménager le territoire, 2020, https://www.iew.be/karima-haoudy-amenager-menager-le-territoire/. 2 Source : http://www.ville-amenagement-durable.org/Chronotopie-temps-et-lieu-auservice-de-l-amenagement 3 Bruno DEMEULDER. Appréhender la densification : expériences sur le territoire flamand, CPDT, 2012, https://cpdt.wallonie.be/sites/default/files/pdf/cpdt_ri3_actes_seminaire14sept2012_bdm2_corrblf.pdf.

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Malheureusement, pour les collectivités locales et politiques, l’imaginaire de la maison 4 façades ne semble pas encore prêt à disparaître. Une densité mixte En plus d’être, la tendance du « tout à la ville1», la densité fait souvent référence uniquement au secteur résidentiel. Une densité mixte, c’est une densité qui concerne les commerces, les services et les entreprises, dans une zone déjà bâtie. « Une densification cohérente s’accompagne d’une mixité fonctionnelle, sociale et générationnelle2.» Aujourd’hui, de plus en plus de modes de vie permettent de concilier emploi, habitat et services dans les territoires ruraux. Par exemple, les indépendants ayant développé leur activité locale en milieu rural ou bien les télétravailleurs (qui ont significativement augmenté ces dernières années). Tout comme pour l’artificialisation des sols, le schéma de développement territorial (SDT) s’est fixé comme objectif d’associer les choix de localisation et l’organisation des déplacements. En d’autres mots, freiner la dispersion des fonctions en regroupant les fonctions complémentaires (habitat, travail, équipements) et en pratiquant une mixité résonnée ; renforcer les centralités ; densifier 1 Fabrice RIPOLL, Jean RIVIÈRE. La ville dense comme seul espace légitime ? . Analyse critique d’un discours dominant sur le vote et l’urbain, 2007. 2 Maison de l’urbanisme, centre culturel du Brabant-Wallon.

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raisonnablement l’habitat facilitant l’organisation des services et moyens de transport ; éviter le mitage (dispersion) des zones rurales1. L’acceptabilité sociale, le vivre-ensemble Freiner l’artificialisation des sols en densifiant pour un développement durable du territoire, n’est pas un message évident à faire passer auprès de la population. Construire des centres commerciaux et des nouveaux lotissements dispersés au sein du territoire ne dérange personne vu l’abondance de terrains potentiellement urbanisables en Wallonie rurale. Paradoxalement, densifier les centralités2 de nos villages provoque chez les NIMBYstes3, une vague d’indignation. Pour apprendre aux gens à vivre-ensemble et accepter un territoire plus dense en campagne, un réel travail pédagogique et participatif doit être enclenché en Wallonie pour réconcilier les citoyens avec ces concepts. Denis Marion cite : « la densité, c’est le rapport à l’autre. C’est avant tout, pour moi, un enjeu de relations humaines (...) on a d’ailleurs tout un mouvement en ce moment, « Je construis au fond de mon jardin »4.» 1 SDT, Article DE.1-DE.2, p70-75, http://lampspw.wallonie.be/dgo4/tinymvc/apps/amenagement/views/documents/amenagement/regional/sdt-v2/1-sdt/sdt-definitif-adopte-16mai-2019-fr. 2 Source : https://www.espacevie.be/ressource/lecart-entre-les-discours-et-la-pratiquereste-grand/ [3] NIMBY est l’abréviation de “Not in my back yard”, qui stigmatise le refus de développements immobiliers ou d’infrastructures trop proches de chez soi. Le ou la NIMBYste refuse les sacrifices personnels pour l’intérêt général. 4 Denis Marion. Urbanisme : Optimistes pour la densification, 2018.

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Source : pinterest

Image : mon jardin à Corbais, réalisée par l’auteur

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De nombreux mouvements à l’encontre du Nimby se sont créés avec les années comme : - BANeR : « Best Available Neighborhood Relations » est un label créé par Inter-Environnement Wallonie, il y a quelques années, pour encourager les relations riverains-projet et couper l’herbe sous le pied du défaitisme. Le label pourrait reprendre vigueur aujourd’hui, pour viser le meilleur voisinage possible. - BIMBY : « Build In My Back Yard » : les animateurs de ce mouvement ont pu observer que l’intérêt individuel peut aller dans le sens des intérêts de la collectivité. Par exemple, diviser un terrain pour mieux valoriser son bien sur le marché immobilier permet de proposer une offre diversifiée de logements et d’activités sur un territoire, sans engendrer d’étalement urbain. - BIMHO : « Build in my house » propose, afin de renforcer la densité de logement, une politique de recomposition de l’intérieur des habitations pour accueillir davantage de logements, par exemple dans une maison unifamiliale, l’habitat intergénérationnel, l’habitat groupé, etc. Cet acronyme a été proposé en juin 2012 dans le cadre du colloque «Un si cher territoire ? ou comment faire des économies via l’aménagement du territoire» organisé par Ruralité-Environnement- Développement et la Maison de l’Urbanisme Lorraine-Ardenne.

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La participation citoyenne Le Petit Robert nous apprend que la participation est « l’action de prendre part à, collaborer, contribuer1 ». On la définit également comme « action d’un individu de s’engager auprès de ces concitoyens dans la poursuite d’un objectif commun ». La participation citoyenne, c’est prendre en compte les savoirs pratiques et théoriques des habitants sur des problèmes qui les concernent directement. C’est fonder les décisions sur les besoins et les souhaits des usagers et habitants. C’est leur permettre de s’exprimer et d’agir. En région wallonne, la loi2 oblige à consulter le citoyen, de mettre en place des enquêtes publiques et de réaliser des réunions d’information. En aménagement du territoire, la participation citoyenne vise à impliquer les habitants dans les projets d’aménagement ou de réhabilitation qui concernent leur quartier ou la commune dans son ensemble. Ils peuvent ainsi confronter leur point de vue d’usagers à celui des politiques. 1 Source : https://uneseuleplanete.org/La-participation-citoyenne-definitions 2 « Le Gouvernement contribuera à démocratiser l’aménagement du territoire. Il défendra l’application du principe de co-construction impliquant les citoyens dans les projets d’envergure régionale, en favorisant la participation démocratique en amont. Il favorisera les mêmes démarches pour les projets d’envergure au niveau local et supracommunal (via par exemple des budgets participatifs).»

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À l’échelle communale, la participation peut-être amenée de trois manières différentes1 : - Soit les pouvoirs publics élaborent un avant-projet et débattent ensuite avec les citoyens dans le cadre d’une consultation ou d’un processus de concertation pour parvenir à un accord ; on parlera de mise en débat des politiques et des projets ; - Soit le politique et les acteurs locaux se mettent dès le départ autour de la table et construisent peu à peu un projet commun ; il s’agit de pratiques de coproduction. - Soit, ce sont les habitants eux-mêmes qui arrivent avec leurs propres projets. Ces projets font l’objet d’une sélection et d’un soutien par les pouvoirs publics ; on parle alors d’appui aux projets des habitants.

1 Source : https://cpdt.wallonie.be/sites/default/files/pdf/plaquette3.pdf, p. 31.

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Quatre types de participation sont distingués : - Information : c’est donner une information sur le projet, en exposant les éléments de diagnostic, les objectifs et la proposition d’aménagement. - Consultation1 : c’est recueillir les remarques et les avis des personnes sans aucune obligation de prendre l’avis en compte. - Concertation : c’est organiser des discussions et des débats concernant les fondements du projet avec un maximum de parties prenantes où l’avis est pris en compte et suivi. - Co-construction ou co-production : c’est associer les citoyens et tout autre acteur dans le processus de conception. Il est important de préciser que les pouvoirs publics restent souverains dans la décision finale.

[1] Informer et consulter sont des minimas garantis par la loi au sein d’une enquête publique.

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Le souhait d’impliquer les habitants peut venir de motivations diverses : avoir un maximum de points de vue pour arriver à un projet idéal, répondre aux besoins des citoyens, donner confiance aux citoyens, les sensibiliser, gérer des conflits ou tenter de les éviter. Cependant, les processus de participation se limitent encore généralement à l’information et à la consultation en fin de projet. La volonté et la transparence politique sont indispensables à une véritable participation. Si des expériences participatives sont menées dans le seul but de faire bonne figure auprès de la population ou que les paroles ou les réflexions des citoyens sont niées, cela aura un impact défavorable sur le bon déroulement du projet. Le plus important, est d’avoir confiance dans le citoyen et réciproquement. Effectivement, les habitants ont une connaissance du quartier, d’une rue, d’un terrain, etc. Toujours en lien aux enjeux précédents, faire participer les citoyens dans la conception de projets de densification d’un quartier par exemple, permettra un sentiment d’appartenance et de responsabilité menant à une acceptabilité du projet. Outre cela, les impacts positifs sur le territoire sont observables en matière d’animation locale, d’établissement de contacts entre personnes, de renforcement des comités d’habitants et donc de vivre-ensemble. 64


Sophie Keymolen, députée provinciale du Brabant Wallon, explique que les ruralités d’aujourd’hui accueillent une diversité d’habitants qui ne dialoguent pas entre eux et qui en plus, n’ont pas les mêmes attentes et besoins. Les réalités quotidiennes d’un agriculteur ne sont pas celles d’un néorural. Un lien est a créer entre la commune et ses citoyens et entre les citoyens eux-mêmes.

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CHAPITRE 2

Les outils et les acteurs de l’aménagement du territoire et du développement rural

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Nous allons parcourir à travers ce chapitre, une liste non exhaustive, d’outils et d’acteurs qui m’ont semblé pertinents pour comprendre les pratiques du terrain. Le Parlement et le gouvernement Wallon sont tous deux responsables de répondre aux demandes des différents services publics de Wallonie composés de 8 directions principales. Les services publics de Wallonie sont en lien direct avec les besoins et les attentes des citoyens, des entreprises, des associations et des pouvoirs locaux. Ma recherche s’est divisée en deux parties, l’une concerne les outils mis en place pour un développement rural et l’autre concernce ceux mis en place pour l’aménagement du territoire. Les outils et acteurs du développement rural SPW Agriculture, ressources naturelles et environnement Le SPW Agriculture, Ressources naturelles et Environnement en garantit la sauvegarde du patrimoine naturel et rural dans une perspective de développement durable, destinée à garantir aux générations futures des ressources de qualité, indispensables à la vie. Département développement de la ruralité, des cours d’eau et du bien-être Ce département élabore, met en œuvre et assure le suivi des politiques et réglementations spécifiquement en matière du développement rural. Il coordonne les projets de développement en agriculture, ruralité et environnement. 68


Direction développement rural La direction du Développement rural soutient les communes dans l’élaboration de leur programme communal de développement rural (PCDR). Elle assure le suivi technique, financier et réglementaire de projets durables retenus dans ce cadre. Opération de développement rural (ODR) « Une opération de développement rural est un processus participatif, mené par une commune, au service du milieu rural. Par ce processus, [les parties prenantes] élaborent et mettent en œuvre une stratégie pour leur territoire [avec pour but l’amélioration des conditions de vie des habitants aux points de vue économique, sociale, environnementale et culturelle]1». De cette réflexion, naîtra un programme qui fixe des objectifs clairs à atteindre et des actions concrètes à entreprendre durant les 10 prochaines années, le programme communal de développement rural (PCDR).

Déroulement d’une opération de développement rural, Image de «La pratique du développement rural», SPW

1 Extrait de l’Art. 2 §1er du décret du 11 avril 2014 relatif au développement rural.

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Le programme communal de développement rural (PCDR) L’objectif du programme est d’assurer aux habitants un «mieux vivre» et une meilleure qualité de vie. Celui-ci est élaboré en étroite collaboration avec la population, approuvé par la Commune et, ensuite, par le Gouvernement wallon.

Déroulement d’un programme communal de développement rural, https://www.pcdr.be/les-etapes-dune-operation-de-developpement-rural/

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La temporalité des projets varie de 2 à 10 ans. On compte jusqu’à 30 projets mis en oeuvre sur 10 ans. Le programme communal de développement rural est donc un plan d’action sur-mesure pour chaque commune et est piloté par une CLDR, une commission locale de développement rural. La commission locale de développement rural (CLDR) Représentative de la population communale, la CLDR est appelée à faire la liaison entre les habitants et les autorités de la commune. Elle informe les habitants et entretient la dynamique de la participation. Elle est associée à toutes les phases d’élaboration du PCDR en rendant des avis et émettre des propositions à propos de toute décision que prend la Commune. La CLDR compte de dix à trente membres (¼ communal et ¾ habitants). Le programme communal de développement de la nature (PCDN) Le Plan Communal de Développement de la Nature est un outil proposé aux communes pour organiser de façon durable la prise en compte de la nature sur leur territoire en intégrant le développement économique et social. Le PCDN est un processus participatif. La Commune peut, à elle seule prendre en charge l’opération et le programme communal de développement rural et naturel mais souvent, elle fait recours à un organisme accompagnateur comme par exemple, la fondation rurale de Wallonie. 71


La Fondation Rurale de Wallonie (FRW) La fondation rurale de Wallonie est un organisme d’accompagnement au PCDR. Elle œuvre pour le développement des régions rurales de Wallonie par le soutien à des projets économiques, sociaux, culturels et environnementaux.

Au sein de la fondation rurale de Wallonie, se trouve également l’assistance territoire et patrimoine. Assistance du territoire et du patrimoine (ATEPA) L’objectif de l’ATEPA est de contribuer à la gestion qualitative de notre ​cadre de vie. Pour atteindre cet objectif, elle informe, sensibilise et conseille en aménagement du territoire, en urbanisme, en patrimoine et en architecture pour le milieu rural.

Département de la Nature et des Forêts Ce département met principalement en œuvre et assure le suivi des politiques et réglementations en matière de forêts, de conservation de la nature, des parcs naturels, de la chasse, et de la pêche.

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Les parcs naturels de Wallonie Les Parcs naturels de Wallonie sont des territoires reconnus pour leur intérêt biologique et géographique, situés dans des zones rurales de la Wallonie. En 1985, la Wallonie s’est dotée de Parcs naturels pour atteindre ses objectifs en matière de gestion et préservation des milieux naturels et des paysages. Actuellement, on en compte 11. Le Réseau Wallon de Développement Rural (RWDR) Le Programme Wallon de Développement Rural (PWDR) Financé par l’union européenne et par la Wallonie, il intègre toute une série de mesures en faveur du développement des activités - agricoles ou non - en milieu rural qui couvre l’ensemble du territoire wallon. Groupe d’Action Locale (GAL) Un groupe d’action locale ou GAL est le rassemblement de plusieurs communes wallonnes, qui soutiennent et réalisent aussi des projets économiques, sociaux, culturels et environnementaux dans le cadre du programme européen LEADER (Liaison Entre Acteurs de Développement Économique en milieu Rural). Un GAL regroupe différentes parties prenantes allant des élus locaux aux citoyens.

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CPDT, conférence permanente du développement territorial, Les posters, Espace ruraux 1. Source : https:// cpdt.wallonie. be/sites/ default/files/ pdf/espaces_ruraux_1.pdf

Au niveau Européen Réseau européen de développement rural (REDR) Chaque Etat membre de l’UE dispose d’un réseau national et/ou de réseaux régionaux de développement rural. Ces différents réseaux sont connectés au Réseau européen de développement rural (REDR), plate-forme qui permet de mettre en relation les acteurs du développement rural au sein de l’Union européenne. LEADER Leader1 est une approche de développement local utilisée depuis 20 ans pour associer les acteurs locaux à la conception et à la mise en oeuvre de stratégies pour le développement de leurs zones rurales. [1] Le terme « LEADER » provient à l’origine de l’acronyme français de « Liaison Entre Actions de Développement de l’Économie Rurale », signifiant « Liens entre l’économie rurale et les actions de développement ».

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FEADER Ce sont les fonds européens agricoles pour le développement rural Les outils et acteurs de l’aménagement du territoire Wallon SPW territoire, logement, patrimoine et énergie Le service public de Wallonie territoire, logement, patrimoine et énergie se charge d’obtenir une cohérence globale des diverses actions qui ont un impact sur le territoire1. Ces différents rôles s’étalent de la mise en oeuvre du plan de secteur, à la conservation du patrimoine immobilier de Wallonie en passant par la veille d’un habitat de qualité et à l’information des comportements durables, etc. Au sein de ce service public, se trouve le département aménagement du territoire et urbanisme. Département de l’aménagement du territoire et urbanisme Ce département s’occupe du développement territorial durable, c’est-à-dire : la sauvegarde, la rénovation et le développement de tous les éléments structurant le territoire wallon, dans un souci de développement durable et équilibré. Dans ce département, se trouve la direction du développement territorial. 1 Source : https://spw.wallonie.be/guide/guide-services/16158

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Direction du développement territorial La direction du développement territorial a pour mission principale d’assurer la gestion des outils d’aménagement au niveau régional : à savoir, le Schéma de développement territorial (SDT) dans le Code du Développement territorial et les plans de secteur. LE CODT : le code du développement territorial Le CODT remplace l’ancien CWATUP : Code Wallon de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme, du Patrimoine. Le codt est une législation qui rassemble les règles applicables en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme en Wallonie1. Les outils du Codt sont les documents de références concernant l’aménagement du territoire (approbation de permis d’urbanisme, etc.). Parmi les outils qu’il propose, le code permet de lutter contre l’étalement urbain, soutenir le développement économique de la Wallonie, répondre au défi démographique et simplifier et accélérer les procédures au bénéfice des citoyens et des entreprises wallonnes. Il y a 3 catégories d’outils : les plans, les schémas et les guides, 2 valeurs : indicatives et réglementaires et 4 portées géographiques : la région, le pluricommunal, le communal et le local.

1 Source : http://lampspw.wallonie.be/dgo4/tinymvc/apps/amenagement/views/documents/juridique/codt/codt.pdf

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Au sein du codt, on retrouve donc : Le Plan de Secteur établi entre 1977 et 1987, le plan de secteur a pour objectif principal de définir les affectations du sol au 1/10 000 ème (1cm=100mètres), afin d’assurer le développement des activités humaines de manière harmonieuse et d’éviter la consommation abusive d’espace. Il a une valeur réglementaire et une portée géographique régionale.

Extrait du plan de secteur et légende, https://geoportail.wallonie.be/catalogue/7fe2f305-1302-4297-b67e792f55acd834.html

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Les schémas à l’échelle régionale Les schémas sont des études sur un territoire donné qui, sur la base d’analyse contextuelle, va définir les stratégies de développement. Ils ont tous une valeur indicative. Le schéma de développement territorial (SDT) Carte de visite de la Wallonie, ce schéma prime sur les autres schémas. Il a comme objectif (buts assignés par le CoDT)de lutter contre l’étalement urbain, de pousser à l’utilisation rationnelle du territoire et ses ressources, de développer le réseau socio-économique et l’attractivité territoriale, de s’occuper d’une gestion qualitative du cadre de vie et de maîtrise de la mobilité. Les guides à l’échelle régionale Le Guide régional d’urbanisme (GRU) Regroupant des normes (valeur réglementaire) et des indications (valeur indicative) d’urbanisme, ce guide se charge d’indiquer les prescriptions urbanistiques et garantit une cohérence du territoire.

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Direction de l’aménagement local : au service des communes La direction de l’Aménagement local encadre l’élaboration des documents d’aménagement du territoire et d’urbanisme au niveau communal (SDC-SOL-GCU). Elle conseille et supervise les communes qui souhaitent cadrer leur planification territoriale et urbanistique par le biais de ces différents documents d’aménagement. Les schémas à l’échelle pluricommunale et communale Le schéma de développement pluricommunal (SDP) Il est entre le niveau régional et communal, il permet à plusieurs communes voisines de s’associer pour développer une stratégie à l’échelle supracommunale. Le schéma de développement communal (SDC) Il répond aux besoins sociaux, économiques, environnementaux, démographiques et de mobilité, à l’échelle communale. Le schéma orientation local (SOL) Le schéma d’orientation locale remplace l’ancien plan communal d’aménagement. Le schéma d’orientation locale a les mêmes objectifs que le schéma d’orientation communal mais concerne une partie du territoire communal. C’est une sorte de « manuel de mise en oeuvre comprenant affectations et prescriptions ». Le SOL a également une valeur indicative. 79


Les guides à l’échelle communale Le Guide communal d’urbanisme (GCU) Les guides communaux d’urbanisme ont la même fonction que les guides régionaux mais ont une valeur indicative. Les sites à réaménager (SAR) Etablir un périmètre SAR vaut comme un permis d’urbanisme pour les actes de travaux de réhabilitation et de rénovation d’un site.L’objectif d’intérêt général de lutte contre l’étalement urbain et son deuxième objectif principal est de contribuer au redéploiement économique de la Wallonie. Il s’agit en effet d’offrir un cadre plus propice aux acteurs privés et publics leur permettant de répondre aux besoins de la collectivité en termes notamment de logements et de création d’emplois. La direction est chargée des subventions octroyées aux organismes extérieurs tant publics que privés qui travaillent en rapport avec l’aménagement du territoire et à l’urbanisme (Maisons de l’urbanisme, Union des villes et communes de Wallonie, Inter-Environnement Wallonie…). Enfin, la direction gère également les subventions annuelles octroyées aux communes pour l’engagement ou le maintien d’un conseiller en aménagement du territoire et urbanisme (CATU). Ces conseillers accompagnent les CCATM et s’occupent de transmettre les informations techniques et légales.

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Les CCATM : commission (consultative) communale d’aménagement du territoire et de la mobilité A l’instar de la commission locale de développement rural (CLDR) qui rend des avis à la commune sur les PCDR, une CCATM rend au collège communal des avis sur les enjeux et les questions de type sociales, économiques, patrimoniales, environnementales, énergétiques, mobilité, de leur commune. C’est en quelque sorte une aide à la réflexion et à la prise de décision. Elle est vue comme un outil stratégique. Le but est de partager son expertise par son usage du territoire et servir l’intérêt général. Une CCATM est composée de ¼ de personnes qui représentent la commune et ¾ de citoyens. CESE Wallonie : Le Conseil économique, social et environnemental de Wallonie Le CESE Wallonie a plusieurs missions visant à contribuer au développement économique, social et environnemental de la région dont celui de rendre des avis et recommandations. Le CESE est composé de plusieurs pôles dont le pôle aménagement du territoire, le pôle ruralité ou encore le pôle environnement. Le Pôle Aménagement du territoire rend notamment des avis sur les outils d’aménagement du territoire et d’urbanisme ou sur le programme communal de développement rural (PCDR).

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Le pôle environnement donne lui, des avis sur les dossiers du Code du Développement territorial (Codt), du plan de secteur, du schéma de développement du territoire (SDT), des schémas communaux, pluricommunaux et d’orientation locale (SDP, SDC, SOL) mais aussi sur le programme wallon de développement rural (PWDR). Au niveau Européen Fonds européen de développement régional (FEDER) Comme son nom l’indique, ce sont des fonds européens octroyés à la région. Le FEDER en Wallonie, intervient dans les domaines suivants : la recherche, l’innovation, la formation, l’entreprise, l’économie, la revitalisation urbaine, l’environnement, le tourisme, le patrimoine et la culture.

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Liste des abréviations ODR : opération de développement rural PCDR : programme communal de développement rural CLDR : commission locale de développement rural FRW : fondation rurale de Wallonie RWDR : réseau Wallon de développement rural PWDR : programme Wallon de développement rural GAL : groupe d’action local REDR : réseau européen de développement rural FEADER : fonds européens agricoles pour le développement rural LEADER : Liaison Entre Actions de Développement de l’Économie Rurale CODT : code du développement territorial SDT : schéma de développement territorial SDP : schéma de développement pluricommunal SDC : schéma de développement communal SOL : schéma d’orientation local GRU : guide régional d’urbanisme GCU : guide communal d’urbanisme SAR : site à réaménager PRU : périmètre de remembrement urbain CCATM : commission consultative de l’aménagement du territoire et de la mobilité CESE : Le Conseil économique, social et environnemental de Wallonie

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Cet organigramme représente une liste non exhaustive des outils et acteurs de l’aménagement du territoire rural wallon qu’on vient de parcourir, composition personnelle.

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PARTIE Réflexions sur les outils et les acteurs qui aménagent le territoire des campagnes wallonnes « Le changement de la société dépend autant du changement de la conscience que le changement de la conscience dépend du changement de la société.» Danièle LÉGER. Les utopies du «retour».

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Tout au long de ce mémoire, nous avons pu comprendre qu’aménager le territoire rural Wallon n’est pas chose facile et englobe bien plus de facteurs que ceux énoncés dans ce mémoire. En résumé, jusqu’ici, nous avons appris que : Pour stopper le grignotage et l’artificialisation des terres principalement agricoles tout en contrôlant la hausse démographique et accueillir les futurs résidents à la campagne, nous devons réfléchir à de nouvelles manières d’Habiter1 (ensemble) et privilégier les zones déjà « urbanisées » pour d’éventuelles futures constructions ou réhabilitations ; Pour développer les centralités et réduire nos déplacements automobiles, nous devons développer des services de proximité, dynamiser l’économie locale et repenser nos espaces de travail ; Pour promouvoir une agriculture bio et locale, nous devons soutenir les commerces locaux et les circuits courts ; Enfin, pour développer une cohésion sociale et apprendre à vivre-ensemble, nous devons ancrer l’offre de la participation dans le quotidien et pousser à des initiatives dites plus spontanées. La participation citoyenne doit faciliter un sentiment d’appartenance à un village, un quartier ou une commune. Tout cela dans la perspective d’améliorer notre qualité de vie. [1] Habiter dans cette phrase signifie, habiter nos maisons mais également nos villages dans leur globalité, autrement dit, nos lieux de travail, nos lieux de loisirs, nos lieux de consommation, etc.

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CHAPITRE 1

Retour sur les outils et les acteurs de l’aménagement du territoire et du développement rural

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Au fil de la lecture, nous avons pu remarquer que la diversité des outils du développement rural ainsi que de ceux de l’aménagement du territoire reflète bien la variété des campagnes. La plupart sont par contre à reconsidérer. Commençons par le plan de secteur, cette loi définie comme la structure porteuse d’un aménagement rationnel du territoire rural ou urbain. Lorsque l’on regarde le plan de secteur, il semble couvert de champs et de prairies. Il figure pourtant que ces terres agricoles (principalement situées en communes rurales) ont largement perdu du terrain ces dernières décennies.

Extrait du plan de secteur, province du Brabant-Wallon Source : https:// geoportail. wallonie.be/ catalogue/7fe2f3051302-4297-b67e792f55acd834.html

Gain/perte de superficies (annuelles) des principales utilisations du sol Source : https:// www.iweps.be/ wp-content/ uploads/2020/09/ Fiche-2_UtilSol_

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Il s’avère en fait, que ces champs ne servent que de décor pour les futures résidences 4 façades. De plus, dans une majorité de cas, des dérogations sont accordées à ceux ou celles qui souhaitent construire en zone non-urbanisable. Le plan de secteur a en réalité toujours fonctionné dans le but de « créer » de la zone urbanisable en se servant de zones non-urbanisables, et pas l’inverse. En plus d’être définies en zones non-urbanisables finalement urbanisables, le statut monofonctionnel de ces zones, contredit la volonté de développer les centralités des noyaux villageois et donc les enjeux de densité et de mixité en milieu rural. Ce n’est que récemment, que deux nouvelles zones types urbanisables ont été créées : la zone d’enjeu régional (ZER) et la zone d’enjeu communal (ZEC). La ZER accueille des zones multifonctionnelles (économiques, constructions, services publics, équipements communautaires, touristiques et récréatifs et logement). La ZEC a comme objectif de renforcer et dynamiser les centres des pôles ruraux et d’éviter la dispersion de l’habitat en densifiant raisonnablement et en répondant au défi démographique. Reste à voir si ces deux zones respecteront leurs objectifs.

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Aujourd’hui, le gouvernement semble prêt à actualiser, voire remplacer ce plan de secteur obsolète. Selon Willy Borsus, ministre wallon de l’aménagement du territoire, « ce chantier considérable est à la mesure de ce que la société attend de nous [gouvernement]». Il annonce également que la Déclaration de Politique Régionale a sans doute été trop ambitieuse concernant l’objectif d’arriver à la fin de l’étalement urbain d’ici 2050. Par ailleurs, cette révision provoque des questions du type « comment concilier ces nouvelles mesures face aux libertés individuelles liées aux droits à la propriété1 ?» ou bien « une pénurie dans les terrains à bâtir ne risque-telle pas une hausse des prix/m2 et donc freiner cet accès à la propriété ?». Enfin, « quelles compensations seront octroyées pour les propriétaires de terrains à bâtir qui deviendront agricoles ?» Plusieurs pistes de solutions2 sont apportées à ces problématiques comme la mise en place de compensations « planologiques » qui consiste à désurbaniser des surfaces équivalentes aux surfaces prises à la zone agricole, forestière ou des compensations, « alternatives » sous forme de services à rendre, lorsque la situation locale ne permet pas de transformer une surface urbanisable en non-urbanisable. De plus, le gouvernement affirme ne pas vouloir exproprier ou interdire l’accès aux droits à la propriété3, mais bien de mobiliser les convictions des citoyens, comme des pouvoirs locaux et associations, sur les changements à adopter pour un avenir meilleur. 1 Source : https://www.youtube.com/watch?v=2u1E2x0xxVk 2 Source : https://www.iew.be/les-basiques-du-plan-de-secteur/#Et_la_compensation_ dans_tout_canbsp 3 Source : https://www.youtube.com/watch?v=2u1E2x0xxVk

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À présent, abordons les schémas. Le schéma de développement territorial, le schéma de développement communal ou le schéma d’orientation local, ont chacun une valeur indicative tout comme le guide communal d’urbanisme. En raison des valeurs indicatives de ces outils, nous avons tendance à penser que peu de communes mettent en place ces schémas. J’ai contacté la commune de Walhain, commune rurale du Brabant-Wallon pour en savoir plus sur la mise en pratique de ces schémas. Voici sa réponse : « Nous n’avons pas de schéma de développement pluricommunal. Je pense que c’est peu fréquent et c’est normal : un schéma de développement communal est déjà compliqué à réaliser sur le plan d’une commune puisqu’il engage sur plusieurs législatures ; il serait donc très difficile de gérer un même schéma à plusieurs communes sauf des cas particuliers où deux ou trois communes ont exactement les mêmes enjeux à appréhender à plusieurs. Par contre ce type de démarche peut parfaitement se justifier pour un SOL (schéma orientation locale) dont le périmètre pourrait être défini sur deux communes [limitrophes] et pour d’autres plans comme le plan intercommunal de mobilité. Walhain a mené un plan intercommunal de mobilité avec Sombreffe, Gembloux, Perwez et Chastre en 2004. Nous avons l’intention de le retravailler prochainement et de le mettre à jour au moins avec Chastre.»1 1 GILLET, Jean-Marie, Echevin de la commune de Walhain.

Commune de Walhain, composition personnelle

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La commune comporte un schéma de développement communal depuis 2019. Pour rappel, le schéma de développement communal comporte une stratégie territoriale qui définit les objectifs communaux en matière de lutte contre l’étalement urbain, de développement socio-économique, d’attractivité territoriale, de gestion qualitative du cadre de vie et de maîtrise de la mobilité. Un schéma d’orientation locale (SOL) est aussi en gestation pour le centre de Tourinnes-Saint-Lambert. En effet, les SOL sont pour la plupart encore sous le nom de plan communal d’aménagement (PCA) tout comme les schémas de structure devenus aujourd’hui, les schémas de développement communal (SDC). A nouveau dans la commune de Walhain, un PCA est toujours en cours à Perbais. En conclusion à cela, les frein majeurs à la mise en place de ces schémas, sont les procédures et la quantité d’informations à traiter. Autrement dit, une paperasse que peu sont prêts à faire face. Une autre raison pour laquelle nous entendons peu parler des schémas est due à leurs nouvelles dénominations issues du CODT (code du développement territorial). Finalement, rendre ces outils obligatoires semble être une contrainte plus qu’un service au territoire.

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De plus, il est connu que les écarts entre la théorie et la pratique sont encore grands et les objectifs fixés peuvent avoir des directions complètement contradictoires. Une autre problématique est la définition encore floue de certains termes dans ces outils de l’aménagement du territoire comme “ville et campagne”, ou les “Quartiers nouveaux”.

Pour conclure avec les outils d’aménagement du territoire, j’aimerais aborder la question de la participation citoyenne à travers les commissions consultatives de l’aménagement du territoire et de la mobilité (CCATM). Une CCATM est un outil d’aide à la décision pour le collège communal. Pour cela, les citoyens qui intègrent une CCATM doivent avoir une bonne connaissance des outils, des procédures et de la législation. Les CCATM prennent donc le rôle d’enseignant en aménagement du territoire. Cela a comme avantage de pouvoir se former et se construire une culture générale ainsi qu’un sens critique, avant qu’ait lieu le processus de participation. Cependant l’absence de conseiller en aménagement du territoire (CATU) chez une CCATM peut nuire à la compréhension des outils et des enjeux qui entraîne par la suite, une mauvaise mise en oeuvre de ceux-ci. 97


Leurs expertises et leurs conseils sont devenus essentiels pour comprendre la complexité des outils communaux ou régionaux. Les communes rurales ont donc le libre choix de mettre en place les outils qui lui semblent pertinents. Pour la plupart, le programme communal de développement rural (PCDR) en fait partie. Les programmes communaux de développement rural (PCDR) et les groupes d’actions locales (GAL) sont les deux principaux outils utilisés dans le cadre du développement rural. Pourtant, ils sont tous les deux bien différents. Premièrement, contrairement au PCDR, un GAL regroupe plusieurs communes. Cet avantage permet de contribuer à une approche globale à l’échelle locale. Un autre avantage des GAL, est la temporalité des projets. En effet, le programme stratégique d’un projet GAL doit être bouclé en 6 mois tandis que dans le cadre d’un PCDR, cela peut prendre plusieurs années. Notons tout de même qu’un PCDR englobe plusieurs projets à la fois et procède à une révision du programme annuellement. De plus, les PCDR se lancent généralement dans des projets plus conséquents. En effet, les PCDR favorisent souvent l’aménagement d’espaces publics, l’embellissement de places, la création de trottoir, en d’autres mots, l’amélioration du cadre de vie1. Certains reprochent qu’en privilégiant les PCDR, on laisse de côté les GAL qui s’intéressent au bon fonctionnement du monde rural surtout lorsqu’on « voit dans le PCDR un moyen efficace et relativement économique d’améliorer leur image et leurs infrastructures2». [1] Il est tout de même important de ne pas oublier que se sont les habitants de la commune ont un pouvoir décisif sur les projets réalisés dans le cadre d’un PCDR. 2 GODART, Marie-Françoise, DECONINCK, Mireille. Développement territorial en milieu rural : quelques exemples en région Wallonne. Revue d’Économie Régionale & Urbaine, 2003/5, p. 909 à 924.

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De plus, en matière d’aménagement de l’espace rural, l’urbanisme appliqué aux villes est choisi comme théorie de conception et de développement de projet en milieu rural. « L’urbanisme désigne l’ensemble des sciences, des techniques et des arts relatifs à l’organisation et à l’aménagement des espaces urbains1.» Dans ce cas, pour l’aménagement des espaces ruraux, ne devrions-nous pas parler d’un ruralisme ? Le ruralisme désigne la « science du mieux vivre dans les campagnes2». Il peut donc être interprété comme une nouvelle façon d’aborder l’aménagement du territoire comme il pourrait s’agir de ruraliser le territoire. En effet, après avoir longtemps utilisé l’expression « urbanisation » de la campagne, l’heure de sa « ruralisation » est arrivée. Pour conclure avec ce chapitre, j’aimerais finir par aborder le programme communal du développement de la nature (PCDN). Cet outil demande d’être revu à l’échelle pluricommunale. Un exemple parlant est celui du cours d’eau qui traverse plusieurs communes qui n’appliquent pas toutes les mêmes actions pour l’amélioration de celui-ci. On voit là l’un des principaux points faibles potentiels de la plupart des outils communaux. Paradoxalement, on prône une gestion communale adaptée aux spécificités locales3. À l’avenir, un équilibre sera donc à trouver entre ces deux échelles.

1 Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Urbanisme 2 Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ruralisme 3 GODART, Marie-Françoise, DECONINCK, Mireille. LOC. CIT., P. X.

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CHAPITRE 2

Quelques recommandations

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Fixer des objectifs à plus court terme aux niveaux régional et communal. Les objectifs à moyen et long terme sont utiles, mais sont souvent trop ambitieux et coûteux en temps et en argent. À voir si cela implique une échelle plus restreinte (locale) si des objectifs à court terme à l’échelle globale sont possibles ; Avoir une pratique pluridisciplinaire. Avec les années, nous avons pu constater que le besoin de moyens humains était essentiel pour appréhender l’aspect transversal de l’aménagement du territoire. « Le succès de nos espaces de vie réside dans nos efforts à développer le sentiment de « communauté ». Pourquoi une communauté ? Car il a été démontré scientifiquement que les solutions prises collectivement sont plus efficaces et inventives que celles prises individuellement1.» ; Inclure les habitants dans la recherche de solutions à l’échelle macro. En effet, toute personne qui peut contribuer à un projet devrait pouvoir le faire. Aujourd’hui, la démocratie participative est en marche, mais en matière d’action, nous arrivons à un stade où ce sont les citoyens qui sensibilisent les politiques. Pour changer les choses, il faut commencer par faire comprendre aux citoyens, que la campagne a changé. Pour leur faire comprendre, nous devons les impliquer dans ce changement ;

1 Source : https://www.espace-environnement.be/dossier-urbanisme-frugal-possiblevivre-mieux-en-consommant-moins-espace/

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Encourager positivement le citoyen, la commune et la région à un changement des mentalités et des comportements. Comme cité plus haut, l’acceptabilité sociale est l’une des clés pour un changement de comportements et de mentalités réussi. Pour entraîner ce changement, en plus d’impliquer tout le monde dans la recherche de solutions comme énoncé précédemment, des initiatives positives doivent se mettre en place pour convaincre du bien-fondé des propos. Pour citer un exemple, en Wallonie, près de 3 700 ha de friches industrielles désaffectées sont promises à une réhabilitation de 100 ha par an pour accueillir de nouvelles fonctions. Déployer sa créativité pour trouver des solutions. Les législations guident notre manière de penser le territoire. Nous devons aborder différentes façons d’envisager l’amélioration du territoire par des démarches plus innovantes et créatives.

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CONCLUSION

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En conclusion, les politiques jouent un rôle primordial dans l’aménagement du territoire rural wallon. Parmi certains outils de développement rural (ODR, PCDR, FRW, GAL, etc.) et d’aménagement du territoire (CCATM), elles (les politiques) jouent le rôle du bras armé des citoyens dans la mise en action des dynamiques instaurées par ceux-ci. La question est de savoir pourquoi et comment les dynamiques citoyennes s’émancipent des outils politiques mis-en place, pour répondre d’une autre manière aux enjeux de l’aménagement du territoire rural ? En effet, les recommandations du chapitre précédent invitent à une augmentation du pouvoir citoyen dans l’aménagement du territoire rural. Pour ce faire, les actions citoyennes doivent être considérées comme une continuité à celles des pouvoirs locaux. Le Designer d’Innovation Sociale est un acteur du changement de la société. Que se soit dans l’approche ou dans la finalité d’un projet, l’objectif est de développer des solutions concrètes et créatives, centrées sur l’humain, pour un changement positif. Le design d’innovation social touche donc une multitude de sujets, tous aussi variés les uns que les autres. Dans mon cas, le rôle du designer d’innovation sociale sera de mettre en oeuvre cette continuité de pouvoir entre politique et citoyen et de co-créer de nouveaux modes de faire pour les futurs projets d’aménagement de nos très chers territoires ruraux.

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ANNEXES


Témoignages/Interviews Sophie Keymolen est la députée provinciale du Brabant Wallon de l’aménagement du territoire. Le rôle de la province est de donner les impulsions pour apporter des solutions à des problématiques communales. Elle réalise des études et des expertises dans différents domaines et se positionne en tant qu’interlocutrice et facilitatrice entre la commune et la région. Grâce à son rôle supracommunal, elle apporte de la cohérence entre les communes de la province. Aujourd’hui, le Brabant-Wallon rural n’est plus connecté à son territoire et manque de nouvelles dynamiques. La majeur problématique de la campagne, c’est le manque de dialogue, de rencontres et de compréhension des réalités de chacun. En terme de participation, le citoyen est souvent écouté mais peu impliqué. Le Brabant-Wallon et son identité bien marquée devra repenser son territoire avec nos modes de penser et de vie actuels. David Earts travaille au service public de l’aménagement du territoire, direction Brabant-Wallon. Le Brabant-Wallon est particulier car il est divisé en 3 zones (l’ouest économique, le centre tourné vers l’éducation et la recherche et l’est rural). En terme de ruralité, nous ne savons plus ce qu’est la ruralité, nous en avons une image. L’objectif du territoire rural est avant tout d’éviter le développement extra-village. Pour ce faire, il va falloir canaliser la pression immobilière tout en gardant une accessibilité à un logement digne. 128


Encore aujourd’hui, la maison individuelle 4 façades reste dans l’imaginaire des collectivités et des politiques locales. Il va également falloir raccourcir les distances entre le lieu de travail et le lieu de résidence en créant de l’emploi dans la province ou du moins, dans la région. Concernant la participation citoyenne en milieu rural, la diversité des habitants et modes de vie complexifie l’aboutissement à de projets collectifs. Il fut un temps ou les personnes s’installaient devant leur porte et développaient des liens sociaux, aujourd’hui, le contact du voisinage s’éffiloche et les nouveaux lieux de sociabilité se font là ou on trouve son intérêt. Néanmoins, des initiatives comme les charrettes urbanistiques sont organisées dans le but de faire progresser les besoins liés à la collectivité comme le développement de services. Ce processus participatif permet de mieux accepter les projets par la suite. Les éléments symboliques de la campagne comme l’église, l’école, la maison de village, etc, sont et doivent rester des lieux sont rassembleurs de la population. D’ailleurs, les meilleurs projets sont ceux qui viennent de la volonté locale. Une problématique de temporalité persiste dans l’élaboration des projets. Les procédures peuvent être courtes comme longues. Souvent, le temps de débat entre les autorités locales et la région et le temps que les autorités locales prennent pour consulter la population pour ensuite faire des choix, le projet ne convient plus au contexte. Il faut forcer les connexions et la communication, coordonner les réflexions entre les communes.

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Isabelle Kibassa Maliba est la députée provinciale de l’agriculture, de l’économie, du tourisme, du commerce et de l’artisanat (BW) La place de l’agriculture est de 57 % en milieu rural. Mais ce chiffre diminue de plus en plus. Les petits agriculteurs disparaissent pour laisser la place à la mécanisation des grands agriculteurs. Il faut céder du terrain à une agriculture raisonné. Le rôle du département est d’accompagner et de faire la promotion des agriculteurs comme la plateforme madeinBW qui travaille le circuit court, le fait. Les mentalités des deux clans doivent changer notamment par une bonne communication entre les citoyens et des communes qui gèrent les conflits. Le tourisme est une matière régionalisée ou des critères sont imposés. Aujourd’hui, on promouvoir les richesses du Brabant-Wallon par plusieurs formes de toursime (historique, loisir, etc). On parle d’un tourisme de proximité et de fidélité. L’image de la Wallifornie est fausse, le Brabant Wallon a de grandes richesses et évoluent de jour en jour. Xavier Dubois travaille au spw agriculutre et ruralité Il y a plusieurs défis que la Wallonie rurale doit relever. Tout d’abord, elle doit conserver un paysage ouvert. Pour protéger le paysage, aujourd’hui, il faut acheter le paysage (bâtiments agricoles). Les fermes sont rachetées par les citadins pour les transformer en logement ou en gîte. Les agriculteurs sont les jardiniers du paysage et des employés. Pour citer un exemple, la firme Colruyt achète les terres et les agriculteurs deviennent les 130


employés de la société auxquels on impose une culture et un rythme de récolte. Face à ça, une spéculation des terres agricoles se forme et ne s’arrange pas avec la problématique des villages dortoir et des logements tremplins qui augmentent le prix du foncier. Pour maîtriser l’aménagement du territoire, il faut densifier noyaux villageois et bannir les zones d’habitat en ruban aux jardins enclavés. Autour du Brabant Wallon, il y a deux grands pôles de travail, Bruxelles et Namur. Pour éviter les trajets jusqu’à ces pôles, il faut créer de l’emploi local et tenter d’interdire la construction de nouveaux zonings aux sorties des autoroutes. Lors d’un PCDR, l’auteur de projet désigné évalue les menaces et les opportunités et réunit les citoyens pour élaborer un diagnostic partagé durant lequel il est demandé de distinguer les réalités du terrain aux sentiments personnelles. Les réalités administratives font que les choses prennent du temps à se mettre en place. Pour les projets dits prioritaires, ils font partie du lot n°1 et durent 2 à 3 ans, le lot n°2 prend de 3 à 6 ans et le lot n°3 prend de 6 à 10 ans. Les projets entre plusieurs communes sont difficiles à élaborer pour cause de désaccords fréquents entre les communes. Pourtant la région fournit jusqu’à 90 % des subsides pour les projets transcommunaux.

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Florence Trum travaille au bureau de la ministre de la ruralité Le ministre est une interface entre l’administration et les différents acteurs. Il y a plusieurs outils comme le PCDR qui sont mis en oeuvres par les communes et qui reçoivent des subsides par le gouvernement wallon. Le REDR est le réseau européen de développement rural et sert souvent de référence. Il n’y a pas de ville et directement le passage à la campagne. Nous sommes face à un enchaînement de plusieurs ruralités qui demandent une équité entre eux et une dynamique locale et globale. Christine Hubert travaille au service aménagement territoire de la commune de Gembloux La hausse démographie impact la pression immobilière, la mobilité et le cadre de vie du rural et de l’urbain. Un bon cadre de vie associe le vivre ensemble, le rapport à l’environnement et au paysage. Le grand défi sera de recréer du lien pour une ruralité plus de dynamique. Les outils que la commune utilise sont le SDC, SOL, ODR, PRU (projet de la gare). Un plan intercommunal de mobilité sous l’initiation d’un GAL a voulu être mis en place mais le projet n’a pas été retenu. En 2019, dans le cadre d’une ODR, nous avons conçu une place de village et la création d’un totem pour affirmer l’identité au territoire et développer de nouvelles représentations. Des panneaux de communication et de sensibilisation en matière d’agriculture ont également été conçu. 132


Susanne Heinen travaille au sein du département aménagement du territoire Les législations gèrent l’aménagement du territoire et l’administration applique ces législations dans le cadre des plans, schémas et permis d’urbanisme. Les schémas sont les fils rouges de l’aménagement du territoire, mais n’évoluent pas et donnent uniquement des indications. Réfléchir et proposer une stratégie pour de nouvelles législations nous permettrait de mieux s’adapter à l’évolution de la société. En Belgique, le système d’aménagement a été fondé sur le plan de secteur, fin 1970. Chaque parcelle a une affection, une fonction à recevoir (la « bonne fonction au bon endroit »). Ce fonctionnement à provoqué l’étalement urbain et les logements en ruban. Réduire l’artificialisation de nouvelles terres (ne pas prendre davantage de zones agricoles) et réduire l’étalement urbain sont essentiels. Le plan de secteur doit créer des synergies et ne plus séparer les fonctions afin d’éviter le « plus on s’étale, plus on se déplace ». Il faut conscientiser le citoyen qui a pris le choix du lieu où il habite et où ils travaillent. Comme on dit, on aime la campagne à partir du moment où on n’est pas touché par les inconvénients. Au-delà des synergies entre les fonctions, dans les campagnes, l’apparition de « maison de village » organisent des rencontres pour créer des synergies plutôt que des oppositions entre les habitants. En Allemagne, on parle de « culture d’aménagement ».

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Karima Haoudy travaille à la maison de l’urbanisme du Brabant Wallon La hausse démographique contribue aux défis de densification et de réduction de l’artificialisation des sols. Une densification respectée c’est améliorer la qualité de l’habitat, la cohésion sociale, la mixité des services, c’est une bonne répartition de la population sans détriment de qualité rurale. La ruralité c’est une vision idéalisée, une transformation profonde de l’agriculture, c’est l’accès à internet, aux services, c’est paysage de qualité et équilibré, c’est l’implication citoyenne (qui se fait par les ccatm ou les « midi de l’urbanisme » par exemple). Aménagement le rural, c’est répondre au défi du logement digne et écologique, c’est avoir des services nontributaires de la voiture et un dialogue ville-campagne car la ville a aussi des carence (logement insalubre, espace public dégradé, etc.). Ma vision ou mes ambitions pour la campagne de demain seraient une acceptabilité des évolutions du territoire et des mentalités.

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Leatitia Lamarcq et Michael Pluijgers, travaillent à la Fondation Rurale de Wallonie dans les communes de Court-Saint-Etienne et de Perwez La mission du service public de Wallonie agriculture, ressources naturelles et environnement, a confié la mission de participer au développement des communes rurales par la mise en place de projets participatifs. En Wallonie, les ruralités sont plurielles tout comme les enjeux : Stimuler l’économie plurielle et équilibrée par des entreprises locales et le soutien de nouveaux modèles économiques (télétravail, co-working, etc) ; Encourager les filières alimentaires , l’économie circulaire et le tourisme durable ; Instaurer un climat de confiance entre néoruraux et agriculteurs ; Sauvergarder le cadre de vie ; Canaliser les pressions immobilières pour maîtriser le capital foncier ; Densifier d’après de nouveaux modes d’habitat ; Aménagement des endroits conviviaux ; Valoriser les ressources culturelles et patrimoniales ; Améliorer la biodiversité ; Avoir accès aux énergies renouvelables ; Se déplace avec une mobilité durable ; Permettre à chacun de vivre en milieu rural ; Permettre l’accès aux services de proximité et numériques ; Mobiliser les citoyens de façon adaptée et cohérente.

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Commune de Walhain- Jean Marie Gillet Schéma de développement pluricommunal : Nous n’avons pas de schéma de développement pluri communal. Je pense que c’est peu fréquent et c’est normal : un SDC est un document éminemment politique, déjà compliqué à réaliser sur le plan d’une commune puisqu’il engage sur plusieurs législatures ; il serait donc très difficile de gérer un même schéma à plusieurs communes sauf des cas particuliers où deux ou trois communes ont exactement les mêmes enjeux à appréhender à plusieurs Par contre ce type de démarche peut parfaitement se justifier pour un SOL dont le périmètre pourrait être défini sur deux communes et pour d’autres plans comme le plan intercommunal de mobilité. Walhain a mené un plan intercommunal de mobilité avec Sombreffe, Gembloux, Perwez et Chastre en 2004 Nous avons l’intention de le retravailler prochainement et de le mettre à jour au moins avec Chastre Nous avons également mené d’autres projets avec des communes voisines mais là c’est plus au cas par cas Au niveau du schéma de développement communal : oui nous avons un schéma de structure qui date de 2012 en termes d’approbation ; il est actuellement en révision et s’appellera dorénavant schéma de développement communal. Un PCA a aussi été entamé pour le village de Nil-SaintVincent mais a été abandonné après un an d’études pour faire place à la révision du SDC car les enjeux dépassaient manifestement le périmètre du PCA ( SOL) de Nil Un SOL est aussi en gestation pour le centre de Tourinnes-Saint-Lambert. 136


Walhain dispose d’un PCDR (https://www.walhain.be/ ma-commune/administration-communale/urbanisme/ cldr-pcdr); nous avons également remis candidature, un gros travail, pour un GAL avec plusieurs communes autour de Gembloux mais notre projet n’a pas été sélectionné par la région ( 2017 je crois) ; actuellement nous espérons développer un nouveau projet de pluricommunalité à nouveau autour de Namur et Gembloux : Tous ces documents sont, selon nous, TRES importants. Car il faut une synthèse de nos besoins, il représente un excellent diagnostic des attentes de la population et structurent bien plus correctement une vision à long terme du territoire. Ils assurent une cohérence bien au-delà de la durée d’une législature. Ils sont réalisés avec des bureaux d’études spécialisés qui prennent en compte les dernières évolutions au niveau pluricommunal et régional. Ils sont dans notre cas largement co-construits avec la population de manière à obtenir, autant que possible, une adhésion large aux objectifs poursuivis.

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Sondage en ligne

Pourquoi déménager en campagne ? (extrait des réponses reçues) Pour un besoin d’espace ; un besoin de calme ; reconnexion à la nature ; etc.

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Quelles sont vos attentes ? (extrait des réponses reçues) Un accès aisé aux transports en commun ; un prix d’achat de maison attractif ; des commerces de proximité ; créer des connexions et des lieux de rencontres avec les habitants ; etc.

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Références des illustrations Schémas/illustrations p. 19 - Source : https://agriculture.wallonie.be/documents/20182/39024/Indicateur_ruralite_SPW-DGO3.pdf/1af199a3055b-4bc7-866e-2b1bac7f7087 p.20 - Extrait d’un plan d’occupation du sol de Wallonie, Fernelmont. Source : https://geoportail.wallonie.be/walonmap#B p.24 - Source : https://archive.org/details/labelgiqueillust00dumo/ page/32/mode/2up p.26 - CPDT, conférence permanente du développement territorial, Atlas des Paysages de Wallonie 2, Les Plateaux brabançon et hesbignon. p.27 - CPDT, conférence permanente du développement territorial, Atlas des Paysages de Wallonie 2, Les Plateaux brabançon et hesbignon. p.34 - Habiter la campagne aujourd’hui, quels biens communs possibles entre anciens citadins et ruraux ? 2016. Source : https://issuu. com/maudn/docs/m__moire_maud_nunez p.37 - Source : https://present.fr/2019/07/23/quand-les-neorurauxprennent-la-campagne-pour-un-immeuble/ p.43 - Source : https://fr.calameo.com/read/0015609790233bee59be1 p.45 - CPDT, conférence permanente du développement territorial, Atlas des Paysages de Wallonie, La Plaine et le bas-plateau Hennuyers, L’Ardenne centrale, Les Plateaux brabançon et hesbignon. p.49 - CPDT, conférence permanente du développement territorial, Atlas des Paysages de Wallonie 2, Les Plateaux brabançon et hesbignon.

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p.54 - Source : https://www.espacevie.be/ressource/les-derniers-chiffres-de-letalement-urbain/ p.59 - Pinterest p. 69 - Déroulement d’une opération de développement rural, Image de «La pratique du développement rural», SPW. p. 92 - Extrait du plan de secteur, province du Brabant-Wallon. Source : https://geoportail.wallonie.be/catalogue/7fe2f305-13024297-b67e-792f55acd834.html p.70 - Déroulement d’un programme communal de développement rural. Source : https://www.pcdr.be/les-etapes-dune-operation-de-developpement-rural/ p.74 - CPDT, conférence permanente du développement territorial, Les posters, Espace ruraux 1. Source : https://cpdt.wallonie.be/sites/ default/files/pdf/espaces_ruraux_1.pdf p.77 - Extrait du plan de secteur et légende. Source : https:// geoportail.wallonie.be/catalogue/7fe2f305-1302-4297-b67e792f55acd834.html p.12, 14, 46, 86 - LA BELGIQUE DES QUATRE VENTS. La Belgique d’Antan, Brabant Wallon - Photos entre 1890 et 1935. Source : https:// belgique-insolite-et-occulte.blogspot.com/2015/01/nostalgie-la-belgique-dantan-brabant.html?m=1 Photographies Première et quatrième pages de couverte : vue aérienne du village de Corbais, réalisées par l’auteur. p.96-105 : communes de walhain, de Chaumont-Gistoux et de Mont-Saint-Guibert, réalisées par l’auteur.

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« C’est en passant par le futur qu'on peut faire bouger les représentations du passé, qui nous empêchent de bien lire et comprendre notre présent.» Cette phrase d’Olivier Mora n’a jamais autant fait écho de l’état de la ruralité d’aujourd’hui. Ces cinquante dernières années, l’aménagement des campagnes a résidé au second plan vis-à-vis de l’aménagement des villes. L’arrivée des néo-ruraux était source de conflits dûs aux changements que leur installation imposait au territoire. Artificialisation des sols, étalement urbain, décentralisation des noyaux villageois, isolement social, etc. Malgré un difficile détachement aux anciennes représentations que l’on se fait de la campagne, la ruralité wallonne se décline aujourd’hui en une ruralité plurielle de par ses acteurs, ses outils et ses enjeux sociétaux, sociaux, environnementaux, politiques et économiques. Ce mémoire retrace l’évolution de nos campagnes et réinterroge les outils mis en place pour répondre aux enjeux d’aménagement du territoire rural wallon. Il met en lumière notre rôle à tous, en tant que citoyen, association, politique, experts, etc., dans la manière de traiter et d’aménager le territoire de nos très chères campagnes.


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