Magazine SOURCE Hiver 2022

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HIVER 2022, vol. 18 no 1

Le magazine de l’eau au Québec

TAGE REPORLU S I F E XC

Convention de la poste-publications no 41122591

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU SERVICE DE L’EAU Bilan 2019 de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable : encore du chemin à faire ! Le transfert de chaleur en traitement des eaux Traquer la COVID-19 dans les eaux usées : le Québec à la traîne

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reportage « Le fait que toute l’information requise soit sur une plateforme numérique permet de générer des rapports automatiquement, de les rassembler afin d’y avoir accès rapidement, et de répondre à différentes demandes des ministères ou des consultants éventuels qui travailleront sur des optimisations. J’ajouterais que cela apporte une aide à la supervision pour un opérateur, ce qui est loin d’être négligeable, car dans les petites et moyennes municipalités, les ressources humaines sont souvent restreintes »

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— Jean-François Audet, vice-président aux opérations chez Nordikeau

SOMMAIRE

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SUIVI DE LA UNE

TRAQUER LA COVID-19 DANS LES EAUX USÉES : LE QUÉBEC À LA TRAÎNE

chroniques 14

ÉCONOMIE D’EAU POTABLE BILAN 2019 DE LA STRATÉGIE QUÉBÉCOISE D’ÉCONOMIE D’EAU POTABLE : ENCORE DU CHEMIN À FAIRE !

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TRAITEMENT DES EAUX LE TRANSFERT DE CHALEUR EN TRAITEMENT DES EAUX

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LE JURIDIQUE NOUVEAU RÉGIME D’AUTORISATION MUNICIPALE EN MILIEUX HYDRIQUES ET ZONES INONDABLES

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GESTION HUMAINE DES RESSOURCES LA PLANIFICATION STRATÉGIQUE : VOTRE GPS POUR L’HORIZON 2025

Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc

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Espace publicitaire André Dumouchel Téléphone : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc

Coordonnatrice à la direction de l’édition Maude Champagne coordination@maya.cc

Chroniqueurs Clément Cartier Guillaume Dabate Me Thibaud Daoust Juliette Lopez

Direction artistique MAYA

Photos de la page couverture et de l’entrevue Danylo Bobyk

Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Québec) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazinesource.cc www.magazinesource.cc

Réviseure linguistique Émilie Pelletier

Impression Carpe diem

Designer graphique Sylvain Malbeuf (SymaPub)

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.

Journaliste et rédacteur Guy Des Rochers

© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent que leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine SOURCE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine SOURCE est publié trois fois l’an.

HIVER 2022, vol. 18 no 1

Le magazine de l’eau au Québec


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ÉDITORIAL

L’IMMENSE POTENTIEL

DES DONNÉES La révolution numérique est sans conteste le tournant majeur de notre époque. Internet a bouleversé notre quotidien, en plus d’avoir transformé la gestion des entreprises ainsi que nos relations de toutes sortes, qu’elles soient sociales, éducatives, familiales ou culturelles.

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nternet a redéfini tous les moyens de communication. On n’a qu’à penser à l’Internet des objets, c’est-à-dire des objets intégrant des capteurs, devenus capables de recueillir des données échangeables avec d’autres capteurs grâce à des applications raffinées. Un téléphone cellulaire, une montre intelligente, un téléviseur, un appareil photo et même un frigo peuvent maintenant récolter des données et échanger de l’information entre eux, que vous dormiez ou non, et parfois même à votre insu ! Et ce n’est que la pointe de l’iceberg. L’omniprésence des données dans tous les aspects des activités démontre à quel point notre vie est sur le point de changer. Au Québec, des entrepreneurs innovants sont tout à fait au courant du fait que la cueillette de données et leur interprétation possèdent un potentiel immense, et ils sont au fait des formidables promesses qu’elles offrent. C’est le cas chez Nordikeau, dont le président JeanFrançois Bergeron, armé d’une dynamique division de l’innovation, offre maintenant aux municipalités un

service de plateforme infonuagique, Nordicité, capable d’améliorer chacune des interventions relatives aux cycles de l’eau potable et des eaux usées. Même s’il est relativement compliqué d’adapter au domaine de l’eau une telle infrastructure de communication basée sur la cueillette en continu de données, Nordicité s’avère très facile d’utilisation pour la clientèle, en l’occurrence les municipalités du Québec. Pas besoin d’installer de logiciels : grâce à une simple petite boîte raccordée à l’ordinateur, l’information devient accessible sur un site Web. Et la beauté de la chose, c’est que le modèle d’affaires de Nordicité se calque un peu sur celui de Vidéotron : contre un forfait mensuel couvrant l’utilisation de la plateforme et de l’infrastructure de communication, tous les équipements requis sont également fournis. De plus, Nordikeau a su s’entourer de plusieurs partenaires afin que la plateforme soit fiable, en cas d’urgence ou de situation exigeant une rapidité d’intervention. Un vrai tour de force pour cette entreprise d’ici. LE QUÉBEC, PAS TOUJOURS VITE SUR SES PATINS Si certains sont allumés par l’extraordinaire potentiel des données, il semble difficile d’attribuer ce trait de caractère au gouvernement du Québec.

André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Prenons par exemple cette pandémie de COVID-19 qui s’éternise, contre laquelle la planète entière lutte à coups d’innovations, allant de vaccins à des médicaments et à des mesures de dépistage, et maintenant au traçage dans les eaux usées du coronavirus et de ses variants. Cette dernière technologie, dont l’élaboration a été en grande partie le fait de chercheurs québécois, dans le cadre d’une recherche subventionnée, est un outil de pointe. Cette cueillette de données dans les eaux usées peut donner la réelle mesure des contaminations, pour un lieu défini, et permettre de prévoir des éclosions plusieurs jours à l’avance.

Partout dans le monde, au Canada et même à deux heures de Montréal, en l’occurrence à Ottawa, le traçage du coronavirus dans les eaux usées est utilisé. Partout… sauf au Québec. Ce n’est que récemment, vers la miavril, que ce moyen simple et efficace a été ajouté au coffre à outils de la Santé publique, pressée par les nombreuses questions des médias à ce sujet alors que la sixième vague battait son plein. Cette forme de dépistage, peu coûteuse, a été longuement étudiée par l’INSPQ, avant qu’il ne donne son accord tardivement, même s’il ne se faisait presque plus de dépistage systématique par tests PCR. En bref, le Québec a négligé cette récolte de données dans les eaux usées, alors que partout dans le monde, elle était utilisée. La Belle Province devait sans doute se fier aux dépistages faits ailleurs, en Ontario par exemple… Pourtant, la chercheuse Sarah Dorner, dont la recherche avait fait l’objet de la une de Source, à l’hiver 2021, nous apprend qu’un simple transfert technologique aurait pu permettre au ministère de la Santé de prévoir avec précision l’arrivée de n’importe quels nouveaux variants. On se rappelle que quelques semaines avant le plus récent Noël, le premier ministre du Québec, François Legault, avait annoncé que la population allait presque s’éclater lors du temps des fêtes, car les citoyens devaient pouvoir accueillir chez eux jusqu’à vingt invités. On se souvient de la suite : le gouvernement a changé radicalement de cap en diminuant peu à peu le nombre d’invités permis, allant même jusqu’à ordonner un couvre-feu à compter du Jour de l’an. Pourtant, dès les premiers jours de décembre, Sarah Dorner et son équipe avaient déjà dépisté le variant Omicron dans les eaux usées du Québec… Sans vouloir être narquois, disons que l’usage de cette technologie aurait sans doute permis au gouvernement québécois d’éviter de perdre la face. En terminant, je veux remercier Sylvain, ainsi que Guy, Émilie, Danylo, Alex et Sylviane, laquelle s’est démenée pour dénicher du papier... Vous vous rendez compte ? Trouver un imprimeur qui a du papier, de la main-d’œuvre et du temps de presse, en pleine pandémie ! Les initiés et les perspicaces comprendront que le coût de cette publication aurait pu tripler... Merci, mes amis. Grâce à vous, la confection de ce magazine demeure une fête ! n

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REPORTAGE

Nordikeau lance la plateforme Nordicité

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU SERVICE DE L’EAU Par Guy Des Rochers

L’entreprise joliettaine Nordikeau a maintenant la tête dans les nuages ! Mais loin de faire preuve de distraction, elle frappe en plein dans le mille et boucle le cycle de l’eau en intégrant désormais le nuage (informatique) dans ses services. Nordicité, la nouvelle plateforme de solutions infonuagiques alimentée par l’intelligence artificielle développée par l’équipe de l’innovation de Nordikeau, répond parfaitement aux besoins actuels — et futurs — des municipalités relativement à la gestion des services d’eau et d’assainissement.

essentiel à l’optimisation des opérations liées à la gestion de l’eau. C’est donc tout naturellement que Nordikeau a décidé d’offrir cette expertise grâce à la plateforme Web Nordicité, afin d’optimiser la gestion du cycle de l’eau. Forte de son expertise dans le domaine, l’entreprise ne pouvait pas rêver mieux pour ses collaborateurs !

« Nordicité regroupe sur une plateforme numérique à peu près tous les outils de gestion que nous avons développés et utilisés à l’interne depuis plus de 25 ans, explique Jean-François Bergeron, président de Nordikeau. Toutes nos avancées technologiques et numériques ont été transformées en services infonuagiques et deviennent ainsi accessibles à tous. Pour Nordikeau, il s’agit d’un virage important, car avoir des outils à l’interne, c’est une chose, mais les commercialiser représente un autre genre de défi. Toutefois, pour notre clientèle, les municipalités, Nordicité apporte d’énormes bénéfices, car notre application permet d’optimiser chaque étape du cycle de l’eau. »

Rappelons que Nordikeau, dont le magazine Source a déjà souligné en 2019 l’immense apport dans la gestion et les opérations des infrastructures de l’eau au Québec, se fait un devoir de conserver l’approche humaine que son président fondateur, Jean-François Bergeron, lui a toujours insufflée. « Les gens avec qui nous travaillons, ce sont des collaborateurs », avait-il confié à l’époque, lors de l’organisation de la fête soulignant les 25 années d’existence de l’entreprise.

De la valeur ajoutée pour les municipalités L’équipe d’experts de Nordikeau possède des décennies d’expérience. L’entreprise a réalisé que la façon la plus intelligente d’optimiser ses services était de tirer parti des capacités de stockage dans le nuage pour amorcer le virage numérique

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Et ce rapport « presque familial » qui anime l’entreprise, basé sur la collaboration, se reproduit auprès des municipalités formant sa clientèle. « Toute l’expertise que nous avons développée est maintenant offerte en services infonuagiques. Et grâce à la collecte des données que nous “croisons” entre elles pour créer des indicateurs, notre clientèle pourra dorénavant intervenir plus facilement et en temps réel, afin optimiser la gestion des services publics d’eau et d’assainissement. Bien sûr, Nordicité est une application commerciale, mais nous croyons

sincèrement qu’il s’agit d’une grande valeur ajoutée pour les municipalités », explique JeanFrançois Bergeron.

Une optimisation des ressources Les avantages que procure Nordicité aux municipalités qui l’utilisent sont indéniables, selon Jean-François Audet, vice-président aux opérations chez Nordikeau. « Nordicité, c’est une optimisation des ressources, explique-t-il. Grâce à notre plateforme, l’usager apprend à mieux connaître le comportement de ses différentes installations, et de cette connaissance découlent des réponses mieux adaptées aux diverses situations. » Jean-François Audet illustre comme avantages la possibilité d’optimiser l’utilisation des produits chimiques et de la consommation énergétique, si les indicatifs fournis par Nordicité sont pris en compte et les « actions proposées » sont réalisées, bien sûr. « Il faut comprendre que c’est toujours l’humain qui décide, précise-t-il, et que c’est encore l’opérateur qui agit en tenant compte des données transmises et des indicateurs qui lui sont présentés. C’est toujours l’humain qui choisit l’action à poser et qui tient le volant. Jamais l’intelligence artificielle ne remplace l’humain, et elle ne se substitue évidemment pas à l’embauche d’employés compétents. »


REPORTAGE

de devoir superviser le travail d’un employé pour s’assurer qu’il est bien fait ou que des actions seront prises rapidement s’il y a des défaillances.

Voyez la vidéo en cliquant sur le lien ou en vous rendant à l’adresse suivante : https://youtu.be/bHHZ3Bl7nqk

Un autre avantage constaté par Jean-François Audet est la centralisation de l’information. « Toutes les données recueillies, lesquelles pouvaient autrefois être disparates (feuilles de papier, classeurs, tableaux Excel, fichiers PDF, etc.), deviennent automatiquement centralisées sur une seule plateforme facile d’accès, indique-t-il. Ainsi, la production et la gestion deviennent plus simples. »

Une aide à la décision salutaire Jean-François Audet énumère quelques exemples de cette facilité. Il cite entre autres le devoir qu’ont les municipalités de produire des

rapports, souvent dans des délais relativement courts. « Le fait que toute l’information requise soit sur une plateforme numérique permet de générer des rapports automatiquement, de les rassembler afin d’y avoir accès rapidement, et de répondre à différentes demandes des ministères ou des consultants éventuels qui travailleront sur des optimisations, précise-t-il. J’ajouterais que cela apporte une aide à la supervision pour un opérateur, ce qui est loin d’être négligeable, car dans les petites et moyennes municipalités, les ressources humaines sont souvent restreintes. » De plus, selon lui, Nordicité peut épargner à la direction des municipalités et des travaux publics

« C’est d’autant plus le cas que Nordicité peut aussi émettre des notifications par courriel et des alarmes, si l’on constate que des données ne sont pas dans les plages habituelles, ajoute Jean-François Audet. La plateforme diffusera des notifications aux utilisateurs afin de les inciter à bien réagir en prenant une décision appropriée. Et même si Nordikeau offre encore et toujours aux municipalités des interventions de terrain, Nordicité organise tellement bien le travail et la gestion que plusieurs municipalités y trouveront leur compte. En clair, Nordicité optimise les ressources et le fonctionnement des ouvrages, tout en apportant une meilleure rétroaction lors de situations d’urgence. » De toute évidence, la plateforme numérique Nordicité apporte plus de prévisibilité, ce qui est loin d’être négligeable dans la gestion quotidienne de l’eau et de ses infrastructures, surtout que notre époque est capable de fournir sa part d’événements imprévisibles. En l’occurrence, il s’agit d’une aide à la décision incontournable pour quiconque dirige un procédé, et d’une aide essentielle aux décisions financières ou stratégiques pour celui qui a le volant entre les mains.

UNE PLATEFORME QUI EXCELLE DANS LES CONTEXTES DIFFICILES Certes, Nordicité recueille, stocke et analyse les données afin de les organiser sur une plateforme Web simple d’utilisation, mais l’application a aussi été pensée en tenant compte des réalités parfois compliquées auxquelles sont confrontées les municipalités. Dans un contexte où divers obstacles ne font qu’accroître la complexité de la gestion du cycle de l’eau — on n’a qu’à penser à la pandémie de COVID19, à la pénurie de main-d’œuvre, à l’augmentation des mesures et des normes gouvernementales au fil des ans, ou aux pressions sur la ressource et sur les infrastructures provoquées par les changements climatiques —, c’est un atout essentiel que de ne pas naviguer à vue dans la tourmente, et c’est ce que procure sans conteste Nordicité. Pour le directeur de l’innovation chez Nordikeau, Houssine Er-Ray, Nordicité exprime toute sa polyvalence face à l’adversité. « Dans notre domaine, on ne peut pas couper l’eau aux citoyens si des opérateurs tombent malades à cause de la COVID-19, explique-t-il. Et c’est ici, entre autres, que la valeur ajoutée de notre plateforme intervient : elle permet un suivi à distance. Par le télétravail, l’opérateur peut évoluer de chez lui en comptant sur tous ses outils ; il est comme dans l’usine, une caméra lui permettant de voir ses installations, et il a accès à toutes ses informations en temps réel. Grâce à Nordicité, le nombre d’opérateurs nécessaires peut être abaissé de deux à un quand survient une urgence de ce type. »

De nouvelles pressions sur la ressource La pandémie a aussi favorisé des modifications dans les comportements, note pour sa part Jean-François Bergeron.

« Les populations ne sont plus nécessairement aux mêmes endroits, constate le président de Nordikeau. Des gens ont quitté la ville pour aller vivre en dehors des grands centres. Cela crée une nouvelle pression, une augmentation ou une diminution de la consommation d’eau dans un secteur donné. Bref, le cycle de l’eau est affecté par le nombre d’humains à qui on doit assurer le service et cette gestion, pas évidente, est facilitée par notre solution. À titre d’exemple, l’“envahissement” de la Gaspésie par un bataillon de touristes, l’année dernière, lors des vacances de la construction, a eu des impacts importants sur les infrastructures dédiées à l’eau. Nordicité aurait été parfaite pour permettre une gestion proactive de cette crise. » Par ailleurs, le grave problème de la pénurie de main-d’œuvre qui affecte l’industrie de l’eau peut être allégé. « Nordicité permet d’en faire plus avec moins, rappelle Jean-François Audet. Par exemple, plus besoin de prendre la voiture pour aller chercher des données qui sont maintenant disponibles sur la plateforme, laquelle optimise ainsi les ressources humaines et le bilan carbone. On devient meilleur et tellement plus efficace. » Kaëla Éthier-Bergeron, adjointe au développement stratégique et responsable des communications chez Nordikeau, croit pour sa part que Nordicité rend le travail plus intéressant. « L’opérateur ne fait pas qu’aller noter des données et des chiffres, et il alloue plus de temps au travail qui le passionne vraiment », observe-t-elle. Un argument avec lequel Houssine Er-Ray est parfaitement

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REPORTAGE d’accord : « Nordicité permet de nous démarquer aux yeux de nos employés, actuels et futurs. Dans les faits, un opérateur de l’eau est un spécialiste qui a été formé pendant plusieurs années. En dépit de ses nombreuses connaissances, on ne lui demande bien souvent que d’aller récolter des données, faire des tournées et lire des compteurs, et on est loin de ses véritables compétences. Grâce à Nordicité et à ses indicateurs de performance, cet opérateur pourra dorénavant faire de l’analyse et tirer des conclusions ; cette compétence d’un opérateur est manifestement une valeur ajoutée pour un employeur. »

« Grâce à Nordicité et à ses indicateurs de performance, cet opérateur pourra dorénavant faire de l’analyse ; cette compétence d’un opérateur est manifestement une valeur ajoutée pour un employeur. » Houssine Er-Ray, directeur de l’innovation de Nordikeau

travaillent que 30 heures par semaine, mais plutôt de pouvoir servir davantage de clients avec les mêmes spécialistes parce que le travail sera simplifié, même en dépit de la pénurie de maind’œuvre », ajoute-t-il.

Faire plus avec moins Jean-François Bergeron estime que Nordicité permet de réduire le temps de travail d’environ 25 %. « L’idée, ce n’est pas que les gens ne

Cependant, l’éléphant dans la pièce, ce sont les changements climatiques, qui ne manqueront pas de faire pression sur la disponibilité de la ressource et sur les infrastructures. « Nous avons

déjà un aperçu des événements extrêmes causés par les changements climatiques. Sous cet aspect, Nordicité offrira de la prévisibilité en anticipant les situations, affirme Jean-François Bergeron. Il y aura des pressions énormes sur les quantités d’eau, parfois moins de disponibilité ou, à l’inverse, plus de précipitations de forte intensité ; et les infrastructures aussi seront pénalisées. La solution ? C’est d’optimiser nos réseaux. Nordicité fait partie de cette solution. »

UN TREMPLIN VERS L’INTERNATIONAL Il y a une vingtaine d’années, un nouveau règlement sur la qualité de l’eau potable a amené Nordikeau à créer un produit capable de permettre aux municipalités de mieux tenir le registre exigé par la nouvelle réglementation : l’Hydroleader. « Notre modèle d’affaires voit grand, car nous souhaitons déployer Nordicité à l’échelle de toutes les municipalités du Québec et nous projetons même d’aller à l’international, parce que les métiers de l’eau, c’est universel, tout comme les technologies. » Jean-François Bergeron, président de Nordikeau

« Cet outil, c’est un instrument de traitement de données, et cela démontre que Nordikeau a toujours été innovante, explique Houssine Er-Ray. C’est un appareil qui a été développé en interne et, vingt ans plus tard, la plateforme Nordicité est en quelque sorte son évolution naturelle. On ne

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peut pas vraiment comparer les deux outils, surtout à cause de la puissance de la technologie d’aujourd’hui, mais ils proviennent du même esprit de création : collecter les données, les traiter, les analyser et les intégrer aux infrastructures d’eau. »

Les innovations font partie de l’ADN de Nordikeau, et Jean-François Bergeron souligne avoir de tout temps collaboré avec des universités : « Nous avons reçu des étudiants de maîtrise et de doctorat pour des stages, et cela continue aujourd’hui, révèle-t-il. Nous avons transformé notre division de l’innovation pour qu’elle s’exprime davantage dans la recherche appliquée. Nous avons toujours fait en sorte que l’innovation soutienne nos services, car nous sommes, d’abord et avant tout, une entreprise de services. Ainsi, notre savoir-faire en ce domaine, marié à des technologies de pointe, nous aura permis de développer Nordicité, notre plateforme d’aide à la décision. »


TE SI U T EA N E UV E R NO INT


REPORTAGE Se distinguer par l’innovation Comme Nordikeau accompagne beaucoup de petites municipalités qui doivent, souvent avec peu de moyens et de ressources, répondre et satisfaire aux mêmes réglementations que les grandes, l’entreprise a misé sur l’innovation pour mieux les servir. « Grâce à notre plateforme, nos outils internes sont maintenant offerts à tous, indique Jean-François Bergeron. Notre modèle d’affaires voit grand, car nous souhaitons déployer Nordicité à l’échelle de toutes les municipalités du Québec et nous projetons même d’aller à l’international, parce que les métiers de l’eau, c’est universel, tout comme les technologies. Ce qui diffère, c’est le traitement des données, qui est très

territorial, puisque chaque province, chaque pays, possède sa réglementation. » L’industrie de l’eau est riche en données, mais plutôt pauvre en informations, précise Houssine ErRay. Selon lui, pour produire l’information nécessaire à l’industrie, il faut ajouter à la collecte une fine analyse et une harmonisation des données, et c’est exactement ce que réalise Nordicité. « Nordicité sera toujours une solution vivante parce qu’elle a besoin de données, explique-t-il. Ce sont les données qui la bonifient, et chaque fois qu’elle en accumule, notre plateforme est capable de livrer de meilleurs indicateurs. Par ailleurs, Nordicité est

toujours liée au développement technologique et elle s’améliore constamment grâce aux mises à jour et aux nouveaux outils qui arrivent dans le commerce et que nous utiliserons éventuellement. » Nordikeau mise donc sur Nordicité comme solution d’avant-garde. Cette plateforme, forgée à même l’intelligence artificielle, est à ce jour pleinement opérationnelle, ce qui n’empêche pas l’équipe de l’innovation de peaufiner déjà une version 2.0 qui brillera encore par son approche innovante. Houssine Er-Ray tient à préserver cette façon de faire : « Nous cherchons toujours à avoir une petite avance sur la concurrence dans le développement et dans l’innovation, d’autant plus que ce sont les opérations de nos clients qui en profitent. » n

Saint-Esprit a adopté Nordicité

PLUS QU’UN CLIENT, UN VÉRITABLE LABORATOIRE L’entreprise Nordikeau est fière de collaborer avec la municipalité de Saint-Esprit depuis plus de 25 ans. Et tant l’entreprise que la municipalité ont choisi d’utiliser en commun une qualité qui les définit fort bien : l’innovation. « Non seulement nous accompagnons la municipalité dans la gestion quotidienne de ses services d’eau et d’assainissement, mais SaintEsprit, c’est un laboratoire vivant pour Nordikeau », raconte Jean-François Bergeron. En effet, de nombreuses collaborations ont été réalisées au fil du temps entre ces deux partenaires, dont la dernière en lice est l’exploitation de la plateforme Nordicité. « Saint-Esprit a toujours fait preuve d’innovation, ajoute M. Bergeron. En utilisant Nordicité — par exemple, c’est ici que l’on vient tester, à échelle réelle, de nouvelles applications ou de nouvelles idées —, cette municipalité démontre qu’elle n’est pas seulement cliente de Nordikeau, mais un véritable partenaire. » Pour Caroline Aubertin, directrice générale de cette municipalité de Lanaudière, la grandeur du réseau et la taille de la population de Saint-Esprit (2082 habitants) en font un site d’expérimentation idéal pour une plateforme comme Nordicité. « D’autant plus que les petites municipalités comme la nôtre sont souvent aux prises avec de vieux systèmes, pas toujours à la page concernant les innovations technologiques récentes reliées au domaine de l’eau, confie-t-elle. Alors, le fait de pouvoir profiter du dernier cri en matière d’intelligence artificielle relative au domaine de l’eau est pour nous une formule plus que gagnante. »

Une plateforme d’aide à la décision Pouvoir faire un suivi en temps réel de tout le réseau sans presque devoir se déplacer permet de

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gagner un temps précieux, selon Jean-François Boileau, directeur des travaux publics de la municipalité. « Cette plateforme est un vrai tableau de bord puisqu’en un seul coup d’œil, on peut y voir différentes données, avance-t-il. Ça facilite grandement le suivi. Auparavant, il fallait téléphoner à un opérateur, c’était plus laborieux, alors qu’aujourd’hui, toute l’information figure sur le même tableau de bord. Tout, en un seul coup d’œil. Le fait de pouvoir faire un suivi avec des outils hautement technologiques ajoute grandement à l’efficacité. » Tant pour Caroline Aubertin que pour JeanFrançois Boileau, Nordicité est sans conteste une plateforme d’aide à la décision. « Grâce à la convivialité de Nordicité, nous pouvons directement suivre l’évolution de ce qui se passe partout dans le réseau, ce qui nous permet de réagir promptement afin de déployer des services ou des protocoles d’intervention en cas de fuite d’eau, par exemple », explique Caroline Aubertin. Par ailleurs, l’ancienneté des équipements ne contrevient absolument pas à l’efficacité de cette plateforme, selon Jean-François Boileau. « Ça

prend juste un signal que l’on peut capter, dit-il, et une fois qu’il a été obtenu, la “recette” technologique de Nordicité fait en sorte que tout fonctionne. Elle s’adapte à n’importe quelle infrastructure, même si l’équipement est désuet. Que ce soit un débitmètre, un enregistreur d’événements, une valve ou une sonde, dès que ça peut “parler”, la plateforme sait s’y raccorder. » M. Boileau ajoute que les principaux défis relèvent plutôt de la communication. « Par exemple, des capteurs à un poste de pompage situé dans un champ doivent communiquer leurs données via une antenne cellulaire, mais ce genre de difficultés, Nordikeau les résout facilement. » « De toute façon, Nordikeau travaille continuellement à rendre toujours plus facile la connectivité des objets », ajoute Caroline Aubertin. Ce partenariat exemplaire entre Saint-Esprit et Nordikeau favorise un développement de pointe de Nordicité, une plateforme infonuagique qui risque de couvrir rapidement tout le Québec tellement elle représente une solution d’avenir pour les municipalités. n

« Le fait de pouvoir profiter du dernier cri en matière d’intelligence artificielle relative au domaine de l’eau est pour nous une formule plus que gagnante. » Caroline Aubertin, directrice générale de la municipalité de Saint-Esprit


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Guillaume Dabate CPI Chargé de projets, Stratégie québécoise d’économie d’eau potable, ministère des Affaires municipales et de l’Habitation guillaume.dabate@mamh.gouv.qc.ca

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BILAN 2019 DE LA STRATÉGIE QUÉBÉCOISE D’ÉCONOMIE D’EAU POTABLE : ENCORE DU CHEMIN À FAIRE !

ÉCONOMIE D’EAU POTABLE

Figure 1.2 : Évolution de l’IFI moyen et pourcentage des réseaux ayant atteint leur objectif de réduction des pertes d’eau

râce à la participation de 607 municipalités représentant 91 % de la population desservie par un réseau d’aqueduc, le gouvernement du Québec a dressé le bilan 2019 de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable. QUANTITÉ D’EAU DISTRIBUÉE PAR PERSONNE PAR JOUR La quantité d’eau distribuée par personne par jour est l’un des trois indicateurs clés de cette stratégie. Elle est un bon indicateur global de la gestion du service et permet de suivre l’évolution de la distribution d’eau au Québec. En 2019, la quantité d’eau distribuée atteignait 525 litres par personne par jour (L/pers/d), ce qui correspond à une amélioration de 8,4 % par rapport à sa valeur en 2015 (et à une amélioration de 15,4 % depuis 2011). Comme le montre la figure 1.1, il reste toutefois du chemin à faire pour atteindre d’ici 2025 l’objectif de réduction de 20 % de la quantité d’eau distribuée par rapport à 2015. 620

612

596

589

600

573

551

530

536

525

-7,6 %

-11,2 %

-14,6 %

-13,5 %

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500 400

-1,3 %

300

-3,9 %

-5,0 %

En 2019, la consommation résidentielle moyenne du Québec s’élevait à 262 L/pers/d, soit 42 L/pers/d de plus que la moyenne canadienne (établie à 220) et 78 L/pers/d de plus que la moyenne ontarienne (soit 184) de 2017. La consommation résidentielle a donc diminué de 6 L/pers/d de 2018 à 2019, et ce, même si le nombre de municipalités ayant respecté leur objectif est passé de 48 à 46 %. Cela est dû au fait qu’en 2019, les données de consommation du Canada et de l’Ontario ont été mises à jour par rapport à leurs valeurs initiales respectives de 235 L/pers/d et de 201 L/pers/d, ce qui a entraîné une augmentation de l’écart entre le Québec et le reste du Canada de 2018 à 2019.

Objectif 2025 pour l'ensemble du Québec : 458

300 Consommation résidentielle [L/pers/d/]

700

CONSOMMATION RÉSIDENTIELLE Depuis 2018, des systèmes de mesure, comme des compteurs d’eau ou des secteurs de suivi de consommation, mis sur pied par certaines municipalités, ont permis de distinguer l’eau distribuée de la consommation résidentielle, ce qui a entraîné une meilleure lecture de la consommation.

200

100 0

2011

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2013

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2015 2016 Année

2017

2018

2019

Figure 1.1 : Évolution de la quantité d’eau distribuée par personne par jour

Bien que les villes les plus populeuses aient une incidence plus forte sur cet indicateur parce que celui-ci est pondéré selon la population desservie, celles-ci sont également responsables des améliorations les plus importantes. PERTES D’EAU Les pertes sont évaluées au moyen de l’indice de fuites dans les infrastructures (IFI). Celui-ci correspond au ratio entre les pertes réelles (les fuites dans les conduites) et les pertes réelles inévitables (le niveau le plus bas de pertes d’eau techniquement atteignable, évalué à partir des caractéristiques du réseau). Généralement, un IFI inférieur à 2 représente un faible niveau de fuites, alors qu’un IFI de 4 indique un niveau de fuites modéré, qu’un IFI de 8 indique un niveau élevé de fuites et qu’un IFI supérieur à 8 indique un niveau très élevé de fuites. Pour l’ensemble du Québec, l’IFI à atteindre d’ici 2025 est de 4. Parallèlement, chaque réseau a également un objectif personnalisé variant de 2 à 4, en fonction de ses caractéristiques propres1. En 2019, 65 % des réseaux de distribution (principalement les petits et les moyens réseaux) ont respecté leur objectif personnel de réduction des pertes pour atteindre un IFI de 6,6 à l’échelle provinciale, comme le montre la figure 1.2. Il est à noter que les villes les plus populeuses ont une incidence plus forte sur cet indicateur en raison de l’âge et de l’étendue de leurs réseaux, ce qui explique en partie les valeurs élevées.

14

268

262

250

Moyenne canadienne :

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Moyenne ontarienne :

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0

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100

48 % 2018

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184

Pourcentage des réseaux ayant atteint leur objectif de pertes d'eau

G

2019

Figure 1.3 : Évolution de la consommation résidentielle et du pourcentage de municipalités ayant atteint leur objectif de réduction de la consommation

CONCLUSION Bien que le plan d’action pour la mise en œuvre de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable comporte des actions efficaces ainsi que les outils nécessaires pour accompagner toutes les municipalités vers une saine gestion de la ressource en eau, les actions suivantes doivent être favorisées pour atteindre les objectifs d’économie d’eau potable fixés pour l’ensemble du Québec : = Réaliser un contrôle actif des fuites sur l’équivalent de 200 % de la longueur du réseau ; = Réduire le délai de réparation des fuites ; = Mettre en place des secteurs de gestion de la pression, lorsque c’est possible ; = Mettre à jour la réglementation municipale ; = Sensibiliser les citoyens ; = Inclure une forme de tarification volumétrique pour le secteur non résidentiel. Le Rapport annuel de l’usage de l’eau potable 2019 est accessible sur notre site Web, à l’adresse suivante : mamh.gouv.qc.ca. n 1

L’objectif varie selon le nombre de branchements de service et l’indice de demande limitée par la capacité d’une municipalité. Un indice de demande limitée est attribué aux municipalités pour lesquelles la demande en eau sera potentiellement limitée par la capacité des infrastructures ou l’accès à la ressource.

LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 18 N O 1 HIVER 2022

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TRAITEMENT DES EAUX

LE TRANSFERT DE CHALEUR EN TRAITEMENT DES EAUX

Clément Cartier Ing., Ph. D. Représentant technique Brault Maxtech inc. clement.cartier@braultmaxtech.com

L

es défis environnementaux actuels nécessitent plusieurs actions pour diminuer la consommation énergétique. Une de celles-ci implique le transfert et la récupération de chaleur issue de différents procédés physiques et chimiques : le traitement des eaux n’y fait pas exception. Cet article porte sur les échangeurs de chaleur dans le domaine du traitement des eaux. Premièrement, les échangeurs de chaleur sont utilisés pour plusieurs applications dans le domaine de l’eau où se combinent deux fluides (l’un chaud, l’autre froid) : eau-eau, eau-boue, boue-boue, vapeur-eau, glycoleau, etc. Pour ces applications, les échangeurs de chaleur sont construits en acier doux peint ou en acier inoxydable pour les applications à risque de corrosion, l’acier étant un matériau très résistant et idéal pour le transfert de chaleur. Dans le domaine des eaux usées, les échangeurs de chaleur sont principalement utilisés pour augmenter la température de l’affluent chargé en matière organique (eau usée, lixiviat ou boue) afin de la maintenir à une valeur optimale (>20 °C) de manière à rehausser le taux de croissance des bactéries présentes dans le liquide mixte. Cette croissance accélérée des

bactéries augmente leur consommation de matière organique et permet un enlèvement stable et « plus rapide » de celle-ci. Cette approche peut être utilisée pour différentes technologies, dont les réacteurs biologiques à garnissage, les réacteurs biologiques membranaires et les réacteurs biologiques séquentiels. La digestion anaérobie requiert également un système d’échangeur de chaleur pour maintenir la boue à digérer à une température minimale, typiquement de 35 °C. La digestion anaérobie présente l’avantage de générer du méthane, qui peut être utilisé comme source de combustible pour le chauffe-eau alimentant l’échangeur de chaleur. Une digestion à température plus élevée (thermophile, soit 45-60 °C) peut également être envisagée, entre autres pour détruire les organismes pathogènes. Lorsque de la boue est préalablement chauffée par de l’eau chaude provenant d’un chauffe-eau, on parle alors d’un échangeur de chaleur de type « eau-boue ». Pour ce type d’échange, on recommande très fortement l’utilisation d’un système « tube-tube » composé d’un serpentin de gros diamètre (>100 mm) dans lequel passe la boue et pour lequel les sections droites sont recouvertes d’autres tubes reliés entre eux dans lesquels passe l’eau chaude. Pour maximiser l’échange de chaleur, les deux liquides passent en sens inverse. Ces échangeurs de chaleur sont conçus de manière à minimiser tout risque de blocage du côté boue en ayant une section d’écoulement de gros diamètre et des vitesses élevées pour favoriser la turbulence, le transfert de chaleur et la friction sur les parois, et ce, afin d’être autonettoyants. Une bonne conception fait en sorte qu’il n’y a aucun joint d’étanchéité ou joint de soudure entre les deux fluides (boue et eau) afin de minimiser le risque de contamination. Les échangeurs doivent être

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LE TRANSFERT DE CHALEUR EN TRAITEMENT DES EAUX

conçus pour faciliter l’accès aux sections de tuyauterie du côté boue de façon à pouvoir les récurer avec une brosse. Une attention particulière doit être apportée à la température maximale de l’eau afin d’éviter la formation de croûte dans le tube. L’échangeur de chaleur de type « tube-tube » est également recommandé pour toutes les applications impliquant des eaux usées ou du lixiviat à chauffer avec de l’eau chaude. Pour des applications boue-boue, un accès aux deux sections d’écoulement est requis. On recommande alors d’utiliser un système « à section d’écoulement surdimensionné » pour les deux fluides afin de minimiser le risque de colmatage. Typiquement, ce type d’échangeur de chaleur est composé de spirales ou de canaux surdimensionnés (minimum de 75 mm) de façon à permettre le passage de filasses et d’autres solides tout en maintenant des vitesses d’écoulement élevées pour éviter la sédimentation. Dans tous les cas, la maintenance sur ces échangeurs de chaleur est nécessairement plus fréquente et plus complexe que pour un échangeur de type « tube-tube ». Les échangeurs de chaleur à plaques (espaces de <50 mm) sont adaptés aux échanges de chaleur impliquant uniquement de l’eau propre. Ce type d’échangeur est conçu avec des plaques mises côte à côte, entre lesquelles passe un fluide chaud et froid en alternance. Ces échangeurs de chaleur ont l’avantage d’être beaucoup plus compacts et abordables. Toutefois, ils sont inadaptés aux boues en raison du risque de colmatage qu’entraînent les espaces restreints. Aussi, ils présentent un risque plus élevé de contamination entre les fluides à cause des nombreux joints d’étanchéité qui sont requis pour séparer les deux fluides.

Réduction du Phosphore à des niveaux très faibles depuis 1978

Certains procédés requièrent le refroidissement d’un fluide mis en contact avec une source de chaleur, par exemple des ozoneurs, des soufflantes turbo ou même des ordinateurs. Pour le refroidissement, lorsque le fluide est utilisé en boucle fermée, on se sert principalement d’échangeurs à plaques utilisant une combinaison d’eau et de glycol comme liquide de refroidissement afin de permettre une température d’eau de refroidissement sous 0 °C. Peu importe le procédé de refroidissement, il faut bien tenir compte de l’ensemble du système de transfert de chaleur, souvent accompagné d’un compresseur frigorifique (chiller), de tours de refroidissement et de pompes. Afin de simplifier le système, on peut envisager l’utilisation de sources plus simples d’accès comme de l’eau de surface ou, directement, l’air extérieur pour refroidir le procédé. Avec les défis énergétiques qui nous attendent, on voit que le gouvernement a tout à gagner à mettre l’accent sur les énergies vertes et l’efficacité énergétique. Des équipements efficaces de transfert de chaleur seront de plus en plus demandés pour des applications de procédés industriels comme pour des applications biologiques. Enfin, ces procédés de transfert de chaleur prennent tout leur sens lorsque la chaleur en excès est récupérée pour une application complémentaire, comme le préchauffage de l’eau alimentant un chauffe-eau. Puisque chaque projet est unique, une synergie entre les différents intervenants (fournisseur, ingénieur, utilisateur) est nécessaire afin de développer des solutions innovantes pour répondre aux défis de demain. n

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SUIVI DE LA UNE

TRAQUER LA COVID-19 DANS LES EAUX USÉES

LE QUÉBEC À LA TRAÎNE Par Guy Des Rochers

L’initiative de quelques chercheurs québécois consistant à traquer dans les eaux usées le SRAS-CoV-2, virus responsable de la COVID-19, était un projet si innovant que l’on aurait pu croire que le gouvernement du Québec se serait empressé de l’intégrer, à grande échelle, à un plan de lutte contre la pandémie. Mais cela ne fut pas le cas.

« Il s’agissait d’un projet de recherche d’une durée limitée, dont les fonds nécessaires ont fini par se tarir, et nous avons fait un dernier relevé d’échantillons au début décembre 2021 », explique Sarah Dorner, professeure titulaire au département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal, qui s’est mise à collecter des échantillons d’eaux usées dès les premiers jours de la pandémie.

La validité de cette technique est reconnue mondialement. On l’utilise fortement aux États-Unis et même dans le reste du Canada, comme en Ontario. On peut donc se demander pourquoi il a fallu plusieurs mois à l’INSPQ pour envisager d’utiliser cet outil de dépistage efficace et économique. Il appert que l’INSPQ devait d’abord donner son aval à cette technologie, ce qui a pris quelques mois. Devant la rapide montée de la sixième vague causée par le sous-variant BA.2, l’INSPQ aura enfin convenu de l’efficacité de cette méthode afin de l’utiliser au Québec.

Rappelons qu’au printemps 2021, le magazine Source avait mis à la une cette recherche de pointe, qui démontrait une réelle corrélation entre la concentration de virus dans les eaux usées et l’état de santé de la population. Les chercheurs participants étaient Sarah Dorner, Peter Vanrolleghem, professeur titulaire au département de génie civil et de génie des eaux de l’Université Laval, et Dominic Frigon, professeur agrégé au département de génie civil de l’Université McGill. Ce dernier coordonnait ce projet au Centre québécois de recherche sur la gestion de l’eau (CentrEau).

DÉCOUVRIR LES VARIANTS À VENIR Selon Sarah Dorner, cette recherche a produit des résultats plus qu’intéressants, lesquels sont actuellement en prépublication, c’est-à-dire qu’ils sont rendus publics afin d’être partagés avec d’autres chercheurs.

UN OUTIL NOVATEUR, EFFICACE ET ÉCONOMIQUE Cette valeureuse équipe québécoise de scientifiques a donc mis au point un outil novateur pour suivre le SRAS-CoV-2 dans les eaux usées afin de mieux suivre l’épidémie. Cette recherche permet de prévoir, jusqu’à une semaine à l’avance, d’éventuelles éclosions dans des secteurs déterminés (quartiers, hôpitaux, CHSLD, etc.). De surcroît, cette technologie est peu coûteuse si on la compare aux tests PCR systématiques effectués en clinique de dépistage.

« Durant le projet, on a quand même pu suivre les tendances, et le séquençage nous a aussi permis de voir l’arrivée des variants, précise la chercheuse. D’ailleurs, la prépublication analyse l’efficacité du séquençage dans les eaux usées en comparant ses résultats à l’incidence des cas cliniques. On y apprend que les eaux usées sont une façon très efficace de suivre l’arrivée et la progression de la transmission des variants dans la population. On a même pu constater l’arrivée du variant Omicron au début de décembre 2021 grâce à cette méthode, alors que notre recherche prenait fin. »

« Le programme de recherche n’existe plus au Québec, mais cela ne veut pas dire que rien ne se passe, car l’Institut national de santé publique [INSPQ] s’y intéresse », nuance Sarah Dorner, ajoutant que cet outil technologique est prêt et fonctionnel et est offert à l’INSPQ.

Nul doute que si la Santé publique avait pu tenir compte de ces données, la population n’aurait pas été encouragée à croire à des réveillons de vingt personnes pour le temps des fêtes, et l’on aurait davantage cru à la nécessité d’une troisième dose de vaccin. « La méthode que nous avons mise au point est très efficace pour apercevoir les tendances à venir, parce que l’on a besoin de beaucoup moins d’échantillons pour déterminer le portrait des variants. Ainsi, au lieu de devoir séquencer 10 % de 30 000 échantillons, on prend un seul échantillon et cela nous donne une idée de la distribution des variants. Cette opération coûte beaucoup moins cher. » La recherche a permis de mettre au point un outil hautement efficace et c’est finalement avec fierté que nos valeureux chercheurs en ont offert les clés à l’INSPQ à la mi-avril 2022. « Pour ce qui est de son application au quotidien, l’INSPQ devra mandater un groupe technique en formant sa propre équipe, indique Sarah Dorner. Grâce à nos connaissances, la mise en place d’un système de suivi peut être durable et servir de constante sentinelle afin de voir venir les éclosions futures et les nouveaux variants. D’autant plus qu’il ne se fait presque plus de tests PCR systématiques. Cela permettra au Québec de se préparer au pire, car la pandémie n’est pas encore terminée. » On peut néanmoins se demander pourquoi cette technologie, fort simple, a tant tardé à faire partie du coffre à outils de détection de l’INSPQ… n

« On prend un seul échantillon et cela nous donne une idée de la distribution des variants. Cette opération coûte beaucoup moins cher. » – Sarah Dorner, professeure titulaire au département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal

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NOUVEAU RÉGIME D’AUTORISATION MUNICIPALE EN MILIEUX HYDRIQUES ET ZONES INONDABLES

LE JURIDIQUE

Me Thibaud Daoust Avocat, LL. B. Daigneault, avocats inc. thibaud.daoust@daigneaultinc.com

e 25 mars 2021, à la suite des inondations des années 2017 et 2019, était sanctionnée la Loi instaurant un nouveau régime d’aménagement dans les zones inondables des lacs et des cours d’eau, octroyant temporairement aux municipalités des pouvoirs visant à répondre à certains besoins et modifiant diverses dispositions, laquelle visait entre autres à améliorer le régime d’aménagement en zones inondables1. Un peu moins d’un an plus tard, le 1er mars 2022, le Règlement concernant la mise en œuvre provisoire des modifications apportées par le chapitre 7 des lois de 2021 en matière de gestion des risques liés aux inondations 2 (ci-après le « Règlement provisoire ») entrait en vigueur, afin, comme son nom l’indique, de mettre en œuvre de manière temporaire certaines modifications au régime lié aux zones inondables. Nous survolons les différentes portions du Règlement provisoire dans les lignes qui suivent.

L

RÉGIME D’AUTORISATION MUNICIPALE Le Règlement provisoire constitue un régime d’autorisation municipale visant des activités réalisées dans les milieux hydriques. Ce régime ne serait pas applicable aux municipalités, ministères et organismes publics (art. 5). Le Règlement provisoire définit 18 activités se déroulant en littoral, en rive ou en zone inondable et qui sont visées par ce nouveau régime d’autorisation (art. 6 à 8). Notamment, la construction de certains ponceaux, ouvrages de stabilisation et passages à gué ainsi que la modification de systèmes d’aqueduc, d’égout et de gestion des eaux pluviales dans ces milieux nécessiteraient des autorisations municipales, en sus des autorisations ministérielles applicables, le cas échéant. Le Règlement provisoire prévoit également les conditions de forme et de fond de ces autorisations municipales. Par exemple, le régime prévoit les situations où un avis professionnel doit être soumis pour attester que les travaux projetés n’augmenteront pas l’exposition des biens aux inondations, crues ou glaces (art. 9 à 11). En plus d’appliquer et de gérer ce régime d’autorisation, les municipalités locales se voient dans l’obligation de tenir des registres permettant aux municipalités régionales de comté de faire le suivi des autorisations émises (art. 12 à 15). MODIFICATIONS AU RÉGIME PROVINCIAL En plus de créer ce nouveau régime d’autorisation, le Règlement provisoire transforme les règles actuellement prévues pour les milieux humides, hydriques et sensibles, à travers des modifications aux dispositions des lois et règlements existants sur le sujet. Le Règlement sur les activités dans des milieux humides, hydriques et sensibles 3 est particulièrement touché par ces changements. Notamment, il est modifié afin d’inclure de nouvelles définitions de « territoire inondé », de « zone inondable de faible et grand courant » et de « zone d’inondation par embâcle avec ou sans glace » (art. 24). Le Règlement provisoire y ajoute également de nouvelles interdictions, comme les activités de stockage de compost en milieu hydrique et humide et à proximité de tels milieux (art. 27 et 53), en plus de détailler les conditions applicables aux activités de culture de végétaux non aquatiques et de champignons en milieux humides

20

et hydriques (art. 38). Encore plus important, le Règlement provisoire vient établir et préciser les conditions d’exercice des activités en littoral, rive et zone inondable (art. 40 à 49). Par exemple, il établit clairement les mesures d’immunisation requises, telles que des drains d’évacuation et des clapets de retenue, pour tout bâtiment se trouvant en zone inondable. Sur le plan pratique, le Règlement provisoire vient préciser les cinq méthodes reconnues servant à délimiter le littoral d’un cours ou d’un plan d’eau et surtout, l’ordre dans lequel elles doivent être appliquées (art. 59). Ainsi, l’utilisation de la limite des inondations associées à une crue de récurrence de deux ans est seulement possible si les quatre autres méthodes de délimitation, dont la méthode botanique experte, ne sont pas applicables.

Le Règlement provisoire vient établir et préciser les conditions d’exercice des activités en littoral, rive et zone inondable. Le Règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement 4 est essentiellement modifié afin de tenir compte du nouveau régime et des modifications mentionnées ci-haut, en plus de préciser les conditions d’admissibilité à une déclaration de conformité ou d’exemption pour certaines activités en milieux humides et hydriques, comme la culture de végétaux non aquatiques et de champignons dans le littoral d’un lac ou d’un cours d’eau (art. 60 à 81). Des précisions mineures et des modifications de concordance sont également apportées au Règlement sur les exploitations agricoles 5 et au Code de gestion des pesticides 6, afin de tenir compte des nouvelles conditions et restrictions applicables aux activités agricoles et à l’utilisation de pesticides près des milieux humides et hydriques et des zones inondables ou dans ceux-ci (art. 82 à 107). Le Règlement provisoire abroge et remplace la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables 7, en plus d’avoir préséance sur les règlements municipaux portant sur les rives, le littoral et les zones inondables, de même que sur les zones d’intervention spéciale originellement créées par le gouvernement (art. 23, 61, 81, 117 et 129). Les dispositions du Règlement provisoire sont toutes entrées en vigueur le 1er mars 2022 (art. 130). Par contre, l’application de certaines dispositions spécifiques, portant sur la tenue d’un registre par les municipalités locales, est repoussée au 1er janvier 2023, afin de permettre aux municipalités locales de mettre en place le régime d’autorisation (art. 115). Malgré les modifications aux règlements de nature environnementale, une lecture attentive fait plutôt ressortir que l’objectif du Règlement provisoire est de réduire les coûts et les risques pour les biens associés aux épisodes d’inondations, en limitant le développement et les activités dans les zones inondables. Les gains pour l’environnement seront, au mieux, minimes et accessoires. n

1

Trottier, N. (2020, automne.) Aménagement du territoire dans les zones inondables : nouveau régime à venir. Source , 16 (3), p. 18-19.

2

D. 1596-2021, (2022) 154 G.O. II 1, 8.

3

RLRQ, c. Q-2, r. 0.1.

4

RLRQ, c. Q-2, r. 17.1.

5

RLRQ, c. Q-2, r. 26.

6

RLRQ, c. P-9.3, r. 1.

7

RLRQ, c. Q-2, r. 35.

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LA PLANIFICATION STRATÉGIQUE : VOTRE GPS POUR L’HORIZON 2025

Juliette Lopez Directrice des communications et des relations publiques EnviroCompétences juliette.lopez@envirocompetences.org

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i vous ne savez pas où vous allez, vous pouvez choisir un chemin au hasard, mais vous risquez d’aboutir au milieu de nulle part. Combien de fois dans votre vie personnelle et professionnelle avez-vous compté sur votre intuition – et un peu aussi sur votre chance ? Or, quand on dirige une entreprise, il est plus sage de faire confiance à son GPS qu’à sa bonne étoile. Tout comme une carte routière, un plan stratégique vous aide à définir vos objectifs, à prévoir les meilleurs jalons pour y parvenir et à faire les choix appropriés en cours de route. Vous serez alors en mesure de guider votre entreprise et vos collaborateurs dans la bonne direction et d’avoir les meilleures chances de réussite. Pour ne pas vous retrouver dans une impasse et pour savoir comment organiser votre planification stratégique, suivez le guide : nous vous expliquons comment ça marche ! POURQUOI AVEZ-VOUS BESOIN D’UN PLAN STRATÉGIQUE ? Vous l’aurez compris, la planification stratégique est le processus qui vous permet d’adopter des stratégies et de déterminer des actions à moyen et à long terme afin d’atteindre vos objectifs. En gros, il s’agit de la colonne vertébrale de votre entreprise, rien de moins. Faire grandir votre entreprise signifie prendre de nombreuses décisions. Que ce soit concernant votre marché, vos concurrents ou votre clientèle, vous devez évaluer si vous allez dans la bonne direction ou si vous devriez

changer de chemin. Avec la pénurie de main-d’œuvre, les enjeux de production, les délais restreints et les exigences de qualité, on oublie souvent de prendre du temps pour se poser les bonnes questions. Vous avez du travail par-dessus la tête, vos journées n’en finissent pas, vous êtes sollicité constamment, ça se comprend. Mais vous devez néanmoins prendre un peu de recul pour vous questionner. Reprenez le contrôle. COMMENT FAIRE ? Votre équipe de direction et vous avez réussi à dégager un peu de temps : parfait ! Et maintenant, comment faire ?

Où voulez-vous amener votre entreprise ? Quelle est votre vision pour les deux ou trois prochaines années ? Enfin, que devez-vous faire pour y parvenir ? La première étape est de faire l’état des lieux de votre entreprise. Où en est-elle présentement ? Vous pouvez par exemple commencer par faire une analyse FFPM (le classique : les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces, ou SWOT en anglais). N’oubliez pas non plus d’évaluer les tendances externes qui caractérisent votre marché. Vous pouvez ensuite définir vos objectifs en grandes familles et les classer par ordre de priorité ou d’importance. Où voulez-vous amener votre entreprise ? Quelle est votre vision pour les deux ou trois prochaines années ? Enfin, que devez-vous faire pour y parvenir ? C’est le moment de lister de grandes actions pour chacune des familles d’objectifs. Comme disait Einstein : la folie, c’est de refaire toujours la même chose et d’espérer des résultats différents. Vous devez regarder votre entreprise avec objectivité et éviter le plus possible le statu quo. Concertez-vous avec les membres de votre direction, évitez de travailler en silos et remettez en question vos procédures habituelles. L’innovation doit être votre fil conducteur.

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L A P L A N I F I C A T I O N S T R A T É G I Q U E : V O T R E G P S P O U R L’ H O R I Z O N 2 0 2 5

Évidemment, il existe des entreprises spécialisées qui peuvent vous accompagner dans l’organisation de votre planification stratégique. Si vous n’avez pas toutes les ressources pour effectuer le tout à l’interne, n’hésitez pas à faire appel à des experts. L’EXEMPLE D’ENVIROCOMPÉTENCES Fin 2021, le comité sectoriel de main-d’œuvre de l’environnement, EnviroCompétences, a organisé sa planification stratégique pour les trois années à venir. Ce travail a été mené durant deux jours et a réuni les membres de l’équipe, le conseil d’administration, des partenaires du secteur et des représentants gouvernementaux. Comme l’indique Dominique Dodier, directrice générale du comité : « EnviroCompétences et son conseil d’administration viennent de finaliser leur exercice de planification stratégique. Ce dernier agit comme un guide, un GPS essentiel destiné à mener à bien la mission de l’organisation tout en la guidant parmi les défis et les enjeux qui pourraient se dresser sur son parcours ».

mener, on note entre autres : sonder régulièrement les entreprises par des sondages éclairs, mener différentes études dont une enquête sur les besoins de formations diplômantes et continues, organiser des stages d’un jour pour jumeler des jeunes et des personnes à la recherche d’un emploi avec des entreprises, organiser ou participer davantage à des activités de réseautage, augmenter le nombre de formations offertes en mode virtuel, et organiser la refonte du site Internet d’EnviroCompétences. Votre planification stratégique peut également être un outil de communication efficace auprès de vos partenaires, de votre clientèle ou même de vos potentiels employés : « En ces temps de grandes turbulences, de transformations et de croissance de la filière environnementale, il nous apparaît stratégique de manœuvrer avec toutes les parties prenantes du secteur et de les soutenir par des pratiques et des services qui répondent à leurs enjeux de RH et de développement de compétences. Avec ce plan, EnviroCompétences maintiendra ainsi son expertise et son leadership dans le secteur », souligne Dominique Dodier. n

Avec l’aide de la firme Copticom, cette planification stratégique a permis d’aboutir à un plan d’action en plusieurs points, dont les principaux sont les suivants : développer une capacité d’anticipation des besoins du marché du travail afin de mieux orienter les analyses du secteur, connaître les besoins et les enjeux du marché du travail pour anticiper les besoins des employeurs et des travailleurs et agir sur ceux-ci, promouvoir les métiers et les carrières en environnement, soutenir et encourager les bonnes pratiques de gestion des ressources humaines, et voir à la formation continue et à la qualification professionnelle. Parmi les grandes actions à

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23 LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC Ce texte vous fait réagir ? Faites-nous part de vos commentaires en écrivant à info@magazinesource.cc

SOURCE VOL. 18 N O 1 HIVER 2022


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