LE JOURNAL DES JEUNES #4

Page 1

Déclik

Coups de cœur, couchers de soleil ou endroits insolites, envoyez vos plus beaux clichés à chab@somapresse.com

J’ai pris cette photo sur le vif un après-midi avec mes amis alors qu’on jouait au foot. Ce n’était pas prévu, j’ai juste aimé l’instant et j’ai donc voulu le capturer

Hachim, 20 ans

L'île de Mayotte est peuplée d'espèces incroyables comme ce colibris sur l'image. Ces animaux sont fragiles, on doit les préserver.

J'aime la photo de ce plat car on voit le ma gret de canard sous sa forme finale qui n'a rien à voir avec celle de départ. Les couleurs sont belles et la sauce est en miroir.

Arthur Denimal, 15 ans 3ème Collège de Majicavo Assani Anlim 1ère Bac Pro Cuisine LPO Kawéni
2

on se bouge

Tous au lagon !

La découverte du lagon par Laika

Avant les grandes vacances, on a fait une sortie dans le lagon de Mayotte. On a vu des dauphins, des poissons, une tortue, une raie Manta. Dommage qu’on n’ait pas vu de baleines. Mais pour nous c’était suffisant. Ensuite nous sommes allés sur une jolie plage. On a joué avec les professeurs, on n’oubliera jamais ce moment. C’était vraiment un moment magnifique et on remercie tous les professionnels qui ont fait ce projet avec nous.

Laika, 11 ans, Le Village d’Eva
>
Le Village d'Eva
3
Le Village d'Eva

on se bouge

Tous au lagon !

C’était vraiment cool ! J’ai appris beaucoup de choses que je ne connaissais pas. Comme par exemple qu’on doit proté ger notre lagon pour que nos enfants et les leurs puissent avoir la chance de voir ce que nous on a pu voir.

Si l’on ne protège pas le lagon, les animaux ma rins vont tous mourir. On doit faire en sorte que les déchets ne se retrouvent pas à la plage. Il ne faut pas les jeter dans la nature. Sinon ils finissent à la mer et les animaux croient que c’est de la nour riture, ils les mangent et ils finissent par mourir.

Laika, 11 ans, Le Village d’Eva

C’est grave parce qu’il n’y aura plus d’espèces marines. Le professeur nous a dit qu’il existait un animal qui s’appelait le dugong. Il y en avait beaucoup avant. Aujourd’hui il n’en resterait que cinq. De plus celui-ci nous a expliqué que c’était un animal non protégé. Le dugong se fait très rare. Il est très gentil. Malheureusement nos enfants ne verront pas de dugong et c’est dommage. Si nous voyons des déchets sur la plage ou ail leurs n’oublions pas de les ramasser et de les mettre à la poubelle ! Protéger notre île et notre lagon de la pollution c’est le plus important !

Le dugong

Le dugong, qu’on surnomme aussi « vache de mer » est un gros mammifère marin me surant entre 3 et 4 mètres et pouvant peser jusqu’à 900kg. Herbivore, l’animal passe une grande partie de son temps à brouter les her biers sous-marins. On le trouve donc souvent le long de la côte dans les océans Indien et Pacifique. Son museau se termine par une petite trompe.

>
Le Village d'Eva
4
Le Village d'Eva

A la rencontre de… Charifa Bastoine Mon expérience CHABABI PROJECT

Cette année, sur France O vous pouviez suivre les aventures d’une jeune bande mahoraise : entre histoires d’amour et histoires plus tragiques, on vous embarque dans les coulisses du tournage et de la réalisation de cette série 100% made in Mayotte, à travers l’expérience de

dans la série.

Jouer la comédie est quelque chose qui m’a tou jours plu. Bien avant Chababi Project j’ai commen cé par faire du théâtre. La première pièce que j’ai joué au collège, je m’en souviens comme si c’était hier : c’était Roméo & Juliette. J’interprétais M. Montaigu, le père de Roméo et et ça m’avait beau coup plu.

J’ai poursuivi le théâtre jusqu’au lycée, et arrivée en première année à la fac, une amie m’a parlé d’un casting pendant une pause entre deux cours. Elle m’explique que c’est pour une série télévisée 100% mahoraise qui parle de jeunes dans une école ar tistique de comédiens et de danseurs. Au début je n’étais pas hyper intéressée… >

Charifa, alias Raissa Charifa BASTOINE, 22ans 3ème année de lettres modernes à Dembeni
5

A la rencontre de… Charifa Bastoine

Ensuite j’ai appris que cette série serait diffusée sur France O, j’ai donc commencé à me dire "pour quoi pas ?". C’est une chaine intéressante avec une portée nationale. Grâce à elle, la série pourra être vue partout.

Je me rappelle aussi que ce qui m’a le plus motivée c’est les whoppers (bêtisiers, ndlr). Quand je regar dais les films je regardais surtout les whoppers à la fin, et je trouvais ça intéressant et assez amusant de voir les comédiens qui rigolaient. J’ai donc passé le casting pour ça: je voulais m’amuser. Un mois plus tard, j’ai reçu un appel : j’avais été retenue ! J’étais super contente ! Ma mère était à côté de moi au moment où j’ai reçu l’appel. Elle n’a pas compris pourquoi tout à coup j’ai sauté de joie !

Une fois tous les castings passés, on s’est enfin tous rencontrés avec les autres comédiens, on nous a distribué nos rôles, et on a commencé à répéter. On est parti un mois à Kani-Keli dans une grande

Mon personnage :

Raissa, est une fille que je trouve très courageuse, elle a un fort caractère, et toutes les aventures qu’elle vivra tout au long de la série vont encore plus forger sa forte personnalité. C’est une jeune fille très amoureuse aussi. Amoureuse d’Abdel son petit-ami. Mais ce qui la préoccupe le plus c’est sa situa tion familiale. Sa mère est battue par son père. A cause de tout cela, elle a beaucoup de mal à se concentrer en cours. Cette situation l’a met elle aussi en position de victime. Ça entraine des réac tions en cascade : elle a un peu de mal avec son copain en plus. Elle a peur qu’il devienne comme son père. Elle a besoin de sécurité.

> > 6

maison, Villa Ravoy. On vivait tous ensemble pendant ce mois là, c’était très intense. On a eu une semaine de répétition. J’ai commencé à vraiment me mettre dans la peau de mon personnage, à faire connaissance avec lui en quelque sorte, à travailler les émotions, ses réactions… On a travaillé très dur. C’était de grosses journées.

Le tournage

Je garde un très bon souvenir du tournage, c’était vraiment super. On a appris et découvert beau coup de choses : différents métiers, différentes techniques… Quand on regarde la télé, un film ou une série, on s’imagine des choses, on se dit "oh tiens ça doit se passer de telle ou telle façon..." Alors que non pas forcément. Un truc tout bête par exemple : j’ai appris qu’on ne tourne pas tous les plans dans l’ordre chronologique de l’histoire. On peut également recommencer la même séquence 10, 15, 20 fois… ça peut être fatigant ! J’ai aussi découvert l’habillage sonore, le "son seul" : quand on joue mais qu’on ne filme pas, on enre gistre juste le son.

L’assiduité dans le travail également, le fait de tra vailler de façon intense en restant bien concentrée du début à la fin, c’est quelque chose d’essentiel que je pense vraiment avoir travaillé pendant tout le tournage.

Anecdotes de tournage :

Il y avait une scène à tourner dans la mangrove un soir qui m’avait un peu effrayée. L’équipe technique se mettait en place, se prépa rait pour tourner, et moi j’étais au fond assez loin d’eux, un peu isolée. Et là j’entends comme des voix... Des enfants qui parlaient… Mais ce n’était pas du français, ni shimaoré, ou du shibushi… Je me suis alors dit "ce sont peut être des moinais sas qui veulent me kidnapper" J’ai eu très peur ! Tout ce que j’attendais c’était qu’on me donne le feu vert pour démarrer, pour tourner, et j’ai donc commencé avant même qu’on me dise "action". J’ai traversé la mangrove pour m’éloigner des voix.

Les violences conjugales

Ce projet est important parce qu’il libère la parole sur les violences conjugales, les violences sexuelles aussi.. C’est important d’en parler, de pouvoir oser dire "je suis une femme battue", si c’est le cas, car ce n’est pas une honte. Tous les jours des femmes meurent sous les coups d’un mari, d’un compa gnon… Il faut en parler pour pouvoir se sauver. Il faut regarder la série Chababi ! Elle peut vous faire découvrir Mayotte. Si vous ne connaissez pas Mayotte, sachez que notre île est belle, elle est jolie !

> 7

sacré surnom

Qui n’a pas dans son bahut, son village, dans son entourage, un proche au surnom curieux, drôle, narquois, coquet ou claquant ? Sacré surnom, c’est la rubrique qui dévoile l’histoire des surnoms des jeunes Mahorais.

Vest

De base mon surnom vient de mon grand cousin qui est en France, à Rennes. Quand ça s’est pas- sé, quand on a trouvé ce surnom il y avait mon grand cousin, son petit frère et moi. Une fois, mon grand cousin a appelé pour qu'on vienne l'aider, on écoutait de la musique como- rienne à ce moment là.

On a écouté la même chanson à plusieurs re prises et le chanteur a répété ce petit mot : "Vest". Mon cousin s'est retourné il m'a regardé et on a rigolé en même temps ! Comme ce sur- nom venait de lui il ne me déplaisait pas ! C’est donc comme ça que tout a commencé : et depuis tout le monde continue à m'appeler comme ça ! J'avais 16 ans c'était en 2016 !

Chazad, 19 ans Commune de Bandrelé - Mtsamoudou

Badou

On a commencé récemment à m'appeler Badou, c'était en 2017. On a commencé à m'appeler comme ça car Badrane c'était trop long ! Parfois c'était Badi et un jour une fille m'a dit "Badou vient ici" et les autres ont dit "Ah ouais c'est stylé, c'est bien… !". Et depuis c'est resté! "Badou c'est doux". Il y a juste mon frère et mes amis qui m'appellent comme ça, le reste de ma famille m'appelle par mon prénom.

Badrane, Lycée de Chirongui première S

8

Témoignage : Mon expérience en Angleterre...

Je m’appelle Chaïda, j’ai 18 ans et je vis cette année à Bournemouth, une petite ville du sud ouest de l’Angleterre. Il y a quelques mois je me suis inscrite sur la plate-forme Corps Européen Solidarité pour une année de volontariat. Je ne m’attendais pas du tout à une réponse positive aussi rapidement, et pourtant…

J’ai toujours aimé l’aventure et puis j’ai toujours baigné, depuis ma plus tendre enfance dans un environnement associatif…Grâce à ma mère ! J’ai donc décidé de m’engager moi aussi et me suis donc inscrite sur cette plate-forme euro péenne dont m’avait parlé ma mère. Le CRIJ (centre régional d’information jeunesse), m’a bien renseigné également. Je me suis donc inscrite sur différents types de missions bénévoles touchant à des thèmes importants comme l’écologie ou le social, et j’ai postulé dans différents pays eu ropéens comme la République tchèque, la Grèce l’Espagne, l’Italie… Parmi toutes les candidatures envoyées, une structure a retenu ma candidature ! L’association YMCA Bournemouth m’a choisie. C’est une association qui a pour but d’aider les personnes vulnérables comme les sans-abris par exemple. Ils aident également les familles, les en fants et les jeunes. Là-bas ma mission se trouve

CRIJ

>

Chaïda, 18 Mamoudzouans,
Le Centre Régional d’Information Jeunesse est une association créée par l’Etat qui guide ou oriente les choix de vie des jeunes en apportant des réponses à leurs questions de tous ordres, et les aide notam ment dans leurs premières démarches pour entrer dans le monde du travail. A Mayotte, le CRIJ se trouve à Cavani. 9

Témoignage

au département marketing : en un mot je dois promouvoir les bienfaits de l’association.

J’ai passé mon entretien sur Skype, en anglais : je pensais l’avoir raté... Mais non ! Je pense que le plus important dans un entretien est de toujours rester soi-même.

Même si vous n’avez pas d’expérience : peu im porte ! On vous choisi pour votre motivation. Vous n’avez pas forcément besoin d’être expérimen té pour être accepté quelque part ce qui importe c’est la motivation : une motivation sans faille.

C’est en tout cas ce qui a fonctionné pour moi, et c’est comme ça que je suis arrivée en Angleterre. Je dis souvent que je n’ai pas choisi l’Angleterre, c’est l’Angleterre qui m’a choisie.

Dès que j’ai su que j’étais prise, je suis parti au CRIJ pour annoncer la nouvelle. Je leur ai dit que

j’avais suivi leurs conseils et ils ont procédé à la préparation administrative de mon départ. Ils se sont battus pour que je puisse partir !

Ma devise c’est de ne jamais abandonner : parce qu’on ne peut pas savoir ce que la vie nous ré serve. Aujourd’hui je suis toujours étudiante je n’ai pas fini le lycée et je vis une expérience de béné volat à l’étranger.

Je suis mes cours à distance et j’espère obtenir mon baccalauréat avant la fin de cette mission. Cela fait déjà quelques mois que je suis ici, j’ai vraiment très froid mais j’adore mon boulot, j’ap prends énormément de choses sur la vie. La vie en communauté, la vie de bénévole au sein du YMCA Bournemouth mais surtout les métiers du marke ting et je pense que je poursuivrai cette voie plus tard, au cours de mes futures études.

> 10

dossier LA POLYGAMIE

>
11

dossier

LA POLYGAMIE

Longtemps, la polygamie à Mayotte n’a pas posé question et faisait pleinement partie de la coutume et de la tradition. Pourtant en 2011, la départementalisation de l’île a bous culé un peu les choses. Devant se conformer au modèle français métropolitain, qui interdit les unions polygames, les mentalités commencent ici tout doucement à évoluer en ce qui concerne cette question compliquée.

Association de lutte contre la délinquance Majicavo Lamir Souraya, Myriam, Zayame, Ali, Dhoulfikar

Aujourd’hui, la polygamie est surtout associée à l’Islam : le Coran autorise cette pratique mais ne l’impose pas. A Mayotte, où les habitants sont majoritairement musulmans, la polygamie est une pratique relativement acceptée. Toutefois, si cette pratique est tolérée, il y a certaines règles à respecter. Parmi ces différentes règles, la plus importante est sans doute le fait que le mari ait l’obligation de traiter ses différentes épouses de la façon la plus égalitaire possible. Par exemple, s’il

La polygamie qu’est-ce que c’est ?

C’est quand un homme décide d’épouser plusieurs femmes. Ce mot est formé à partir de deux mots grecs : "poly" qui veut dire = plusieurs ; et "gamie" ; "gamos" qui signifie = mariage. La polygamie s’oppose donc à la monogamie : un seul mariage.

fait des courses, il doit faire exactement les mêmes pour toutes ses épouses. Il doit donner les mêmes choses à ses différentes femmes, il doit également leur consacrer du temps de manière équitable. Généralement ce sont plutôt les hommes riches qui pratiquent la polygamie : ils ont une situation finan cière qui leur permet d’entretenir une grande famille. Les femmes acceptent ce genre d’union car c’est d’abord une question d’éducation religieuse et de croyances. On leur enseigne que c’est leur des

> 12

dossier

tinée et qu’elles n’ont pas le choix. "Une femme célibataire ici est mal vu par la société : on dira qu’elle est toute seule car elle ne sait pas satisfaire un homme, qu’elle ne parvient pas à en garder un au près d’elle. Tout mieux que le célibat !" C’est en tout cas le témoignage que nous a livré Zena, rencontrée à l’ACFAV, à Cavani, elle-même ayant vécu en union polygame pendant de nombreuses années. Et une femme avec plusieurs époux alors ? Inen visageable !

En aucun cas, dans l’Islam une femme n’aura le droit d’épouser plusieurs hommes. Toutefois, au niveau du droit, la femme a la possi bilité d’exiger dans le contrat de mariage que son époux ne prenne pas une seconde femme. Si ja mais le mari brise cette obligation, la femme a le droit de demander le divorce.

Vie de famille et polygamie ?

Si la situation peut être difficile à gérer pour les femmes : partager son mari, ne pas pouvoir dormir avec lui tous le temps, avoir peur d’être délaissée, ou oubliée ; elle peut aussi être compliquée pour les en fants, qui vivent également au cœur de cette situation. Cela peut créer une certaine forme d’insécurité émo tionnelle comme matérielle. C’est difficile de ne pas trop voir et de partager une personne que l’on aime. Il se peut que des conflits se créent entre les en fants qui peuvent souffrir du manque d’attention et d’affection de leur père qui ne passe pas assez de temps avec eux. Une certaine forme de jalousie peut naître si par exemple le père ne partage pas équitablement son temps entre tous ses enfants, ne partage pas les cadeaux etc.

La situation peut s’aggraver surtout si un jour le mari vient à manquer d’argent pour subvenir aux besoins de tout le monde.

Certains pensent tout de même que si le mari res pecte l’Islam une union polygame peut bien se passer. Quand on est deux femmes à la maison, cela peut être plus facile de gérer l’éducation des enfants, les tâches ménagères, les finances…

Conclusion

Après avoir réfléchi et enquêté sur le sujet, on pense que cette pratique devrait s’estomper au fur et à mesure. D’une part la loi l’interdit et d’autre part il nous semble que notre génération ne sou haite pas voir ses enfants souffrir comme ceux des générations précédentes.

3 questions à… Nassur Attoumani :

Chab’ : Que peut-on dire de la polygamie à Mayotte ?

Nassur Attoumani : La polygamie était dans l’ensemble de l’archipel des Comores, un mode de vie ancestrale. L’une de ses fonctions était de réguler le nombre de célibataires ou de veuves dans les villages. À Mayotte, même les catholiques étaient polygames. La polygamie n’était pas une tare du tout. Il n’existait pas d’animosité entre les frères de même père.

Chab’ : Comment la pratique de la poly gamie a-t-elle évoluée par rapport aux an nées /décennies précédentes ?

Nassur Attoumani : Le mode de vie a com mencé à se modifier quand les Mahorais sont passés de la case en terre à la case en brique à la fin des années 1978/79 avec ce qu’on ap pelait les cases SIM. Il fallait avoir de l’argent pour construire une case.

À cette même période l’électrification fait son apparition dans les villages, la télévision égale ment. Tout cela nécessite de l’argent.

Il y a donc eu une prise de conscience contre la polygamie car il fallait tout acheter en double.

Et cela n'était pas évident pour un homme dé sargenté.

La polygamie s’est alors mise à régresser comme peau de chagrin.

Chab’ : Comment, à votre avis, cette pra tique évoluera-t-elle au cours des prochaines années ?

Nassur Attoumani : Le concubinage prend le pas sur le mariage.

Un phénomène nouveau s’installe à Mayotte : les familles monoparentales apparaissent dans le paysage social local et dans cette perspec tive, les filles préfèrent rester célibataires que de partager leur homme.

Dans ce contexte matérialiste où nous vivons aujourd’hui, la polygamie aura du mal à se frayer son chemin.

> 13

je me rapelle un(e) prof...

On se rappelle tous un prof qui nous a marqué, parfois pour la vie... Des jeunes inteviewent des adultes qui leur racontent des anecdotes, des souvenirs de cet enseignant qui les a marqués !

jeme rapelle un prof

Doul-Kamal et Hamimou

13 ans, 4ème Collège de Koungou

Madame Ahmed, c’est notre CPE au collège, elle n’est pas professeur mais on a voulu savoir quels étaient les profs dont elle se souvenait. On est allé la voir à la récré et on lui posé la question ! Elle nous a raconté que quand elle était petite, plus petite que nous, quand elle était en 6ème, une profes seure de français l’avait marquée.

"

J’étais plutôt une élève moyenne avec des difficultés. Et j’ai eu beaucoup de chance d’avoir cette prof en 6ème car elle m’a permis de faire de gros progrès en lecture. Tous les midis, elle nous prenait dans sa classe pour nous faire lire des bandes-dessinées. Elle m’a beaucoup aidé pour apprendre à bien lire et à bien écrire le français".

"

Le fait qu’elle m’ait aidée quand j’étais enfant m’a donné envie à l’âge adulte d’aider les jeunes à mon tour".

14

Première page

Un livre ou un texte vous a marqué ? Lequel ? Et pour quelle(s) raison(s) ? Vous avez une page pour vous exprimer et en diffuser un extrait à tous les lecteurs !

La brigade des cauchemars

de 3ème

Ce livre s’intitule La brigade des cau chemars, de Franck Thilliez. Les illus trations sont faites par Yomgui Du mont. C’est un livre qui me plait bien car il y a de l’angoisse, du suspense, et un peu de romance. Les person nages du livre sont bien dessinés. Je vois bien leurs gestes, leurs émotions. On peut voir la ville, les bâtiments, la forêt…

Ce qui est un peu flippant c’est que les adultes traquent les enfants pour les donner à un truc qui ressemble à un monstre et qui vient du ciel. Les deux jeunes garçons sont Tristan, le petit gourmand en fauteuil roulant et Este ban, le petit amnésique si intelligent et débrouillard. Ils vivent avec le Profes seur Angus, le génie des rêves et des cauchemars. Leur but consiste à venir en aide aux personnes qui n’arrivent pas à se débarrasser de leurs mauvais rêves. Le professeur envoie les deux garçons dans le rêve de la personne endormie.

Sarah a quatorze ans et son admission à la clinique a bouleversé les deux gar çons. Esteban est sûr de l’avoir déjà vue quelque part… Mais où ?

CHEHA Djawad Collège de Mtsangamouji Classe
15

Discours citoyen

Souondia, 4ème Collège de Koungou

que nous sommes libres de nos rêves ainsi que de nos ambitions.

Je suis Souondia, je suis une jeune Comorienne à Mayotte et je suis bègue. Selon la devise fran çaise : Liberté, Egalité, Fraternité, les Femmes et les Hommes naissent tous égaux en droits… Il est clair que nous avons tous une définition de la femme et de l’homme qui diffère. Et cela est plus que normal ! Les différences de notre monde sont une richesse qu’il faut cultiver.

Pour moi, la femme est d’abord celle qui se res pecte. Cette femme a le droit de garder une cer taine pudeur et de vivre sa vie de la façon qu’elle souhaite pour s’épanouir. Sur mon île, encore au jourd’hui, certains pensent que les femmes ne sont faîtes que pour les tâches domestiques et subvenir aux besoins de leurs maris, quitte parfois à être trai tées comme des machines et des esclaves. Je dis stop !

Je ne cautionne absolument pas cette idée ar chaïque.

Homme ou femme, quiconque a le droit de se mon trer et s’imposer, dire haut et fort quand quelque chose lui semble juste ou injuste.

Et tout comme les hommes, les femmes ont des rêves, qui sont parfois vus comme irréalisables. Cela n’empêche, il faut dire une fois pour toutes,

Ici, beaucoup pensent que les femmes ne savent pas s’exprimer et donc, anéantissent leur droit à la parole. Quelle injustice ! Basée sur quoi exactement ? Balayez-moi ces vieilles croyances insensées ! Personne n’a le droit d’anéantir l’avenir d’une per sonne à cause de vieilles traditions.

Autre chose… Personne, et pas qu’à Mayotte, ne devrait rester sous l’emprise de son partenaire. J’ai merais tellement qu’aujourd’hui, toutes les femmes sachent que si un homme les maltraite, elles n’ont pas le droit mais le devoir de le mettre dehors. Ce genre d’homme ne les mérite pas. Toute relation devrait être fondée sur la confiance et le respect, car ce sont des valeurs universelles dont chacun devrait bénéficier.

"Je ne veux pas être de celles et de ceux qui re doutent l’avenir", a dit Simone Veil.

Nous, la nouvelle génération, nous devons faire confiance et détruire à grands coups de pieds, les cases dans lesquelles certains nous ont rangés ! Homme, Femme, Handicapé, Valide, Blanc, Noir, Musulman, Chrétien…

Toutes ces différences ne doivent plus nous sépa rer.

Toutes ces différences sont autant de chances que nous devons saisir pour créer un monde meilleur.

16

Zoom sur… Le tricking !

Le tricking, ça vous parle ? Et bien nous sommes allées à la rencontre de Yasser et de son groupe "Tricking Mayotte" basé entre Kawéni et Majicavo, pour en apprendre plus et leur poser quelques questions.

Nasrine, et Faiza : Qu’est ce que le tricking ? Yasser : Le tricking, c’est avant tout un sport ex trême, c’est un art martial combiné avec des mou vements acrobatiques.

Nasrine, et Faiza : Comment avez vous découvert ce sport ?

Yasser : On a découvert ce sport grâce aux films et aux vidéos sur Youtube. A force de regarder des vidéos, on s’est demandé si c’était possible, alors un jour nous sommes allés sur du gazon et on a essayé de faire des saltos arrières. Au départ on avait tous peur, puis l’un de nous a essayé et ça a marché. Il a atterri sur ses genoux. On a trouvé cela incroyable, alors on a tous essayé malgré la peur. La sensation qu’on ressentait quand on se trouvait en l’air était incroyable. On a commencé à regarder plus de vidéos sur Youtube pour ap prendre les mouvements.

Nasrine, et Faiza : Comment s’appellent les personnes qui pratique le tricking ?

Yasser : On les appelle les "Trickseurs"

Bacar Oili Nasrine, Madi Faiza 3ème Collège de Kawéni 1

> 17

Zoom sur…

Nasrine, et Faiza : Existe il des compétitions ? Si oui, en faites vous ?

Yasser : Oui, il existe des compétitions pour ce sport, le plus grand tournoi s’appelle le "Hooked", il se déroule à Amsterdam et regroupe beaucoup de pays (France, Japon, U.S.A, Angleterre...) mais malheureusement, il n’y a pas de compétition ici à Mayotte. Les seules compétitions qu’on peut faire, c’est lors des battles de break dance ou alors on en fait entre nous lors de nos entraînements pour nous permettre de bien évoluer.

Nasrine, et Faiza : Y a t-il des lieux pour faire du tricking à Mayotte ?

Yasser : Il n’y a pas de lieux officiels, nous on s’entraîne souvent sur du gazon car la plage est un peu loin, mais on y va les week-ends. Mais il n’y a pas de lieux sécurisés alors qu’ailleurs ils ont des salles, mais à Mayotte, nous n’avons pas cette chance. Ils n’investissent rien pour nous les jeunes, on a pas de salle donc c’est vraiment diffi cile pour pratiquer notre passion.

Nasrine, et Faiza : Est ce que c’est une pratique dangereuse ?

Yasser : Oui c’est une pratique qui peut être dan gereuse car on prend beaucoup de risque. Il y a des risques de mauvaises chutes. Mais il faut dépasser ses limites et affronter sa peur. C’est un sport qui peut se pratiquer seul, mais on le fait en groupe et on partage plein de moments d’émotions.

Nasrine, et Faiza : Faut il des équipements spé ciaux pour faire du tricking ?

Yasser : Je ne pense pas, en tout cas nous n’utili sons aucun matériel.

Nasrine, et Faiza : Un dernier message ?

Yasser : Vous pouvez aller regarder les compéti tions en tapant Hooked 2018 sur Youtube, on vous conseille vivement de regarder les vidéos.

> 18

Les Rubriques de Chab’ !

Prends la parole !

Chab’, c’est le nouveau magazine créé et réalisé pour les jeunes, par les jeunes, diffusé à 10 000 exemplaires tous les deux mois, sur toute l’île : pourquoi pas toi ? Choisis ta rubrique préférée, qu’il s’agisse d’interview, d’article, de photo ou de graphisme.

Tu as ici quelques exemples de rubriques pour écrire, interviewer, t’exprimer !

On se bouge !

1500 signes*

Cette page est dédiée à la vie sociale, aux initiatives d’autres jeunes que tu connais et qui se "bougent" pour Mayotte, en association ou par civisme. Prépare l’entretien et en voie-nous ton article !

Je me rappelle un prof…

Demie page 1500 signes*

On a tous un prof dont on se souvient… L’occasion de rendre hommage à ces ensei gnants qui parfois ne savent pas à quel point ils nous marquent pour la vie ! Interrogez un adulte de votre entourage.

Le Dossier Chab’

6000 signes*

Un vrai travail de journaliste ; un reportage avec des té moignages, un interview, des chiffres sur un sujet de société que tu choisis…

Un vrai dossier en profondeur qui sera lu par tous !

On propose

4500 signes*

Trouve un projet qui t’inté resse, ambitieux, original, tourné vers le Mayotte de demain… et raconte-le. Mets en avant des projets d’avenir en lesquels tu crois !

Sacré surnom

Demie page 650 signes*

Tout le monde à un surnom ! A vous d’interviewer une per sonne et de nous expliquer l’origine de son surnom, à transmettre avec une photo.

Premières pages

½ expression ½ publication du texte 1500 signes*

Un livre ou un texte t’a mar qué ? Pourquoi ? Tu as une demie page pour t’exprimer… Et une demie page pour en diffuser un extrait à tous les lecteurs !

Photo avec 180 signes*

Envoie une photo, une légende ! Un événement avec ton appa reil, ton portable sur un délire, un bel endroit qui te plait ou juste un bon moment !

On débat

4500 signes*

Il y a des questions qui tournent partout, même si on n’en parle pas tout le temps ! "Jean ou Salouva ?" "Le rap, une musique de voyous ??!" "Vivre dans un bidonville". "Ma vie dans 10 ans…"

Poster

Un poster encarté à chaque parution. Une photo ou un graphisme : envoie-nous ton inspiration, ta réalisation du moment !

Mayotte, il y a... 20 ans

1500 signes*

Va interviewer des anciens de ton village, de ton quartier, sur leur vie quand ils avaient ton âge… il y a 20, 30 ou 50 ans ! Une autre façon de trans mettre la tradition… Avec ton regard sur la modernité !

Tu as compris : quelle que soit la rubrique que tu choisis, c’est à toi d'interviewer, d'écrire ! Renvoie-nous au plus vite tes réalisations sur notre mail : chab@somapresse.com

A bientôt !

* Nombre de caractères, espaces compris.

DécliK
19

Chab’ Mayotte

Le journal pour les jeunes, par les jeunes Avec
Pour nous contacter : chab@somapresse.com 20

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.