Magazine 3Rve , printemps/été 2019 vol.15 no.2

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PRINTEMPS/ÉTÉ 2019, vol. 15 no 2

Le magazine des matières résiduelles au Québec

Convention de la poste-publications no 41122591

TAGE REPORLU S I F E XC

Les sols contaminés seront dorénavant suivis à la trace

Tri séparé des contenants multicouches : des solutions aussi variées que les centres de tri

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Stratégie de valorisation des matières organiques : quelques enjeux à surveiller

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Les industries JPB, une entreprise au cœur vert

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LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, ÇA COMMENCE CHEZ VOUS ET ÇA SE POURSUIT CHEZ NOUS !

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PRINTEMPS/ÉTÉ 2019, vol. 15 no 2

Le magazine des matières résiduelles au Québec

reportage 8

« Au cours des dernières années, de nombreux chantiers en infrastructures ont vu le jour. Cela a bien sûr généré des quantités importantes de sols contaminés. Nous croyons que plus de 750 000 tonnes métriques de sols contaminés ont disparu dans la nature lors des cinq dernières années. Cela représente un chiffre d’affaires colossal pour toute la filiale de l’industrie, à savoir les laboratoires, les consultants, les firmes d’ingénieurs, les plateformes de traitement de sols et les sites d’enfouissement. » — Alnoor Manji

SOMMAIRE

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LES AMIS DE 3RVE

ONSS LES B T A NT C CO

chroniques 17

CENTRES DE TRI

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CETEQ

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CŒUR VERT

TRI SÉPARÉ DES CONTENANTS MULTICOUCHES : DES SOLUTIONS AUSSI VARIÉES QUE LES CENTRES DE TRI

STRATÉGIE DE VALORISATION DES MATIÈRES ORGANIQUES : QUELQUES ENJEUX À SURVEILLER

LES INDUSTRIES JPB, UNE ENTREPRISE AU CŒUR VERT

Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc Coordonnatrice à la direction de l’édition Noémie Vallet Téléphone : 450 508-1515 nvallet@maya.cc

Journaliste et rédacteur Guy Des Rochers Chroniqueurs Isabelle Faucher Richard Mimeau

Espace publicitaire André Dumouchel Téléphone : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc

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Photos de la page couverture et de l’entrevue Sébastien Arbour d’Arbour Photo. Remerciement spécial à l’entreprise Duroking.

Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Québec) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazine3rve.cc www.magazine3rve.cc

Designer graphique Sylvain Malbeuf (SymaPub)

Révision linguistique Émilie Pelletier

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Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent que leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retournez toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié trois fois l’an.


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ÉDITORIAL

LE COURAGE DE COMBATTRE L’INACCEPTABLE

L’industrialisation et ses activités sont, depuis plus de 200 ans, au cœur de l’économie mondiale — et le Québec n’a certes pas échappé à ce phénomène.

i, au fil du temps, les activités industrielles ont présenté un bilan très favorable à la croissance économique et à l’enrichissement, il en est tout autrement au chapitre de leur passif : on constate qu’elles ont aussi généré de la pollution et de la contamination capables de nuire à la santé des écosystèmes et des êtres vivants.

S

Les sols contaminés sont un triste legs de ce type d’activités, surtout en ce qui concerne les territoires urbanisés de longue date. Depuis le début des années 1980, le Québec s’est finalement doté de règles et de directives qui démontrent son souci de gérer activement la problématique des terrains contaminés sur son territoire en favorisant le développement d’un secteur industriel digne de ce nom.

André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Or, même si ce problème ne date pas d’hier, la résolution ferme de le régler ne semble pas avoir figuré à l’ordre du jour des gouvernements jusqu’à tout récemment. Toutefois, dans un contexte propice à son éclosion, une industrie interlope s’est créée parallèlement à l’industrie légale. Se débarrasser des sols contaminés dans la nature au lieu de les traiter légalement et d’ensuite les valoriser permet d’offrir un prix d’ami facilitant bien des transactions... Le manque d’encadrement et de vérification n’a fait que permettre la prolifération du fléau. Or, même si ce problème ne date pas d’hier, la résolution ferme de le régler ne semble pas avoir figuré à l’ordre du jour des gouvernements jusqu’à tout récemment. D’où provient cette espèce de tolérance indulgente à l’égard de comportements criminels qui s’avèrent, dans les faits, un coûteux désastre social ? Un flagrant manque de moyens et la plus élémentaire des peurs de représailles sont au nombre des facteurs clés. Certes, il y a bien eu, au fil du temps, des lanceurs d’alerte pour révéler qu’un système organisé de déversement illégal de sols contaminés existait, ce

que des enquêtes policières ont tenté de démontrer, sans pouvoir traduire qui que ce soit en justice… Heureusement, en tant que société, nous avons fini par trouver le moyen de nous tenir debout en dénonçant l’intolérable. S’il faut s’en réjouir, il faut d’un même élan applaudir le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, qui a démontré sa volonté de mettre un terme à la criminalité dans le secteur des sols contaminés en rendant obligatoire le recours à la traçabilité pour tous les mouvements de sols contaminés excavés au Québec, du lieu d’excavation jusqu’au lieu de réception. À ce propos, Réseau Environnement possède une solution clé en main pour le MELCC : elle se nomme Traces Québec. Cette application de traçabilité des matières a été conçue pour répondre aux besoins du milieu, de la société et du Ministère. Et cette solution, qui fonctionne et réjouit toute l’industrie, a pu voir le jour sans financement gouvernemental. Tout en instituant des mesures complémentaires, le MELCC devrait carrément l’adopter, puisque cela fonctionne déjà et qu’on économiserait temps et argent ! Par ailleurs, nous devons souligner le travail minutieux des journalistes qui, grâce à des enquêtes de longue haleine, ont attiré l’attention de l’opinion publique sur les déversements illégaux de sols contaminés dans la nature. Pensons, entre autres, aux nombreux articles sur ce dossier de Vincent Larouche, journaliste à La Presse, ainsi qu’aux reportages de l’équipe de l’émission Enquête, à Radio-Canada. Un travail précieux, voire fondamental, qui a fait connaître ce scandale au public et qui a sans doute forcé le gouvernement à agir un peu plus rapidement… n

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REPORTAGE

Les sols contaminés seront dorénavant suivis à la trace

Par Guy Des Rochers

Mine de rien, une avancée majeure a récemment été réalisée sur le plan environnemental par un gouvernement, récemment élu, que l’on disait être peu concerné par la chose… En effet, le 12 avril dernier, le gouvernement du Québec annonçait sa volonté ferme de prévenir les déversements illégaux de sols contaminés en rendant obligatoire le recours à la traçabilité pour tous les mouvements de sols contaminés excavés au Québec, du lieu d’excavation jusqu’au lieu de réception. Un projet de règlement a été soumis à la consultation publique jusqu’au 7 juin. « Conjuguée à un resserrement de la réglementation, la traçabilité est apparue comme la solution optimale pour agir efficacement face aux nombreux déversements illégaux de sols contaminés observés au cours des dernières années. De plus, la population québécoise est préoccupée par toutes les histoires de déversements illégaux parues dans les médias… », a expliqué Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). Et tout en exprimant le vœu de parvenir ainsi à mieux protéger l’environnement en empêchant la nature de devenir une poubelle, le ministre Charette a ajouté, du

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même souffle : « Il était temps que le gouvernement agisse enfin. »

Un fléau En effet, ce n’est pas d’aujourd’hui que le problème de déversement illégal des sols contaminés perdure au Québec. En 1988, la publication de la Politique de réhabilitation des terrains contaminés fournissait déjà au ministère de l’Environnement des mécanismes administratifs permettant l’encadrement des interventions sur les terrains contaminés. Depuis, les gouvernements se sont succédé en édictant plusieurs politiques sans qu’une action efficace parvienne à empêcher les dépôts sauvages — certains ont longtemps préféré le mot « accidentels » — de sols contaminés en pleine nature. Il ne faut pas penser pour autant que l’on préférait jouer à l’autruche... Des actions ont été posées, mais chaque fois, les mesures coercitives capables d’enrayer les comportements délinquants faisaient défaut.

« Il s’agit d’un véritable fléau, admet André Carange, président du conseil d’administration de Réseau Environnement. Un certain laisser-aller existe depuis toujours dans ce secteur, ce qui a ouvert la porte à la criminalité. Beaucoup de sols contaminés “s’égarent”, pour ainsi dire, dans la nature. Et même si quelques enquêtes policières ont été menées, elles se sont terminées en cul-de-sac, ce qui a démontré l’impuissance des autorités à empêcher ces graves méfaits. Bon an, mal an, on peut parler d’environ 500 000 tonnes de terres contaminées excavées qui sont ainsi déversées illégalement dans la nature et qui sont soustraites à des traitements accrédités, ce qui prive l’industrie légale d’environ 20 % de ses revenus potentiels. En supposant que le coût moyen de 30 $ serait la norme, on peut estimer les pertes à plusieurs millions de dollars. Par ailleurs, non seulement l’industrie légale est-elle lésée par ces actes criminels, mais il s’agit d’une dangereuse pollution des terres agricoles et des nappes phréatiques. Il va sans dire qu’une terre agricole ayant servi de dépotoir à des sols contaminés est irrémédiablement


REPORTAGE

Un système de traçabilité devrait permettre de suivre en temps réel, grâce à la géolocalisation des camions, tout transit des sols contaminés excavés, du lieu d’extraction jusqu’à la destination prévue.

perdue. Plusieurs agriculteurs deviennent ainsi des victimes involontaires de ces stratagèmes illégaux et beaucoup d’entre eux y perdent leur chemise… »

Fini le laisser-aller Avec le récent projet de règlement concernant la traçabilité des sols contaminés, annoncé par le ministre Charette, il y a de quoi réjouir non seulement l’industrie légale des sols contaminés, mais aussi toute la population du Québec, laquelle percevra dans cette décision une volonté ferme de protéger les terres agricoles et les nappes d’eau de contaminants toxiques. En 2018, la ministre de l’Environnement de l’époque, Isabelle Melançon, s’était montrée

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préoccupée par le problème de déversement illégal des sols contaminés, et son ministère avait déjà déblayé le terrain en la matière en publiant, entre autres, le document Bonnes pratiques en matière de traçabilité des sols contaminés excavés 1. Ce document définit les caractéristiques d’un système de traçabilité fiable pour assurer un plus grand contrôle de la provenance, du mouvement et de la destination des sols contaminés, avec comme objectif ultime le respect des lois et des règlements, réduisant ainsi les risques de « dispositions » illégales. De plus, lors des dernières années, Réseau Environnement, WikiNet et la Ville de Montréal ont mis en place deux projets pilotes de gestion des sols contaminés à Montréal comportant l’utilisation du système de traçabilité Traces Québec.

Ces projets pilotes ont aidé le MELCC à préciser les éléments d’encadrement réglementaire relatifs à la traçabilité des sols et à mettre en œuvre un plan d’action visant à mieux prévenir et sanctionner les infractions environnementales avec, entre autres, une réglementation plus coercitive. Ainsi, un système de traçabilité devrait permettre de suivre en temps réel, grâce à la géolocalisation des camions, tout transit des sols contaminés excavés, du lieu d’extraction jusqu’à la destination prévue, c’est-à-dire un lieu apte à les recevoir pour les traiter, les valoriser ou les enfouir. Un appel d’offres permettra éventuellement de choisir le système de traçabilité qu’autorisera le ministre.

Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. (2018). Bonnes pratiques en matière de traçabilité des sols contaminés excavés. Consulté en ligne à : http://www.environnement.gouv.qc.ca/sol/terrains/tracabilite/guide-bonnes-pratiques.pdf.

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REPORTAGE

UNE DÉCISION TRÈS FAVORABLE À L’INDUSTRIE L’industrie québécoise des sols contaminés a finalement pu se réjouir en avril dernier. « L’intention du gouvernement d’imposer la traçabilité à l’égard de tous les mouvements de sols contaminés est une excellente nouvelle », dit Richard Mimeau. Le directeur général du Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) ajoute qu’il s’agit « d’une décision très favorable à l’industrie des sols contaminés. Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, envoie le message clair que le déversement illégal de sols contaminés est un geste grave et que nous avons maintenant les moyens de le combattre ».

De plus, ça empêche les entreprises de prendre de l’expansion et de recevoir plus d’offres. Si, au lieu de décontaminer tant de milliers de tonnes, tu en traites le double ou le triple, c’est sûr que tu feras rouler un peu plus l’économie québécoise. La criminalité enlève donc des revenus aux entreprises, ainsi qu’à l’État, et cela a sûrement causé des pertes d’emplois au lieu d’en créer. »

Selon le CETEQ, la traçabilité contribuera à mettre un terme à l’infiltration du crime organisé dans l’industrie, celui-ci tirant avantage du manque de surveillance et de contrôle afin se débarrasser illégalement des sols contaminés.

Depuis quelques années, le CETEQ et Réseau Environnement travaillent conjointement afin d’implanter la traçabilité des sols contaminés au Québec. « Au CETEQ, nous souhaitions que le gouvernement se penche sur cette problématique, mais pendant ce temps, Réseau Environnement a choisi de prendre le problème à bras-le-corps en créant un OBNL, Traces Québec, raconte Richard Mimeau. Finalement, nous nous sommes engagés avec eux ; ensemble, nous avons fait de nombreuses représentations pour faire comprendre au gouvernement le dangereux problème qui existe dans cette industrie. Et ça a fonctionné. D’abord avec l’ex-ministre de l’Environnement, Isabelle Melançon, et par la suite avec le nouveau gouvernement caquiste. Le ministre Charette a déposé un projet de règlement à la satisfaction de tous. Des membres des deux associations ont travaillé de concert avec le gouvernement pour pondre un mémoire conjoint. Pour le CETEQ, c’est une première étape. Ensuite, nous souhaitons qu’il y ait aussi traçabilité des matières dangereuses. »

Pas sexy, les sols contaminés… « L’industrie des sols contaminés, ce n’est pas sexy. Durant longtemps, ça n’a pas attiré l’attention du public ni celle du gouvernement, exprime M. Mimeau, mais c’est très payant pour un délinquant qui ne se fait pas attraper. » Selon lui, le fait que ce secteur soit passé trop longtemps sous le radar a permis au crime organisé d’en trouver les failles et d’ériger un système pour les exploiter. « Cela représente des pertes énormes, économiquement parlant, des baisses importantes des chiffres d’affaires des entreprises normées, explique-t-il.

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REPORTAGE Un bref historique Réseau Environnement déposait en janvier 2019 un mémoire sur la disposition illégale de sols contaminés, lequel visait entre autres à faire l’état des lieux en mettant en lumière les failles du système actuel et en proposant des solutions. Ce mémoire était, dans les faits, le clou d’une série de représentations faites par Réseau Environnement auprès du ministère de l’Environnement depuis 2014. Dans une lettre, notamment, cette association dénonçait des situations sérieuses de déversement illégal rapportées par ses membres (provenance des sols, lieux de disposition, transporteurs ou entrepreneurs impliqués) et arguait que les sanctions importantes à l’endroit des contrevenants étaient rarissimes. En décembre 2015 a été lancée l’opération Naphtalène, menée par la Sûreté du Québec, qui a enquêté sur la criminalité sévissant dans l’industrie des sols contaminés. Déjà, le journaliste d’enquête de La Presse Vincent Larouche avait rendu publiques de nombreuses situations illicites, dont l’existence de plus de 80 sites pollués par des déversements illégaux.

Après deux ans et demi d’enquête, le Directeur des poursuites criminelles et pénales annonçait que les preuves étaient insuffisantes pour remplir le fardeau de la preuve hors de tout doute raisonnable. Même la poursuite au pénal du ministère de l’Environnement s’est terminée en queue de poisson en raison d’un arrêt des procédures dû à des délais déraisonnables (l’arrêt Jordan).

Des failles dans le système L’échec de l’opération Naphtalène et les difficultés à prouver que des infractions criminelles ont été commises, même si la gestion des sols contaminés est hautement réglementée au Québec, ont mis en lumière le fait que des joueurs mal intentionnés pouvaient avoir les coudées franches dans un contexte où la traçabilité des sols contaminés était inadéquate, voire inexistante. Avec la solution développée par Réseau Environnement, la traçabilité des sols contaminés excavés se donne un outil fort efficace en Traces Québec. « Le CETEQ et Réseau Environnement ont travaillé main dans la main pour que Traces Québec devienne le choix du gouvernement comme

outil de traçabilité, explique Richard Mimeau. L’adopter ferait gagner du temps à tous. » Toutefois, il est évident que la traçabilité à elle seule n’arrêtera pas le déversement illégal des sols contaminés. Dans son mémoire, Réseau Environnement insiste pour que des mesures complémentaires l’accompagnent. Ainsi, il faudra que le nouveau règlement renforce la reddition de comptes de la part du générateur ou propriétaire de sols contaminés et que cette disposition soit difficilement contournable légalement. Les générateurs et propriétaires devront aussi détenir les preuves de la légalité de toutes les étapes des mouvements de sols disposés, ainsi que la caractérisation des sols et les quantités. Par ailleurs, un renforcement de la loi permettant de sanctionner l’absence de traçabilité par des montants proportionnels aux gains de la pratique illégale est fortement nécessaire, si l’on souhaite que la criminalité n’y trouve plus son compte.

Centre de traitement & lieu d’enfouissement de sols contaminés

Pour nous contacter

> 844.212.8484 > pdacruz@signaterre.com > 175, chemin de la Cabane-Ronde Mascouche (Qc) J7K 0P1

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REPORTAGE

UNE SOLUTION QUI EXISTE DÉJÀ Ces dernières années, les projets exigeant des excavations de sols contaminés ont connu une croissance proportionnelle aux nombreux travaux de construction d’hôpitaux, de gratte-ciel, d’immeubles à condos et d’infrastructures routières qui ont eu cours un peu partout sur le territoire québécois, principalement dans les grandes villes comme Montréal et Québec. « Quand l’économie roule, les sols contaminés excavés sont en augmentation. Pourtant, les centres de traitement des sols contaminés ont reçu moins d’ouvrage. Personne n’ignore que de jeter des sols contaminés en pleine nature, c’est une solution pas mal plus économique que de les acheminer vers l’industrie légale », explique André Carange, président du conseil d’administration de Réseau Environnement. C’est d’ailleurs la préoccupation grandissante de ses membres à cet égard qui a poussé Réseau Environnement à mettre sur pied une mesure pour tenter de freiner ces actes de délinquance : une application mobile de traçabilité des sols contaminés excavés, la toute première au Québec. « Le projet de règlement sur la traçabilité du ministre Benoit Charette est sans doute la solution au déversement illégal des sols contaminés, ajoute M. Carange. De plus, le gouvernement va se donner les moyens de poursuivre les contrevenants en justice, avec des preuves béton, de sorte que les procès ne pourront plus avorter par manque de preuves suffisantes. Ça veut aussi dire que si la trace d’un sol contaminé n’est pas suivie, les sanctions administratives seront tellement élevées que ça coûtera plus cher de se débarrasser illégalement d’un sol contaminé que de le faire légalement. La loi sur la traçabilité se donnera des dents, surtout pour pénaliser les générateurs de sols contaminés, qui devront rendre des comptes. » Si l’application Traces Québec démontre déjà son efficacité, tous sont conscients qu’elle doit faire partie d’une convergence de solutions afin que la synergie dans les moyens de lutte à la criminalité soit à son summum.

Suivi en temps réel Fruit d’une volonté de lutter efficacement contre ce grave problème, Traces Québec offre donc la première solution intégrée de traçabilité des sols contaminés au Québec. Fonctionnant sur une plateforme Web dont les données sont cryptées et confidentielles, ce système permet aux propriétaires de sols contaminés de suivre en temps réel le déplacement de leurs matières vers un lieu de traitement ou de disposition autorisé par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). « Traces Québec provient surtout des aspirations du milieu des affaires, mais aussi de la sphère politique, afin de contrer les déversements illégaux de sols contaminés dans la nature, explique Ghislain Vallée, directeur général du programme Traces Québec. Donc, chez Réseau Environnement, de concert avec notre fournisseur technologique WikiNet, nous avons développé cette plateforme Web en novembre 2017. À l’été 2018, nous avons organisé une première vitrine technologique avec la Ville de Québec, puis des projets pilotes, dont un avec la Ville de Montréal, ainsi que des présentations avec d’autres instances gouvernementales. Ces initiatives ont ensuite incité les villes de Québec et de Montréal à exiger la traçabilité, moment déclencheur qui correspond au véritable lancement de Traces Québec. » M. Vallée souligne avec fierté que les résultats positifs de Traces Québec ne se sont pas fait attendre. « Actuellement, nous comptons plus de

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300 000 tonnes de sols contaminés suivis à la trace et il y a d’autres projets en démarrage actuellement, dont un qui comptera environ 100 000 tonnes. Traces Québec, ça fonctionne », affirme-t-il.

Un milieu très réceptif Signe de reconnaissance de son efficacité et de sa nécessité, les cadres normatifs du programme ClimatSol-Plus ont été révisés pour y intégrer la nécessité de recourir à un système de traçabilité des déplacements de sols contaminés. « Tous les projets reliés à ce programme de subventions exigent maintenant l’utilisation de Traces Québec, puisqu’il s’agit du seul programme de traçabilité des sols contaminés existant, ajoute M. Vallée. Aussi, Traces Québec commence à s’implanter dans les mœurs des principaux donneurs d’ouvrage que sont les villes, les gouvernements ou les entreprises du secteur parapublic comme Hydro-Québec. N’oublions pas que ces volumes de sols contaminés suivis à la trace sont autant de volumes soustraits à la criminalité. D’autre part, il s’agit d’un système indépendant d’intervention en matière de gestion des sols contaminés, c’est-à-dire que Traces Québec ne participe à aucune étape du processus de réhabilitation d’un site contaminé. Traces Québec n’a donc pas de lien avec le propriétaire des sols contaminés, ni avec l’entrepreneur général, ni avec la compagnie d’excavation, ni avec le transporteur, ni avec le site récepteur. Nous n’intervenons à aucune de ces étapes. Tout ce que nous faisons, c’est de nous assurer que la traçabilité est exécutée. » Selon M. Vallée, le MELCC pourrait avantageusement calquer sa démarche sur ce projet de Réseau Environnement. « On parle quand même d’une technologie qui a fait ses preuves, précise-t-il. Aussi, le Ministère nous a confirmé qu’un outil de traçabilité comme Traces Québec est, selon lui, opérationnel et fonctionnel. Ici, chez Réseau, nous souhaitons bien sûr que Traces Québec soit la solution adoptée par le Ministère, car cela ferait gagner du temps à tous les intervenants. Toutefois, c’est à lui de choisir ce qui est efficace pour combattre le fléau des sols contaminés déversés illégalement dans la nature. » Pour André Carange, Traces Québec pourrait régler le problème de la criminalité qui sévit dans l’industrie des sols contaminés. « Le gouvernement s’en est inspiré pour définir son projet de règlement. Le programme sera géré par le gouvernement et s’appuiera sur sa propre base de données, tout cela grâce à un suivi par géolocalisation (GPS). Nous verrons, avec le temps, si la solution offerte par Traces Québec fonctionnera sous l’égide du Ministère. » Mentionnons en conclusion que le 19 novembre 2018, lors du Gala EnviroLys organisé par le Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ), l’entreprise WikiNet a reçu le prix « Support au développement commercial » pour le développement de Traces Québec avec Réseau Environnement.


REPORTAGE « TRACES QUÉBEC, ÇA DÉMONTRE LA FORCE DE RÉSEAU ENVIRONNEMENT. » – Christiane Pelchat Femme politique, avocate et féministe — elle a débuté en politique provinciale au milieu des années 1980 en devenant la plus jeune députée de l’époque —, Christiane Pelchat est depuis peu en poste à la direction de Réseau Environnement. « L’une des choses que j’aime le plus chez Réseau, c’est que les solutions proviennent de nos membres, précise-t-elle. Ce ne sont pas des chercheurs ou des intellectuels, mais des gens de terrain qui vivent la pratique en créant des solutions aux problèmes. » Christiane Pelchat découvre du même coup la notoriété de Réseau Environnement auprès du gouvernement. « Je connais le fonctionnement de la machine gouvernementale et je sens que Réseau est respecté pour ses positions, ajoute-t-elle. La réceptivité du gouvernement est très bonne, pas juste pour Traces Québec, l’application de traçabilité, mais pour l’ensemble des solutions proposées par Réseau. »

Précisant que l’ancien PDG, Jean Lacroix, avait travaillé énormément depuis 2016 sur le dossier de la traçabilité, en collaboration avec WikiNet, et que beaucoup d’argent avait été investi dans le projet Traces Québec, Christiane Pelchat ose croire que cette solution sera vraisemblablement adoptée par le gouvernement. « L’application fonctionne parfaitement. Et déjà, nous avons entendu des commentaires positifs du ministre Benoit Charette au sujet des propositions émises dans notre mémoire. J’espère que le gouvernement adoptera Traces Québec », exprime-t-elle.

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REPORTAGE

LE GOUVERNEMENT S’INVITE DANS LE CARRÉ DE SABLE DE L’INDUSTRIE Les dommages collatéraux du déversement illégal des sols contaminés en pleine nature sont nombreux. Les conséquences pour les particuliers et les entreprises sont dommageables et pernicieuses. Et c’est sans évoquer le coût pour les institutions en matière de revenus perdus et de dépenses engagées, tant dans le manque à gagner que pour la lutte contre la criminalité à travers la justice, la police ou d’autres corps spécialisés. Pour l’industrie des sols contaminés, en particulier, l’arrivée d’un nouveau joueur — en l’occurrence le gouvernement — dans « son carré de sable » s’avère donc une intervention plus que souhaitée. « Comme toute l’industrie, nous nous réjouissons de l’initiative du gouvernement de mettre en place un système de traçabilité pour mieux connaître le mouvement des sols. Bien entendu, il y aura toujours des individus qui tenteront de trouver des solutions douteuses, et ce, même au détriment de l’environnement », exprime Alnoor Manji, président de Signaterre Environnement. Pierre-Olivier Simard et Valérie Laganière, cadres au Groupe C. Laganière, sont heureux de l’intervention du ministre de l’Environnement Benoit Charette. « Nous voulons d’abord saluer le courage du gouvernement, dit M. Simard. Bien que la certification de notre centre de traitement des sols contaminés ne date que d’octobre dernier, nous n’étions pas sans connaître les répercussions très négatives du crime organisé dans notre industrie et pour l’environnement en général. » Quant à elle, Mme Laganière croit que le gouvernement mérite des éloges. « Sans prendre parti politiquement, notons que nous avons affaire à un gouvernement d’action. Nous apprécions vraiment son initiative dans notre secteur. »

L’article 14 L’entreprise Englobe accueille aussi favorablement le projet de règlement. « Ça va dans le bon sens, précise son coprésident, Alain Robichaud. Toutefois, la proposition de règlement touche un enjeu majeur avec l’article 14 : tout ce qui concerne le mouvement des sols hors du Québec (en Ontario, par exemple) est problématique. Nous comprenons mal, du côté d’Englobe, comment notre

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gouvernement pourrait garantir un certain contrôle sur ce qui sort du Québec et assurer son entière responsabilité dans ces circonstances-là. » M. Robichaud souligne que les réglementations sont différentes. « Au Québec, nous avons mis en place une réglementation qui encourage la récupération, le recyclage, le traitement et la revalorisation des sols contaminés, contrairement à l’Ontario, par exemple, où les sols sont carrément considérés comme un déchet. La traçabilité est un pas dans la bonne direction, mais c’est une solution partielle. La seule mesure efficace consiste à faire affaire avec un centre autorisé au Québec. » Pour Alnoor Manji, l’aveuglement, volontaire ou non, n’est plus de mise. « Il est important de signifier qu’au-delà de la traçabilité, la question de la responsabilité du générateur ou des propriétaires de sols est maintenant une évidence. Aucune entreprise digne de ce nom ne souhaite voir apparaître son nom dans les médias. Il en va du risque de perdre sa réputation. » Valérie Laganière se dit attristée par un véritable saccage environnemental. « Des cours d’eau et des nappes phréatiques sont maintenant contaminés. Des terres agricoles sont perdues à cause de cela, et elles devront être décontaminées à grands frais, sans toutefois retrouver leur grade. Cependant, l’opération est trop coûteuse pour des agriculteurs qui ont de faibles marges bénéficiaires. » Pour l’industrie, les pertes sont considérables, ajoute Pierre-Olivier Simard. « C’est un manque à gagner pour de nombreuses entreprises et cela se répercute sur l’emploi et les effectifs. Des emplois bien rémunérés ne sont plus d’actualité à cause de la criminalité. » Alnoor Manji trouve désolant que le DPCP ait pris la décision de ne pas poursuivre les contrevenants à la suite de l’enquête Naphtalène. « Après cela, ce fut un bar ouvert. Au cours des dernières années, de nombreux chantiers en infrastructures ont vu le jour. Cela a bien sûr généré des quantités importantes de sols contaminés. Nous croyons que plus de 750 000 tonnes métriques de sols contaminés ont disparu dans la nature lors des cinq dernières années. Cela représente un chiffre d’affaires colossal pour toute la filiale de l’industrie, à savoir les laboratoires, les consultants, les firmes d’ingénieurs, les plateformes de traitement de sols et les sites d’enfouissement. Mais ce qui est tout aussi désastreux, c’est qu’une quantité phénoménale de sols faiblement contaminés, normalement destinés à être utilisés comme recouvrement dans les sites d’enfouissement de matières résiduelles, a aussi pris le chemin de nos campagnes, de sorte que des sols faiblement contaminés ont été mélangés à des sols hautement contaminés. »


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REPORTAGE

MĂŞme si elle n’est pas parfaite, la solution offerte par Traces QuĂŠbec est très intĂŠressante, note Alain Robichaud. ÂŤ Il faut saluer l’initiative de RĂŠseau Environnement. Traces QuĂŠbec est un premier projet pilote qui a justement inspirĂŠ le gouvernement Ă produire son projet de règlement afin d’assurer une traçabilitĂŠ des sols. Âť

QuĂŠbĂŠcois de rayonner Ă la grandeur de la planète. ÂŤ Nous sommes vĂŠritablement des pionniers dans le traitement des sols contaminĂŠs, ajoute-t-il. Aujourd’hui, c’est un peu le Far West et il n’y a pas de shĂŠrif. C’est dĂŠsolant. N’importe quelle entreprise va se poser des questions : est-ce qu’on continue d’investir au QuĂŠbec ? Est-ce que je ralentis mes investissements ? Vais-je attendre de voir ce qui va se passer avec les projets de règlements ? Et tout ça nous fait perdre du terrain. Âť

M. Robichaud souligne que c’est le gouvernement du QuÊbec qui a fait en sorte d’innover, il y a une trentaine d’annÊes, en s’assurant que le sol Êtait une ressource, qu’il Êtait rÊcupÊrable et traitable. Cette innovation a permis aux

ValĂŠrie Laganière conclut : ÂŤ Nous avons actuellement des projets pilotes arrimĂŠs Ă Traces QuĂŠbec et c’est certain qu’il y a des choses Ă amĂŠliorer. Mais la solution fonctionne et elle est porteuse d’avenir Âť. n

Une solution porteuse d’avenir

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Évaluation environnementale de sites


TRI SÉPARÉ DES CONTENANTS MULTICOUCHES

CENTRES DE TRI

DES SOLUTIONS AUSSI VARIÉES QUE LES CENTRES DE TRI Isabelle Faucher Directrice générale Conseil canadien des manufacturiers de contenants multicouches ifaucher@recyclecartons.ca

our tirer le meilleur des contenants multicouches (CMC) — comme les cartons de lait et les briques aseptiques — dans nos centres de tri, il importe de les trier séparément en leur propre grade (PSI-52). On a entendu parler ces derniers temps des robots-trieurs à intelligence artificielle de Machinex, qui ont été installés au centre de tri Sani-Éco à Granby pour récupérer les contenants multicouches et PEHD 1. Mais bien que ces robots soient très intéressants, ils sont loin de représenter la seule façon efficace de trier les CMC. Le bon vieux tri manuel demeure une solution tout à fait pertinente pour bon nombre de centres, qu’ils aient à traiter de grands volumes de matières ou non. Et si les taux de capture ne sont pas immédiatement au rendez-vous, de petits ajustements suffisent parfois pour optimiser les processus. Nous reviendrons sur les robots de Sani-Éco, mais jetons d’abord un coup d’œil à deux centres bien différents l’un de l’autre, qui tirent leur épingle du jeu avec le tri manuel des CMC.

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Je ne le cacherai pas, j’ai un faible pour Le Phare, un minuscule centre de tri à vocation sociale qui dessert Port-Cartier et Sept-Îles et leurs 4 000 tonnes de matières produites par année. Il a commencé à faire le tri séparé des CMC au début de 2018, principalement en réaction à l’introduction des normes chinoises plus élevées pour le papier mixte. Je me dis que si Le Phare est capable de rentabiliser le tri des CMC, tout le monde peut le faire ! Comment s’y est-il pris ? Nathalie Hébert, coordonnatrice ventes-expéditions du Phare, m’apprend que le centre a assigné aux CMC deux trieurs, qui s’occupent en même temps de l’aluminium domestique, et qu’il a ouvert une réserve pour les entreposer. Et bien que Le Phare n’en produit qu’une demitonne par mois, soit l’équivalent d’un demi-chargement tous les cinq à six mois, Mme Hébert me confirme que ça en vaut la peine. Seul bémol selon elle : les transactions seraient plus faciles si on retrouvait des débouchés pour cette matière ici, au Québec. Je suis d’accord et je rêve moi aussi d’une économie circulaire locale pour les CMC. Pour l’instant, on peut quand même compter sur trois recycleurs aux États-Unis et quinze au Mexique. À l’opposé sur le plan de la quantité de matières, on retrouve le centre de Tricentris à Gatineau, qui en reçoit 60 000 tonnes par an. Plus tôt cette année, Tricentris réalisait un projet d’optimisation du tri manuel qui a fait doubler la quantité de CMC récupérés. Tricentris Gatineau effectue le tri séparé des CMC depuis 2013, mais sa méthode n’était pas des plus efficaces. Michel Smith, son directeur d’usine, me raconte qu’ils n’avaient pas de réserve pour entreposer les CMC et que le trieur devait les déposer dans des bacs roulants qu’on allait fréquemment transvider dans un enclos de fortune. De plus, en raison de la présence des bacs roulants, le trieur devait être situé tout au bout du convoyeur, ce qui était loin d’être optimal. Grâce à quelques ajustements, Tricentris a fait passer sa quantité de CMC de cinq à dix tonnes par semaine. On a d’abord créé une réserve pour cette 1

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matière en scindant une réserve existante jusqu’alors dédiée aux plastiques mixtes. On a ainsi pu éliminer les bacs roulants et repositionner le trieur à un meilleur endroit sur la ligne de tri des contenants.

Les robots se prêtent particulièrement bien au tri des contenants multicouches et PEHD parce que leurs formes distinctives sont facilement reconnaissables et que leur fréquence sur le convoyeur correspond bien à la rapidité du robot. Jusqu’à récemment, Sani-Éco faisait elle aussi le tri des CMC à la main. Elle en tirait 24 tonnes par mois, ce qui n’était déjà pas si mal. Un des grands défis de Sani-Éco est la pénurie de main-d’œuvre, comme me l’a expliqué Julie Gagné, propriétaire de l’entreprise. C’est la raison principale pour laquelle le centre a pris un virage technologique au cours des derniers mois, avec l’installation, entre autres, des deux robots. Ceux-ci se prêtent particulièrement bien au tri des contenants multicouches et PEHD parce que leurs formes distinctives sont facilement reconnaissables et que leur fréquence sur le convoyeur correspond bien à la rapidité du robot (un contenant par seconde). Grâce aux travaux entrepris, Sani-Éco aurait doublé sa capacité de traitement à l’échelle du centre. Quant à l’impact spécifique des robots sur les CMC, Mme Gagné me dit qu’il est encore trop tôt pour le mesurer, mais elle m’avoue quand même être jusqu’à présent très satisfaite de ses nouveaux trieurs. J’aurais pu parler bien plus longuement de ces trois cas et présenter d’autres centres de tri et les solutions qu’ils ont mises en place pour les CMC, comme le centre de tri de la Ville de Québec géré par la Société VIA qui, lui, a adopté le tri optique. Mais je pense que ce qui précède est suffisant pour démontrer qu’il y a plusieurs façons de trier séparément les contenants multicouches et que la meilleure solution est celle qui est la mieux adaptée au centre de tri. Le Conseil canadien des manufacturiers de contenants multicouches est d’ailleurs là pour prêter assistance à ceux qui veulent instaurer le tri séparé ou améliorer leurs processus. Nous pouvons même vous aider à trouver des acheteurs pour les ballots de CMC 2. n

Si vous n’avez pas encore vu les robots-trieurs en action, visionnez le fascinant reportage de Découverte diffusé en mars dernier : https://ici.radio-canada.ca/tele/decouverte/site/segments/reportage/109757/robot-trieur-recyclage Le Conseil publie aussi une liste de courtiers et de débouchés sur son site Web : https://www.recyclecartons.ca/municipalites-et-centres-de-tri/?lang=fr

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STRATÉGIE DE VALORISATION DES MATIÈRES ORGANIQUES : QUELQUES ENJEUX À SURVEILLER

CETEQ

Richard Mimeau Directeur général Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) rmimeau@ceteq.quebec

n avril dernier, nous avons été invités à participer à une rencontre avec RECYC-QUÉBEC et le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) au sujet de la stratégie de valorisation des matières organiques. Cette rencontre a permis de poursuivre la discussion avec les acteurs du milieu afin de mieux cerner leurs besoins et les orientations que prendrait le MELCC. La nouvelle stratégie proposée vise à favoriser, dans un premier temps, la mise en place des systèmes de collecte des matières résiduelles visées et des installations de traitement pour, par la suite, en accroître la performance. Voici quelques enjeux qui, selon nous, demandent réflexion.

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REDEVANCE POUR L’ÉLIMINATION DES MATIÈRES ORGANIQUES CHEZ LES ICI L’introduction proposée d’une pénalité sous forme de redevance spéciale pour l’élimination de matières organiques par les ICI (industries, commerces et institutions) fait craindre une hausse des risques que des ICI se dotent de services de collecte « à rabais » pour les matières visées, sans avoir réellement l’intention de participer. De même, les risques de fraude et de fausses déclarations sont prévisibles en l’absence d’un contrôle efficace effectué par une tierce partie indépendante.

NOUVELLE RESPONSABILITÉ POUR LE TRANSPORTEUR DE RÉSIDUS ULTIMES Le projet de stratégie prévoit également que le transporteur de déchets (résidus ultimes destinés à l’élimination) demande aux ICI s’ils détiennent un contrat pour les matières visées et qu’il consigne l’information. Selon nous, il n’est pas souhaitable d’attribuer au transporteur la responsabilité de gérer et de contrôler ces renseignements. Cette responsabilité implique une surcharge administrative qui n’est pas compensée par un avantage quelconque pour le transporteur, alors qu’il s’agit d’un rôle traditionnellement dévolu aux municipalités, qui doivent assurer la performance en gestion des matières sur leur territoire. Pour jouer pleinement ce rôle, nous avons proposé que les municipalités puissent comptabiliser dans leurs bilans annuels la performance des ICI desservis par les collectes privées, par une déclaration obligatoire du transporteur actif sur le territoire. Cela laisserait libre cours au marché, en plus de favoriser la compétitivité et l’obligation de performance. Les municipalités pourraient ainsi bénéficier de leur redistribution de la redevance sans qu’elles aient à s’occuper de mettre le programme de collecte en place. Un manque d’encadrement et de directives claires de la part des municipalités occasionne des effets collatéraux importants pour l’industrie. En effet, la tendance est à la municipalisation de la desserte des services des ICI, initiée par les incitatifs liés à la compensation des coûts associés à la collecte sélective. On constate que les municipalités poursuivent dans cette voie, en élargissant de plus en plus leurs services de collecte, que ce soit pour ce qui est des déchets ou des matières organiques. La perception négative et la mauvaise compréhension qu’ont les gestionnaires municipaux du fonctionnement des services offerts par le secteur privé accentuent cette tendance.

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STRATÉGIE DE VALORISATION DES MATIÈRES ORGANIQUES : QUELQUES ENJEUX À SURVEILLER

UNE REDEVANCE POUR LE MATÉRIEL DE RECOUVREMENT Le MELCC réfléchit à l’option d’imposer à hauteur de 50 % la redevance habituelle sur les matières résiduelles utilisées comme matériel de recouvrement. Dans le contexte actuel, il est à craindre qu’une telle redevance n’ait pas l’effet souhaité. Les nombreux cas de déchargement illégal de sols au cours des dernières années ont démontré que des coûts plus élevés reflétant les vrais frais de traitement et d’élimination sécuritaire dans les sites dûment autorisés encouragent des entreprises délinquantes à fonctionner illégalement et à déverser sauvagement des sols contaminés dans l’environnement. Heureusement, le Ministère a récemment annoncé un système de traçabilité des sols qui permettra, nous l’espérons, de mettre fin à ce fléau à moyen terme. Avant de songer à implanter toute redevance sur les sols utilisés comme matériel de recouvrement, il faudrait d’abord s’assurer que la traçabilité soit étendue à l’ensemble des contrats de toutes les municipalités du Québec et des principaux donneurs d’ordres (ministère des Transports, Hydro-Québec et autres grands gestionnaires de chantiers). Cela permettrait d’éviter que des entrepreneurs profitent de contrats actuels exempts de traçabilité pour décharger illégalement des sols en vue d’échapper à la redevance. D’autre part, il faut être conscient que nombre de matières résiduelles utilisées aujourd’hui comme matériel de recouvrement journalier dans les lieux d’enfouissement ne bénéficient pas de filière de valorisation viable et suffisante à la demande, soit d’un point de vue technique ou encore par simple logique économique. Dans certains cas, des sols contaminés permettent d’éviter d’utiliser des sols sains comme recouvrement dans les lieux d’enfouissement technique alors que dans d’autres circonstances, des sols faiblement contaminés ou décontaminés pourront très bien être valorisés en des usages plus nobles. Ultimement, les sols utilisés comme matériel de recouvrement sont valorisés et terminent leur cycle de vie dans des installations sécuritaires. Si une nouvelle redevance sur le matériel de recouvrement devait être adoptée, elle devrait intégrer cet aspect et être harmonisée en fonction des coûts actuels de traitement et d’élimination. Il nous apparaîtrait anormal qu’une redevance soit supérieure au coût du service. Une redevance mur à mur ne faciliterait pas la valorisation à court terme, à moins que l’on développe en parallèle d’autres solutions de valorisation à coût raisonnable pour l’ensemble des gisements disponibles. RECONNAISSANCE DES MEILLEURES PRATIQUES DES CENTRES DE TRI CRD Avec ce projet de stratégie, le MELCC souhaite reconnaître les meilleures pratiques des centres de tri de résidus de construction, de rénovation et de démolition (CRD) par le recours à une certification ou à une forme de reconnaissance. La certification des centres de tri CRD est intéressante dans la mesure où elle n’implique pas de frais importants pour le centre certifié, ce qui le

placerait en position désavantageuse par rapport à un centre non certifié. L’expansion de cette mesure aux centres de tri des matières recyclables serait également souhaitable. Nous croyons par contre que la priorité devrait être accordée à une interdiction d’enfouir des matériaux de CRD n’ayant pas subi un tri préalable, afin d’en augmenter le potentiel de valorisation. EN CONCLUSION Les responsables du MELCC et de RECYC-QUÉBEC sont à pied d’œuvre afin de mettre en place cette stratégie. Nous espérons un résultat final qui reflétera la vitalité du modèle québécois. n

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LES INDUSTRIES JPB, UNE ENTREPRISE AU CŒUR VERT Par Guy Des Rochers

La remise du prix Cœur vert a eu lieu en présence de Christiane Pelchat, de Réseau Environnement, de Julie Dunn, Jean-Michel Billette, Pascal Dupuis, Mireille Pelletier et Bruno A. Corriveau, des Industries JPB, de Dominique Dodier, d’EnviroCompétences, et de Karine Boies et André Carange, de Réseau Environnement. (Photo : Journal Saint-François)

« Il a fallu s’adapter à la ressource humaine qui est venue au monde avec l’Internet. Et même si je voulais n’embaucher que des gens de 60 ans qui ont connu la messe du dimanche, c’est maintenant impossible ! » Bruno A. Corriveau, directeur général des Industries JPB, est un gestionnaire pragmatique qui manie l’humour, entre autres, pour se rapprocher des gens. Cela semble lui réussir, puisque son entreprise de Salaberry-de-Valleyfield, dont la mission est de recycler le bois traité afin de lui permettre d’être réutilisé et revalorisé, a obtenu le prix Cœur vert lors du gala Distinctions de Réseau Environnement, en avril dernier. Le jury, dont faisait partie Dominique Dodier, directrice générale d’EnviroCompétences, a voulu souligner par ce prix la gestion adaptative qu’a mise en place cette petite entreprise face aux nouvelles réalités du marché du travail : « Les Industries JPB, dont le personnel ne dépasse pas 40 employés, ont fait des efforts considérables pour se prendre en main sur le plan de la gestion des ressources humaines, dit Mme Dodier. La direction a opté pour une approche plus innovatrice, moins traditionnelle, et a embauché une conseillère en ressources humaines. Ensemble, cette équipe a monté un beau modèle d’entreprise qui a carrément priorisé une démarche en RH. » FAIRE FACE À DE NOUVEAUX ENJEUX C’est en 2016 que M. Corriveau a entrepris son « virage RH ». Outre le fait de répondre aux enjeux liés à la pénurie de main-d’œuvre et aux besoins particuliers des travailleurs de la génération Internet, ce dirigeant novateur y a aussi vu un autre potentiel.

« Nous sommes dans un secteur qui change et qui est en croissance ; par exemple, nous doublons actuellement nos activités en bâtissant une centrale électrique. Nous devrons donc avoir recours à des employés aux compétences rares et spécialisées et il nous fallait réagir, grâce à notre secteur des ressources humaines, pour ne pas être dépassés par les événements », explique M. Corriveau. Pour la conseillère en R H Mireille Pelletier, l’approche JPB « est géniale, car on voit que ça fonctionne ». Mme Pelletier travaillait auparavant dans une entreprise de 300 employés qui affichait une mentalité à l’ancienne, selon ses dires. « Je ne suis ici que depuis environ sept mois. Nous sommes redevables à Julie Dunn, qui occupait ce poste avant moi, d’avoir mis au point le projet R H avec M. Corriveau. En ce qui me concerne, je m’occupe de maintenir la barque à flot. La force de notre système ? Comme nous ne sommes pas beaucoup d’employés, nous nous assurons de rencontrer chacun d’entre eux, de faire du cas par cas. » DE LA « TRANSPARENCE » L’approche des Industries JPB peut se résumer par deux qualificatifs : personnalisée et humaine. « J’ai 58 ans et lorsque je suis allé à l’université, on nous enseignait de nous éloigner du paternalisme comme modèle de gestion. De nos jours, j’ai l’impression

de retourner à une forme de paternalisme, avec une approche très personnalisée et des rapports moins déshumanisés, confie M. Corriveau. Aujourd’hui, la conciliation travail-famille est incontournable. Aussi, les jeunes ont des besoins différents des gens plus âgés et il ne faut pas négliger de faire leur éducation de travailleurs, car leurs réflexes ne sont pas les mêmes que ceux de ma génération. Par exemple, j’ai appris la comptabilité avec de l’encre rouge et de l’encre bleue… » Ainsi, les employés profitent d’un encadrement « budgétaire », avec accompagnement et formation en budget domestique : « C’est tellement facile de nos jours de tomber dans de mauvaises habitudes, explique M. Corriveau. Ils ont 18, 19 et 20 ans et ils sont déjà bombardés d’offres variées de cartes de crédit. » Avec sa stratégie individualisée, JPB cherche aussi à former non seulement des travailleurs, mais des citoyens. « Par exemple, plutôt que de faire un traditionnel comité SST [santé et sécurité du travail], une démarche que je trouvais lourde, j’ai dit que j’allais faire partie du comité et que nous allions appeler cela de la cogestion », illustre M. Corriveau, en soulignant l’importance de la transparence dans les relations. « Nos employés ne se sentent pas comme des numéros, ajoute Mme Pelletier. Ils sentent vraiment que quelqu’un est là pour les appuyer et les écouter. C’est ça, la transparence : on se parle ouvertement afin d’éliminer les frustrations éventuelles. » n

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