AUTOMNE 2023, vol. 19 n o 3
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Z RE NE S UV Z I D O CO GA ’EN DÉ MA E À L LEOURC
Le magazine des matières résiduelles au Québec
Convention de la poste-publications no 41122591
TAGE REPORLU S I F E XC
Le contrôle environnemental, c’est l’affaire de tous
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PFAS : revenir aux sources du problème Réduction à la source : l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC), un modèle à propager
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reportage 8
« Je vais parler des bonnes affaires qui se passent au Québec. Je trouve que le discours est trop négatif. L’accent est mis sur ce qui n’est pas fait, plutôt que sur les bons coups. Je veux être un semeur de bonnes nouvelles » — Grégory Pratte
SOMMAIRE
chroniques 16
CETEQ LE CONTRÔLE ENVIRONNEMENTAL, C’EST L’AFFAIRE DE TOUS
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RÉSEAU ENVIRONNEMENT PFAS : REVENIR AUX SOURCES DU PROBLÈME
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CTTÉI RÉDUCTION À LA SOURCE : L’ÉCONOMIE DE LA FONCTIONNALITÉ ET DE LA COOPÉRATION (EFC), UN MODÈLE À PROPAGER
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COMMUNICATION ENVIRONNEMENTALE CHOISIR LES BONS MOTS POUR PLUS D’IMPACT : RETOUR SUR UNE PUBLICATION QUI A (UN PEU) FAIT JASER
Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.
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SUR LE RADAR
UN CENTRE DE TRI TOURNÉ VERS LA MODERNISATION
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LES AMIS DE 3RVE
ONS LES BACTS
NT S CO
Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc
Journaliste et rédactrice Marie-France Létourneau
Coordonnatrice à la direction de l’édition Maude Champagne coordination@maya.cc
Chroniqueurs Anne-Marie Hallé Mathieu Laneuville Claude Maheux-Picard Kevin Morin
Direction artistique MAYA
Photos de la page couverture et du reportage Danylo Bobyk
Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Québec) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazine3rve.cc www.magazine3rve.cc
Réviseure linguistique Émilie Pelletier
Impression Héon et Nadeau
Designer graphique Sylvain Malbeuf (SymaPub)
Espace publicitaire André Dumouchel Téléphone : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc
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Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent que leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retournez toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié trois fois l’an.
AUTOMNE 2023, vol. 19 n o 3
Le magazine des matières résiduelles au Québec
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ÉDITORIAL
L’industrie de la GMR doit utiliser
son AS Depuis très longtemps, l’industrie de l’environnement réclame une personne capable de connecter avec le grand public. Une personne pouvant passer le bon message, mobilisant, positif, et qui fera en sorte que le citoyen posera le geste approprié pour améliorer ses résultats. Mais surtout, une personne qui suscitera la confiance et qui rassurera le citoyen dans son geste.
E
h bien voilà, le connecteur vert est là !
Bien sûr, il n’était pas très loin pendant toutes ces années. En fait, il se construisait. Car il faut comprendre que Grégory Pratte ne s’est pas levé un matin en se disant qu’il allait jaser de poubelles avec Ginette et William sur Facebook. Il gravite plutôt dans l’univers de la gestion des matières résiduelles depuis près de 20 ans. Il a du vécu ! Il a tout d’abord fait ses premiers pas à mes côtés, ici, aux magazines. À travers sa multitude de rencontres et de conversations téléphoniques avec les gens du milieu, il a acquis une fine connaissance de l’écosystème de la GMR au Québec. Ensemble, nous avons créé des outils de communication et une campagne de sensibilisation grand public que nous avons déployés dans une soixantaine de villes de la Rive-Nord de Montréal. Gregory a donc réfléchi à la pensée du citoyen et l’a décortiquée. Il a bossé, ça n’est pas tombé du ciel.
Par la suite, il a fait le saut chez Tricentris, aux côtés de mon ami Frédéric Potvin. Tous ceux qui connaissent Frédéric et sa façon de diriger vous diront qu’il s’agissait du contexte idéal pour que Grégory puisse pleinement s’émanciper et prendre son envol. Au menu, beaucoup de latitude et un grand terrain de jeu. Il s’est bien amusé ! La période de la pandémie a représenté un tournant pour lui. C’est à ce moment que la page Facebook et le nombre de communications avec les citoyens ont explosé. Ont suivi une collaboration à l’émission de télévision matinale Salut, bonjour !, des chroniques radio et quelques autres apparitions. Il est devenu le visage de la démystification du bac bleu. Pour plusieurs, c’est lui, l’expert ! Maintenant agent libre, Grégory offre à l’industrie une connexion directe et facile avec le grand public. Cela m’apparaît être une véritable bénédiction pour l’industrie au moment où d’importantes réformes se mettent en branle autour des systèmes de consigne et de collecte sélective. Il me semble évident que Grégory doit jouer un rôle majeur, le contraire serait contre-productif. Les premières mesures des réformes commencent à peine à entrer en vigueur. Ginette et William auront beaucoup de questions à poser. À mon avis, on touche difficilement aux habitudes des gens sans créer des remous, c’est pourquoi la population réagira fortement. Car bien qu’elle ait été avertie, je crois que la population ne saisit pas réellement les changements qui s’en viennent. Un peu à l’image de La petite vie, les vidanges font partie des habitudes et des préoccupations quotidiennes. Préparez-vous !
André Dumouchel adumouchel@maya.cc
Ces importants changements nécessiteront de faire les choses autrement en ce qui concerne la communication avec les citoyens. Il faudra « défaire » certaines habitudes pour en créer de nouvelles. Pas simple ! Cela fait 30 ans que l’on supplie jeunes et moins jeunes de mettre leurs matières recyclables dans le bac bleu, avec un succès plutôt partagé. Ça stagne. Et maintenant, on souhaite qu’ils effectuent une sorte de tri à la source en considérant une nouvelle possibilité pour disposer de leurs objets : est-ce que cet objet doit être déposé aux poubelles, au bac de recyclage, ou dois-je le rapporter pour récupérer quelques cents ? Grégory croit que les membres de l’industrie travaillent en silo, et il a bien raison. Dans le reportage, il dit vouloir stimuler la conversation avec les gens, parce que selon lui, c’est ensemble qu’on peut faire bouger les choses. Souhaitons que son appel soit entendu, car il serait dommage que l’industrie n’utilise pas cet AS qu’elle vient de découvrir dans sa manche. Nous désirons en conclusion souhaiter un joyeux 20e anniversaire au CETEQ ! Formidable partenaire du magazine 3Rve, le CETEQ a accompli un travail remarquable au cours de son existence afin de rassembler et d’épauler l’expertise privée de l’économie verte. À tous ceux qui s’y investissent et qui y contribuent, bravo et bonne fête ! n
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REPORTAGE
Par Marie-France Létourneau
La pandémie de COVID-19 a changé la vie de Grégory Pratte. À l’époque, alors que les Québécois et le reste de la planète étaient isolés, celui-ci est sorti de l’ombre et s’est mis à jaser de collecte sélective sur les réseaux sociaux. Son expertise, son franc-parler et son talent de vulgarisateur l’ont, depuis, amené à multiplier les tribunes où il porte différents messages, tous à caractère vert.
« Parfois, je m’amuse à dire que Grégory est un peu le Jean Lapierre des matières résiduelles, et surtout de la collecte sélective », laisse tomber Richard Mimeau, directeur régional pour le Québec et l’Est de l’Ontario de Matrec-GFL, une entreprise spécialisée dans la collecte des matières résiduelles et recyclables.
Grégory Pratte agit aujourd’hui à titre de créateur de contenu, de conférencier et de chroniqueur. Mais c’est comme responsable des relations publiques pour les centres de tri de Tricentris, à Lachute, à Gatineau et à Terrebonne, qu’il a commencé à miser sur l’information, la sensibilisation et l’éducation (ISÉ).
« Jean Lapierre avait le don d’embarquer les gens et de leur faire comprendre la politique et ses dédales, ajoute celui qui côtoie M. Pratte depuis plusieurs années. De son côté, Grégory a travaillé fort pour faire comprendre l’importance et la manière de recycler. »
La bougie d’allumage : la mise à jour de la page Facebook de Tricentris durant la pandémie.
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Certains ont fait du pain durant cette période, Grégory Pratte en a plutôt profité pour mieux expliquer au grand public ce qui doit être déposé dans le bac bleu.
« J’ai commencé à jaser avec le monde, raconte Grégory Pratte. Les gens m’envoyaient une photo d’un emballage qu’ils avaient ramené de l’épicerie et ils me demandaient si ça allait dans le bac. » Les questions provenaient même parfois d’aussi loin que la Gaspésie et le Saguenay–Lac-SaintJean. Ses messages rayonnaient donc bien à l’extérieur du territoire de Tricentris. Les réponses de l’expert, très réactif sur les réseaux sociaux, ne tardaient jamais et débordaient régulièrement de l’horaire du 9 à 5, du lundi au vendredi. Grégory Pratte profitait également de l’occasion pour expliquer comment et où les matières sont traitées.
REPORTAGE
Les résultats n’ont pas tardé. Le nombre d’abonnés de la page Facebook de Tricentris a littéralement « explosé », affirme Grégory Pratte. De 5 000 au départ, ils sont désormais près de 65 000 à la suivre.
Un parcours atypique Cet engouement pour « le pro du bac » n’est pas passé inaperçu. Il s’est mis à être de plus en plus sollicité par différents médias à titre de spécialiste de la collecte sélective. Depuis 2020, la liste de ses collaborations n’a cessé de s’allonger. Radio-Canada a même fait appel à ses services l’an dernier pour la présentation de chroniques à l’émission de radio Sur le vif. Puis, il a été invité à faire la même chose pour le média 24 heures et l’émission Salut, bonjour ! Sa participation, aux côtés de Gino Chouinard, au populaire rendez-vous matinal de TVA, qui se poursuit à ce jour, a marqué une étape importante dans le parcours de celui qui raconte avoir toujours été fasciné par la télévision. L’expert en gestion des matières résiduelles affirme avoir toujours senti le besoin de « connecter » avec les gens. Il a commencé à le faire dès son plus jeune âge, car il a déménagé à plusieurs reprises dans sa jeunesse. « C’était difficile pour moi de me faire des amis, dit-il. Ça a développé mon côté social. » Le parcours de Grégory Pratte, qui a étudié en ce qu’il appelle les « sciences de la parole » (radio, télé, etc.), est d’ailleurs loin d’être linéaire. Il a entre autres œuvré comme célébrant de mariage professionnel durant près de dix ans. Il a uni les destinées de quelque 1 000 couples, calcule-t-il. « J’étais une rock star dans mon milieu, lancet-il. J’écrivais des chroniques, je célébrais des mariages et j’étais booké deux ans à l’avance. » Il a également agi comme coordonnateur aux événements du Théâtre du Nouveau Monde (TNM) durant huit ans. Toutes ces expériences, estime-t-il, l’ont forgé et l’ont aidé à se tailler une place dans le milieu des communications. Grégory Pratte a développé son expertise en environnement en œuvrant, dans un premier temps, au développement des affaires pour MAYA communication et marketing, entreprise à l’origine des magazines Source et 3Rve. Cela lui a permis,
Gino Chouinard et Grégory Pratte sur le plateau de tournage de l’émission de télévision matinale Salut, bonjour ! présentée à TVA.
dit-il, de rencontrer une foule de personnes qui avaient l’environnement à cœur, bien avant que le sujet devienne d’actualité. Daniel Gingras est un de ceux-là. L’entrepreneur de Saint-Ubald vendait des bacs, mais il a contribué à « révolutionner la collecte des matières résiduelles au Québec », selon M. Pratte. C’est en 2015 que Grégory Pratte a été embauché par Tricentris. Avant d’être responsable des relations publiques de l’organisme sans but lucratif, il a veillé à la commercialisation de la poudre de verre VERROX. Celle-ci, produite à l’usine de micronisation du verre de Tricentris, permet notamment d’augmenter la durabilité du béton.
La tornade TikTok Adepte des métaphores sportives, Grégory Pratte a frappé un coup de circuit au printemps 2023 : le « coach du bac » est arrivé sur TikTok. Cette expérience, aussi brève qu’intense, a été réalisée, à nouveau pour Tricentris, avec la collaboration de la spécialiste
et gestionnaire de réseaux sociaux Marie-France Gosselin. Les six vidéos ludiques et éducatives qu’ils ont réalisées ont atteint un million de vues, se félicite le principal intéressé. « Je dis souvent que le compte a pris en feu, lance Marie-France Gosselin en riant. Ça a été mon plus grand succès. Et sans aucune amplification [stratégie pour augmenter la portée et la visibilité du contenu, NDLR]. » Selon elle, cet engouement pour le contenu présenté repose en b onne partie sur la personnalité de Grégory Pratte. « Les gens se sont rapidement attachés à lui, analyse la spécialiste des réseaux sociaux. Il a une bonne connexion humaine. C’est un excellent vulgarisateur et il sait de quoi il parle. » Mme Gosselin souligne que la plateforme TikTok est souvent associée aux jeunes. Le « coach du
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REPORTAGE bac » rejoignait toutefois toutes les tranches d’âge, note-t-elle. Selon elle, la popularité de ces vidéos démontre par ailleurs que les informations transmises répondent à un besoin. Encore une fois, l’initiative du responsable des relations publiques de Tricentris n’est pas passée sous le radar et elle a à l’époque été relevée par plusieurs médias, notamment à l’émission de Paul Arcand au 98,5 FM. Le projet s’est toutefois terminé pour des raisons budgétaires. Marie-France Gosselin est convaincue que ce n’est que partie remise. Et elle se dit prête à suivre Grégory Pratte « dans ses nouvelles aventures ».
Un nouveau champ d’action Et de nouvelles aventures, il y en a déjà. La décision a été difficile à prendre, dit Grégory Pratte, mais celui-ci a quitté ses fonctions chez Tricentris en septembre 2023 afin de travailler à son compte. Cela lui permet, du coup, d’élargir son champ d’action et d’intérêt.
Il peut dorénavant déborder du bac bleu et s’intéresser aux autres bacs. Il peut parler de compost, d’herbicyclage, de recyclage des déchets électroniques, de vêtements et de plus encore. En volant de ses propres ailes, Grégory Pratte affirme s’être fixé une nouvelle mission : devenir le « vulgarisateur en chef de tous les modes de collecte de matières résiduelles » au Québec. En d’autres mots, il souhaite être pour l’environnement ce que Ricardo Larrivée est au milieu culinaire et Marthe Laverdière pour le jardinage. D’ailleurs, ces deux personnalités l’inspirent. « Je veux stimuler les conversations avec les gens, indique-t-il. Je crois qu’en gang, on est capables de faire bouger les choses. Tout le monde travaille en silo. Je veux faire éclater les murs. » Cette communication est d’autant plus importante, fait-il valoir, que le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a entrepris deux grandes réformes, soit la modernisation des systèmes de consigne et celle de la collecte sélective. La mise en œuvre
de ces changements représentera un défi, croitil. La première phase de la consigne élargie est d’ailleurs récemment entrée en vigueur.
Lever le voile Le consultant spécialisé en sols contaminés André Carange a croisé Grégory Pratte à plusieurs reprises au cours de sa carrière. À ses yeux, le travail d’information, de sensibilisation et d’éducation (ISÉ) entrepris par le chroniqueurvulgarisateur est essentiel. « L’opinion publique est terrible en matière de recyclage », juge-t-il. Selon lui, trop de gens croient à tort que le contenu du bac bleu finit au site d’enfouissement. « Ça en prend au moins un pour contrôler tous ceux qui disent toutes sortes de niaiseries par rapport à ce qu’il se fait dans le recyclage », réagit M. Carange, qui a siégé à titre d’administrateur au CA de Réseau Environnement. « La collecte sélective, c’est un peu nébuleux pour les citoyens, reconnaît Richard Mimeau de Matrec-GFL. Qu’est-ce qu’on met dans le bac, qu’est-ce qu’on n’y met pas ? À quoi ça sert ?
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« Je veux stimuler les conversations avec les gens. Je crois qu’en gang , on est capables de faire bouger les choses. Tout le monde travaille en silo. Je veux faire éclater les murs. » — Grégory Pratte
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REPORTAGE
Est-ce que ça se recycle vraiment ? C’est quoi, un plastique numéro 7 ? »
en technologies environnementales du Québec (CETEQ).
Selon M. Mimeau, l’environnement peut se décliner en deux volets. Le premier englobe la lutte aux changements climatiques, la réduction des gaz à effet de serre et l’électrification des transports. Le deuxième est tout aussi important, mais souvent méconnu : l’assainissement et la protection de l’environnement.
« C’est ce que Grégory essaie de vulgariser, et c’est ce que j’ai fait quand je suis arrivé au CETEQ, dit-il. Il faut faire comprendre aux gens, au gouvernement et à toutes les instances que ce qu’il se passe sur le terrain aide à la lutte aux changements climatiques et que c’est essentiel pour l’environnement. »
C’est ce dernier volet que Grégory Pratte présente sous un autre jour, relève M. Mimeau. Celui-ci dirigeait, jusqu’en 2022, le Conseil des entreprises
« Il faut s’occuper des déchets ultimes, du recyclage, des lieux d’enfouissement technique, des sols contaminés, des matières dangereuses,
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ajoute-t-il. C’est un travail important, qui est un peu méconnu. Les gens comme Grégory réussissent à faire connaître notre industrie. » Selon M. Mimeau, Grégory Pratte a par ailleurs un style bien à lui. « C’est un gars passionné, émotif, qui ne laisse personne indifférent, dit-il. Ses opinions tranchées peuvent parfois déranger dans l’industrie, mais ça fait partie de la job. »
De bonnes nouvelles Selon Grégory Pratte, une foule de PME québécoises proposent et mettent de l’avant
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REPORTAGE différentes idées et technologies pour recycler et revaloriser divers produits et matières. Des exemples ? Polystyvert, pour la styromousse, et Pyrowave, pour les plastiques non recyclables, cite-t-il spontanément. « Quand entend-on parler d’elles ? Rarement. Moi, je vais faire ça. Je vais parler des bonnes affaires qui se passent au Québec. Je trouve que le discours est trop négatif. L’accent est mis sur ce qui n’est pas fait, plutôt que sur les bons coups. » « Je veux être un semeur de bonnes nouvelles », lance Grégory Pratte. Son discours s’inscrit par ailleurs dans une époque où l’écoanxiété gagne du terrain. Le chroniqueur et conférencier affirme avoir beaucoup d’empathie pour les gens qui s’alarment face à l’état de la planète, d’où l’importance de présenter les choses sous un autre angle, croit-il.
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE EN ACTION
Et c’est ce qu’il a l’occasion de faire dans le cadre de ses collaborations régulières dans les médias, que ce soit à la télévision, à Salut, bonjour !, ou encore à la radio, à Sur le vif.
Un nouveau mandat Souhaitant profiter de l’expertise de Grégory Pratte et de sa facilité à communiquer, la Ville de Terrebonne lui a par ailleurs récemment confié un mandat. Celui-ci s’inscrit dans la foulée de la stratégie de réduction à la source déjà mise en œuvre par la municipalité au cours des dernières années, explique la cheffe de section en matière de gestion des matières résiduelles, Geneviève Rivard. « Notre adage est que le meilleur déchet, c’est celui que l’on ne produit pas », souligne-t-elle. Entre autres projets mis de l’avant, Terrebonne s’est notamment démarquée avec sa campagne « Non merci aux objets à usage unique1 ». Celle-ci s’est accompagnée d’une modification à la réglementation municipale afin d’interdire la distribution de ces objets. « L’arrivée de Grégory est un autre jalon de notre stratégie, explique Mme Rivard. Nous visons un mandat d’information, de sensibilisation et d’éducation. Nous savons qu’il a une facilité à rejoindre les gens. Nous faisons donc appel à sa créativité pour une portée grand public. » Des conférences et d’autres activités pourraient ainsi être offertes aux citoyens, mais également aux commerçants, aux organismes, voire aux employés municipaux, alors que Terrebonne dit viser « l’exemplarité ». Le plan de match reste encore à élaborer, précise la cheffe de section en matière de gestion des matières résiduelles. Mais le mandat octroyé à Grégory Pratte ratisse large et s’étirera sur quelques mois, dit-elle.
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Figure connue à Terrebonne, où il habite et où il a travaillé chez Tricentris, Grégory Pratte se démarque assurément par « son expérience, son style et sa facilité à créer des liens », souligne Geneviève Rivard. « Beaucoup le suivent parce qu’il réussit à expliquer les choses simplement, dit-elle. Et c’est cette proximité-là que nous voulons développer avec notre population. Nous souhaitons que les gens trouvent auprès de lui des réponses 1
Ce terme désigne entre autres les pailles, les sacs d’emplettes, les ustensiles de plastique, la vaisselle jetable, etc.
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à toutes leurs questions liées à l’environnement, que ce soit la gestion des déchets, des matières recyclables et des matières organiques. Bref, tout ce qui est à trier dans les maisons au quotidien et tout ce que l’on peut faire pour mettre les poubelles au régime. » Selon Mme Rivard, Terrebonne veut ainsi sortir des sentiers battus pour mettre de l’avant une stratégie supplémentaire afin de convaincre ceux qui sont plus réfractaires à trier les différentes matières dans les bacs appropriés. L’objectif :
réduire toujours plus la quantité de déchets voués au site d’enfouissement. Ce nouveau mandat correspond parfaitement au type de mission que Grégory Pratte souhaite relever à l’avenir, dit celui-ci. Il entend saisir toutes les occasions possibles, y compris un retour sur TikTok, pour continuer à présenter le milieu environnemental sous un autre jour. Le connecteur « vert » est donc loin d’avoir dit son dernier mot. n
« Nous souhaitons que les gens trouvent auprès de lui des réponses à toutes leurs questions liées à l’environnement, que ce soit la gestion des déchets, des matières recyclables et des matières organiques. Bref, tout ce qui est à trier dans les maisons au quotidien et tout ce que l’on peut faire pour mettre les poubelles au régime. » — Geneviève Rivard, cheffe de section en matière de gestion des matières résiduelles à la Ville de Terrebonne
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LE CONTRÔLE ENVIRONNEMENTAL, C’EST L’AFFAIRE DE TOUS
CETEQ
Kevin Morin Directeur général Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) kmorin@ceteq.quebec
POURQUOI EN SOMMES-NOUS LÀ ? Au cours des dernières années, plusieurs modifications législatives et réglementaires ont permis au MELCCFP de se doter de nouveaux pouvoirs et technologies pour mieux faire appliquer les règles environnementales. Toutefois, ce que l’on constate sur le terrain, c’est que les principales entreprises délinquantes fonctionnent toujours au vu et au su de l’industrie, malgré plusieurs récriminations.
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i vous suivez l’actualité, vous avez assurément constaté dans les derniers mois que certaines entreprises ont été sanctionnées par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) pour avoir enfreint les règles environnementales. Si vous êtes dans l’industrie, vous savez que, malheureusement, cela n’est que la pointe de l’iceberg.
Les inspections et les enquêtes du MELCCFP sont un début de réponse à cette situation, parce que les délais sont longs et que les maigres pénalités qui s’appliquent aux entreprises reconnues coupables ne sont pas dissuasives. Comment pouvons-nous faire rentrer dans le rang des entreprises qui engrangent des millions de dollars grâce à des stratagèmes ? Certainement pas avec des pénalités symboliques.
Lorsque je parle d’infractions aux règles environnementales, je ne parle pas des entreprises qui ont omis de déposer un rapport dans les délais prescrits. Je parle plutôt de celles pour qui les règles environnementales ne sont qu’un jeu. Un jeu qui s’incarne par la disposition de matières dans des lieux non autorisés, qui contamine les terres agricoles et les cours d’eau, ou encore par le stockage excessif de matières résiduelles sur un terrain, allant jusqu’à mettre la sécurité du voisinage en péril. C’est d’elles que je parle. Il s’agit d’une dizaine d’entreprises dans différents secteurs d’activité (les CRD, les boues municipales, les matières dangereuses et les sols contaminés) qui font mal paraître l’ensemble de ces secteurs et, surtout, qui entrent en concurrence déloyale avec les entreprises membres du CETEQ qui œuvrent avec le plus haut standard de qualité dans ces secteurs.
QUELLES SONT LES SOLUTIONS EN AMONT ? Les entreprises délinquantes font preuve de créativité pour contourner le système, alors il faut être plus intelligents qu’elles. Et c’est ensemble que nous y arriverons. Il faut d’abord que les principales parties prenantes, soit le MELCCFP, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), le ministère de la Justice, le ministère des Transports, le Conseil du trésor, l’Autorité des marchés publics, les villes et le CETEQ s’assoient à la même table pour faire l’état des lieux. Une fois les limites et les lacunes du système actuel identifiées, il sera plus facile de concentrer nos efforts collectifs sur les mesures les plus structurantes, qui auront des répercussions positives sur l’environnement et qui réduiront la possibilité qu’une entreprise passe entre les mailles du filet.
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L E C O NTRÔL E E N V I R O N N E M E NTA L, C’E ST L’A F FA I R E D E TO U S Un premier tour de roue permet déjà de nommer certaines mesures à considérer pour chacune des parties prenantes. = Le MELCCFP : accélérer le traitement des enquêtes, appliquer des pénalités plus dissuasives et repenser le contrôle afin de pouvoir mieux bâtir la preuve ; = Le MAMH et les villes : s’assurer que les donneurs d’ordre municipaux ont les pouvoirs, les outils et les connaissances pour exclure des appels d’offres publics les entreprises délinquantes. Après tout, le meilleur contrôle environnemental, c’est celui qui n’a pas besoin d’être fait ; = L’Autorité des marchés publics : élargir son mandat afin qu’elle puisse analyser plus d’appels d’offres publics et par conséquent, qu’elle puisse bannir de ceux-ci un plus grand nombre d’entreprises délinquantes ; = Le ministère de la Justice et le Conseil du Trésor : s’assurer d’offrir au MELCCFP les conditions gagnantes et les ressources nécessaires pour mener à terme les enquêtes.
« En l’absence de grandes améliorations, le contrôle environnemental continuera à niveler par le bas en défavorisant les entrepreneurs qui visent haut en matière de normes de qualité. »
On dit que la force d’une chaîne dépend de son maillon le plus faible. Dans le cas présent, je dirais que le maillon qui a le plus besoin d’être solidifié est celui du contrôle environnemental au sens large. Aucun changement législatif ou réglementaire n’aura les effets escomptés si les règles ne sont pas appliquées sur le terrain. En l’absence de grandes améliorations, le contrôle environnemental continuera à niveler par le bas en défavorisant les entrepreneurs qui visent haut en matière de normes de qualité. Il est temps que le gouvernement du Québec mette la main à la pâte afin d’empêcher, dans notre cour, des comportements illégaux qui mettent à mal la planète pour la protection de laquelle nous investissons tous temps et argent. n
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RÉSEAU ENVIRONNEMENT
PFAS : REVENIR AUX SOURCES DU PROBLÈME
Mathieu Laneuville Ing., M. Sc. A. Président-directeur général Réseau Environnement mlaneuville@reseau-environnement.com
que le Québec ne compte aucune usine produisant des S aviez-vous substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, et que la réglementation fédérale interdit depuis plusieurs années la fabrication, l’utilisation, la vente et l’importation au Canada des plus connues de ces substances1 ? Pour les personnes qui ne sont pas spécialisées en la matière, il est normal qu’une certaine confusion demeure autour de ces contaminants auxquels on s’intéresse de plus en plus. Alors, repartons de la base : les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, appelées « composés per- et polyfluorés », « SPFA » ou plus couramment « PFAS », acronyme anglais, constituent une famille de plusieurs milliers de substances chimiques de synthèse qui se dégradent très lentement après leur utilisation. Nous savons désormais que les effets des PFAS sont bioaccumulables et nocifs pour la santé, tout comme pour les écosystèmes. Pourquoi donc sontils aussi répandus ? Solubles dans l’eau et dans les graisses (amphiphiles), les PFAS sont jugés utiles pour de nombreuses applications industrielles ou commerciales. On y recourt depuis plusieurs décennies en raison de leurs propriétés ignifuges, antitaches, antiadhésives, émulsifiantes et imperméabilisantes. C’est pour ces raisons que l’on en retrouve dans beaucoup de produits de consommation de la vie courante, comme des emballages alimentaires, des revêtements antiadhésifs pour nos instruments de cuisson, nos vêtements imperméables, des produits antitaches, des meubles, des tapis, et même des produits de soins personnels 2. L’attention médiatique donnée à ces contaminants toxiques, persistants et bioaccumulables ne diminue pas : taux élevés répertoriés dans certaines eaux municipales, contamination de biosolides importés des États-Unis pour l’épandage agricole... Malgré ces révélations qui ont fait la une des journaux, il faut réitérer que la présence de PFAS dans l’eau potable et dans les biosolides est loin de se comparer aux principales sources d’exposition que demeurent nos aliments, les tapis et la poussière que nous inhalons quotidiennement, pour ne nommer que celles-là. L’eau potable, par exemple, représenterait moins de 1 % de notre exposition journalière estimée en PFAS 3. On ne pourrait le dire trop souvent : au Québec, l’eau potable est d’une excellente qualité et répond à des normes parmi les plus élevées en Amérique du Nord. Il existe d’ailleurs quelques méthodes pour traiter les PFAS dans l’eau, notamment la méthode par charbon activé. Bien que les PFAS soient suivis et étudiés depuis déjà plusieurs années au Québec comme au Canada, les connaissances et les données à ce sujet sont manquantes. C’est pour cette raison, et conformément au principe de précaution, que plusieurs recommandations ont été émises par rapport à ces composés chimiques dans les dernières années, au Québec comme ailleurs 4. Quant aux cas de contamination en PFAS dans une minorité de biosolides provenant des États-Unis, ils sont inquiétants, et il est évidemment souhaitable d’agir rapidement pour éviter que la même chose ne se produise au Québec. Il est important de rappeler que comparativement aux États-Unis, le Québec
a l’avantage de n’avoir aucune usine produisant des PFAS sur son territoire. De plus, une réglementation fédérale interdit depuis plusieurs années la fabrication, l’utilisation, la vente et l’importation au Canada des PFAS les plus connus. Pour ces raisons, les risques de contamination dans les biosolides s’en trouvent grandement minimisés. Il n’en demeure pas moins qu’il est important d’améliorer les connaissances et d’acquérir davantage de données pour avoir un meilleur portrait de la situation au Québec. La filière du recyclage des biosolides est un excellent modèle d’économie circulaire et représente la meilleure manière de gérer nos boues agricoles sur le plan agronomique, économique et environnemental. Les solutions de rechange possibles au recyclage des biosolides sont l’élimination par enfouissement ou l’élimination par incinération. Ces deux méthodes étant loin d’être optimales d’un point de vue environnemental, nous devons continuer de privilégier le recyclage des biosolides, tout en protégeant les terres agricoles du Québec. Du point de vue des citoyens, l’inquiétude relative aux PFAS se justifie néanmoins : présents dans le sang de 98,5 % des Canadiennes et des Canadiens 5, ces contaminants émergents demandent un grand effort de démystification et nécessitent une forte volonté de réglementation de la part des gouvernements. C’est pourquoi Réseau Environnement a rassemblé un groupe d’expertes et d’experts provenant d’organisations publiques, privées et de recherche scientifique, œuvrant plus particulièrement dans les secteurs des matières résiduelles, de l’eau et des sols, dans le but d’informer les gouvernements et de les inciter à identifier, à normer, à gérer et à réduire l’exposition de la population aux PFAS, puis à traiter adéquatement ces substances qui sont déjà présentes dans les écosystèmes. Dans cet esprit, nous avons participé aux consultations publiques de Santé Canada au sujet de la qualité de l’eau potable, ainsi qu’à la mise sur pied d’un comité spécial regroupant une quarantaine d’actrices et d’acteurs des milieux concernés par le recyclage des biosolides pour accompagner le MELCCFP dans ses réflexions sur son encadrement. Il va sans dire que, pour Réseau Environnement, une saine gestion des PFAS passe par leur réduction à la source, conformément à la priorisation des 3RVE, tout en s’assurant que leurs produits de remplacement ne sont pas aussi néfastes pour la santé et l’environnement. Ultimement, cela voudrait dire que nous devrions viser l’interdiction pleine et simple de leur utilisation. De plus, il serait nécessaire d’effectuer des analyses des effluents susceptibles de contenir des PFAS afin d’identifier les sources potentielles de contamination et d’agir directement auprès d’elles. L’instauration à courte échéance de seuils de concentration de PFAS dans les biosolides constitue une autre de nos priorités. Notre plus récent mémoire sectoriel sur les PFAS, disponible pour consultation dans la section « Publications » de notre site Web, regroupe pour vous les principales recommandations de nos spécialistes sur le sujet et représente le fruit de travaux s’échelonnant sur plusieurs mois. C’est ensemble que nous arriverons à éliminer les PFAS de l’environnement et à protéger la santé publique de ces contaminants. Pour maintenir la confiance du public, nous devons poursuivre nos efforts visant l’élaboration de nouvelles normes qui viendront renforcer le cadre réglementaire les entourant et favoriser des méthodes de contrôle privilégiées par les meilleures pratiques environnementales à notre disposition. n 1
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Gouvernement du Canada, 2008, 2016.
2 3
INSPQ, 2023. Tittlemier et al., 2007.
4 5
MELCCFP, 2023. CCME, 2021.
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CTTÉI
RÉDUCTION À LA SOURCE : L’ÉCONOMIE DE LA FONCTIONNALITÉ ET DE LA COOPÉRATION (EFC), UN MODÈLE À PROPAGER Claude Maheux-Picard Ingénieure, M. Sc. A. Directrice générale Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) claude.maheuxpicard@cttei.com
UNE NOUVELLE AVENUE POUR L’INNOVATION Miser sur la vente de l’usage des produits plutôt que sur la vente des produits eux-mêmes, voilà une stratégie d’affaires innovante ! Encore trop peu connue, l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, ou « EFC », mérite notre attention pour sa capacité à réduire l’utilisation de ressources vierges et la production de déchets. Elle ouvre des horizons aux dirigeants d’organisations qui veulent réaliser leur transition socioécologique tout en pérennisant leur modèle d’affaires. Fabriquer des biens plus durables et réparables tout en aidant le client à en optimiser l’utilisation et la durée de vie, telle est la prémisse de l’EFC. EFC QUÉBEC INNOVE ET INSPIRE LES ENTREPRISES Le projet EFC Québec a été lancé par des expertes et des experts en économie circulaire impliqués dans des projets de symbiose industrielle et membres du réseau Synergie Québec. Leur objectif était de pallier l’absence d’expertise en accompagnement des entreprises en EFC dans le paysage économique québécois. Le projet pilote s’est déroulé sur une
période de deux ans, de 2021 à 2023, à l’échelle de six territoires, sous la coordination du CTTÉI et avec l’accompagnement de la firme française d’experts-conseils Pikaïa. Vingt entreprises volontaires ont suivi un parcours complet, chacune aidée par un duo constitué d’un conseiller ou d’une conseillère en économie circulaire et d’un conseiller ou d’une conseillère en développement économique. Ces entreprises ont bénéficié de l’accompagnement de consultants et de consultantes en ergonomie du travail, en analyse de cycle de vie et en logistique. Les résultats sont prometteurs et inspirants. COMPRENDRE L’EFC D’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) française, « l’EFC consiste à fournir aux entreprises, individus ou territoires [...] des solutions intégrées de services et de biens reposant sur la vente d’une performance d’usage ou d’un usage, et non sur la simple vente de biens. Ces solutions doivent permettre une moindre consommation des ressources naturelles dans une perspective d’économie circulaire, un accroissement du bien-être des personnes et un développement économique1. » La majorité des acteurs de l’économie abordent l’EFC par la « fonctionnalité ». C’est l’approche dite, en anglais, de « product as a service », qui considère surtout la vente de l’usage du produit. Par exemple, au lieu de vendre un aspirateur dont la durée de vie est limitée, l’entreprise vend de la propreté. 1
Institut européen de la fonctionnalité et de la coopération. (s. d.). Qu’est-ce que l’EFC ? https://www.ieefc.eu/institut-economie-de-la-fonctionnalite/quest-ce-que-lefc/
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RÉD U CTI O N À L A S O U R C E : L’ÉC O N O M I E D E L A F O N CTI O N N A L ITÉ E T D E L A C O O PÉR ATI O N (E F C), U N M O DÈL E À P R O PA G E R Mais il ne s’agit pas seulement de remplacer la vente d’un volume de biens par la vente d’un nombre d’heures ! Il s’agit de chercher à offrir la meilleure propreté, obtenue le plus durablement, avec les meilleures pratiques. En découplant la valeur créée de la logique de volume, nous pouvons réduire la consommation des ressources naturelles et générer de la valeur ajoutée. La coopération est essentielle : l’entreprise doit élargir sa vision, redéfinir son environnement et son écosystème de parties prenantes, et être prête à partager besoins, défis et solutions ! L’EFC A DE L’AVENIR L’économie de la fonctionnalité n’est pas une tactique à appliquer de façon systématique. Elle demande que l’on analyse l’environnement de l’entreprise au sens large (parties prenantes, écosystème économique, politique, écologique, sociétal) ; que l’on évalue toutes les ressources, les forces et les faiblesses ; et que l’on révise le portefeuille d’activités. Ainsi, elle porte une réflexion stratégique aux multiples répercussions, mais au vaste potentiel. Il y a des enjeux : par exemple, comment financer durablement des actifs que l’on met à la disposition de tiers ? Comment les assurer ? Quand et comment vont évoluer les politiques d’approvisionnement des organisations publiques et privées, pour pouvoir octroyer des contrats à ce nouveau type d’offres qui misent sur la qualité et qui profitent à la communauté à long terme ?
comme le fait Aquatech BM avec ses solutions de lave-bouteilles commerciaux, ou encore Probiosphère, qui permet à ses clients de garder propres des eaux de procédés en ajoutant le moins possible de produits chimiques, tout aussi circulaires et vertueux soient ces produits. On peut même révolutionner le modèle de ramassage collectif de déchets comme le fait éco.Déchets en France. Bref, l’objectif et le bénéfice principal de l’EFC, c’est de réimaginer des services vraiment utiles et de générer de la valeur plus durablement. Cette approche est à retenir dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre : en se concentrant sur la pertinence de l’organisation du travail et des effets produits, les entreprises friandes d’EFC améliorent le bien-être des personnes et valorisent concrètement leur main-d’œuvre. Cela favorise une meilleure rétention. Or qui, aujourd’hui, pourrait rester insensible à cet argument ? n
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Vous voulez en savoir plus sur l’EFC ? EFC Québec a récemment publié le résultat de ses travaux sous la forme d’une trousse méthodologique qui peut être téléchargée gratuitement à https://www.efcquebec.com/ressources/
Mais l’EFC conduit à innover technologiquement, comme l’a fait Intellinox avec ses solutions avancées et qualitatives de chauffage d’espaces de restauration. On peut aussi aller chercher des revenus récurrents et fidélisés,
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SUR LE RADAR
Par André Dumouchel
UN CENTRE DE TRI TOURNÉ VERS
LA MODERNISATION
En raison de la volatilité des marchés, de la pandémie et de l’abandon du centre-ville de Montréal, le centre de tri RécupérAction Marronniers inc. (RAMI) a dû se résoudre à cesser ses activités le 23 juin 2020.
un convoyeur, ils reconnaissent des objets, les récupèrent et en disposent. Ces objets varient tant sur le plan de la taille, du poids ou des matières qui les composent. « Nous avons deux tâches principales, affirme Michel Laforest. La première, c’est la reconnaissance et la programmation robotique, donc le mouvement. Pour cela, nous utilisons une caméra hyperspectrale qui va chercher la chimie des plastiques et qui nous permet de différencier les composants des produits. La deuxième tâche, et c’est là où nous nous distinguons, c’est la captation des objets à l’aide du préhenseur adéquat. »
Quelques mois plus tard, Enviro Connexions annonçait le rachat de ses actifs pour ensuite réaliser d’importantes conversions et mises à niveau des équipements afin de changer la vocation des installations, dans le but de traiter la matière provenant des ICI (industries, commerces et institutions), principalement le verre, le papier et les métaux.
L’intelligence artificielle fonctionne principalement par apprentissage. Pour l’appliquer à un centre de tri, il faut former le système à reconnaître le flux précis de matières qui lui sera présenté. « Il n’y a pas de magie là-dedans, juste beaucoup, beaucoup de travail. Nous apprenons à notre machine à reconnaître des objets », explique M. Laforest.
Des investissements majeurs ont été réalisés, notamment une somme de 1,5 million de dollars pour l’acquisition de trois robots trieurs, un achat rendu possible grâce à une aide financière de RECYC-QUÉBEC.
Historiquement, les robots ont surtout été utilisés dans les marchés comme celui de l’automobile et de tout ce qui touche la fabrication, la soudure, la peinture ou ce qui nécessite un mouvement répétitif de grande précision.
Sorte de main placée à l’extrémité du robot, qui va tourner sur elle-même pour aller chercher l’objet, le préhenseur peut prendre la forme d’un pic, de pinces ou de ventouses.
Pour Jean-Marc Viau, chargé de projet principal chez Enviro Connexions, le centre de tri a pu être sauvé et converti grâce à l’intégration verticale de l’entreprise. « Nos équipes ont collaboré afin d’alimenter le centre de tri en matière à trier. Sinon, pour une entreprise toute seule, ça aurait été très difficile de fonctionner », affirme-t-il.
Ce qui distingue les robots de Waste Robotics, c’est que parmi une multitude d’articles qui passent devant eux sur
« On peut lui faire ramasser ce qu’on veut ; du métal, des pierres, du plastique, du carton, du papier... Nous avons
Selon Anne-Marie Hallé, directrice des affaires publiques à la division Québec d’Enviro Connexions, l’intention était tout d’abord de servir adéquatement ses clients ICI : « Mais dans la mesure où nous recevons désormais plus de matière qu’auparavant, nos investissements ont également été faits dans l’optique d’aller chercher la pleine valeur de toutes les matières reçues, avec la modernisation des systèmes de consigne et de collecte sélective en toile de fond. » C’est dans ce contexte qu’Enviro Connexions a reçu plusieurs propositions pour finalement arrêter son choix sur celle de Waste Robotics, une entreprise de TroisRivières créée en 2016. Cette dernière, des plus innovantes, fait appel à l’intelligence artificielle pour contrôler ses robots, ce qui a grandement séduit Enviro Connexions. « On est arrivés à une espèce de convergence des technologies, c’est-à-dire que la robotique était déjà très développée, mais que nous sommes maintenant capables de l’utiliser avec l’intelligence artificielle », affirme Michel Laforest, cofondateur et président de Waste Robotics.
Daniel Lasorsa, directeur des opérations de récupération chez Enviro Connexions
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répertorié 90 types d’objets à ce jour », souligne M. Laforest. Suivant le principe du tri positif, et puisque le nombre de gestes des robots est limité, les objets sont hiérarchisés de façon à ce que le tri génère la meilleure valeur possible. Selon Jean-Marc Viau, concentrer l’attention des robots sur des objets précis rehausse grandement la valeur des matières. « Par exemple, l’intelligence artificielle est capable de reconnaître et de trier les canettes qui ont une consigne. En plus, ces robots sont toujours attentifs et une fois qu’on leur a appris quelque chose, ils n’en manquent pas une. » Pour sa part, Anne-Marie Hallé rappelle que le travail des trieurs est ardu et peu prisé : « Il est difficile de recruter
en temps de pénurie de main-d’œuvre. Le travail de trieur est physiquement et intellectuellement exigeant, c’est pourquoi les robots sont une belle solution de rechange dans ce contexte. » Selon elle, assigner les trieurs à des tâches moins lourdes contribue également au bien-être des employés, en plus de favoriser leur rétention.
Pour Jean-Marc Viau, l’un des plus grands avantages de l’implantation des robots réside dans la capacité d’adaptation au marché. « Nous sommes plus performants, mais aussi plus résistants, moins fragiles. Nous sommes capables de
Le président de Waste Robotics ne croit pas que ses robots soient la solution à tous les maux. Selon lui, ceuxci peuvent être d’une efficacité redoutable dans plusieurs circonstances et avoir un effet marginal dans d’autres. Quoi qu’il en soit, la rareté de la main-d’œuvre, la nécessité de préserver la santé et la sécurité du personnel et le besoin d’améliorer la qualité du tri pour en assurer la rentabilité sont autant de raisons qui procurent une sécurité d’emploi aux trois nouveaux robots.
recevoir des coups et de faire face aux changements. Notre centre de tri peut maintenant affronter des variations de toutes sortes », déclare-t-il. Si les avantages de ce projet sont multiples pour Enviro Connexions, ils le sont tout autant pour Waste Robotics et son cofondateur : « Ce qui est aussi intéressant pour nous, c’est que nous obtenons une information très riche pour faire fonctionner les robots. Mais surtout, une collaboration comme celle-là nous apporte beaucoup de crédibilité et de visibilité. C’est une multinationale américaine d’envergure et nous sommes reconnaissants envers les gens de Montréal qui nous ont soutenus dans ce processus. Il faut lever notre chapeau à Jean-François Pelchat et à Jean-Marc Viau, des gens rigoureux qui ont cru en notre technologie et qui nous ont fait confiance. Il ne faut pas oublier que nous sommes des pionniers. C’est pour ça qu’il est important d’avoir de tels partenaires », dit M. Laforest. Pour conclure, soulignons que la robotisation d’un premier centre de tri conventionnel au Québec n’est pas passée inaperçue aux yeux de l’organisme Écotech, puisque celui-ci a décerné un prix Eurêka ! à Enviro Connexions dans le cadre de son gala annuel récompensant les entreprises les plus innovantes en environnement. n
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Chaque année, le Gala Envirolys est l’occasion unique de reconnaître l’expertise privée, l’entrepreneuriat et l’innovation des bâtisseurs et bâtisseuses de l’économie verte.
AVEC LA PARTICIPATION PARTICIPATION DE...
Benoit Ch Charette arette Ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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COMMUNICATION ENVIRONNEMENTALE
CHOISIR LES BONS MOTS POUR PLUS D’IMPACT : RETOUR SUR UNE PUBLICATION QUI A (UN PEU) FAIT JASER
Anne-Marie Hallé Directrice, affaires publiques – Division Québec Enviro Connexions anne-marie.halle@wasteconnections.com
LE POINT DE DÉPART L’idée de rédiger ce qui suit découle d’une simple publication que j’ai faite sur LinkedIn : une photo illustrant des bacs de récupération de matières résiduelles qui, à première vue, n’annonce rien de très inspirant ou ne semble pas donner à réfléchir. Ce sont trois bacs, dont un pour la récupération des matières organiques comme les résidus de table, l’autre pour les matières recyclables, et le dernier pour les ordures. Sur ce dernier, il est inscrit : « Enfouissement seulement » (Landfill Only). J’ai pris la photo en question, une sorte de nature morte de notre temps, durant mon passage à Boston pour les rencontres de comités-conseils de la Solid Waste Association of North America (SWANA), en marge de son événement annuel, Wastecon. Pour mieux mettre en contexte l’image partagée, dans cette publication, je posais les questions suivantes :
Les 57 réactions à ces questions indiquent que les actions d’information, de sensibilisation et d’éducation (#ISÉ) demeurent essentielles pour provoquer des changements de comportements profonds. On semble d’accord sur le fait que le mot « enfouissement » saisit, qu’il force la pause, un temps pour réfléchir afin de déterminer si ce que nous nous apprêtons à jeter est bel et bien un résidu ultime. Sur le coup, cette réflexion est bénéfique. Elle équivaut à une prise de conscience immédiate de ce qui a été consommé et de ce qu’il adviendra du déchet produit en gestion postconsommation. À plus long terme, cette conscientisation répétée (chaque fois qu’on tend le bras vers la poubelle dont le contenu ira à l’enfouissement), il est possible d’imaginer qu’elle s’étendra aux moments où on choisit d’acheter ou non un produit, de consommer un objet emballé avec de la matière recyclable ou non, de consommer un aliment emballé, voire suremballé... La puissance de la conscientisation réside dans son enracinement durable, en nous-mêmes. Tel un réverbère par une nuit pluvieuse, la prise de conscience éclaire la suite de notre parcours. Elle précède toute action de communication dans une démarche d’ISÉ. En effet, réduire à la source, lutter contre le gaspillage, viser le zéro déchet, faire de l’écoconception, augmenter l’indice de circularité de l’économie sont autant de concepts qui, pour atteindre leurs objectifs, exigent une prise de conscience individuelle et collective. L’AFFICHAGE PERCUTANT – LE BON MESSAGE Un des commentaires reçus à la suite de ma publication sur LinkedIn dénonçait l’utilisation du sigle de récupération sous l’écriteau « Enfouissement », arguant que celui-ci n’envoyait pas le bon message. Sachant que l’enfouissement continuera de constituer une activité essentielle compte tenu de la lente amélioration des résultats sur le plan de la génération de déchets, mais aussi que l’enfouissement demeure une solution environnementale fortement réglementée et que les projets de conversion de biogaz en GNR se multiplient au Québec, quel serait le meilleur symbole à lui associer, question de rester juste et intellectuellement honnête, tout en gardant à l’œil le but : la conscientisation ? Quoi d’autre ? Quels seraient les autres moyens de communication capables de marquer suffisamment les esprits pour accélérer le virage vers l’adoption de pratiques écoresponsables ? Toujours en réaction à ma publication sur LinkedIn, un autre commentaire proposait de concevoir des comparatifs en termes d’espaces par rapport à la capacité, en volume, du bac sur lequel serait écrit « Enfouissement seulement ». Par exemple : = « Cette poubelle contient x m³. »
Et si on remplaçait le mot « poubelle » par « enfouissement » sur un bac, aux côtés des bacs bleus et bruns, au Québec ? Ça allume, n’est-ce pas ? Le résultat ? 57 réactions, 12 commentaires, 1 republication, 3 391 impressions ; bref, comme on dit dans mon milieu, une publication qui a de bons résultats, avec un taux d’engagement appréciable. Je vous entends déjà objecter que ce n’est quand même pas du calibre des publications de Ronaldo ou même de Marilou (Trois fois par jour) sur Instagram, mais je me suis néanmoins dit : « Tiens, tiens, pour LinkedIn, ça cartonne ! »
= « À son xième vidage, les déchets que ce bac contenait auront comblé un espace équivalant à x piscines olympiques/au tiers de l’île Sainte-Hélène/à x fois ce que consomme annuellement un éléphant. » = « STOP ! Cette matière résiduelle va-t-elle vraiment à la poubelle ? » Au final, les propos de ceux et celles qui ont pris part à la discussion portant sur cette idée de nommer les choses un peu plus crûment s’entendaient sur ceci : il faut rivaliser de créativité pour faire passer des messages de sensibilisation, puis continuer de répéter et répéter encore, parce que répéter, c’est informer. n
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