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3. NEMAUSUS 1, JEAN NOUVEL

3. NEMAUSUS 1 DE JEAN NOUVEL

A. Les pensées du concepteur

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Jean Nouvel s’oppose à l'héritage de la Charte d'Athènes, ainsi que l’ordre des architectes, il est connu comme un architecte militant prônant un renouveau architectural en France, pour cela il cofonde le mouvement « Mars 1976 »201, et participe à la création du Syndicat de l'architecture afin de défendre un nouveau courant architectural. Cependant il n'a pas de style architectural attitré, il attribue à chaque projet un regard nouveau naissant d’un dialogue avec l’environnement du projet, afin de créer un bâtiment unique.

Fig 23. Photographie de l’architecte Jean Nouvel202 En complément de l’architecture, J. Nouvel découvre le monde du théâtre et de la mise en scène, qu’il appliquera dans son travail avec des recherches scénographiques dans la gestion de l’espace « Il travaille de manière intensive pour créer et faire valoir un langage architectural où la lumière, l’espace et le contexte sont rois. » il s'intéresse aussi à l’importance des textes et des mots dans le livre Derniers Domiciles connus, Jean Michel Leger le considère comme un architecte « Bâtissant avec les mots », appartenant à ce qu’il appelle « l’architecture d’auteur, travaillant ses projets d’abord avec les mots et les révélant à travers la matière ».

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Dans un article du journal le Moniteur, la journaliste Catherine Sabbah fait le rapprochement avec son passé artistique qui renaît dans sa pratique architecturale « Derrière sa générosité d'architecte, Jean Nouvel conserve sa vision d'artiste, à laquelle il faut adhérer pour habiter ses bâtiments : des murs en béton brut sur lesquels figurent encore - ou ont été rajoutées - les indications de chantier ; l'interdiction de les peindre, d'obturer les immenses fenêtres de rideaux fleuris… »204

On sent un aspect autoritaire dans sa conception architecturale relevé par plusieurs auteurs, notamment Jean Michel Léger qui affirme que l’architecte impose son style architectural qui offre une grande qualité spatiale mais qui n’est pas compatible à tous, et le site « J'espère bien que certains auront horreur de mes logements et qu’alors on leur donnera la possibilité d’aller accrocher ailleurs leurs rideaux et leurs petits trucs cucul la praline ». 205 L’auteur oppose la pensée de l’architecte Jean Nouvel avec celle de l’architecte Yves Lion, qui disait « Je suis très gêné par l’idée d’aller embarrasser la vie des gens par ma propre esthétique (1987) »206 qui n’impose pas une esthétique dans ses projets architecturaux. On peut notamment assimiler cette réflexion avec celle des architectes Lacaton et Vassal qui proposent un style architectural neutre offrant aux futurs habitants, la possibilité d’un aménagement post construction pensé dès la conception que nous étudierons dans la Partie 3.

Cependant, Jean Nouvel prône le bien être des habitants en repensant la qualité du logement, «Le petit logement a souvent été symbole d’oppression »207 pour lui, le confort des habitants est une priorité qui ne peut être réalisée que par l'agrandissement des lieux de vie ainsi qu’une neutralité dans l'aménagement comme nous allons le voir dans le projet de Nemausus « L’essentiel à mes yeux est d’agir sur la nature du logement, afin que les gens aient envie de vivre là où il sont, en leur offrant de l’espace ».

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201 Jean-Michel Léger, op. cit. 202 « Biographie: Jean Nouvel », Ateliers Jean Nouvel, en ligne, <http://www.jeannouvel.com/jean-nouvel/>, consulté le 5 mai 2021. 203 Jean-Michel Léger, op. cit. 204 Catherine Sabbah, « Nemausus Le nouveau logement social », Le moniteur architecture, septembre 2001. 205 Jean-Michel Léger, op. cit. 206 Ibid., p. 13. 207 Laurent Duport, « Laissez-vous conter Nemausus », Villes et Pays d’art et d’histoire, 2007, p. 12. 208 Richard Copans et Stan Neumann, documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80, Nîmes, coll. « RADAR », 1995, 51:17.

B. Présentation du projet

Nom du projet: Nemausus 1

Localisation: Nîmes

Architecte: Jean Nouvel

Année de construction : 1985

Nombres de logements : 144

Fig 24. Fessy (Georges), Photographie du projet Nemausus 1, Nîmes 211 Rapport à la notion d’appropriation : Propose des dimensions plus grandes que les standards209

Le projet Nemausus, doit son nom à une référence à la divinité de la source Nîmoise, et faisant écho à l’univers maritime évoquant une « métaphore navale et métaphore industrielle qui se mélangent pour générer cette révolution de l’habitat social ». 210 Il s’implique dans un programme de conception et d’usage de l’habitat ayant pour réflexion l'amélioration du logement collectif pour le bien-être de ses habitants des années 80, « Le projet a pour objectif de repenser la production de logement en mettant en avant ce qui constitue sa qualité ». 211 Il est devenu aujourd’hui un emblème de la ville de Nîmes, « Visité par des touristes du monde entier, il fait partie du patrimoine de la ville ». 212 Il reçoit en 2008 le label « Patrimoine du XXe siècle » 213 institué en 1999 par le ministère de la culture et de la communication. Le bâtiment offre une nouvelle réflexion sur l'appropriation des habitants ainsi que leur confort de vie, en travaillant une dimension expérimentale proposant plusieurs partis pris architecturaux. Et ce, notamment, en « Offrant plus d'espace au même prix, ... ainsi que proposer aux locataires une nouvelle façon d’habiter, leur fournir un espace de vie plus conforme à de nouvelles règles de conduite » 214

Dans le dossier thématique de l’article Premier plan215, paru en 2017 traitant des innovations architecturales à travers la recherche et l'expérimentation, Jean Nouvel est interrogé sur l’habitat de Nemausus comme une expérimentation qui tente d'offrir plus de place aux logements. Quand le journaliste demande à l’architecte quelle est la genèse du projet, il répond qu’il n'avait pas eu l'occasion dans sa carrière de réaliser des logements HLM, lorsque la proposition lui a été faite il a pris le parti de développer de grands logements au même prix. Selon lui la quantité d’espace est un « critère esthétique, un critère de belle vie ». 216 Pour Jean Nouvel, « un beau logement, c'est un grand logement : une belle pièce, c'est une grande pièce ». 217 La notion d'habitable est essentielle : la principale qualité d'un appartement est sa taille, il faut offrir plus d'espace à vivre à l'usager. « Les deux priorités de Jean Nouvel dans cette réalisation ainsi que dans sa production de manière générale sont : l’espace et la lumière. »218

La première priorité est donc une volonté d’offrir plus de place, son objectif est de proposer des logements de plus grandes surfaces « environ 30% à 50% de superficie de plus que les opérations normalisées »219, mais avec la particularité de réussir à construire au même prix que les logements standard. Il propose dans ce projet diverses dimensions de logements avec une sélection de plans d'aménagements variés, par exemple des quatre pièces en triplex de 116m², aujourd’hui la surface normée d’un quatre pièces est descendue à 73m².

209 Laurent Duport, loc. cit. 210 Ibid. 211 Ibid. 212 Ibid. 213 Ibid. 214 Ibid. 215 PUCA, L’innovation architecturale à travers la recherche et l’expérimentation : « Némausus : expérimenter pour donner plus d’espace », « Plan Construction et Architecture », 2016, p. 13. 216 Ibid. 217 Richard Copans et Stan Neumann, documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 218 Laurent Duport, loc. cit. 219 Ibid.

Cependant pour réaliser son objectif de prix faible, l’architecte propose une « architecture pauvre ramenant les systèmes constructifs au plus simple »220 , Jean Nouvel utilise des matériaux industriels détournés pour l’usage architectural : « l’emploi d’un bardage métallique, tôle perforée en guise de garde-corps pour voir le paysage en transparence, portes de garage permettant l’ouverture du séjour sur la terrasse. » 221 Faisant preuve d’ingéniosité, j’ai notamment retenu l’usage de ces portes qui sont habituellement dédiées aux portes de casernes de pompier représentant 8% du coût total du projet, ce qui est cher mais permettant ici une paroi complètement rétractable pour favoriser un étalement du logement sur l'extérieur sur une terrasse de grande dimension : 15m² avec de 2 mètres de large exposé Sud qui a rapidement séduit les habitants en en faisant une grande qualité architecturale comme le montre la photographie. 222 Cette terrasse répond à une demande importante de l'époque d’une reconnexion du logement à l'extérieur comme nous avons pu le voir avec le projet de Renaudie.

Fig 25. Agence Jean Nouvel, Photographie du projet Nemausus 1, Détail sur la porte du garage, Nîmes223

Malheureusement, bien que la construction ait coûté moins cher, la location quant à elle reste calculée sur les mètres carrés produits du logement, « les habitants payent donc de 30 à 50 fois plus cher que dans une HLM traditionnel, plus grand, plus cher, plus difficile à louer »224 devenant donc aujourd’hui un prototype impossible, et restera une expérimentation utopiste des années 80 ce qui répond aux attentes de l’architecte « Cela m’est égal de me tromper avec mon époque je ne cherche pas à faire une architecture intemporelle, mon désir le plus grand c’est qu’en voyant Nemausus on dise c'étaient les années 80 ».

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Une autre qualité qu’offre ce projet : la flexibilité interne du logement. Jean Nouvel invente le « loft social, modulable et polyvalent » 226 . En voyant le plan, on remarque que dans son aménagement les logements s’articulent avec de grands espaces autour du bloc central comprenant les éléments fixes (sanitaires, gaines, escalier, rangements) ce qui permet par la suite une modularité complète limitant le cloisonnement des pièces et qui « exprime une dimension commune et invite à une utilisation collective »227 . Le logement est traversant sur un axe Nord/Sud permettant une double exposition favorisant une implantation spatiale avec les pièces de vie dans la partie Sud, comprenant de nombreuses ouvertures offrant lumière et air dans l’ensemble du logement, comme le montre les plans ci-dessous :

Fig 26. Michele Leger (Jean), Derniers domiciles connus - Enquête sur les nouveaux logements, Plan d’un logement de Nemausus228

220 Richard Copans et Stan Neumann, documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 221 Ibid. 222 Ibid. 223 « Ateliers Jean nouvel, projet Nemausus », Ateliers Jean Nouvel, en ligne, <http://www.jeannouvel.com/projets/nemausus/>, consulté le 22 avril 2021. 224 Ibid. 225 Ibid. 226 Laurent Duport, loc. cit. 227 Richard Copans et Stan Neumann, documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 228 Jean-Michel Léger, op. cit., p. 85.

Dans le livre Derniers domiciles connus, une partie a retenu mon intention, « Qui doit réparer ? »229 On y apprend qu’avant ce projet, aucun architecte n’avait eu la permission du maître d’ouvrage pour exprimer ses intentions architecturales donc la volonté était de laisser le bâtiment brut avec le béton apparent à l'intérieur des logements, qui n’est pas un choix économique mais un choix culturel « Le fruit d’une volonté décorative délibérée, laissant la sensation particulière d’un édifice encore en construction proposant son propre langage esthétique de chantier » 230 , avec par exemple des signalétiques rouges et blanches présentes sur les escaliers et les portes d’entrée, ou encore à certains endroits des marques réelles ou ajoutées des ouvriers, comme le montre la photographie. Ce choix esthétique est revendiqué par l’architecte comme un projet toujours en évolution « Jean Nouvel imagine ce projet d’évolution en ayant toujours le souci de « répondre à une question posée », celle du confort des habitants. »231

Fig 27. Agence Jean Nouvel, Photographie du projet Nemausus 1, Détail sur le langage architectural du projet, Nîmes232

La particularité de ce projet était l’interdiction formelle faite aux habitants de venir recouvrir les murs laissant le logement tel qu’il était livré, un document engageant le locataire devait être signé dès la location. L'objectif pour les promoteurs était de conserver le logement intact pour favoriser une meilleure rotation dans des logements « standardisés » ne permettant aucune appropriation physique sur l’édifice et ne laissant pas les locataires indifférents. « On savait que le béton apparent était considéré par les « puritains » comme le matériau d’une vérité à enseigner au peuple, mais ce goût ne leur est pas réservé, puisque J.Nouvel l’a imposé à l'intérieur des appartements de Nemausus 1, à la grande colère des habitants »233 .

Cependant, lors de la conception l’architecte a appliqué une variation dans la couleur des rideaux en fonction des typologies d’appartement (bleu, vert, jaune et rouge), cherchant à lier la fonction de protection de l’intimité à un « esthétisme minimal »234 qui permet une appropriation par les habitants qui depuis l'extérieur pouvaient facilement indiquer et repérer leurs logements en revendiquant leur appartenance.

Nous allons voir à présent comment le projet a été perçu par ses habitants, comment se le sont-ils approprié ? Comment ont-ils répondu à l’exigence du laisser tel quel ? ainsi que leurs ressentis.

C. Processus d’appropriation par les habitants

Les logements proposent de grandes surfaces, des typologies différentes, de grandes terrasses ensoleillées en connexion au salon, de grandes salles de bain avec fenêtres, un grand apport de lumière naturelle et des jeux de doubles et triples hauteurs, ... De bien nombreuses qualités que les habitants savent apprécier.

Cependant son appropriation demeure complexe, de par une consigne de contraintes interdisant aux habitants de recouvrir les murs les obligeant à subir le choix esthétique imposé par l’architecte, pensé sous son aspect décoratif et pratique face à une succession de différents locataires. Cependant, on lit dans le livre Derniers domiciles connus235 que lors d’une émission radio l’architecte a qualifié son acte de provocation, laissant dans le bâtiment le sentiment que les logements ne sont pas finis. Les habitants perçoivent cette intention de l’architecte comme un logement « pas gai, pas joli, dégueulasse, ça choque on dirait une cave, difficile à chauffer »236 .

229 Jean-Michel Léger, op. cit. 230 Richard Copans et Stan Neumann, Documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 231 Laurent Duport, loc. cit. 232 « Ateliers Jean nouvel, projet Nemausus ». 233 Jean-Michel Léger, op. cit., p. 9. 234 Richard Copans et Stan Neumann, Documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 235 Jean-Michel Léger, op. cit., p. 64. 236 Ibid.

Mais nous allons voir que les locataires se sont rapidement rebellés et se sont appropriés les lieux autant qu’ils le pouvaient, ce qui s’est avéré un réel succès comme l’explique Jean Michel Léger « Ici les interventions des locataires ont vu améliorer le confort de vie. » 237 modifiant l’aspect du logement par l’utilisation de divers matériaux recouvrant l’aspect brut initial du logement pour se l'approprier. De plus, les espaces entièrement libres sont très mal vécus par les habitants, j’ai remarqué pour certains un manque d’intimité causé par un manque de seuil entre l’espace public et l’espace privé, arrivant directement sur la partie cuisine. Pour l’habiter on remarque à travers les différentes photographies que les habitants sont venus cloisonner les espaces selon leurs besoins. Ce qui remet en question la volonté première de logement à moindre coût au regard des travaux supplémentaires à appliquer par les habitants pour pouvoir s’approprier les lieux. « Les grandes surfaces de Nemausus sont certes bonnes à prendre, mais on peut regretter que les plans des logements se contentent d’agrandir le plan-type sans offrir une diversification des espaces, sachant que ce que les habitants demandent, ce n’est pas tant des mètres carrés en plus que des espaces spécifiques : lingerie, bureau, pièce de bricolage, deuxième salle de bains, chambre d’ami, tous ces espaces qui sont difficilement aménageables à Nemausus. »238

La phrase issue de la conférence de Jean Michel Léger à l'École d'architecture de l'Université de Montréal, exprime le principe d’appropriation des habitants qui est parfaitement mis en valeur dans le documentaire :

« Malgré les difficultés qu’il y a à s'attaquer à du béton sur de si grands volumes, les locataires y sont allés armés de moquette, de papier peint, de lambris et de revêtements adhésifs, ils ont monté des cloisons, bouché des couloirs, dissimulé des escaliers. Ils ont installé des rideaux et choisi leurs interventions à la mesure de leur quotidien et de leurs moyens, et dans ce combat de longue durée, bien-sûr ils ont gagné ! »239

Ce qui se contredit avec la volonté de l’architecte bien fondée, j’ai repris une phrase marquante du livre Derniers domiciles connus qui exprime la pensée de l’architecte face à ceux qui ne s’appropriaient pas « son œuvre » comme il le souhaite :

« J'espère bien que certains auront horreur de mes logements et qu’alors on leur donnera la possibilité d’aller accrocher ailleurs leurs rideaux et leurs petits trucs cucul la praline ».

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Fig 28. Copans (Richard) et Neumann (Stan), Capture vidéo, du documentaire : Nemausus 1, une HLM des années 80, présentant l’appropriation par les habitants des fenêtres avec l’application de divers rideaux 241 Au fil des années les appartements de Nemausus, sont devenus les appartements du possible, qui appellent sans cesse à l’invention et à l’imagination et suscitent l’esprit créatif des hôtes. Cet univers d’espace veut être le lieu de la « liberté d’appropriation absolue »242. Comme l’appuie cette citation : « Le volume compte aussi pour beaucoup dans cette conquête de l’espace : les hauteurs de plafond sont si importantes dans certains appartements que des locataires en ont joué en installant balançoires ou paniers de basket ! Jolie appropriation de cette invitation à la créativité… »243

L’esthétique industrielle qu’impose Jean Nouvel dans les logements de Nemausus semble laisser un avis mitigé pour ses habitants, comme nous l’avons vu, il ne s'adapte pas à de nombreux habitants qui se sentent obligés de s’approprier les lieux par un ajout de matière comme le montre les photographies ci-après. Cependant il y a aussi des habitants qui sont séduits par les intentions architecturales proposées par l’architecte, les grands volumes, les grandes terrasses et cette expression de modernité qui crée une rupture avec le style des années 80, marquant la fin d’une époque en reprenant tous les points positifs qu’elle avait pu offrir. Dans la vidéo précitée

237 Ibid. 238 Jean Michel Léger, « « Le logement collectif : architecture remarquable et critères d’usage », conférence à l’École d’architecture de l’Université de Montréal », http://jeanmichelleger.free.fr/choses-ecrites/detail.php?id=10322, 2011, en ligne, <http://jeanmichelleger.free.fr/chosesecrites/detail.php?id=10322>, consulté le 9 mai 2021. 239 Richard Copans et Stan Neumann, Documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 240 Jean-Michel Léger, op. cit., p. 62. 241 Richard Copans et Stan Neumann, Documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 242 Laurent Duport, loc. cit. 243 Ibid.

on entend que certains locataires sont fiers d’avoir laissé intacts les murs de leurs logements, comme à l’origine, conservant l’âme du Nemausus et la volonté initiale de l’architecte de ne pas changer la décoration originelle.

Fig 29. Copans (Richard) et Neumann (Stan), Capture vidéo : Nemausus 1, une HLM des années 80, Présentant l’appropriation des habitants montrant avec le même cadrages différentes appropriations possibles 244

Un dispositif supplémentaire vient accompagner l’appropriation des habitants, ce sont les circulations extérieures, Jean Michel Leger les présente comme « espace de jeux pour les enfants ; lieu de rencontre entre locataire d’un même étage, la coursive est souvent utilisée comme un véritable prolongement de l’espace habitabilité : elle remplace parfois la terrasse, inutilisable lors des grosses chaleurs de l’été »245 On se rend compte qu'elles aussi sont une continuité du logement.

Notamment avec l’intervention de l'architecte présenté dans le documentaire. Les gardes corps inclinés n'étaient pas acceptés pour une question de sécurité, l’architecte ne voulant pas les redresser il a proposé d’intégrer une assise tout du long qui a rapidement été appropriée par les habitants de l’immeuble, qui en ont fait un banc public, illustré ci-contre.

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Fig 30. Copans (Richard) et Neumann (Stan), Capture vidéo : Nemausus 1, une HLM des années 80, Présentant les gardes corps247

Pour conclure cette analyse j’ai retrouvé dans l'interview de Jean Nouvel déjà citée une question posée à l’architecte qui était de savoir « Quel est le regard des habitants sur l'opération ? »248, ce à quoi l'architecte répond que de son titre il n'était peut-être pas le mieux placé pour avoir un point de vue critique, « Mais quand je me promène à Nîmes, je me promène de façon assez décontractée. Je ne suis pas agressé. Les gens qui ont choisi de vivre là-bas sont des gens qui adhèrent à ce principe de supplément d'espace »249. Il conclut sa réponse en ajoutant que ce qu’il trouve amusant dans ce bâtiment c’est que les habitants se sont approprié les lieux à leur manière et sont contents d’y vivre, « faire plus grand, on ne voit pas pourquoi ça ne plairait pas ! »250 .

Cette seconde partie nous a éclairé sur les premières expérimentations d’appropriation utopiques du logement collectif des années 1970/1980 : Malgré la volonté de quelques pionniers, il semblerait que la place de l’habitant soit restée modeste bien que répondant aux attentes de l’époque. Ces expérimentations constituent encore aujourd’hui des références pour les concepteurs contemporains. Nous allons aborder maintenant la notion d’appropriation dans les logements collectifs d’aujourd’hui, en intégrant l’évolution de ce type d’habitat ainsi que les nouveaux modes de vie des habitants amenant à l’émancipation vers des types de conceptions actualisés.

244 Richard Copans et Stan Neumann, Documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 245 Jean-Michel Léger, op. cit., p. 55. 246 Richard Copans et Stan Neumann, Documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 247 Richard Copans et Stan Neumann, Documentaire: Nemausus 1, une HLM des années 80. 248 PUCA, loc. cit. 249 Ibid. 250 Ibid.

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