SOURCE printemps - été 2011

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PRINTEMPS/ÉTÉ 2011, vol. 7 no 1

ENTREVUE avec

Alain

Bourque d'Ouranos

La nécessité de s’adapter aux changements climatiques L’origine de l’avancement de la science de l’eau

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Eaux usées : rencontre du troisième type

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Printemps/été 2011, vol. 7 no 1

sommaire

8 Alain

Bourque « Nos infrastructures ont été conçues pour faire face à des conditions climatiques historiques qui ne sont plus les mêmes aujourd’hui. La pression qu’induisent les changements climatiques sur ces infrastructures, de moins en moins adaptées au climat qui s’annonce, mettra en péril leur pérennité, comme l’affirme le CERIU. La bonne gestion des risques est selon moi le plus grand défi qui attend le Québec. » — Alain Bourque

CHRONIQUES

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LE JURIDIQUE

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G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S LES AMIS DE SOURCE

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ONSS LES B TACT 29 CON

L’ E N V E R S D U D É C O R

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EAUX USÉES REN CO NTRE D U TRO ISIÈM E TYPE SUR LE RADAR L’O RI G I N E D E L’AVAN CEM ENT D E L A SCI EN CE D E L’EAU INSTRUMENTATION L’I N FLU ENÇABLE ÉLECTRO D E D E PH !

Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs : John Cigana Marc-André Desjardins Dominique Dodier France Gauvreau Hervé Pageot

Direction artistique : MAYA communication et marketing

Impression : Carpe diem

Designer graphique : S’AMI graphie (Syma)

Coordination des ventes : Grégory Pratte Tél. : 450 508-6959 gpratte@maya.cc

Photos de la page couverture et de l’Entrevue : Sébastien Arbour www.arbourphoto.com Photos de l’entrevue : André Dumouchel Révision linguistique : Annie Talbot

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.

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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (QC) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@maya.cc www.maya.cc

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ÉDITORIAL adumouchel@maya.cc

André Dumouchel

Êtes-vous intelligent ?

Vous qui êtes assis à votre bureau et qui lisez tranquillement votre exemplaire de ce magazine en sirotant un café, êtes-vous intelligent ? Vous qui faites le même exercice, mais à partir de notre version virtuelle sur notre site Internet, l’êtes-vous davantage que le premier ? Et vous, madame, qui êtes assise dans une salle d’attente et qui êtes tombée par hasard sur cette revue que vous ne connaissiez pas, l’êtes-vous tout autant ?

Tous autant que nous sommes, nous avons l’impression d’être intelligent. Il est rarissime qu’à la question « êtesvous intelligent ? », une personne réponde non avec sincérité. Ou lucidité, diront certains qui, justement, se croiront intellectuellement supérieurs. Je ne m’aventurerai pas ici, dans ces pages, à circonscrire l’intelligence de façon définitive puisque, justement, je n’ai pas les capacités intellectuelles requises. Je m’y casserais assurément les dents, puisque de tout temps, des cerveaux bien plus débridés que le mien se sont penchés sur la question, l’ont étudiée, analysée, débattue et ont tenté à leur façon d’y aller de LA définition parfaite.

Cependant, l’être humain est de par nature réfractaire au changement et a une forte tendance à la procrastination. S’il fait l’effort de s’adapter, c’est souvent parce qu’il y est forcé, qu’il n’a pas le choix. Les actions sont souvent prises lorsque la coupe déborde. Or, bien sûr, il est souhaitable de travailler en amont, de façon préventive, mais lorsque le mal est fait, il faut réagir afin d’en minimiser les conséquences. Et c’est précisément ce que doit faire notre société en ce qui concerne les changements climatiques. Il existe deux types d’adaptation : l’une est dite proactive et l’autre réactionnelle. La première implique des notions d’analyse, de stratégie, de prévoyance et de vision dans nos actions. La seconde, vous le devinez, est basée sur la réaction face à des événements passés ou présents.

Selon différents textes et définitions glanés ici et là, l’adaptation augmente les chances de survie. On peut à mon avis appliquer ce principe à une multitude de sujets. Qu’il s’agisse d’un produit, d’une idée ou encore d’une espèce, plus l’adaptation est rapide, concrète et efficiente, plus les chances de survie sont grandes.

Il est très facile de transposer ces concepts dans notre quotidien. Que ce soit dans notre vie personnelle ou dans celle de notre municipalité, de notre province, de notre pays ou même de notre planète, nous devons nous assurer de nous adapter de façon proactive. Mais le terme « proactif » sous-tend le terme « action ». Et en politique, l’action nécessite d’abord une prise de décision. Malheureusement, les politiciens adorent le consensus. Résultat : toute décision importante est sempiternellement reportée. En outre, dans une société de plus en plus individualiste, il est bien difficile de faire passer les intérêts de la collectivité avant les intérêts personnels. Alors on joue à l’autruche, on se cache la tête dans le sable, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’il est devenu anormalement chaud. Et lorsqu’on doit affronter le problème, on se rend compte qu’il est devenu insoluble.

L’interviewé de ce numéro-ci, Alain Bourque, est justement le directeur impact et adaptation chez Ouranos. Puisqu’Ouranos est un organisme spécialisé en changements climatiques, l’entrevue porte évidemment sur cette thématique. Mais attention, il ne s’agit pas ici de débattre de l’existence ou non de ces changements, des causes ou encore des actions à promouvoir pour les enrayer, mais plutôt des impacts qu’ils engendrent et de la nécessité de s’y adapter. Car plus personne ne peut douter de l’existence des changements climatiques. Il existe bien un débat sur les causes de ces

J’ai envie que nous soyons collectivement intelligents, que nous nous adaptions aux changements, qu’ils soient climatiques ou autres. Personne ne croit que ce sera facile. Les solutions ? Je ne les ai pas. Par contre, je souhaite voir un leader se lever et guider notre société qui inexorablement s’enlise, comme en témoigne la décrépitude de nos infrastructures. L’adaptation ne sera pas une sinécure. Certains crieront, taperont du pied. L’unanimité ne sera pas possible. Mais comme le dit si bien un proverbe bulgare, « la meilleure décision est la décision prise ». Bon été ! ■

Cependant, selon mes lectures, il semble y avoir un consensus sur le fait que l’on peut reconnaître l’intelligence au travers d’un prisme aux multiples facettes. La capacité d’adaptation est l’une d’elles. L’adaptation est donc un signe d’intelligence.

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changements, mais en ce qui concerne les impacts, les faits parlent d’euxmêmes et sont de plus en plus nombreux et d’importance. Ainsi, au-delà de tout discours, il est nécessaire de s’adapter.

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011



tête-à-tête

Alain

Bourque

directeur impact et adaptation chez Ouranos

Entrevue réalisée par André Dumouchel

ALAIN BOURQUE, MÉTÉOROLOGUE ET DIRECTEUR DU PROGRAMME IMPACT ET ADAPTATION CHEZ O URANOS, S’INTÉRESSE DEPUIS PRÈS DE 20 ANS AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES. POUR LUI, QUI TOUS LES JOURS MET EN RELATION DES MILLIERS D’OBSERVATIONS ET DE DONNÉES RELATIVES AU CLIMAT, LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SONT UNE RÉALITÉ INCONTESTABLE À LAQUELLE IL EST NÉCESSAIRE DE SE PRÉPARER. QUELS SERONT LES IMPACTS D’UNE AUGMENTATION DE LA TEMPÉRATURE MOYENNE SUR NOS SAISONS ? CONNAÎTRONS-NOUS DAVANTAGE D’ÉVÉNEMENTS MÉTÉOROLOGIQUES EXTRÊMES AU COURS DES PROCHAINES ANNÉES ? Q UELLES SOLUTIONS PRÉCONISER POUR ASSURER LA PÉRENNITÉ DE NOS INFRASTRUCTURES URBAINES ?

PARCOURS UNIVERSITAIRE ET PROFESSIONNEL Alain Bourque a obtenu un baccalauréat en météorologie de l’Université McGill en 1989 et une maîtrise en Science de l’atmosphère de l’UQAM en 1996. Il devient climatologue à Environnement Canada en 1989. C’est en 1993 qu’il commence à s’intéresser aux changements climatiques et en 2001 qu’il se joint à Ouranos, consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques.

LE MAGAZINE SOURCE L’A RENCONTRÉ POUR VOUS.

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser aux changements climatiques ? Comme météorologue, je dois bien sûr m’intéresser à ce sujet. Au fil des années, j’ai souvent été appelé à titre d’expert dans des cas d’inondations dans des municipalités. Les inondations du 14 juillet 1987 à Montréal avaient-elles un lien avec les changements climatiques ? C’est toujours un peu le problème avec les changements climatiques. On ne peut pas associer un seul événement avec les changements climatiques. Les changements climatiques sont plutôt une trame de fond. 8

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

Quels autres événements ont par la suite retenu l’attention des météorologues québécois ? Je dirais que c’est le déluge du Saguenay, en juillet 1996, qui a suscité cet engouement pour la météo et plus particulièrement pour les changements climatiques. Dès lors, le suivi du climat a été abordé plus sérieusement. Ces inondations nous ont permis de comprendre que ce genre de phénomène pouvait se produire chez nous, pas seulement chez nos voisins, et que nous sommes vulnérables au climat. La tempête de verglas survenue en janvier 1998 a aussi été un événement climatique majeur. À cette époque, on faisait face à un

système météorologique très complexe, des conditions météo très particulières. Tout ça arrivait en même temps qu’un énorme El Niño qui avait fait déjà beaucoup parler de lui précédemment. Ces événements extrêmes ont-ils eu des répercussions sur le plan politique ? Au tournant des années 2000, le gouvernement du Québec a effectivement décidé de prendre en main le dossier des changements climatiques. En 2001 a été publié le 3e rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l'évolution du climat), qui faisait la synthèse de la littérature scientifique sur les


tête-à-tête changements climatiques et en arrivait à un constat : les changements climatiques ne sont plus une hypothèse; ils sont observés, prouvés et vont s’amplifier au fil du temps. La même année, des ressources financières ont été rassemblées pour créer un consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques. C’était le début d’Ouranos. Qui sont les pères fondateurs ? Ouranos est une initiative des huit ministères québécois les plus susceptibles d’être affectés par les changements climatiques (les ministères du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs; des Ressources naturelles et de la Faune; du Transport; de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation; de la Santé et des Services sociaux; des Affaires municipales et des Régions; du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation), en plus d’Environnement Canada. À ce groupe s’est ajoutée Hydro-Québec qui s’inquiétait des très bas niveaux d’eau dans les réservoirs; la société d’État voulait savoir en quoi les changements climatiques allaient aggraver ou minimiser certains risques liés à son activité. Qui sont les autres bailleurs de fonds d’Ouranos ? En ce qui concerne le financement, au départ il provenait surtout du gouvernement du Québec et d’Hydro-Québec. Environnement Canada a aussi injecté de l’argent, mais maintenant il fournit seulement des employés scientifiques. À partir de 2004, on a formellement associé des membres universitaires, notamment l’UQAM, McGill, l’Université Laval et l’INRS. On travaille bien sûr avec d’autres universités québécoises, mais les quatre premières ont contribué au développement d’Ouranos en participant à son conseil d’administration. Il y a deux types de membres chez Ouranos : des membres usagers qui apportent les ressources pour faire le travail, et les membres universitaires qui apportent des solutions. Suite aux succès qu’a connus OURANOS, des membres affiliés ont joint les rangs, notamment l’ÉTS, l’Université du Québec à Rimouski, Manitoba Hydro, Ontario Power Generation et Rio Tinto Alcan, notre premier membre affilié privé. Quelle est la composition d’Ouranos ? Ouranos est un réseau de quelque 250 scientifiques et professionnels. Un tiers de ceux-là sont des employés permanents qui sont chargés de mettre en place et de réaliser des activités scientifiques et techniques appliquées. Un autre tiers est composé d’employés prêtés par les différentes organisations membres; elles participent aux activités, déterminent les besoins, évaluent la pertinence des programmes, etc. Le dernier tiers provient du monde universitaire, chargé de développer de nouvelles compétences. Et quels sont les objectifs d’Ouranos ? Notre mandat est de développer les outils et les connaissances pour favoriser l’adaptation aux changements climatiques. À court terme, nous voulons réaliser des projets concrets à partir d’analyses pointues afin de développer des solutions d’adaptation aux changements climatiques. À long terme, nous visons à développer une compétence québécoise pour pouvoir faire face à ces changements. Quels sont les plus importants créneaux d’Ouranos ? Le premier est celui de la science du climat. Nous développons des simulateurs climatiques à l’échelle régionale pour pouvoir fournir les projets d’analyse d’impact en données climatiques, par exemple sur des bassins versants spécifiques, sur des zones côtières ou des communautés ciblées. L’autre groupe procède à l’analyse des impacts. Présentement, nous avons 10 sous-programmes en impact et adaptation, qui vont de l’impact sur l’environnement nordique jusqu’à l’impact sur la santé humaine dans le sud du Québec, en passant par l’agriculture, l’érosion côtière, la foresterie et bien sûr la gestion de l’eau. Pouvez-vous nous donner un exemple d’application ? Nous avons des demandes dans le domaine des infrastructures municipales. Je pense entre autres aux débordements des réseaux d’égouts lors de précipitations abondantes. À titre d’exemple, nous faisons des analyses économiques et biophysiques, des études en lien avec l’avenir hydrologique d’une rivière, etc. À l’approche de la grande conférence sur les changements climatiques en 2005, nous avons préparé deux ateliers pour la Ville de Montréal. Ironiquement, le jour même de la présentation des ateliers, l’échangeur l’Acadie a été inondé. Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

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Est-ce que ceci aurait pu être évité ? L’impact d’un événement extrême n’est jamais totalement évitable. Lorsque l’on construit une infrastructure, il faut faire un compromis entre son coût et le niveau de service que l’on désire offrir. On ne peut pas construire un réseau d’égouts qui résiste à des niveaux d’inondation extrêmes; il faudrait alors installer des tuyaux gigantesques qui coûteraient une fortune à construire et à entretenir. Il faut éviter de tout attribuer aux changements climatiques; certains problèmes résultent plutôt de l’aménagement du territoire. Ainsi, à Montréal, on a minéralisé presque toutes nos surfaces, ce qui fait qu’il y a beaucoup plus d’apports d’eau dans les réseaux d’égouts. Les changements climatiques viennent en fait ajouter une couche de problèmes dans des endroits où il y a déjà des problèmes. Les changements climatiques vont simplement rendre ces endroits encore plus vulnérables. Disons qu’une municipalité est sur le point de mettre sur pied une infrastructure urbaine. Comment peut-elle se prévaloir de votre expertise ? Notre rôle est souvent celui de conseiller, de fournisseur de données de base qui, elles, permettent de faire différents types d’analyses. Nous pouvons aussi fournir des scénarios climatiques. Par la suite, les municipalités peuvent mandater des consultants pour réaliser les travaux. Ouranos peut aussi participer à des comités de sélection ou de supervision des travaux. Par ailleurs, nous avons mis en place des protocoles de recherche. À titre d’exemple, nous avons travaillé avec Ingénieurs Canada et de nombreux autres partenaires pour développer un protocole d’évaluation des

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vulnérabilités des infrastructures aux changements climatiques. Au Québec, en ce moment, des municipalités appliquent ce protocole à certaines infrastructures. Nous voulons nous concentrer davantage sur le développement de méthodologies, d’outils et d’analyses de risques qui peuvent être ensuite utilisés par des consultants. Nous considérons que ceux-ci ont un rôle extrêmement important qui permettra de généraliser l’adaptation aux changements climatiques. Comment les projets sont-ils financés ? Nous recevons un financement de base qui est de l’ordre de 4 M$ par année, auxquels s’ajoutent toutes sortes de financements complémentaires. Ainsi, le gouvernement du Québec nous apporte 10 M$ pour faire des projets en analyse d’impacts et en développement d’adaptations. Le gouvernement fédéral nous octroie 4 M$ pour faire davantage d’analyses… Le gouvernement Harper finance donc la recherche sur les changements climatiques ? Oui. En fait, le Canada est considéré comme un leader, sur la scène internationale, dans le dossier de l’adaptation aux changements climatiques. Il est évident que les provinces, les municipalités, les communautés s’intéressent de plus en plus aux enjeux que soulèvent les changements climatiques et investissent pour s’y adapter. Je ne crois pas que les gouvernements, quels qu’ils soient, puissent ignorer cela.


tête-à-tête Peut-on dire que le gouvernement du Québec est très proactif dans le dossier des changements climatiques ? Le gouvernement du Québec a adopté le Plan d’action 2006-2012 sur les changements climatiques. Il faut souligner l’action numéro 5, qui permet aux municipalités de dresser un inventaire d’émissions de gaz à effet de serre et de développer leur premier plan d’adaptation aux changements climatiques. Grâce à ce programme, on a vu des municipalités comme Trois-Rivières, Québec et Montréal, pour ne nommer que celles-là, élaborer leur premier plan d’adaptation. On espère que ces plans vont se traduire par des actions concrètes sur les territoires, autant pour les réseaux d’égouts, les routes, les usines d’approvisionnement en eau potable, les barrages, etc. Ces infrastructures sont-elles les plus vulnérables aux changements climatiques ? Oui. Plus les infrastructures ont une durée de vie utile longue, plus les risques liés aux changements climatiques sont élevés; ceux-ci doivent donc être abordés le plus rapidement possible. Il faut cependant demeurer pragmatique et insérer les considérations climatiques dans le cycle de vie normal d’une infrastructure. On ne peut pas détruire une infrastructure bâtie il y a 10 ans aux seules fins d’une adaptation aux changements climatiques. Dans les cas des égouts, on peut agir en amont pour les réseaux existants, par exemple en interceptant l’eau à la source. Dans le cadre de la construction d’un parc, on peut prévoir un bassin de rétention supplémentaire. On peut aussi miser sur des espaces verts plus nombreux pour favoriser l’absorption des eaux pluviales. Il y a toutes sortes de méthodes pour diminuer l’apport en eau dans les réseaux d’égout. Il faut aborder les solutions de façon intégrée. Dans le domaine de la gestion des eaux pluviales, il n’y a pas seulement les gens en génie qui peuvent résoudre le problème; des spécialistes en aménagement du territoire, des urbanistes, des écologistes devraient aussi être mis à contribution. Le Québec est-il le seul terrain de jeu d’Ouranos ? Avez-vous des mandats à l’international ? Ceux qui nous financent ont beaucoup de questions en lien avec le Québec; le Québec est donc prioritaire. Nos travaux ici ont cependant attiré l’attention de gens de l’extérieur de la province, tant pour leur pertinence que leur valeur scientifique. On s’aventure donc de plus en plus à l’international. Récemment, je suis allé en Amérique du Sud et en Haïti pour évaluer les risques liés au changement de fréquence des ouragans. Pour résumer, je dirais qu’Ouranos aide les régions du Québec à se structurer et les autres pays à structurer des organisations comme la nôtre. Existe-t-il beaucoup d’organisations, ailleurs dans le monde, comme Ouranos ? Il n’y en a pas beaucoup, mais quelques-unes ont émergé au cours des dernières années. L’un des grands pays leaders de la question des défis liés aux changements climatiques, c’est l’Angleterre. Dès la fin des années 1990, le gouvernement a mis en place le UK Climate Impacts Programme chargé d’aider les organisations à s’adapter aux changements climatiques. L’un de ses scientifiques est d’ailleurs conseiller chez Ouranos. La canicule européenne de 2003, qui a causé des milliers de décès, a vraiment frappé l’imaginaire et a inspiré plusieurs projets d’adaptation climatique. L’Australie fait également face à des enjeux climatiques importants depuis des décennies, mais surtout depuis les 15 dernières années, ce qui a poussé les autorités à se structurer. Y a-t-il des projets qui voient le jour chez nos voisins américains ? Aux États-Unis, il y a toutes sortes d’initiatives, mais l’ensemble n’est pas structuré. Les projets développés ne durent souvent que deux ou trois ans du fait de la forte compétition. Les scientifiques n’ont pas tendance à travailler ensemble, ce qui n’est pas très constructif. À l’inverse, chez Ouranos, on fait plutôt la promotion de la complémentarité des expertises. Des spécialistes en pergélisol et en érosion côtière, en général, on les compte sur les doigts d’une main. Dans ce contexte, on va essayer d’optimiser nos ressources en favorisant le travail d’équipe, ce qui n’est pas vraiment le cas aux États-Unis. Doit-on agir globalement ou localement en ce qui concerne les changements climatiques ? Il faut agir sur les deux fronts. Une action planétaire est nécessaire, par la réduction Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

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des émissions des gaz à effet de serre, pour minimiser l’intensité des changements climatiques. Or, les impacts des changements climatiques se matérialisent à l’échelle régionale. Ce sont des sous-sols inondés, des zones côtières grugées par la mer, le pergélisol qui fond et qui cause la déstabilisation des infrastructures, des routes et des territoires… Ce n’est donc plus une question de savoir si les changements climatiques sont une réalité, mais plutôt de savoir quand nous allons en subir les conséquences. Que répondez-vous aux gens qui ne croient pas aux changements climatiques ? Ma première réaction serait de les inviter à lire les rapports du GIEC. Le premier rapport, publié à la fin des années 1980, disait qu’il y avait des indicateurs sérieux permettant de croire que le climat allait changer au cours des années suivantes, sans pouvoir néanmoins le démontrer scientifiquement. Le deuxième rapport, qui date de 1995, démontrait la tendance à une augmentation de la température mondiale. En 2001, le troisième rapport en arrivait à la conclusion que les changements climatiques allaient s’accélérer dans le futur. Enfin, dans le rapport de 2007, on fait état des changements qui se produiront à l’échelle régionale. Aujourd’hui, nous en sommes à nous demander quelle va être l’ampleur des changements climatiques, quels efforts seront requis pour les minimiser, ce qu’il faudra faire pour s’y adapter et apprendre à vivre avec l’incontournable. Pourquoi est-ce difficile de confondre les climato-sceptiques ? Il y a toute une série d’affirmations des sceptiques qui sont risibles quand on connaît bien la science. Par contre, il y a certains sceptiques qui amènent des points scientifiques intéressants, pour laquelle la science a des réponses nuancées. Mais dans notre monde fortement médiatisé, il n’y a certainement pas beaucoup de place pour les réponses nuancées et pour les discussions scientifiques. L’incertitude, ça se communique assez mal dans un « clip » de nouvelles. En science du changement climatique, il y a des incertitudes comme dans n’importe quelle autre science. Malheureusement, ces incertitudes et nécessaires nuances sont mal interprétées par les climato-sceptiques. Quels sont les changements climatiques qui sont actuellement observés ? Le changement le plus facile à observer est l’augmentation de la température. C’est l’indicateur climatique pour lequel nous avons des certitudes historiques. Des tendances se dessinent clairement et vont s’aggraver avec le temps. Quelles sont et quelles seront les répercussions de cette augmentation de la température sur les saisons ? C’est clair qu’avec des températures plus chaudes, graduellement, avec le temps, on observera un printemps plus précoce. Les changements climatiques ne tuent pas la variabilité naturelle de notre climat, donc il est possible que certaines années il soit plus tardif, mais la tendance sera au printemps hâtif. On entendra certainement les gens s’en étonner en 2050 : « C’est vrai que le printemps arrivait au moins deux ou trois semaines plus tard au début du siècle ! » En été, voir la température grimper au-dessus de 30 °C était relativement rare il y a quelques années. Et 35 °C, c’est souvent des records dans le sud du Québec. Les changements climatiques indiquent que la moyenne de 27 °C va bientôt devenir 29 ou 30 °C. Une température de 30 °C, ça deviendra la température de 50 % des journées d’été. On observera plus souvent des 37 et 38 °C d’ici quelques décennies. Mais il y a des impacts importants à ce réchauffement. Le taux de pénétration des climatiseurs explosera, ce qui accentuera certains problèmes. De plus en plus, il faudra nous adapter à cette chaleur, un peu comme le font les habitants de New York ou de Pittsburgh. Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

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tête-à-tête Évidemment, avec des températures plus chaudes, on constate que l’automne s’étire. La neige arrive de plus en plus tardivement. On relève des problèmes d’étiage jusqu’en septembre, voire octobre, qui compliquent l’approvisionnement en eau. Le mois de septembre commence à ressembler au mois d’août. On assiste à un décalage des saisons par rapport aux mois. En hiver, on observera de plus en plus de redoux, de gels et dégels successifs, de moins en moins de neige. Par contre, pour le Nord du Québec, c’est différent. Traditionnellement, on vivait un hiver quasiment désertique où il faisait -30 °C et où il y avait très peu de précipitations en raison du froid extrême. On passera graduellement à des hivers plus chauds, générant plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère, donc plus de neige. C’est le scénario observé au Nunavik depuis 10 ou 15 ans. Qu’en sera-t-il par rapport aux précipitations ? Les précipitations sont de par nature un petit peu plus incertaines. En hiver, pour le Québec, on peut s’attendre à des augmentations de précipitations au cours des prochaines décennies. Ces précipitations se traduiront-elles en neige ou en pluie ? Ça dépend du fameux seuil de 0 °C. Nous pourrions connaître des hivers avec pas mal de neige dans les régions du Québec situées au nord. À l’inverse, les précipitations au sud du Québec seront de plus en plus liquides dans un horizon de 70 ou 80 ans. La science tente de déterminer le moment où cela va se produire. Et pour les autres saisons, qu’en est-il des précipitations ? Pour le Québec en général, on parle d’une augmentation des précipitations pour à peu près toutes les saisons. Si, pour l’hiver, tout dépend de la latitude, pour l’été il n’y a aucun modèle montrant une augmentation des précipitations; on parle en général de statu quo. Il faut cependant ajouter

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à l’équation le phénomène de l’évaporation lié à des températures plus chaudes, donc de quantités d’eau disponible moins importantes. Il faudra prévoir des épisodes extrêmes de précipitations ainsi qu’une augmentation de leur intensité et de leur durée. Les municipalités devraient-elles s’inquiéter de ce nouveau modèle de précipitations ? C’est clair. Les municipalités devraient se préoccuper de deux dossiers : l’impact accru des canicules et les pluies abondantes, et plus particulièrement les pluies abondantes sur de courtes périodes de temps. Ironiquement, un des enjeux pour les municipalités sera d’éviter des surverses dans les rivières avoisinantes. Là, le problème n’est pas les événements extrêmes. Ce qui pose problème pour les municipalités, ce sont souvent les petits événements. Au Québec, quels seront les plus grands défis liés aux changements climatiques au cours des prochaines décennies ? Nos infrastructures ont été conçues pour faire face à des conditions climatiques historiques qui ne sont plus les mêmes aujourd’hui. La pression qu’induisent les changements climatiques sur ces infrastructures, de moins en moins adaptées au climat qui s’annonce, mettra en péril leur pérennité, comme l’affirme le CERIU. La bonne gestion des risques est selon moi le plus grand défi qui attend le Québec. Traditionnellement, et c’est ce qui est particulièrement inquiétant, ce sont souvent les gouvernements qui assument les risques et les conséquences de l’irresponsabilité des gens du secteur privé. Les coûts d’une gestion inadéquate des changements climatiques sont exponentiels. Au final, ce sont les citoyens qui en payeront le prix. M. Bourque, merci beaucoup.



EAUX USÉES

R E N C O NTR E D U TR O I S IÈM E T YPE Marc-André Desjardins ing., Ph.D. vice-président, division Environnement AXOR Experts-Conseils inc. mdesjardins@axor.com

n matière de désinfection des eaux usées, les techniques employées au Québec sont assez limitées. Compte tenu de l’interdiction d’utiliser la chloration et en ne tenant pas compte de la désinfection naturelle qui est possible avec certains traitements secondaires, en particulier les traitements par lagunage, les méthodes de désinfection à la disposition des concepteurs de stations d’épuration se résument essentiellement à deux types de procédés, soit le rayonnement ultraviolet et l’ozonation.

E

L’utilisation du rayonnement ultraviolet comme technique de désinfection s’est considérablement répandue depuis les années 1980. Au Québec, plusieurs stations d’épuration sont équipées de systèmes de désinfection dotés de lampes à vapeur de mercure qui émettent des rayons UV. Il s’agit d’une technologie éprouvée dont l’efficacité est bien documentée. Beaucoup moins répandue que le rayonnement ultraviolet, l’ozonation permet également de désinfecter les eaux usées. L’intérêt pour cette méthode de désinfection s’est accru de façon importante au cours des dernières années, notamment à la suite d’études réalisées par la Ville de Montréal qui a retenu l’ozonation pour la désinfection

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de l’effluent de sa mégastation d’épuration. Bien que généralement plus coûteuse que les systèmes à rayons UV, l’ozonation présente certains avantages « collatéraux » qui, mis dans la balance, pourraient justifier dans certains cas le recours à cette technologie.

Déjà utilisé dans plusieurs stations d’épuration en Europe et testé dans quelques-unes au Canada, l’acide peracétique suscite présentement beaucoup d’intérêt chez les gestionnaires de stations d’épuration. Un troisième type de procédé pourrait bientôt venir s’ajouter à ces deux méthodes de désinfection : la désinfection à l’acide peracétique. Déjà utilisé dans plusieurs stations d’épuration en Europe et testé dans quelques-unes au Canada, l’acide peracétique suscite présentement beaucoup d’intérêt chez les gestionnaires de stations d’épuration. Allons donc à la rencontre de ce nouveau venu dans le domaine de la désinfection des eaux usées au Québec, une rencontre du troisième type…

Qu’est ce que l’acide peracétique ? L’acide peracétique ou APA (C2H4O3) est un mélange d’acide acétique (CH3COOH) et de peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans une solution aqueuse. Usuellement produit en concentration de 5 à 15 %, l’APA est un liquide incolore à bas pH qui a une forte odeur piquante. C’est un oxydant très puissant qui présente un

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RE NCONTRE DU TROISIÈM E TYP E

avantage majeur par rapport au chlore : outre son pouvoir oxydant plus élevé, l’APA ne forme aucun sous-produit toxique. De fait, le seul résidu produit après dissolution d’APA dans l’eau est de l’acide acétique (vinaigre), qui est facilement biodégradable et dont l’apport supplémentaire en DCO est minime.

Quelles sont les applications de l’APA ?

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L’APA est utilisé principalement dans l’industrie alimentaire où il est employé depuis plus de 50 ans comme agent nettoyant et désinfectant. On l’utilise aussi pour la désinfection desinstruments médicaux de même que pour la désinfection de l’eau des tours de refroidissement, où il contribue à empêcher la formation de biofilm, en plus de contrôler la bactérie Legionella. Plus récemment, on a commencé à utiliser l’APA pour la désinfection des eaux usées, principalement pour remplacer le chlore.

Comment fonctionne la désinfection à l’APA ? Utilisé comme agent désinfectant, l’APA désactive les microorganismes en oxydant les membranes externes des cellules. Il est efficace avec les bactéries, virus, champignons et spores. Les doses appliquées varient généralement entre 1 et 2 mg/l avec des temps de contact compris entre 1 et 15 minutes. L’efficacité de l’APA est influencée notamment par le pH et la température. Ainsi, l’APA est plus efficace lorsque le pH est neutre (pH = 7) que lorsqu’il se situe entre 8 et 9. Par ailleurs, plus la température de l’eau est élevée, plus l’APA est efficace. Des essais pilotes et à pleine échelle réalisés en Ontario par Dre Onita D. Basu de l’Université de Carleton ont permis de démontrer l’efficacité désinfectante de l’APA utilisé seul ou en combinaison avec un traitement UV. À titre d’exemple, avec un dosage de 1,5 mg/l d’APA et un temps de contact de 1 à 3 minutes, une réduction d’environ 1,8 logs d’E. coli (de 12 600 à 200 UFC/100 ml) a été obtenue sans UV. Le même dosage utilisé avec UV a permis d’obtenir une réduction de plus de 2,5 logs d’E. coli.

Perspectives d’utilisation de l’APA au Québec en désinfection Cette chronique a beau parler d’une « rencontre du troisième type », l’utilisation de l’APA comme méthode de désinfection des eaux usées au Québec n’est pas de la science-fiction pour autant ! Approuvé par l’USEPA pour la désinfection des eaux usées depuis 2007, l’usage de l’APA pour cette même application au Canada est en voie d’homologation. Déjà, au moins une ville au Québec considère la possibilité de désinfecter ses eaux usées avec de l’APA et a entrepris des discussions très sérieuses avec les autorités canadiennes concernées, dont Santé Canada. Le MDDEP est également consulté et suit le dossier avec intérêt.

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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

Sans être une panacée, le recours à l’APA pour la désinfection des eaux usées pourrait se révéler avantageux dans certaines stations d’épuration compte tenu des faibles coûts d’investissement pour sa mise en œuvre, de son large spectre d’action biocide et de l’absence d’effet nocif sur l’environnement. En outre, l’APA peut être utilisé non seulement en traitement tertiaire (en combinaison ou non avec d’autres méthodes de désinfection), mais aussi pour la désinfection d’eaux de débordement (effluents primaires, bassins d’orage, etc.). Avec une telle souplesse d’utilisation, il ne reste plus qu’à espérer que le processus visant à permettre l’utilisation de l’APA au Québec en désinfection soit complété dans les meilleurs délais de façon à ouvrir la porte à cette technique dont on devrait entendre parler de plus en plus au cours des prochaines années. ■



SUR LE RADAR

L’ORIG I N E DE L’AVANCE M E NT

de la science de l’eau John Cigana ing., M.Sc. A. vice-président, Développement des affaires et marketing John Meunier inc. filiale de Veolia Water Solutions & Technologies jcigana@johnmeunier.com

L’eau potable et l’avancement des données scientifiques acte d’ouvrir le robinet est un geste banal pour le commun des citoyens, qui prend peut-être pour acquis son approvisionnement en eau potable. Par contre, les travailleurs du domaine de l’environnement savent que cette eau potable est l’accomplissement de plusieurs personnes œuvrant en chaîne pour obtenir cette précieuse substance. L’histoire démontre bien qu'au cours du dernier siècle, la recherche scientifique a su déchiffrer les risques pour la santé humaine et les traduire en normes. On peut se poser la question : quels sont les nouveaux paramètres dans ce domaine ?

L’

Il fallut le discernement d’un médecin londonien, le Dr Snow, pour établir que la cause de la propagation du choléra était une vieille pompe […]

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Le début de la science du traitement de l’eau potable Il est incontestable qu’à la production d’eau potable est étroitement liée la notion de santé publique. Il suffit de penser à l’épidémie de choléra de Londres en 1854 pour s’en convaincre. On croyait à l’époque que le choléra était une maladie pulmonaire, donc transmise par l’air. En quelques semaines, le quartier pauvre de Soho fut décimé par cette maladie. Il fallut le discernement d’un médecin londonien, le Dr Snow, pour établir que la cause de la propagation du choléra était une vieille pompe (eh oui, il fut un temps où il fallait aller chercher l’eau, elle ne venait pas à nous !). L’eau acheminée par de cette dernière contenait des bacilles du choléra. Pourtant, ce puits avait bonne réputation auprès de la population et son eau était considérée comme des plus pures ! La limpidité de l’eau n’était donc pas le seul indicateur de sa potabilité… Ce fut le début de la science du traitement de l’eau !

La science et les normes de qualité Aujourd’hui, les paramètres rendant une eau propre à la consommation humaine sont réglementés. Par exemple, au Québec, le Règlement québécois sur l’eau potable (RQEP) définit les normes qui doivent être respectées afin d’obtenir une eau dite potable. Toutefois, la science et la recherche continuent d’évoluer. C’est bien l’avancement des connaissances techniques et scientifiques qui nous permet de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. De plus, ces nouvelles données scientifiques font évoluer les normes dans le but de limiter les risques et de protéger la population.




L’ O R I G I N E D E L’ A V A N C E M E N T D E L A S C I E N C E D E L’ E A U

Voici un bref survol historique afin d’illustrer les préoccupations reliées à l’eau potable du point de vue de la santé. L’exemple de l’épisode du choléra à Londres a bien démontré que les caractéristiques organoleptiques (couleur, odeur, goût) de l’eau ne suffisaient pas pour en garantir l’innocuité. Des paramètres physico-chimiques ont par la suite été introduits. La turbidité d’une eau, par exemple, est toujours aujourd’hui un excellent indicateur de sa potabilité. Une grande évolution a eu lieu avec les découvertes de Pasteur à la fin du XIXe siècle: il réfute la génération spontanée et comprend comment les microbes peuvent croître et se développer. Pasteur avait très bien compris l’influence et l’importance de ses recherches sur la qualité de l’eau potable. En 1881, quand la preuve de l’existence des microbes ne fait plus aucun doute dans la communauté scientifique, il déclare : « Nous buvons 90 % de nos maladies. » Voilà qui le place à l’avant-garde des hygiénistes de son époque ! Les paramètres microbiologiques (coliformes, bactéries, etc.) font donc leur entrée dans la caractérisation d’une eau potable. L’invention de la désinfection permet de réduire le risque bactériologique et virologique de l’eau et de sauver des millions de vies dans le monde. Ce ne sera que des années plus tard que l’interaction entre le peu de matières organiques restantes dans l’eau et ces désinfectants sera soulevée. C’est ainsi que le risque relié aux sous-produits de désinfection (les fameux THM ou AHA) a été traduit dans les normes de production d’eau potable. Ces paramètres physico-chimiques demandent des mesures précises en laboratoire, de l’ordre de quelques microgrammes par litre de molécules. Nous sommes loin d’une détermination visuelle de la qualité, comme à Londres il y a 150 ans ! Le retour du balancier vers les paramètres microbiologiques se fera avec l’entrée en scène de pathogènes réfractaires à la désinfection, nommément Cryptosporidium et Giardia. On se souviendra de

l’épisode de Milwaukee en 1993 (400 000 citoyens malades et 100 morts) qui a placé le sujet au centre des préoccupations et des recherches dans le domaine lors de la décennie suivante. Ce n’est qu’au début du XXIe siècle que les paramètres physicochimiques refont surface. Les perturbateurs endocriniens et produits pharmaceutiques retrouvés en doses infinitésimales (de l’ordre du nanogramme par litre) dans l’eau potable inquiètent les scientifiques et la population quant à leur effet potentiel sur la santé et la reproduction. Ces sujets font d’ailleurs toujours l’objet de recherches de pointe. Un autre groupe de composés présents dans l’eau potable suscite l’intérêt des chercheurs puisque des risques relatifs à la santé ont été découverts. Il s’agit des métaux. La présence de plomb dans l’eau, provenant principalement des conduites et accessoires de plomberie, est reconnue nocive pour les jeunes enfants depuis un certain temps. S’est ajouté récemment à cette liste le manganèse. Historiquement un paramètre d’ordre esthétique, de récentes études québécoises démontrent un effet sur le quotient intellectuel des enfants à des concentrations inférieures aux normes sanitaires en vigueur dans le monde. Cette problématique diffère du plomb, car il s’agit essentiellement d’un problème d’eau souterraine, donc visant les plus petits systèmes.

Conclusion Ainsi, nous pouvons constater que dans les pays industrialisés, où l’eau potable est globalement de très bonne qualité, l’avancement des technologies et des connaissances permet de chercher et immanquablement de trouver de nouveaux paramètres à contrôler afin de minimiser les risques sanitaires reliés à la consommation d’eau potable. Si le passé est garant de l’avenir, la recherche de pointe poursuivra sur sa lancée et permettra à terme de mieux protéger les citoyens. ■

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

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I N STR U M E NTATI O N

L’INFLUENÇABLE ÉLECTRODE DE PH !

France Gauvreau B.Sc., directrice générale Hanna Instruments Canada inc. franceg@hannacan.com

eu importe la marque, le style ou la configuration d’un pHmètre, la précision et l’exactitude des mesures de ce dernier découlent en grande partie de la condition de l’électrode de pH qui y est raccordée. Cette électrode, possédant elle aussi une configuration particulière, subit au cours de sa vie utile plusieurs influences telles que la température, le vieillissement, les attaques chimiques pouvant provoquer de l’usure prématurée, un revêtement indésirable, du colmatage, etc.

même température pendant le déroulement des mesures. Actuellement, les fabricants proposent aussi des électrodes combinées avec capteur de température intégré, simplifiant la manipulation et permettant la mesure simultanée de la température et du pH ainsi que la compensation de température automatique des mesures de pH.

P

Configuration d’électrode Il existe deux configurations principales d’électrodes de pH, soit « simple » ou « combinée ». On appelle électrode simple (ou séparée ou demi-cellule) l’électrode de mesure dont le potentiel varie en fonction de la concentration/activité des ions. Elle est impérativement associée à une électrode de référence au potentiel constant. Ce système est préconisé lorsque les deux éléments risquent d’avoir des durées de vie non similaires. À la fin des années 1940 a été développée et fabriquée la première électrode de pH combinée, associant l’électrode de mesure et l’électrode de référence dans une même entité. Les électrodes combinées présentent l’avantage d’être beaucoup plus faciles à manipuler et assurent que les deux électrodes sont bien à la

Membrane en verre sensible au pH Le temps de réponse d’une électrode dépend étroitement de la qualité de sa membrane. Les caractéristiques du verre constituant l’électrode déterminent l’usage auquel elle sera destinée : la gamme de mesure de pH, la résistance chimique, thermique ou mécanique.

L’erreur alcaline De fortes concentrations en sodium (Na+) influent sur la prise de mesure de pH dans les solutions basiques (>12 pH). Cette incidence est liée à la composition du verre utilisé dans la fabrication de l’électrode. Cette erreur dite « erreur alcaline » a tendance à sousestimer la valeur réelle du pH. Des électrodes munies d’un verre spécial réduisent ce risque d’erreur et permettent d’obtenir des mesures correctes dans des solutions de pH très élevé.

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CALENDRIER des missions commerciales

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Les missions commerciales sont organisées en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI) et le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l’Exportation (MDEIE).

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L’ I N F L U E N Ç A B L E É L E C T R O D E D E P H !

L’effet de la température sur le verre de l’électrode La résistance du verre qui constitue les électrodes dépend aussi de la température. Plus la température est basse, plus la résistance est élevée, ce qui affecte le temps de réponse de l’électrode. En dessous de 10 °C, la mesure mettra longtemps à se stabiliser. Les électrodes soumises à des mesures à haute température auront une durée de vie plus courte.

Vieillissement des électrodes Une électrode ne se trouve jamais en équilibre chimique parfait avec la solution à mesurer. Le bulbe en verre est lentement et continuellement « agressé ». Le vieillissement d’une électrode se manifeste par un temps de réponse toujours plus long, une dégradation de la pente et une dérive du point 0. La modification de la pente est plus rapide et plus significative pour des pH supérieurs à 11. La dérive du point 0 peut être aisément compensée par un étalonnage régulier. L’augmentation de la température est également un facteur aggravant de vieillissement. Le vieillissement d’une électrode étant fonction de divers facteurs, il est difficile de définir une durée de vie exacte. Nous pouvons toutefois avancer qu’une électrode bien entretenue devrait avoir une durée de vie allant jusqu’à deux ans.

Étalonnage En dépit de normes de production très strictes, de faibles décalages dans l’étalonnage (point zéro et pentes) sont inévitables. Comme mentionné plus haut, le vieillissement et une certaine contamination de l’électrode ne pouvant être évités, il est indispensable que la procédure d’étalonnage soit effectuée régulièrement et selon un protocole rigoureusement respecté par l’opérateur afin que ces facteurs n’affectent pas la précision des mesures. L’étalonnage permet de régler les valeurs lues par la chaîne de mesure instrument-

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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

électrode par rapport aux valeurs des solutions tampons. La fréquence d’étalonnage dépend de la précision requise, de la nature des échantillons et de leur effet sur l’électrode. Nous recommandons un étalonnage quotidien en cas de mesures journalières, mais c’est l’opérateur qui, selon son expérience, décide de l’intervalle adapté entre chaque étalonnage. L’étalonnage en un point doit s’effectuer au moyen d’un tampon pH 7. L’étalonnage en deux points doit quant à lui être effectué au moyen d’un tampon pH 7 en premier lieu puis au moyen d’un tampon pH 4 (acide) ou 10 (alcalin) selon le milieu dans lequel on souhaite mesurer. Pour des mesures précises, il est recommandé d’étalonner l’instrument dans les conditions de pH et de température identiques à celles des mesures. De plus, il ne faut jamais lésiner sur la qualité des tampons utilisés.

Importance de l’entretien Un entretien soigné et régulier des électrodes de pH garantit un temps de réponse rapide, l’exactitude de la mesure et une longévité accrue. Outre l’entretien, il est important de s’assurer que l’électrode employée est adaptée aux échantillons à mesurer. Lorsqu’une électrode de pH est plongée dans une solution, il se forme en 24-48 heures un film autour du bulbe ion-sensitif. Lors des mesures en milieu acide, les ions H+ provoquent une charge positive de ce film alors qu’en milieu basique, ils provoquent une charge négative. L’épaisseur, la régularité et la constitution de ce film influencent sensiblement le temps de réponse, l’erreur alcaline et la pente de l’électrode. L’état de ce film n’étant pas visible à l’œil nu, seuls un entretien régulier et un rinçage de l’électrode à l’eau distillée après chaque utilisation garantissent une bonne condition de ce film. Un entreposage de l’électrode dans une solution spécifique entre les usages demeure toujours un gage de longévité de l’électrode. ■


RENFORCEMENT DU CONTRÔLE DU MDDEP SUR LES ACTIVITÉS DE L’INDUSTRIE

LE JURIDIQUE

Me Hervé Pageot avocat en droit de l’environnement, des ressources et du territoire Daigneault, avocats inc. herve.pageot@daigneaultinc.com

des gaz de schiste

ans la foulée du rapport d’enquête et d’audience publique du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur le développement durable de l’industrie des gaz de schiste divulgué cet hiver, le gouvernement du Québec a publié au début du mois de mai deux projets de règlement visant à renforcer le contrôle des impacts environnementaux de cette industrie. Ces deux premières mesures s’inspirent de certaines recommandations du BAPE, tant sur les travaux exploratoires que sur la phase d’exploitation des gaz de schiste.

D

Le premier textei entend modifier l’actuel Règlement relatif à l’application de la Loi sur la qualité de l’environnement, qui soustrait à l’obligation d’obtenir un certificat d’autorisation du ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs les travaux de forage autorisés en vertu de la Loi sur les mines, sauf s’ils sont effectués dans une plaine inondable, un cours d’eau ou certains milieux humides. De nombreuses voix s’étaient en effet élevées contre l’application de cette exemption aux forages exploratoires pour les gaz de schiste en raison des impacts environnementaux potentiels dès le stade préliminaire. La modification proposée supprimerait cette exemption pour les travaux de forage « destinés à rechercher ou à exploiter du pétrole ou du gaz naturel dans le shale », mais également pour « toute opération de fracturation destinée à rechercher ou à exploiter du pétrole ou du gaz naturel ». En assujettissant la fracturation indépendamment de sa localisation, le gouvernement accorde donc une attention particulière à cette activité. En outre, en incluant l’exploration et l’exploitation du pétrole dans le shale, il fait d’une pierre deux coups en anticipant le développement de cette industrie. Par ailleurs, si un certificat d’autorisation doit actuellement être obtenu pour tous travaux de forage réalisés dans une tourbière, un étang, un marais ou un marécage pour rechercher du pétrole ou du gaz, le projet de règlement vient préciser que de tels travaux incluent également « toute opération de fracturation », visiblement pour éviter toute interprétation restrictive. Cette modification a également pour objectif de renforcer le contrôle du Ministre. Lors de sa demande de certificat d’autorisation, le promoteur devra ainsi fournir une description des données qui pourront être colligées au plan géologique, hydrogéologique, géochimique ou géophysique ainsi que « relativement à l’évaluation ou à la mise au point de techniques et de méthodes nouvelles de forage hautement sécuritaires pour l’environnement ». Par ailleurs, le gouvernement prend soin d’impliquer le public et les autorités locales au stade de la demande de certificat d’autorisation en imposant au promoteur la publication d’un avis dans un journal distribué dans la municipalité impliquée, avis comportant notamment un résumé du projet ainsi que la date, l’heure et l’endroit où sera tenue une consultation publique. Le Ministre peut jouer un rôle actif lors de cette consultation en désignant une personne qui aura pour mandat d’en observer le déroulement et d’agir, le cas échéant,

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à titre de modérateur et de transmettre un compte rendu factuel. Le promoteur devra quant à lui produire au Ministre un rapport des observations recueillies au cours de la consultation. Ce rapport devra indiquer, le cas échéant, les modifications qu’il a apportées au projet. Aussi transmis à la municipalité concernée, le rapport doit être tenu disponible par cette dernière aux fins de consultation du public. La municipalité se voit alors conférer l’opportunité de soumettre au Ministre ses observations sur le projet, ce qui n’est pas le cas pour les projets d’une autre nature. Reste à voir si ces dispositions, additionnées à celles contenues dans le projet de loi no 14 intitulé Loi sur la mise en valeur des ressources minérales dans le respect des principes du développement durable qui vise à modifier l’actuelle Loi sur les mines, contenteront le milieu municipal. Corollaire de cette modification réglementaire, le projet de Règlement sur la transmission de renseignements liés à l’exécution de certains travaux de forage et de fracturation de puits gaziers ou pétroliersii, tout en visant les mêmes projets, imposerait quant à lui de nouvelles obligations non pas au stade de l’obtention de l’autorisation, mais au cours de la réalisation des projets eux-mêmes. Le projet de règlement imposerait ainsi au titulaire d’un certificat d’autorisation la transmission périodique de renseignements, même de nature confidentielle, relatifs aux travaux autorisés. Plusieurs de ces renseignements concernent les impacts potentiels directs et indirects des activités sur la ressource eau. Cette initiative tente de répondre aux inquiétudes formulées lors des audiences du BAPE. Ainsi, information sensible s’il en est, le volume des fluides de même que la composition détaillée et les caractéristiques des intrants utilisés aux fins de forage et de fracturation devront être divulguées. La gestion complète de l’eau, la connaissance et la surveillance des eaux de surface et souterraines dans un périmètre d’un kilomètre, appliquées à toute extension horizontale de forage, ou encore la géochimie et la contamination des formations rocheuses par les eaux de fracturation usées et l’injection des eaux usées en profondeur devront être transmises tous les trois mois au Ministre. Il faut d’ailleurs souligner que le titulaire pourrait devoir procéder à un traitement de données approprié afin de remplir ses nouvelles obligations. Enfin, à défaut d’avoir exercé un tel contrôle sur les travaux exploratoires entrepris à ce jour, le gouvernement prend également le soin d’imposer les mêmes obligations à toute personne qui aurait déjà exécuté de tels travaux durant les sept ans précédant la date de l’entrée en vigueur du règlement. ■

i Règlement modifiant le Règlement relatif à l’application de la Loi sur la qualité de l’environnement, G.O.Q. 6 mai 2011, 143e année, n°18A, p. 1677A ii Projet de Règlement sur la transmission de renseignements liés à l’exécution de certains travaux de forage et de fracturation de puits gaziers ou pétroliers, G.O.Q. 6 mai 2011, 143e année, n°18A, p. 1679A

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

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G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S

U N E RESSOU RCE DÉDIÉE À LA G ESTION DES RESSOU RCES H U MAI N ES : LUXE OU NÉCESSITÉ ?

Dominique Dodier directrice générale EnviroCompétence d o m i n i q u e . d o d i e r @ e n v i ro c o m p e t e n c e s . o rg

otre bureau est jonché de documents à lire, à signer. Vous concentrez l’essentiel de votre temps et de vos énergies à favoriser votre croissance et votre rentabilité. Évidemment, votre gestion du personnel s’en ressent, mais vous savez que, tôt ou tard, vous ferez face à des enjeux liés aux ressources humaines.

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L’ E N V E R S D U D É C O R

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Sources : Radio-Canada et l’équipe du magazine SOURCE.

VOICI

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APRÈS

DE GROSSES POINTURES au service de l’eau Jean Chrétien, Bill Clinton et plusieurs autres chefs d’État retraités faisant partie d’un regroupement nommé InterAction se sont réunis le mois dernier à Québec pour se pencher sur d’importants défis mondiaux et proposer des solutions durables. De tous les sujets discutés, ils ont décidé de prioriser les questions liées à l’eau dans le monde. Ils estiment que le leadership en la matière est quasi inexistant et que la création d’un comité spécial dédié exclusivement à cette thématique leur permettrait de trouver des stratégies visant à éviter une crise internationale de l’eau. Au terme de leur réunion, ils ont proposé un nouveau code d’éthique concernant l’eau ainsi que 17 recommandations sur la gestion de cette ressource. Souhaitons que leur vaste expérience soit gage de sagesse pour la suite des choses.

Retraité de Ville de Laval, Jean Lavoie s’implique corps et âme dans le Centre d’interprétation de l’eau (C.I.Eau). En accord avec cet engagement social, il est devenu tout récemment le premier membre à vie de l’organisme à but non lucratif, ce qui lui a valu le surnom de Jean 1er. Que ce soit lors d’une visite au C.I.Eau ou encore à l’occasion Toi, tu y crois du 3 e souperaux changements bénéfice qui se climatiques ? tiendra au Château Non, j‛attends Royal de Laval le des preuves ! jeudi 13 octobre prochain, n’hésitez pas à le saluer bien bas. Pour visiter le Centre ou assister à la soirée-bénéfice, visitez le www.cieau.qc.ca.

SUIVEZ LE GUIDE !

UN PEU D’HUMOUR…

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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2011

Puisque le secteur de l’environnement a vu son nombre d’emplois croître de 27,5 % entre 2007 et 2010, Envirocompétences et Jobboom ont eu la brillante idée de créer Le guide de l’emploi en environnement à l’attention des étudiants et des chercheurs d’emploi qui s’intéressent à ce secteur. Souhaitons que cet ouvrage contribue à faire en sorte que notre industrie ne souffre pas trop de la pénurie de main-d'œuvre annoncée par un nombre sans cesse croissant d’experts. Renseignez-vous sur www.envirocompetences.org.

DU PEP POUR NOS RÉSEAUX Le 30 mai dernier, Réseau Environnement lançait la 35e édition de son Programme d’économie d’eau potable (PEEP). Les activités du programme se tiendront jusqu’au 12 août prochain. L’objectif du PEEP demeure de sensibiliser la population à l’économie de l’eau potable et aux effets néfastes de sa surconsommation. Sous le thème « Cet été, soyez bleus », le programme aura assurément un impact positif sur la consommation des citoyens et forcément sur nos infrastructures liées à la production et à la distribution d’eau potable. Renseignez-vous sur www.reseau-environnement.com.

À NE PAS MANQUER Ne ratez pas la chance de participer au traditionnel tournoi de golf de votre magazine SOURCE. Véritable happening, ce tournoi se tiendra le jeudi 1er septembre prochain au prestigieux Club de golf Glendale sur le parcours Élite. Faites plaisir à vos clients, invitez-les !



Réception, nettoyage et conditionnement de la matière organique avant la biométhanisation en

UNE SEULE ÉTAPE Il vaut mieux enlever les contaminants des matières organiques AVANT la digestion. STRASBOURG

Ceux qui installent de nouveaux centres de réception ou qui optimisent les systèmes choisissent Hybag, leader européen avec plusieurs dizaines de références dont Hambourg, Berne et Strasbourg.

À la RAEBL (Bassin de Laprairie), des résultats sans équivoques lors des essais ont prouvé la nette supériorité des centrifugeuses Centrisys. Les trois appareils seront en service à l’été 2011. À Gatineau, la plus grande usine à boues activées au Québec améliore ses rendements ! Capture : 98,5 % Matières sèches : 29 % et plus Polymères : dosage réduit de 50 %

Saviez-vous qu’à peine 20 % des séchoirs à boues fonctionnent bien ? Évitez l’abrasion, la poussière, les risques d’incendie ou d’explosion. Et sauvegardez votre réputation… Excellente référence à St-Hyacinthe

Traitement des eaux et des boues Water and Sludge Treatment Tratamiento de aguas y lodos

2021, rue Halpern St-Laurent (Québec) H4S 1S3 Canada Tél. : 514 334-6721 ● Fax : 514 332-1775 Courriel : mabarex@mabarex.com Web : www.mabarex.com


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