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3. ILOT 3H, BEATRIZ RAMO

3. ILOT 3H DE BEATRIZ RAMO A. Les pensées du concepteur

L’agence STAR est encore peu connue en France, la vidéo de la conférence de Beatriz Ramo dans le centre d’architecture de LUCA au Luxembourg 345 présente son expérience, son travail, et l’explication complète du projet de rénovation de la ville de Paris, Îlot 3H que nous verrons par la suite. La plupart des informations utilisées sont issues de cette vidéo. Au début l’agence n’avait pas de clients, ils ont donc réalisé de 2007 à 2011 beaucoup de concours ouverts dans lesquels ils ont eu l’occasion de remporter plusieurs prix, leur permettant une autonomie mais surtout une multitude d’expérimentations, cherchant à s’adapter à une société en continuel changement, qui ne trouve pas sa place dans les propositions contemporaines.

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Fig 49. Photographie de l’architecte Beatriz Ramo346

Les logements proposés aujourd’hui aux habitants soulèvent une question de qualité et de durabilité. Beatriz Ramo pense que l’habitat, pour être durable, devrait pouvoir s’adapter aux changements de façon de vivre et aux évolutions des modes d’habiter. Dans un développement des modèles urbains, Beatriz Ramo va prendre en compte la dimension intérieure des logements en cherchant à requestionner la conception de l’architecture qui selon elle, n’est plus adaptée à la société d’aujourd’hui, en commençant par essayer de comprendre le problème à la base qui demeure le logement « Imaginer une ville résiliente, c’est la penser à sa plus petite échelle, l’habitat

».

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Elle termine sa conférence en disant : « Je termine simplement avec cet article écrit par Sybille Vincent, un journaliste qui écrit pour Libération, un journal français, il résume avec une phrase pas forcément spectaculaire mais très juste « Et si l’habitat de demain s'adaptait au mode de vie d'aujourd'hui ? » C'est tout ce qu'il faut aujourd'hui pour révolutionner le logement, pas le révolutionner de manière fantastique, extravagante, ce sont vraiment les petites choses qui vont faire les grandes révolutions »348 Cela exprime parfaitement sa manière de penser cette notion d’appropriation où on conçoit un logement qui doit s’adapter à son habitant.

« Le logement est à la fois un morceau de territoire et le territoire le plus petit, et c’est au quotidien que nous le « vivons » ... Standardisé et perçu sous ses dimensions normatives et quantitatives, il devient une sorte de container impersonnel de chiffres habillé par des façades plus ou moins photogéniques. Son intérieur n’est plus interrogé. »349

À travers ses projets, l’architecte va donc essayer de recréer du lien entre l’habitant et l’habitat en diversifiant au maximum les logements, comme par exemple dans la présentation de son projet « Manzana 5 »350 dans lequel l’agence a pu expérimenter une recherche complexe en façade mais surtout une liberté totale dans l’aménagement du logement, en proposant 105 logements différents sur 168 au total, ce qui montre qu’il peut y avoir une diversité de l’habitat au sein d’un collectif dense.

345 LUCA Luxembourg Center for Architecture, BEATRIZ RAMO - STAR STRATEGIES + ARCHITECTURE, REVOLUTIONNER LE LOGEMENT, 2020, 1:17:15. 346 STAR strategies + architecture – Rotterdam | Beatriz Ramo, en ligne, <https://st-ar.nl/about/beatriz-ramo/>, consulté le 10 mai 2021. 347 « Modèles urbains de demain : penser à sa plus petite échelle », Demain La Ville - Bouygues Immobilier, 2016, en ligne, <https://www.demainlaville.com/beatriz-ramo-imaginer-une-ville-resiliente-cest-la-penser-a-sa-plus-petite-echelle-lhabitat/>, consulté le 19 avril 2021. 348 LUCA Luxembourg Center for Architecture, Conférence Beatriz Ramo, LUCA. 349 « Modèles urbains de demain : penser à sa plus petite échelle », « Modèles urbains de demain ». 350 LUCA Luxembourg Center for Architecture, Conférence Beatriz Ramo, LUCA.

B. Présentation du projet

Nom du projet : Ilot 3H

Localisation : Ivry sur Seine

Architecte : Beatriz Ramo

Année de construction : Projet en cours

Rapport à la notion d’appropriation : Nouvelles typologies

Fig 50. Perspective du projet en cours par l’agence STAR 350

Je me suis inspiré pour cette partie de la conférence et du condensé d’information que j’ai pu retrouver dans l’article Libération « Logement : au fur et sur mesure »351 par Sibylle Vincendon publié le 27 décembre, ainsi qu’au magazine AMC.

352 Ce projet propose une conception qui est réfléchie directement avec l’habitant, afin de penser au préalable des évolutions possibles pour lui, en faisant un logement sur mesure dans un collectif. Je comparerais ce type de conception au travail de réhabilitation, un travail réalisé par l’architecte, main dans la main avec l’habitant, pour repenser le logement d’aujourd’hui. Dans le plan de réaménagement de la ville de Paris, le quartier d’Ivry-Port, de nombreux objectifs sont énoncés. Selon le site de la ville, le projet propose un programme mixte et équilibré avec une requalification des espaces publics, ainsi que la création de nombreux espaces verts. Il annonce une revalorisation et un développement de 10% d'équipements publics, 50% d’activités économiques, et pour finir 40% de logements favorisant la mixité sociale, « Environ 5 500 logements seront créés sur le périmètre de la ZAC Ivry Confluences, ce qui fera évoluer la population du quartier en passant de 10 000 à 16 000 habitants à horizon de 2025 ». 353 Le programme résidentiel proposé cherche à créer une nouvelle ligne d’horizon et à offrir des plans d’appartements innovants. Les questions techniques sont anticipées dès la conception qui intègre d’emblée les scénarios futurs de transformation.

Beatriz Ramo choisit de candidater en France à la suite de la crise en Espagne et le manque de projet au Pays Bas, en France elle avait la possibilité d'appliquer ses principes théoriques de manière rapide en ayant une connexion directe avec les personnes qui prennent les décisions. 354À la suite d’une crise du logement, le Grand Paris fait une grande demande de construction de logements, cela génère énormément de questions sur l’habitat pour le rendre meilleur malgré une forte demande, une taille de logement de plus en plus petite, des loyers de plus en plus chers…

De son point de vue extérieur à la France, l’architecte revient sur de nombreux points qui bloquent l'avancée de l’expérimentation et l'amélioration du logement collectif en France, par exemple la réglementation qui crée à force trop de limites, l’architecte énonce par exemple les lois sur l’accessibilité PMR qui passe de 5% à 100 %, limitant l’ingéniosité des plans. Elle explique qu’aux Pays-Bas, en Espagne, et en Suisse les projets de concours présentés s'intéressent pratiquement essentiellement aux plans produits, alors qu’en France il y a une sorte de standardisation qui s’est créée, car les plans ne changent pas. Elle présente les plans dit « classiques » pour ne pas dire standardisés qui n’évoluent pas contrairement aux façades, qui elles, connaissent une grande inventivité selon ses mots : « c’est la façade où l’architecte a l'opportunité d'exposer sa créativité et c’est des fois tellement exagéré que ça montre l’envie et le besoin de faire quelque chose »355 .

351 Sibylle Vincendon, « Logement: au fur et sur-mesure », Libération, en ligne, <https://www.liberation.fr/france/2015/12/27/logement-au-fur-et-surmesure_1423133/>, consulté le 19 avril 2021. 352 « Exposition : Réver (cités) à la Cité de l’architecture- AMC Architecture », AMC Archi. 353 Ville d’Ivry-sur-Seine, « Ivry Confluences », Ville d’Ivry-sur-Seine, en ligne, <https://www.ivry94.fr/164-21/fiche/ivry-confluences.htm>, consulté le 8 mai 2021. 354 LUCA Luxembourg Center for Architecture, Conférence Beatriz Ramo, LUCA. 355 Ibid.

Partant de ce constat, elle se demande « Comment on peut trouver toujours le même plan alors qu’on a une diversité de ménages qui sont de plus en plus variés »356 appuyant ses propos avec un graphique qui montre que 27% des ménages restent « classiques » (un couple et deux enfants), cependant la société actuelle, demande une grande diversité dans leurs aménagements pour répondre à des demandes de plus en plus changeantes, les colocations, les personnes âgées vivant seules, les étudiants, .... Elle va donc procéder à une étude anthropologique très poussée pour comprendre quelles sont les attentes du logement approprié de la société contemporaine. Elle rejoint en cela les pensées de l’architecte Patrick Bouchain qui écrit dans Construire ensemble le grand ensemble « La famille nucléaire, qui a servi de modèle au logement social, n'existe plus. Si tous ces changements ne sont pas pris en compte, c'est encore une fois une ville contraire à la réalité qui va se construire ».

357

Pour ce faire l’architecte va s’inspirer de la coupe de Bertall parue en 1845, qui illustre la vie parisienne du 19ème siècle, elle explique dans la conférence qu’à travers cette illustration d’un bâtiment auquel on a retiré la façade on comprend l’organisation complexe et toute la richesse d’appropriation des appartements par les habitants ainsi que le fonctionnement spatial. 358 Ici les étages représentent les classes sociales selon une hiérarchie, avec un escalier permettant un dialogue entre elles et des rencontres possibles. 359 360

Fig 51. Bertall, Coupe d’une maison parisienne, Gravure de Lavieille publiée dans Le Diable à Paris. Paris et les Parisiens, « revue comique », Jules Hetzel éditeur, Paris, 1845. 359 Fig 52. Ramo (Beatriz), « Coupe d’un immeuble parisien - situation actuelle », (basée sur la recherche : "L’Intérieur de la Métropole") , STAR stratégies+ architecture, Paris, 2015 360

Beatriz Ramo fait le constat qu’aujourd’hui le logement est ramené à une standardisation due à de nombreuses normes, réglementations et contraintes du marché. Cependant en retirant une façade à un bâtiment « Nous découvrons un univers fascinant de modes de vie tous différents et changeants, qui témoignent de la grande mutation de la société actuelle ». 361 La coupe devient son outil de prédilection dans la conception du projet,

356 Ibid. 357 Patrick Bouchain, op. cit., p. 3. 358 LUCA Luxembourg Center for Architecture, Conférence Beatriz Ramo, LUCA. 359 Bertall, Coupe d’une maison parisienne (1845) | Revue Captures, en ligne, <http://revuecaptures.org/image/coupe-d%E2%80%99une-maisonparisienne-1845>, consulté le 10 mai 2021. 360 LUCA Luxembourg Center for Architecture, Conférence Beatriz Ramo, LUCA. 361 Sibylle Vincendon, « Logement ».

comme le montre les illustrations ci-dessus. A travers on y lit énormément d'informations très claires et facilement compréhensibles par tous, s’inspirant d’un principe de bande dessinée. Cet outil lui permet dès la conception de penser le projet dans sa globalité comme avec un Tetris venant adapter les différents agencements selon l’usager.

Elle va donc analyser un logement en partant de la composition des pièces intérieures et en observant comment les habitants s'approprient les lieux, afin de comprendre au mieux leurs attentes. Dans sa conférence elle dit : « Il faut penser le logement à partir de l’habitant, de ses modes de vie, créer un logement flexible, et évolutif, qui déterminera l’ensemble architectural, et non un habitat contraignant dans lequel devra s’adapter l’habitant. »362 l’aspect extérieur du bâtiment devient secondaire. « Nous analysons les différents appartements, pour voir comment les ménages doivent faire des acrobaties pour s’adapter au logement, alors que c’est l'aberration la plus grande aujourd’hui, est ce que ce n’est pas le logement qui doit s’adapter à l’habitant et pas l'inverse ? »363

À travers ses représentations l’architecte communique le projet en montrant ce qui se passe « à l’intérieur », ce qui lui permet de repenser le logement en plans et en coupes, ainsi la façade devient le reflet de l’agencement interne, en donnant une certaine lecture des espaces. Chaque scénario offrant une diversité incomparable en comparaison à d'autres types de construction de logements collectifs « standard », ici il semble qu’on cherche à atteindre le sur-mesure. Cependant cela demande une grande organisation prenant un large temps de conception, afin de répondre aux diverses demandes menant à une cohabitation et à une décohabitation.

L’architecte repense la façon de concevoir l’habitat dans la conférence, elle explique que « les 358 logements programmés sur l’îlot 3H ne seront pas des logements stéréotypés. Aux traditionnels T1, T2, T3 mesurant en général 32 m2, 42 m2, et 62 m2 »364 Elle va plutôt proposé des « T1+» et des « T2+» proposant des surfaces intermédiaires, mieux adaptés aux familles recomposées ou aux parents célibataires. De plus elle tient à éviter la traditionnelle séparation jour/nuit qui place automatiquement les chambres parents et enfants côte à côte. Dans ce projet elle propose des espaces plus autonomes, avec leurs propres salles d’eau. L’architecte explique « Une indépendance privilégiée lorsque les enfants deviennent des adolescents, et qui facilite les cohabitations non familiales, entre personne âgée et aidant, par exemple. » De plus, elle propose ainsi des logements avec un agencement évolutif qui faciliterait ainsi la sous-location d’une chambre à un étudiant une fois les enfants partis du foyer voire même une re-division de l'appartement.

Cette proposition de logements évolutifs permettrait de répondre aux besoins changeants de la population contemporaine, cependant cela vient à inverser complètement la chaîne de production du logement questionnant quant au coût de ce genre d'opération qui semble être le seul frein pour ce type de projet.

A cela l’architecte répond « Diviser un logement ne sera pas si complexe d’un point de vue technique. Les surcoûts de construction sont extrêmement faibles, autour de 4 500 euros par habitation. Il s’agit surtout d’une question d’anticipation et d’organisation. ». 365 La notion clé de ce genre de projet est donc « Anticipation et organisation » qui ne correspond pas actuellement aux demandes de logements où on attend des réponses rapides et les moins chers possibles.

362 LUCA Luxembourg Center for Architecture, Conférence Beatriz Ramo, LUCA. 363 Ibid. 364 Ibid. 365 Ibid.

C. Processus d’appropriation pour les habitants

Comme le projet n’est pas encore réalisé, j'ai choisi de présenter ici, non pas comment les habitants s'approprient le logement, mais les différentes possibilités pensées dès la conception, afin d'améliorer la notion d’appropriation pour ses habitants. Je vais reprendre ici l’article du journal libération « Logement : au fur et surmesure »366qui illustre les différents cas de propositions en le complétant avec les informations récoltées lors de la conférence « Star strategies + Architecture : Révolutionner le logement »367 qui se déroule en 2017 dans le centre d’architecture du Luxembourg LUCA. Le constat que fait l’architecte est qu’il n’y a pas d'évolution dans la conception architecturale proposant les mêmes aménagements que dans les années 50 face à une société qui ne cesse d’évoluer. « Comment on peut toujours trouver le même plan alors qu’on a une diversité de ménages qui est de plus en plus variée » Elle présente un graphique qui montre que 27% des ménages restent classiques, alors que la société actuelle offre un panel beaucoup plus complexe, ce qui demande une grande diversité dans les aménagements que ce soit le travail à domicile, les colocations, les personnes âgées, ... « L’agence a recensé une quinzaine de modes d'occupation possibles contre seulement un seul proposé par les promoteurs, toujours les mêmes partout ». 368 Selon l’architecte aujourd’hui « Dès qu'on sort de la famille type, le logement devient pénible et peu approprié. … C’est pour rompre avec ces mauvaises habitudes que la société d’économie mixte du Val-de-Marne, la Sadev 94, a demandé aux architectes de Star d’élaborer, pour la ville d’Ivry, un programme d’habitation enfin adapté à la vie des gens. » 369 L’agence a donc le rôle de repenser l’habitat moderne, pour rendre une appropriation plus adaptée, en fonction des attentes changeantes des habitants.

Le journaliste explique que 7900 logements doivent être construits sur une quinzaine d'années dans la ville d’Ivry « Au vu de telles quantités, le directeur opérationnel de la Sadev 94, Djamel Aït-Aïssa, a estimé qu’il était urgent de réfléchir sur l’habitat. Avant de constater que, dans le métier, à peu près aucun opérationnel ne le faisait ».

370 De plus en plus de promoteurs imposent des modèles tout prêts, ici l’agence propose un nouveau modèle à sa façon. Pour cela, elle va questionner les différents besoins de la société contemporaine et essayer de convenir d’un appartement sur mesure. Dans la conférence371, l'architecte présente tous les nouveaux aménagements proposés en répondant à des attentes plus particulières et pour chacune de ces situations, elle illustre avec le principe de coupe proposant une image compréhensive. Le projet comporte une réelle dimension humaine : A partir d’histoires vraies, ils dessinent des logements existants et montrent ainsi comment on pourrait améliorer le quotidien des habitants. Il ne s’agit plus de « caser les habitants dans des boîtes »372

L’agence Star propose diverses solutions je vais en présenter deux exemples repris de l’article du journal :

Le T3 super adaptable : un couple âgé cohabite avec son fils revenu à la maison

Le premier exemple présente le cas d'Anthony, à 28 ans il est chômeur n'ayant plus le moyen de payer son logement, il décide de retourner chez ses parents habitant dans un T3 « standard » de 60m². Cependant cette disposition ne permet plus une cohabitation « La promiscuité du T3 ne gênait pas quand Anthony était enfant. Elle est intenable maintenant qu'il est adulte. » 373

366 Sibylle Vincendon, « Logement ». 367 LUCA Luxembourg Center for Architecture, Conférence Beatriz Ramo, LUCA. 368 Sibylle Vincendon, « Logement ». 369 Ibid. 370 Ibid. 371 LUCA Luxembourg Center for Architecture, Conférence Beatriz Ramo, LUCA. 372 Ibid. 373 Sibylle Vincendon, « Logement ».

Standard

Adapté 374

Fig 53. Ramo (Beatriz), Coupe d’un appartement parisien T3 super adaptable – mise en situation, (basée sur la recherche : "L’Intérieur de la Métropole") , STAR strategies + architecture, Paris, 2015 374

Avec la proposition d'aménagement que propose l’agence d’architecture STAR+ la disposition devient optimale dans un logement de 63m² avec les chambres de part et d’autre et la pièce de vie au centre « Leurs rythmes de vie, différents, ne posent plus de problème »375 De plus, une fois la chambre libre, les parents pourront sous-louer la chambre pour un étudiant, sans difficultés.

Le T5 évolutif, occupé par une veuve de 70 ans :

Voici un autre cas de figure présenté, il est très courant dans la ville de Paris selon l’architecte. Il représente une personne veuf/ve ayant un appartement T5 de 95m² devenu surdimensionné pour son usage devenant de plus difficile à entretenir. La surface habitable est devenue trop large pour elle dans un contexte de demande croissante de logement. Cet exemple met en situation Josette femme veuve de 70 ans, « Son dernier fils essaie de la convaincre de louer une chambre à un étudiant ou de déménager. Mais Josette ne se voit pas partager sa salle de bains. Et encore moins quitter le quartier au bout de trente-cinq ans. »376

Standard

Adapté377

Fig 54. Ramo (Beatriz), Coupe d’un appartement parisien T5 évolutif – mise en situation, (baséesur la recherche : "L’Intérieur de la Métropole"), STAR strategies + architecture, Paris, 2015 377

La proposition de l’agence permet d’anticiper ce genre de situation en achetant un T5 conçu au préalable pour être scindé en deux, permettant une fois seul de réaliser des travaux de séparation établis lors de la conception. La création d’un nouvel accès et d’une nouvelle cuisine sont ainsi possibles avec un temps de travaux extrêmement court ce qui permet à l’habitant de garder un espace de 62m² pour elle : « elle a gardé le salon des réunions de famille, sa chambre, sa cuisine et l'espace pour recevoir ses petits-enfants. »378 Ce réaménagement a permis de laisser une partie de son logement en location pour un jeune étudiant.

374 Sibylle Vincendon, « Logement ». 375 Ibid. 376 Ibid. 377 Sibylle Vincendon, « Logement ». 378 Ibid.

Beatriz Ramoz impose en plus 8 principes379 dans le futur projet afin de correspondre au mieux aux attentes modernes aidant à s'approprier le logement :

Un séjour modulable : permettant de venir fermer ou ouvrir le séjour afin de l'agrandir en cas de changement temporaire (fête de famille, accueil d’un proche…) Une pièce en plus "l'alcôve" : Une pièce non définie, pour des besoins permanents divers (bureau, salle de musique, coin lecture, buanderie...)

Un Plug/ balcon Refermable : une pièce donnant sur l'extérieur mais qui peut être refermée pour offrir une continuité des pièces à vivre.

Une Cuisine flexible : qui a la possibilité d'être ouverte ou fermée, permettant de gérer les problèmes d’odeurs et d’intimité du logement. Une maison des enfants : un espace différencié entre celui des parents et celui des enfants permettant d’offrir un espace intime au deux en toute autonomie.

Des chambres indépendantes et autonomes : cela permet de pouvoir à l’avenir sous louer l’espace sans être impacté dans le logement quotidien voire même de faciliter le développement de colocation.

Des rangements intégrés (pour optimiser l’espace) : Ici vient l’idée d’optimiser l’espace en proposant de grands rangements intégrés au mur permettant d’agrandir les espaces de vie. Une chambre d’ami : Ce nouveau concept se développe de plus en plus dans les projets contemporains : Il s'agit d’avoir un espace commun à tous les appartements qu’on peut louer et/ou avoir un espace réservable pour accueillir des proches.

Tous ces principes mis en œuvre dans le projet devraient voir le jour sous peu, chaque appartement a été assigné à une famille au plus près de ses attentes, cependant il faudra attendre quelques années pour savoir si cette proposition est réellement une révolution pour le logement collectif moderne et son appropriation… Je pense que la réponse proposée dans ce projet correspond aux évolutions auxquelles s’attendent les habitants des logements collectifs contemporains. On en vient à se questionner comment faire mieux que ce qu'elle propose pour s’adapter à une société changeante ? Alors que le projet est pensé sur mesure pour répondre à nos attentes modernes, est-ce la seule solution pour concevoir l’architecture de demain ? « Architecture. Divorce, chômage, vieillesse… Et si l’habitation de demain s'adapte au mode de vie d’aujourd’hui ? C’est le pari fait à Ivry, où des appartements adaptés et adaptables doivent être construits ».

380

Nous avons vu dans cette troisième partie différentes expérimentations actuelles, complétant les premières propositions vues en partie 2. Le tout est reclassé dans un tableau en Annexe 1 p.84-85 Ces projets contemporains nous ont permis d’observer le renouvellement de l’appropriation au sein du logement collectif, s’adaptant à une société changeante et intégrant les besoins des habitants qui évoluent au cours de leur vie. La rencontre réalisée auprès des habitants du projet Machu Picchu recentre la question autour des premiers concernés qui mettent en avant la complexité de cette notion toujours en requestionnement.

379 LUCA Luxembourg Center for Architecture, Conférence Beatriz Ramo, LUCA. 380 « Des logements adaptés aux nouveaux modes de vie », Servir le Public, 2016, en ligne, <https://www.servirlepublic.fr/2016/02/des-logementsadaptes-aux-nouveaux-modes-de-vie/>, consulté le 8 mai 2021.

CONCLUSION

« LA VÉRITÉ SORT DE LA BOUCHE DES … HABITANTS »

Au début de ce mémoire de recherche, je suis parti de la problématique suivante : Comment la question de

l’appropriation dans le logement collectif se renouvelle-t-elle aujourd’hui en France ?

J’ai commencé par définir cette notion complexe et polysémique avec l'appui de différents textes sociologiques, dans un cadre théorique. Cela m’a permis d’avoir une base réflective pour la suite de mes recherches afin de connaître le sujet d'étude dans sa complexité. Puis, j’ai cherché depuis quand cette notion était apparue dans les logements collectifs. Nous avons vu qu’à la naissance des logements collectifs, marquée par l’arrivée des grands ensembles d'après-guerre, la notion d’appropriation était quasi inexistante, le contexte amenant les concepteurs et les architectes à réaliser des logements dans un temps court et à prix réduit. Cependant cette notion d’appropriation était déjà acquise par les habitants. Nous avons constaté qu’il était possible de s’approprier un logement collectif standard puisque l’habitant réalise une appropriation post conception avec l’application d’actions physiques et mentales. Si l'appropriation n’est pas pensée au préalable dans la conception, j’ai constaté qu’elle s’opérait quand même a posteriori généralement de deux manières :

- Par l’histoire : Avec le temps, l’installation dans le logement, le quartier. - Par la matière : Par l’ajout de meubles, décoration, identité

Depuis les années 80, la préoccupation des concepteurs se tourne, selon les différentes études d'expérimentations analysées précédemment, vers l’application et la prise en compte d’une appropriation améliorée pour les futurs habitants, dès la conception du projet. Après ce travail de recherche, il apparaît que l’appropriation permet l’identification d’un habitant à son habitat, ainsi qu’une meilleure intégration individuelle des personnes au sein des logements collectifs et une meilleure relation entre voisins. Force est de constater que si la notion commençait à prendre sens pour tous durant les années 80, l’appropriation, dès la conception, mis à part quelques exemples emblématiques comme celui de Lucien Kroll, prônant la participation en amont des projets, les choses n’allaient pas de soi : En effet, la logique des grands ensembles qui n'envisageaient pas l’appropriation perdurait, les normes de construction en constante évolution freinaient les expérimentations, et le maintien de modèles obsolètes par les promoteurs constituaient autant d’obstacles à une possible évolution. L’effort de ces architectes a permis de mener aux expérimentations contemporaines, elles sont encore aujourd'hui présentées comme des modèles à suivre, comme nous avons pu le voir dans les conférences étudiées. Ce qui nous amène aux expérimentations mettant en valeur la notion d’appropriation aujourd’hui.

Cependant la question aujourd'hui reste : Comment faire pour améliorer l’appropriation au sein du logement collectif Français ? Dans la plupart des retours d'échanges que j’ai eus avec des architectes et étudiants sur le sujet, ces derniers répondent à cela : Que les choses ne changeront pas, ce sont des standards qui sont appliqués, alors pourquoi les changer ? Ils délèguent la responsabilité aux promoteurs, et maîtres d’ouvrages qui imposent des programmes et des normes trop excessives.

Patrick Bouchain fait partie des architectes qui ont œuvré pour faire changer cet état de fait. Il explique dans l’ouvrage Construire ensemble le grand ensemble : « J'habite comme je suis, et mon habitat projette ma réalité sociale et culturelle. C'est en ce sens qu'il faut entendre la nécessaire réglementation du logement « social » : Permettre aux différences de s'exprimer plutôt que de reproduire le même modèle. »381 Patrick Bouchain aborde ici l’obligation de prendre en compte la différence et la contrainte de la norme qu’il a cependant réussi à contourner en contribuant à la promulgation de la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de création, à l'architecture et au patrimoine (LCAP) Le « permis de faire », l’expérimentation issue de cette loi marque le passage d’une culture de la règle à une culture de l’objectif afin de contribuer à l’amélioration de la qualité du cadre de vie.

Aujourd’hui, à travers les projets recensés, la conception de l’appropriation au sein du logement collectif semble donc se renouveler et se tourner vers la notion de « flexibilité » dans une société en mouvance perpétuelle qui demande une meilleure liberté d’expression et d’appropriation. Dans la production du logement collectif français, l’avis des habitants a trop souvent été mise de côté. Aujourd’hui il faut répondre à une multitude de demandes changeantes pour permettre l’appropriation : « Pour suivre les évolutions de ma vie, j'ai besoin de modifier mon logement pour me réapproprier mon lieu de vie. Mon regard évolue sur mon habitat et c'est pour cette raison que pour m'y sentir bien, des changements sont nécessaires de temps en temps. »382 Extrait du sondage sur la notion d’appropriation, réponse de Maud Dupont Decaëns.

Aujourd’hui, les projets d’architecture proposent une évolutivité de l’habitant avec son habitat. Pour cela, il existe des projets qui proposent de nouveaux systèmes en identifiant et requalifiant les différentes entités qui composent le logement collectif : système constructif, cloisonnement, cuisines et sanitaires… visant à une liberté de répartition des usages dans le logement sans devoir se conformer aux typologies imposées devenues aujourd’hui inadaptées. Cependant ce système propose une vision qui n’est pas encore acquise par certains habitants confrontés à des typologies imposées. Pour une transition plus douce, je remarque que ce problème est de plus en plus solutionné par l’ajout d’une pièce ; un espace supplémentaire au logement qui n’est pas défini, comme nous avons pu le voir appliqué dans le projet de Eden square ainsi que dans celui du Machu Picchu.

En plus, à cette notion de flexibilité vient s’ajouter un besoin grandissant pour l’acquisition d’un espace extérieur contigu au logement. Pour les architectes Gaëlle Hamonic et Jean-Christophe Masson, les espaces extérieurs participent fortement à une bonne appropriation de leur logement par les habitants. « Aujourd’hui, de nombreuses personnes aspirent à vivre dans un habitat individuel. Les raisons de ce désir sont multiples mais deux paramètres reviennent toujours : le premier est celui de l’identité de son logement, son « chez soi » et le deuxième, c’est pouvoir déjeuner dehors, avoir un rapport direct avec l’extérieur et posséder son propre sol. Ces envies doivent être intégrées à l’échelle des appartements dans un immeuble collectif. C’est en offrant ici des logements et des espaces extérieurs multiples et variés dans leurs typologies que nous répondons à cette quête d’identité, d’appropriation et de différenciation dans le collectif ».

383 La période actuelle que j’aborde ci-après en ouverture mets en exergue cette aspiration à un espace extérieur.

La notion d’appropriation est donc toujours au cœur des débats dans l’architecture. Il y a d'ailleurs l’exposition « Regards croisés » qui va se dérouler le printemps 2021 au Bazaar St Sauveur à Lille. Elle y présentera des projets traitant de la notion d’appropriation principalement au travers des projets de Lacaton et Vassal ainsi que la photographe Hortense Soichet. J’espère y trouver la confirmation que l’appropriation est en marche grâce à une plus grande participation des habitants au débat dès la conception.

382 Marius Cailleau, SONDAGE ARCHITECTURE ET APPROPRIATION - Google Forms. 383 D’Ile-de-France LES CAUE, Observatoire de la qualité architecturale du logement en Ile-de-France Les évolutions dans la conception et la fabrication de logements en Île-de-France, novembre 2016.

OUVERTURE

IL EST TEMPS D’AGIR…

J’aimerais ouvrir la réflexion sur la crise sanitaire actuelle qui a généré un élan de remise en question dans le « confort » du logement par ses habitants. Lors du confinement nous avons été contraints de vivre constamment chez nous, ce qui a occasionné un requestionnement de notre manière d'habiter notre logement, avec de nouveaux usages qui sont venus transformer notre quotidien. La crise sanitaire vient questionner notre rapport à l'habitat. Depuis un an déjà nos modes de vie ont changé, nous avons dû apprendre à être des habitants confinés, cela a été une épreuve pour plus d’un. Le débat commence déjà à faire sens dans la conception architecturale de demain.

L'agence d’architecture MCBAD publie un article « La ville idéale n’existe pas, seule la ville sur mesure existe »384 dans lequel les architectes se questionnent sur les conséquences qu’implique le Covid répondant à la problématique « Le confinement aura-t-il l’effet d’un mal pour un bien dans la libération de la conception de l’habitat ? » Les auteurs expliquent que le confinement a permis de faire la redécouverte de l'expérience d’habiter son logement « enfermé dans nos logements nous avons pu mesurer les liens étroits qui existent réellement entre nos cellules de vie avec la ville ». Ils remettent ainsi en question la production de logements collectifs aujourd'hui « La production du logement en France répond à une trilogie destructrice de l’espace d’habitation. Les normes généralisées, les techniques standardisées et l’économie des coûts de construction tuent depuis des années la conception d’un habitat libre et adapté à nos usages. »385 Leur constat explique que la conception du logement collectif en France est devenue un standard type se mettant à contre-courant de nos nouveaux modes de vie. Il faut donc profiter de ce constat pour faire changer les choses « La priorité de l’habitat doit redevenir un lieu d’émancipation de vie dans toute sa diversité et ainsi proposer des espaces adaptés aux usages des habitants. »386

En continuité de cette recherche, j’ai trouvé l’article « Le télétravail remet en cause la symbolique de l'habitat »387 dans lequel le journaliste Erick Haehnsen du journal les Echos interview Guy Tapie sur l’impact de la crise sur les attentes du logement pour les français, il parle notamment de l'impact réel du télétravail sur l’habitat « Il change les modalités d'appropriation des espaces de vie puisqu'une grande partie de la population a fait l'expérience du télétravail chez soi. » 388

L'appropriation qui est en constante évolution cherchant à s’adapter aux exigences d'une société changeante. Guy Tapie met en avant les inégalités sociales qui ont été mal vécues lors du confinement « En temps normal, on accepte les contraintes urbaines (logement moins grand et moins bien éclairé…), à condition de pouvoir sortir dans les parcs et jardins, les bars, les lieux culturels. »389 L’appropriation de son logement se fait donc aussi par ce qui l'entoure afin d’en améliorer le bien-être de l’habitant.

384 Architectes Urbanistes MCABAD, La ville idéale n’existe pas, seule la ville sur mesure existe.. , Et demain on fait quoi ? , Pavillon de l’Arsenal, en ligne, <https://www.pavillon-arsenal.com/fr/et-demain-on-fait-quoi/11705-la-ville-ideale-nexiste-pas-seule-la-ville-sur-mesure-existe.html>, consulté le 30 avril 2021. 385 Ibid. 386 Ibid. 387 Erick Haehnsen, « Le télétravail remet en cause la symbolique de l’habitat », Les Echos, 2020, en ligne, <https://www.lesechos.fr/thema/changer-deregion/le-teletravail-remet-en-cause-la-symbolique-de-lhabitat-1248855>, consulté le 30 avril 2021. 388 Ibid. 389 Ibid.

Depuis la Covid-19 « On réinterroge la densité du logement collectif en réfléchissant à la qualité des espaces autour des bâtiments. »390 La qualité du logement commence à prendre plus d'importance que la quantité. On en vient à intervertir les deux notions dans la conception future d’un chez soi.

Pour conclure sur cette question, je souhaite m’appuyer sur l'article d’Elodie Suigo qui explique que « L'architecture peut créer d'autres conditions de vie en cas de nouveau confinement et c'est malheureusement probable »391. Elle fait l’interview de Jean Nouvel à qui elle demande quel est le futur du logement en France pour assurer le bien-être des habitants. Il répond : « Je me suis battu souvent et longtemps pour qu'on fasse des logements sociaux plus grands et je pense à ceux qui sont confinés dans des appartements tout petits avec des petites fenêtres. Je pense aussi aux normes thermiques qui font des toutes petites fenêtres, aux gens qui ont des appartements très peu en relation avec l'extérieur. J'espère quand même qu'une expérience comme celle-là peut arriver à faire comprendre un certain nombre de choses et à vivre autrement après. »392

On a vu également avec les enseignements de Lucien Kroll et de Patrick Bouchain que la participation des habitants et des acteurs locaux (mairie, associations…), dès la phase de conception, enrichit l’appropriation des habitants, qui plus est dans un contexte de lien social favorisé. Cependant, bien que l'intention soit portée par l’architecte au départ, on constate que si le projet d’appropriation des espaces collectifs notamment n’est pas animé par la suite, ça ne fonctionne pas, comme dans l'exemple du projet Machu Picchu : tant que les animations étaient programmées il y a eu une participation mais dès que le relai a été laissé aux habitants, l’utilisation de ces espaces s’est arrêtée... Aussi il faudrait prévoir un après-construction d’emblée dans la conception avec tous les acteurs du quartier, en envisageant dès le départ l’animation de cet espace, avec une répartition des rôles de chacun et la recherche des financements nécessaires.

Pour clore, j’aimerais reprendre la citation issue de l’article « Les évolutions dans la conception et la fabrication de logements en Île-de-France » 393 résumant mon propos, étant le dilemme questionnant la notion d'appropriation au regard d’un standard dans le logement collectif Français. « La conception et la fabrication du logement constituent un monde de paradoxes : le logement doit être à la fois générique et spécifique, permettre l’intime et le collectif, il doit permettre la stabilité mais aussi être évolutif. Cela génère une grande diversité de positionnements, tant de la part des maîtres d’ouvrage que des maîtres d’œuvre. Cependant, ces divergences ne sont pas contradictoires et témoignent avant tout de préoccupations sur les évolutions à venir du logement, en lien avec une évolution des modes de vie et des préoccupations environnementales. Dans le contexte métropolitain, comment le logement peut-il évoluer pour répondre à la fois aux désirs d’intimité et de vivre ensemble ? »394

390 Ibid. 391 Elodie Suigo, « Jean Nouvel : L’architecture peut créer d’autres conditions de vie en cas de nouveau confinement et c’est malheureusement probable », Franceinfo, 2020, en ligne, <https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-monde-d-elodie/le-monde-d-elodie-jean-nouvel-je-pense-auxconfines-dans-des-appartements-tout-petits-avec-des-petites-fenetres_3885331.html>, consulté le 30 avril 2021. 392 Ibid. 393 D’Ile-de-France LES CAUE, loc. cit. 394 Ibid.

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ANNEXES

1/ SYNTHÈSE DES DIFFÉRENTS PRINCIPES D’APPROPRIATION ÉTUDIÉS

Cette synthèse permet de voir l’évolution de l’approche architecturale de la notion d’appropriation des années 80 à aujourd'hui étudiées dans le mémoire:

2/ SONDAGE ARCHITECTURE ET APPROPRIATION

1a- Laquelle de ces citations expriment le mieux votre vision de l'appropriation ?

- "Notre habitat est comme une 3ème peau après la nôtre et nos vêtements, à travers notre chez soi nous développons une continuité du corps et de l’esprit dans un espace physique qui permet de nous identifier." Hundertwasser - "Moins la répétition, le tout pareil, sera perceptible plus le « chez soi » sera appréciable. Mais si on continue de concevoir les logements comme des « conteneurs », c’est la mort annoncée, non seulement de l’architecture mais du plaisir d’être « chez soi »" _Alain Sarfati - "L’habitat est le lieu dans lequel on réalise l’action d’habiter et ou se développe notre intimité, on adapte notre logement à notre mode de vie, notre culture, notre personnalité." _Perla Serfaty - "Si l’habitat est produit, l’appropriation de l’habitat n’est pas un sous-produit mais l’aventure même de l’habiter" _Marion Segaud - "L’appropriation ne concerne pas seulement le marquage ou les signes que l’occupant des lieux appose, mais aussi la façon de les poser ou de les reconnaître." _Amphoux et

Mondada

- "Chez moi l’habitat, le lieu de vie c’est pas qu’un reflet de l’ame c’est un moteur, le moteur du morale le berceau, le cadre dans lequel se construit notre humeur comme notre meilleur ami toujours de bon conseil toujours de bonne humeur" _Ben Mazué

1b- Comment définissez-vous l’appropriation au sein du logement collectif ? (Le définir en une phrase)

- « S'approprier son appartement c'est le meubler et le décorer de manière à avoir des repères, ressentir un bien-être, se sentir en

sécurité, comme un oiseau dans son nid. »

- « un miroir de soi : doit refléter ce que nous sommes, nous aimons, mais aussi notre tempérament »

- « Pour ma part, l'appropriation du logement collectif se définit par trois grands éléments, la décoration, l'espace et la luminosité »

2a- Comment l’appliquez-vous à votre logement ? (Donnez au moins 3 exemples)

-« Plantations, décoration, agencement de l’espace » -« Bouger les meubles de places, afficher des choses au murs, construire des meubles en carton lorsqu'il en manque » -« Le décorer, le faire vivre (musique, soirées, apéro), donner un sens ou un contexte »

2b- Selon vos exemples précédents, notez votre satisfaction face à l'appropriation de votre logement et votre manière de l'habiter? (sur une échelle de 1 à 10)

2c- Qu’est ce qui est indispensable pour vous, afin de passer d'un logement "banal" à un véritable "chez soi"? (Dans du logement collectif locatif)

3a- Pensez-vous que l’appropriation d’un appartement est possible au sein d’un logement collectif ?

3b- Si oui, comment ?

-« Plantations, décoration, agencement de l’espace » -« Bouger les meubles de places, afficher des choses au murs, construire des meubles en carton lorsqu'il en manque » -« Le décorer, le faire vivre (musique, soirées, apéro), donner un sens ou un contexte »

3c- Si non, pourquoi ?

-« Les murs blancs, le plan carré, les mêmes matériaux, ... tous les nouveaux appartements sont identiques, il y a juste la place de la porte d'entrée et la vue à la fenêtre qui change. Comment peut-on se sentir dans un chez soi unique quand tous les appartements se ressemblent ? »

-« En location, on ne peut rien y faire, un trou dans le mur et c'est la cata ! » -« Collectif et appropriation me semblent contradictoires. »

4- Pensez-vous que la question de l’appropriation a connu une évolution dans le logement depuis les années50?

-« Je ne crois pas. En traversant les époques, les codes d'appropriation d'un logement demeurent les mêmes. » -« Oui et non puisque les logements restent toujours agencer de la même manière. » -« Je pense qu'il y a dû y avoir des efforts de fait surtout ces derniers temps, pour que les logements ne ressemblent plus à des blocs, ou des bâtiments tous moches et pas fonctionnels »

5a- De plus en plus de promoteurs se tournent vers une production de logement simple et répétitif (similaire à des « cages à lapins »), afin de loger le plus de monde, pensez-vous échapper à cette logique ?

5b- Si oui, Comment?

-« J'ai besoin de vivre dans un logement plus grand» -« J'ai habité dans des appartement plus anciens et donc plus atypiques dans le plan » -« Trouver des vieux bâtiments à rénover... ou trouver des solutions d'ouverture de façade sur les bâtiments cage-à-lapin »

7- Pensez-vous que lors de la conception de votre logement, que le concepteur a pris en compte la notion d’appropriation ?

8- Certains concepteurs ont pris en compte la notion d'appropriation par les habitants dans leurs conceptions de projet. Voici 4 exemples, veuillez les classer dans l'ordre qui vous paraît le plus efficace pour répondre à cette question (Ex Autre: 3-4-1-2 )

- 1- Jean Nouvel, Nemausus: Propose des espaces plus larges au même prix (Retirant certain second œuvre) - 2- Jean Renaudie, Logement étoile: Propose de nouveaux espaces en plan - 3- Sophie Delhay, Libre appropriation: Modularité du plan, qui s’adapte à l’évolution du foyer - 4- Beatriz Ramo, Ilot 3H: Réfléchis directement avec l’habitant, afin de penser au préalable des évolutions possibles

9- Selon vous laquelle de ces 3 images définit-t-elle le mieux l'appropriation de votre logement idéal?

(Source : https://creapills.com/twitter-dessin-coronamaison-challenge-confinement-20200319)

Le logement sobre, Le logement solitaire, Le logement accueillant,

se limitant au nécessaire calme et ouvert sur l'extérieur festif et vivant

10- Pouvez-vous illustrer votre vision de l'appropriation d'un logement collectif? (ou donner une photographie, texte, citation... décrivant votre manière d'approprier votre logement)

Avez-vous des commentaires à ajouter ?

Merci

Lien : https://forms.gle/daHuQp9BktD3GLpw9

3/ RETRANSCRIPTION DOCUMENTAIRE

Hubert Knapp: « Les étoiles de Renaudie 1979 architecture innovante à Ivry et Givors logements collectifs HLM par Jean Renaudie - Vidéo Dailymotion », Dailymotion, en ligne, <https://www.dailymotion.com/video/xw8k9m>

Dans les interviews, j’ai relevé les aspect positifs et négatifs face à l’appropriation du logement par ses habitants:

les habitants disent apprécier notamment :

- Les aspects extérieurs : La relation au jardin qui permet de s’y sentir bien et d’avoir un lieu de vie « formidable » ou encore on peut faire dans cet immeuble des choses formidables grâce aux terrasses, on prend le temps d’apprendre à jardiner, en vivant avec les saisons, « c’est peut être grandiloquent ce que je vais dire mais ici j’ai l'impression d’avoir trouvé un sens à vivre », … la terrasse permet d’amener de la vie dans le logement, ainsi que la mise en relation avec les voisins ». Sur cette question Renaudie répond : « Je mesure l’importance de la terrasse, elle change énormément de choses dans l’habitat, pour l’habitant, elle permet de ne pas se sentir directement dans le vide, elle permet la mise en intimité ou une mise en connexion » - Les formes multiples avec un partage des coins qui permet de s’isoler en étant libre dans chaque pièce. - Les formes qui offrent des angles brisés qui choquent à priori, mais les habitants n’ont eu aucun mal à vivre dedans, grâce à la sensation de grande surface, les nombreuses ouvertures, qui génèrent des coins et des recoins que les habitants peuvent habiter - Il y a une appropriation qui se fait dans ces bâtiments qui est très rapide, « on met les choses en place, on se l'approprie et on se sent dedans comme un poisson dans l’eau ». - La multiplicité des plans qui permet une appropriation multiple, « il faut simplement trouver l’appartement qui convient à notre vision de l’habitat ». - Un habitant estime : « Nous ne sommes pas des numéros. Ici les gens sourient, et le sourire manquait au lieu où je vivais avant. Mr Renaudie a fait quelque chose à mon sens de merveilleux, il a pensé à ceux qui allaient l’habiter donc nous avons un allié et un complice » Sur cette question Renaudie répond : « Les habitants doivent être acteurs et non plus spectateurs » L’architecte veut produire des espaces non prédéfinis, des « non-espaces », qui pourraient laisser les usagers libres de s’approprier les lieux à leur guise. - Concernant les volumes et les angles : Les pièces à vivre sont agréables, le fait qu’elles soient biscornues, avec des angles, que les chambres soient petites sont de faux problèmes » un autre exprime : « Une cuisine c’est carré, une chambre aussi, alors j’ai fait des tas de dessins pour caser mes meubles et tous mes anciens meubles sont rentrés ! » les étoiles constituent encore une référence à l’heure actuelle : « Restent aujourd’hui, quarante à cinquante ans plus tard, un modèle en typologie d’habitat qui est passionnant, que ce soit pour le confort, l’habitabilité, l’appropriation, le partage des espaces communs. Cette personne regrette : « En France, l’âge de l’expérimentation utopique est tristement révolu »

Parmi les aspects négatifs, nous notons :

- Au départ que plusieurs des habitants ont des difficultés à ce changement de formes, à ces propositions différentes offertes par l’architecte parmi eux une femme ne s’y plaisait pas, « c’était très laid, tout était livré tel quel », elle n’arrivait pas à se l’approprier, choquée par la forme « bizarroïde » qu’offrait le bâtiment face à la forme carrée des pièces standard, (mais cela s’est amélioré par la suite). - Une autre femme s’exprime plus en lien avec l’environnement et la nature son refus d’être en ville : « je ne vis pas bien ici, on vit les uns sur les autres, trop grand ensemble, je voudrais plus d’espace, plus de liberté, vivre mieux, vivre dans la verdure… » - L’auteur de l’interview présente les sondages réalisés avec des habitants. De nombreux retours concernent notamment les pièces trop étroites, comme les chambres d’enfants n’offrant l’espace que pour un lit simple et ne permettant pas de penser l’évolution du logement « Par exemple mon fils, dans sa chambre, on ne peut mettre qu’un lit une place, donc quand il voudra inviter sa fiancée à la maison [rires], alors je ne sais pas comment on fera là, on sera obligés de faire des chaises musicales de chambres, ou aménager le bureau en chambre, enfin on se débrouillera quoi. » - D’autres critiquent les nombreux angles ne pouvant pas installer leurs meubles, des logements trop ouverts sur l'extérieur ne permettant pas l’intimité avec les vis à vis « En fait j’ai mis des rideaux ici parce que quand on dormait dans cette chambre ça me permettait de… ben j’aimais pas trop que les gens d’en face me voient dans mon lit quoi. » - Le projet propose un idéal de vie, imposant une façon de vivre qui change d’une standardisation et qui de ce fait ne s’applique pas à tout le monde. « Y’a des gens qui sont venus là par hasard parce qu’on leur a attribué un logement et puis qu’ils n’aiment pas du tout hein ! »

4/ ANALYSE PHOTOGRAPHIQUE PERSONNELLE : PROJET LOGEMENT ÉTOILE

Promenade dans le projet de Jean Renaudie, A la recherche de l’appropriation de ses habitants :

Au détour d’une rue, des formes nouvelles jaillissent, des façades peu ordinaires recouvrent le paysage,

Sous les arcades de béton brut se dessine des lignes, offrant des aménagements, les formes se complexifient

En prenant de la hauteur on se rend compte de la complexité de la forme, appropriéepar quelques habitants

Depuis sa construction le béton a vieilli, les arbres ont grandi, mais les habitants restent conquis.

5/ RETRANSCRIPTION AVEC MES COMMENTAIRES DE LA CONFÉRENCE

La conception du logement : nouveaux modes de vie, nouvelles typologies qui s'est déroulée à la cité de l’architecture et du patrimoine le jeudi 21 novembre 2019. Présentée par l’architecte Martin Lepoutre, elle réunissait les cinq architectes : Gricha Bourbouze, Sophie Delhay , Matthias Heinz , Charles-Henri Tachon , Jean-Paul Jaccaud

La conférence commence par la lecture d’une citation de l’architecte Michael Alder issue du livre Typology+395 écrit en collaboration par les architectes Autrichiens : Markus Kuntscher, Peter Ebner, Ulrike Wietzorrek, Roman Höllbacher et Eva Herrmann, présentant une centaine de projets de logements à travers le monde. « Quand je conçois une maison je pars des espaces intérieurs que je ne peux pas toujours définir, ils peuvent être utilisés de manière différente et ce qu’ils seront exactement c’est l’habitant qui le découvrira, autrement dit la vie à l'intérieur de ses murs fait aussi partie de l’architecture »396. Cette citation explique qu’on peut difficilement penser par avance l’appropriation de l’habitant étant donné la complexité que chaque être renferme. Les architectes Français et Suisses discutent des différences entre leurs pays concernant la liberté d’appropriation qui doit être pensée dès la conception, davantage inscrite dans la pratique Suisse. Plusieurs questions y ont été abordées : Quelles réponses contemporaines les architectes tentent-ils d'apporter à ce dilemme ? Comment donner plus de modularité et d'autonomie aux pièces? Comment trouver un juste équilibre entre ouverture et intimité, entre pièces communes et pièces individuelles ? Comment créer de la marge pour des usages incertains, ponctuels, tout en entrant dans les budgets de plus en plus serrés des maîtres d'ouvrage ?... Toutes ces problématiques répondent à l’objectif clé de ce mémoire : Comment améliorer la notion d’appropriation dans la conception des logements collectifs.

L’architecte Charles Henri Tachon commence sa présentation en expliquant sa vision de pensée de l'architecture contemporaine: Selon lui, l'adaptation de notre logement au mode de vie contemporain constitue une grande préoccupation actuelle. Il explique que même les promoteurs proposent des logements où la liberté d’appropriation prend place plutôt que les produits qu’ils ont conservés durant des années. Les logements standard n’étant plus adaptés à la demande des clients, ils s’interrogent sur comment innover afin de correspondre au mieux aux nouvelles manières d’habiter. Le texte de présentation des cycles de conférence vient appuyer ce propos :

« À ce premier challenge s'ajoute la raréfaction du foncier et l'augmentation du prix de la construction, en partie liées aux exigences accrues en matière de confort thermique et d'isolation. Les normes d'accessibilité ne sont également pas le moindre des soucis des architectes qui travaillent sur le logement collectif, gonflant certains espaces de services et de circulation au détriment des pièces à vivre. Une situation en partie assouplie dans certains cadres spécifiques qui offrent à travers l'expérimentation un ensemble de réflexions alternatives pour améliorer une production et une offre de logements qui peut apparaître comme stéréotypée. »397

Même si l’architecte explique que paradoxalement certains habitants s’approprient très bien les logements proposés aujourd’hui, comme ceux appartenant au style Haussmannien, il se questionne alors « Comment ça se fait que nos modes de vie ont tant évolué ? » Il présente à la suite un plan de l’architecte Philippe Gaso qui réinterprète le dispositif Haussmannien en l’adaptant à la société contemporaine, avec une cuisine ouverte et les circulations en façades. Puis présente le travail de Yves Lion et François Leclercq, quant à eux, ont mené une réflexion pour apporter plus d’espace dans moins de surface, pour inventer la bande active, configurée comme une concentration centralisée et linéaire des pièces humides, la bande active se situe au cœur de l’appartement, grâce à l’ajustement du plan de façade et à la profondeur de l’immeuble. Cela permet de libérer l’espace et de l’utiliser de manière plus libre : L’organisation des pièces est alors revue pour prendre en compte les notions d’intimité et d’appropriation.

395 Peter Ebner, Eva Herrmann, Roman Röllbacher, et al., Typologie+: Innovativer Wohnungsbau, 1er édition, Basel ; Boston, Birkhauser, 2009. 396 Ibid., p. 10. 397 Ecole nationale supérieur d’architecture de Nancy, Focus thématiques des mois précédents - Focus thématique - Documentation -, en ligne, <http://www.nancy.archi.fr/fr/focus-thematiques-des-mois-precedents.html#Mars%202020>, consulté le 1 mai 2021.

Charles Henri Tachon soulève la question, que nous avons déjà abordée, de la standardisation primant sur la qualité du logement : « Les plans devenus standard, ne sont plus réinterrogés, on réfléchit plus qu'à l'aspect esthétique du bâtiment ». Face à ce constat, l’architecte propose de repenser le logement en plan, en arrêtant de proposer des typologies mais en offrant des pièces aux dimensions relativement équivalentes sans leur donner d’attributions à l’origine.

Cette méthode laisse l’habitant, libre arbitre de son appropriation, lui permettant de choisir en fonction de ses besoins. Cependant étant donné les habitudes prises par les concepteurs, il semble difficile de se détacher des standards proposés depuis des années. Dans ses réalisations, l’architecte tente de s’en approcher en offrant une sensation de grandeur et en travaillant sur l'enchaînement des pièces, jouant sur l’effet de perspective ou un autre projet. Il travaille également sur les hauteurs, permettant d’offrir des volumes différents mais qu’il qualifie "d'exceptionnels''. Il salue le travail de Sophie Delhay qui a réussi à appliquer un nouveau système en architecture. Sophie Delhay présente alors son travail, elle explique que pour son agence l’unité de travail n’est pas le logement mais la pièce, une pièce carrée de 3m60 de côté soit 13m², composée pour reformuler un habitat plus adapté et adaptable, laissant place à l’appropriation de ses habitants, et permettant d’exprimer leurs choix d’attribution spatiale. Nous étudierons par la suite l’un de ses projets où elle applique l’expérimentation qui l'a menée à ce principe lui permettant d’obtenir le prix d’équerre d’argent 2019.

Puis, c’est au tour de Gricha Bourbouze de prendre la parole: « On essaye d’évaluer les modes passés en les adaptant à de nouvelles expérimentations », il présente l’évolution d’expérimentations architecturales tournant autour de la notion d'appropriation. Il prend appui sur le projet de Renaudie « Les étoiles d’Ivry » que nous avons vu en deuxième partie, qui met en relation formes et spatialités ainsi que le projet Nemausus de Jean Nouvel, qui propose une image des logements généreux et ouverts. Il présente ensuite les recherches de Lacaton et Vassal en expliquant qu’on peut tout faire en respectant les réglementations et contraintes, on peut proposer des logements adaptés et adaptables comme nous le verrons par la suite avec la réhabilitation de la tour Bois le prêtre à Paris. Ce positionnement répond à mon questionnement : les normes ne sont pas une contrainte, il y a toujours moyen de proposer de nouvelles expérimentations dans le logement malgré leurs applications. Cependant la discussion soulève la comparaison aux pays voisins comme l'Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, où les réglementations sont moindres permettant une plus grande liberté en plan. Jean-Paul Jaccaud ouvre la discussion menant à la diversité sociale actuelle qu’il requestionne en architecture « Il y a une telle quantité d’histoires , et de typologies qui essayent de répondre à l'évolution de la société en s'adaptant parfaitement aux différents changements, ne serait-il pas mieux de réfléchir à une notion de permanence de certains modèles qui restent encore très pertinents face aux attentes contemporaines pour répondre à des questions de durabilité ne cherchant pas systématiquement à tout réinventer, mais au contraire proposer des solution plus ouvertes et durables grâce à leurs possibilités d'évolution? »

Martin Lepoutre complète en disant qu’il faut diversifier la variation des types au lieu d’inventer quelque chose « Autant qu’il y a de modes de vie, autant il faut différentes typologies et c’est l’exemple qu’il faut donner aux maîtres d’ouvrages sachant que la demande est tellement forte en logement qu’il y aura toujours une demande”. Il ajoute « contrairement à la période d'après-guerre où il fallait produire un logement type pour tout le monde alors qu’aujourd’hui il faut construire beaucoup de modèles pour beaucoup de modes de vie. » Il met donc en avant l’idée de proposer un logement qui s'adapte aux modes de vie changeants. Cependant, Gricha Bourbouze relève la problématique actuelle qui est la lenteur de l'évolution dans la création des programmes architecturaux, « Le souci est dû à une évolution extrêmement lente, ce sont les mêmes programmes depuis 20 ans, toutes les surfaces sont toujours identiques où tout est conditionné ». Cependant il reprend en disant « qu’on ne peut rien y changer, c’est comme ça, il faut donc se questionner sur comment faire des logements de qualité à une grande échelle pour répondre aux demandes de 40 000 logements par an comme l’impose le président ».

6/ APPROPRIATION PAR LES HABITANTS SOPHIE DELHAY

Questionnaire permettant la base des discussions :

1. Pensez-vous que la notion d'appropriation est possible au sein d’un logement collectif? 2. Comment la définissez-vous ? 3. Comment s’applique-t-elle dans votre logement ? 4. Que pensez-vous de la disposition de votre appartement, en êtes-vous satisfait? 5. C’est vous qui l’avez décidé ou elle était déjà présente à votre arrivée? 6. Ressentez-vous une différence entre un logement standard et le vôtre? 7. Que pensez-vous des espaces communs partagés? Sont-elles utilisées pour les fêtes de voisins, expositions, projection de film… comme avait énoncé l’architecte? 8. Auriez-vous préféré des espaces privés? 9. Êtes- vous satisfait de votre logement donnez une note sur 10?

RETRANSCRIPTION DE 3 ENTRETIENS

Cyrille et Coralie : Deux voisines buvant le café dans le jardin collectif (RDC) Durée de l'entretien : 10 minutes Note: Cyrille 9/10 Coralie 7/10

Marius : Que pensez-vous de la notion d'appropriation au sein d’un logement collectif? comment peut- on se sentir chez soi dans un logement ou il y a beaucoup d’habitants différents et où il faut répondre au besoin de tous ? Cyrille : Bonne question. Ma : Si c'est par de la décoration, de l'ameublement, de la transformation des pièces ? Cy : Par rapport à ça, la question du coup elle est hyper vague. Ce n'est pas par rapport à l'entente mais plutôt au logement lui-même. Ma : C’est ça, comment on peut se sentir chez soi dans un logement alors qu'on est dans un collectif en fait. Cy : Ah bah il faut l’aménager à son goût voilà déjà, c’est la base. Ma : Tout à fait, je suis d'accord, vous le définissez comme ça, du coup, par l’aménagement de quelque chose qui nous appartient, essayez de le mettre à son image, si j'ai bien compris. Cy : Oui voilà tout à fait.

Ma : Ok, et comment vous l'appliquez dans votre logement, par exemple avec des décorations, des posters ? Cy : J'ai mis ma peinture, par exemple, ma déco, voilà . Coralie : On a eu le logement, c'était à vide, aucun meuble rien du tout , c'est nos meubles à nous. M a : Et c'est acheter ici où ? Coralie : Non, à louer. ma : Il n'y avait rien du tout dedans, c'était complètement vide et donc c'est vous qui avez choisi. Co : Si il y avait les toilettes, mais les toilettes c'est à part mais sinon tout ce qui est meubles et tout c'est les nôtres. Ma : Et donc c'est vous qui avez choisi où est-ce que vous mettriez votre chambre, votre salon, tout ça Co : Voilà tout à fait Ma : Et donc vous habitez ensemble toutes les deux? Co : Non c'est ma voisine Ma : Et donc vous avez des répartitions complètement différentes l'une de l'autre ? Cy : Bah on n'a pas les mêmes appartements, elle a 2 chambres, moi j'en ai qu'une et dans la distribution c'est pareil. Ma : Ok, et du coup que pensez-vous de cette libre disposition dans l'appartement, est-ce que c'est bien? où est-ce que vous auriez préféré que l'on vous dise là c'est la chambre , ici la cuisine? Co : On aurait bien aimé changer la cuisine et la pièce du fond qui est ridicule entre les deux, parce qu'on a une pièce au fond, la cuisine et après on a une pièce c'est ridicule. On aurait voulu la cuisine au bout une pièce et une autre pièce Cy : En fait la cuisine c'est un point central, séparé par deux espèces de mûrs, et après la cuisine il y a une pièce qui fait office de je ne sais quoi mais elle est petite trop petite, voilà. Co : Il faudrait inverser au moins ces 2 pièces. Ma : D’accord ok, super est-ce qu'il y a déjà une personne qui avait loué avec des meubles où il y avait déjà une disposition? vous ne savez pas ? Normalement c'est vide ? Co : Oui aucun locataire n'est venu avec les meubles dedans. Ma : Ok est-ce qu'il y a une différence entre un appartement standard et celui-ci? Est-ce que vous ressentez quelque chose de différent ? Cy : Bah oui parce qu'en bas c'est des appartements pour handicapés à la base donc les espaces sont plus grands, les portes sont plus grandes, les toilettes sont immenses par exemple c'est des portes coulissantes. Ma : Et qu'est-ce que vous pensez des terrasses partagées? car j'ai vu qu'il y en avait dans le bâtiment en face, où tout le monde pouvez aller, les espaces jaunes, je sais pas si vous y allez parce qu'ils parlaient dans le projet d'espaces pour du cinéma tout cela ne se fait pas du tout ? Cy : Non, ou du moins on y va pas. Co : Ouais ouais, c'est du bla-bla pour rien. Ma : Et vous ne voyez même pas d'autres habitants allez plus là-bas? Co : Non la plupart du temps c'est des gamins sans surveillance, on ne voit pas d'adultes. Ma : Oui qui vont jouer, ok, donc ça n'a pas marché. et est-ce que vous auriez préféré des espaces privés parce que je vois qu'il y a des petits jardins, est-ce que ça aurait été bien. Co : Il y a que nous que c'est comme ça, et les autres. Du coup ils ont un jardin collectif, un jardin commun, ils ont de l'espace derrière mais ils n'ont pas à aller dans nos jardins à nous. Ma : Et donc ça vous êtes content quand même d'avoir un petit espace pour vous c'est bien? Co : Carrément c'est super. Ma : Oui surtout quand il fait beau c'est bien c'est sympa d'avoir une petite table aussi pour partager. et si vous devez donner une note sur 10 sur votre logement, sur comment vous vous sentez bien dedans, ce serait à peu près combien? Cy : Et oui mais après il y a des défauts parce que le bâtiment bouge par exemple. Ma : Ah oui Co : Ah oui oui oui on a des fissures partout, le bâtiment d'en face il penche, mais non Cy : Oui je pense qu'il y a un gros défaut de construction parce qu'il y a beaucoup de vices cachés. mais en eux-mêmes les appartements sont sympas. Ma : On ne le ressent pas, mais c'est dans l'ensemble qu'il y a des défauts. C'est bon j'ai posé toutes mes questions est-ce qu'il y a des choses que vous voulez rajouter en rapport à ça, sur la manière de comment on vit en communauté? Co : Bah pour le prochain qui va créer un bâtiment comme ça. Mets ta cuisine au moins il y a une bonne fenêtre, tu vois pour la cuisson l'huile à friture parce qu'après c'est dégueu ça sent dans toute la pièce, on a pas de fenêtre . Et ne mets pas la cuisine en plein milieu s'il te plaît Ma : bon ben super et je ne sais pas ce que je peux ajouter. Co : Évite les portes coulissantes. Cy : Vous faites une enquête qui n'est que sur ce bâtiment si ? Ma : J'ai fait plusieurs enquêtes sur des bâtiments différents dans toute la France mais je suis de Roubaix donc je voulais un bâtiment local. il disait que ce bâtiment était un peu différent des barres HLM et ça se ressent même là c'est convivial. Cy : Oui c'est vrai qu'au niveau de la structure il est bien , et nous on a le soleil toute l'après-midi. Co : Nous on a le jardin c'est super, ceux à l'étage avec le confinement ils sont privés les pauvres. Ma : Ils ont mais c'est vrai que ce n'est pas pareil. Co : Ils ne viennent pas, c'est rare la plupart c'est les enfants. Nous on profites agréablement du jardin.

Ashraf : fils d’une famille maghrébine dans son appartement (R+1) Durée de l'entretien : 8 minutes Notes: 0/10

Marius : Que pensez-vous de la notion d'appropriation au sein d’ un logement collectif, en gros comment on peut se sentir chez soi alors qu’on est dans un collectif ? avec plein d'habitants ? Ashraf : Bah franchement on va dire que dans les autres logements on peut se sentir chez soi mais comme ici c'est que du placo on entend tous des voisins... s'ils parlent ou s'il y a une engueulade on entend tout donc on se sent pas chez soi ça, ressemble plus à une colocation. Ma : Et ça va la vie en communauté ici où ? AF : Bah au début ça allait il y avait peu de monde mais maintenant les logements sont tous remplis les règles ne sont plus trop respectées donc c'est chacun pour sa gueule. Ma : Et donc vous vous le feriez comment la manière dont on s'approprie un lieu? ce serait plus tranquille? af : Bah un peu plus tranquille moins de monde parce que quand vous avez 50 logements ici ça fait trop de personnes, une petite résidence ce serait mieux je pense ça serait top. Ma : Et comment vous pouvez vous revendiquer chez vous dans ce logement, avec des meubles des affaires ? vous avez repeint les murs, mis des affiches ? af : Franchement pas du tout, en fait c'est plus le privé, chacun chez soi, chacun fait ce qu'il veut et dans son appart, et on se mêle pas des autres, les autres ne se mêlent pas de nous. Ma : Mais du coup comme je vois, vous avez un balcon vous pouvez mettre des trucs. af : Bah nous ce qu'on fait c'est tout ce qui est plantes, avec les voisins on avait fait des bans ensemble mais en vrai on a pas le droit de mettre des pots de fleurs, tout ce qui a ici on a pas le droit ils ne veulent pas. Même des décorations on a pas le droit. ma : Ok bon je vais le prendre en note, comment vous pensez la disposition de votre appartement car j'ai vu que c'était des plans un peu libres, et qu'on pouvait choisir où est-ce qu'on voulait placer notre cuisine notre chambre notre salon Af: Ca a été fait sur plan avant qu'on construise la résidence on était venu il mettait les plans : il y a ça, ça, ça vous voulez, vous voulez pas. Et c'est tout. Je sais qu'on avait choisi notre logement 2 ans avant que ce soit construit. ma : Ok et vous avez pu choisir quoi af: Nous on choisit rien, c'est eux ils nous disent ,s'il y a un logement y a 3 chambres ici , ici il y en a deux , là c'est sur deux étages. Ma : Ok, mais vous avez pu voir un peu les plans. af: Oui on avait les plans mais… quand quelqu'un ne s'y connaît pas on comprend rien. Ma : Ok, oui c'est sûr vous me dites que c'était déjà présent la disposition vous n'avez pas pu choisir. Af: oui on est arrivés à la fin Ma: Mais du coup vous habitez ici depuis la création du logement. Af : Oui depuis 2012-2013; Ma : Du coup, il y a une différence entre un logement standard et le vôtre ? Est-ce que vous vous sentez mieux ? Af : C'est-à-dire les anciens? Ma : Oui ben comme les barres HLM qu'on voit en face. Af : Les anciennes elles sont top, elles sont mieux, parce que si le problème c'est les matériaux, ça a été construit hyper vite en même pas 1 an. alors là on a des problèmes de dégâts des eaux . On a des voisins de l'autre côté, ils ont des inondations. Ma : On m'a même dit que le bâtiment commence à s'effondrer. Af: Voilà, même nous on a une moisissure sur le mur en haut ça fuit. Ça fait 5 ans qu'on est en justice avec le bailleur. et moi je déconseille tout ce qui est nouveau logement c'est que de la merde , c'est que du plastique, que du placo, c'est pas solide, on entend tout le monde. tout s’effrite . le logement il fait beau, l'apparence est belle mais c'est que de l'apparence, je préfère un truc moche mais au moins solide. C'est juste beau, il y a des plantes et tout mais c'est que du tape à l'œil. Ma : Est-ce que justement parce que j’ai vu que dans les particularités il y avait des espaces communs partagés. comment voilà toutes les terrasses qui ont été pensées c'est utiliser ou pas du tout. Af : Pas du tout, peut-être, aller les trois premiers mois il y avait des participants qui venaient peindre, faisaient des petites séances photos etcetera mais franchement c'est inutile à part le bas où il y a des petits-enfants qui descendent jouer et c'est tout. Ma : Donc on ne se l'est pas approprié c'est de l'espace vide. Af : Oui franchement, c’est de l' espace vide. Ma : Ils parlaient de faire des films tout ça Af : Dans le temps il mettait des films mais sans plus, une fois, 2 fois 3 fois, une fois ils sont venus avec des moutons je vous raconte pas. mais depuis il n'y a rien qui est fait. ça fait 2 ans qu'il n'y a rien du tout, peut-être en été il y a 2,3 ans il avait fait une soirée film derrière mais c'est tout. ça ne dépasse pas le film. Ma : Il n'y a jamais de fête entre voisins, c'est pas trop un esprit communautaire ? Af: On l'a fait peut-être une fois au début après plus jamais.

Nathalie : Femme et son fils dans son logement (R+1) Durée de l'entretien : 15 minutes Note: 10/10.

Ma: Que pensez-vous de la notion d’appropriation au sein d’un logement collectif ? Est-ce qu’on peut se sentir chez soi ? Na: Bien sûr on peut se sentir chez soi, on est chez soi. Après l’idée c’est justement de faire la différence entre la partie individuelle et la partie collective. Les espaces communs font partie de la partie collective. Ma: Et ici, ils sont quand même assez importants, enfin selon le projet, j’ai cru comprendre que ça ne s’était pas très bien réalisé ? Na: C’était un peu l’objectif de la résidence, des espaces collectifs et des espaces individuels familiaux. Ma: Maintenant, ça ne fonctionne plus du tout ? Na: Y a pas énormément de choses... Ma: D’accord, j’ai eu quelques retours par rapport à des soirées cinéma etc… Na: Oui, il y avait des choses mais très peu de gens y allaient. Et puis, si ça n’a pas duré c’est que ça n’a pas accroché. Finalement, l’appropriation collective s’est faite sans les habitants, c’est peut-être pour ça que ça n’a pas accroché ? Il y a eu quelques films, mais il faut proposer du contenu qui pourra plaire à tout le monde. L’idée était aussi de faire venir des familles (grands et petits). Je pense qu’il n'y a jamais eu de projections pour les enfants. L’idée était peut-être de convaincre les parents et pas les enfants . Je suis allée aux évènements. Ce qui est dommage, c’est le vent et le temps doit être adéquat pour pouvoir voir les films mais l’idée était géniale. Ma: Mais c’était plus vendeur que réaliste ? Na: Pas grand public. Une fois, ils nous ont demandé de voter entre 3 propositions. Après vous savez moi je travaille en tant que médiatrice culturelle, donc je sais bien qu’il faut sensibiliser les gens à un événement pour qu’ils viennent. Ma: Vous avez essayé de motiver les gens etc.. ? Na: Oui j’ai proposé mais pas de retour. L’idée est bien le partage, garder sa liberté et permettre une mixité sociale donc oui je suis contente. Ma: Est-ce que dans votre logement, la liberté d’appropriation que proposait l’architecte était intéressante ? (faire comme on veut autour du logement) ? Na: Oui j’ai trouvé ça bien. Le concept de la cuisine ouverte est intéressant. Ma: Est-ce que vous auriez préféré qu’ils mettent du budget pour des balcons etc… ? Na: Les espaces communs n’ont plus lieu d’être mais oui intéressant. Les espaces communs c’est bien, mais ils sont laissés à l’abandon parce qu’il n' y a plus de gardien, et c’est de l’entretien. Le jardin récupéré, tout le monde pouvait y aller donc c’est aussi intéressant mais entre les deux bâtiments pour certains, ils ont l'impression qu’on rentre chez eux. J’ai de la chance, je suis en bout du balcon, mon gamin y venait faire un petit peu de jardin etc… Donc oui je me suis approprié le lieu. Il n'y a pas eu de concierge depuis longtemps donc c’est à l’initiative des locataires, d'entretenir. Poubelles etc… Ma: Est ce qu'il y aurait une différence entre un logement standard et celui qui est proposé ici comme un HLM ou autre.. ? Na: Non qu’est-ce qu’il y a de différent ? Les logements sont maintenant de plus en plus adaptés. Je n’ai pas non plus cette impression. Oui, ils ont eu un prix pour cet immeuble mais j’ai l’impression que le prix était aussi lié aux idées du vivre ensemble qui était avec. Mais là aujourd’hui, vous prenez n’importe quel habitant, il ne le voit pas. Les espaces on les utilise plus. Ce que je trouve intéressant c’est que je prends pas l’ascenseur donc petite balade. Rare qu’on rentre par l’intérieur pour les logements collectifs. Ma: Et la terrasse tout en haut, vous y allez ? Na: Oui c’est super, le nouvel an c’est bien pour les feux d’artifices. Et aussi pour la fête des voisins, l' espace collectif est utilisé. Les deux premières années, ça a plutôt bien fonctionné et puis après plus rien. Il faut aussi prendre en compte le quartier Fives, il faut être à l’écoute des gens pour ensuite monter en puissance, pour proposer quelque chose d’adéquat. Le problème si vous avez un projet ambitieux, il faut qu’il soit suivi et qu’il aille avec le quartier.

7/ ANALYSE PHOTOGRAPHIQUE PERSONNELLE : VISITE DU PROJET MACHU PICCHU

Promenade dans le projet de Sophie Delhay, A la recherche de l’appropriation de ses habitants :

Dès l’entrée dans le jardin, le parcours nous guide vers l’escalier extérieur qui mène aux terrasses

De petits aménagements sont construits par les habitants, reflétant le manque d’équipements associés

Une fois dans le logement on se rend compte de la neutralité de l’espace qui permet des usages multiples.

8/ GRILLE METHODOLOGIQUE

Titre de la recherche ARCHITECTURE ET APPROPRIATION

Sous-titre

EXPÉRIMENTATION ET LOGEMENT COLLECTIF EN FRANCE

Contexte et enjeux A la suite d’un contexte d’après-guerre, les logements collectifs ont répondu à un besoin de logement massif et en urgence, débouchant sur les constructions des grands ensembles ou l’appropriation était secondaire, au profit du confort moderne mis alors en avant. Dans les années 60, des expérimentations ont eu lieu, revendiquant un besoin d’appartenance à son « chez soi ». Depuis les années 80, des réflexions liées à l’appropriation du logement voient le jour, chez un certain nombre d’architectes, aujourd’hui, elle fait l’objet d’un renouvellement, en lien avec l’évolution de la société.

Question principale Comment la question de l’appropriation dans le logement collectif se renouvelle-t-elle aujourd’hui en France ?

Terrain d'étude

Le terrain d’étude portera premièrement sur un contenu théorique, à partir des travaux des sociologues, des artistes, des architectes. Puis je m’appuierai sur l’étude de différents projets, portant un regard rétrospectif sur quelques expérimentations marquantes des années 70/80 (Jean Renaudie, Jean Nouvel…) Enfin, ces études seront complétées avec des réalisations contemporaines mettant en relief la question de l’appropriation (Beatriz Ramo, Sophie Delhay…)

Corpus d'étude

Il s’agit des documents graphiques, photographiques, textes, articles vidéo directement associés à la notion d’appropriation et aux projets étudiés. (cf. Bibliographie p.80-83). Je compléterai par des entretiens avec les concepteurs et les habitants permettant d’offrir un regard vivant sur le sujet. Objet de la recherche Ma recherche consiste à analyser la manière dont la notion d’appropriation est traitée dans le logement collectif depuis son apparition. Quelle a été l’évolution depuis les premières réflexions apparues lors des années 70-80. Quelles sont les réflexions actuelles ? Quels sont les enjeux passés et présents ? Comment l’architecte peut-il accompagner les habitants à prendre la place centrale qui leur revient ? Etat des savoirs L’état des savoirs permet d’étudier la notion d’appropriation par le biais d’ouvrages, d’articles, et de conférences, confrontant l’aspect théorique et pratique, dans le logement collectif. De plus, des entretiens avec les habitants et le sondage viennent compléter mes recherches. Positionnement La question d’appropriation dans le logement collectif, est de plus en plus d’actualité dans les projets contemporains, notamment suite à la crise sanitaire actuelle qui pousse les habitants à redécouvrir leurs chez soi. Je cherche dans ce mémoire à comprendre comment cette volonté est apparue et a évolué au cours de ces 60 dernières années. Je souhaite en tant qu’architecte pouvoir proposer de nouveaux projets architecturaux mettant les habitants au centre de leur logement et proposant une vision contemporaine de l’appropriation qui s’adapte à l’évolution de notre société. Méthode envisagée Dans un premier temps je vais réunir l’état des savoirs principalement sociologiques, autour de la notion « d’appropriation » afin d’en extraire une définition générale, complétée par le retour d’habitants sur leur propre vision de l’appropriation au travers d’un sondage. Ensuite, je traiterai de l’apparition de la notion d’appropriation dans le logement collectif des années 50 et présenterai les premières expérimentations. Pour finir, j’appréhenderai l’évolution de cette notion à travers l’analyse de projets contemporains, Pour les différentes époques j’utiliserai le même procédé : analyse du discours de l’architecte, étude de la manière dont d’appropriation est mise en valeur dans le projet et le ressenti des habitants. Des entretiens auprès d’occupants d’un logement collectif contemporain me permettront de mettre en avant leur parole et de proposer des pistes pour l’évolution de l’appropriation.

9/ TABLE DES MATIÈRES:

ARCHITECTURE ET APPROPRIATION EXPÉRIMENTATION ET LOGEMENT COLLECTIF EN FRANCE Comment la question de l’appropriation dans le logement collectif se renouvelle-t-elle aujourd’hui en France ?

PARTIE I : L’APPROPRIATION : A LA RECHERCHE D’UNE DÉFINITION................................................................................p8 1. DÉFINIR L’APPROPRIATION ...........................................................................................................................................................p8 A. Unenotionénigmatique...........................................................................................................................................................................................................p8 B. Sesorigines.....................................................................................................................................................................................................................................p9 C. L’identificationàunlieu .....................................................................................................................................................................p11

2. COMMENT L’APPROPRIATION INTERVIENT DANS L’HABITAT ........................................................................................p12 A. CommentHabitersonlogementgrâceàl’appropriation?......................................................................................................................................p12 B. L’élaborationd’unchezsoi .................................................................................................................................................................p13 C. UnenotiondeConfort..............................................................................................................................................................................................................p15

3. HABITANT/HABITAT..........................................................................................................................................................................................p18 A. Lecorpsetl’espacedanslaconceptionarchitecturale .....................................................................................................................p18 B. Letémoignagedelaphotographiedanslelogement...................................................................................................................................................p21 C. Etudedel’habitantfaceàlanotiond’appropriation–Sondage.............................................................................................................................p23

PARTIE II : DES ANNÉES 50 à 80 : DE L’APPROPRIATION D’UN LOGEMENT STANDARD

VERS LA NOTION D’UN CHEZ-SOI ..................................................................................................................................................................p26 1. L’APPARITION DE LA NOTION D’APPROPRIATION DANS LE LOGEMENT COLLECTIF .............................................. p26 A. Leconstatd’unlogementcollectifsansappropriation.....................................................................................................................p26 B. Unbesoind’appropriationnaissantchezleshabitantsetdansl’industriedulogementcollectifdanslesannées70:

Uneréactionàunmanqued’appropriation,duconfortaubien-être...................................................................................................................p28 C. Comments’appliquelanotiond’appropriationdanslelogementcollectif,premièresexpérimentationsutopiques desannées80.................................................................................................................................................................................................................................p30

2. LOGEMENT ÉTOILE DE JEAN RENAUDIE................................................................................................................................................p36 A. Lapenséeduconcepteur..........................................................................................................................................................................................................p36 B. Présentationduprojet................................................................................................................................................................................................................p37 C. Processus d’appropriation par leshabitants.....................................................................................................................................................p39

3. NEMAUSUS DE JEAN NOUVEL....................................................................................................................................................... p42 A. Lespenséesduconcepteur......................................................................................................................................................................................................p42 B. Présentationduprojet................................................................................................................................................................................................................p43 C. Processus d’appropriation par leshabitants......................................................................................................................................................p45

PARTIE III : LA NOTION D’APPROPRIATION DANS LES LOGEMENTS COLLECTIFS D’AUJOURD’HUI..........................p48 1. LE LOGEMENT COLLECTIF D’AUJOURD’HUI.............................................................................................................................p48 A. Uneimagechangeantedulogementcollectif...................................................................................................................................................................p48 B. «L’Habitant»contemporain................................................................................................................................................................p49 C. Émancipationversdenouveauxtypesdeconceptions................................................................................................................................................p52

2. MACHU PICCHU, SOPHIE DELHAY .............................................................................................................................................................p60 A. Lespenséesduconcepteur......................................................................................................................................................................................................p60 B. Présentationduprojet.................................................................................................................................................................................................................p62 C. Processus d’appropriation par leshabitants......................................................................................................................................................p65

3. ILOT 3H, BEATRIZ RAMO .................................................................................................................................................................................p69 A. Lespenséesduconcepteur.......................................................................................................................................................................................................p69 B. Présentationduprojet.................................................................................................................................................................................................................p70 C. Processus d’appropriation par leshabitants......................................................................................................................................................p73 CONCLUSION : « LA VÉRITÉ SORT DE LA BOUCHE DES … HABITANTS »......................................................................................p76

On observe depuis les années 60 une remise en question multidisciplinaire quant à l’appropriation du logement collectif, qui continue de croître et constitue le lieu de vie majoritaire des Français. Comment dessiner un logement qui, à la fois, conviendrait à tous, et qui dans le même temps offrirait à chaque habitant la possibilité d’exprimer sa personnalité, son individualité, tout en s’adaptant aux différents modes de vie et à leurs évolutions. Si les savoirs théoriques viennent cerner la notion, il est temps de reconsidérer l’avis des habitants. On constate que l'appropriation est rendue possible notamment par l’histoire et la matière… Cependant, des architectes vont la penser au préalable de la construction. Les premières expérimentations d’appropriation du logement collectif dans la conception architecturale apparaissent dès les années 1970/1980. De ces prémices utopiques a découlé l’appropriation dans les projets du logement collectif qui ont évolué jusqu’à aujourd’hui.

Cette approche chronologique permettra de répondre à la problématique suivante : Comment la question de l’appropriation dans le logement collectif se renouvelle-t-elle aujourd’hui en France ?

APPROPRIATION – LOGEMENT COLLECTIF – HABITANT – HABITAT – EXPERIMENTATION

Since the 1960s, there has been a constant represal of the appropriation of collective housing, which continues to grow and constitutes the majority living space of French people. How can we design a dwelling that is suitable for everyone and at the same time offers each inhabitant the possibility of expressing his or her personality and individuality, while adapting to different lifestyles and their evolution? If theoretical knowledge is used to define the notion, it is time to reconsider the opinion of the inhabitants. It is noted that appropriation is made possible in particular by history and the material... However, architects will think about appropriation before the construction of the dwelling. The first experiments in the appropriation of collective housing in architectural design appeared in the 1970s/1980s. From these utopian beginnings, the appropriation of collective housing projects has evolved.

This chronological approach will allow us to answer the following question: How is the question of appropriation in collective housing being renewed today in France?

APPROPRIATION - COLLECTIVE HOUSING - INHABITAT - HABITAT - EXPERIMENTATION

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