3RVE AUTOMNE 2018

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AUTOMNE 2018, vol. 14 no 3

Le magazine des matières résiduelles au Québec

AGE REPORLUT S I F E XC

Convention de la poste-publications no 41122591

Participez au mouvement

Une nouvelle ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

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Trier séparément les contenants multicouches : un choix gagnant !

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Quand les ressources humaines se marient au développement durable

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LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, ÇA COMMENCE CHEZ VOUS ET ÇA SE POURSUIT CHEZ NOUS !

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AUTOMNE 2018, vol. 14 no 3

Le magazine des matières résiduelles au Québec

ÉCOCONCEPTION ÉCONOMIE DE PARTAGE ÉCONOMIE DE FONCTIONNALITÉ

reportage

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« L’économie circulaire propose des stratégies et des modèles d’affaires pour optimiser l’utilisation des ressources. Et il faut privilégier les boucles les plus courtes et les plus locales. » — Sonia Gagné

SOMMAIRE

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LES AMIS DE 3RVE

ONSS LES B TACT CON

chroniques 18

CETEQ

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CENTRES DE TRI

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GESTION HUMAINE DES RESSOURCES

UNE NOUVELLE MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

TRIER SÉPARÉMENT LES CONTENANTS MULTICOUCHES : UN CHOIX GAGNANT !

QUAND LES RESSOURCES HUMAINES SE MARIENT AU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc Coordonnatrice à la direction de l’édition Noémie Vallet Téléphone : 450 508-1515 nvallet@maya.cc Direction artistique MAYA.cc

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.

4 LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 14 N O 3 AUTOMNE 2018

Designer graphique Sylvain Malbeuf (SymaPub) © Tous droits réservés.

Rédacteur Guy Des Rochers Chroniqueurs Dominique Dodier Isabelle Faucher Richard Mimeau Photos de la page couverture et de l’entrevue iStock by Getty Images Révision linguistique Émilie Pelletier

Espace publicitaire André Dumouchel Téléphone : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Québec) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazine3rve.cc www.magazine3rve.cc Impression Carpe diem

Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retournez toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié trois fois l’an.



ÉDITORIAL

RIEN NE SE PERD, RIEN NE SE CRÉE...

« Rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme. » Ce grand principe du chimiste Antoine Lavoisier, père de la chimie moderne, n’est pas sans rappeler le concept de l’économie circulaire. D’ailleurs, Lavoisier lui-même a, en quelque sorte, récupéré le concept du philosophe grec Anaxagore, qui, il y a déjà quelque 400 ans avant J.-C, écrivait : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau. » Dans les deux cas, on n’est pas loin du concept de l’économie circulaire, mais force est de constater qu’avant la fin du XXe siècle, ce principe n’a pas influencé le modèle économique de l’ère industrielle...

S

i l’économie circulaire nous apparaît aujourd’hui comme le gros bon sens, la logique de l’économie linéaire a prédominé sans partage au siècle dernier. L’extraction des ressources, renouvelables ou non, afin de les transformer et de les consommer pour ensuite les jeter après usage était le modus operandi . Une logique qui a irrémédiablement conduit à la surconsommation, au gaspillage et à la pollution de tout acabit.

Quant à l’économie circulaire, ce nouveau mantra issu d’une idée pas si nouvelle que ça, elle propose, entre autres, de dissocier la croissance économique de la consommation des ressources et de ses répercussions environnementales. C’est une intention louable, dictée par une incontournable vérité : nous n’avons plus le luxe d’agir autrement.

What’s new, depuis le Club de Rome ? Ce n’est pas d’hier que l’alarme a été déclenchée sur la finitude de nos ressources. Toutefois, l’humanité a tendance à tergiverser, voire à procrastiner, en dépit du fait qu’elle se dirige vers un cul-de-sac civilisationnel.

André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Dès 1972, dans le rapport produit par le chercheur américain Dennis Meadows sur Les limites de la croissance (The Limits to Growth), le Club de Rome annonçait un avenir plutôt inquiétant pour l’humanité.

Rappelons que le Club de Rome est un influent groupe de réflexion créé en 1968. Constitué de scientifiques, d’économistes et d’industriels provenant d’une cinquantaine de pays, il est toujours actif de nos jours 1. Les notions mêmes de développement durable et d’empreinte écologique ont sans doute pris naissance à cette époque, dans la foulée des réflexions du Club de Rome. On notait déjà alors les principaux problèmes liés à une croissance économique sans fin, soit l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables et la dégradation de l’environnement. Nous savons maintenant qu’il est essentiel d’effectuer un virage radical en adoptant un modèle économique plus respectueux des limites de nos ressources. C’est non seulement une question de survie économique, mais une question de survie tout court. Partout, les symptômes physiques d’une Terre qui n’en peut plus se succèdent. Inquiétant même les plus optimistes, la multiplication de ces manifestations se fait à un rythme soutenu et toujours plus grand. Sans parler de la création d’un sixième continent qui frappe l’imaginaire collectif et nous fait prendre conscience que la boucle n’a pas toujours été réellement bouclée. Je ne sais pas s’il est trop tard pour changer de cap, mais j’ai la conviction que nous devons agir. C’est pourquoi je salue l’initiative de RECYCQUÉBEC d’avoir créé les premières Assises québécoises de l’économie circulaire. J’en profite également pour vous inviter à assister à cet important événement afin de vous préparer aux grands bouleversements que vivra notre industrie prochainement. Il est essentiel de s’y adapter, car comme le concluait si bien Lavoisier : « tout se transforme » — aussi bien s’y préparer. ■ 1

Pour en savoir plus, visitez : www.clubofrome.org

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REPORTAGE

Participez au mouvement

Par Guy Des Rochers

« L’économie circulaire, c’est beaucoup plus qu’un nouveau concept à la mode. C’est une véritable voie d’avenir qui apportera de nombreuses retombées positives pour le Québec. » Sonia Gagné, PDG de RECYC-QUÉBEC, est convaincue que l’adoption d’une telle feuille de route ne pourra que créer de nouvelles occasions pour le milieu industriel québécois. « L’économie circulaire créera de la richesse en donnant de la valeur à nos matières ; aussi, en gardant nos matières ici au Québec, on favorisera les emplois », ajoute M me Gagné qui souligne également que ce concept constitue un important levier de croissance économique. « D’ores et déjà, on peut entrevoir l’essor de nouveaux modèles d’affaires et le développement de technologies vertes, affirme-t-elle. En nous amenant à revoir nos façons de faire et à repenser notre manière de produire et de consommer, l’économie circulaire s’inscrira également comme une solution durable capable d’engendrer une réduction des GES. Bref, il faut qu’on sente que ça bouge au Québec et nous sommes convaincus que c’est par la concertation et le soutien à des initiatives porteuses que nous trouverons les meilleurs mécanismes pour réussir cette transition. »

L’exemple de la nature « La nature a beaucoup de choses à nous enseigner, et l’économie circulaire est un peu ce

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que la nature fait depuis toujours : elle ne produit pas de déchets, tout est métab olisé ou retransformé, et c’est ce que nous devons apprendre à réaliser dans nos sociétés de production et de consommation », de dire Daniel Normandin, directeur général de l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire (Institut EDDEC) depuis 2014, année de sa création. Ce chercheur universitaire et coauteur d’un livre 1 présentant les réflexions d’une cinquantaine d’experts sur le sujet est catégorique, malgré sa nature optimiste : « Sans l’économie circulaire, c’est l’évidence même, notre civilisation s’en va droit dans le mur. » Le concept d’économie circulaire n’est pourtant pas nouveau, puisque l’on en retrouve les balbutiements dès le début des années 1970, alors que le Club de Rome publiait son rapport Meadows, qui soulignait les limites des ressources terrestres et le danger potentiel d’une croissance économique sans fin et d’une démographie galopante. « À l’époque, il s’agissait d’un courant quelque peu marginal, raconte M. Normandin, mais une seconde édition de ce rapport, publiée en 2012, en arrivait aux mêmes conclusions sur la finitude des ressources terrestres, mais avec

plus d’impératifs d’urgence dans l’obligation, pour l’humanité, de changer de mode de vie. » Passer à l’économie circulaire demande sans aucun doute un profond changement social, soutenu par une forte conscience écologique. « On peut continuer de penser en matière de retour sur l’investissement, mais il faudra dorénavant envisager la notion de retour sur l’environnement », ajoute M. Normandin. Grosso modo, les rouages de ce modèle économique d’avenir sont plutôt simples : créer dans les industries, les institutions et chez les individus « des cycles de production et de consommation en boucles, découplés de l’extraction de ressources non renouvelables 2 ».

L’économie de partage Pour notre expert, l’exemple qui frappe l’imaginaire, parce qu’il s’agit à la fois d’un bon et d’un mauvais produit, c’est le téléphone intelligent : « Non seulement il sert de téléphone, mais il remplit aussi plusieurs fonctions. Toutefois, il est également un symbole d’obsolescence : la technologie évolue rapidement et malgré le fait qu’il utilise beaucoup de matériaux non renouvelables, il devient une ressource non productive quand il se


REPORTAGE transforme en un modèle périmé qui dort dans un tiroir ou va à la poubelle. »

Économie de fonctionnalité et capital-matières

L’économie circulaire propose d’augmenter le pourcentage de matières résiduelles recyclées, s’attaque à l’obsolescence programmée et cherche à mieux tenir compte du cycle de vie des produits. L’écoconception, l’économie de partage et l’économie de fonctionnalité sont les symboles forts de l'économie circulaire et illustrent bien ce concept.

Pour M. Normandin, il faut travailler à changer les mentalités pour repenser nos façons de produire et de consommer. D’autant plus qu’aujourd’hui, le rapport à l’objet est en train de se modifier : « Par exemple, nos études démontrent que la jeune génération s’attache moins aux objets, désirant consommer davantage l’usage du produit plutôt que le produit lui-même. »

L’économie de partage est dans l’air du temps. « Beaucoup de produits courants demeurent très peu utilisés, précise Daniel Normandin. Souvent, les gens ayant besoin d’un produit similaire vont en acheter un nouveau et c’est ici qu’intervient l’économie de partage : faire en sorte qu’un produit ait plusieurs usagers. »

L’une des stratégies de l’économie circulaire qui lui apparaît fondamentale, c’est l’économie de fonctionnalité : « Dans la fonctionnalité, l’entreprise demeure propriétaire de ses produits, contrairement à tout ce qui a été fait depuis le début de l’ère industrielle. Elle vend donc l’usage de ses produits. Prenons l’exemple du fabricant de pneus Michelin. Cette compagnie vend du kilométrage, plutôt que des pneus, à des entreprises utilisant des véhicules lourds. Michelin demeure propriétaire des pneus qu’elle installe sur des flottes de camions lourds en utilisant des modules télémétriques pour s’assurer que la pression des pneus est toujours adéquate, parce qu’un pneu qui est à la bonne pression dure plus longtemps, consomme moins de carburant et

Il observe que ce phénomène est actuellement stimulé par l’existence grandissante des platesformes numériques.

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émet moins de gaz à effet de serre. Lorsque le pneu aura atteint un premier cycle d’usure, Michelin le récupérera pour en changer la bande de roulement afin de le remettre en service ; lorsqu’il aura atteint sa fin de vie utile, après trois ou quatre cycles, parce que sa structure ne pourra plus remplir sa fonction, Michelin le reprendra et réutilisera sa matière pour en faire d’autres pneus ou d’autres objets à base de caoutchouc. Michelin demeure donc propriétaire de son capital-matières. De cette manière, l’entreprise devient plus résiliente par rapport à la volatilité du cours des matières premières. Aussi, je crois que l’offre de service de Michelin est beaucoup plus alléchante pour le marché, car le consommateur est assuré d’un suivi continuel et d’un produit de qualité optimale. » Ainsi, adopter une économie de fonctionnalité empêcherait que des tonnes de produits en fin de vie se retrouvent dans des sites d’enfouissement. « C’est un changement de philosophie : les entreprises, plutôt que de mettre en marché des produits qui ne durent pas (obsolescence programmée), auraient tout intérêt à commercialiser des produits durables, réparables, recyclables, parce que cela constitue leur capital-matières », affirme notre spécialiste.

Sébastien Sauvé, Daniel Normandin et Mélanie McDonald (dir.). (2016). L’économie circulaire, une transition incontournable. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal. Consulté en ligne à : http://instituteddec.org/DEV/wp-content/uploads/2016/09/Economie-circulaire_transition-incontournable_IEDDEC-final.pdf Idem, p. 16.

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REPORTAGE Organisées par RECYC-QUÉBEC en collaboration avec le ministère de l'Économie et de l'Innovation (MEI) et l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire (Institut EDDEC), les Assises québécoises de l'économie circulaire sont un événement incontournable du domaine qui rassemblera des participants des différents secteurs concernés : municipalités, entreprises, institutions, ministères, consultants, chercheurs et professionnels. Au cours de cette journée mobilisatrice et inspirante, des plénières et des parcours thématiques permettront aux participants de découvrir les meilleures pratiques locales et internationales en plus de se familiariser avec les divers mécanismes, outils et ressources qui sont à leur disposition pour prendre le train de l’économie circulaire.

Transition vers l’économie circulaire

RECYC-QUÉBEC affiche son leadership RECYC-QUÉBEC a choisi d’intégrer l’économie circulaire à sa mission afin qu’elle fasse partie de son ADN, au même titre que la gestion des matières résiduelles. « Nous étions déjà dans une économie circulaire avant l’apparition du terme. La mission de RECYCQUÉBEC, qui est d’amener à réduire, à réutiliser, à recycler et à valoriser les matières résiduelles, s’inscrit depuis toujours dans une perspective d’économie circulaire », explique Sonia Gagné, PDG de cette importante société d’État. À partir du moment où l’on aborde la gestion avec la hiérarchie des 3RVE, comme on la pratique chez RECYC-QUÉBEC, il est vrai qu’il ne reste plus qu’un pas à franchir pour mettre en pratique le concept de l’économie circulaire. « Toutefois, la transition vers ce concept sous-entend une implication, non seulement de la part de RECYCQUÉBEC, mais aussi de plusieurs ministères et organismes, ajoute Sonia Gagné. Depuis plus de 28 ans, nous nous sommes investis dans des stratégies de récupération et de recyclage. Le fait de pouvoir également jouer nos cartes dans l’économie circulaire va nous permettre de pousser plus loin notre mission. »

La PDG de RECYC-QUÉBEC est persuadée que le concept d’économie circulaire ne peut être qu’un facteur de dynamisation, en particulier en ce qui concerne les régions. « Notre mission, c’est de permettre au Québec de devenir une société sans gaspillage. Nous souhaitons créer de la richesse avec des réussites s’inscrivant dans le développement durable, parce que les ressources ne sont pas infinies, et limiter les gaz à effet de serre dans tous nos processus afin d’être en mode solutions face aux changements climatiques. »

Investir dans les régions Sonia Gagné évoque fièrement des initiatives entreprises par RECYC-QUÉBEC dans les régions, notamment des programmes offrant du soutien financier. En outre, elle affirme sa nette intention de travailler sur les différentes stratégies d’économie circulaire et de faciliter le maillage d'entreprises (symbiose industrielle) par différents programmes ou activités, la consommation et l'approvisionnement responsables, l'écoconception, le don et la revente, le reconditionnement, la réparation, etc. « L’économie circulaire propose des stratégies et des modèles d’affaires pour optimiser l’utilisation des ressources. Et il faut privilégier les boucles les plus courtes et les plus locales. On devra dorénavant regarder la matière résiduelle comme une ressource à réintroduire dans la boucle, et non comme une matière à jeter. Déjà, cette tendance

existe dans le recyclage et même si l’on est très performant au Québec en récupération, et de mieux en mieux en recyclage, il faut s'atteler à tout faire pour trouver des débouchés pour chacune des matières. L’industrie comme les gouvernements doivent s’y engager. L'action citoyenne doit aussi être prise en compte dans un processus d’économie circulaire », affirme-t-elle.

Au cœur de l’action Parmi les mesures concrètes que RECYCQUÉB EC a prises en économie circulaire, mentionnons le soutien à des dizaines de projets novateurs ciblant la lutte au gaspillage alimentaire, l’écogestion de chantiers de construction, de rénovation et de démolition, ainsi que la mise en place de symbioses industrielles dans plusieurs régions du Québec. Néanmoins, cette nouvelle façon de faire amène également son lot de défis à relever : comment coordonner les efforts de l’ensemble des joueurs concernés ? Quels sont les outils nécessaires pour faciliter cette transition ? Comment s’inspirer des meilleures pratiques et les adapter à la réalité de chacun ? Tout ça, sans compter les freins « naturels » à l’adoption de l’économie circulaire dans les pratiques, comme le manque de connaissances par rapport à ce nouveau modèle d’affaires. « Nous diffuserons toute l’information requise pour bien gérer ce changement, précise Sonia Gagné.

« On devra dorénavant regarder la matière résiduelle comme une ressource à réintroduire dans la boucle, et non comme une matière à jeter. » Sonia Gagné

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REPORTAGE

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Dans les faits, le gouvernement sera un levier de changement et un accompagnateur dans cette transition. Il faudra faciliter la recherche et le développement, l’écoconception et le développement technologique. Aussi, la réglementation doit être revue afin de permettre la mise en œuvre des stratégies de circularité. Finalement, il faudra favoriser et encourager la collaboration et l’interdépendance entre des acteurs provenant parfois de milieux variés : municipalités, entreprises et OSBL. Le gouvernement agira en facilitateur, le Groupe interministériel sur l’économie circulaire travaillant déjà dans ce sens. » Déjà, quelques entreprises du Québec ont intégré l’économie circulaire à leurs pratiques. On peut penser à Jus LOOP, une jeune entreprise montréalaise

spécialisée dans la production de jus pressés à froid à partir de fruits et de légumes déclassés par l’industrie alimentaire, et à d’autres comme KamikGenfoot, Soleno Recyclage, Écosystèmes alimentaires urbains (ÉAU), la Fromagerie Boivin, BizBiz Share et la pionnière en la matière, Cascades. Par ailleurs, plusieurs de ces entreprises innovantes — et bien d’autres — seront présentes aux premières Assises québécoises de l'économie circulaire, le 5 décembre, à Montréal. « Plus d’une centaine d’acteurs des sphères économique, environnementale et multisectorielle ont été conviés à cet événement phare. Ces assises seront une occasion unique pour faire un état de la situation, partager les initiatives innovantes et définir les occasions à saisir collectivement », de conclure Sonia Gagné.

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REPORTAGE

Moins de 10 %

OBJECTIF :

circulariser toutes les ressources Force est d’admettre que même l’économie circulaire affichera un jour ses propres limites : « Quand on recycle constamment des ressources, celles-ci finissent par perdre leurs capacités et leurs spécifications techniques, dit Daniel Normandin. Les plastiques en sont un bon exemple : plus on les recycle, plus leurs chaînes de polymère raccourcissent. Quand ils auront fait un certain nombre de cycles, les polymères n’auront plus la même capacité à former des matériaux, mais on pourra aisément en tirer de l’énergie en fin de compte. » La question de la croissance infinie est aussi un dogme économique qui est pris à partie de nos jours. « Tant que la population planétaire ne se sera pas stabilisée, on aura un sérieux problème », ajoute le chercheur. Si la croissance économique mondiale demeure vigoureuse avec en tête des économies émergentes comme celles de la Chine, de l’Inde et du Brésil, entre autres, il faut s’inquiéter du fait que, en Afrique seulement, de récentes données des Nations unies démontrent que les populations d’une vingtaine de pays doubleront d’ici 2050. Il faut s’attendre à ce que la classe moyenne de ces économies émergentes désire, à juste titre, obtenir le même niveau de confort et de bienêtre que les Nord-Américains et les Européens. « Dans un rapport produit en janvier dernier par Circle Economy, lors du dernier sommet de Davos, on expliquait que moins de 10 % des ressources extraites seraient circularisées à l’échelle planétaire, explique M. Normandin. Certains chercheurs prétendent que même si on circularisait aujourd’hui 90 % des ressources restantes, compte tenu de l’augmentation de la population et de la croissance de ses besoins, on ne retarderait que de 25 ans le seuil de criticité

des ressources extraites sont circularisées à l’échelle planétaire

de certaines ressources. Ce sont là des enjeux importants et ça milite en faveur de l’économie la plus circulaire possible. Dans les faits, si l’on circularise en ce moment moins de 10 % des ressources, cela veut dire que la croissance économique pourrait se réaliser, pour les 50 prochaines années, en misant sur la circularité des 90 autres pour cent. Donc, le grand enjeu, c’est de circulariser les 90 % qui se retrouvent actuellement soit dans des sites d’enfouissement, soit dans l’environnement sous forme de pollution, ou encore stockés dans des entrepôts ou des tiroirs en des ressources non productives. « Quand on aura 100 % de circularité, cela se répercutera directement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, première cause des changements climatiques. Des études démontrent que cela diminuerait de 60 à 70 % les émissions, un résultat de beaucoup supérieur aux cibles que nous nous sommes fixées dans le dernier rapport du GIEC. » Ne pas épuiser les ressources de notre habitat, la Terre, tout en ralentissant les effets pernicieux des changements climatiques puisque la production des gaz à effet de serre serait grandement diminuée : voilà un fabuleux programme que l’économie circulaire pourrait nous aider à accomplir.

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REPORTAGE

La plate-forme Web collaborative sera inaugurée le 5 décembre

L’Institut EDDEC est devenu une ressource incontournable pour qui veut accélérer la transition vers une économie circulaire au Québec. D’ailleurs, il lancera, le 5 décembre prochain, au cours des premières Assises québécoises de l’économie circulaire, une plate-forme Web collaborative qui s’appellera Québec circulaire et qui a été réalisée en partenariat avec RECYC-QUÉBEC, le ministère de l’Économie et de l’Innovation, l’Association de l’aluminium du Canada, Cascades, Éco Entreprises Québec, Fondaction CSN, Groupe Optel et Réseau Environnement. « Ce sera la référence pour tous les acteurs qui s’intéressent à l’économie circulaire, proclame Daniel Normandin. Cette plate-forme sera la plus exhaustive possible. Elle contiendra 70 outils dédiés aux entreprises, aux gouvernements, aux territoires et aux citoyens cherchant à obtenir aide et conseils pour

entreprendre une démarche d’économie circulaire. Le site sera mis à jour périodiquement et un fonds documentaire contenant les recherches et les rapports les plus pertinents sur ce domaine sera continuellement accessible. Ajoutons à cela des communautés de pratique et le fait de faire partie d’un réseau international de plates-formes du même type, sans oublier la capacité de mettre en place des réseaux de collaboration entre des communautés européennes et québécoises. On souhaite ardemment que ce site gratuit, qui offrira aussi de la formation en ligne, devienne le guichet privilégié de tous ceux qui s’intéressent à l’économie circulaire », ambitionne Daniel Normandin.

L’Europe et l’Asie mènent la danse Même si, au Québec et dans le reste de l’Amérique du Nord, le concept de l’économie circulaire a pris son envol, l’Europe et l’Asie ont une certaine avance sur le plan de la réglementation, de la législation et des initiatives sur le terrain.

BESOIN D'INSPIRATION OU DE CONSEILS POUR COMMENCER VOTRE TRANSITION VERS UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE ? Voici quelques liens utiles : Boucler la boucle par Créateurs de valeurs https://www.youtube.com/watch?v=PIUFP5poaoQ Fondation Ellen MacArthur https://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/economie-circulaire/concept Institut EDDEC http://instituteddec.org L'économie circulaire par QuébecInnove https://vimeo.com/238404172 RECYC-QUÉBEC https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/entreprises-organismes/mieux-gerer/economie-circulaire Synergie Québec www.synergiequebec.ca

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C’est le cas du Japon, qui, depuis 25 ans, inscrit son économie dans un cadre législatif afin de la circulariser ; de la Chine, dont la promotion de l’économie circulaire s’exerce depuis 2009 ; ainsi que de pays européens comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la France, qui sont en tête du mouvement sur le Vieux Continent. Une étude récente réalisée par le Club de Rome rapporte qu’une transition des pays européens vers ce nouveau type d’économie offre beaucoup d’avantages. Ce rapport indiquait, entre autres, qu’une gestion et une utilisation améliorées des matières premières dans le monde pourraient procurer des économies de l’ordre de 1 000 milliards de dollars par an et qu’une migration vers une économie circulaire permettrait de créer 500 000 emplois en Europe seulement 1. n 1 Martin Lasalle. (2016, 4 avril). Économie circulaire : l’Europe et l’Asie en tête de peloton. Forum. Consulté à : https://nouvelles.umontreal.ca/article/2016/04/04/economie -circulaire-leurope-et-lasie-en-tete-de-peloton/


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UNE NOUVELLE MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

CETEQ

Richard Mimeau Directeur général Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) rmimeau@ceteq.quebec

N

ouvellement élue à l’Assemblée nationale, MarieChantal Chassé est maintenant investie des pouvoirs et de la charge de ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. D’emblée, nous lui offrons nos plus sincères félicitations et lui souhaitons un mandat des plus productifs. Elle constatera très bientôt que l’industrie des entreprises privées en environnement est très active et représente à elle seule un domaine fort important de l’économie québécoise. Elle sera également à même de reconnaître que non seulement nous améliorons l’environnement, mais nous offrons également un service essentiel à la société. Nos entreprises collectent les résidus, les transforment, les revalorisent et, lorsqu’ils n’ont plus d’utilité, les entreposent en toute sécurité. Nous démontrons que l’économie et l’environnement ne sont pas en opposition, mais bien en complémentarité.

Plusieurs enjeux attendent Mme Chassé et nous avons mis en lumière certaines problématiques générales afin que nous puissions commencer le travail rapidement.

par cette pratique, le Directeur des poursuites criminelles et pénales a décidé de ne pas porter d’accusations puisque la preuve recueillie était insuffisante. Ainsi, le partenariat annoncé entre la SQ et le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) est plus nécessaire que jamais, car la situation ne peut perdurer. Dans la même veine, la traçabilité des sols contaminés est un incontournable. En effet, une traçabilité permettra de suivre les cargaisons de sols de l’excavation jusqu’au dépôt final. Ce faisant, on assure un suivi plus serré des entreprises qui seraient tentées de fonctionner dans un système parallèle, en dehors du cadre légal. Nous aurons bientôt à discuter d’une traçabilité des matières dangereuses ainsi que des matériaux de construction, de rénovation et de démolition, mais nous y reviendrons prochainement. TROISIÈMEMENT, LA COORDINATION ENTRE LES MINISTÈRES. Afin que le Québec maintienne sa position de leader en environnement, encore faut-il que les entreprises puissent innover et prospérer. Un des obstacles à la réalisation de cet objectif est le manque de coordination entre les différents ministères. En effet, on nous rapporte souvent qu’après avoir obtenu le financement du ministère de l’Économie et de l’Innovation, certaines entreprises se voient refuser leur certification par le MELCC, trop rigide. Bien qu’une rigueur soit impérative en matière de protection de l’environnement, certaines technologies ont besoin d’un coup de pouce afin de permettre leur implantation. À cet effet, il pourrait être intéressant de créer un comité conjoint réunissant ces deux ministères pour faciliter le travail de nos entreprises et assurer une cohérence dans le système. Il est important que tous les acteurs puissent collaborer, tant les ministères que les entreprises du secteur. Ce sont en grande partie ces sociétés qui favorisent l’innovation, mais elles se butent à une double bureaucratie. Un tel comité améliorerait donc l’efficacité du gouvernement.

PREMIÈREMENT, LE FONDS VERT. Le Fonds vert est une excellente idée. Il permet d’investir dans des technologies qui amélioreront le bilan environnemental du Québec. Cependant, le Fonds ne répond pas entièrement à la problématique posée. En effet, en ne s’attardant qu’aux gaz à effet de serre, le Fonds ne soutient pas les technologies qui s’activent en marge des énergies fossiles. Certaines technologies améliorent la qualité de l’environnement au Québec, mais les entreprises qui les conçoivent ne peuvent recevoir de sommes issues du programme puisqu’elles ne s’attaquent pas directement aux émissions de GES. À l’inverse, certains bénéficient du programme en ne fournissant pas de bilan de réduction de GES. Le gouvernement devrait offrir un soutien financier aux entreprises qui tentent d’obtenir une croissance propre, et non seulement à celles qui tentent de réduire les émissions de GES, bien que l’objectif en soit fort louable.

QUATRIÈMEMENT, LA DÉLIVRANCE DES CERTIFICATS D’AUTORISATION. Un des principaux problèmes que vit la totalité des entreprises en économie verte se situe au sein même du MELCC. Il est pratiquement impossible d’obtenir les certificats d’autorisation dans les délais prescrits. Même si, de son côté, l’entreprise respecte le délai de 75 jours, tout bloque lorsqu’il est temps d’obtenir les documents émanant du Ministère. Ce dernier, en ne respectant pas ce délai, ampute de tous moyens les entreprises qui investissent leurs propres fonds. Celles-ci doivent donc subir les conséquences du manque de rigueur du Ministère. Bien que les délais soient de 75 jours, certaines de nos entreprises attendent souvent plus de 180 jours afin d’obtenir une réponse du Ministère. En tant qu’entrepreneure, Mme Chassé ne pourra que comprendre les répercussions d’un tel retard sur la commercialisation d’un produit ou d’un service. Il lui faudra attaquer ce problème dès le début de son mandat afin de changer la philosophie de certains fonctionnaires au sein de son ministère.

DEUXIÈMEMENT, LE RESPECT DU CADRE LÉGISLATIF. Au mois d’août dernier, le précédent gouvernement a procédé à l’annonce du Plan d’action sur les sols contaminés : Mieux prévenir et sanctionner les infractions environnementales. Ce plan était nécessaire, puisqu’un milieu parallèle s’est installé illégalement dans le domaine des sols contaminés. Vous vous rappellerez sans doute la déconfiture que le gouvernement a vécue à l’occasion du projet Naphtalène, l’enquête de la Sûreté du Québec (SQ) sur l’infiltration du crime organisé dans l’industrie des sols contaminés. Elle a révélé que le crime organisé, par le biais d’entreprises licites, contamine des terres agricoles en y déchargeant des sols contaminés. Bien que la SQ ait constaté plus de 80 sites contaminés

Le mandat que Mme Chassé entame se veut prometteur. Nous avons maintenant une entrepreneure aux commandes du ministère de l’Environnement. La tâche qui se présente à elle est grande : elle devra convaincre certaines personnes que l’environnement et l’économie sont des partenaires. Nous serons pour elle un allié et nous désirons mettre à sa disposition toute l’expertise et les connaissances des membres de notre organisation pour l’élaboration de politiques, de règlements et de programmes destinés à la protection de l’environnement. Nous avons beaucoup d’attentes envers Mme Chassé et lui souhaitons un excellent mandat ! ■

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TRIER SÉPARÉMENT LES CONTENANTS MULTICOUCHES : UN CHOIX GAGNANT !

CENTRES DE TRI

Isabelle Faucher Directrice générale Conseil canadien des manufacturiers de contenants multicouches ifaucher@recyclecartons.ca

à trouver des acheteurs stables, son directeur général, Daniel Lemay, me confirme que la situation des marchés a changé et que plusieurs acheteurs sont maintenant intéressés par ce produit. « Cela nous permet aussi d’améliorer la qualité des autres fibres en traitant cette matière à part », a-t-il ajouté. Son de cloche similaire du côté de Julie Gagné, directrice des opérations chez Sani-Éco à Granby, qui m’avoue même souhaiter recevoir encore plus de CMC post-consommation afin de pouvoir répondre à la demande !

A

u Québec, huit centres de tri effectuent déjà le tri séparé des contenants multicouches (CMC), comme les boîtes de jus et les cartons de lait. À eux seuls, ces centres traitent approximativement 50 % des matières récupérées au Québec. Le nouveau centre de Montréal, qui devrait ouvrir ses portes en 2019, fera lui aussi le tri des CMC. À ce que j’ai pu observer jusqu’à présent, tous les autres centres de tri du Québec gagneraient également à trier les CMC dans leur propre grade, au lieu de les inclure avec le papier mixte ou le carton plat, dans la mesure où ils sont capables d’y consacrer l’espace de tri et de stockage requis. QU’EST-CE QU’UN CONTENANT MULTICOUCHE ? Les CMC sont des emballages rigides utilisés pour les boissons (lait, jus, vin, etc.) et les aliments liquides et solides (comme les soupes et les blocs de tofu). Il en existe deux types. Il y a les contenants à pignon qu’on doit garder au réfrigérateur (comme notre fidèle « pinte de lait »). Ceux-ci sont faits uniquement de carton à longues fibres et de fines couches de polyéthylène. Puis il y a les contenants aseptiques, auxquels on a ajouté une couche d’aluminium pour qu’ils puissent être conservés sans réfrigération jusqu’à leur ouverture.

Carton de longue conservation Revêtement polyéthylène (barrière liquide) Carton (stabilité) Revêtement polyéthylène mitoyen Aluminium (protection contre la lumière, les odeurs et l’oxygène) Revêtement polyéthylène interne (barrière liquide)

Carton réfrigéré Polyéthylène Carton Polyéthylène

En vue de cette chronique, j’ai demandé à quelques personnes qui trient déjà les multicouches séparément de me dire pourquoi elles pensaient que c’était important. Mathieu Fournier, chef de la gestion des matières résiduelles à la Ville de Québec, m’a donné la raison suivante : « Les critères de qualité plus stricts imposés par la Chine font en sorte que leur incorporation dans les ballots de papier mixte est de moins en moins viable. Seul le tri séparé permet réellement de retourner ces matières sur le marché des recycleurs et d’en obtenir des revenus de vente, tout en diminuant les rejets ». Chez Récupéraction Centre-du-Québec à Drummondville, on fait le tri des contenants multicouches depuis 2016. Bien que l’organisation ait déjà eu de la difficulté

QUI RECYCLE LES CONTENANTS MULTICOUCHES ? Depuis 2011, les CMC possèdent leur propre grade de matière, soit le PSI-52. Des papetières en achètent pour récupérer leur fibre de haute qualité en la séparant des autres couches. Les CMC sont aussi recherchés par des fabricants de matériaux de construction qui en font des panneaux muraux et des toitures étanches en les pressant intégralement ensemble (le polyéthylène déjà présent agit comme liant). La conjoncture est en effet de plus en plus favorable au tri séparé des contenants multicouches. La demande pour cette matière, l’effondrement du marché du papier mixte, les prix qui commencent à redevenir intéressants, la proportion considérable de CMC dans la collecte sélective et les efforts de modernisation des centres de tri sont tous des motifs qui incitent aujourd’hui à considérer sérieusement le tri séparé. Le volume des CMC dans la collecte sélective est en effet plus important qu’on le soupçonnait autrefois. Une étude récente de RECYC-QUÉBEC indique que les CMC pourraient compter pour 2 à 2,5 % des matières récupérées au Québec 1. Et si nos efforts collectifs pour augmenter le taux de récupération continuent à porter leurs fruits (on estime à 68 % le taux actuel de récupération des CMC pour le secteur résidentiel au Québec), ce volume devrait lui aussi continuer à croître. Quant au prix des ballots, des signes très encourageants nous parviennent de l’Ontario, où on observe une remontée ces derniers mois, après une période particulièrement difficile entre juin 2017 et mai 2018. La tonne de CMC s’y négociait en septembre (dernières données disponibles) aux alentours de 85 $ 2. Au Québec, les centres de tri québécois en obtenaient en moyenne 35 $ la tonne en août (données les plus récentes) 3, mais je crois, selon toute vraisemblance, que le prix devrait se ressaisir ici aussi. Ça demeure quand même bien plus intéressant que ce qu’on reçoit pour le papier mixte ! Le mouvement de modernisation des centres de tri, qui a pris de l’ampleur ces derniers mois, est une raison de plus de songer à instaurer le tri des CMC. Des solutions existent d’ailleurs pour tous les besoins. Le tri manuel demeure une solution tout à fait viable, surtout pour les plus petits centres. Quant à elles, les trieuses optiques sont très efficaces. Quelques centres de tri québécois les utilisent déjà pour les CMC, avec beaucoup de succès. À la fine pointe de la technologie, on retrouve même aujourd’hui des robotstrieurs dotés d’intelligence artificielle, qui prennent moins de place et sont généralement plus faciles à installer. J’ai hâte de voir qui sera le premier au Québec à s’en procurer un ! ■ 1

2

3

RECYC-QUÉBEC. (2017). Projet pilote : évaluer la valeur ajoutée et le coût de trier séparément les contenants multicouches en centre de tri. Consulté en ligne à : https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/projet-pilote-valeur-ajouteecout-tri-contenants-multicouches.pdf Reclay StewardEdge. (2018). CIF Ontario Price Sheet. Consulté en ligne à : https://reclaystewardedge.com/resources/cif-ontario-price-sheet/ RECYC-QUÉBEC. (2018). Indice du prix des matières. Consulté en ligne à : https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/municipalites/collecte-selective-municipale/indice-prix-matieres

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GESTION HUMAINE DES RESSOURCES

QUAND LES RESSOURCES HUMAINES SE MARIENT AU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Dominique Dodier Directrice générale EnviroCompétences dominique.dodier@envirocompetences.org

LA DIMENSION SOCIALE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE D’entrée de jeu, rappelons que le développement durable (DD) est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Le développement durable s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement 1. » Le défi des organisations et de la société en général en matière de DD est de définir des politiques et des stratégies qui concilient ces trois dimensions.

« - La lutte contre la pauvreté ; - La modification des modes de consommation ; - La dynamique démographique (défi de la décroissance et du vieillissement) ; - La protection et la promotion de la santé ; - La promotion d’un modèle viable d’établissements humains ; - L’intégration du processus de prise de décisions sur l’environnement humain et le développement ; - La promotion d’un développement agricole et rural durable ; - La promotion de l’éducation, de la sensibilisation du public au développement durable 3. » Selon les tendances perçues, le DD devient un pilier stratégique pour de plus en plus d’entreprises. Il doit donc être intégré à tous les niveaux de celles-ci.

Il existe une vaste littérature sur les dimensions écologique et économique, mais la dimension sociale est très peu documentée, bien qu’elle le soit de plus en plus : « le volet social s’avère souvent plus compliqué à gérer pour les entreprises que celui de l’environnemental, en raison des choix à opérer dans les indicateurs, mais aussi du fait que le terme de responsabilité sociale n’est pas per[çu] de la même manière [...] 2 ». Selon le cadre théorique, la dimension sociale regroupe les catégories suivantes : Source : EnviroCompétences

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450-589-3434 | 1-888-589-3434


QUAND LES RESSOURCES HUMAINES SE MARIENT AU DÉVELOPPEMENT DURABLE LE DD EN GESTION DES RESSOURCES HUMAINES La dimension sociale du DD en entreprise se joue majoritairement du côté de la gestion des ressources humaines. Que ce soit en améliorant les conditions de travail des employés ou en leur permettant de développer leurs compétences et de participer activement à l’atteinte des objectifs de l’entreprise pour laquelle ils travaillent, dès que le bien-être des employés est pris en compte, on touche au pilier social du DD. La pénurie de main-d’œuvre qu’entraîne le vieillissement de la population a des conséquences importantes sur la gestion des ressources humaines, qu’il est impératif de considérer. Vous ne pouvez pas ignorer, dans vos démarches vers le DD, sa dimension sociale et tendre vers des décisions exclusivement axées sur les volets écologique et économique. Pour les entreprises, intégrer la dimension sociale du DD suppose des pratiques organisationnelles telles que la formation continue, l’embauche de main-d’œuvre diversifiée et toute autre pratique qui permettra d’augmenter le taux de satisfaction des employés et ainsi de diminuer le taux de roulement du personnel. Si votre organisation compte un service RH, celui-ci devra jouer un rôle essentiel dans l’implantation de pratiques responsables. Il pourrait trouver sa nouvelle voie en devenant un acteur clé de la promotion d’une culture organisationnelle du DD. Plusieurs volets des RH contribuent à la mise en place d’une démarche DD en entreprise, tels que : ! ! ! ! ! ! ! !

la santé et la sécurité au travail ainsi que la prévention ; la conciliation travail-famille ; la rémunération équitable ; la reconnaissance au travail ; la gestion de la diversité ; la gestion des compétences ; les programmes d’employabilité ; l’organisation du travail.

Les entreprises qui ont épousé une démarche GRH-RSE 4/DD ne remettent pas en question les notions de profitabilité et de compétitivité, mais elles mettent l’accent sur leurs responsabilités à l’égard de leurs employés. Pour ces entreprises, c’est à travers la qualité de leurs ressources humaines (leurs employés) qu’est garantie la performance à long terme de toute l’organisation. L’employé devient une richesse pour le système de production : il n’est plus considéré comme un poste de dépenses, mais comme un poste d’investissement. On reconnaît un lien de cause à effet entre la productivité et le développement du bien-être des employés. Pour augmenter la valeur de l’entreprise, il serait donc judicieux, dans une démarche intégrée en DD, d’introduire la dimension sociale et d’y faire participer les personnes qui y travaillent. Ainsi, même si cela peut sembler compliqué, la dimension sociale du DD renvoie à une série de pratiques de GRH qui cherchent à assurer le bienêtre des employés. N’oublions pas que la rareté de la main-d’œuvre donne de plus en plus aux employés la possibilité de choisir les entreprises pour lesquelles ils souhaitent travailler, ou simplement de changer d’emploi au gré de leurs aspirations. L’intégration du DD et de pratiques saines liées à la dimension sociale pourrait aider bien des entreprises à devenir plus attractives et à retenir leurs employés. ■ 1

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Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. (2018). À propos du développement durable. Consulté en ligne à : http://www.mddep.gouv.qc.ca/developpement/definition.htm RSE News. (s.d.) Le volet social du développement durable. Consulté en ligne à : http://www.rsenews.com/public/dossier_social/dimension_sociale.php?rub=2 Vachon, Bernard. (2009). Introduction au développement durable et local. Consulté en ligne à : https://ddlcegep.files.wordpress.com/2010/09/introduction-au-ddl.pdf Gestion des ressources humaines et Responsabilité sociale des entreprises.

Centre de traitement et lieu d’enfouissement

de sols contaminés

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Contactez-nous : 844-212-8484 acarange@signaterre.com

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175, chemin de la Cabane-Ronde, Mascouche (Québec) J7K 0P1

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Le tri séparé des contenants multicouches On gagne à le faire Leur volume dans la collecte est considérable

La demande est forte et les prix remontent

LL’inclusion ’’inclusion ’inclusio avec d’autres fibres est de moins en moins viable

Des solutions existent pour tous les centres de tri

Nous pouvons vous aider. Contactez-nous. ifaucher@recyclecartons.ca

Conseil canadien des manufacturiers de contenants multicouches

RecycleCartons.ca


CÉLÉBRONS L’EXCELLENCE L’excitation agite déjà les finalistes, acteurs de la scène environnementale québécoise sur qui les feux de la rampe seront braqués pour une célébration mémorable. Qui seront les lauréats 2018 du Gala EnviroLys ? Évidemment, le Gala EnviroLys n’a pas comme seul objectif de réunir les décideurs de haut niveau. Par cette célébration, on vise également à promouvoir les meilleures pratiques et l’innovation dans une perspective de développement durable, tout en reconnaissant l’expertise privée dans le domaine environnemental. Le Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) organise le Gala EnviroLys depuis 2010. Un jury indépendant étudie les différentes réalisations des entreprises candidates et les prix EnviroLys, qui récompensent les efforts de l’industrie dans son travail quotidien, sont ouverts à toutes les entreprises du domaine de l’environnement. Huit prix sont décernés, sans compter la mention du jury et les prix Hommage Pierre-Lachance et Personnalité EnviroLys.

Que la fête commence !

Plusieurs fois reconnue comme une personnalité influente en développement durable, Pauline D’Amboise est la lauréate du prix Personnalité EnviroLys 2018. Secrétaire générale et vice-présidente Gouvernance et Développement durable du Mouvement Desjardins, elle œuvre depuis le début des années 2000 à mettre au cœur de cette institution des programmes de gouvernance, d’éthique organisationnelle et de développement durable. Elle participe activement à concrétiser la volonté du Mouvement Desjardins de prendre un virage prononcé en faveur de la finance responsable afin de favoriser une économie verte. Active dans plusieurs organismes, comme l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société (EDS) de l’Université Laval, la Fondation Suzuki, la Coop Carbone et la Coop FA, elle est une figure inspirante. Cette nomination vient consolider son inestimable contribution à la promotion du développement durable et à la sensibilisation du public aux différents enjeux liés à celui-ci.

pauline d’amboise Personnalité EnviroLys de l'année 26 LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 14 N O 3 AUTOMNE 2018


QUI SERONT LES LAURÉATS 2018 ? Innovation et protection de l’environnement • Bioservice et IPL • Centre de recherche industrielle du Québec, DroneXperts et Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec du MELCC • Mabarex • Polystyvert • RSI Environnement | Projet vert ICI+ • Cascades • Chambre de commerce et d’industrie du Cœur-du-Québec • Domtar • Inovem • Université McGill | Création d’emplois et investissements • Enviroplast • Groupe Gagnon • Sani-Éco inc. • CIMA+ | Rayonnement à l’extérieur du Québec • Effenco • Tetra Tech | Santé et sécurité au travail • Groupe C. Laganière • Services Matrec • Transports M. Charette • Veolia | Engagement communautaire • Sanexen • Soleno • Stablex Canada • Waste Management et le GARAF | Cœur Vert • Compo Recycle • J.Y. Voghel | Support au développement commercial • Waste Robotic • WikiNet

PRIX HOMMAGE PIERRE-LACHANCE 2018 Le prix Hommage Pierre-Lachance est remis à une personne ayant contribué, par ses accomplissements et son engagement, au développement et au rayonnement de l’économie verte ou du CETEQ. Souhaitant rendre hommage à feu Pierre Lachance, premier directeur général du CETEQ, son directeur général actuel Richard Mimeau a créé en 2013 un prix Hommage. Décerné à titre posthume à M. Lachance, le prix est ensuite devenu le prix Hommage Pierre-Lachance, en mémoire de son travail et de son implication.

Avant d’être maire de Rigaud, le gagnant du prix Hommage Pierre-Lachance 2018, Hans Gruenwald Jr., a œuvré pendant plus de 50 ans à la protection de l’environnement. Il a été entrepreneur dans le domaine de l’assainissement de l’environnement, en plus de s’impliquer dans divers comités et associations pour promouvoir une saine gestion de l’environnement. Au cours de toutes ces années, par son implication et son leadership, M. Gruenwald s’est avéré un véritable pilier pour l’industrie de la gestion des matières résiduelles québécoises.

HANS GRUENWALD JR.

Partenaire majeur de l’événement

Gala EnviroLys, une initiative du

PRIX ENVIROLYS 2017

Compo Recycle • Enerkem • Englobe • Kruger • Le Centre Bell • Jean Lemire • Les Productions horticoles Demers • Sanimax et le Centre de recherche industrielle du Québec • Stablex Canada • Rolland Sylvestre • WSP Canada Ce survol est offert par :

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NS O B S LE TACTS N

LES AMIS DE 3RVE

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DANY MICHAUD DIRECTEUR GÉNÉRAL

GENERAL MANAGER

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Claude MAHEUX-PICARD

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Ing., M. Sc. A.

Directrice générale

claude.maheuxpicard@cttei.com 450 551-8090 poste 3518

1305, rue Brière, Mont-St-Hilaire, QC, J3H 6E9

I NC. NC.

Nicolina Nicolin aD D'Agosto, 'Agosto, ing.

Directrice Génie de l'environnement Cell. : 819-692819-692-7005 7005 Tél. : 819-693-5555 Téléc. : 819-693-5556 nicolina.dagosto@groupevld.com www.groupevld.com www .groupevld.com

Groupe V VLD LD inc. 303, rue des Forges, Trois-Rivières T rois-Rivières (Québec) G9A A 2G9 CANADA

Le génie au service de l'environnement et du développement durable

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