
2 minute read
Danielle Londei
Danielle LONDEI
Université de Bologne Présidente de l’association Dorif-Università
Lorsque des chercheurs appartenant à des disciplines proches ou distantes, lorsque des amis provenant d’horizons multiples, lorsque une institution de recherche comme l’Association italienne Dorif-Università considèrent comme un honneur d’être invités à participer à ces journées autour de ce penseur pluridisciplinaire que fut Louis Porcher, il apparaît évident qu’il ne faut plus attendre pour diffuser ou rediffuser ses apports scientifiques, culturels et didactiques, ses orientations et ses pistes suggérées auprès de publics de jeunes chercheurs et auprès d’universités étrangères qui n’ont pas été assez attentives au renouveau des positions et des réflexions de cet auteur prolifique.
C’est un fait… Et fort de cette conviction, la revue en ligne Repères-Dorif, émanation de l’association Dorif-Università1, lui avait consacré le n° 7 (juillet 2015), intitulé Des medias à l’éducation comparée : les diagonales de Louis Porcher, numéro coordonné par Daniel Coste et Chiara Molinari. Cet hommage, à un an de sa disparition, nous avait paru nécessaire en Italie, d’autant plus que la réforme en cours requiert que la formation initiale et l’ajournement des enseignants doivent être impartis par l’université. Il nous fallait donc repartir des principes et des enseignements fructueux qui ont alimentés le champ du français langue étrangère (FLE) autour des décennies 1970-1990. Ce retour était utile, d’autant plus que ce champ depuis semble avoir perdu un peu son souffle vital.
Ainsi la connaissance diachronique de ce champ – en repartant des principaux protagonistes – nous a semblé une bonne piste à suivre, une sorte de redécouverte d’un territoire quelque peu oublié qu’il nous fallait re-parcourir. Nous avons dès lors entrepris de re-proposer la pensée, les réflexions méthodologiques d’auteurs de référence comme Claire Blanche Benveniste, nous sommes en train de préparer un dossier consacré à Pierre Léon et déjà nous songeons à d’autres acteurs qui ont marqué cette discipline dans le but de rechercher, à partir de là, un renouvellement de la recherche-action.
Il est remarquable que pour beaucoup de ces auteurs, la pluridisciplinarité était un lieu de connexion nécessaire pour renouveler le champ, ils en mesuraient et maîtrisaient l’intérêt et les risques, mais ils avaient pleinement conscience qu’il fallait en
passer par ces territoires autres. C’était une doctrine libertaire qu’ils défendaient et nous nous devons de reprendre le flambeau.
Louis Porcher a été de ces pionniers du renouvellement : il possédait l’intelligence et la formation nécessaires, mais surtout, il avait la curiosité, le désir et la volonté d’explorer ces lieux, de les mettre en situation dialogique… constamment.
Enfin, sa générosité envers notre revue a eu précédemment un autre pendant, plus intimiste : Louis Porcher nous avait livré deux textes, pour notre rubrique « Le reste est littérature », le premier intitulé « Miscelllanées », paru dans le numéro 3 (septembre 2013) et le deuxième « Naguère (ou jadis) », dans ce numéro 7 posthume. Allez les lire, vous y retrouverez son intelligence, sa sensibilité, son humour, et surtout son empathie envers le monde de la culture où l’éducation et la didactique occupaient un espace privilégié.
Cette volonté de ne jamais oublier que l’intellectuel qu’il était, avait le devoir de partager et de transmettre, nous semble être la ligne de force qui le distingue et que nous admirons.