Exposition Auguste Clergé

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galerie les montparnos



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« Un sens aristocratique de l’art au service du plus pur sentiment populaire » André Salmon


C’est au centre même de ce Montparnasse au cœur battant, qu’un siècle plus tard, dans sa galerie de la rue Stanislas, le jeune Mathyeu Le Bal, enthousiaste, redonne vie à ces « Montparnos » oubliés, des créateurs discrets, passionnés, aux existences riches d’expériences variées et de rencontres exaltantes.

Ce catalogue entraîne le lecteur à la découverte de l’œuvre d’Auguste Clergé, de sa vie hors du commun et permet de rendre compte de l’évolution de son Art. Alors que tout paraissait se conjurer pour contrarier ses aspirations vitales, il a lutté, se jouant des obstacles. Libre enfin entre son atelier de la Grande Chaumière et cette cabane de la Zone, à la Porte des Lilas, où, parmi les plus humbles, il va trouver l’ultime force, la consécration artistique. La figure de Clergé apparaît celle d’un grand artiste, peintre aux intuitions souvent géniales qui justifie ce mot de J.P. Crespelle : « Clergé est le maître incontestable de la peinture « Clergé est le maître incontestable populiste depeinture l’entre-deux-guerres. » de la populiste de l'entre-

À travers le siècle, les mains se tendent, les cœurs s’ouvrent et ainsi, se transmettent les valeurs d’un sentiment artistique trop longtemps négligé.

deux-guerres. »

Sylviane de La Bouillerie Petite-fille d’Auguste Clergé

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(1891-1963)

Mettre de la lumière là ou il n’y en a pas C’est à l’âge de cinquante ans qu’Auguste Clergé installe son atelier dans la zone. Une cabane de fortune, Porte des Lilas, à deux pas d’un vieux bistrot. Un monde fréquenté par les clochards, les gens du voyage, les marginaux et quelques artistes. Une sorte de hors-là, où quand le peintre vend une toile, il festoie généreusement avec eux tous. Clergé se sent bien parmi les retirés, comme un animal blessé qui aurait retrouvé sa vraie nature, son jardin. Une pureté pauvre, une pauvreté libre qui laisse le monde extérieur et ses luxes pour un monde intérieur plus étroitement lumineux. L’atelier au centre de la misère, la peinture, la faim… Les odeurs lourdes, les hivers froids et durs, les couleurs de la neige même sale, le vent rude des ruelles, une vue sur les toits de Paris, la ville grande et son centre au loin, très loin.

Parfois apparaît sur tel tableau sombre une touche de rouge vif, pareille à un saignement joyeux. La pauvreté n’est-elle pas le terrain préféré de la grâce ? La couleur pour unique richesse. Le monde et ses boues accouchant de toiles d’éclat.

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Clergé avec son père devant le magasin familial.

Auguste Clergé le peintre du bas-côté, prince d’une peuplade de détachés. Lui, issu des lumières du spectacle et de la ville se retrouve au bord, à peindre entouré des zonards de l’existence. Mais revenons au début. Tout commence par un serment de trois mots prononcés face à son père au moment de l’adolescence :

« Non vraiment, un animal, un insecte n'est beau que vivant. Il n'est pas permis de «Non vraiment, un animal, un insecte le torturer. On n'aurait pas n’est beau que vivant. Il n’est pas permis le droit de me faire couper de le torturer. On n’aurait pas le droit de son cadavre ! ».

me faire couper son cadavre !». De la bidoche d’animaux à la peinture il aura donc fallu trois petits mots : «Je serai peintre».

«Je serai peintre».

Ainsi la liberté parla-t-elle à travers lui, les taloches faisandées de son père n’y changèrent rien. Le jeune avait auparavant été touché par le génie de l’indépendance. Trois mots décisifs qui ouvrent les portes d’un royaume autre, celui des êtres sans influence. Plus de gifles, ni de charognes, juste un dessin à peine esquissé, celui de la peinture…

La famille de Clergé tenait une boutique de taxidermie à Troyes. Notre apprenti avait pour destin tracé de prendre la suite de l’affaire paternelle, mais la perspective d’un tel avenir rebutait l’adolescent que l’art titillait déjà. Son père désavouait avec force l’idée même, et le futur peintre ne cessera d’être frappé dès qu’il était surpris à dessiner.

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Le cirque de France, Espalion 1959, dessin au fusain sur papier, signé, daté et titré en haut à gauche, 50 x 65 cm.

Il citait Ibsen :

fil fragile de l’existence. Il y peindra des animaux extraordinaires. Il faut dire qu’il connaissait avec précision leurs défuntes anatomies. La peinture, au don miraculeux, redonne la vie aux vieilles carcasses de son enfance. Mettre des couleurs sur cette mémoire blafarde et ainsi remettre en liberté ces animaux qui se meuvent à tout jamais émouvants dans le tableau. Le jeune sauvage gagne en sauvagerie. Ses peintures abordent le rugissement des tons tendres. L’œuvre naît là, sous le chapiteau des couleurs. Quel roulement de tambour que ces toiles et aquarelles sur le cirque ! Les clameurs du public, les yeux illuminés des enfants, les envols des voltigeurs se déployant dans les airs. Un pinceau d’agilité au centre du spectacle. Le réel est circassien, féerique.

«L'homme fort c'est l'homme seul».

La vie, jongleuse, le conduisit presque naturellement dans un cirque, Clergé devint trapéziste. Auguste, le clown… Il y a des prénoms comme ça, qui prédestinent. L’Auguste, le clown au nez rouge, maquillé de noir, de blanc et de carmin, qui porte une perruque et marche dans de gigantesques chaussures. Maladroit, farceur, il est celui qui donne du fil à retordre aux plans du sage clown blanc. Il fréquente alors ce monde tant aimé des gens du voyage avec ses acrobates, ses funambules, ses dresseurs de fauves… Ceux qui avancent, en équilibre, sur le

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Le cirque 1958, huile sur toile, signée et datée en haut à droite, 100 x 81 cm.

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Le cirque 1961, huile sur toile, signée et datée en bas à droite, 100 x 80 cm.

Les trapézistes 1959, aquarelle sur papier, signée et datée en bas à droite, 64 x 50 cm.

La pause de la troupe 1952, dessin à l'encre sur papier, signé et daté en bas à gauche, 32 x 49,5 cm.

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À 21 ans, il épouse Jeanne Garnesson, jeune veuve de 25 ans, ils auront un fils : Jean. Puis la guerre 14-18 éclate. Clergé soldat, peint dans les tranchées avec une brosse à dent et du cirage… Blessé, il est démobilisé en 1916. À son retour de la guerre, il retrouve sa famille. Un soir cependant, il dit à sa femme, le plus naturellement du monde : «Jeanne, je vais peindre une meule au « Jeanne, je vais peindre clair deune lune…» meule au clair de lune... »

En 1919, il crée «La Compagnie des Peintres et Sculpteurs Professionnels». Encore une compagnie. Décidément ! Avril 1921, Clergé est l’initiateur d’un événement majeur dans l’histoire du quartier et de l’art moderne. Il organise avec Serge Romoff et Le Scouëzec une grande exposition collective intitulée «Quarante sept artistes exposent au café du Parnasse». La préface du catalogue signée par Romoff fait acte de profession de foi de l’Esprit montparno. Moment capital qui semble pourtant aujourd’hui être un chapitre arraché du livre d’Art Moderne, celui de l’art dans les cafés :

Il ne revint jamais. Peinture, quel étrange animal inapprivoisé que ton Auguste Clergé.

« Nous avons pris avec mon ami Auguste Clergé l'initiative « de réunir quelques camarades N pour nous installer dans un ous avons pris avec mon ami Auguste café, sans autre prétention que Clergé l’initiative de réunir quelques d'ouvrir une porte sur la rue. camarades pourune nous installer dans un Pas même chapelle ! Au café nousautre passons quelquefois café, sans prétention que les d’ouvrir meilleurs de notre une porte sur la moments rue. Pas même une chavoulons apporter pelle ! vie, Au nous café nous passons quelquefois le meilleur de nous-même : les meilleurs moments de notre vie, nous notre art. Nous le soumettons voulonsau apporter meilleur de nousjugement le non seulement même :des notre art.mais Nous le foule, soumettons au initiés de la sansnon fausse dignité, et jugement seulement dessans initiés mais distinction femme du de la foule, sans entre fausseladignité, et sans monde et le de fiacre. distinction entre la cocher femme du monde et le Aux passants, la porte est cocherouverte ! de fiacre. Aux passants, la porte » est ouverte !» Serge Romoff.

1918, Montparnasse Le peintre dès 1910 est l’élève de Cormon à l’école des Beaux-Arts de Paris. Les génies se retrouvent dans les cafés et scellent pour toujours dans le marbre des guéridons, l’histoire de «la folle jeunesse». Clergé est du premier groupe, celui de Modigliani, de Le Scouëzec - son grand ami - de Kisling, de Kiki, de Mendjizky, Soutine, de Papa Libion, Rappoport, et les autres tant… Il participera dès lors à de nombreuses expositions personnelles et collectives, le plus souvent accompagné de Le Scouëzec. Galerie du Luxembourg (1918), Galerie Barbazanges (1921)… et bien sûr, régulièrement, dans les trois emblématiques salons ( Salon des Tuileries, Salon des Indépendants, Salon d’Automne ). À Montparnasse, il vit dans le centre névralgique du quartier : 9 rue Campagne Première en 1918, 59 rue Notre-Dame-des-Champs en 1921, 171 boulevard du Montparnasse en 1924…

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Caricature par Pol Ferjac 1920, Le Canard enchaîné. Autour de Modigliani (en train de dessiner) on reconnaît : Au fond : Rappoport, Vlaminck, Ortiz de Zarate, Salmon, Le Scouëzec, Van Dongen, Soutine et Granovsky Au milieu : Clergé, Foujita, Picasso, le marchand de tableaux Zborovsky, Kisling et le modèle noir Aïcha Au premier plan : Pascin et Kiki de Montparnasse (penchée sur Modigliani) et Loulou.

Silhouettes Montparnassiennes Auguste Clergé, Dessin de Pol Ferjac.

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Le peintre Maurice Le Scouezec

Portrait du peintre Auguste Clergé

1922,

Maurice Le Scouëzec (1881-1940),

dessin à l'encre sur papier,

Huile sur papier marouflé sur toile

signé, daté et dédicacé

70 x 60 cm.

«à l'ami Le Scouezec» en bas à droite,

Cachet d'atelier et datée en bas à droite.

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27 x 22 cm.

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Le goûter 1957, Dessin à l'encre sur papier, Signé et daté en bas à gauche, 47 x 65 cm.

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Aix-en-Provence, la terrasse 1955, dessin à l'encre sur papier, signé, daté et situé en bas à droite, 41 x 57 cm.

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Parmi les 47 artistes de cette première édition, figuraient : Clergé, Le Scouëzec, Soutine, Van Dongen, Utrillo, Ortiz de Zarate, Loutreuil, Mendjizky, Krémègne, Granovsky et tant d’autres noms inoubliables. Cette exposition eut un retentissement dans le monde entier. Montparnasse devenait l’emblème de l’art vivant, les chefs-d’œuvre devenaient accessibles à même la rue. « Enfin Clergé vint et le café-

Gustave Kahn. musée fut créé. » le «Enfin Clergé vint et café-musée fut créé»Gustave Kahn De la peinture dansles tous «De la «peinture dans tous Bistrots !» s’écriait Clergé. les Bistrots ! » s’écriait Clergé

Quelques mois plus tard, cette exposition sera à nouveau montée au Parnasse. Ils seront 120 artistes, les plus grands, au mur de ce petit café du carrefour Vavin. Clergé, véritable Robin des Bois de la peinture, rendant la beauté au peuple. Les plus hautes aspirations de l’esprit accessibles à tous. 1927, vingt-sept grands artistes sont choisis pour peindre les colonnes de la légendaire brasserie La Coupole afin de célébrer l’inauguration de ce lieu si emblématique du Montparnasse. Clergé peindra l’une de ces colonnes, les autres étant confiées aux peintres Jules-Émile Zingg, David Seifert, Louis Latapie, Marie Vassilieff...

L'indien, Pilastre de La Coupole par Auguste Clergé Le sujet de cette peinture fait référence au décor peint par Clergé du «Jockey», célèbre club-cabaret du Boulevard Montparnasse.

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Une vie d’artiste tient bien souvent sur un fil, aussi la providence mit-elle Léon Zamaron, célèbre commissaire de police, collectionneur et amateur d’art, sur le chemin de Clergé. Il acquiert un jour 47 toiles d’un coup. Personnage essentiel, il défendra le peintre tant pécuniairement que moralement durant 12 ans. C’est à travers la correspondance entre Zamaron et Clergé que l’on découvre la sensibilité du peintre. Zamaron sera le confident. Une œuvre se crée seul, il est si important en revanche de rendre hommage aux collectionneurs. Leurs intuitions et leurs engagements auprès des artistes sont souvent vitaux et cela va bien au-delà du commerce de tableaux. Les collectionneurs sont les protecteurs de l’œuvre, ils en sont les gardiens. Cela dépasse et de loin le simple projet bourgeois d’un souci de décoration intérieure. Il y va tant de fois d’une question d’amitié.

Le joueur de guitare, Espalion 1959, dessin à l'encre sur papier, signé, daté et situé en bas à droite, 45 x 64 cm.

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(1872-1955)

Le flic collectionneur Le bureau 211 de la préfecture de police était celui de Léon Zamaron. Autre figure de légende de ce Montparnasse des années 20. Commissaire de police célèbre et reconnu du tout Paris, rien ne le prédestinait à occuper une place centrale au cœur de l’art moderne. Un bureau-musée surnommé également le Musée Zamaron au deuxième étage de la préfecture de police dans lequel les plus grands chefs-d’œuvre du début du XXe siècle ont séjourné leur temps dans une secrète et libre garde à vue. Bien davantage qu’un conservateur de musée classique, Léon Zamaron, au goût certain pour l’inconnu, était un grand découvreur de jeunes peintres. Son bureau était recouvert du sol au plafond par les œuvres des plus grands : Modigliani, Soutine, Utrillo, Vlaminck, des Clergé par dizaines, des Mendjizky, des Le Scouëzec, Krémègne, Chagall, Epstein, Loutreuil, Ortiz de Zarate… Les pièces de son incroyable collection sont aujourd’hui aux cimaises des plus grands musées du monde. Il aimait la peinture, mais surtout, il aimait les peintres. Cet ensemble extraordinaire de près d’un millier d’œuvres prit forme véritablement lorsqu’il commença à recevoir les artistes étrangers venant le voir dans son bureau.

Ils arrivaient des quatre coins du monde à Paris, capitale des arts et allaient le voir, lui. Il acquit la réputation d’acheteur de tableaux. D’où ce goût lui venait-il ? Nul ne le sut vraiment. Il possédait des oreilles et des yeux attentifs aux talents et souffrances des grands artistes. Léon Zamaron devint le grand pourvoyeur de visas, permis de séjour, papiers d’identité, de naturalisation de la plupart des protagonistes de la communauté des artistes étrangers de l’entre-deux-guerres. Ainsi l’on venait à la police montrer ses toiles à Zamaron. Si le personnage et la toile lui plaisait, il payait le prix fort, allant parfois jusqu’à garantir à certains un achat par mois. Il fut le tout premier découvreur de Maurice Utrillo, puis son grand protecteur. On raconte que lors de la toute première rencontre entre Utrillo et Modigliani chez «Rosalie», le restaurant pour artiste de la rue Campagne Première, l’amitié entre les deux géants vit le jour 20


ce soir-là, verre après verre, accoudés au comptoir à parler peinture. Utrillo se mit à dessiner des vues de Montmartre sur les murs, quant à Modigliani il griffonnait sur ces mêmes murs ses illustres femmes au long cou. La patronne hurla de colère en découvrant ces «graffitis» et le ton monta entre elle et les deux peintres puis entre les deux artistes entre eux. Ils se fachèrent l’un contre l’autre tant et si bien qu’il fallut l’intervention des gardiens de la paix pour les séparer et les conduire au poste de police de la rue Delambre. Pour se sortir tous deux de cette affaire Utrillo totalement ivre balbutia ces quelques syllabes : «Za…Za…Zamaron». Sésame ouvre toi... Le mot magique les libéra sur le champ comme Cézanne avait libéré la peinture. Ne résumait-on pas ainsi les journées d’Utrillo : «un chef-d’œuvre et une cuite» ? Zamaron c’était Utrillo, à Montparnasse on ne faisait pas de distinction entre les deux.

Les noms qui furent exposés dans ce petit café jouxtant La Rotonde sont aujourd’hui les grands reconnus de l’histoire. Ses correspondances avec les artistes comptent des centaines de lettres, chacune commençant plus ou moins de cette façon : «Cher Ami, sauvez-moi !» « Cher Ami, sauvez-moi ! »

Ces lettres demandaient toutes de l’argent, des services d’ordre judiciaire, et autres prières multiples et instantes… Quelle âme étonnante, toute de générosité patiente que celle de Léon Zamaron, échangeant tableau contre repentance. Afin de faire face à la misère et au désespoir chroniques chez les artistes du Montparnasse, il créera avec Rachel Kahn en 1921 l’AAAA ( l’Aide Amicale Aux Artistes ). Une association qui durant 10 ans aura pour but de secourir moralement, physiquement et matériellement les artistes. Face à ses nombreuses activités artistiques, sa carrière de commissaire de police finira par battre de l’aile. Il se retrouve dans une grave difficulté financière. Pour y faire face, il décide d’organiser le 9 juin 1920, la vente de sa collection à l’Hôtel Drouot. Une des toutes premières ventes aux enchères de tableaux modernes de l’histoire. Gustave Coquiot préfacera le catalogue de l’événement. En qualité équivalente cela reviendrait aujourd’hui à disperser aux enchères une partie du M.O.M.A de New-York. Le résultat de la vente fut décevant : 64500 francs. Alors que l’on sait que rien que son Modigliani Femme à la cravate noire vendu à l’époque pour 2900 francs vaudrait aujourd’hui aux alentours de 50 millions d’euros.

Auguste Clergé était aussi son grand ami, ils entretenaient une correspondance régulière. La collection Zamaron comptait 71 œuvres du peintre, parmi elles, la grande aquarelle Les Truites qu’il conservera chez lui, au-dessus du buffet de la salle à manger, jusqu’à la fin de sa vie. Les artistes ne surent jamais très clairement quelle haute fonction ce protecteur providentiel occupait à la police, on disait qu’il était affilié à l’immigration. De plus en plus, ses responsabilités à la préfecture de police laissaient place à son engagement pour les artistes. « Léon Zamaron est une sorte d'humaniste de la peinture. »

«Lé’n Zamaron est une sorte d’humaniste de la peinture»Maurice Raynal.

Jusqu’à son dernier souffle Zamaron défendra les peintres et sera leur bienfaiteur fidèle.

Avec Clergé, Romoff et Le Scouëzec, il va organiser les expos-café au Parnasse, dans le but de dénicher les nouveaux talents à même le bitume du boulevard. Avide d’inconnu, il était homme de bienveillance. 21


Il vaut mieux former des primaires en art que de redresser un blasé... Il vaut C'est mieux former des primaires en art la seule raison pour laquelle que de je redresser un blasé… C’est la seule dois continuer.»

De jours en jours ses liens avec Montparnasse et les grandes foules se délient, Clergé est proche de la nature. Il est d’une spiritualité faisant corps avec le paysage. La rivière, les bois, la Bretagne et ses bords de mer, Huelgoat, les Monts d’Arrée, les terres porteuses de secrets, Aix-en-Provence, Nemours, Espalion, les pêcheurs à Marseille, les voyages... La texture de ses tableaux va alors se rapprocher au plus intime de la matière même des choses : terre, bois, plâtre des murs, rivières, ciels, rugosité, grains, chemins, caillasses…

raison pour laquelle je dois continuer.» Auguste Clergé.

Puis vint le temps du Théâtre, en 1920 Clergé rencontre celle qui va devenir sa seconde épouse, Alice Reichen, actrice de la troupe de Georges et Ludmilla Pitoëff. Commencera alors une grande tournée avec la compagnie à travers toute l’Europe de 1920 à 1932. Il dessinera les décors, les costumes, deviendra acteur et peindra tous ces pays traversés. Il se liera d’amitié avec le romancier italien Luigi Pirandello et l’écrivain et critique George Bernard Shaw. Clergé le peintre-acteur, la toile devenue espace scénique, la vie pour décor de l’âme, une vue des coulisses. De chaque lieu nouveau, Clergé écrivait à Zamaron annonçant bonne ou mauvaises nouvelles, mort d’un enfant… Puis naissance en 1926 du petit Claude.

« Comme notre méchant

« Comme notre méchant Montparnasse Montparnasse me semble loin, me semble loin, tout et estsans mesquin où tout est où mesquin bonté, et sanspourtant bonté, la pourtant la bonne... nature est nature est Dans bonne… » la masse qui travaille il y des travaille sensibilités Dans laa encore masse qui il toutes y a encore neuves ettoutes des êtres qui n'ont des sensibilités neuves et desniêtres trop, ni pas assez de culture pour qui n’ont ni trop, ni pas assez de culture ne plus savoir aimer une oeuvre pour nesincère. plus savoir aimer une œuvre sincère. Le café, Montmartre 1957, dessin à l'encre sur papier, signé, daté et situé en bas à droite, 50 x 65 cm.

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La table à jeu, Café de Paris, Monte-Carlo 1957, dessin à l'encre sur papier, signé, daté et situé en bas à droite, 50 x 65 cm.

Le couple, Café de Paris, Monte-Carlo 1927, dessin à l'encre sur papier, signé et daté en bas à gauche, 16 x 23 cm.

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Clergé lors de sa dernière exposition.

Le 15 octobre 1933, Clergé crée à la galerie Barreiro - rue de Seine - «Le Salon Populiste» où l’on découvre des œuvres picturales et littéraires guidées par ce même élan d’indépendance. Le vernissage fut accompagné de châtaignes et de Gaillac doux. Seront présents Michel Simon, Louis-Ferdinand Céline, Charles Vanel, Ludmilla Pitoëff… Les œuvres exposées mettront en scène le peuple, ses misères et ses vérités, le labeur des braves gens, ouvriers et paysans au travail. Ce salon connaîtra un grand succès durant des années. En 1948, il peindra des fresques pour les salons du parfumeur Roger et Gallet sur le thème de la reine de Saba.

Clergé rencontre alors celle qui sera sa dernière compagne, Colette Chasseigneaux, modèle des peintres et peintre elle-même, elle posa avec sa sœur Solange pour le peintre Pinchus Krémègne. Clergé toujours lié à Alice Reichen accueille à l’atelier son nouveau modèle et élève, mais cette présence imposée à la comédienne instaurera un climat de jalousie difficile. Colette travaillera auprès de lui durant une quinzaine d’années et l’accompagnera jusqu’à la fin. Dernière exposition en 1961 à la galerie Paul Cézanne. Clergé malade, sera hospitalisé à l’Hôpital Laënnec de Paris. Resteront ses ultimes croquis de la salle commune dessinés depuis l’hôpital. Il y décèdera en septembre 1963. 24


Le marĂŠchal-ferrant dessin Ă l'encre sur papier, 20 x 30 cm.

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Nature morte aux poissons 1937, huile sur toile, signée et datée en haut à droite, 73 x 92 cm.



Pour l’anniversaire du centenaire de sa naissance en 1991, Sylviane de La Bouillerie, petite-fille du peintre et l’association Hélios en partenariat avec le conseil général du Finistère organisèrent une importante rétrospective de son œuvre au Château de Trévarez, au cœur de cette Bretagne qu’il a tant peinte. Naturaliste, peintre du cirque, peintre décorateur, acteur, Montparno des premières heures, ami du peuple, peintre de la zone, voyageur et aventurier, peintre de la liberté, tel est Auguste Clergé, si plein de bienveillance à l’égard du monde et des hommes, un chevalier aux beautés anarchiques. L’animal est sauvé. La galerie Les Montparnos, dans le cadre des « Printemps du Montparnasse, les grands oubliés » est heureuse de vous convier à l’exposition du peintre Auguste Clergé (1891-1963) du mercredi 23 mars au dimanche 12 juin 2016.

Les couturières, Aix-en-Provence 1955, Dessin à l'encre sur papier,

Mathyeu Le Bal Directeur de La Galerie Les Montparnos

Signé, daté et situé en haut à droite, 46 x 64 cm.

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Coin de ferme en provence 1928, huile sur toile, signée et datée en bas à gauche, titrée au dos. 46 x 55 cm.

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Nature morte aux perdrix 1961, huile sur toile, signée et datée en bas à droite, 81 x 60 cm.

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Le paradis perdu 1949, huile sur toile marouflée sur panneau, signée et datée en bas à gauche 70 x 160 cm.

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Déjeuné sur l'herbe, Aix-en-Provence 1955, aquarelle sur papier, signée, datée et située en bas à droite, 22 x 27 cm.

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Le pêcheur 1934, huile sur toile, Signée et datée en bas à gauche, 65 x 81 cm.

Les pêcheurs à Nemours 1960, dessin à l'encre sur papier, signé, daté et situé en bas à droite, 50 x 65 cm.

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Ciel d'orage, Les foins à Nemours 1957, aquarelle sur papier, signée, datée et située en bas à gauche, 36 x 51 cm.

Le ramassage des foins, Nemours 1957, aquarelle sur papier, signée, datée et située en bas à gauche, 37 x 52 cm.

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Promenade en sous-bois 1960, aquarelle sur papier, signée et datée en bas à droite, 48 x 64 cm.

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Les bûcherons 1947, huile sur toile, signée et datée en bas à droite, 80 x 176 cm.

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Repas des pêcheurs, Marseille 1927, huile sur toile, signée et datée en bas à droite, 81 x 100 cm. oeuvre exposée au Salon des Indépendants de 1928.

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Cerf et biches 1957, aquarelle sur papier, signée et datée en bas à gauche, 46 x 58 cm.

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Huelgoat (le bois d'en haut).

Le village au bord de la mer

Monts d'Arrée, Bretagne

Bretagne.

1920,

1958,

huile sur toile,

aquarelle sur papier

signée et datée en bas à droite,

Signée, datée et située en bas à gauche,

54 x 65 cm.

37 x 52 cm.

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Tempête en Bretagne 1954, huile sur toile, signée et datée en bas à droite, 65 x 100 cm.

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Le père Julien sur la Zone 1950, huile sur toile, signée et datée en bas à gauche, titrée au dos, 41 x 61 cm.



Le ramoneur, Suisse 1951, aquarelle sur papier, signée, datée et située en bas à gauche, 36 x 51 cm.

Neige sur la Zone de Paris 1959, huile sur toile, signée et datée en bas à droite, titrée au dos. 54 x 81 cm.

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L'atelier de La Zone, rue des Villegranges, Paris xxe.

Zone de Paris, neige sur mon atelier 1957, huile sur toile, signée et datée en bas à droite, titrée au dos. 60 x 81 cm.


La Zone de Paris 1959, aquarelle sur papier, signée, datée et située en bas à gauche, 37 x 52 cm.

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La Zone, la maison des chiffonniers au printemps, rue de la colonie 1942, huile sur isorel, signée et datée en bas à droite, 54 x 73 cm.

Clergé dans son atelier de La Zone.

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La Galerie Les Montparnos remercie chaleureusement pour leur soutien et leur aide à cette exposition : Sylviane de La Bouillerie, Bernard Lejeune, Solange Barberousse, Emmanuelle Corcellet-Prévost, guide conférencière, Marc Gimel et son épouse Madame Le Duc, Christian Soret, Pierre et Marcelle Quintard, Bogdan-Mihaï Dragøt, Galerie de Bretagne-Quimper, Philippe Baudoin et l'association du Barbier à la Bouteille Bleue.

Crédit photographique : Juliette Raynal. Conception graphique : Tanguy Ferrand.

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en couverture Zone de Paris, neige sur mon atelier 1957, huile sur toile, 60 x 81 cm.

en 4e de couverture Le paradis perdu extrait, 1949, huile sur toile marouflĂŠe sur panneau, 70 x 160 cm.


23 mars - 12 juin 2016

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galerie les montparnos - mathyeu lE bal 5, rue Stanislas 75006 Paris 06 33 38 95 25 - contact@galerielesmontparnos.com

www.galerielesmontparnos.com


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