Magazine 3Rve été 2020

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ÉTÉ 2020, vol. 16 no 2

Le magazine des matières résiduelles au Québec

Convention de la poste-publications no 41122591

SANEXEN, SUPERHÉROS DE L’ENVIRONNEMENT

TAGE REPORLU S I F E XC

Oui, les contenants multicouches se recyclent ! Fibres Sustana s’en charge

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Une application pour le papier des panneaux de gypse recyclés

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L’économie circulaire, efficace en temps de crise !

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www.magazine3rve.cc



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ÉTÉ 2020, vol. 16 no 2

Le magazine des matières résiduelles au Québec

reportage 8

« C’est la multidisciplinarité de l’équipe et le volet innovation, qui pousse certains projets à un niveau supérieur, qui m’ont toujours impressionné chez SANEXEN. Idées différentes, originalité et créativité font en sorte que nous pouvons faire avancer des projets que d’autres dans l’industrie ne sont pas capables d’accomplir. » — Mathieu Germain

SOMMAIRE

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RECYC-QUÉBEC

LA PDG DE RECYC-QUÉBEC SALUE LES ACTEURS DE LA GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES

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SUR LE RADAR

OUI, LES CONTENANTS MULTICOUCHES SE RECYCLENT ! FIBRES SUSTANA S’EN CHARGE.

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LES AMIS DE 3RVE

ONSS LES B A T CT CON

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.

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chroniques 16

CETEQ LA RELANCE DE L’ÉCONOMIE VERTE AU TEMPS DE LA COVID-19

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3R MCDQ UNE APPLICATION POUR LE PAPIER DES PANNEAUX DE GYPSE RECYCLÉS

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CTTEI L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE, EFFICACE EN TEMPS DE CRISE !

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LE JURIDIQUE LES REDEVANCES ET LES PÉNALITÉS AU COEUR DE LA STRATÉGIE DE VALORISATION DE LA MATIÈRE ORGANIQUE

Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc Coordonnatrice à la direction de l’édition Noémie Vallet Téléphone : 450 508-1515 nvallet@maya.cc Direction artistique MAYA.cc Designer graphique Sylvain Malbeuf (SymaPub)

Journaliste et rédacteur Guy Des Rochers

Révision linguistique Émilie Pelletier

Chroniqueurs Gilles Bernardin Félix Cadotte Me Thibaud Daoust Richard Mimeau

Espace publicitaire André Dumouchel Téléphone : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc

Photos de la page couverture et de l’entrevue Jocelyn Michel / byconsulat et Jean-Marc Abela Les règles de sécurité et de santé publiques ont été respectées lors de la prise de photos.

Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Québec) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazine3rve.cc www.magazine3rve.cc Impression Carpe diem

© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent que leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retournez toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié trois fois l’an.


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ÉDITORIAL

OUF, QUELLE ÉPOQUE !

La COVID-19 ne se sera pas contentée de créer une crise sanitaire mondiale majeure, en devenant une réelle menace pour la santé de tous les humains et en les forçant à s’isoler. Elle en aura profité pour servir une spectaculaire jambette à l’économie mondiale.

ette crise est grave et ses effets sont bien réels, ne se comparant à aucune situation connue de mémoire d’homme. Tant les individus que les collectivités doivent collaborer afin de trouver de nouvelles solutions pour qu’il y ait une suite du monde… en faisant preuve de courage, de résilience et de créativité afin de s’adapter à cette nouvelle réalité « pandémique ».

C

Le courage, la résilience et la créativité sont justement des valeurs qui se manifestent dans ce numéro. Des exemples ? Fibres Sustana, une papetière située à Lévis, est devenue la première acheteuse locale de contenants multicouches au Canada. Cette initiative a été accélérée par les effets de la pandémie, puisque l’entreprise cherchait une nouvelle source de fibres à recycler. L’entreprise travaille en étroite collaboration

André Dumouchel adumouchel@maya.cc

avec le Conseil canadien des manufacturiers de contenants multicouches afin de convaincre plus de centres de tri de participer à l’opération (voir la chronique Sur le radar). Il s’agit là d’une formidable nouvelle pour la chaîne de valeur québécoise. Et alors que la société civile avait les yeux rivés à son téléviseur pour la messe quotidienne de 13 h et que l’économie mondiale se figeait, quelques allumés de l’entreprise SANEXEN mirent en application ce qui les caractérise : créativité et innovation. Le résultat ? La mise en place d’un service unique, clé en main, de récupération et de destruction totale de matières résiduelles contaminées de façon écologique : BOX-19. L’initiative BOX-19 a fait grand bruit dans le milieu et elle témoigne encore de la capacité de cette entreprise à ressortir du peloton quand les événements sont ardus. Constituant une équipe multidisciplinaire formée de scientifiques aussi à l’aise dans un laboratoire que sur un terrain contaminé, les gens de SANEXEN sortent du moule en faisant de l’innovation leur fer de lance dans la résolution de problèmes environnementaux. Le parcours de l’entreprise est jalonné de réussites commerciales et environnementales. Comme faits d’armes, on a qu’à évoquer la décontamination des sites de SaintBasile-le- Grand, après la catastrophe des BPC en 1988, et de Lac-Mégantic, après le dramatique accident ferroviaire

de 2013. L’initiative BOX-19 s’ajoute donc à une liste bien garnie. C’est une belle entreprise que nous vous invitons à découvrir dans notre reportage principal. Le courage, la résilience et la créativité sont également perceptibles un peu partout dans l’industrie. La directrice générale d’EnviroCompétences, Dominique Dodier, a opposé au marasme du moment une stratégie de communication et des outils adaptés à la situation, dès le début du confinement. Un véritable tour de force de la part de cette femme de cœur. Je pense également à mes amis de Réseau Environnement et du CETEQ, qui ont eux aussi été sur les lignes de front à l’aide de rencontres virtuelles et de webinaires pour aiguiller, conseiller et représenter l’industrie, notamment pour qu’elle soit reconnue comme faisant partie intégrante des services essentiels. Ces deux groupes ont fait un travail colossal dans un contexte où le mot incertitude prend une dimension toute spéciale pour eux. C’est que, voyez-vous, à cette période de l’année, ces deux associations essentielles à l’industrie tiennent des événements importants autant pour leur notoriété que pour leur financement. Nous souhaitons de tout cœur que le milieu les soutienne dans leurs efforts. Elles font un travail aussi précieux qu’inestimable. À n’en point douter, cette crise continuera de bouleverser nos habitudes et nos comportements pour longtemps. Dans l’intervalle, la société tout entière devra continuer de se serrer les coudes en plus de trouver de nouvelles façons de se rassembler et de travailler ensemble. Car si la crise a mis en lumière une vérité universellement partagée, c’est que l’être humain a un besoin viscéral de relations et que ce n’est qu’ensemble que nous pourrons faire face à cette crise historique. n

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REPORTAGE

SANEXEN, SUPERHÉROS DE L’ENVIRONNEMENT

Par Guy Des Rochers Photo : Jean-Marc Abela

Les superhéros ont la cote. Leurs mythes, fortement exploités au cinéma, révèlent quelque chose d’essentiel sur le besoin de leaders significatifs dans nos sociétés actuelles, de chefs de file capables de lutter contre des menaces devant lesquelles le commun des mortels demeure impuissant. Allégorie sociale révélatrice de notre époque… Aux côtés des Superman, Ironman et Batman de ce monde fantaisiste, il existe pourtant de véritables superhéros du quotidien. Connaissez-vous SANEXEN ?

l’arrivée massive de pétrole s’étant infiltré dans les réseaux d’égouts à l'emplacement du déraillement.

Se mobiliser rapidement grâce à l’innovation Il y a plus de trente ans, un épais nuage toxique s’échappait d’un entrepôt de Saint-Basile-le-Grand où des barils d’huile contaminée par des biphényles polychlorés (BPC) avaient pris feu. Cette grave explosion survenue le 23 août 1988 n’a pas causé de victimes directes, mais a obligé plus de 5 000 résidents à évacuer les lieux, dans certains cas pendant quelques semaines, et a fortement contaminé le sol, l’eau et même l’air. Cette catastrophe écologique a toutefois fini par être contenue par une jeune firme spécialisée. « SANEXEN commençait à peine son existence, mais nous avions déjà mis au point des techniques d’extraction et d’élimination des BPC », relate Benoit Dion, directeur principal des comptes majeurs chez SANEXEN. Étonnamment, son père Jacques, lequel travaille toujours chez SANEXEN, fera partie de la troupe de choc qui vaincra la « bête ». Longtemps, cet événement a été qualifié de pire catastrophe écologique de l’histoire du Québec, jusqu’à ce que survienne la terrible tragédie de LacMégantic, le 6 juillet 2013. Au cours des cinq mois qui sont suivi le désastre, les équipes de SANEXEN ont traité 43 millions de litres de liquides de toutes sortes, provenant des combats contre le feu et des opérations de décontamination de la station d’épuration de la municipalité qui avait dû être mise à l’arrêt par

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« Chez SANEXEN, nous avons une culture d’intervention d’urgence rapide, ajoute Benoit Dion. Il survient régulièrement des déversements et nous sommes capables de nous mobiliser très rapidement. Pensez par exemple à l’agilité que nous avons eue en créant BOX-19, en pleine pandémie. C’est typique de SANEXEN : il y a un besoin, et bang ! Nous mettons en place une chaîne logistique et nous offrons le service. » Pour Mathieu Germain, directeur du développement stratégique, cela s’explique en grande partie par l’innovation dont fait preuve l’entreprise. « Une des choses dont nous sommes très fiers, c’est notre aptitude à toujours être audevant de la courbe afin de pouvoir offrir des solutions adéquates aux problèmes actuels en environnement, confie-t-il. Nous travaillons effectivement sur certains projets depuis des années, sachant que ces problèmes finiront par arriver. Nous avons développé cette attitude qui nous permet non seulement de prévoir les coups, mais d’envisager à l’avance des solutions. BOX-19 est une manifestation de cette habileté, car même si toutes nos vies ont été déstabilisées en quelques jours par la COVID-19, nous sommes quand même parvenus à mettre sur pied ce service unique afin de répondre aux besoins d’ordre sanitaire faisant désormais partie de notre quotidien. »


REPORTAGE

BOX-19

OU L’ART DE MISER SUR LA CRÉATIVITÉ En pleine catastrophe sanitaire causée par la pandémie de COVID-19, alors que la société civile est bouleversée et que l’économie mondiale plonge, l’équipe de SANEXEN accouche d’une solution innovante et commercialement viable, un projet environnemental formidable qui répond à plusieurs besoins : BOX-19. « C’est une belle histoire que celle de BOX19. Nous sommes partis d’un besoin à l’interne puisque nous nous demandions, en préparation de la réouverture de nos chantiers et de nos bureaux, comment gérer cette nouvelle matière résiduelle, ces nouveaux déchets contaminés dont nous n’avions pas à nous préoccuper auparavant. Nous nous sommes alors inspirés de pratiques déjà existantes en Asie et en Europe, en y ajoutant la sauce SAN EXE N. Nous avons rapidement découvert que notre projet suscitait beaucoup d’intérêt. À partir du concept originel que Benoit avait développé pour nos besoins internes, nous nous sommes dit : pourquoi ne pas offrir ce service utile à la grandeur du Québec ? », explique Mathieu Germain. Tout en stipulant qu’il n’a fallu que deux semaines à l’équipe de SANEXEN pour offrir le service

BOX-19, Benoit Dion précise que de nombreuses validations ont été faites au préalable, notamment pour savoir si la technologie utilisée offrait des gains environnementaux par opposition à l’enfouissement. « Nous sommes des scientifiques très attachés aux valeurs de rigueur et de compétence qui caractérisent SANEXEN. Nous voulions aussi nous assurer que la solution retenue ne laisse aucune contamination dans la chaîne de disposition, en sachant que, selon certaines études, ce coronavirus pouvait demeurer actif jusqu’à neuf jours sur des objets. »

transport et de la disposition du matériel potentiellement contaminé par le coronavirus. Par la suite, ces déchets infectés sont incinérés selon les plus hautes normes de l’industrie, dans un processus destructif à 100 % du déchet et du virus, le tout étant transformé en vapeur et en électricité qui seront ensuite récupérées et réutilisées », ajoute Benoit Dion, qui souligne également que pour ce projet, SANEXEN a pu compter sur deux fournisseurs d’exception : N I Corporation et Chamard stratégies environnementales.

Processus destructif original

Maintenant que le port du masque est obligatoire dans les lieux publics fermés, les boîtes BOX-19 figurent déjà avantageusement dans des établissements au positionnement stratégique, dont le Port de Montréal (APM) et l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau.

Ainsi, BOX-19 permet de se débarrasser de façon sécuritaire et écologique de masques, de gants et d’autres équipements antiviraux à usage unique. « Nous nous occupons de la cueillette, du

Martin Bureau, vice-président à l’innovation

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REPORTAGE

PRIORITÉ À LA RECHERCHE ET AU DÉVELOPPEMENT SANEXEN mise beaucoup sur la R et D. « Nous comptons sur une équipe de scientifiques aguerris et passionnés, capable d’arrimer l’innovation aux opérations sur le terrain », déclare Benoit Dion. Martin Bureau, vice-président à l’innovation, qui dirige également le service de la recherche et du développement, est un parfait exemple de ce que représente l’entreprise. Il a œuvré en recherche appliquée au Conseil national de recherches du Canada (CNRC) jusqu’en 2012. Depuis qu’il est devenu membre de SANEXEN, en 2013, il n’a pas cessé d’encourager le développement et la commercialisation de nouveaux produits, procédés et technologies.

« L’Aqua-Pipe de deuxième génération, ainsi que de nouvelles technologies pour le traitement des PFAS et des matières fines des résidus de CRD (construction, rénovation, démolition), seront dorénavant nos principaux chevaux de bataille », affirme avec enthousiasme Martin Bureau. « Nous adorons travailler avec Martin, c’est notre rock star de l’innovation », proclame, admiratif, Mathieu Germain. Et on le serait à moins, puisque ce scientifique accompli possède une feuille

Depuis son arrivée, SANEXEN est passée à la vitesse supérieure en matière de propriété intellectuelle : « Nous avons maintenant une quarantaine de brevets alors qu’il y a quelques années à peine, nous en avions cinq ou six. Nous avons travaillé fort pour augmenter cela », affirme ce réputé chercheur, qui veut s’assurer que les innovations de SANEXEN lui permettront de garantir sa pleine croissance. « Dans ses marchés actuels, SANEXEN est une société mature. Au Canada, nous détenons quelque 60 % du marché en réhabilitation de conduites d’aqueduc et nous sommes le joueur de l’heure de l’environnement au Québec, l’entreprise qui bouge le plus de matières résiduelles ou réglementées, assure Martin Bureau. Donc la croissance de SANEXEN ne dépend plus seulement du Québec et de l’est du Canada, mais surtout d’autres marchés comme celui des États-Unis. Mon rôle, c’est de m’assurer que nous avons ce qu’il faut dans le pipeline des technologies pour alimenter cette croissance. Essentiellement, nous viserons dorénavant le marché nord-américain avec nos trois technologies phares que sont les traitements de l’eau (pour éliminer l’acide perfluorooctanoïque [PFAS]), la valorisation des matières résiduelles et l’Aqua-Pipe de deuxième génération. »

Trois technologies à l’assaut du marché

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MERCI À TOUS NOS CLIENTS DU QUÉBEC POUR LEUR CONFIANCE

Martin Bureau mène le service de la recherche et du développement de SANEXEN tambour battant. Il n’a aucun doute que les idées innovantes trouvant des applications réelles sur le terrain sont la clé de voûte des succès à venir de SANEXEN. C’est d’ailleurs l’ADN de l'entreprise, qui depuis ses débuts développe des technologies au service de l’environnement sous l’égide de l’un de ses fondateurs, Jean Paquin, vice-président technologies, un pionnier en environnement au Québec. Jean Paquin s’est vu récemment décerner le prix Hubert Demard de Réseau Environnement, remis annuellement à une personne en reconnaissance de sa contribution et de l’ensemble de sa carrière dédiée à une cause environnementale.

Fondée en 1970, Machinex fabriquait à ses débuts des équipements pour le secteur agricole. En 1985, elle a construit son premier centre de tri à Victoriaville, réorientant ainsi ses activités vers la récupération. En tant que pionnière dans ce secteur en Amérique du Nord, l’entreprise a grandement contribué au développement de l’industrie des matières résiduelles et des technologies de tri. Machinex est aujourd’hui reconnue comme une entreprise de premier plan sur la scène internationale pour son expertise dans les solutions de tri novatrices.

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EXPERT EN TECHNOLOGIES DE TRI

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REPORTAGE La problématique des matières fines et des PFAS Deux autres technologies importantes sont prêtes à s’attaquer à la problématique des PFAS et des matières fines des résidus de CRD. « Des matières fines résiduelles qui s’accumulent, on en produit officiellement 400 000 tonnes annuellement au Québec, mais il s’en crée en réalité sans doute le double. Bientôt, le ministère de l’Environnement interdira complètement leur enfouissement. Il faut donc trouver de nouveaux débouchés à ces matières qui s’accumulent, de façon plus ou moins illicite, un peu partout au Québec », explique Martin Bureau.

Benoit Dion, directeur principal des comptes majeurs

de route très éloquente. En effet, Martin Bureau est un expert reconnu en développement de procédés et en fabrication. Chercheur émérite, cet ingénieur possède une maîtrise en métallurgie physique et un doctorat en matériaux composites. Il est aussi l’auteur de plus de 200 articles scientifiques et de comptes rendus de conférences internationales, et coauteur d’une dizaine de brevets. « L’actuel Aqua-Pipe fait un travail fantastique en réhabilitation des conduites d’aqueduc. Cependant, nous savons maintenant que cette technologie a le potentiel de faire bien plus encore que redonner cinquante ans d’existence aux tuyaux que nous réparons, explique Martin Bureau. L’Aqua-Pipe, c’est le chemisage d’une conduite détériorée, et nous sommes en mesure de la rendre résiliente et résistante à toutes sortes d’abus. » Martin Bureau vise dorénavant une durée de vie de cent ans pour les réhabilitations à venir, car le produit peut protéger les conduites contre toutes sortes d’événements extrêmes comme des inondations, des cycles de gel et de dégel, des tremblements de terre, le rehaussement du niveau de la mer qui fait que les conduites sont lessivées et des glissements de terrain. « La technologie Aqua-Pipe permet aujourd’hui, lorsqu’elle est installée dans une vieille conduite de fonte détériorée, de survivre à un tremblement de terre de magnitude 7. Par exemple, si Aqua-Pipe avait été installée dans les conduites de San Francisco en 1906 lors du grand tremblement de terre, il n’y aurait eu aucun dommage au réseau d’eau », assure Martin Bureau.

La solution de SANEXEN? Une technologie, en instance de brevet, qui permet la transformation physico-chimio-biologique de ces résidus en des débouchés à valeur ajoutée, dont la valorisation énergétique, le recouvrement des routes avec des agrégats et plus encore. « Nous avons mis au point une technologie permettant de transformer ces résidus en matière résiduelle fertilisante, à étendre dans des champs, aussi bonne que des biosolides ou du compost », explique Martin Bureau. Quant aux PFAS, il s’agit d’un problème environnemental majeur pour lequel il n’existe pas de solution économiquement viable sur le marché. « Des PFAS, il y en a partout, et c’est un produit soluble dans l’eau, soluble dans l’huile, non volatil et non dégradable. Alors il ne peut que s’accumuler. Et comme ce produit est réputé toxique à la dose de dix parties par trillion (soit une cuillère à thé dans le stade olympique !), ça s’accumule vite dans la chaîne alimentaire. Actuellement, nous travaillons à la version améliorée de notre technologie. Notre but : réduire les coûts de fonctionnement et de capitalisation des gens qui doivent traiter les PFAS. Ça servira au traitement des eaux souterraines dans des sites pollués par des activités industrielles, entre autres, dans l’eau potable des municipalités », explique le chercheur. Martin Bureau précise que cette technologie, en instance de brevet également, en est au dernier stade de sa commercialisation, soit le stade de validation à grande échelle. La stratégie de SANEXEN est de s’insérer dans les traitements d’eau déjà efficaces, mais incapables d’éliminer les PFAS : « C’est sans doute la technologie la plus remarquable sur laquelle j’ai travaillé de toute ma vie. La demande est hallucinante et ce sera la problématique environnementale de la décennie. » Mathieu Germain, directeur du développement stratégique

Des résultats certifiés par l’Université Cornell Ces résultats probants ont été obtenus par l’équipe de recherche de renommée mondiale du département de génie civil et environnemental de l’Université Cornell, dans l’État de New York. Ce centre d’essais, le seul du genre au monde, est dirigé par le réputé professeur Thomas Denis O’Rourke. Actuellement, les villes de Hamilton, de Dollard-des-Ormeaux et de Montréal, entre autres, procèdent à des projets pilotes où plus de 2100 km d’AquaPipe ont été installés. Bientôt, Los Angeles et San Francisco auront aussi les leurs. « L’Aqua-Pipe est la seule technologie de réhabilitation de conduites souterraines sans tranchées complètement fabriquée en Amérique du Nord, ajoute Martin Bureau. Dans les cas où des travaux de rénovation du réseau sont prévus (dans des milieux densément peuplés, par exemple), nous coûtons environ 25 à 30 pour cent moins cher qu’une opération classique. Mais au-delà de ces chiffres, nous réduisons aussi considérablement notre empreinte environnementale. »

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REPORTAGE

UNE CULTURE INSCRITE DANS L’ADN DE L’ENTREPRISE Chez SANEXEN, on est loin du stéréotype du chercheur travaillant en solitaire dans son laboratoire. Sa réputation dans l’industrie de l’environnement tient, entre autres, à ce qui pourrait paraître un paradoxe : des scientifiques passionnés œuvrant au sein d’une équipe multidisciplinaire, et pressés de quitter leur labo afin de poursuivre leur « vrai » travail sur le terrain. Selon Marie-Chantal Savoy, vice-présidente, stratégie et communications chez LOGISTEC (la société mère), cette culture d’entreprise caractérise aussi son ADN : « Au Québec, plusieurs entrepreneurs ont vraiment eu comme mission de contribuer au développement économique ; on peut penser aux Serge Godin, Alain Bouchard, Jean Coutu, Lise Watier, aux frères Lemaire et bien sûr à notre présidente Madeleine Paquin. Ces grands bâtisseurs avaient des idées, une vision, un besoin d’innover et de grandir, et ce sont ces mêmes qualités qui distinguent LOGISTEC et SANEXEN. Chez nous, il existe une collaboration d’idées qui s’exprime sur le terrain avec nos clients. Nos ingénieurs, biologistes, chimistes, géologues, hydrologues, toxicologues et spécialistes en matières dangereuses travaillent en équipe multidisciplinaire et ne craignent pas de mettre leurs bottes de travail et de se salir les mains pour affronter sur le terrain des défis compliqués, tout en adaptant des technologies issues de nos laboratoires pour corriger les problèmes. Toujours vouloir aller plus loin, en équipe, et savoir se réinventer constamment, ça fait partie de la mission et des valeurs de SANEXEN. » « Nous misons sur une équipe multi-générationnelle, et c’est l’apport innovant de toutes ces générations qui permet à l’entreprise de continuer d’être au front de l’innovation et des projets d’envergure en environnement depuis plus de 35 ans », renforce Éric Sauvageau, vice-président exécutif.

Alex Mainville, directrice de la gestion des sols et des matériaux

Centre de traitement & lieu d’enfouissement de sols contaminés

Pour nous contacter 12 LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 16 N O 2 ÉTÉ 2020

> 844.212.8484 > pdacruz@signaterre.com > 175, chemin de la Cabane-Ronde Mascouche (Qc) J7K 0P1


REPORTAGE La multidisciplinarité : une clé L’innovation, la recherche et le développement sont les pièces maîtresses de l’échiquier de SANEXEN. Mathieu Germain, en poste depuis deux ans (et dont la feuille de route compte une maîtrise en droit de l’environnement et une expérience de travail de 13 ans chez le recycleur privé de métaux le plus important en Amérique du Nord, AIM), a d’abord appris à connaître SANEXEN comme client avant de choisir cette entreprise comme employeur. « C’est la multidisciplinarité de l’équipe et le volet innovation, qui pousse certains projets à un niveau supérieur, qui m’ont toujours impressionné chez SANEXEN. Idées différentes, originalité et créativité font en sorte que nous pouvons faire avancer des projets que d’autres dans l’industrie ne sont pas capables d’accomplir. »

« Nous sommes des passionnés. Ce que nous aimons, c’est de pouvoir trouver des solutions à des problèmes réels et complexes. Nous ne sommes pas dans la théorie, mais dans le concret. C’est ce que nous faisons depuis 35 ans. Nous nous réinventons constamment, parce que l’industrie et les besoins évoluent sans cesse », ajoute Mathieu Germain, en précisant que chez SANEXEN, « on est capable de parler exactement des bénéfices pour nos clients et pour toutes les parties prenantes, peu importe les projets, et de ce que SANEXEN pourra leur apporter concrètement ».

Quant à Marie-Chantal Savoy, qui travaille entre autres à faire reconnaître les compétences et les capacités uniques des membres de SANEXEN dans le monde de l’environnement, elle souligne que l’entreprise mérite d’être mieux reconnue : « Le travail que nous faisons ne se compare pas avec celui des autres entreprises, puisque nous sommes capables de résoudre des problématiques environnementales d’envergure partout en Amérique du Nord. Nous sommes des scientifiques en sarrau et en bottes de travail. » n

« Nous sommes des scientifiques en sarrau et en bottes de travail. »

Tant pour Marie-Chantal Savoy que pour Mathieu Germain, SANEXEN est avant tout une grande famille. « Les personnes qui travaillent chez nous ne sont pas des employés, mais de vrais collaborateurs », précise Marie-Chantal Savoy, afin de bien souligner l’importance de l’humain au sein de l’entreprise.

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LA PDG DE RECYC-QUÉBEC SALUE LES ACTEURS DE LA GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES Sonia Gagné Présidente-directrice générale de RECYC-QUÉBEC

entrée de jeu, je tiens à féliciter toutes les entreprises et les organisations qui œuvrent en gestion des matières résiduelles pour leur résilience, leur créativité et leur capacité d’adaptation. Dès les premiers jours de cette crise sanitaire sans précédent, RECYC-QUÉBEC travaillait d’arrache-pied pour s’assurer que le caractère essentiel de notre secteur d’activité soit reconnu et que l’accompagnement nécessaire soit prévu. Notre secteur est plus que jamais essentiel pour le Québec, tant sur le plan économique que sur le plan environnemental, et nous continuons d’avancer — avec vous.

D’

Au cours des derniers mois, l’équipe de RECYC-QUÉBEC a continué de vous soutenir et de faire progresser les projets sous sa gouverne ainsi que les orientations et les réformes prévues au calendrier gouvernemental, tout en s’adaptant à la nouvelle réalité du terrain. Voici un tour d’horizon des principaux chantiers que nous avons menés en temps de COVID-19 : 1.

COORDONNER LES RÉFORMES ANNONCÉES PAR LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC Notre organisation est au cœur de l’avancement des réformes majeures annoncées par le gouvernement du Québec en début d’année. Fidèles à notre mandat, nous avons continué de fédérer et de mobiliser l’ensemble des parties prenantes pour que progressent les dossiers de l'élargissement de la consigne et de la modernisation du système de collecte sélective ainsi que ceux entourant la Stratégie de valorisation de la matière organique, annoncée en juillet. 2.

SOUTENIR L’INNOVATION, LE DÉVELOPPEMENT, LA RECHERCHE ET LA MODERNISATION Le Plan d’action 2019-2024 de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, dévoilé en début d’année, a fait l’objet de plusieurs webinaires au cours desquels les représentants municipaux, les entreprises et les organisations ont pu saisir les occasions de contribuer à l’avancement des différents chantiers. Outre un montant de près de 30 millions de dollars pour soutenir les réformes et appuyer des projets de modernisation des installations et de recherche de débouchés, les autres programmes viennent pour leur part soutenir les efforts de réduction à la source et d’économie circulaire ainsi que, plus important encore, ceux du citoyen en matière de saine gestion de ses matières résiduelles.

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Le secteur des matières résiduelles a répondu présent aux différents appels de propositions que nous avons lancés, et près d’une centaine de projets sont actuellement analysés par nos professionnels. Les soutiens financiers qui seront accordés au cours des prochains mois contribueront à la relance économique du Québec et créeront assurément un effet de levier chez nos entreprises québécoises. 3.

CONTINUER D’ÊTRE LA RÉFÉRENCE DANS LES DOMAINES DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE ET DE LA LUTTE AU GASPILLAGE ALIMENTAIRE En plus des webinaires de formation donnés par nos professionnels, nous avons été actifs sur le plan de la recherche. Nous avons notamment lancé l’étude réalisée conjointement avec Éco Entreprises Québec et le National Zero Waste Council sur les répercussions du gaspillage alimentaire et de la réduction des emballages, diffusé l’ensemble des données du Bilan 2018 de la gestion des matières résiduelles au Québec. Et nous piloterons une première en Amérique et dans la francophonie avec la firme de calibre international Circle Economy : la production d’un « circularity gap report », c'est-à-dire un rapport sur la mesure de circularité de l’économie du Québec. Toutes ces activités contribuent à éclairer nos décisions ainsi que nos orientations actuelles et futures. 4.

FAIRE RAYONNER VOS INITIATIVES Nous avons lancé sur les réseaux sociaux la campagne L’économie circulaire en action, mettant en vedette des organisations qui ont adapté leur modèle d’affaires et leurs processus et contribué à un approvisionnement local, appliquant ainsi une des stratégies de l’économie circulaire. Les innovations de nos organisations attestées ICI on RECYCLE + ont continué d’être mises en lumière ainsi que les bonnes nouvelles de nos partenaires. Toute l’équipe de RECYC-QUÉBEC remercie les intervenants qui se sont mobilisés pour nous permettre de ressortir encore plus forts de cette crise et d’entrevoir l’avenir avec optimisme. Grâce à vous, nous pouvons dire que la gestion des matières résiduelles est un service essentiel d’aujourd’hui et de demain. n


SUR LE RADAR

OUI, LES CONTENANTS MULTICOUCHES SE RECYCLENT ! FIBRES SUSTANA S’EN CHARGE.

Guy Des Rochers Rédacteur info@magazine3rve.cc

Le mythe tenace voulant que les contenants multicouches ne se recyclent pas vient d’en prendre un coup. Fibres Sustana, une papetière de Lévis, transforme depuis la mi-avril les contenants multicouches d’aliments et de boissons en une pâte blanche d’excellente qualité.

ous produisons une matière première destinée à la fabrication de papier d’impression, d’emballage, de papier tissu et de couches de blanc sur du carton, et ce, à partir de contenants multicouches. Nous en sommes très fiers. Chez Sustana, nous sommes convaincus que l’avenir du Québec doit de plus en plus passer par l’utilisation de nos ressources renouvelables dans un contexte d’économie circulaire », déclare JeanSébastien Foisy, vice-président des opérations à l’usine de Lévis.

«N

Les contenants multicouches sont pourtant recyclables depuis des années : « Il ne faut pas croire que, parce qu’ils ne trouvaient pas de débouchés au Québec, ils n’étaient pas recyclables. Actuellement, nous nous réjouissons de pouvoir compter sur un recycleur de proximité. Sustana est la première usine canadienne en vingt ans à recycler les contenants multicouches. Cette décision représente un jalon important pour notre industrie », explique Isabelle Faucher, directrice générale du Conseil canadien des manufacturiers de contenants multicouches (CCMCM), lequel est formé de quatre entreprises concurrentes qui ont choisi de s’associer pour s’attaquer à la question environnementale de la fin de vie des contenants. Parmi d’autres mythes à défaire, il y a aussi celui du vocabulaire : « Contenant multicouche est le terme que nous utilisons et que nous aimerions voir adopter universellement, ajoute Isabelle Faucher. Cependant, certains intervenants du milieu les nomment en employant une marque de commerce, Tetra Pak, qui est le nom d’un manufacturier. Nous essayons de décourager cette dénomination. » Que cette catégorie d’emballage appartienne à l’un ou l’autre des deux types connus — les contenants à longue conservation et les contenants réfrigérés (à pignons) —, les multicouches sont principalement constitués de papier cartonné sur lequel sont ajoutées de fines couches de polyéthylène (plastique) et, dans le cas des contenants à longue

conservation, une mince couche d’aluminium. « Le contenant multicouche n’est pas du carton enduit de cire, précise Mme Faucher. Toutes les impressions sont produites sur la couche de plastique, et non pas sur le carton. C’est pour cela que la fibre récupérée est une longue fibre entièrement blanche, ce qui en fait une fibre de qualité optimale. » SUSTANA, LE SEUL ACHETEUR AU CANADA Même si Fibres Sustana est devenue le premier et seul acheteur local de contenants multicouches au Canada, sa filiale américaine située à De Pere, au Wisconsin, recycle déjà des multicouches depuis plus de dix ans. L’usine de Lévis n’était donc pas en terrain inconnu. « La récupération des fibres et l’approvisionnement en fibres alternatives sont des éléments clés des activités de Fibres Sustana, mais à Lévis, nous franchissons une étape importante avec les multicouches », ajoute Jean-Sébastien Foisy. Fibres Sustana recycle environ 130 000 tonnes de papier blanc par année, dont 3 000 à 4 000 tonnes seulement de multicouches pour l’instant. « En vertu de la matière disponible, le potentiel à long terme est de 15 000 tonnes par année, dit-il. Mais pour cela, il faut une réponse positive de l’industrie de la récupération. »

« Tous les centres de tri au Québec qui traitent les matières issues de la collecte sélective acceptent les contenants multicouches, explique Isabelle Faucher, mais ils ne produisent pas tous les ballots purs de multicouches que les recycleurs comme Fibres Sustana recherchent. Actuellement, sur les 23 centres de tri du Québec, nous pouvons compter sur 11 centres qui font le tri séparé. Heureusement, ce sont de gros joueurs de l’industrie. Les autres les mélangent encore avec d’autres types de fibres, ce qui n’est pas optimal. » Le CCMCM offre des ressources aux centres de tri afin d’appuyer ceux qui voudraient se mettre au tri séparé des contenants multicouches ou optimiser leurs processus. « Nous espérons que la décision de Sustana pourra éventuellement inspirer d’autres joueurs, tant au Québec qu’ailleurs dans l’est du Canada, à adopter la pratique du tri séparé, maintenant qu’un acheteur local existe », affirme Isabelle Faucher. Pour Jean-Sébastien Foisy, Fibres Sustana cherche à se démarquer afin d'être à l’avant-garde environnementale : « Le multicouche est pour nous ce morceau de casse-tête qui nous manquait afin d’y arriver. » n

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3RVE VOL. 16 N O 2 ÉTÉ 2020


LA RELANCE DE L’ÉCONOMIE VERTE AU TEMPS DE LA COVID-19

CETEQ

Richard Mimeau Directeur général Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) rmimeau@ceteq.quebec

l’entreprise. En prévision d'un important manque de liquidités publiques, cette avenue pourrait être prometteuse pour le gouvernement du Québec. Les programmes gouvernementaux qui existent déjà devraient, à tout le moins, financer les initiatives de façon équitable. Nous devrions financer le résultat et non pas les moyens utilisés pour l’atteindre.

D

epuis la dernière parution du 3Rve, nous avons tous été plongés dans un tourbillon d’annonces et dans une gestion de crise sans pareille au Québec. Bien que plusieurs entreprises de notre industrie aient été qualifiées de services prioritaires, elles ont dû ralentir leurs activités de façon importante. En prévision de la reprise des activités économiques en temps de pandémie, nous avons produit un document de relance. Nous avons ainsi déterminé des actions sur lesquelles le gouvernement du Québec devrait se concentrer afin d’accélérer la reprise économique. En voici un aperçu :

Pourrions-nous imposer, dans les appels d’offres des organisations publiques, des critères de pondération favorisant les technologies vertes ou les modes de gestion plus innovants ?

CONSIDÉRER L’HISTORIQUE DES ENTREPRISES Nous proposons d’instaurer une voie réservée pour les entreprises qui assainissent l’environnement et qui ont déjà une relation d’affaires avec le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). Par exemple, les entreprises qui doivent renouveler leurs permis chaque année obtiendraient leurs documents dans les temps requis et pourraient démarrer leurs projets plus rapidement.

REVOIR LES PROCESSUS D’APPELS D’OFFRES À l’heure actuelle, des entreprises innovantes peinent à obtenir du soutien gouvernemental puisque certaines technologies n’ont pas d'antécédents commerciaux soutenus. Sans ceux-ci, les contrats sont plus difficiles à décrocher dans le processus actuel d’appels d’offres. Sachant que les organisations publiques ne peuvent confier de projets sans appel d’offres, il est difficile pour ces entreprises innovantes de percer. Or, il faut favoriser le développement de vitrines. Cette situation décourage l’innovation et ralentit le processus de relance de notre économie. Par exemple, pourrions-nous imposer, dans les appels d’offres des organisations publiques, des critères de pondération favorisant les technologies vertes ou les modes de gestion plus innovants ? Ainsi, ce ne serait plus toujours le plus bas soumissionnaire conforme qui remporterait les contrats.

ENCADRER LA TRAÇABILITÉ DES MATIÈRES Toujours en concordance avec le plan de relance gouvernemental et les grands travaux qui en découleront, la traçabilité des matières doit être implantée en priorité. Le gouvernement ne peut permettre aux entreprises issues de l’économie parallèle de profiter de cette relance. Il faudra impérativement suivre les sols contaminés et les résidus de construction, de rénovation et de démolition (CRD) que généreront les activités de relance. Le règlement sur lequel le gouvernement planche présentement ne sera pas prêt à temps. Afin de remédier à ce problème, nous recommandons au gouvernement d’utiliser, dans l’intervalle, l’application Traces Québec. Et n’oublions pas les répercussions négatives sur l’environnement et sur les comptes publics : on ne peut permettre aux entreprises illicites de faire des affaires d’or au détriment des entreprises qualifiées de l’industrie. ACCORDER UNE SOUPLESSE À L’INDUSTRIE Nous souhaitons que le M E LCC et son Centre de contrôle environnemental fassent preuve d’une certaine souplesse. Comme il s’agit d’une situation planétaire, il faut s’attendre à ce que la relance économique se fasse à différentes vitesses. Plusieurs entreprises d’ici œuvrant dans le secteur de l’environnement devront donc affronter des défis sur le plan de la disponibilité des matières, des ressources premières et des débouchés. Devant cette reprise à plusieurs niveaux, nous demandons au MELCC de faire preuve de tolérance face à certains éléments qui encadrent les autorisations ministérielles existantes, comme l’entreposage de certaines matières résiduelles. L’émission d’avis de non-conformité lors de cette relance, alors que les marchés sont et seront instables pour une période encore inconnue, pourrait non seulement nuire à la relance de l’industrie, mais également compromettre la pérennité de certaines entreprises. FAVORISER LES INVESTISSEMENTS PRIVÉS Les programmes gouvernementaux devraient financer les initiatives privées plutôt que les initiatives publiques. En effet, les initiatives privées nécessitent moins de fonds et le risque d’un projet n’est assumé que par

Les appels d’offres devraient également être octroyés dans une perspective à long terme. Une entreprise privée voudra investir dans un projet lorsque la matière résiduelle ou le gisement visé lui sera garanti sur une période donnée. Ce faisant, chacun y trouvera son compte : le gouvernement pourra financer ses activités à moindre coût et les risques seront assumés par l’entreprise privée, qui obtiendra en échange une matière garantie. ENCOURAGER L’INNOVATION ET LES PROJETS PROMETTEURS De même, le gouvernement devrait appuyer une plus grande proportion de projets innovants. Comme l’enveloppe budgétaire destinée aux projets d’innovation est limitée, le gouvernement n’appuie présentement qu’un certain nombre de projets. Or, il devrait appuyer tous les projets qui ont une cote acceptable afin de soutenir le plus grand nombre d’initiatives prometteuses. Bien entendu, certains projets n’obtiendront pas le financement escompté, mais le gouvernement en sortira gagnant puisqu’il obtiendra plus de choix pour atteindre ses objectifs. Comme ces projets ont tous été préalablement analysés par le gouvernement, il s’agit probablement de la façon la plus efficace de relancer l’économie, sans devoir créer un nouveau programme. En ces temps de COVID-19, la relance est assurément l’affaire de tous. En augmentant le niveau de collaboration entre l’industrie et le gouvernement, nous obtiendrons des mesures concrètes qui iront au-delà de la crise que nous vivons actuellement. C’est le Québec tout entier qui en bénéficiera. n

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UNE APPLICATION POUR LE PAPIER DES PANNEAUX DE GYPSE RECYCLÉS

3R MCDQ

Gilles Bernardin Ing., MBA Président et directeur général 3R MCDQ gbernardin@3rmcdq.qc.ca

es débris de panneaux de gypse provenant des chantiers de construction, de rénovation et de démolition (CRD) représentent environ 200 000 tonnes annuellement 1. Pour les recycler, la marche à suivre est relativement simple : déchiquetage, broyage, séparation de la pellicule de papier du noyau de gypse et réduction du gypse en poudre.

L

tests d’écotoxicité réalisés avec des vers de terre en présence de ce papier ont montré une tendance à limiter leur reproduction et la croissance de leurs jeunes. Ce test a cependant été réalisé avec le papier de gypse seul, sans présence de fumier, et il ne reproduisait donc pas les conditions réelles d’épandage de fumier incorporant du papier de gypse. En conclusion, le MELCC a demandé de reprendre des analyses sur une litière composée de copeaux de bois et de papier de gypse ; une fois incorporée au fumier, cette litière devra être analysée avant et après avoir été compostée. Lors de notre recherche de marchés pour ce papier, la firme New West Gypsum — qui exploite huit usines de recyclage de panneaux de gypse (cinq en Europe et trois en Amérique du Nord) nous a transmis une étude 2 réalisée en 2013 à la demande du Resource Recovery Fund Board de la Nouvelle-

Le papier généré lors cette opération représente environ 10 % de la masse, soit 20 000 tonnes par année. À défaut de marché, on doit investir 2,4 M$ pour éliminer cette matière (à 120 $ la tonne, y compris le coût de transport et de disposition). En revanche, les revenus espérés du gypse recyclé seraient de l’ordre de 5,4 M$ (à environ 30 $ la tonne). Ce contraste montre combien les coûts d’élimination viennent gruger les revenus de vente, et soulignent ainsi l’importance de développer des marchés pour ce papier. Au Québec, on a récemment proposé d’utiliser ce papier comme litière animale. Or, des inquiétudes ont été soulevées relativement à la présence de contaminants, entre autres dans la peinture présente sur ce papier. Des analyses réalisées par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) sur 18 échantillons de papier provenant d’un inventaire d’environ 2 500 tonnes ont montré que, si on exclut le mercure, la teneur en métaux était inférieure aux critères en vigueur. Cependant, des

Site d’enfouissement Lagune/étangs aérés Compostage Transbordement Abattement H2S

Écchanttill É illlo onne neur s Bo ouées o ué uée ée es autonomes auto onomes Oxygène O xy xyg ygè gè ène dissous disssous DCO//DBO DCO/DBO MES Vo oile ile de boue boue Détecteur Dé éte ecte eur de H2S auto tonome Ne eutralisation e utra alissatio on des de es ode deurs

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U N E A P P L I C ATI O N P O U R L E PA P I E R D E S PA N N E A U X D E GYP S E R E CYC LÉS

Écosse. Des débris de panneaux de gypse, y compris le papier et le noyau de gypse, ont été mélangés (dans un ratio de 25 %) à du bois de CRD pour produire une litière destinée à des fermes laitières. Cette étude a entre autres comparé cette litière à de la ripe et à des sciures de bois séchées afin de vérifier si elle était inoffensive pour le bétail et l’environnement, en réalisant des analyses de populations bactériennes sur la litière et les trayons de la vache, ainsi qu’en analysant les métaux lourds, les contaminants organiques, le confort du bétail, la propreté des vaches, les odeurs, l’absorption, la facilité de manipulation et la valeur des éléments nutritifs appliqués aux champs agricoles, et en faisant une comparaison économique avec la litière traditionnelle. Cette étude a démontré que la litière constituée de bois et de gypse était un produit plus économique que les copeaux et la sciure séchés au four. Selon les prix actuels, pour un volume équivalent de produit, elle coûte 30 % moins cher que la sciure et 20 % moins cher que les copeaux séchés au four. Présentement, environ 50 fermes (dont 90 % de fermes laitières et 10 % de producteurs de bœufs, de visons ou de chevaux) en NouvelleÉcosse utilisent cette litière, qui n’a pas un statut de matière résiduelle et dont l’usage ne requiert pas de certificat d’autorisation 3.

Par contre, selon la réglementation présentement en vigueur au Québec, le papier de gypse a un statut de matière résiduelle. Conséquemment, toute utilisation de celui-ci comme litière doit être autorisée par le MELCC. Or, le fait d’exiger que chaque ferme utilisant ce papier obtienne préalablement une autorisation ministérielle susciterait un désintérêt pour cet usage. De plus, alors que le Québec propose de rationaliser et de simplifier le processus d’autorisation, un nombre appréciable de demandes d’autorisation ministérielle devraient être déposées par des exploitants de parcs d’engraissement de bouvillons (qui sont 80 pour un cheptel de 80 000 bouvillons 4) ou des exploitants de fermes laitières (qui sont 4 900 pour un cheptel de 356 000 vaches 5) sur la base du fait qu’annuellement, pour une tête de bétail, une tonne de papier mélangée en parts égales avec la litière de bois serait requise. Si le papier de gypse utilisé comme litière ne perd pas son statut de matière résiduelle au Québec, espérons que le projet de règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement (REAFIE) accordera une exemption pour cet usage : le recyclage des 200 000 tonnes de débris de panneaux de gypse en dépend. n

1

RECYC-QUÉBEC. (2018). Étude sur le gypse résiduel au Québec : analyse de la filière de recyclage. Consulté en ligne à : https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/etude-gypse-residuel-deloitte.pdf

2

LP Consulting Limited. (2013). Waste Wallboard and Wood Fiber for Use as an Alternative Dairy Bedding Material. Final Report for Resource Recovery Fund Board. Consulté en ligne à : https://divertns.ca/assets/files/Final-Report-Waste-Wallboard-and-Wood-Fiber-for-Use-as-an-Alternative.pdf

3

Leblanc, L., Chassie, D., Keefe, G. et Anderson, D. (2016). Waste Wallboard and Wood Fiber Alternative Dairy Bedding. Consulté en ligne à : http://www.atcanswana.org/atlanticwasteconference/pdfs/2016/conf/DiversionofConstructionAndDemolitionMaterials/ABT1c-2LeblancAlternativeDairyBedding.pdf Duey, C. (s. d.) Waste Wallboard and Wood Fiber Alternative Dairy Bedding. Consulté en ligne à : https://divertns.ca/assets/files/Bovidae.pdf

4

Bœuf Québec. (s. d.) Les éleveurs de bouvillons du Québec. Consulté en ligne à : https://boeufquebec.org/les-eleveurs-de-bouvillons-du-quebec/

5

Centre canadien d’information laitière. (2020). Nombre de fermes, de vaches et de génisses. Consulté en ligne à : https://www.dairyinfo.gc.ca/fra/statistiques-et-information-sur-les-marches-laitieres/statistiques-sur-la-ferme/fermes-vaches-et-genisses/?id=1502467423238

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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE, EFFICACE EN TEMPS DE CRISE !

CTTEI

FÊlix Cadotte B. Sc. G. ChargÊ de projets, symbiose industrielle Centre de transfert technologique en Êcologie industrielle felix.cadotte@cttei.com Avec la collaboration d’Ugo Forcier, chargÊ de projets en Êconomie circulaire Symbiose agroalimentaire MontÊrÊgie, un projet du Conseil rÊgional de l’environnement de la MontÊrÊgie

ugo.forcier@crem.qc.ca

DES SYNERGIES DE SUBSTITUTION EN TEMPS DE PANDÉMIE Alors que des pĂŠnuries de matĂŠriel spĂŠcialisĂŠ ont pris de court le QuĂŠbec en raison de la pandĂŠmie, les animateurs de la communautĂŠ Synergie QuĂŠbec se sont activĂŠs dans 22 territoires au QuĂŠbec pour mettre en contact des entreprises ayant des ressources inexploitĂŠes et rĂŠpondre aux besoins de leurs milieux. La synergie rĂŠalisĂŠe entre Gestion P.A.S., qui disposait de mĂŠlasse, et la Distillerie de la Chaufferie, reconvertie en producteur d’alcool dĂŠsinfectant Ă partir de matière organique, tĂŠmoigne du succès des symbioses industrielles Ă rĂŠaliser rapidement des maillages qui engendrent des ĂŠconomies pour les entreprises en plus de servir l’intĂŠrĂŞt gĂŠnĂŠral. PRODUCTION LOCALE D’ALCOOL DÉSINFECTANT Face Ă la propagation de la COVID-19, plusieurs ĂŠconomies ont rĂŠalisĂŠ leur dĂŠpendance vis-Ă -vis de l’approvisionnement international en

produits essentiels. Au QuĂŠbec, la rĂŠgion de Granby a ĂŠtĂŠ touchĂŠe par l’Êclosion du virus au mois de mars. Dès le 23 mars, la Distillerie de la Chaufferie, qui possède ses propres alambics et fermente son alcool de base dans le cadre de sa production habituelle de vodka et de gin, s’est mobilisĂŠe. Elle a dĂŠcidĂŠ d’utiliser son intrant principal, le seigle, pour rĂŠpondre aux besoins du milieu en alcool dĂŠsinfectant. Le travail et l’agilitĂŠ de la distillerie ont ĂŠtĂŠ formidables. L’ajustement du procĂŠdĂŠ reprĂŠsentait des dĂŠfis techniques et de productivitĂŠ. La cĂŠrĂŠale de seigle n’est pas le meilleur intrant pour produire de l’alcool dĂŠsinfectant rapidement et sans pertes.

La force & la solidaritÊ, c’est aussi contagieux!

Ensemble pour AGIR, INNOVER, DÉVELOPPER Depuis 1997

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L’ É C O N O M I E C I R C U L A I R E , E F F I C A C E E N T E M P S D E C R I S E !

Qu’à cela ne tienne ! Avec Johanne Tanguay, directrice de TransformAction, un appel a été lancé le 25 mars pour trouver des matières sucrées adaptées à cette fermentation. La réponse a été incroyable. En quelques jours, plus de 50 offres de matières ont été reçues : mélasses, sirops, légumes, lactosérum, fruits. LA MÉLASSE À LA RESCOUSSE, CHIFFRES À L’APPUI La mélasse de Gestion P.A.S., située à Barnston en Estrie, est issue de la transformation de betteraves à sucre. Elle s’est qualifiée pour optimiser la production de l’alcool neutre avec de multiples bénéfices. Facile à fermenter, générant moins de déchets, venant de moins loin que le seigle et moins coûteuse, la mélasse a accru la productivité de la production de la distillerie de 30 % ! La mobilisation des acteurs a fait une différence jusqu’au niveau réglementaire. Une dérogation temporaire a été obtenue de la RACJ, ce qui est nécessaire afin d’autoriser un titulaire de permis de fabrication de produits alcooliques à donner ou à vendre ses produits à un distillateur en vue de la fabrication d’antiseptiques. Créer des occasions d’affaires, c’est la force de la communauté Synergie Québec et de ses animateurs. La connaissance des territoires, la capacité de mise en relation des entreprises et

des experts, l’optimisation des procédés et la caractérisation des flux permettent de créer de nouvelles chaînes de valeur. On en prend encore plus conscience en temps de crise. La synergie en bref : = Pour 1000 litres de mélasse => 550 litres d’alcool désinfectant ; 4 Avec les 17 000 litres de mélasse reçus, la Distillerie de la Chaufferie a produit 9350 litres de désinfectant destiné aux entreprises et aux particuliers de la région de Granby ;

Un monde de possibilité Parce que vos produits ont beaucoup à offrir, chaque fibre compte.

= Une économie de 24 tonnes de matière vierge (seigle) ; = Une réduction des émissions de gaz à effet de serre équivalant à 6,9 tonnes de CO2 ; = Des économies de plus de 7 500 $ ; = Un exemple inspirant de suprarecyclage : habituellement utilisée pour l’alimentation animale, la mélasse contribue à la production d’un bien à plus grande valeur ajoutée. En plus d’autres exemples de synergie partout au Québec, d’autres brasseurs locaux, comme la Brasserie Dunham, se sont joints à la Distillerie afin d’augmenter la capacité de production totale et participer à ce succès de solidarité. n

DES EXEMPLES PARLANTS D’ÉCONOMIE CIRCULAIRE L’exemple de la mélasse distillée est emblématique des méthodes de travail et des gains obtenus grâce aux symbioses industrielles. Afin d’inspirer d’autres organisations, Synergie Québec et le CTTÉI ont publié au printemps 2020 un Recueil de synergies dans lequel 25 entreprises et organismes témoignent, chiffres à l’appui, des retombées de leurs synergies d’affaires. Les animateurs de Synergie Québec appuient les entreprises pour rentabiliser leurs ressources, qu’il s’agisse de matières résiduelles, d’équipements sous-utilisés, de main-d’œuvre ou de transport. Le Recueil s’inscrit dans les travaux de recherche de la Chaire de recherche sur l’écologie industrielle et territoriale (CRÉIT) pilotée par le CTTÉI et le Cégep de Sorel-Tracy. Pour consulter et télécharger le Recueil, rendez-vous sur http://www.cttei.com/recueil-de-synergies/

sustanagroup.com 21 LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC

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3RVE VOL. 16 N O 2 ÉTÉ 2020


LES REDEVANCES ET LES PÉNALITÉS AU COEUR DE LA STRATÉGIE DE VALORISATION DE LA MATIÈRE ORGANIQUE

LE JURIDIQUE

redevances exigibles pour l’élimination de matières résiduelles 2 au cours des trois prochaines années.

Me Thibaud Daoust Avocat, LL. B. Daigneault, avocats inc. thibaud.daoust@daigneaultinc.com

Notons au passage que le bannissement de l’élimination des matières organiques est abordé succinctement à la direction 14 de la Stratégie. Laconiquement, on y mentionne que l’opportunité du bannissement continuera d’être évaluée. Il s’agit donc d’un autre report de cette mesure officiellement mise de l’avant en 2011 dans la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles.

L

e 3 juillet 2020, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (ci-après « MELCC ») dévoilait sa Stratégie de valorisation de la matière organique (ci-après la « Stratégie »)1. Il s’agit en fait du plan de route du MELCC afin d’atteindre son objectif de valoriser 70 % de la matière organique d’ici 2030. Pour ce faire, le MELCC se dote de 14 « directions » mettant de l’avant les solutions et les projets qui seront privilégiés au cours des dix prochaines années. Ces 14 directions peuvent être réparties en deux groupes : un premier comportant des solutions transversales et un deuxième qui énonce des solutions propres à certaines matières organiques. Nous nous attarderons spécialement aux solutions transversales abordées dans les directions 1 et 3, qui impliqueront des modifications progressives au Règlement sur les 1

Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. (2020). Stratégie de valorisation de la matière organique. Consulté en ligne à : http://www.environnement.gouv.qc.ca/matieres/organique/strategie-valorisation-matiereorganique.pdf

2

RLRQ, c. Q-2, r. 43.

3

Règlement modifiant le Règlement sur les redevances pour l'élimination de matières résiduelles, Décret 433-2020, G.O.Q. II, 22 avril 2020, p. 1557.

DIRECTION 1 – HAUSSER LES REDEVANCES POUR L’ÉLIMINATION DE MATIÈRES RÉSIDUELLES Le titre de cette direction est assez explicite quant à son contenu, qui comporte deux mesures détaillées. En premier lieu, le MELCC prévoit hausser à un taux de 30 $ par tonne les redevances exigibles lors de l’élimination de matières résiduelles d’ici 2022. Il s’agit là évidemment de la redevance totale à payer, la distinction entre redevances régulières et redevances supplémentaires étant vouée à disparaître le 1er janvier 20213. Il s’agit là d’un bond de 28 % comparativement au taux de 23,51 $ actuellement en vigueur, soit la plus grande augmentation depuis l’introduction des redevances supplémentaires en 2010. Pour les années subséquentes à 2022, le taux des redevances croîtra annuellement de 2 $ par tonne. En deuxième lieu, le MELCC prévoit, pour 2022, la création d’une redevance pour les matières résiduelles qui sont utilisées de manière journalière comme matériau de recouvrement dans les lieux d’élimination. Le montant de cette nouvelle redevance sera associé à la redevance à l’élimination, et progressera pour équivaloir au tiers de cette dernière.

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L E S R E D E V A N C E S E T L E S PÉN A L ITÉS A U C Œ U R D E L A STR ATÉG I E

Par la crĂŠation de cette nouvelle redevance, l’intention du MELCC est claire : il veut diminuer la quantitĂŠ de matĂŠriaux de recouvrement utilisĂŠs et rediriger certaines matières vers d’autres filières de valorisation. Par contre, la mesure annoncĂŠe ne comporte aucune exception. Selon nous, une telle mesure mĂŠriterait d’être tempĂŠrĂŠe : le recouvrement journalier sert des buts prĂŠcis en matière de gestion et de prĂŠvention des nuisances (odeurs, insectes, incendies). Il pourrait ĂŞtre opportun de prĂŠvoir qu’une couche minimale de matĂŠriaux de recouvrement soit exemptĂŠe de la nouvelle redevance, et ce, mĂŞme si des matières rĂŠsiduelles sont utilisĂŠes. En l’absence d’une telle exemption, un exploitant de lieu d’enfouissement qui valoriserait certaines matières rĂŠsiduelles comme matĂŠriau de recouvrement serait pĂŠnalisĂŠ par rapport Ă un exploitant qui ne ferait pas cet effort de valorisation et n’utiliserait que des sols nobles pour son recouvrement. Nous nous interrogeons donc sur l’effet qu’aura l’imposition de cette nouvelle redevance sur toute valorisation de matières rĂŠsiduelles comme matĂŠriau de recouvrement dans les lieux d’Êlimination. DIRECTION 3 – COMPLÉTER LA COLLECTE DE LA MATIĂˆRE ORGANIQUE Cette direction a pour but de permettre au MELCC d’atteindre son ambitieux objectif d’assurer la desserte de la totalitĂŠ des industries, commerces, institutions et logements d’ici 2025, y compris par la crĂŠation de rĂŠgimes de pĂŠnalitĂŠs. Le MELCC prĂŠvoit notamment parvenir Ă cet objectif en instaurant dès 2022 un rĂŠgime temporaire de pĂŠnalitĂŠs financières que devront payer les transporteurs privĂŠs qui acheminent des matières rĂŠsiduelles Ă l’Êlimination alors que leurs clients ne sont pas dotĂŠs d’un système de collecte du papier, du carton et des rĂŠsidus alimentaires et verts. Ces pĂŠnalitĂŠs seraient vouĂŠes Ă disparaĂŽtre une fois en vigueur l’obligation, pour tous les ĂŠtablissements industriels, commerciaux, institutionnels et rĂŠsidentiels, de mettre en place la collecte de ces matières. Pour optimiser la rĂŠcupĂŠration des matières rĂŠsiduelles du domaine de la construction, de la rĂŠnovation et de la dĂŠmolition, le MELCC envisage ĂŠgalement de crĂŠer un système de pĂŠnalitĂŠs financières pour les transporteurs privĂŠs qui achemineront Ă l’Êlimination ces matières sans qu’elles soient prĂŠalablement passĂŠes par un centre de tri reconnu.

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Par la crĂŠation de ces deux rĂŠgimes de pĂŠnalitĂŠs, les transporteurs (acteurs jusque-lĂ exclus du cadre rĂŠglementaire sur les redevances) seront directement impliquĂŠs dans l’atteinte des objectifs de la StratĂŠgie. Cette dernière propose ĂŠgalement que les redevances pour l’Êlimination soient payĂŠes directement par les centres de transfert de matières rĂŠsiduelles destinĂŠes Ă l’Êlimination. Ces centres de transfert avaient dĂŠjĂ l’obligation de dĂŠclarer les quantitĂŠs de matières rĂŠsiduelles qu’ils recevaient, mais les donnĂŠes prĂŠcises sur l’origine des matières ne se rendaient pas nĂŠcessairement jusqu’à l’exploitant du lieu d’enfouissement. En dĂŠplaçant une partie de la responsabilitĂŠ de verser les redevances en amont des lieux d’Êlimination, le MELCC espère augmenter la traçabilitĂŠ des matières et ainsi pouvoir mieux gĂŠrer l’application des nouveaux rĂŠgimes de pĂŠnalitĂŠs. LES MODIFICATIONS RÉGLEMENTAIRES Afin de mettre en place la StratĂŠgie, le gouvernement devra nĂŠcessairement apporter plusieurs modifications au Règlement sur les redevances exigibles pour l’Êlimination de matières rĂŠsiduelles. Ce processus de modification devrait s’amorcer dès 2021 et s’Êtaler jusqu’en 2023, selon l’ÊchĂŠancier de la StratĂŠgie. Ă€ l’occasion du bilan de mi-parcours de la StratĂŠgie, en 2024, le MELCC pourra de nouveau sonder les acteurs du milieu et sera Ă mĂŞme d’Êvaluer l’efficacitĂŠ et les effets, prĂŠvus ou non, des mĂŠthodes privilĂŠgiĂŠes dans sa StratĂŠgie. n

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