AUTOMNE 2017, vol. 13 no 3
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Le magazine de l’eau au Québec
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Convention de la poste-publications no 41122591
Réseau Environnement
La convergence du savoir, la synergie de l’action
La contribution du secteur non résidentiel à l’économie d’eau
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Les haltes routières : un défi en gestion des eaux usées
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La génération de chlore sur site : une technologie à découvrir
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Réseau Environnement
La convergence du savoir, la synergie de l’action Un dossier de Guy Des Rochers M. Lalumière insiste sur le fait que Réseau Environnement est beaucoup plus qu’un organisateur d’événements : « Bien sûr, nous organisons beaucoup d’activités, comme des colloques, des salons d’exposition, etc. Mais nous sommes surtout une communauté d’experts qui échangent régulièrement pour améliorer les pratiques et qui se retrouvent au cœur de l’action. Outre le volet technique, il existe aussi un volet décisionnel où nous sommes très actifs, assure-t-il. Par le PEXEP, nous intervenons régulièrement dans des décisions cruciales pour la qualité de l’eau potable. »
SOMMAIRE
chroniques 14
ÉCONOMIE D'EAU POTABLE LA CONTRIBUTION DU SECTEUR NON RÉSIDENTIEL À L’ÉCONOMIE D’EAU
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MILIEUX HUMIDES ANALYSE DE LA LOI CONCERNANT LA CONSERVATION DES MILIEUX HUMIDES ET HYDRIQUES
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EAU POTABLE IMAGINEZ UNE JOURNÉE SANS EAU
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ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ LES HALTES ROUTIÈRES : UN DÉFI EN GESTION DES EAUX USÉES
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EAU POTABLE LA GÉNÉRATION DE CHLORE SUR SITE : UNE TECHNOLOGIE À DÉCOUVRIR
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LES AMIS DE SOURCE
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Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.
Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc
Collaboration spéciale Guy Des Rochers
Coordonnatrice à la direction de l'édition Noémie Vallet Téléphone : 450 508-1515 nvallet@maya.cc
Chroniqueurs Sylvain Boudrias Cle ́ment Cartier Jean-Se ́bastien Grenier Mathieu Laneuville Louis-Philippe Lefebvre
Direction artistique MAYA.cc
Photos de la page couverture et de l’entrevue Michel Chartrand
Designer graphique Sylvain Malbeuf (SymaPub)
Révision linguistique Émilie Pelletier
Espace publicitaire André Dumouchel Téléphone : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Québec) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazinesource.cc www.magazinesource.cc Impression Carpe diem
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Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine SOURCE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine SOURCE est publié trois fois l’an.
AUTOMNE 2017, vol. 13 no 3
Le magazine de l’eau au Québec
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ÉDITORIAL
u Québec, l’eau est une richesse collective. Mais elle vient aussi avec une grande responsabilité : celle de la préserver.
A
André Dumouchel adumouchel@maya.cc
Avec ses dizaines de milliers de rivières et plus de trois millions de plans d’eau, le Québec possède 3 % des réserves en eau douce renouvelable de la planète. Quelle chance, et quelle responsabilité nous avons !
Non seulement cette quantité d’eau est amplement suffisante pour répondre à tous nos besoins, mais en plus, chaque fois que nous ouvrons un robinet, nous nous désaltérons en sachant qu’il n’y aura aucun risque pour notre santé. En effet, dans notre magnifique écosystème à l’eau douce s’insinue une fabuleuse filière : celle du traitement de l’eau potable. Et derrière cette eau potable de très grande qualité se cache le PEXEP (Programme d’excellence en eau potable) de Réseau Environnement, une association environnementale multisectorielle, la plus importante au Québec. Le présent numéro du magazine Source illustre éloquemment la manière dont l’expertise transmise par Réseau Environnement joue un rôle majeur dans le quotidien de chaque Québécois. Ses interventions sur le terrain, et auprès des spécialistes responsables du traitement de l’eau, permettent à tous non seulement d’obtenir l’assurance d’une totale salubrité, mais aussi de goûter à une eau d’excellente qualité. Comme dans toute organisation, il arrive souvent qu’on oublie les humains qui constituent et animent la machine. Dans notre reportage, ce n’est pas le cas et ça ne pouvait l’être, puisque l’association Réseau Environnement carbure à la passion des membres qui la composent.
Bien sûr, l’eau est là, abondante, et nous avons les usines et les tuyaux pour faire en sorte qu’elle comble nos besoins humains. Cependant, ce ne sont pas des machines, des établissements, ou des organisations qui interviennent chaque fois pour que l’eau que le citoyen aura dans son verre soit de la meilleure qualité possible. Ce sont des humains, formant une longue chaîne essentielle, inscrite dans un vaste réseau où s’échangent les compétences d’individus qui ont à cœur de produire ce qu’ils sont capables de faire de mieux. C’est le but et le sens de l’existence de Réseau Environnement. On ne peut prétendre que tout est parfait en matière de traitement des eaux au Québec. Cependant, même pour des localités isolées, l’accès au PEXEP est possible, à la condition que leurs stations respectent la réglementation québécoise sur une base permanente. C’est le fondement de l’admissibilité à ce formidable programme visant l’optimisation et l’amélioration continue. À travers Réseau Environnement, ces municipalités éloignées peuvent avoir accès à de l’expertise et à de l’information leur permettant de progresser dans leur quête d’une eau potable de grande qualité ; et cela, même s’il s’agit de très petites communautés, situées en régions éloignées, constituées d’un petit nombre de citoyens. La règle est inéluctable : « peu de personnes » signifie « peu de payeurs ». Si, en plus, l’eau est loin ou peu accessible, son traitement devient vite fort onéreux. Voilà où Réseau Environnement se situe : au cœur de la dynamique de l’eau potable, non seulement pour les municipalités d’envergure, mais aussi pour les localités isolées qui ont peu de ressources financières. Grâce à son très faible coût, Réseau Environnement peut y acheminer ses spécialistes. Et comme ce savoir-faire coule de source... cela vaut la peine de s’y abreuver. n
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DOSSIER
Réseau Environnement
La convergence du savoir, la synergie de l’action Un dossier de Guy Des Rochers Collaboration spéciale
L’eau potable qui coule généreusement de nos robinets est devenue banale pour le citoyen québécois, même si elle est vitale et qualifiée de l’une des meilleures au monde. Pourtant, s’il existe un prodige de complexité et d’ingéniosité, c’est bien le cycle de l’eau potable. Mais il appert que le robinet des Québécois est moins étanche que d’autres ailleurs dans le monde. L’eau potable est tellement banale que selon les données de Statistique Canada de 2013, chaque Canadien utilise environ 251 litres d’eau par jour à la maison seulement : c’est 208 litres pour un Ontarien, mais 364 litres pour chaque Québécois. C’est donc dire qu’un Québécois consommerait en moyenne 45 % de plus de la précieuse eau potable qu’un Canadien et 75 % de plus qu’un Ontarien. En comparaison, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Hongrie, en Bulgarie, en Pologne et en République tchèque, la consommation quotidienne d’un citoyen est inférieure à 130 litres.
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DOSSIER Un réseau complexe et coûteux Au chapitre de la distribution de l’eau potable, il est intéressant de constater que Montréal possède un réseau d’aqueducs imposant qui fournit en eau potable une population de 1,9 million de personnes. Semblable à un réseau routier avec ses grandes artères et ses boulevards, ses rues, ses ruelles et ses milliers d’intersections, ce réseau totalise plus de 4 300 km de conduites principales et secondaires sillonnant le sous-sol montréalais, soit un peu plus qu’un aller-retour Montréal-Miami. Selon la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable 1, le Québec est l’un des plus grands consommateurs d’eau au monde. En 2016, la production d’eau potable était près de 35 % plus élevée que la moyenne canadienne et de 61 % plus élevée qu’en Ontario. Le volume d’eau distribué était alors de 622 litres par personne par jour, alors que la moyenne canadienne s’établissait à 466 et celle de l’Ontario, à 386 2.
la consommation d’eau. Grâce à des indicateurs élaborés par Réseau Environnement, elles peuvent mesurer leur performance, établir un plan d'action et être reconnues par leurs pairs et les experts du domaine. À la lumière des chiffres de la consommation québécoise d’eau potable, que l’on pourrait presque qualifier de gaspillage, ce programme est essentiel pour la bonne gestion, sur tout le territoire, de cette magnifique ressource qu’est notre eau.
Réseau Environnement : la convergence du savoir, la synergie de l’action C’est connu : l’humain est capable de prodiges, mais aussi d’actions dommageables, comme le démontre l’incidence de la pollution atmosphérique, entre autres, sur les changements climatiques. Toutefois,
ses actes peuvent devenir extraordinaires quand il fait converger toute sa science et qu’il décide de passer à l’action dans un mode collaboratif. Un exemple ? Réseau Environnement. Le président-directeur général de cet organisme, Jean Lacroix, démontre un enthousiasme communicatif quand il évoque tout le travail réalisé avec les municipalités pour les accompagner vers l’excellence. « L’excellence, pour nous, n’est pas un vain mot, explique M. Lacroix. Ensemble, nous travaillons concrètement à l’avancement du développement durable et à l’amélioration de l’expertise québécoise par notre Programme d’excellence en eau potable [PEXEP]. Nous aidons chaque municipalité à dépasser le cadre réglementaire en lui donnant des outils ; tous nos joueurs du Programme d’excellence
Eau consommée ou eau distribuée, chose certaine, le cycle de l’eau au Québec comporte des coûts astronomiques : « Boire un verre d’eau du robinet, tirer la chasse de la toilette, laver ses vêtements : ces gestes banals du quotidien pèsent lourd sur les finances des municipalités. Cellesci doivent débourser chaque année 5 milliards de dollars pour maintenir à flot leurs services d’eau, évalue le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT) 3. »
Municipalité Écon’eau, un programme essentiel Parmi les programmes d’excellence élaborés par Réseau Environnement se trouve Municipalité Écon’eau. Ce programme accompagne les municipalités dans leurs efforts de réduction de
Vincent Rebselj, chef de Section aux Usines C.-J.-Des Baillets & Lachine à la Ville de Montréal, Christian Sauvageau, directeur au Service de l’hygiène du milieu à la Ville de L'Assomption, Alain Lalumière, chargé de projets de Réseau Environnement, Jean Lacroix, président-directeur général de Réseau Environnement
La locomotive de la communauté environnementale au Québec RÉSEAU ENVIRONNEMENT EST UN ORGANISME À BUT NON LUCRATIF OÙ CONVERGENT LES SPÉCIALISTES EN ENVIRONNEMENT AU QUÉBEC. AVEC PLUS DE 2700 MEMBRES ISSUS DU SECTEUR ENVIRONNEMENTAL, PLUS DE 400 ENTREPRISES ET INDUSTRIES ET PLUS DE 200 MUNICIPALITÉS, AINSI QU’UNE VINGTAINE D’ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX ET PARAPUBLICS, CETTE COMMUNAUTÉ S’EST DONNÉ LA MISSION DE FAVORISER, D’ENCOURAGER ET DE SOUTENIR TOUS SES MEMBRES, DANS UNE PERSPECTIVE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE. ET C’EST L'ENSEMBLE DES QUÉBÉCOIS QUI EN BÉNÉFICIENT. SES ACTIONS PRIORITAIRES CONCERNENT L’AVANCEMENT DES TECHNOLOGIES ET DE LA SCIENCE, LA PROMOTION DES EXPERTISES ET LE SOUTIEN DES ACTIVITÉS EN ENVIRONNEMENT. POUR RÉUSSIR SA MISSION, CET ORGANISME MET L’ACCENT SUR LES ÉCHANGES TECH N IQU ES ET COM M E RCIAUX AVEC SES M E M B R ES , LA DI FFUSION DES CONNAISSANCES, LE SUIVI DE LA RÉGLEMENTATION, LA REPRÉSENTATION AUPRÈS DES DÉCIDEURS ET L’ASSISTANCE AUPRÈS DES MARCHÉS.
AU CŒUR DES ACTIONS POSÉES PAR RÉSEAU ENVIRONNEMENT SE TROUVE UNE OFFRE DE PROGRAMMES CAPABLE D’AIDER LES MUNICIPALITÉS DANS LES DIFFÉRENTES PHASES DU CYCLE DE L’EAU, DU TRAITEMENT JUSQU’À LA DISTRIBUTION, SANS OUBLIER LA SENSIBILISATION DES CITOYENS. LE PROGRAMME PARTENAIRES DANS LA PROTECTION DU CLIMAT (PPC), LA CAMPAGNE DE SENSIBILISATION ESTIVALE TRI-LOGIQUE, LE PROGRAMME MUNICIPALITÉ ÉCON’EAU, LE PROGRAMME D’EXCELLENCE EN EAU POTABLE (PEXEP) ET LE PROGRAMME D’EXCELLENCE EN EAUX USÉES (PEX STARRE) SONT AUTANT D’ACTIVITÉS FORMANT LE FER DE LANCE DE SES ACTIONS. I L NE FAUT PAS NON PLUS OUBLIER LES NOMBREUX COLLOQUES, JOURNÉES TECHNIQUES, SALONS D’EXPOSITION, FORMATIONS, CONFÉRENCES, ATELIERS ET DÉJEUNERS-CAUSERIES QU’ANIME ET OFFRE, TOUT AU LONG DE L’ANNÉE, RÉSEAU ENVIRONNEMENT.
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DOSSIER cherchent à s’améliorer constamment et beaucoup d’entre eux, dont la Ville de Montréal, respectent des normes plus élevées que celles du Règlement sur la qualité de l’eau potable. Et cela étonne toujours les politiciens qui font des tournées avec nous. Ils sont surpris de voir comment les gens sont fiers de se dépasser. Du préposé à l’entretien jusqu’au directeur d’usine, ils sont tous animés par une fierté de produire la meilleure eau possible. »
Fonctionner sur le terrain Dans un contexte où les normes gouvernementales figurent parmi les plus sévères au monde, on pourrait s’interroger sur la pertinence, pour une municipalité, de dépenser argent et énergie pour participer à un programme d’excellence ayant pour but l’optimisation de la qualité de l’eau potable. « Ce qui motive les stations de traitement et les municipalités, c’est justement de dépasser la réglementation. De faire mieux, d’offrir aux citoyens la meilleure qualité d’eau possible », explique Alain Lalumière, chargé de projets chez Réseau Environnement. « Nous sommes une plate-forme d’échange sur les technologies environnementales et les membres des programmes d’excellence sont des travailleurs de terrain qui interviennent, d’une manière ou d’une autre, à chaque étape du cycle de l’eau potable. Ils ont tous comme objectif d’améliorer tant leurs pratiques que le produit. » M. Lalumière insiste sur le fait que Réseau Environnement est beaucoup plus qu’un organisateur d’événements : « Bien sûr, nous organisons beaucoup d’activités, comme des colloques, des salons d’exposition, etc. Mais nous sommes surtout une communauté d’experts qui échangent régulièrement pour améliorer les pratiques et qui se retrouvent au cœur de l’action. Outre le volet technique, il existe aussi un volet décisionnel où nous sommes très actifs, assuret-il. Par le PEXEP, nous intervenons régulièrement dans des décisions cruciales pour la qualité de l’eau potable. »
Quels bénéfices pour une municipalité ? Yanick Fortier est surintendant au Service des eaux de la municipalité de Saint-Eustache. Il participe également aux programmes d’excellence de Réseau Environnement. « Le PEXEP nous permet une gestion plus rapprochée, plus précise de l’eau potable, et les normes que nous devons respecter surclassent celles du ministère, atteste-t-il. La tâche est évidemment rendue plus difficile. Par exemple, pour
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« Ce qui motive les stations de traitement et les municipalités, c’est justement de dépasser la réglementation. De faire mieux, d’offrir aux citoyens la meilleure qualité d’eau possible. » NEZ VISIEOPONRTAGE LE RDIFFUSÉ SUR
Alain Lalumière, chargé de projets chez Réseau Environnement et ex-directeur adjoint aux travaux publics - eaux et environnement à la Ville de Saguenay.
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la turbidité en dessous des filtres, on vise plus bas que 0,1 UTN [unité de turbidité normalisée], ce qui est de 3 à 5 fois plus sévère que le Règlement sur la qualité de l’eau potable. De la sorte, grâce au PEXEP, la qualité de l’eau d’une municipalité qui adhère à ce programme est de beaucoup supérieure à que ce que la loi prescrit. » Mais quel est l’intérêt, pour une municipalité, d’appliquer des normes supérieures au Règlement sur l’eau potable ? Yanick Fortier propose un exemple pertinent : « Dans une situation d’urgence, un bris d’équipement ou une mauvaise manipulation d’un opérateur, par exemple, tu n’auras pas de marge de manœuvre avec l’application stricte du Règlement. Le Programme d’excellence nous procure cette marge de manœuvre. Ainsi, au lieu d’obtenir moins de 0,1UTN, si on tombe à 0,3 UTN de turbidité, la norme légale sera toujours respectée, l’eau restera potable, et il n’y aura pas d’avis d’ébullition. Un avis d’ébullition, c’est extrêmement coûteux et contraignant pour toutes les municipalités, surtout quand il y a des hôpitaux, des écoles ou des entreprises agroalimentaires qui comptent sur un approvisionnement en eau potable sans faille. » M. Fortier considère également que pour une municipalité, les bénéfices du PEXEP sont considérables : « Dans l’équipe, ça crée une cohésion et une force de travail qui permettent de pousser la machine au maximum, ajoute-t-il. Grâce à la communauté d’échanges, nous améliorons constamment nos techniques de travail pour devenir beaucoup plus efficients avec nos ressources. Pour les opérateurs, les superviseurs et les municipalités, c’est pratique et rentable. Ces mises
à jour régulières sur les pratiques, les produits et les instruments de contrôle nous font épargner des coûts supplémentaires sur les produits chimiques, sur l’électricité, et notre résultat est encore meilleur qu’avant. Mais le vrai gagnant, en fin de compte, c’est la santé publique. C’est le citoyen, qui ne s’inquiétera pas de la qualité de l’eau du robinet quand, le matin, il se brossera les dents. » Depuis les années 1960, Réseau Environnement s’est donné pour mission de promouvoir les bonnes pratiques et l’innovation en environnement. Il travaille de concert avec le gouvernement et les différents ministères afin d’élaborer les meilleurs cadres réglementaires et législatifs pour une gouvernance efficace de la ressource eau. LE SAVIEZ-VOUS ?
Le PDG de Réseau Environnement au cœur de l’action : l’approche client de Jean Lacroix L’obsession du président-directeur général de Réseau Environnement, c’est l’approche client : « Cette philosophie d’entreprise est celle qui soustend également le PEXEP. Et l’approche client ne vise fondamentalement qu’une chose : dépasser les attentes des clients. » Pour ce PDG passionné, les clients, ce sont entre autres les municipalités. « Les aider, les accompagner, les informer et faire en sorte qu’elles dépassent leurs objectifs dans l’obtention et le maintien d’une eau potable de grande qualité, voilà les objectifs que nous ciblons constamment », ajoute-t-il avec fierté.
DOSSIER Le PEXEP, ou l’eau potable à son summum L’objectif du Programme d’excellence en eau potable est simple : assurer, sur le plan du traitement, une protection maximale contre toute contamination microbiologique. La qualité visée dépasse celle de la réglementation québécoise et même américaine. C’est en 1999 que le ministère des Affaires municipales a mandaté Réseau Environnement pour administrer le Programme d’excellence en eau potable en lui octroyant les moyens financiers nécessaires. Quelque temps plus tard, en 2001, le Québec se dotait du Règlement sur la qualité de l’eau potable, lequel prescrit des normes et des contrôles de la qualité de l’eau parmi les plus rigoureux au monde, positionnant ainsi le Québec parmi les chefs de file mondiaux en matière de gestion de l’eau potable. Et c’est à l’automne 2002 que le Québec créait sa Politique nationale de l’eau. LE SAVIEZ-VOUS ?
potable de la meilleure qualité possible à des coûts d’exploitation réduits », affirme M. Lacroix. « Le PEXEP possède des caractéristiques uniques, puisqu’il crée une communauté d’échanges et de pratiques autour des mêmes préoccupations afin de pouvoir partager des connaissances de manière structurée et organisée. J’aime aussi que ce soit un programme nordaméricain, ce qui permet à Montréal de se comparer, par exemple, à Boston ou à Chicago. C’est un benchmark international des meilleures pratiques. » L’une des grandes fascinations de M. Lacroix, c’est la force de travail des membres du PEXEP. « C’est faux de croire que ça prend des règlements pour que les gens bougent et changent leurs manières afin de devenir plus performants. Ici, c’est le contraire. Quand les choses sont bien faites, on n’a pas besoin de flageller quelqu’un ; ça lui prend juste les bons outils pour qu’il développe lui-même la fierté de se dépasser. Dans ces conditions, les gens progressent même plus vite que dans nos prévisions. »
Le Québec comme chef de file « Nous comptons maintenant sur plusieurs programmes d’excellence afin de garantir aux municipalités les conditions gagnantes pour que coule, de chaque robinet des citoyens, une eau
Jean Lacroix est enthousiaste et pas peu fier de l’influence québécoise à l’international. « Souvent, nous donnons l’exemple, et nous sommes parfois plus importants qu’il n’y paraît », expose le PDG.
1
MAMROT. (2011). Stratégie québécoise d’économie d’eau potable. Consulté en ligne à l’adresse : https://www.mamot.gouv.qc.ca/grands-dossiers/strategie-quebecoise-deconomie-deau-potable/a-propos-de-la-strategie/
2
MAMROT. (2017). Rapport annuel de l'usage de l'eau potable 2015. Consulté en ligne à l’adresse : https://www.mamot.gouv.qc.ca/fileadmin/publications/grands_dossiers/strategie_eau/rapport_usage_eau_potable_2015.pdf
3
Perron, Louis-Samuel. (2015, 21 septembre.) « L’eau coûte 5 milliards par année. » La Presse, consulté en ligne à l’adresse : http://plus.lapresse.ca/screens/9253f7fd-95bc-42ce-a1e0-e4e7306a5d3a%7C_0.html
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« Par exemple, on s’est attaqué à la problématique des eaux usées alors que les Américains n’étaient pas encore rendus là. Il y avait même une querelle entre deux grandes associations américaines, et on a réussi à réunir tous ces gens-là, autour d’une même table, en nous mettant d’accord sur la création d’un projet-pilote au Québec. Nous les avons convaincus de mettre en commun le savoirfaire et l’expertise de milliers d’experts à travers l’Amérique et de les accompagner afin d’établir un processus d’amélioration continue avec des indicateurs et des outils. Et c’est en cours de réalisation avec le PEX StaRRE. » « Ce genre d’événement, je ferais un arrêt sur image et je souhaiterais vivre cela toute ma vie, car la finalité de tout ce que je cherche à faire, elle s’incarne autour de cette table-là. De meilleures pratiques, de meilleures innovations, de meilleures façons de faire, voilà comment on peut s’améliorer, comment on amène la fierté et comment on augmente la performance. Après ça, sky is the limit. » n
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ÉCONOMIE D'EAU POTABLE
LA CONTRIBUTION DU SECTEUR NON RÉSIDENTIEL À L’ÉCONOMIE D’EAU
Mathieu Laneuville Ingénieur Ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire mathieu.laneuville@mamot.gouv.qc.ca
e secteur non résidentiel (industries, commerces et institutions) compte généralement pour moins de 5 % des branchements de service d’une municipalité, mais il peut consommer environ le quart de l’eau distribuée, selon une étude réalisée par Hoffman en 2007. Ainsi, plusieurs mesures ont été priorisées en collaboration avec des ministères québécois, le Conseil patronal de l’environnement du Québec, l’Association des gestionnaires de parcs immobiliers institutionnels et la Fédération interdisciplinaire de l’horticulture ornementale du Québec pour favoriser la contribution de ce secteur à l’économie d’eau.
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MESURER POUR MIEUX GÉRER La mesure de la consommation d’eau outille les propriétaires d’immeubles non résidentiels et les municipalités dans leur démarche d’économie d’eau, en plus d’améliorer la précision des bilans d’eau. En ce sens, la démarche progressive de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable prévoit l’installation de compteurs d’eau dans ces immeubles pour les municipalités n’ayant pas atteint leurs objectifs. Les résultats du bilan 2015 de la Stratégie indiquent que plus de 90 % des immeubles non résidentiels seront équipés de compteurs d’eau au terme de la Stratégie, à l’horizon 2018. Lorsqu’un compteur d’eau est installé à l’entrée d’eau d’un immeuble, il est possible de comparer la consommation mesurée aux valeurs de référence d’un même type d’immeuble pour savoir s’il y a une consommation anormale. Le cas échéant, on peut investiguer davantage. Un exemple d’investigation est d’installer un enregistreur de données sur le compteur pour connaître le débit plancher (débit minimum observé). Plus ce débit est élevé, plus le potentiel d’économie d’eau est important. En effet, ce débit est souvent associé à des fuites réparables ou à des usages en continu qui peuvent être modifiés ou remplacés (p. ex. : purges et systèmes de climatisation ou de refroidissement sans boucle de recirculation). INSTALLER DES PRODUITS À FAIBLE CONSOMMATION D’EAU CERTIFIÉS WATERSENSE Dans la majorité des immeubles, la plus grande consommation d’eau provient des équipements sanitaires (p. ex. : toilettes, robinets, urinoirs, douches et adoucisseurs). Par exemple, le poste de la Sûreté du Québec à Laurier-Station a réalisé des économies d’eau de l’ordre de 29 % en installant des appareils de plomberie économiseurs d’eau dans son bâtiment. OPTIMISER LES SYSTÈMES DE CLIMATISATION ET DE REFROIDISSEMENT À L’EAU La première solution est d’éliminer les systèmes sans boucle de recirculation. Il est aussi possible de rattacher le système de refroidissement de l’équipement à une tour de refroidissement ou à un réseau d’eau glacée qui possède un système de recirculation de l’eau utilisée. Enfin, on peut aussi ajuster les valves d’alimentation en eau de refroidissement afin qu’elles se ferment entre deux cycles. La Ville de Montréal a estimé que ces équipements consomment au moins l’équivalent de l’eau potable produite par l’usine de Pierrefonds. À titre d’exemple, les services techniques de l’hôpital de Sainte-Anne-de-Bellevue ont connecté une tour de refroidissement aux condenseurs des chambres froides et des congélateurs de l’établissement. Cette mesure permet d’économiser plus de 58 millions de litres d’eau par année, soit l’équivalent de 23 piscines olympiques.
METTRE EN PLACE DES STRATÉGIES POUR ÉCONOMISER L’EAU D’ARROSAGE Selon le programme gouvernemental américain WaterSense, 50 % de l’eau utilisée à l’extérieur s’évapore ou ruisselle en raison d’un arrosage excessif et n’est pas absorbée par les plantes. Ainsi, l’Université de Sherbrooke a eu une note parfaite pour sa gestion de l’eau dans le UI GreenMetric World University Ranking 2015 (1re au Canada et 9e au monde). Cela s’explique notamment par l’interdiction de l’arrosage extérieur, la valorisation importante de l’eau de pluie, l’installation progressive d’appareils à faible débit et munis de détecteurs de mouvement et l’élimination graduelle de l’équipement utilisant l’eau d’aqueduc en continu. REMPLACER OU OPTIMISER LES INTERVALLES DE TEMPS DE CHASSE DES URINOIRS À CHASSE AUTOMATIQUE Le remplacement consiste à installer des urinoirs avec détecteurs de présence individuelle automatique. L’optimisation se fait, par exemple, par un détecteur qui démarre le remplissage des réservoirs des urinoirs lorsqu’il détecte une présence dans la salle de bain. À titre d’exemple, le centre de formation Le Chantier à Laval a installé un système de détecteurs de présence dans les salles de bain de son établissement. Les économies d’eau réalisées grâce à cette mesure vont de 30 % durant le jour jusqu’à plus de 95 % durant la nuit et les jours de congé. PORTRAIT DES IMMEUBLES DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC En ce qui concerne la consommation institutionnelle, celle des hôpitaux varie de 650 à 1 000 litres par lit par jour en Europe, de 715 à 3 090 aux États-Unis et de 2 000 à 4 700 au Québec. Celle des écoles primaires et secondaires varie de 10 à 50 litres par étudiant par jour en Europe, de 30 à 155 aux États-Unis et de 30 à 200 au Québec. Enfin, la consommation des immeubles de bureaux varie de 20 à 150 litres par personne par jour en Europe, de 35 à 60 aux États-Unis et de 30 à 85 au Québec. Ainsi, la consommation d’eau des immeubles gérés par la Société québécoise des infrastructures se compare aux valeurs retrouvées dans la littérature internationale pour les immeubles de bureaux. Cependant, celle des immeubles des réseaux de la santé et de l’éducation se retrouve au-delà des valeurs de la littérature. Ces réseaux se sont donc engagés à installer ou à remplacer les compteurs d’eau en collaboration avec les municipalités. Des audits de l’eau ont également été réalisés par type d’immeuble (p. ex. : école primaire, école secondaire, cégep, hôpital, etc.) afin de savoir où va l’eau et d’identifier les équipements ayant le plus grand potentiel d’économie d’eau. Il s’est avéré que ces équipements sont les systèmes de climatisation sans boucle de recirculation dans le réseau de la santé et les urinoirs à réservoir de chasse automatique dans le réseau de l’éducation. Ainsi, des plans d’action ont été préparés par chacun des réseaux et tous les établissements ont été invités à participer à une démarche progressive pour, notamment, remplacer les équipements identifiés. Pour plus d’informations, le site Web de la Stratégie a été mis à jour et rassemble maintenant les plans d’action, les résultats et d’autres bonnes pratiques. n
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LA CONTRIBUTION DU SECTEUR NON RÉSIDENTIEL À L’ÉCONOMIE D’EAU
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ANALYSE DE LA LOI CONCERNANT LA CONSERVATION DES MILIEUX HUMIDES ET HYDRIQUES
MILIEUX HUMIDES
Me Louis-Philippe Lefebvre Directeur des affaires publiques et législatives Conseil patronal de l’environnement du Québec (CPEQ) lplefebvre@cpeq.org
L
e 16 juin 2017, l’Assemblée nationale du Québec a adopté le texte du projet de loi 132, devenu la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques (« la Loi »). La Loi propose une réforme du régime juridique entourant la protection des milieux humides et hydriques (« MHH »). Cet article propose à la fois un portrait général des principales modifications apportées et quelques commentaires portant sur les éléments pouvant s’avérer problématiques. LA LOI EN BREF Différentes lois sont touchées par les modifications proposées afin de refléter les divers axes de la réforme, soit l’aménagement du territoire, la gestion intégrée des ressources en eau, le régime d’autorisation environnementale et les mesures de conservation du patrimoine naturel. Ainsi, les lois suivantes sont modifiées :
A. Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection Cette loi est modifiée, notamment afin de : l
reconnaître les fonctions écologiques exercées par les MHH ;
l
préciser le rôle des organismes de bassin versant et des tables de concertation régionale ;
l
confier aux communautés métropolitaines et aux municipalités tenues au maintien d’un schéma d’aménagement et de développement la responsabilité d’élaborer et de mettre en œuvre un plan régional des MHH à l’échelle de leurs territoires respectifs ;
l
attribuer au ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques le pouvoir d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes favorisant la restauration et la création de MHH, ainsi que l’exigence de produire différents bilans au sujet de l’évolution de la situation des MHH, notamment afin d’atteindre l’objectif d’aucune perte nette.
B. Loi sur la conservation du patrimoine naturel Cette loi est modifiée afin de favoriser la conservation de certains MHH, par leur désignation et par leur délimitation sur plan.
C. Loi sur la qualité de l’environnement (« LQE ») Cette loi est modifiée afin d’y introduire une section portant sur les MHH. En plus de préciser les exigences particulières pour documenter les demandes d’autorisation des projets situés dans ces milieux, les nouvelles dispositions précisent la séquence d’analyse et les critères à respecter pour la délivrance d’une autorisation. Ainsi, pour certains types d’interventions dans des MHH, la LQE exige une compensation comme condition à la délivrance d’une autorisation lorsqu’il n’est pas possible d’éviter, de réduire ou d’atténuer l’atteinte aux milieux. Cette compensation prendra la forme d’une contribution financière et les sommes ainsi perçues seront versées au Fonds de protection de l’environnement et du domaine hydrique de l’État (« le Fonds »). Celui-ci est destiné à financer des programmes que le ministre est appelé à mettre en œuvre afin de favoriser la restauration et la création de MHH.
16
D. Loi sur l’aménagement et l’urbanisme et Loi sur le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs Des modifications corrélatives sont apportées à ces lois afin de permettre l’implantation des différentes mesures prévues par la Loi. COMMENTAIRES PORTANT SUR LES ÉLÉMENTS POUVANT S’AVÉRER PROBLÉMATIQUES Les aspects suivants de la Loi pourraient toucher la majorité des initiateurs de projets.
A. Application de la définition de l’expression « milieux humides et hydriques » La Loi prévoit l’intégration d’une définition de l’expression « milieux humides et hydriques » dans la LQE. Or, la définition retenue semble plutôt large, de sorte qu’il n’est pas possible d’en apprécier la portée exacte, ce qui compromet ainsi l’atteinte de l’objectif de prévisibilité et de sécurité juridique recherché par la Loi. Cette absence de prévisibilité juridique pourrait faire en sorte que des initiateurs de projets décident de renoncer à leur réalisation, privant ainsi le Québec de capitaux importants.
B. Le mécanisme de compensation La Loi prévoit que dorénavant, l’initiateur de projet qui effectue des travaux perturbant un MHH devra verser une somme d’argent au Fonds. Il pourrait également, dans certaines circonstances, obtenir une autorisation du ministre afin de remplacer, en tout ou en partie, le paiement de cette contribution par l’exécution de travaux visant la restauration ou la création de MHH, selon les conditions, les restrictions et les interdictions prévues dans l’autorisation. Les circonstances permettant une telle substitution seront élaborées par voie réglementaire. Ce nouveau mécanisme de compensation offre une prévisibilité importante à l’initiateur de projet, qui connaîtra exactement l’étendue de ses obligations. Toutefois, des interrogations subsistent quant à la méthode de calcul de la contribution financière durant la période transitoire. En effet, selon la méthode retenue, l’équation visant à établir le montant de la compensation financière intégrera un facteur multiplicateur pour tenir compte de la rareté et de la valeur des MHH sur un territoire donné. Une telle méthode de calcul risque de faire en sorte que les montants exigés des initiateurs de projets pourraient s’avérer très élevés dans certains secteurs.
C. Imposition d’une amende pour avoir endommagé un MHH désigné ou avoir détruit un bien qui en fait partie Cet élément force les entreprises dont les activités sont adjacentes ou proches d’un MHH à redoubler de vigilance, puisque le ministère n’a pas à prouver une quelconque intention. De plus, l’amende s’imposerait vraisemblablement en sus des dispositions de la LQE et de ses règlements, comme l’obligation de nettoyer les sols sans délai en cas de rejet accidentel de matières dangereuses. CONCLUSION La Loi prévoit certaines avancées pour le secteur industriel, mais plusieurs préoccupations demeurent. C’est le cas de la définition proposée de l’expression « milieux humides et hydriques », qui devrait être révisée afin d’éliminer toute ambiguïté ou difficulté d’interprétation qui pourrait créer une insécurité juridique. De plus, cette définition ferait en sorte que plusieurs milieux qui ne devraient pas être considérés comme étant des milieux humides ou hydriques recevraient une telle qualification. Pour ce qui est du système de compensation, bien que la flexibilité soit un atout considérable pour le secteur industriel, la méthode de calcul proposée pour la période transitoire devrait être revue. n
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EAU POTABLE
IMAGINEZ UNE JOURNÉE SANS EAU Sylvain Boudrias Ing., MBA Président Darspec sylvain.boudrias@darspec.com
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e 12 octobre dernier se tenait la journée Imagine a Day Without Water 1, une initiative de nos voisins du Sud afin de sensibiliser et d’éduquer la population à la valeur de l’eau potable. La prémisse de départ est simple : que feriez-vous si, pendant une journée, vous n’aviez pas accès à une eau potable de qualité, propre à la consommation humaine, facilement accessible et disponible en quantité suffisante ? L’objectif de cette journée est également de sensibiliser les dirigeants du pays à l’importance d’investir dans les infrastructures liées au traitement et à la distribution de l’eau potable. En plus d’être essentielle à l’exécution d’une multitude de tâches quotidiennes, l’eau est utilisée dans de nombreux procédés industriels, notamment pour la production alimentaire et pétrochimique. Plusieurs applications dépendent de l’eau pour assurer le bon fonctionnement d’un bâtiment. Une pénurie entraînerait inévitablement des pertes économiques substantielles et perturberait les activités courantes. Pourtant, plusieurs entreprises ne présentent aucun plan de relève en cas de manque d’eau.
DES CRISES MAJEURES Protéger la qualité de l’eau potable, c’est aussi protéger la santé et la sécurité publiques ainsi que l’environnement. On n’a qu’à penser à certaines crises comme celle survenue en 2014, dans la ville américaine de Flint, au Michigan, pour le comprendre. À la suite d’un changement de source d’approvisionnement en eau potable, une importante contamination au plomb a touché la communauté la plus pauvre de la ville et créé un grave problème de santé publique. L’état d’urgence a dû être déclaré. Encore à ce jour, la population doit utiliser de l’eau embouteillée, et ce, jusqu’à ce que les conduites d’aqueduc soient remplacées. La prolifération d’algues toxiques dans le lac Érié en 2014 a également créé une situation d’urgence en privant d’eau potable toute la population de Toledo et de ses environs, en Ohio. C’est la présence de phosphore provenant entre autres de fertilisants utilisés en agriculture qui a entraîné cette prolifération et obligé la population à s’approvisionner en eau embouteillée, causant ainsi une pénurie de cette dernière. Les causes de contamination peuvent être de multiples origines et occasionner de graves répercussions sur la santé humaine. En plus d’interrompre
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Des initiatives de sensibilisation telles que la Drinking Water Week de l’AWWA ou la Journée mondiale de l’eau de l’ONU sont autant de moyens pour sensibiliser la population, mais aussi pour conscientiser les entreprises à l’importance de l’eau potable au quotidien.
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momentanÊment l’approvisionnement en eau pour une partie de la population, ce type d’ÊvÊnement rend le processus d’assainissement fort complexe et coÝteux. L’EAU AU CŒUR DES PRIORITÉS Prendre conscience de l’importance de cette ressource est l’affaire de tous. La volontÊ et l’engagement des dÊcideurs, des gestionnaires, des propriÊtaires d’entreprises et des reprÊsentants municipaux et gouvernementaux sont nÊcessaires, d’autant plus que ceux-ci disposent d’un champ d’intervention large et variÊ. La gestion de l’eau devrait être au cœur de leurs prioritÊs. La Ville de Sherbrooke est un bel exemple de cette volontÊ. En effet, afin de rÊduire sa consommation d’eau, elle a misÊ sur la dÊtection de fuites et la mise en place de procÊdÊs permettant d’optimiser son rÊseau d’aqueduc. De plus, les efforts des citoyens et des dirigeants des institutions, commerces et industries (ICI) ont permis à la municipalitÊ d’atteindre d’excellents rÊsultats en matière de gestion de l’eau potable. En effet, en 2016, la consommation moyenne d’eau potable d’un rÊsident de Sherbrooke s’Êlevait à 395 litres par jour, en deçà de l’objectif gouvernemental, qui Êtait de moins de 622 litres par personne par jour 2. POUR UNE GESTION DURABLE DE L’EAU Les entreprises ne sont pas en reste et doivent protÊger les milieux de vie grâce à une utilisation respectueuse de l’eau. Il existe de multiples procÊdÊs et Êquipements pour protÊger les nappes phrÊatiques, traiter les eaux usÊes avant leur rejet et rÊduire la consommation d’eau. Des normes existent Êgalement afin de prÊserver le caractère potable de l’eau et d’assurer la santÊ des usagers d’un bâtiment, notamment l’obligation imposÊe aux propriÊtaires d’empêcher
la contamination croisÊe du rÊseau d’eau potable. Les exigences visant à limiter la prÊsence de plomb dans l’eau potable en sont un autre exemple. Au QuÊbec, depuis le 1er mai 2014, il est interdit d’installer des robinets et d’autres accessoires de plomberie contenant plus de 0,25 % de plomb. De plus en plus d’entreprises dÊcident de moderniser leurs installations afin de mieux gÊrer l’usage de l’eau potable. On peut penser aux boucles de recirculation ou au bannissement d’appareils de refroidissement raccordÊs en continu sur l’eau potable. Un prÊsentoir rÊfrigÊrÊ dotÊ d’un seul condensateur, par exemple, peut consommer près de 3 000 litres d’eau potable par jour 3, ce qui reprÊsente une consommation annuelle de plus d’un million de litres. Ainsi, l’utilisation d’appareils à air ou à boucle de recirculation d’eau permet d’Êconomiser une quantitÊ apprÊciable d’eau potable. La mise en place de systèmes de rÊcupÊration d’eau, de recyclage et de recirculation sur certains types d’Êquipement permet une grande Êconomie d’eau. Plusieurs administrations municipales se sont dotÊes d’une rÊglementation afin de dÊfinir l’usage permis de l’eau en provenance de l’aqueduc, en plus de programmes d’Êconomie et d’optimisation des infrastructures. Pour les municipalitÊs, la tarification de l’eau peut constituer un puissant incitatif pour amorcer des changements au sein de la population et des ICI. Bref, une gestion durable de l’eau permet autant d’Êviter toute forme de contamination que d’utiliser l’eau de manière judicieuse, sans abus. On a longtemps considÊrÊ l’eau comme une ressource renouvelable. Or, nous savons aujourd’hui qu’elle doit être prÊservÊe. Comme citoyen, organisme ou entreprise, quels gestes avez-vous posÊs ou posez-vous au quotidien pour rÊduire la consommation d’eau potable ou Êviter sa contamination ? n
1
http://imagineadaywithoutwater.org/
2
Ville de Sherbrooke. (2017, 21 aoĂťt.) Consommation d'eau potable : Sherbrooke parmi les leaders au QuĂŠbec ! CommuniquĂŠ de presse. ConsultĂŠ en ligne Ă : https://www.ville.sherbrooke.qc.ca/salle-de-presse/actualites/communiques-et-actualites/communiques/communiques/article/consommation-deau-potable-sherbrooke-parmi-les-leaders-au-quebec/
3
Ville de MontrÊal. (2016). Appareils de refroidissement utilisant de l’eau. DÊpliant 9964 (02-16). ConsultÊ en ligne à : http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/EAU_FR/MEDIA/DOCUMENTS/reglement_climatisation_HR.PDF
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ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ
LES HALTES ROUTIÈRES : UN DÉFI EN GESTION DES EAUX USÉES
Jean-Sébastien Grenier Ing., MBA Directeur de projet et associé Équipe Indigo jsgrenier@equipeindigo.com
ans le monde de l’assainissement décentralisé, les haltes routières apportent leur lot de défis. Souvent aménagées à l’extérieur des grands centres, le long des routes secondaires et des autoroutes, elles ne sont généralement pas desservies par un réseau d’égout sanitaire. Elles requièrent donc un système de traitement des eaux usées autonome. Et comme chaque halte routière est unique, la conception du dispositif de traitement des eaux l’est aussi, en particulier en ce qui a trait à l’établissement des débits et des charges de conception.
D
Les haltes routières modernisées construites ces dernières années regroupent généralement un dépanneur, une station-service et quelques restaurants dont les services peuvent varier (restauration rapide, ouverture 24 heures sur 24, service à l’auto, etc.). Certaines haltes situées en zone périurbaine peuvent inclure un lave-auto et des bureaux de professionnels, alors que d’autres peuvent offrir un service de douches et de buanderie pour les camionneurs ou un service de vidange pour les véhicules récréatifs. Chacun de ces établissements et de ces services doit être considéré individuellement lors de l’établissement des débits et des charges de conception. RESTAURATION Prenons le cas des restaurants. Selon le Guide pour l’étude des technologies conventionnelles du traitement des eaux usées d’origine domestique 1, le débit de conception pour un restaurant ouvert 24 heures sur 24 est 60 % plus élevé que pour un restaurant ayant des heures d’ouverture standard. Et lorsque ce restaurant 24 h/24 est situé le long d’une autoroute, le débit de conception doit être majoré de nouveau de près de 90 %. L’emplacement de la halte routière est donc une variable importante dans l’établissement des paramètres de conception. Le type de restaurant qui compose la halte routière est également une variable non négociable en matière de charge de conception. La concentration typique en DBO5 des eaux usées d’origine domestique est d’environ 250 mg/L et le Guide stipule que la concentration en DBO5 des restaurants est de deux à trois fois plus élevée, soit une concentration variant de 500 à 750 mg/L à l’eau brute. Par contre, il n’est pas rare de rencontrer des concentrations s’élevant jusqu’à 2 000 à 2 500 mg/L dans certaines chaînes de restauration rapide situées dans les haltes routières. Au contraire, l’eau usée brute de certaines chaînes de restaurants de type sandwicherie n’a qu’une concentration de 350 à 450 mg/L, soit 1,5 fois la concentration des eaux usées d’origine domestique. AUTRES SERVICES La présence d’un lave-auto vient également complexifier la conception du dispositif d’épuration des eaux, puisque la nature même des polluants est différente. L’eau usée rejetée par un lave-auto s’apparente à l’eau grise issue des eaux usées d’origine domestique, mais elle peut contenir certains contaminants atypiques tels que des sédiments (sables, gravier, etc.) et des huiles et graisses minérales. Le concepteur doit donc prévoir un prétraitement efficace unique pour les eaux usées du lave-auto et évaluer la proportion des eaux provenant du lave-auto par rapport à l’ensemble du projet pour
en déterminer l’impact sur le dispositif d’épuration des eaux usées en fonction du type de traitement sélectionné. Les services de douches et de buanderie pour les camionneurs et de station de vidange pour les véhicules récréatifs doivent également être pris en compte. Par exemple, il pourrait être adéquat de considérer les eaux usées provenant du service aux camionneurs comme une eau grise et le service aux véhicules récréatifs comme une eau qui s’apparente à celle d’un terrain de camping. VARIATION DU DÉBIT Le débit des eaux usées varie considérablement dans les haltes routières : des pointes journalières (matin et soir), des pointes hebdomadaires (vendredi soir, samedi et dimanche) et des pointes annuelles, selon la saison. Pensons notamment aux longues fins de semaine (jour férié), à la période des fêtes et aux vacances de la construction. Il est important de comprendre que les valeurs d’établissement du débit exposées dans le Guide présentent les débits maximums journaliers (capacité du bâtiment). Il faut donc prévoir des équipements, tels qu’un bassin d’égalisation, afin de pallier les grandes variations journalières de débits (pointe horaire). Par contre, il ne faut pas oublier l’autre extrême : les débits minimums. Selon l’emplacement de la halte, son débit réel peut être considérablement faible par rapport au débit de conception lors des journées de semaine (lundi, mardi et mercredi) et lors des basses saisons en automne et au printemps. Le dispositif de traitement des eaux usées sélectionné et l’équipement choisi afin de réduire les grandes variations journalières de débits doivent donc en tenir compte. ENTRETIEN ADÉQUAT ET MAUVAIS USAGES Comme les haltes routières sont des lieux de passage utilisés par tous, certaines précautions de conception peuvent éviter de bien mauvaises surprises d’entretien. Il n’est pas rare de retrouver du papier essuie-mains, des lingettes pour bébé, des serviettes hygiéniques et des couches, notamment, dans les dispositifs d’épuration des haltes routières. Les stations de pompage d’eau brute sont donc à éviter, dans la mesure du possible. Dans le cas contraire, il faudra privilégier des pompes de type vortex qui laissent passer les solides sans les broyer, bien que ces pompes rencontrent tout de même des problèmes dans certaines haltes. Des équipements de type passoire installés devant la conduite d’affluent de la station de pompage règlent ces problèmes dans la plupart des cas, mais ils nécessitent un entretien quasi journalier. Pour les pièges à matières grasses, il est judicieux de planifier un suivi régulier pendant la première année afin de déterminer la fréquence de vidange. Finalement, comme les eaux usées provenant des restaurants sont très chargées, une ventilation adéquate des équipements est à prévoir afin d’éviter des problèmes de dégradation du béton. CONCLUSION Les haltes routières comportent des défis de taille pour les concepteurs en assainissement décentralisé. Il est important de reconnaître que chaque halte est unique et que chaque activité ou service qui la compose doit être analysé individuellement pour en arriver à une conception globale. n
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MDDELCC, Guide pour l’étude des technologies conventionnelles du traitement des eaux usées d’origine domestique. Consulté en ligne à : http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/eaux-usees/domestique/index.htm
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LA GÉNÉRATION DE CHLORE SUR SITE : UNE TECHNOLOGIE À DÉCOUVRIR
EAU POTABLE
Clément Cartier Ing., Ph. D. Représentant technique Brault Maxtech inc. clement.cartier@braultmaxtech.com
n eau potable, la désinfection au chlore a pour but principal la destruction des virus et des bactéries pathogènes. Au Québec, il est également essentiel d’avoir une concentration résiduelle de chlore dans le réseau de distribution afin de garantir la qualité de l’eau lors de sa distribution et pour limiter la croissance de biofilm dans le réseau de distribution. En présence de la matière organique naturelle de l’eau, la chloration entraîne la formation de sous-produits de désinfection, incluant les trihalométhanes (THM), une substance toxique potentiellement cancérigène, normée par les institutions réglementaires. C’est pourquoi la chloration est effectuée presque exclusivement en fin de traitement.
E
Le chlore est un halogène (Cl2), qui se présente comme un gaz de couleur jaunâtre, extrêmement toxique. C’était d’ailleurs un des premiers gaz utilisés comme arme pendant la Première Guerre mondiale. Sans être explosif, le chlore gazeux est — comme l’oxygène — un comburant qui peut entretenir la combustion. Afin de chlorer l’eau, deux options ont historiquement été utilisées. Premièrement, on peut injecter le chlore gazeux dans l’eau. Il réagit alors avec celle-ci pour former, en fonction du pH, de l’acide hypochloreux (HOCl) et de l’hypochlorite (OCl-), les composés ayant la propriété désinfectante proprement dite. Deuxièmement, on peut injecter le chlore sous forme liquide, habituellement sous forme d’hypochlorite de sodium (NaOCl : eau de Javel, habituellement dans des concentrations de 10 à 15 %). Le NaOCl est une substance corrosive, irritante pour les voies respiratoires, qui peut entraîner des brûlures. La manipulation de ces substances n’est donc pas sans risque. Afin d’éviter les risques d’accident dans les usines de traitements des eaux, certains critères de conception doivent être respectés. Entre autres, une salle d’entreposage des bonbonnes de chlore doit être construite en matériaux ignifuges et n’avoir qu’un accès extérieur. Malgré cela, plusieurs accidents graves se sont produits à travers le monde, aussi bien en présence de chlore gazeux qu’avec de l’hypochlorite de sodium. Un des accidents les plus graves survenus aux États-Unis impliquait de l’hypochlorite de sodium (pH 12) mélangé par erreur avec du chlorure ferrique (pH 4), ce qui avait libéré plusieurs tonnes de chlore gazeux dans l’atmosphère. Et ce n’était pas un cas isolé.
La génération de chlore sur site serait une avenue particulièrement cohérente avec une politique de sécurité accrue dans les transports. Comme solution à ces risques d’accident, des chercheurs ont développé à la fin des années 1970 un procédé de génération de chlore directement sur site. Plusieurs fournisseurs se sont donc formés sur la base d’un même concept : l’électrolyse du chlorure de sodium (NaCl) sous forme gazeuse et l’injection en solution aqueuse pour former du chlore en solution (HOCl ou OCl-) ainsi que d’autres oxydants comme le peroxyde
d’hydrogène. En matière de réactifs, la génération de chlore sur site nécessite donc seulement du chlorure de sodium et de l’électricité. En fonction du fournisseur, les systèmes diffèrent, entre autres, par rapport au système de nettoyage des électrodes ou à la concentration maximum de chlore produite. La génération de chlore sur site est un procédé qui allie plusieurs avantages : Transport : le transport du chlore comporte des risques d’accidents graves, particulièrement lorsque le chlore est transporté sous forme gazeuse dans des zones densément peuplées. La génération de chlore sur site serait une avenue particulièrement cohérente avec une politique de sécurité accrue dans les transports. Sécurité en usine : la gestion des produits chimiques est grandement simplifiée avec la chloration sur site. Il n’y a aucun risque de mélange acide-base, et aucun risque de déversement de produit corrosif ou d’émanation toxique. Le seul produit manipulé est du sel de table (NaCl). Maintenance : les opérations de maintenance liées à la génération de chlore sur site sont généralement comparables à celles associées à l’utilisation de chlore gazeux, sans la gestion des aspects sécuritaires. En fonction de la technologie choisie et du degré de pureté du sel utilisé, il peut toutefois y avoir des problèmes d’encrassement des électrodes. Les opérations de maintenance sont toutefois moins importantes que celles dues à l’utilisation d’hypochlorite de sodium, qui entraînent des problèmes d’encrassement de tuyauterie, de corrosion et de détérioration du matériel. Coûts : les coûts d’installation d’un système de production de chlore sur site sont plus élevés lors de l’installation du système. Toutefois, les coûts d’achat de produits chimiques et de transport seront moindres. Les coûts du NaCl ont aussi été beaucoup plus stables que ceux du chlore gazeux et de l’hypochlorite de sodium au cours des 45 dernières années. Dans certains cas, le coût peut même être amorti sur une période de moins de cinq ans. Avec les faibles coûts d’électricité au Québec, le procédé devient particulièrement compétitif. Efficacité de désinfection : enfin, certains systèmes de génération de chlore sur site se démarquent en générant une faible dose de peroxyde d’hydrogène lors du procédé chimique. Selon des tests indépendants, cet ajout permet une meilleure stabilité du désinfectant, un meilleur contrôle du biofilm en réseau ainsi qu’une production moindre de THM, des avantages de taille. Le seul inconvénient de cette technologie est que le procédé peut produire de l’hydrogène. Les concentrations sont bien inférieures à celles pouvant entraîner un risque d’explosion et les fournisseurs proposent différentes solutions pour éviter son accumulation. La génération de chlore sur site est une technologie de plus en plus populaire aux États-Unis. Compte tenu des faibles coûts d’électricité au Québec, cette technique devrait devenir de plus en plus populaire, comme elle l’est pour la désinfection des eaux de piscines. Elle possède en effet l’avantage d’associer la sécurité du consommateur à celle des opérateurs des usines de traitement. n
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