H IVE R 2016, vol. 12 no 1
Le magazine de l’eau au Québec
ENTRETENIR
le parc de compteurs d’eau
ÉVALUER
les besoins
Guide
d’achat de compteurs
d’eau
INSTALLER
les compteurs d’eau
ADOPTER
TABLEAUX DES FOURNISSEURS - Page 18
CHOISIR
Convention de la poste-publications no 41122591
PRÉPARER
le mode de financement
l’appel d’offres
une réglementation municipale
Prévenir la contamination de l’eau potable grâce à la protection des raccordements croisés
20
L'élimination efficace de l’azote par des traitements biologiques
24
Entre les médias, la politique, les citoyens et le fleuve Saint-Laurent,, où se cache la pollution?
26
www.magazinesource.cc
Guide
H I V E R 2 0 1 6 , VO L . 1 2 n o 1
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DOSSIER SPÉCIAL
Le magazine de l’eau au Québec
d’achat de compteurs
d’eau ÉVALUER
CHOISIR
PRÉPARER
ADOPTER
INSTALLER
ENTRETENIR
les besoins
le mode de financement
l’appel d’offres
une réglementation municipale
les compteurs d’eau
le parc de compteurs d’eau
SOMMAIRE
chroniques 20
EAU POTABLE
22
ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ
24
AGROALIMENTAIRE
26 28
G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S L E S A M I S D E S O U R C E LES
BONTSS 32
CONT
Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
30
AC
PRÉVENIR LA CONTAMINATION DE L’EAU POTABLE GRÂCE À LA PROTECTION DES RACCORDEMENTS CROISÉS COMMENT GÉRER LES EAUX USÉES PROVENANT DES DRAINS DE PLANCHER EN ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ ? L'ÉLIMINATION EFFICACE DE L'AZOTE PAR DES TRAITEMENTS BIOLOGIQUES SANTÉ PUBLIQUE
ENTRE LES MÉDIAS, LA POLITIQUE, LES CITOYENS ET LE FLEUVE SAINT-LAURENT, OÙ SE CACHE LA POLLUTION? EAUX USÉES
L’ÉPURATION DES EAUX SANS ODEURS
Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs Sylvain Boudrias Dominique Dodier Alice Mahr Nicolas Minel Pierre Payment Christian Vézina
Direction artistique MAYA.cc Designer graphique : Sylvain Malbeuf (SymaPub) Révision linguistique Émilie Pelletier Impression Carpe diem
Espace publicitaire André Dumouchel Téléphone : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Québec) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazinesource.cc www.magazinesource.cc
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UN COUP DE POUCE
adumouchel@maya.cc
éditorial I
l y a bientôt vingt ans, toujours étudiant, j’étais embauché par Réseau Environnement pour travailler sur son Programme d’économie d’eau potable, le PEEP. C’est à cette occasion que j’ai rencontré pour la première fois Hubert Demard, la référence ultime pour tout ce qui touche l’économie d’eau potable au Québec. M. Demard a tôt fait de m’expliquer les principaux éléments qui influencent les résultats d’une municipalité dans ce domaine, de la André Dumouchel recherche de fuites dans les réseaux de distribution à la sensibilisation des citoyens. Je ne pouvais demander meilleur guide pour m’y initier. Si j’ai retenu certaines explications reçues à l’époque, j’en suis également venu, au fil du temps, à la conclusion que le recours aux compteurs d’eau s’avère quasi indispensable pour quiconque gère un réseau de distribution d’eau potable. Ceux-ci permettent bien entendu la tarification, mais surtout, ils offrent l’occasion de recueillir une quantité importante de données essentielles à une saine gestion de cette ressource. Ils constituent un outil crucial permettant l’atteinte d’objectifs précis en ce qui a trait au développement durable et à la performance organisationnelle. Bien que plusieurs villes aient déjà installé des compteurs, et ce, depuis longtemps, la classe politique municipale s’est toujours montrée réticente à l’idée de mettre en place des compteurs d’eau sur son territoire. Celle-ci pense souvent, à tort ou à raison, que la population s’y oppose et les perçoit comme une mesure restrictive. Cette situation est toutefois sur le point de changer. Dans notre dernier numéro, Mathieu Laneuville, ingénieur au ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, nous rapportait que les municipalités qui n’ont pas atteint des cibles particulières devront installer des compteurs d’eau dans certains types d’immeubles. La Stratégie québécoise d’économie d’eau potable prévoit que ces compteurs devront être installés avant le 1er septembre 2017.
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
Ce délai est court et les occasions pour les municipalités de commettre une erreur dans le choix des équipements à acheter s’en voient multipliées. Dans le but de simplifier la démarche des villes concernées par cette mesure de la Stratégie et de les aider à s’engager dans ce processus d’un pas plus assuré, notamment en connaissant les normes que doivent respecter certains équipements, le magazine SOURCE vous offre le Guide d’achat de compteurs d’eau que vous trouverez dans ces pages. Conçu en collaboration avec un groupe d’experts de tous horizons, issus du milieu municipal, de l’administration provinciale et du domaine entrepreneurial, ce guide vous accompagnera à travers un plan en six temps des plus simples et faciles à suivre. Nous avons également compilé et présenté sous forme de tableaux (à la page 18) les principaux fournisseurs de compteurs d’eau et de systèmes de relève qualifiés. Vous serez ainsi en mesure de connaître, parmi les modèles de compteurs offerts au Québec, ceux qui répondent aux critères présentés dans le Guide d’achat, de comparer leurs caractéristiques essentielles, de voir lesquels correspondent le mieux à vos besoins et de communiquer avec leur distributeur, s’il y a lieu, pour vous assurer de faire le meilleur choix. Je m’en voudrais de ne pas prendre quelques lignes pour remercier chaleureusement tous ceux qui ont travaillé à la préparation de ce guide. De ce groupe, Mathieu Laneuville mérite particulièrement que nous lui levions notre chapeau. Il est celui qui a su rassembler des gens aux intérêts parfois divergents autour d’un objectif commun : aider les gestionnaires municipaux devant se doter de ce type d’équipement à faire un choix éclairé. C’est une réalisation d’autant plus remarquable que quelqu’un nous soulignait récemment qu’un tel document n’avait jamais pu se faire par le passé, justement en raison des divergences d’objectifs des intervenants. Grâce à l’équipe mobilisée par M. Laneuville, nous vous offrons aujourd’hui un document concret, basé sur les connaissances et les normes les plus récentes dans le domaine, pour faciliter votre démarche d’installation de compteurs d’eau dans votre municipalité. Nous espérons qu’il vous permettra de profiter au maximum des avantages qu’offrent les compteurs dans la gestion de cette ressource. ■
DOSSIER SPÉCIAL Ce guide vous permettra de mieux comprendre le processus d’acquisition de compteurs d’eau et il vous aidera à vous doter de l’équipement qui convient à votre situation.
ENTRETENIR
le parc de compteurs d’eau
ÉVALUER
les besoins
Guide
d’achat de compteurs
d’eau
La démarche, en six temps :
CHOISIR PRÉPARER
le mode de financement Dossier réalisée par Émilie Pelletier et André Dumouchel
INSTALLER
les compteurs d’eau
ADOPTER
une réglementation municipale
l’appel d’offres
Constatant que le Québec distribuait et utilisait de plus grands volumes d’eau que la moyenne nord-américaine et européenne, le gouvernement québécois a mis sur pied en 2011 la Stratégie québécoise d’économie de l’eau potable1. Comme nous le rapportait Mathieu Laneuville, ingénieur au ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, dans notre dernier numéro2, le bilan de mi-mandat de la Stratégie, quoiqu’encourageant, démontre que du travail reste à faire. L’objectif de réduire de 20 % la quantité d’eau distribuée par personne par jour a été atteint en 2013, mais les efforts doivent se poursuivre pour rattraper la moyenne canadienne, qui a elle aussi diminué au cours de la même période. Par ailleurs, du côté des pertes d’eau, le Québec doit travailler davantage pour atteindre ses objectifs : en 2013, ces pertes étaient de 28 % de l'eau distribuée et de 30 mètres cubes par jour par kilomètre de conduite (m3/d/km), tandis que les cibles étaient de 20 % et de 15 m3/d/km. Comme le prévoit la Stratégie, les municipalités qui n’ont pas atteint les cibles à partir du bilan de 2014 devront installer, avant le 1er septembre 2017, des compteurs d’eau dans les immeubles non résidentiels, dans les immeubles mixtes ciblés et dans un échantillon d’immeubles résidentiels. Cette mesure vous touche-t-elle ? Vous trouverez dans les pages qui suivent une présentation des étapes et des critères à respecter pour que cette installation se déroule le plus facilement possible.
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
Nous tenons à remercier MM. Serge Bissonnette (Tetra Tech), Hubert Demard (Réseau Environnement), Rémi Lacroix (Ville de Montréal), Mathieu Laneuville (ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire), Jean-François Therrien (Ville de Laval) et Normand Villeneuve (Norda Stelo), sans qui la réalisation de ce dossier n’aurait pas été possible.
Guide d’achat de compteurs d’eau ÉVALUER Comme pour tout achat, l’étape de l’évaluation des besoins est essentielle. Elle vous permettra de faire un choix éclairé et de vous assurer que les compteurs d’eau installés dans votre municipalité répondront aux particularités de votre localité.
les besoins
Il s’agit notamment de connaître le nombre et le type de compteurs à installer en fonction de ce qui se trouve déjà sur le territoire, et de déterminer la méthode d’enregistrement et de relève de données privilégiée. À cet égard, des compteurs qui nécessitent une relève piétonnière seront peut-être moins coûteux à l’achat, mais cette économie initiale risque d’être rapidement éliminée par les coûts de main-d’œuvre et le temps que requiert cette méthode. De plus, la relève piétonnière manuelle augmente le risque d’erreurs. Même dans les petites municipalités, une relève électronique peut donc être préférable.
Recenser le nombre de branchements de service nécessitant un compteur. Un immeuble a-t-il ou non besoin d’un — ou de plusieurs — compteurs d’eau ? Pour le déterminer, on se réfère au Formulaire de l’usage de l’eau potable 20154 de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable. Inventorier tous les branchements de service concernés par cette mesure permettra d’avoir une vue d’ensemble de la situation.
L’unité significative du totaliseur doit être égale ou supérieure à l’unité désirée, en fonction du diamètre du compteur :
• diamètre <= 38 mm : 0,1m3 • diamètre > 38 mm : 1 m3
LE SAVIEZ-
VOUS? En 2013, le volume d’eau potable distribué au Québec était supérieur de 29 % à la moyenne canadienne1.
Déterminer le diamètre des branchements de service. Le diamètre du compteur doit bien sûr être approprié aux installations du bâtiment concerné. La demande en eau est également un facteur à considérer. Sélectionner le bon diamètre de compteur évite les risques de surdimensionnement qui peuvent engendrer des pertes de revenus et une surestimation du taux de fuites.
Choisir le type d’enregistrement et de relève désiré. Plusieurs facteurs, dont la taille de la municipalité, déterminent le type de relève préférable : les petites municipalités peuvent privilégier la relève mobile piétonnière (walk-by), mais la relève mobile routière (drive-by), par voie électronique, peut être plus efficace et économique, notamment dans les moyennes et les grandes municipalités. Les préférences de relève ont des répercussions sur les capacités d’enregistrement des données à prévoir. Plusieurs fournisseurs offrent des enregistreurs de données sur compteurs de façon à obtenir, par exemple, les données horaires des trente dernières nuits. On suggère d’utiliser la technologie de relève de compteurs automatisée (automatic meter reading ou AMR), une méthode qui permet notamment d’obtenir les débits de nuit, mesure fort importante afin d'augmenter le niveau de précision du bilan d'eau de la localité.
À cette étape, il faut bien sûr s’assurer que les compteurs sont compatibles avec les produits des différents fournisseurs du type de système de relève désiré. À cet effet, les tableaux publiés à la page 18 vous guideront dans votre choix.
GARANTIE
1 0 ans
Optez pour une garantie de rendement du fabricant d’origine d’au moins 10 ans pour le compteur, le registre, l’émetteur et la batterie.
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
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Guide d’achat de compteurs d’eau CHOISIR Avant de procéder à l’acquisition et à l’installation des compteurs, il faut déterminer la manière dont ceux-ci seront financés. L’évaluation des besoins ayant permis de connaître le nombre et le type de compteurs à installer, il est maintenant possible d’établir un budget réaliste.
le mode de financement
en augmentant légèrement sa tarification des services d'eau pour couvrir ces dépenses. Elle peut aussi fournir gratuitement ou facturer les compteurs aux propriétaires d’immeubles, qui en assument l’installation. L’administration municipale doit alors s’assurer de sceller le compteur, une fois celui-ci installé. En somme, chaque municipalité doit choisir son modèle de financement en fonction de sa réalité économique et démographique.
À l’heure où les municipalités cherchent à optimiser leurs coûts, il est important de bien planifier la gestion de sa mise en œuvre. Différents modèles de partage des coûts entre municipalités et propriétaires sont possibles. Habituellement, la municipalité se procure les compteurs d’eau en fonction des besoins évalués à l’étape 1. Elle peut ensuite décider d’assumer l’ensemble des coûts d'acquisition, d'installation et d'exploitation, par exemple
NON RÉSIDENTIEL
RÉSIDENTIEL
Coût moyen d’un compteur
(achat et installation)
La municipalité fait l’acquisition des compteurs d’eau
TROIS OPTIONS Elle offre gratuitement les compteurs aux propriétaires
Elle installe ensuite elle-même les compteurs LE SAVIEZ-
VOUS?
Le coût d’acquisition et d'installation de compteurs d'eau dans les immeubles non résidentiels des municipalités visées2.
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
Elle facture les compteurs aux propriétaires
Les propriétaires s’occupent de l’installation des compteurs
Un représentant municipal scelle les compteurs
Guide d’achat de compteurs d’eau PRÉPARER
l’appel d’offres
Vous connaissez exactement vos besoins et vous avez déterminé comment l’installation sera financée? Vous en êtes maintenant à l’étape de l’appel d’offres. À ce stade, plusieurs exemples pourront vous aider. De nombreuses municipalités, petites et grandes, ont déjà préparé de tels documents. Nous vous recommandons ainsi de consulter les appels d’offres rédigés par les administrations de Longueuil, de Montréal et de
Certaines normes à mentionner dans l’appel d’offres : • Normes NSF 61 et NSF 372 Pour limiter la contamination sur des paramètres liés à la santé humaine • Norme IP68 ou équivalent Indice de protection relatif à l’étanchéité du matériel contre l'infiltration d'eau et l’intrusion de corps étrangers • Certification FM Si le branchement de service concerné alimente aussi une borne d’incendie • Exigences de longueur des normes AWWA (série C700) La longueur doit correspondre à la norme applicable aux compteurs sélectionnés
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
Québec, que vous trouverez sur le site Web du SEAO. Une recherche par mots clés avec l’expression « compteurs d’eau » vous donnera ainsi des exemples d’appels d’offres portant sur l’achat et l’installation de compteurs ou sur la relève de données. Notez qu'il peut être avantageux pour les petites municipalités de mettre en commun leurs besoins en compteurs d'eau de façon à faire baisser les coûts d'acquisition.
EXIGENCES DE PRÉCISION À RESPECTER Compteurs volumétriques Compteurs à turbine • Il faut porter une attention particulière à la précision à faible débit.
Compteurs combinés • On recommande un programme d’entretien particulier.
AWWA C700 AWWA C701 AWWA C702
Compteurs à jets multiples Compteurs à jet unique Compteurs à oscillation fluidique Débitmètres ultrasoniques Débitmètres ultrasoniques et magnétiques
AWWA C708
• On recommande un ratio R d’au moins 250 pour s’assurer d’une précision adéquate à faible débit. • La classe d’exactitude 1 est aussi préférable à la classe 2 si on recherche une grande exactitude de mesure, surtout à faible débit.
OIML R 49
AWWA C712 AWWA C713 AWWA C750
Guide d’achat de compteurs d’eau ADOPTER Lorsqu’on a déterminé quels immeubles doivent être munis de compteurs, quels sont les appareils à installer et quel mode de financement sera privilégié, on a tous les outils en main pour préparer et adopter une réglementation municipale.
une réglementation municipale
Celle-ci encadre l’installation et l’entretien des compteurs d’eau dans certains types d’immeubles (résidentiels ou non résidentiels) sur l’ensemble du territoire. En plus d’autoriser cette mesure, elle fournit également une façon de faire afin d’uniformiser cette mise en œuvre dans l’ensemble de la municipalité.
Plusieurs municipalités affichent de tels règlements sur leur site Web, comme les villes de Longueuil, de Montréal et de Québec. D’autres seront certainement prêtes à vous transmettre leur documentation si vous communiquez avec elles. Par ailleurs, le site Web de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable contiendra dans quelques semaines un modèle de règlement très pratique.
EXEMPLES DES THÈMES ABORDÉS DANS UN RÈGLEMENT SUR LES COMPTEURS D’EAU Les pouvoirs généraux de la municipalité
La procédure d’installation des compteurs d’eau
Les normes d’installation des compteurs en fonction de leur diamètre
Les responsabilités de la municipalité et des propriétaires d’immeubles
Les conséquences des infractions à cette réglementation
...et bien d’autres
LE SAVIEZ-
VOUS?
L’objectif de réduction de la quantité d’eau distribuée au Québec en 20171
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
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Guide d’achat de compteurs d’eau INSTALLER L’étape de l’installation des compteurs est évidemment au cœur de toute la démarche. Certains éléments essentiels doivent être respectés pour maximiser l’efficacité, l’utilité et la rentabilité des appareils : l’ordre dans lequel les immeubles seront munis de compteurs, l’endroit où ils seront placés et la manière de procéder à leur installation.
les compteurs d’eau
L’installation des compteurs vous permettra par la même occasion de vous assurer que les dispositifs antirefoulement, essentiels à la protection de votre réseau d’eau potable, sont bien installés comme il se doit.
Prioriser les plus grands consommateurs. Comme un plombier installe de un à trois appareils par jour, l’installation de nouveaux compteurs dans une municipalité peut s’étendre sur une période assez longue, peu importe la taille du territoire. Ainsi, pour favoriser l’efficacité et obtenir rapidement des mesures utiles, on recommande d’installer les premiers compteurs chez les plus grands consommateurs. L’administration pourra alors recueillir des résultats instructifs sans tarder.
Installer les compteurs aux endroits adéquats. Pour que les mesures soient pertinentes, les compteurs doivent évidemment être installés aux endroits appropriés. Habituellement, ils sont installés à l’intérieur des bâtiments. Cela permet de mesurer la consommation d’eau à usage domestique et d’exclure celle liée à la protection incendie. Dans certains cas (si les conduites présentent un nombre élevé de joints souterrains et des diamètres supérieurs à 100 mm), les compteurs doivent être installés dans des chambres souterraines pour mesurer la consommation domestique et vérifier les fuites sur les branchements destinés à la protection incendie. Lorsque le branchement est combiné (domestique+incendie) et qu’il alimente un réseau de distribution complexe, il peut être nécessaire d’installer un compteur pour l’ensemble de la conduite. Si tel est le cas, la perte de charge que pourrait générer le compteur d'eau doit être prise en compte.
LE SAVIEZ-
VOUS? Les bénéfices engendrés par l'installation de compteurs seront trois fois plus élevés que les coûts2.
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
LE SAVIEZ-
VOUS? Ce sont les proportions respectives des bâtiments résidentiels et des bâtiments commerciaux qui possédaient un compteur au Québec en 2009. Les moyennes nationales étaient au même moment de 72 % et 87 %3.
Respecter les recommandations du manufacturier. Comme pour tout appareil, pour assurer un bon fonctionnement, il est bien sûr important de respecter les recommandations d’installation du fabricant, particulièrement en ce qui à trait aux distances minimales en amont et en aval du compteur, qui doivent être sans perturbations. En général, une installation horizontale est requise pour les compteurs mécaniques tandis qu’il n’y pas de restriction à cet égard pour les compteurs sans pièces mécaniques. Il faut par contre s’assurer de conserver une pression résiduelle suffisante à l’usager.
Recommander l’installation de dispositifs antirefoulement. Pour protéger le réseau d’eau potable de la municipalité et du bâtiment contre la contamination, on suggère également de recommander au propriétaire l’installation de dispositifs antirefoulement (DAr), s’il n’y en a pas déjà, puisqu’il s’agit d'une obligation légale prévue au Code du bâtiment. Si les DAr ne sont pas installés au moment où le compteur est scellé par la municipalité, celle-ci doit en aviser la Régie du bâtiment du Québec.
Bien gérer aujourd’hui... Parce qu’il y a demain.
En lien avec la nouvelle stratégie
d’économie d’eau potable du Québec - Fourniture et installation de compteurs aux bâtiments non-résidentiels (ICI) - Enregistrement de données et télémétrie via Internet - Détection des fuites - Vérification de précision de compteurs d’eau - Lecture par ondes radio io io
Ltée
DEPUIS 1981
www.lecomte.ca 1 800-263-3406
Guide d’achat de compteurs d’eau ENTRETENIR Si l'installation est une étape cruciale pour assurer l'exactitude des informations recueillies, l'entretien est le volet clé qui veille à la pérennité des équipements. Toutes les étapes précédentes seront vaines si, une fois installés, les compteurs ne fonctionnent pas adéquatement ou sont négligés.
le parc de compteurs d’eau Les compteurs sont des outils technologiques sensibles dont la précision a des répercussions directes sur la qualité des rapports. Lorsqu’ils fonctionnent mal, l’enregistrement des débits n’est plus fiable, ce qui est encore plus important lorsqu’une tarification est liée à la lecture. L’entretien permet également de remplacer les éléments défectueux et ainsi de profiter de la garantie en cas de besoin. Pour limiter les coûts de l’entretien correctif, c’est-à-dire la réparation et le remplacement des compteurs endommagés ou déréglés, il
importe de maintenir le parc de compteurs en bon état et donc d’en faire un entretien préventif. Des vérifications régulières permettent de détecter et de régler les problèmes rapidement. Enfin, un bon entretien préventif consiste aussi à s’assurer que les personnes responsables de l’entretien, qu’il s’agisse de travailleurs de la municipalité ou d’employés de firmes externes, reçoivent de la formation continue et connaissent les techniques et les informations les plus à jour. En prenant soin de son parc de compteurs, on favorise une bonne gestion à long terme et la cueillette de données exactes permettant d’atteindre ses objectifs d’économie d’eau potable.
VÉRIFICATIONS RÉGULIÈRES On recommande de vérifier la précision d’un échantillon représentatif de compteurs selon la fréquence suivante : • compteurs de >=100 mm de diamètre :
chaque année
Références : 1
Gouvernement du Québec. (2011). À propos de la stratégie. Stratégie québécoise d’économie d’eau potable. Consulté en ligne à l’adresse : http://www.mamrot.gouv.qc.ca/grands-dossiers/strategie-quebecoise-deconomie-deau-potable/a-propos-de-la-strategie/ 2 Mathieu Laneuville. (2015). Bilan de mi-mandat de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable, Source, 11(1), p. 16. 3 Environnement Canada. (2011). Enquête sur l’eau potable et les eaux usées des municipalités. Consulté en ligne à l’adresse : http://www.ec.gc.ca/eau-water/default.asp?lang=Fr&n=ED7C2D33-1 4 Gouvernement du Québec. (2011). Outils aux municipalités. Stratégie québécoise d’économie d’eau potable. Consulté en ligne à l’adresse : http://www.mamrot.gouv.qc.ca/grands-dossiers/strategie-quebecoise-deconomie-deau-potable/outils-aux-municipalites/
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
• compteurs de 25 à 80 mm de diamètre :
tous les 5 ans • compteurs de <25 mm de diamètre :
tous les 10 ans
Guide d’achat de compteurs d’eau De nombreux modèles de compteurs d’eau sont offerts et chacun répond à des besoins différents. Lesquels conviendront aux vôtres ? Le tableau ci-dessous présente les neuf principaux fabricants de compteurs que l’on trouve sur le marché québécois. Après avoir évalué vos besoins (p. 9) et déterminé les normes et les exigences à respecter (p. 12), vous pourrez comparer les fournisseurs pour trouver celui ou ceux convenant à votre municipalité. Des questions ? N’hésitez pas à communiquer directement avec eux aux coordonnées indiquées.
Principaux fournisseurs de compteurs d’eau qualifiés FABRICANT
ABB
Distribués au Québec par
Les Compteurs Lecomte
Les Compteurs Lecomte
1 800 263-3406
ElsterHoneywell
Badger Meter
Neptune
Siemens
Nella Distribution
Tekno
Vision Solutions de procédés
514 942-1882
418 882-2210
514 457-9991
514 733-1800, poste 238
a.verdone@ krohne.com
d.langlois@ compteursdeaudu quebec.com
info@ nelladistribution.com
info@tekno.ca
djutras@visionsolutions.ca
Magnétiques
Waterflux 3070
• BLMJ • MS • MMT • OCTAVE • MMPD
T-10 TRU/FLO HP Fire Service Turbine HP Protectus III
MAG 8000 CT
Badger Sensus
Itron WP100
Sensus
• S30D • S175D • S50D • S500D • S88D • S1000D • S130D • E2800D Badger Elster Neptune Sensus
Neptune
Sensus
T10 et T-10 dans un compteur Tru Flo ou HP Protectus : 5 ans pour 1 po et moins 2 ans pour 1½ po et 2 po HP Turbine, Tru Flo et Service Incendie HP Turbine et HP Protectus :1 an T10 et T-10 dans un compteur Tru Flo ou HP Protectus (M-6 réparé) : 10 ans ou consommation
2 ans
AutoDetect : 10 ans E-Coder R900i : 20 ans
2 ans
R900 – 20 ans
Jusqu’à 10 ans de fonctionnement
Spécialité S.V.R.
Les Compteurs Lecomte
1 800 263-3406
450 692-4816
flecomte@ lecomte.ca
flecomte@ lecomte.ca
s.v.r@videotron.ca
Modèles conformes aux prescriptions : • AWWA • OIML • NSF • IP
Aquamaster III et IV
Tous sauf les magnétiques
Tous sauf les magnétiques
Protocole de communication permettant la relève automatisée
Badger Elster Sensus
Badger Sensus
Badger Sensus
*
*
Garantie de performance du fabricant d’origine des compteurs (après expédition)
Varie en fonction des types
18 mois
Krohne
Master Meter Metron-Farnier
Andre Verdone
Compteurs d'eau du Québec
1 800 263-3406
1 800 356-9464, poste 1215
flecomte@ lecomte.ca
Disque : 2 à 15 ans pour la performance et 25 pour le boîtier US : 5 à 20 pour la 5 ans sans frais performance et le boîtier + 5 ans supplémentaires Turbine : 1 pour la au prorata performance et le boîtier Combiné : 1 pour la performance et le boîtier
2 po et moins : 20 ans Turbine 3 po + : 2 ans OCTAVE 2 po à 12 po : 2 ans (batteries : 10 ans)
2 ans
5 ans
Dialog (lecture directe) : 15 ans Acculinx (encodeur) : Performance : 10 ans 20 ans Bâti : 20 ans Interpreter (ondes radio) : 20 ans
Garantie de performance du fabricant d’origine des modèles de registres
18 mois
L’encodé : 10 ans Le direct : 25 ans
L’encodé : 10 ans Le direct : 25 ans
5 ans sans frais + 5 ans supplémentaires au prorata
2 ans
Garantie de performance du fabricant d’origine des modèles de batterie
3 à 10 ans
Varie en fonction des types
10 ans sans frais + 10 ans supp. au prorata
5 ans sans frais + 5 ans supplémentaires au prorata
Jusqu’à 15 ans de fonctionnement
3G-DS : 10 ans + 10 supp. au prorata OCTAVE : 10 ans
10 ans sans frais + 10 ans supp. au prorata
L’entreprise Sensus offre également des équipements qualifiés. L’information technique s’y rattachant n’était toutefois pas disponible au moment d’aller sous presse.
* Disponible dès septembre 2016. Principaux fournisseurs de systèmes de relève qualifiés Badger Meter
Itron
Master Meter
Metron-Farnier
Spécialité S.V.R.
Les Compteurs Lecomte
Compteurs d'eau du Québec
Nella Distribution
Tekno
1 800 263-3406
450 692-4816
1 800 263-3406
514 942-1882
418 882-2210
514 457-9991
flecomte@lecomte.ca
s.v.r@videotron.ca
flecomte@lecomte.ca
d.langlois@compteurs deauduquebec.com
info@ nelladistribution.com
info@tekno.ca
Piétonnière Routière Réseau fixe Cellulaire
Piétonnière Routière Réseau fixe Cellulaire
Piétonnière Routière Réseau fixe
3G : Piétonnière Routière 4G : Réseau fixe
Piétonnière Routière Réseau fixe
Piétonnière Routière Réseau fixe
Protocole de communication permettant la relève automatisée
Badger Elster Neptune Sensus
Badger Elster Neptune Sensus
Badger Elster Neptune Sensus
Sensus
Sensus
Badger Elster Neptune Sensus
Nombre de points d’enregistrement de données
>30 000
CE et ME standard : 2 160 CE avec option : 21 000
960
4 000
32 000
2 304 (1/h. x 96 jours)
Libre Privée pour réseau fixe
Libre
FABRICANT
Distribués au Québec par
Type de relève offert conforme à IP68 (étanchéité de l’émetteur) et au Code 6 version 2015 de Santé Canada (fréquences d’émission)
Fonctionne sur fréquence libre ou privée
Les Compteurs Lecomte
Libre Privée pour réseau fixe
3G : Libre 4G : Privée
Garantie de performance 10 ans sans frais 10 ans sans frais 10 ans sans frais 10 ans sans frais du fabricant d’origine des + 10 ans supplémentaires + 10 ans supplémentaires + 10 ans supplémentaires + 10 ans supplémentaires modèles d’émetteurs au prorata au prorata au prorata au prorata
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
Neptune
Libre
Libre
5 ans
10 ans sans frais + 10 ans supplémentaires au prorata
Il faut aussi vous assurer que les compteurs d’eau choisis sont compatibles avec le système de relevé souhaité. Vous trouverez dans le tableau ci-contre les principales entreprises offrant des systèmes de relève : vérifiez que le type de relève et le protocole de communication correspondent à ce que vous recherchez. Les entreprises Aclara, Datamatic et Sensus offrent également des équipements qualifiés. L’information technique s’y rattachant n’était toutefois pas disponible au moment d’aller sous presse.
PRÉVENIR LA CONTAMINATION DE L’EAU POTABLE GRÂCE À LA PROTECTION DES RACCORDEMENTS CROISÉS
E A U P O TA B L E
Sylvain Boudrias Ing., MBA Président, Darspec sylvain.boudrias@darspec.com
haque jour, les municipalités déploient beaucoup d’efforts pour produire une eau potable de qualité. Cependant, une fois distribuée, cette eau s’expose à un risque de contamination. Les municipalités peuvent mettre en place des moyens concrets pour se prémunir contre celui-ci : l’implantation d’un programme de contrôle des raccordements croisés et l’application d’une réglementation claire en sont des exemples.
C
La présence de raccordements croisés non protégés sur le réseau de plomberie d’un bâtiment peut faire en sorte que des substances polluantes se retrouvent en contact direct avec l’eau potable. La contamination peut se restreindre au seul bâtiment concerné, mais elle pourrait aussi, dans le pire des scénarios, rejoindre le réseau d’aqueduc et s’étendre aux immeubles voisins. Les conséquences d’une contamination sur la santé publique dépendent de la nature du contaminant. Le risque est bien réel et c’est pourquoi, au Québec, il faut respecter une réglementation stricte.
trouveront les dispositions relatives à la protection des raccordements croisés dans le Code de sécurité (chapitre I, article 7). Seuls les bâtiments existants totalement résidentiels de moins de neuf logements ou de moins de trois étages ne sont pas assujettis au Code de sécurité. Tous les autres édifices industriels, commerciaux ou institutionnels (ICI) sont concernés. La Loi sur le bâtiment s’appuie sur deux normes CSA : B64.10-11 (Sélection et installation des dispositifs antirefoulement) et B64.10.1-11 (Entretien et mise à l’essai à pied d’œuvre des dispositifs antirefoulement). Des inspecteurs de la RBQ sillonnent le Québec. Si un propriétaire ou un entrepreneur est pris en défaut, il devra démontrer qu’il prend les mesures nécessaires pour corriger la situation dans un délai jugé raisonnable. Cela dit, les inspecteurs ne suffisent pas à la tâche. C’est pourquoi l’implication des municipalités est essentielle. Pour en savoir plus, visionnez les capsules vidéo exclusives sur notre chaîne YouTube au www.YouTube.com/ MAYAproductionvideo
PROTÉGER LES RACCORDEMENTS CROISÉS L’une des principales causes de contamination est le refoulement, soit une inversion du sens de l’écoulement de l’eau. Ce phénomène survient principalement à la suite d’importantes fluctuations de la pression dans le réseau de plomberie. Certains bâtiments sont plus à risque de subir ces fluctuations, notamment les édifices en hauteur et ceux qui nécessitent un grand apport d’eau pour faire fonctionner certaines applications. Les applications qui génèrent la présence de raccordements croisés sont multiples et présentent un niveau de risque allant de faible à élevé. À titre d’exemples, les systèmes d’irrigation, de protection incendie et de chauffage au glycol sont des applications communes qui doivent être adéquatement protégées. Un distributeur de produits chimiques raccordé au réseau d’eau potable d’un bâtiment est un autre exemple d’application susceptible d’être contaminée. Lorsqu’ils ne sont pas protégés, les raccordements croisés sont plus vulnérables en cas de refoulement. L’installation d’un dispositif antirefoulement à des endroits stratégiques sur le réseau de plomberie constitue une protection efficace contre la contamination.
CE QUE DIT LA LOI QUÉBÉCOISE La protection des raccordements croisés est obligatoire dans l’ensemble du Canada. Dans les autres provinces canadiennes, chacune des municipalités est responsable d’adopter sa propre réglementation. Au Québec, la Régie du bâtiment (RBQ) applique la Loi sur le bâtiment : composée du Code de construction et du Code de sécurité, cette loi encadre autant les constructions neuves que les bâtiments existants. Le chapitre III (Plomberie) du Code de construction, qui s’applique aux constructions neuves, impose aux entrepreneurs en plomberie des règles pour empêcher toute forme de contamination du réseau d’eau potable. De leur côté, les propriétaires de bâtiments existants
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
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Prévenir la contamination de l’eau potable grâce à la protection des raccordements croisés
LE RÔLE DES MUNICIPALITÉS Il est souhaitable que chaque ville adopte sa propre législation afin d’inciter les propriétaires de bâtiments concernés par la Loi à s’y conformer. Bien sûr, les bâtiments municipaux doivent eux aussi être rigoureusement protégés, afin de donner l’exemple. Certaines municipalités de l’Ouest canadien, en avance sur le Québec en la matière, se sont dotées d’une réglementation claire sur le sujet. Malgré cela, les inspecteurs font toujours face à des propriétaires négligents. Pourtant, lorsque la santé publique est compromise, la meilleure protection consisterait certainement à fermer l’alimentation en eau potable d’un bâtiment, le temps de le mettre aux normes. . . Évidemment, il y a un énorme pas à franchir avant d’en arriver à l’application de cette mesure coercitive ! On doit donc privilégier la collaboration entre une ville et les propriétaires des bâtiments situés sur son territoire. Récompenser les propriétaires dont les bâtiments sont conformes et qui mettent en œuvre un programme de contrôle des raccordements croisés peut avoir un impact positif, selon les mesures incitatives mises en place. Tant les villes que les propriétaires de bâtiments peuvent bénéficier d’un programme de contrôle des raccordements croisés, dont le but est de sécuriser les raccordements à risque. Bien que l’implantation d’un tel programme puisse sembler une tâche colossale, selon la complexité du bâtiment, elle assure néanmoins une garantie tangible contre une éventuelle contamination de l’eau potable. Les villes ont une responsabilité immense envers leur population, tout comme les propriétaires des bâtiments assujettis à la Loi. En présence d’un tel risque, si minime soit-il, la prévention a bien meilleur coût ! ■ Ce texte vous fait réagir ? Faites part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc
COMMENT GÉRER LES EAUX USÉES PROVENANT DES DRAINS DE PLANCHER EN ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ ?
ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ
Christian Vézina Associé, développement des affaires Nordik'eau inc. c v e z i n a @ n o rd i k e a u . c o m
orsqu’on lave des véhicules, des pièces mécaniques ou simplement des planchers d’établissements commerciaux, les eaux savonneuses entrent inévitablement en contact avec des hydrocarbures et des sédiments. Les eaux souillées se retrouvent au sol et sont évacuées par les drains de plancher du bâtiment. Or, ces eaux usées ne doivent pas être envoyées directement vers une installation septique : il faut donc les gérer adéquatement avant de les rejeter dans l’environnement.
L
SOURCES ET TYPES DE CONTAMINANTS En milieu rural ou périurbain, les principaux établissements commerciaux qui génèrent des eaux contaminées par des hydrocarbures sont les suivants : 1. les garages automobiles; 2. les ateliers mécaniques pour véhicules lourds; 3. les aires de lavage d’automobiles ou de véhicules lourds; 4. les stations-service. Les principaux contaminants que l’on trouve dans les eaux de lavage sont : • essence ou carburant diesel; • huile pour moteur à essence ou à carburant diesel; • huile pour engrenage industriel ou pour différentiel de véhicules ; • huile de lubrification; • huile pour système de servodirection; • huile pour transmission manuelle ou automatique de véhicules; • toute particule solide ayant touché l’un ou l’autre des contaminants précédents. Lorsque les eaux de lavage entrent en contact avec des hydrocarbures, différentes interactions sont possibles. La complexité du traitement à mettre en place dépend de la forme sous laquelle se retrouvent alors les hydrocarbures. Sommairement, ceux-ci peuvent prendre les trois formes suivantes : • hydrocarbures libres (un film huileux flotte en surface) — ils se séparent facilement par gravité; • émulsion (une huile d’apparence laiteuse apparaît dans l’eau) — les hydrocarbures se séparent alors difficilement par gravité ; • hydrocarbures solubilisés (dissous dans l’eau par des agents solubilisants) — ils sont impossibles à séparer. Pour en savoir plus, visionnez les capsules vidéo exclusives sur notre chaîne YouTube au www.YouTube.com/ MAYAproductionvideo
installation septique, comme le prévoit le Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (Q-2, r. 22) de la Loi sur la qualité de l’environnement. Ces eaux usées ne peuvent pas non plus être traitées par un dispositif d’épuration des eaux usées autorisé en vertu de l’article 32 de la Loi. Elles sont plutôt classées comme étant des eaux usées d’origine industrielle. Par conséquent, elles doivent être acheminées vers un dispositif de traitement dont l’installation doit faire l’objet d’une demande de certificat d’autorisation en vertu de l’article 22 de la Loi.
DISPOSITIFS DE TRAITEMENT 1. Séparateurs eau-huile Le rôle d’un séparateur gravitaire eau-huile est d’intercepter, dans les eaux usées, les huiles ou les hydrocarbures qui ne sont ni solubles dans l’eau, ni présents sous forme d’émulsion. 1.1. Séparateurs classiques Offerts sous forme rectangulaire (pour les petites applications commerciales) ou cylindrique (pour les débits plus importants), les séparateurs classiques offrent généralement le même type de rendement. Ces séparateurs sont ceux que l’on installe le plus fréquemment en assainissement décentralisé, lorsque les exigences de rejet en hydrocarbures sont de l’ordre de 15 mg/l. 1.2. Séparateurs lamellaires Dans les séparateurs lamellaires, les gouttelettes d’huile sont captées après n’avoir parcouru qu’une très courte distance : l’espacement entre les plaques parallèles (les lamelles) n’est que de deux à quatre centimètres. 1.3. Séparateurs à filtre coalescent Il s’agit de séparateurs auxquels est ajouté un filtre coalescent dont la fonction consiste à agglomérer les gouttelettes les plus fines. Le polypropylène et le PVC sont souvent utilisés comme matériaux coalescents. Ceux-ci ont des propriétés oléophiles, c’est-à-dire qu’ils ont une forte affinité avec les huiles. Ces propriétés favorisent l’agglomération de fines gouttelettes d’huile difficilement décantables pour former une goutte plus grosse qui remontera à la surface. Il est important de noter qu’un séparateur gravitaire n’intercepte ni les huiles solubles ni celles présentes sous forme d’émulsion. Les huiles émulsifiées mécaniquement ou chimiquement, dont les gouttelettes sont de dimension inférieure à vingt microns, doivent être traitées par voie physico-chimique pour briser l’émulsion. Les huiles solubilisées dans l’eau peuvent être traitées dans un réacteur biologique. 2. Intercepteurs de sédiments La présence relativement importante de matières en suspension dans les eaux de lavage est un facteur qui peut nuire à la séparation eau-huile. Les particules en suspension peuvent entraver la remontée des gouttelettes d’huile lorsqu’elles décantent dans le séparateur, car l’accumulation de boues huileuses restreint le volume de la zone de séparation. Dans les séparateurs lamellaires, l’accumulation de sédiments peut colmater l’espace entre les plaques et restreindre l’ascension de l’huile en surface. Il est recommandé d’installer une chambre de décantation en amont du séparateur eau-huile. Il peut s’agir d’un réservoir distinct ou d’une chambre intégrée au séparateur même.
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Comment gérer les eaux usées provenant des drains de plancher en assainissement décentralisé ?
CADRE RÉGLEMENTAIRE A priori, les eaux contaminées par de telles activités ne sont pas considérées comme des eaux usées d’origine domestique ou commerciale. Celles-ci ne peuvent donc pas être dirigées vers une
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Habituellement, l’élimination finale de l’effluent d’un tel dispositif d’épuration des eaux de lavage se fait en surface (dans un cours d’eau ou un fossé) et un suivi environnemental de la qualité de l’effluent doit être réalisé. L’élimination finale par infiltration dans le sol est rarement acceptée par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. ■ Ce texte vous fait réagir ? Faites-nous part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc
A G R O A L I M E N TA I R E
L'ÉLIMINATION EFFICACE DE L'AZOTE PAR DES TRAITEMENTS BIOLOGIQUES
Alice Mahr Directrice, développement des affaires Industrie agroalimentaire Canada Veolia Water Technologies Canada alice.mahr@veolia.com Article écrit avec la collaboration de Simon Vincent, Superviseur au support procédé et RD, Technologies Veolia Water Technologies Canada inc.
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epuis 2012, les autorités municipales appliquent le règlement 2008-47 de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) relatif au déversement, dans les égouts et les cours d’eau, de rejets liquides dépassant les concentrations normées. Cet article vise à présenter des options efficaces de traitement des composés azotés par voie biologique. Nombreuses sont les industries (agroalimentaire, pharmaceutique et autres) de la CMM qui dépassent certains paramètres normés, principalement en ce qui concerne les huiles et les graisses, la demande chimique en oxygène, l’azote total de Kjeldahl ou l’azote ammoniacal, pour lesquels des pénalités financières sont imposées lors d’infractions. Or, la plupart des usines d’épuration municipales ne sont pas en mesure de traiter l’azote ammoniacal. L’industrie est alors contrainte de traiter elle-même l’effluent. Il n’existe qu’un nombre limité d’options pour traiter un effluent liquide chargé en azote ammoniacal, et un examen des coûts (en capitaux et en opérations) et des performances de chacune d’elles mène souvent à privilégier un traitement biologique. L’azote qui se trouve dans les effluents industriels peut provenir des multiples composés organiques et inorganiques utilisés dans la chaîne de production industrielle. Les procédés à biofilm fixé, qui sont utilisés pour le traitement biologique des effluents contenant des composés azotés, ont l’avantage d’être robustes et compacts, permettant à la fois le traitement des composés organiques azotés et celui de l’azote ammoniacal. L’implantation sur un support inerte des bactéries spécifiques aux réactions biologiques souhaitées est accomplie en assurant les conditions optimales à leur croissance : le support devient en quelque sorte un « condo à bactéries ». La biomasse qui se développe alors croît de façon permanente, ce qui entraîne un détachement continuel du biofilm excédentaire. Cette biomasse détachée se retrouve dans le rejet liquide et s’écoule à l’effluent du réacteur avec l’eau. Les supports sont principalement faits de polyéthylène haute densité. Les différents modèles offerts sur le marché mesurent de 3 à 70 mm de diamètre et de 2 à 10 mm d’épaisseur. Un facteur important lors de la sélection du type de support à utiliser est la superficie de sa surface protégée. Celle-ci permet la présence d’une quantité optimale de biomasse aux réactions biologiques souhaitées. Ainsi, en augmentant la concentration en biomasse active dans le réacteur biologique, les supports à biofilm fixé permettent de réduire le volume des réacteurs biologiques comparativement à un procédé de boues activées. Les supports offerts sur le marché offrent des surfaces protégées impressionnantes : un mètre cube de média plastique équivaut en moyenne à trois fois la superficie d’un terrain de tennis, couloirs inclus ! La surface protégée de chaque support varie selon le fournisseur et le type de média sélectionné, de même que selon l’application.
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NITRIFICATION, DÉNITRIFICATION ET DÉAMMONIFICATION Par ailleurs, le resserrement des normes portant sur la qualité des effluents industriels nécessite l’implantation d’une étape additionnelle de traitement de l’azote organique et de l’azote ammoniacal, avant le rejet à l’égout. Différentes réactions biologiques permettent d’oxyder et de réduire l’azote avant son rejet. Le choix des étapes de traitement dépend des caractéristiques actuelles de l’effluent traité et de son débit. Dans pratiquement tous les cas, un prétraitement s’avère nécessaire afin d’éliminer les particules grossières (par une étape de dégrillage) et de faire disparaître les huiles et les graisses (par une unité de flottation, par exemple). Nombreuses sont les industries qui rejettent une eau chargée à la fois en carbone (DCO/DBO5) et en azote ammoniacal. La matière organique doit être éliminée avant l’étape d’enlèvement de l’azote ammoniacal afin d’éviter la compétition bactérienne (que remporte toujours la biomasse hétérotrophe). L’azote organique est ammonifié en azote ammoniacal, qui pourra à son tour être nitrifié. La nitrification, réaction permettant l’oxydation de l’azote ammoniacal, est accomplie en deux étapes subséquentes par les bactéries autotrophes, en condition aérobie, en nitrites, puis en nitrates. Ces derniers constituent donc le produit final de la nitrification et ne sont pas normés par la CMM. La nitrification consomme une quantité importante d’alcalinité, souvent déficitaire dans les effluents industriels, à un ratio de 7,14 mgCaCO3/mgN nitrifié. Une correction du pH à la soude est généralement requise afin de combler ce manque. Les nitrates produits lors de la nitrification ne sont pas toxiques pour la vie aquatique, contrairement aux nitrites. Si une norme sur l’azote total entrait un jour en vigueur, il faudrait alors éliminer les nitrites et les nitrates avant leur rejet. La dénitrification permet la réduction des nitrites et des nitrates en azote gazeux par la biodégradation d’une source de carbone — les atomes d’oxygène des molécules de nitrates et de nitrites alimentent la respiration de la biomasse. L’avantage principal de la dénitrification est le gain d’alcalinité produit par cette réaction. Ainsi, l’ajout d’une étape de prédénitrification, en amont de la nitrification, permet de réduire la consommation en produits chimiques à doser dans le réacteur de nitrification et d’utiliser le carbone provenant de la DCO/DBO5 à l’eau brute. Enfin, une boucle de recirculation de l’effluent de la nitrification permet l’apport des nitrites et des nitrates en tête de traitement. Comme la biomasse est fixée sur le support plastique, une biomasse spécialisée à chaque condition se développe dans chaque réacteur, éliminant la compétition bactérienne potentielle. Une autre possibilité récemment mise sur le marché jumelle ces deux procédés : la déammonification. Une seule étape de traitement permet maintenant l’abattement de l’azote ammoniacal tout en limitant la production de nitrates à l’effluent. Un ajustement des nutriments et des paramètres nécessaires à la croissance bactérienne est requis, tout comme l’ajout d’une étape de post-traitement pour l’enlèvement des matières en suspension produites. Ainsi, nous obtiendrons une eau qui peut être rejetée à l’égout et qui répond aux normes prescrites. ■
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SANTÉ PUBLIQUE
ENTRE LES MÉDIAS, LA POLITIQUE, LES CITOYENS ET LE FLEUVE SAINT-LAURENT, OÙ SE CACHE LA POLLUTION?
Pierre Payment Ph. D., professeur honoraire INRS-Institut Armand-Frappier pierre.payment@inrs-iaf.uquebec.ca
ctobre 2015. On annonce qu’un total possible de huit milliards de litres d’eaux usées seront déversées dans le fleuve Saint-Laurent sur une période de huit jours. C’est une grosse goutte d’eau dans le fleuve, mais c’est aussi ce que nous y rejetons tous les jours sans même nous poser de questions. Ce chiffre effarant a autant de sens pour la population que la distance de la Terre au Soleil : 150 000 000 kilomètres. De quoi affoler les citoyens : est-ce une tempête dans un verre d’eau ? En fait, la tempête est peut-être ailleurs...
O
RÉSUMONS LA SITUATION La station d’épuration Jean-R. Marcotte est la troisième plus grande au monde. Elle peut traiter un débit d’eau équivalent à celui de la rivière Yamaska ou de la rivière L’ Assomption, soit jusqu’à près de sept milliards de litres d’eau par jour en temps de pluie. Le traitement affecte peu les micro-organismes pathogènes et les produits chimiques présents dans nos eaux usées. Déjà, au début des années 2000, la Ville de Montréal avait commandé des analyses pour déterminer la faisabilité de la désinfection du rejet de la station. Bonne nouvelle : les résultats ont permis aux gestionnaires de commencer à mettre en place des traitements supplémentaires, et particulièrement une désinfection à l’ozone qui réduit sensiblement les micro-organismes pathogènes et les produits chimiques. En 1970, c’était hier, les égouts de la majorité des villes, des villages et des industries se déversaient encore dans le cours d’eau le plus proche. En 1978, dans sa sagesse, le gouvernement met en place un ambitieux Programme d’assainissement des eaux du Québec qui coûtera des centaines de millions de dollars. Aujourd’hui, la très grande majorité des eaux usées sont traitées et la qualité des cours d’eau s’est fortement améliorée. Gestionnaires, scientifiques, ingénieurs, fonctionnaires et nombre d’autres professionnels visent tous le même but : assurer la protection de l’écosystème du réseau fluvial. En retour, nos eaux potables et récréatives seront de meilleure qualité. Puis, à l’automne 2015, la nouvelle tombe : la Ville de Montréal déversera huit milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve SaintLaurent. Sans vraiment connaître la réalité du problème, les écologistes s’offusquent. Plusieurs médias y trouvent un merveilleux filon et, toujours avides de sensations fortes, s’enflamment sans avoir laissé le temps à leurs journalistes de colliger des informations cohérentes et vérifiées. Quelques scientifiques ne détenant pas toute l’information ou l’expertise appropriée servent de sources aux médias. Le public se met à signer des pétitions sans rien connaître de la situation et les politiciens s’en mêlent (c.-à-d. qu’ils s’emmêlent et se mettent les pieds dans les plats). On se scandalise du déversement à Montréal alors que cette pratique, ici comme partout dans le monde, est parfois nécessaire pour protéger les infrastructures. Il ne faut pas oublier que la station d’épuration ne
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peut absorber les pluies abondantes : les surplus d’eau doivent alors s’accumuler dans des bassins ou être rejetés par des surverses dans les cours d’eau. Les politiciens ont omis de faire leurs devoirs, le premier étant de connaître un dossier avant de s’exprimer. D’autres ont oublié que lorsqu’ils étaient ministres, ils étaient eux-mêmes responsables de la mise en place des infrastructures et des pratiques nécessaires qu’ils dénigrent aujourd’hui. Le gouvernement fédéral se lance dans la mêlée, sans se souvenir des millions qu’il a dépensés avec le Québec depuis 1970 pour s’assurer que le Saint-Laurent avait la capacité de subir les rejets urbains et d’en assurer la pérennité. Malheureusement, le nombre de chercheurs fédéraux ne cesse de diminuer et ceux qui restent ont un droit de parole restreint. Comment aurons-nous une réponse impartiale ? Les personnes qui ont signé les pétitions sont des gens de bonne volonté qui ont réagi à un événement médiatisé dont ils connaissaient bien peu de choses. C’est comme aux élections : combien de citoyens connaissent le programme du parti et ses candidats (à part une photo sur une pancarte électorale) ? Comme citoyens, prenons-nous conscience que ce qui quitte notre logement se retrouvera mêlé aux déchets de millions d’autres personnes ? Notre toilette hérite non seulement de nos urines et de nos selles, mais aussi des tampons hygiéniques, des condoms, des médicaments, des produits chimiques, et quoi d’autre ? La toilette n’est pas une poubelle : où est le bon citoyen ? C’est bien sûr sans compter notre évier, à partir duquel tous les autres résidus organiques prennent le chemin des égouts : le café moulu, les restes d’une soupe, et bien d’autres choses encore. En octobre, comme le débit du fleuve était d’environ 730 milliards de litres par jour, le rejet montréalais, après dilution, en constituait alors moins de 1 % quelques kilomètres plus loin. De plus, le fleuve ne reçoit pas que les eaux usées de Montréal : de Valleyfield à Québec, combien de municipalités déversent leurs eaux usées plus ou moins traitées ? Elles aussi affectent la qualité de l’eau du fleuve. La tempête due au déversement des eaux usées aura été comme les élections : beaucoup de paroles et peu de connaissances. Souvent submergée par les nouvelles à sensations, la vérité émergera peut-être finalement, grâce à des scientifiques qui auront remis les pendules à l’heure. Au moment d’écrire ces lignes, le printemps pointe à nos portes ; la tempête médiatique et les élections sont chose du passé. La réalité nous a rejoints. Trois experts d’Environnement Canada ont produit un rapport qui ne marquera pas les annales scientifiques : manque d’expérience ou d’expertise, ou alors un peu des deux. Le déversement a eu lieu, les analyses et les travaux ont été effectués. Une bonne connaissance du déplacement des masses d’eau et des courants du fleuve permettait déjà, avant le déversement, de prédire que le rejet suivrait la rive nord pour être dilué progressivement par les courants et les turbulences. Les OFNI (objets flottants non identifiés) ont été interceptés ou sont disparus... comme tous ceux qui ont parlé à tort et à travers.
Lecture de chevet : Centre Saint-Laurent. (1998). Rapport-synthèse sur l’état du Saint-Laurent. Montréal : Éditions MultiMondes. ■ Ce texte vous fait réagir ? Faites part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc
EAUX USÉES
L’ÉPURATION DES EAUX SANS ODEURS Nicolas Minel Vice-président Brault Maxtech n i c o l a s . m i n e l @ b ra u l t m a x t e c h . c o m
e traitement des eaux usées a souvent été synonyme de mauvaises odeurs. Pendant un certain temps, la solution la plus simple fut d’installer les usines de traitement à l’extérieur des villes, loin de tout riverain. De nos jours, le développement urbain rend cette solution moins pérenne, d’autant plus que les nouveaux résidents ne se satisfont pas de cet état de fait.
L
Plusieurs solutions de traitement s’offrent aux municipalités qui souhaitent se débarrasser des problèmes d’odeurs. Toutefois, pour qu’elles soient efficaces, il est d’abord nécessaire de bien identifier les causes du problème.
QU’EST-CE QU’UNE ODEUR ? L’odeur est le résultat d’un échantillon de molécules. Elle est caractérisée par la quantité et la nature de chaque composé présent dans l’air. Quand la quantité d’une molécule dépasse son seuil olfactif, elle est détectée comme une odeur. Cette perception diffère en fonction des personnes, de la météo et du type de molécules. Ainsi, l’hydrogène sulfuré, qui sent les œufs pourris, possède l’un des seuils de détection les plus bas pour le nez humain. Pour prendre en compte la différence de perception des personnes et pouvoir déterminer les critères de performance d’un traitement, le concept d’unité d’odeur (UO) a été développé et fait appel à des jurys de nez ou à des analyses olfactométriques dynamiques plutôt qu’à des mesures de concentrations en mg/l.
QUELS SONT LES OBJECTIFS ? Le traitement d’odeurs a deux buts : offrir des conditions de travail saines aux opérateurs et sauvegarder (ou restaurer) un environnement sans nuire aux riverains. Il faut donc respecter certaines limites. Bien souvent, les mesures sont axées sur l’hydrogène sulfuré (H2S), l’ammoniac (NH3) et les mercaptans (R-SH), trois composés à la fois nauséabonds et dangereux pour la santé humaine. La première étape d’un traitement d’odeurs consiste à assurer une bonne ventilation. Pour ce faire, il faut d’abord identifier les sources polluantes, les types de polluants émis et leurs concentrations. La ventilation doit ainsi prendre en compte les zones mortes, les entrées d’air neuf et les voies de circulation. Plus les odeurs sont confinées, plus il est facile de les traiter. Ainsi, avant de choisir un traitement, il est important d’établir la dispersion des odeurs sur le site à l’aide d’une étude précise, puis de déterminer le flux d’odeurs acceptable aux alentours. Après avoir défini la situation actuelle en ce qui a trait à l’émission d’odeurs (la nature et la quantité des polluants), il est plus facile de concevoir un traitement adéquat.
Ce type de traitement s’applique surtout à des petits débits (inférieurs à 4 000 m3/h ou 2 500 pi3/min) et il a l’avantage d’être très peu encombrant. On l’utilisera ainsi pour traiter l’air de bâtiments isolés (par exemple, des postes de pompage) ou de l’extension d’une usine.
Traitement biologique Ce traitement est issu d’une réaction naturelle : des micro-organismes oxydent des polluants avec de l’oxygène, amenant la formation d’eau, de dioxyde de carbone (CO2 ) et d’acide sulfurique (H2SO4). Cette action s’effectue en deux étapes. Tout d’abord, le média absorbe les polluants, puis ils se biodégradent en milieu aérobie. Les microorganismes utilisent alors les polluants comme sources d’énergie et de carbone. Pour ce faire, l’air à traiter est généralement humidifié, de façon à maintenir un taux d’humidité élevé dans le biofiltre, puis il est ventilé à travers la biomasse. L’eau de percolation est recueillie sous le filtre et renvoyée au début du processus. Ce traitement a un large spectre, mais il nécessite des conditions stables (charge de polluants, humidité, température, etc.). On l’utilise dans des usines de taille moyenne, car il prend beaucoup d’espace. Le traitement biologique élimine efficacement l’hydrogène sulfuré (H2S), ce qui permet de l’appliquer, par exemple, aux polluants issus du prétraitement des eaux usées.
Traitement physico-chimique Le principe du traitement physico-chimique consiste à solubiliser certaines molécules de l’air à traiter dans une solution aqueuse complétée par un réactif chimique. On parle alors d’absorption. Dans ce cas, on ajoute à l’eau à traiter des réactifs spécifiques aux polluants à détruire, puis on l’injecte à contre-courant de l’air vicié. Le liquide présent dans les laveurs circule le long de la partie hydrophilique du média pour tirer profit de la plus grande surface d’échange. Le média permet d’augmenter la surface d’échange (de 80 à 200 m²/m³) entre le liquide et les polluants et donc de réduire la surface au sol de ce traitement, ce qui fait qu’il présente un faible encombrement. L’utilisation de réactifs chimiques permet de s’adapter automatiquement et efficacement à des fluctuations de conditions, mais comme ce traitement est spécifique à chaque famille moléculaire, un traitement complet requiert plusieurs étapes. On a recours à cette technologie dans des usines de taille importante utilisant des procédés de prétraitement des eaux ou de traitement des boues qui génèrent des odeurs plus difficiles à éliminer.
LES TECHNOLOGIES DE TRAITEMENT
DE MULTIPLES IMPACTS POSITIFS
Les techniques de traitement fréquemment employées sont principalement l’adsorption sur charbon actif, le traitement biologique et les traitements physico-chimiques.
Les trois technologies présentées ici peuvent par ailleurs être combinées pour offrir une solution à la fois performante et rentable.
Adsorption sur charbon actif L’adsorption est un phénomène de rétention physique d’une molécule sur une surface poreuse (l’adsorbant), qui est dans ce cas le charbon actif. De manière simplifiée, un tel adsorbant peut être comparé à une éponge dans laquelle l’air à traiter circule.
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Selon la complexité des odeurs à traiter, plusieurs adsorbants peuvent être employés, mais une fois le matériau adsorbant saturé, il faut le remplacer. Cette technique présente l’avantage de s’adapter à des charges de pollution variables : seule la durée de vie du média peut alors fluctuer.
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 12 N O 1 HIVER 2016
Aujourd’hui, tous ces procédés sont nécessaires, tant pour permettre aux opérateurs de travailler dans un environnement plus sécuritaire et agréable que pour garantir l’acceptabilité sociale des usines de traitement des eaux. En effet, la protection de l’environnement consiste non seulement à assainir nos eaux, mais aussi à maintenir la qualité de notre air. ■ Ce texte vous fait réagir ? Faites part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc
G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S
LES RÉSEAUX SOCIAUX : LE NOUVEL OUTIL DE RECRUTEMENT !
Dominique Dodier Directrice générale EnviroCompétences d o m i n i q u e . d o d i e r @ e n v i ro c o m p e t e n c e s . o rg
l n’y a pas si longtemps, plus ou moins dix ans, le recrutement se faisait majoritairement en plaçant des annonces dans la section « Carrières et professions » des quotidiens. Je m’en souviens très bien — à l’époque, il fallait sélectionner un ou des journaux en fonction du type de poste que l’on souhaitait afficher et de notre région. Nous recevions alors des dizaines, voire des centaines d’enveloppes pour les postes à pourvoir. Je garde en mémoire des heures de plaisir à ouvrir et à classer toutes ces enveloppes...
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Cette époque est maintenant révolue. Internet et les réseaux sociaux font partie du quotidien de plusieurs générations. Il faut se mettre à la page, si nous ne voulons pas être mis au recyclage ! Il est indéniable que les réseaux sociaux et les outils qu’offre l’Internet, comme les sites d’emploi généralistes et ceux qui sont spécialisés (pensons à EnviroEmplois), doivent désormais être utilisés pour faire du recrutement.
Qu’on le veuille ou non, les entreprises doivent désormais utiliser les réseaux sociaux et les sites d’emplois pour entrer en contact avec les candidats potentiels. Parmi les réseaux sociaux à mettre à profit, on retrouve Facebook, Twitter, LinkedIn et quelques autres, moins connus. En ce qui concerne LinkedIn, voici quelques données qui vous convaincront de son importance1 : • 259 millions d’utilisateurs dans le monde ; • 3 millions d’entreprises y ont leur page officielle ; • 94 % des recruteurs utilisent ce réseau ; • près de 8,7 millions d'utilisateurs au Canada ; • environ 25 % de la population canadienne a un profil sur le site. Créer une page d’entreprise sur les réseaux sociaux présente donc de nombreux avantages : • cela facilite le recrutement ; • cela rehausse la visibilité de votre entreprise et de votre marque employeur ; • cela augmente le réseautage et les flux de communications ; • cela fait croître la notoriété de vos produits et services, et même celle de vos ventes. En ayant votre page d’entreprise sur LinkedIn, vous pourrez afficher vos postes, vos valeurs et votre marque employeur, recevoir des CV en réponse à des offres que vous avez affichées ou recueillir des candidatures spontanées. Vous pourrez aussi évaluer des candidats potentiels en consultant leur profil professionnel. Qu’on le veuille ou non, les entreprises doivent désormais utiliser les réseaux sociaux et les sites d’emplois pour entrer en contact avec les candidats potentiels, car c’est là qu’ils se trouvent. Il faut rejoindre
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les ressources là où elles sont. Les réseaux sociaux et les sites d’emplois peuvent ainsi nous faire économiser temps et argent. Ne négligez toutefois pas les outils plus traditionnels qui ont fait leurs preuves : les salons de l’emploi, les congrès et foires commerciales, les réseaux de contacts, les chasseurs de têtes et les firmes de recrutement. Les réseaux sociaux ne doivent pas être le seul moyen de recruter, mais plutôt s’ajouter à votre coffre à outils. Si vous n’avez pas le temps ni les ressources à l’interne pour vous aider, et si le poste offert est complexe ou l’expertise recherchée pointue, le recours à une firme spécialisée donne de très bons résultats. La présélection et le processus de sélection tout entier peuvent être ardus et essoufflants. Par ailleurs, si vous voulez recruter dans la plus grande discrétion, il serait sage de ne pas le faire par Facebook. Je crois qu’il faut mettre toutes les chances de son côté. Utiliser tous les outils s’avère souvent une stratégie gagnante pour trouver la perle rare. N’attendez pas d’avoir un poste à pourvoir pour vous créer des comptes dans les réseaux sociaux : commencez dès maintenant, faites de petits pas qui vous conduiront vers les avenues les plus efficaces. Commencez par une page d’entreprise. Au fil du temps, vous pourrez construire votre image et alimenter votre page en informations pertinentes sur votre entreprise, ce qui attirera l’attention sur vous. N’oubliez pas que d’ici 2025, le tiers de la population québécoise sera en âge de prendre sa retraite. Il vaut donc mieux se préparer et développer à l’avance sa marque employeur afin d’avoir une stratégie d’embauche efficace. Bon recrutement ! ■
1. Landivar, Valeria (2014). 30 statistiques sur LinkedIn qui vous surprendront. Journal Métro, consulté le 23 septembre 2015 à l'adresse : http://journalmetro.com/opinions/reseaux-sociaux/438377/30-statistiques-surlinkedin-qui-vous-surprendront/
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