Magazine SOURCE – Automne 2020, vol.16 no 3

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AUTOMNE 2020, vol. 16 no 3

Le magazine de l’eau au Québec

TAGE REPORLU S I F E XC

PASSATION DU FLAMBEAU RÉUSSIE CHEZ Convention de la poste-publications no 41122591

BRAULT MAXTECH Bilan 2018 de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable

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Les microtamis : une nouvelle technologie dans l’arsenal en traitement tertiaire des eaux usées

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Aménagement du territoire dans les zones inondables : le nouveau régime à venir

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« C’est là l’unicité et l’intérêt de Brault Maxtech : nous sommes capables de guider la clientèle dans les dédales du choix et des caractéristiques des équipements qui lui sont nécessaires. » — Nicolas Minel

chroniques

SOMMAIRE

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ÉCONOMIE D’EAU POTABLE BILAN 2018 DE LA STRATÉGIE QUÉBÉCOISE D’ÉCONOMIE D’EAU POTABLE

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TRAITEMENT DES EAUX LES MICROTAMIS : UNE NOUVELLE TECHNOLOGIE DANS L’ARSENAL EN TRAITEMENT TERTIAIRE DES EAUX USÉES

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LE JURIDIQUE AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DANS LES ZONES INONDABLES : LE NOUVEAU RÉGIME À VENIR

CON

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LES AMIS DE SOURCE

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Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc Coordonnatrice à la direction de l'édition Noémie Vallet Téléphone : 450 508-1515 nvallet@maya.cc Direction artistique MAYA Designer graphique Sylvain Malbeuf (SymaPub)

Journaliste et rédacteur Guy Des Rochers

Révision linguistique Émilie Pelletier

Chroniqueurs Cle ́ment Cartier Yannis Kachani e M Nicolas Trottier

Espace publicitaire André Dumouchel Téléphone : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc

Photos de la page couverture et de l’entrevue Luc Lavergne

Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Québec) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazinesource.cc www.magazinesource.cc

Les photos ont été prises à la station d'épuration de la ville de Salaberry-de-Valleyfield.

Impression Carpe diem Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.

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© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent que leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine SOURCE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine SOURCE est publié trois fois l’an.

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Le magazine de l’eau au Québec


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ÉDITORIAL

près avoir vendu ses premiers équipements pour le traitement des eaux au milieu des années 1970, c’est en 2006 que Marcel Brault a créé sa propre entreprise, Brault Maxtech. Le déclic s’est produit en discutant avec des ingénieurs et des entrepreneurs d’ici, qui lui ont dit « que ça prendrait un agent manufacturier d’envergure au Québec », raconte-t-il. S’appuyant sur sa vaste expérience et ses nombreuses relations d’affaires, il a plongé pour répondre à ce besoin.

A

Près de quarante ans plus tard, en décembre 2020, Marcel cédera officiellement les rênes de l’entreprise qu’il a bâtie avec soin pour en faire un franc succès entrepreneurial. Ses activités d’affaires ont contribué à faire de Brault Maxtech une société florissante, dans laquelle il aura fait jouer toute la gamme de

André Dumouchel adumouchel@maya.cc

SE LANCER À L’EAU ses valeurs humaines, allant même jusqu’à choisir et épauler son successeur, Nicolas Minel, dans un transfert d’entreprise admirablement réussi. Même s’il est plus jeune d’une quinzaine d’années, Nicolas Minel jouit d’une expérience enviable dans les métiers de l’eau et on pourrait dire de lui qu’il est du même moule que son partenaire. Ainsi donc, c’est sans inquiétude pour la pérennité de son entreprise que Marcel Brault pourra profiter d’une retraite paisible, et il pourra assumer pleinement son rôle de grand-père auprès de ses douze petitsenfants !

Et l’avenir ? En cette période de pandémie, l’incertitude plane concernant la viabilité d’un nombre grandissant d’entreprises, puisque l’économie mondiale tourne presque à vide. Toutefois, Nicolas Minel se montre serein. « Le traitement de l’eau étant un service essentiel, pour nous, ne serait-ce que pour la consommation auprès de la population, ça va continuer », observe-t-il. Et il a bien raison. L’eau est un service essentiel, et le parc vieillissant des usines et des infrastructures de l’eau ne cessera pas de sitôt d’apporter de l’eau au moulin d’un agent manufacturier comme Brault Maxtech. « Il y aura d’la job en masse », comme le dit l’expression populaire. S’il y a matière à réjouissance pour les entreprises comme Brault Maxtech, l’avenir ne s’annonce pas aussi simple que l’on pourrait le croire pour l’ensemble de la filiale du traitement des eaux. Déjà

un enjeu avant la pandémie, le dossier des ressources humaines représente ni plus ni moins qu’une bombe à retardement pour la sécurité et le bon fonctionnement de nos systèmes de traitement des eaux. D’abord, les usines deviennent de plus en plus mécanisées et requièrent des opérateurs plus spécialisés et mieux formés que jamais. Bientôt, il deviendra périlleux d’avoir des opérateurs affairés aux autres tâches connexes en même temps, comme dans certaines petites municipalités, lorsqu’il faudra faire fonctionner des stations mécanisées complexes. S’ajoute à cet enjeu de formation et de compétence une réelle pénurie de diplômés, les techniciens de l’eau fraîchement émoulus ne se comptant pas par dizaines. Je ne suis pas inquiet pour les jeunes et la relève, car il y aura toujours du travail. Mais encore faut-il que cette relève soit au rendez-vous et encouragée à y être. J’espère que nos gouvernements saisissent le caractère essentiel et l’urgence de procéder à la formation de nouveaux spécialistes du traitement des eaux. Si nous voulons pouvoir honorer ce service essentiel, il est urgent que nos dirigeants se positionnent sur la question, ce qui nécessitera nécessairement du financement étatique et des choix de société annoncés et clarifiés. Il nous faudra consacrer encore beaucoup d’attention et de deniers publics à la construction et aux équipements pour l’assainissement des eaux au Québec. C’est d’autant nécessaire qu’il nous reste à rattraper les normes de l’Union européenne ainsi que les nouvelles normes que nous nous sommes nous-mêmes données. Mais à l’heure où une partie de la population songe à réorienter sa carrière vers des services essentiels, l’occasion m’apparaît exceptionnelle de l’inviter à faire comme Marcel Brault et à se lancer à l’eau. n

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REPORTAGE

PASSATION DU FLAMBEAU RÉUSSIE CHEZ

BRAULT MAXTECH Par Guy Des Rochers

L’heure est à la passation du flambeau chez Brault Maxtech. Et tout aura été fait pour que la flamme de cette belle entreprise québécoise ne s’éteigne pas en changeant de mains, bien au contraire. Non seulement Marcel Brault aura-t-il créé de toutes pièces une entreprise prospère, mais il aura aussi réussi à la quitter sereinement après avoir choisi son dauphin, Nicolas Minel, et établi avec lui les conditions gagnantes d’un transfert d’entreprise qui aura duré six ans. « Je suis attaché à l’entreprise que j’ai fondée, mais comme personne n’est éternel et que j’ai maintenant 66 ans, il est temps de passer à autre chose », relate Marcel Brault. Vers 2012, alors que Brault Maxtech affichait une belle progression, il devinait qu’aucun de ses enfants n’avait d’intérêt pour l’entreprise, parce qu’ils évoluaient dans des secteurs tout à fait différents. Marcel Brault s’est alors questionné sur la manière d’assurer une forme de

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pérennité à son entreprise « sans que j’aie à m’en occuper jusqu’à ma mort ». Et il ne se gêne pas pour dire qu’il a eu besoin d’aide durant cette période. « Je connaissais des gens chez Raymond Chabot Grant Thornton et, avec eux, nous avons examiné différentes façons de faire fonctionner l’entreprise, explique-t-il. L’un des conseils que j’ai retenus, c’est d’aller chercher du personnel possédant le potentiel de s’impliquer, avec le temps, dans l’entreprise. » Dès 2012, Marcel Brault dresse son plan et commence son cheminement. « En 2013, je m’étais donné comme objectif de dénicher une relève avant mes 60 ans, et je l’ai découverte deux mois avant cet anniversaire ! », dit-il, fier de son coup. Ainsi, en

2014, le transfert de l’entreprise débute. « Quand j’ai approché Nicolas Minel, je lui ai révélé que je le voyais non seulement comme un employé, mais surtout comme un futur actionnaire, confie Marcel Brault. Je lui ai présenté le plan de transfert que je voulais mettre en place et avec son accord, nous avons établi un programme de transfert échelonné sur six ans, jusqu’en 2020. » Comme bien d’autres événements dans sa vie d’entrepreneur, l’opération « séduction » de Marcel a parfaitement fonctionné. « Nicolas travaillait déjà à Montréal pour une importante entreprise et nous nous connaissions un peu, raconte-t-il. Il était consciencieux et bien informé, et comme il était quand même plus jeune que moi d’une quinzaine


REPORTAGE d’années, je trouvais que cette association allait de soi, d’autant plus qu’il s’agissait pour lui d’une belle occasion d’affaires. Je ne me suis pas trompé en l’approchant, car nous avons des atomes crochus et nous pensons beaucoup de la même façon. Par exemple, la satisfaction de la clientèle est une priorité pour lui tout comme pour moi. »

Une référence pour l’industrie Ainsi donc, Marcel Brault, devenu au fil du temps une véritable institution dans le domaine du traitement des eaux, mettra en décembre 2020 un terme à son parcours professionnel pour enfin s’accorder plus de bons moments en compagnie de sa famille et de ses amis, après une carrière qui aura duré quelque 45 années.

toujours été sa capacité d’anticiper, de scruter plus loin que l’horizon… Par exemple, en 1970, à l’époque de son choix de discipline d’études, c’est le secteur de l’environnement qui l’attire, sans trop savoir où cela allait le mener, admetil aujourd’hui. « J’avais été élevé sur une ferme, à Sainte-Martine, et je ne me voyais pas enfermé dans un bureau. On commençait à parler d’environnement à cette époque et j’ai obtenu un DEC en assainissement des eaux, en 1974, du cégep Saint-Laurent, révèle-t-il. En 2006, quand j’ai créé Brault Maxtech, j’avais 52 ans. Avec l’expérience du milieu que je possédais, j’ai cru que c’était un moment propice pour le faire. La vente d’équipements provenant de bons manufacturiers et la volonté de bien conseiller les clients, tout autant les ingénieurs que les municipalités, ont toujours été mes objectifs. »

Pour le vice-président de FNX-INNOV, Marc-André Desjardins, l’entreprise Brault Maxtech fait partie des grands joueurs sur la scène québécoise du traitement des eaux. « Et Marcel Brault n’est pas le dernier venu dans ce domaine, car il est une autorité en la matière, précise-t-il. Quand je suis arrivé sur le marché du travail, au milieu des années 1980, ma maîtrise en traitement des eaux usées en poche, ce sont des personnes de la trempe de Marcel Brault qui m’ont montré mon métier. Avoir une maîtrise, c’est bien, mais en réalité, je n’avais aucune espèce d’expérience et Marcel Brault m’a quelquefois sauvé de la panique ! Dès mes premières armes à titre d’ingénieur de procédés, Marcel fournissait déjà un soutien et un accompagnement à toute l’industrie du génie-conseil. Je me remémore ces moments-là avec reconnaissance. » On peut prétendre, sans se tromper, qu’une des forces de Marcel Brault a

Marcel Brault

POUR NICOLAS MINEL

L’ESSENTIELLE SATISFACTION DE LA CLIENTÈLE « Je n’étais ni gestionnaire, ni entrepreneur, mais un ingénieur en traitement de l’eau, qui avait orienté sa carrière vers le développement commercial. Toutefois, grâce à l’occasion que m’a offerte Marcel, j’ai découvert ces nouveaux domaines. Je suis à cent lieues de n’être qu’un investisseur à la recherche de sources de revenus, car le domaine de l’eau est la passion qui guide mes pas. J’ai ça dans le sang », confie Nicolas Minel, un Français d’origine ayant immigré au Québec il y a environ 14 ans. Nicolas Minel a toujours travaillé dans le domaine de l’eau. Il a quitté son Aix-en-Provence natale pour le Québec, car la société pour laquelle il travaillait avait un bureau à Montréal. C’est ainsi que son chemin a quelquefois croisé

celui de Marcel Brault, ces rencontres cessant d’être sporadiques il y a six ans, lorsque la proposition de faire un jour de lui le grand patron de Brault Maxtech lui a été faite. « Le processus de passation de l’entreprise s’est déroulé sans anicroche, car nous l’avons imaginé et conçu ensemble, explique Nicolas Minel. Marcel m’a recruté dans son équipe avec l’optique que je prenne sa relève ; cela m’a d’abord amené à réfléchir à son offre, mais pas longtemps ! Pour moi, qui avais fait toute ma carrière dans la même grosse entreprise, c’était l’occasion de vivre l’expérience d’une plus petite organisation et dans un domaine, de surcroît, que j’affectionnais particulièrement. Enfin, les fonctions me correspondaient totalement. »

« Je suis à cent lieues de n’être qu’un investisseur à la recherche de sources de revenus, car le domaine de l’eau est la passion qui guide mes pas. J’ai ça dans le sang. » Nicolas Minel

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REPORTAGE

Un processus étalé sur six ans Le processus élaboré en 2014 par Marcel et Nicolas établissait que durant une période de six ans, ce dernier devenait actionnaire, en utilisant chacune de ces années pour racheter des parts de l’entreprise. Au fil du temps, Nicolas a pu ainsi accentuer son rôle en tant qu’actionnaire et administrateur, Marcel cédant peu à peu de l’espace à son dauphin dans une belle synergie. En l’occurrence, quand Nicolas a rejoint l’équipe de Marcel, les deux hommes ont constaté qu’ils partageaient les mêmes valeurs, s’évertuant chacun à mettre l’épaule à la roue pour que Brault Maxtech en bénéficie. « Nous partageons le sens de l’intégrité et un engagement indéfectible envers notre clientèle, ainsi qu’une loyauté à l’égard des entreprises manufacturières que nous représentons », d’ajouter Nicolas Minel, tout en expliquant qu’ils ont aussi fait des efforts, chacun de son côté, pour augmenter le nombre de manufacturiers et de nouvelles technologies offerts dans leur catalogue, ajoutant ainsi à la crédibilité de l’expertise technique que Brault Maxtech offre aux ingénieurs-conseils, aux municipalités et aux industries.

Actuellement, Brault Maxtech représente la crème des manufacturiers d’équipements de traitement des eaux pour tout le territoire du Québec. Sans conteste, l’une des forces de l’entreprise est le soutien qu’elle offre aux ingénieurs-conseils et aux opérateurs d’usines. « Cette approche parfaitement réussie est le résultat de la vision de l’entrepreneur toujours en effervescence qu’est Marcel Brault. Et c’est exactement là où je veux aller en perpétuant toutes ces bonnes pratiques », ajoute Nicolas Minel, tout en affirmant poursuivre la trajectoire établie par Marcel Brault.

Offrir des services en français Marcel Brault a vraiment bâti son entreprise autour de la satisfaction des clients. Grâce à lui, Brault Maxtech compte maintenant sur une dizaine d’employés, dont du personnel qualifié au niveau des ventes techniques, une très bonne division de services composée de gens compétents et accrédités, ainsi que du personnel de distribution présent cinq jours sur sept. De plus, Marcel Brault entretenait un autre objectif : « La majorité des manufacturiers que nous représentons en dehors du Québec sont soit canadiens, soit américains, donc anglophones, ce qui pouvait créer un obstacle

pour notre clientèle québécoise, explique Marcel Brault. Donc en ayant notre personnel formé et certifié par les manufacturiers, nous pouvons offrir un service en français aux villes et à la clientèle, ainsi qu’un service d’entretien en français sur les équipements qui avaient été installés, tout comme dans notre service de distribution de pièces de rechange. Comme on peut le découvrir, l’entreprise s’est vraiment bâtie autour de la notion de satisfaction de notre clientèle. » Pour Nicolas Minel, un des points forts de Brault Maxtech, c’est justement son engagement à bien servir sa clientèle tout au long de la durée de vie de l’usine. « C’est là l’unicité et l’intérêt de Brault Maxtech : nous sommes capables de guider la clientèle dans les dédales du choix et des caractéristiques des équipements qui lui sont nécessaires. De surcroît, nous nous engageons à bien servir notre clientèle pendant longtemps, parce que tout nouvel équipement qui sera installé aura une durée de vie minimale de 25 ans », précise-til, tout en ajoutant que « lorsque l’on a de bons équipements fiables et que l’on offre un bon service aux clients, la croissance de l’entreprise devient une conséquence de la qualité de notre travail, et ça devient comme une récompense. »

DES TECHNOLOGIES MOINS ÉNERGIVORES POUR DES USINES DE PLUS EN PLUS MÉCANISÉES « Nous avons la chance de représenter des entreprises considérées comme les meilleures dans leur domaine, à la qualité avérée, et portées vers l’innovation. C’est l’une des forces de notre entreprise et nous sommes redevables à Marcel pour cette image de marque propre à Brault Maxtech », exprime fièrement Nicolas Minel. Selon lui, l’équipe de Brault Maxtech est prête à faire face aux besoins grandissants du milieu de l’eau au Québec, « d’autant plus qu’environ 20 % du parc des usines est vieillissant et que beaucoup d’installations auront bientôt besoin de mises à jour importantes ». De plus, Nicolas Minel constate que lors des dernières années, d’importants progrès ont été réalisés tant pour la production d’eau potable que pour le traitement des eaux usées. « Il y a une augmentation des normes de qualité, précise-t-il, ce qui oblige les manufacturiers à innover et à offrir de nouvelles technologies, puisque la plus grande mécanisation des usines demande des équipements de grande qualité et, par souci environnemental, moins énergivores ». Et c’est ici qu’entre en jeu une autre force de l’entreprise, selon Nicolas Minel : la grande compétence de ses employés. L’exemple de Clément Cartier, qui occupe un poste de représentant technique, est à ce chapitre probant. Avec tout le dynamisme de ses 39 ans et de son expertise — bac et maîtrise en génie civil à Polytechnique Montréal et une thèse de doctorat en codirection avec Virginia Tech —, Clément Cartier se passionne littéralement pour son métier.

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Dépenses phénoménales à prévoir « C’est emballant, ce qui se passe actuellement au Québec, raconte Clément Cartier. Compte tenu du nombre d’étangs aérés pour le traitement des eaux usées qui existent au Québec, la rénovation de ces infrastructures va engendrer des dépenses phénoménales. Imaginez : plus de 500 étangs aérés à transformer en systèmes plus avancés, avec un traitement tertiaire comme la désinfection aux UV, ou encore des systèmes d’enlèvement du phosphore. » L’abandon de traitements physico-chimiques pour les usines d’épuration des eaux usées, au profit de traitements biologiques, constitue la principale percée dans le domaine, selon Clément Cartier. Encore une fois en vertu de nouvelles normes environnementales, il faut s’attendre à une demande de plus en plus importante pour des traitements tertiaires comme des systèmes de désinfection UV, par exemple. « Cette approche permet d’inactiver les microorganismes au lieu de les détruire par de la chloration, par exemple. On évite ainsi d’introduire dans l’eau des polluants chimiques, tout en évitant des contraintes d’approvisionnement et de stockage de produits », explique-t-il. Clément Cartier affirme être très enthousiaste face aux perspectives du marché, même si des phénomènes


REPORTAGE

Station d’Êpuration de la ville de Salaberry-de-Valleyfield

majeurs comme la pandÊmie de COVID-19 et la crise Êconomique qu’elle engendre sont des joueurs avec lesquels la sociÊtÊ devra apprendre à composer.  Cependant, un aspect qui nous touche moins, nous les manufacturiers, mais qui va nÊcessairement avoir de grosses rÊpercussions, ce sont les besoins grandissants en personnel qualifiÊ liÊ aux usines d’Êpuration et de production d’eau potable , ajoute-t-il.

Sans afficher trop d’inquiÊtude face à ces nouveaux dÊfis, ClÊment Cartier constate quand même que nos gouvernements auront des choix difficiles à faire.  PandÊmie, crise Êconomique et choix environnementaux sont des incontournables. Bien sÝr, la transition ÊnergÊtique en vue de rÊduire les Êmissions de gaz à effet de serre est essentielle, et elle a un coÝt, mais aussi, il faudra tenir compte sur le plan financier de l’amÊlioration et de la maintenance des infrastructures pour le traitement des eaux, afin de s’assurer que la qualitÊ des effluents soit de mieux en mieux. 

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REPORTAGE

« LE QUÉBEC AMORCE UN NOUVEAU CYCLE DE MODERNISATION » – Marc-André Desjardins, de FNX-INNOV « Cela fait une quarantaine d’années qu’on fait de l’assainissement des eaux au Québec, et ça correspond à la fin d’un cycle. On a l’impression d’avoir fait le tour et on pense qu’on peut dorénavant fermer les livres, mais c’est le contraire ! Nous amorçons actuellement un nouveau cycle de modernisation des infrastructures vieillissantes. » Marc-André Desjardins est vice-président de FNX-INNOV, une société d’ingénierie qui a réalisé plusieurs projets d’envergure. Après avoir effectué de 2008 à 2010 les études préparatoires, FNX-INNOV a été mandatée en 2012 pour réaliser les plans, les devis et la surveillance des travaux de réhabilitation et de modernisation de la station d’épuration de la ville de Salaberry-de-Valleyfield, de type boues activées. Les travaux, terminés en 2015, incluaient la mise à niveau du prétraitement (dégrillage et dessablage), la modification des bassins d’aération et le remplacement du système d’aération, l’amélioration et la mise à niveau de la mécanique des décanteurs secondaires, l’ajout d’une désinfection UV en canal, la mise en place de deux épaississeurs à tambour et le remplacement des filtres à bandes par deux centrifugeuses, ainsi que la refonte complète du système de contrôle

et de télésurveillance de la station d’épuration. « Il va sans dire que ces travaux impliquaient la fourniture de plusieurs équipements et de procédés, indique Marc-André Desjardins. Nous avons préparé des spécifications en fonction de la qualité recherchée pour ces équipements et Brault Maxtech, qui représente plusieurs manufacturiers dans le domaine du traitement des eaux usées, a répondu favorablement à notre appel d’offres. »

Des stations d’épuration ayant en moyenne 25 ans Selon Marc-André Desjardins, l’âge moyen des stations d’épuration du Québec est d’environ 25 ans. « Et quand on parle d’ouvrages qui fonctionnent dans des conditions souvent difficiles, comme c’est le cas dans des stations d’épuration (qui connaissent plusieurs problématiques, dont celle de la corrosion), on peut imaginer qu’ils ont

besoin d’être modernisés après 25 années d’utilisation. » Par ailleurs, le milieu de l’eau fait face à des exigences toujours plus sévères sur le plan environnemental. « On ne peut qu’être d’accord avec cela, car du point de vue des exigences réglementaires, le Québec accuse encore un retard par rapport à l’Union européenne et on a effectivement du rattrapage à faire en matière d’assainissement, malgré tous les efforts qui ont été consentis depuis 40 ans, précise Marc-André Desjardins. À cause des nouvelles exigences, ainsi que du resserrement de certaines exigences existantes, de nouveaux équipements devront tôt ou tard être mis en place, comme ce fut le cas pour la station de Salaberry-de-Valleyfield. Pour le Québec, il s’agit d’un vaste chantier de rénovation qui durera quelques dizaines d’années encore. » n

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BILAN 2018 DE LA STRATÉGIE QUÉBÉCOISE D’ÉCONOMIE D’EAU POTABLE

ÉCONOMIE D'EAU POTABLE

Yannis Kachani Ing., M. Sc, chargé de projets Stratégie québécoise d’économie d’eau potable Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation yannis.kachani@mamh.gouv.qc.ca

G

râce à la collaboration de 626 municipalités représentant 91 % de la population québécoise desservie par un réseau de distribution d’eau potable, il est maintenant possible de dresser le bilan 2018 de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable (la Stratégie). QUANTITÉ D’EAU DISTRIBUÉE PAR PERSONNE PAR JOUR Comme le montre la Figure 1, la quantité d’eau distribuée par personne par jour au Québec a diminué de 6,5 % par rapport à 2015, pour atteindre 536 L/pers/d en 2018. L’objectif de la Stratégie est la réduction, en 2025, de 20 % de la quantité d’eau distribuée par personne par rapport à l’année 2015. Malgré les efforts des municipalités pour réduire la quantité d’eau distribuée par personne par jour, les données récoltées en 2018 montrent une légère augmentation de celle-ci par rapport à l’année précédente. Cette hausse peut en partie s’expliquer par les conditions météorologiques. En effet, une canicule particulièrement intense et un déficit de précipitations ont eu pour conséquence d’augmenter la quantité d’eau potable distribuée pendant les mois d’été 20181.

INDICE DE FUITES DANS LES INFRASTRUCTURES

Inférieur à 2 De 2 à 4 De 4 à 8 Supérieur à 8

NIVEAU DE FUITES

CATÉGORIE DE PERFORMANCE INTERNATIONALE

Faible Modéré Élevé Très élevé

A B C D

Tableau 1 : Répartition de l’indice de fuites dans les infrastructures par catégorie de performance

En 2018, 76 % des réseaux de distribution d’eau potable municipaux, principalement de petits et moyens réseaux, ont atteint leur objectif de pertes d’eau, soit un niveau de fuites modéré. Cependant, l’IFI moyen du Québec se situe à 6,0, soit un niveau de fuites élevé. CONSOMMATION RÉSIDENTIELLE Il est désormais possible de distinguer la consommation résidentielle de la consommation non résidentielle. En effet, l’installation de compteurs d’eau dans le secteur non résidentiel et dans des échantillons de logements résidentiels permet de distinguer la consommation propre à ces deux secteurs, améliorant la précision des bilans d’eau et permettant une comparaison plus équitable entre municipalités. L’objectif de consommation résidentielle pour le Bilan 2018 était d’atteindre la moyenne ontarienne (201 L/pers/d) ou canadienne (235 L/pers/d) de 2015, selon les particularités des municipalités. Grâce aux efforts mis en place par les municipalités, 48 % d’entre elles ont atteint leur objectif de consommation résidentielle. Toutefois, la consommation résidentielle moyenne de 2018 au Québec est de 268 L/pers/d.

TOUT LE QUÉBEC

QUANTITÉ D’EAU DISTRIBUÉE Quantité d’eau distribuée en litres par personne et par jour dans les réseaux de distribution d’eau potable 700

573

L/pers/d

600

551

530

536

500 Objectif 2025 pour l’ensemble du Québec :

400 300

458

200 100 0

2015

2016

2017 Année

2018

Figure 1 : Évolution annuelle de la quantité d’eau distribuée par personne par jour

PERTES D’EAU L’indicateur utilisé pour mesure les pertes d’eau est l’indice de fuites dans les infrastructures (IFI)2. Celui-ci est réparti en quatre catégories, comme l’indique le Tableau 1.

ACTIONS À RÉALISER POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS L’année 2018 étant une année charnière séparant le premier volet (2011-2017) du second volet (2019-2025) de la Stratégie, la grande majorité des actions en économie d’eau potable avaient déjà été réalisées par les municipalités avant celle-ci. L’augmentation de la quantité d’eau distribuée par personne par jour de 2017 à 2018, le niveau de fuites élevé ainsi que l’écart qui subsiste entre la consommation résidentielle québécoise et celle du reste du Canada montrent donc l’importance d’entreprendre de nouvelles actions pour éviter le gaspillage de la ressource, dont : l l l l l

L’objectif de la Stratégie 2019-2025 est d’atteindre, pour l’ensemble du Québec, un niveau de fuites modéré, soit un IFI moyen inférieur à 4. Il est à noter que les municipalités ayant plusieurs réseaux peuvent viser différents objectifs compris entre 2 et 4, puisque ceux-ci sont déterminés en fonction des particularités de chaque réseau. En effet, l’objectif varie selon le nombre de branchements de service et selon l’indice de demande limitée par la capacité d’une municipalité 3.

l

Réaliser un contrôle actif des fuites sur l’équivalent de 200 % de la longueur du réseau ; Réduire le délai de réparation des fuites ; Gérer la pression ; Mettre à jour la réglementation municipale ; Sensibiliser les citoyens ; Inclure une forme de tarification volumétrique pour le secteur non résidentiel.

L’ensemble des résultats 2018 ainsi que les accomplissements des municipalités et du gouvernement sont détaillés dans le Rapport annuel de l’usage de l’eau potable 2018 4. n

MELCC (2019). Canicule de juin-juillet 2018 : une chaleur rarement ressentie de manière aussi soutenue. http://www.environnement.gouv.qc.ca/climat/Faits-saillants/2018/canicule.htm L’IFI représente le ratio entre les pertes d’eau réelles (PER) et les pertes d’eau réelles inévitables (PERI). Les PER regroupent les fuites sur les conduites d’alimentation et de distribution, les fuites et les débordements aux réservoirs ainsi que les fuites aux branchements de service dans l’emprise publique. Les PERI représentent le niveau le plus bas de pertes d’eau techniquement atteignable et elles sont évaluées à partir des caractéristiques propres à chaque réseau de distribution d’eau potable. 3 L’indice de demande limitée par la capacité est attribué aux municipalités pour lesquelles la demande en eau est ou sera potentiellement limitée par la capacité des infrastructures ou de la ressource en eau. 4 Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. (2020). Rapport annuel de l’usage de l’eau potable 2018. https://www.mamh.gouv.qc.ca/fileadmin/publications/infrastructures/strategie_quebecoise_eau_potable/rapport_usage_eau_potable_2018.pdf 1

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TRAITEMENT DES EAUX

LES MICROTAMIS : UNE NOUVELLE TECHNOLOGIE DANS L’ARSENAL EN TRAITEMENT TERTIAIRE DES EAUX USÉES

Clément Cartier Ing., Ph. D. Représentant technique Brault Maxtech inc. clement.cartier@braultmaxtech.com

e Guide pour l’étude des technologies conventionnelles de traitement des eaux usées d’origine domestique du MELCC est en révision. Cette refonte n’empêche pas le Ministère de chercher à apporter certaines modifications au guide existant. Au moment d’écrire ces lignes, une nouvelle technologie conventionnelle de traitement tertiaire est « en prépublication » sur le site du Ministère : la filtration sur toile ou le microtamisage.

L

FONCTIONNEMENT La filtration sur toile a été développée en s’appuyant sur un principe de base de l’enlèvement physique des particules : maximiser la surface de traitement tout en minimisant la dimension des ouvertures, afin de capter les particules les plus fines possibles. Pour être viable, un tel système doit aussi être autonettoyant et idéalement le plus compact possible. À la base du procédé, la toile de ces tamis est faite de fibres métalliques ou synthétiques qui sont tressées avec des ouvertures uniformes allant de 10 à 50 microns, selon l’application. Cette technologie apparaît donc comme une barrière absolue (en fonctionnement normal) avec une augmentation de la capacité de séparation à l’aide d’un effet de « gâteau ».

Les microtamis peuvent se présenter sous différentes formes, notamment comme des tambours rotatifs, souvent utilisés en pisciculture. Toutefois, le développement de cette technologie a conduit à l’utilisation de disques creux recouverts de toile avec un écoulement « intérieur-extérieur » ou « extérieurintérieur », qui sont en rotation autour d’un arbre horizontal dans une cuve. Un système de nettoyage est alors situé dans le haut des disques et nettoie les toiles de la matière accumulée. On nomme alors cette technologie « filtres à disques », et ce sont ces filtres à disques qui sont habituellement utilisés en traitement tertiaire. Pour le fonctionnement normal des filtres à disques, seuls des rétrolavages sont directement requis, en utilisant l’effluent pour le lavage des toiles. Toutefois, ces équipements peuvent être sensibles à certains solides, notamment les algues et les filasses. Une boue « trop jeune », donc plus collante, pourrait aussi avoir tendance à créer du biofilm sur la toile. Lors d’un dépassement en pointe des valeurs de conception (normalement <35 mg/L), les toiles peuvent se bloquer et nécessiter un lavage complet. Un lavage manuel exhaustif doit alors être effectué lorsque le rétrolavage du système ne permet pas d’abaisser les pertes de charge à un niveau suffisant. On utilise alors

Les principaux avantages de cette technologie : les filtres à disques sont très compacts pour leur capacité de filtration, l’empreinte au sol est particulièrement réduite et le coût en capital est très compétitif.

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L E S M I C R O T A M I S : U N E N O U V E L L E T E C H N O L O G I E D A N S L’ A R S E N A L E N T R A I T E M E N T T E R T I A I R E D E S E A U X U S É E S

des produits chimiques et un jet sous pression. Lorsque les lavages ne permettent pas de restituer la capacité de filtration de la toile, il faut alors la changer. La durée de vie d’une toile est d’environ cinq ans. Les principaux avantages de cette technologie sont les suivants : les filtres à disques sont très compacts pour leur capacité de filtration, l’empreinte au sol est particulièrement réduite et le coût en capital est très compétitif. Comme pour les filtres à lit fluidisé, il est possible d’avoir une filtration continue même pendant les rétrolavages, qui sont faits à même l’affluent. Par contre, les rétrolavages rejettent de 0,5 % à 8 % de l’affluent, ce qui est supérieur au filtre à lit fluidisé. Les filtres à disques requièrent aussi l’ajout de polymères, une maintenance préventive (lavage sous pression une à trois fois par semaine ; lavage chimique aux deux mois) et des éléments consommables (toile). APPLICATIONS Pour le traitement tertiaire, les filtres à disques sont considérés pour deux applications principales : l’enlèvement du phosphore et l’enlèvement des solides en suspension. Toutefois, puisque la porosité minimale des filtres est de 10 microns, il faut ajouter des produits chimiques (coagulant et polymère) pour optimiser la floculation afin de retirer les particules de matières en suspension et le phosphore particulaire/dissous (très majoritairement <10 microns). Du polymère doit absolument être ajouté pour former des flocs assez gros et résistants au cisaillement provoqué par la toile. Il est important que le concepteur considère la concentration de solides générés dans la conception, car une concentration en flocs trop importante entraînerait une boue risquant de colmater la toile.

Plancher à profil bas Phoenix

Système de panneaux Phoenix avec lavage à l’air

En 2018, les filtres à disques n’étaient pas encore approuvés pour l’enlèvement du phosphore. C’est maintenant chose faite, et plusieurs références démontrent l’efficacité des filtres à disques pour l’enlèvement du phosphore jusqu’à 0,3 mg/L. Encore une fois, une attention particulière doit toutefois être portée aux flocs, car contrairement aux membranes et aux filtres sur sable, la porosité des filtres est trop lâche pour capter les flocs fins et fragiles formés par la précipitation du phosphore. Des tests en laboratoire ou en pilote sont donc recommandés pour vérifier l’enlèvement possible de phosphore. Les filtres à disques sont parfaitement adaptés comme « barrière ultime » en fin de traitement, par exemple pour écrêter des pointes saisonnières ou des variations de procédé. Dans certains cas, ils pourraient être employés après un réacteur biologique à garnissage en suspension (RBGS) utilisé pour la nitrification (en toute fin de procédé), ou après des étangs aérés qui ne présentent pas un temps de rétention hydraulique suffisant pour assurer la décantation de la matière en suspension de manière saisonnière au printemps ou pour mitiger l’impact des renversements. Il faut toutefois faire attention au procédé spécifique en amont. En sortie d’étangs, on recommande soit de prévoir un dégrillage minimal en amont en raison des risques d’algues, soit d’utiliser un filtre à disques avec dégrillage intégré. En somme, les microtamis sont des équipements versatiles ayant plusieurs avantages. Ils semblent tout à fait adaptés pour certaines applications d’enlèvement de solides sporadiques afin de garantir un effluent conforme aux normes de rejet. Cela devient donc une nouvelle corde à l’arc des concepteurs ou des villes qui sont aux prises avec un traitement qui doit être amélioré. n

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AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DANS LES ZONES INONDABLES : LE NOUVEAU RÉGIME À VENIR

LE JURIDIQUE

Me Nicolas Trottier Avocat, LL. B., B. Sc. Daigneault, avocats inc. nicolas.trottier@daigneaultinc.com

urement touché par les inondations ces dernières années, le gouvernement du Québec a présenté en avril 2020 son Plan de protection du territoire face aux inondations, afin d’améliorer la protection du public dans les plaines inondables. Le 30 septembre 2020, le ministre Laforest déposait le Projet de loi 67 – Loi instaurant un nouveau régime d’aménagement dans les zones inondables des lacs et des cours d’eau, octroyant temporairement aux municipalités des pouvoirs visant à répondre à certains besoins et modifiant diverses dispositions (PL67), dont l’objectif est entre autres d’améliorer le régime d’aménagement en zones inondables.

D

CHANGEMENT DE RÉGIME Le régime actuel d’aménagement dans les zones inondables des lacs et des cours d’eau est régi par la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables (PPRLPI). Bien qu’à vocation principalement environnementale, cette politique a également pour objectif d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Elle prévoit d’ailleurs les interdictions, les permissions et les dérogations possibles dans de telles zones pour les constructions, les ouvrages et les travaux. Son application par rapport à l’aménagement du territoire présente certaines incertitudes, notamment quant à la délimitation des plaines inondables, et elle peut poser problème dans certaines situations où des aménagements locaux particuliers étaient requis pour la protection du public. La mise en œuvre de cette politique à

travers la réglementation municipale locale pouvait également générer des délais d’intervention et des disparités à travers les régions du Québec. Le PL67 propose une approche différente pour donner de nouveaux pouvoirs réglementaires au gouvernement, afin qu’il adopte un ou des règlements uniformisant l’encadrement de l’aménagement en zones inondables. Ce ou ces règlements remplaceraient tout règlement d’une municipalité locale, d’une MRC ou d’une communauté métropolitaine qui porte sur le même objet. Ils prévoiraient, entre autres, la classification des zones inondables (indice d’exposition aux inondations) et les zones tampons ainsi que les prohibitions, les limitations et les normes pour les interventions dans ces zones. Cependant, à l’instar du Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées, ce seraient les municipalités locales qui auraient à appliquer ce cadre normatif. Puisque ce ou ces règlements remplaceraient la PPRLPI, celle-ci serait abrogée. MODIFICATIONS À LA LOI SUR LA QUALITÉ DE L’ENVIRONNEMENT (LQE) De nouvelles notions : la « protection des personnes et des biens » et la « zone de mobilité d’un cours d’eau » Le PL67 viendrait modifier la LQE, notamment la section de celle-ci qui porte sur les milieux humides et hydriques, afin de contribuer à limiter

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AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DANS LES ZONES INONDABLES : LE NOUVEAU RÉGIME À VENIR

le nombre de personnes et de biens exposés aux inondations. Pour ce faire, on verrait apparaître la notion de « protection des personnes » et des biens, qui serait utilisée dans le cadre des autorisations ministérielles ou pour la gestion des ouvrages de protection contre les inondations. Ainsi, dans le cadre d’une demande d’autorisation pour un projet en zone inondable ou en zone de mobilité des cours d’eau, le ministre tiendrait compte de cette notion. Il pourrait même imposer des conditions d’immunisation dans ces zones. Quant à la « zone de mobilité des cours d’eau », cette notion n’est pas définie dans le PL67. Pour éviter toute ambiguïté, la réglementation qui en découlera devrait le prévoir. On peut toutefois supposer qu’il s’agit des zones pouvant être affectées par la sinuosité mouvante des cours d’eau, comme les zones de méandres. Il est important de noter qu’on inclurait ces zones de mobilité des cours d’eau dans la définition des milieux humides et hydriques. Introduction d’un régime de gestion des ouvrages de protection contre les inondations Pour faciliter la gestion des digues et des ouvrages de retenue, le PL67 viendrait ajouter une section à la LQE, octroyant au gouvernement le pouvoir de déclarer une municipalité responsable d’un tel ouvrage, aux conditions qu’il détermine. Ce régime donnerait les pouvoirs nécessaires aux municipalités responsables pour intervenir sur ces ouvrages, le cas échéant. Il donnerait également un pouvoir d’ordonnance au ministre de l’Environnement pour intervenir, lorsqu’il le juge nécessaire, afin d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Un registre de ces ouvrages serait créé.

Établissement des limites des zones inondables des lacs et des cours d’eau et des limites des zones de mobilité des cours d’eau Le ministre de l’Environnement aurait la responsabilité d’établir les limites des zones inondables des lacs et des cours d’eau, et il pourrait également établir les limites des zones de mobilité des cours d’eau. Il devrait d’ailleurs mettre en place les règles applicables à l’établissement de ces limites pour l’ensemble du Québec. Le ministre pourrait également déléguer à une municipalité, par entente, cette responsabilité d’établir les limites suivant ces règles. MODIFICATIONS À LA LOI SUR L’AMÉNAGEMENT ET L’URBANISME (LAU) Planification régionale de la gestion des risques liés aux inondations Le PL67 viendrait modifier la LAU pour permettre aux MRC, dans un cadre strict, d’adopter un plan sectoriel de gestion des risques liés aux inondations. Ce plan viserait uniquement les zones inondables dont l’indice d’exposition aux inondations serait faible ou négligeable, pour permettre certains travaux, constructions ou interventions. Ce plan régional donnerait une certaine flexibilité aux MRC dans ces zones moins vulnérables, et il permettrait de tenir compte des enjeux locaux. Il faut noter qu’avec l’adoption du PL67, il serait maintenant possible de permettre les dérogations mineures en zones de contraintes particulières, à condition que ces contraintes ne découlent pas de raisons de sécurité ou de santé publique, de protection de l’environnement ou de bien-être général. n

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