LE MOT DE LA RÉDACTION
LE M'BIWI ET LA POTERIE TRADITIONNELLE MAHORAISE RÉCOMPENSÉS
Une fois n'est pas coutume, l'île aux parfums fait parler d'elle positivement, et ce, grâce à son art. Le m'biwi, cette danse traditionnelle mahoraise réservée aux femmes, et la poterie traditionnelle de Mayotte sont désormais inscrits à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Ces deux pratiques ont été distinguées par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Il n’en faut pas plus pour rendre fiers les Mahorais. Dans un monde où la tradition se perd au profit de coutumes venues d’ailleurs, cette distinction rappelle qu’il y a aussi de belles choses chez nous qu’il faut préserver. Mais encore faut-il que la jeune génération accepte de prendre le relais. Malheureusement, peu de jeunes s'intéressent réellement à l'art mahorais. Nous oublions que ce patrimoine immatériel peut se perdre s’il n’est pas transmis de génération en génération. Heureusement, certains y ont consacré leur vie. On les remercie, mais n’oublions pas que ces personnes ne sont pas éternelles. L’art mahorais n’a rien à envier à ce que l’on peut voir ailleurs. Le m'biwi, la poterie, mais aussi le debaa, le chigoma, et bien d’autres pratiques sont uniques. Il est donc impératif de les préserver. Et pour cela, nous avons besoin de la relève.
Bonne lecture à tous,
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Raïnat Aliloiffa.
premier quotidien de Mayotte
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TCHAKS
MAYOTTE EST
LE DEUXIÈME
DÉPARTEMENT LE PLUS TOUCHÉ PAR LES INFECTIONS À
VIH
Santé publique France a publié, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, son bulletin de surveillance 2024 du VIH (virus de l'immunodéficience humaine) et des IST (infections sexuellement transmissibles) bactériennes à Mayotte. En 2023, le taux de découverte de séropositivité à Mayotte, bien qu’en légère baisse, « restait nettement supérieur à celui de l’Île-de-France (296 contre 173 par million d’habitants) » : Mayotte est le deuxième département le plus touché, après la Guyane. « Environ 140 personnes vivant avec le VIH à Mayotte ignorent encore leur statut. Le délai médian entre l’infection et le diagnostic, estimé à 2,3 ans, souligne l’urgence de renforcer les efforts de dépistage précoce », précise l’agence. Les IST sont elles aussi élevées, Mayotte est là encore un des départements les plus concernés.
LÉGÈRE BAISSE DES PRIX À LA CONSOMMATION
EN OCTOBRE
L’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié ce mardi l’indice des prix à la consommation des ménages du mois d’octobre 2024 à Mayotte. En octobre, les prix à la consommation ont baissé de 0,2 % à Mayotte. Les prix de l’alimentation, de l’énergie et du tabac ont reculé sur un mois par rapport à septembre, tandis que ceux des produits manufacturés augmentent (+0,3 %). Cela s’explique par l’augmentation des prix de l’habillement et chaussures (+1,6 %). Quant à ceux des services, ils sont stables. Sur un an, d‘octobre 2023 à octobre 2024, les prix augmentent davantage à Mayotte (+1,9 %) qu’au niveau national (+1,2 %).
MOUSLIM ABDOURAHAMAN, LE MAIRE DE BOUÉNI PASSE DEVANT LES JUGES
Mouslim Abdourahaman, le maire de Bouéni, était jugé ce 26 novembre. Il est accusé de 19 délits de favoritisme et de 6 prises illégales d'intérêt dans le cadre de marché public. Le Parquet requiert trois ans de prison dont un an avec sursis, une amende de 100.000 euros, une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire et une interdiction d’exercer dans la fonction publique pendant trois ans. Le délibéré sera rendu le 10 décembre.
LES NATURALISTES APPELLENT À REPENSER LA PLACE DE L’ARBRE
L’association des Naturalistes de Mayotte, qui avait été lauréate d’un appel à projet faveur d’actions pour la régénération et la préservation de forêts, s’est engagée à la « restauration écologique » du bassin-versant de la Gouloué. Depuis le mois de novembre, elle s’est associée avec des exploitants et propriétaires de parcelles pour planter des arbres et arbustes, notamment grâce à l’appui des jeunes du SNU. Car « en milieu tropical, les pluies sont l’unique fournisseur de la ressource en eau douce et nos plus grands alliés pour optimiser la captation et le stockage de cette ressource en eau sont les arbres. Le rôle de l’arbre est effectivement indispensable dans le cycle de l’eau », précise l’association dans un communiqué.
PUBLI-REPORTAGE
«
A Mayotte, il, manque beaucoup de cadres intermédiaires qualifiés
dans le BTP »
L’île manque cruellement d’offres de formations : seuls 27% des bacheliers possèdent une formation qualifiante selon les chiffres de l’INSEE en 2019. Un constat connu de tous, qui poussent certains employeurs ou étudiants à partir jusqu’en métropole pour acquérir des compétences. Le BTP est un des secteurs les plus concernés. Face à ce constat, l’Organisation-Ingénierie-développement-Formation (OIDF) propose des cursus sur place, pour les jeunes et les entreprises, mais pas seulement. Interview avec le président du groupe, Dar Soulaimana.
Mayotte Hebdo : L’Organisation-Ingénierie-développementFormation (OIDF) existe depuis 1987, de quel constat part sa création ?
Dar Soulaimana : Les deux fondateurs ont constaté que les entreprises locales de BTP faisaient venir des métropolitains ou des Réunionnais. Ils ont voulu former des personnes sur place, pour que les Mahorais puissent acquérir des compétences et restent. Par la suite, d’éviter aux Mahorais de ne pas partir jusqu’en métropole pour étudier. Aujourd’hui notre ADN reste le même : permettre aux entreprises de se développer économiquement, à moindre coût en formant leur salariés à Mayotte et à ceux qui le souhaitent de bénéficier de nos dispositifs qualifiants et diplômant. Un de nos principaux objectifs reste de pouvoir bénéficier des mêmes dispositifs qu’en métropole. J’y suis actuellement, je visite le centre de
l’Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) afin de nouer des partenariats et de profiter de leur expérience.
M.H. : Les formations, qui se concentrent principalement autour du secteur du BTP, concernent quel type de public ?
D.S. : On a beaucoup de jeunes de moins de 25 ans, mais aussi des personnes en situation d’illettrisme, tous sont des demandeurs d’emploi. On les accompagne dans une remise à niveau, et par la suite dans une formation certifiante ou qualifiante pour qu’elles aient un diplôme. Actuellement, il y a à peu près 160 formés à l’OIDF. On travaille avec les CCAS, le CRIJ et France Travail pour nous permettre d’identifier des jeunes qui pourraient être formés chez nous.
On forme aussi les jeunes qui ont tous les pré-requis nécessaires, mais qui ne veulent pas forcément partir en métropole se former ou qui n’ont pas continué leurs études. Pour la première fois, cette année, on propose des formations jusqu’à bac +2 pour devenir chef de chantier ou conducteur de travaux publics et génie civil. On manque beaucoup de cadres intermédiaires qualifiés dans les entreprises de BTP à Mayotte, alors qu’elles en recherchent. Nous disposons d’un bâtiment de 6000 mètres carrés et des boxes de mise en situation professionnelle avec 15 formateurs à temps plein. Tout se fait à Cavani. Pour les personnes qui n’ont pas de pré-requis, il nous arrive de nous déplacer dans les communes pour faire les formations de remise à niveau au plus près du public cible. On propose également des formations aux entreprises, qui peuvent faire appel à des financements. D’un côté pour développer les compétences de leurs salariés, et de l’autre des formations qui répondent aux obligations du code du travail. En moyenne, on tourne autour de 2 500 stagiaires par an, dont un tiers des salariés qui viennent pour des formations courtes. Par exemple, on propose une formation incendie d’une demijournée. Toutes les entreprises, pas seulement du BTP, peuvent venir nous voir pour des formations obligatoires.
M.H. : L’OIDF évolue au même rythme que les entreprises et le marché du travail, quels sont ses futurs projets ?
D.S. : Nous sommes en train d’élargir nos domaines d’intervention et proposer des formations pour le développement des compétences pour des salariés déjà en poste. Parce que ça manque cruellement à Mayotte. Dans le BTP, il n’y a pas de formations courtes pour acquérir des compétences manquantes. On va lancer des formations de lecture de plan, via des logiciels comme Autocad grâce à un formateur recruté récemment. Mais aussi des modules de cours de management par exemple. A la rentrée 2025- 2026, on va également se projeter sur des formations alternances, comme un BTS conducteur de travaux et bac professionnel gros-œuvre en partenariat avec AKTO.
Trois semaines en entreprise et une semaine de cours à l’OIDF. A Mayotte, aujourd’hui, c’est quasiment impossible de trouver un conducteur de travaux. D’ailleurs, le 11 décembre à Bandrélé, l’OIDF organise un salon « le BTP au féminin » pour promouvoir
les métiers et, pour qu’elles puissent s’inscrire parce qu’il y a de l’avenir et qu’elles ont leur place. Je tiens à remercier mon équipe qui rend tout cela possible grâce à leur dynamisme et implication quotidienne.
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LA CONTRÔLEUSE DES LIEUX
Publié par Jérôme Talpin, sur Ouest-France, le 27/11/2024
« Suroccupation chronique et alarmante », « conditions d’hébergement indignes », « mise publiés ce mercredi 27 novembre, la contrôleuse générale des lieux de privation de libertés gravement attentatoires aux droits fondamentaux et à la dignité des personnes enfermées
En 2023, les équipes de la contrôleuse générale des lieux de privation de libertés (CGLPL), Dominique Simonnot, ont effectué des visites inopinées au centre pénitentiaire de Majicavo (Mayotte), qui a connu une émeute en septembre dernier, au centre de rétention administrative de Pamandzi, dans les locaux de rétention administrative de Petite-Terre, ainsi que dans le service psychiatrie et aux urgences du centre hospitalier (CHM) de Mayotte.
La CGLPL déplore à la fois la « gravité des constats » ainsi que la « forte dégradation des conditions de privation de liberté » depuis la précédente mission, en 2016 dans le 101e département français. Face à des « manquements et des atteintes aux droits en cascade », Dominique Simonnot a décidé d’alerter par courrier le premier ministre Michel Barnier. Partout, décrivent les contrôleurs, « les équipements sont aux mieux dégradés, aux pires inexistants ». À cela s’ajoute « une méconnaissance massive, et dans certains cas systématiques, du droit en vigueur » chez les « titulaires du pouvoir décision » et au sein des services. À Mayotte, où il existe des dérogations au droit commun pour les étrangers, Dominique Simonnot regrette que les missions de contrôle ont été « compliquées par l’inertie, voire la résistance des autorités policières et préfectorales »
Des détenus « livrés à eux-mêmes, mal nourris »
Au centre pénitentiaire de Majicavo, les taux de surpopulation carcéral étaient de 247 % au centre de détention et de 200 % dans la maison d’arrêt au moment de la visite des contrôleurs. Avec « 35 % de la population dormant par terre », souligne le rapport, ou encore un évier bouché depuis plusieurs jours, un support de télévision vide, un réfrigérateur hors service. « L’accès aux soins et aux activités est ralenti », indique le document en estimant que les « conséquences de la promiscuité en cellule sont aggravées ». Ainsi que par les coupures d’eau.
« Largement livrés à eux-mêmes, mal nourris et mal vêtus, les détenus peinent d’autant plus à se percevoir comme sujets de droit qu’ils sont rarement traités comme tels », rapportent les contrôleurs. Ils précisent avoir reçu un « nombre incalculable de témoignages de détenus disant qu’ils n’ont jamais aucune réponse à leurs requêtes, écrites ou
orales ». Les détenus « en conçoivent un sentiment d’amertume et d’abandon insuffisamment perçu par les autorités », conclut le document qui livre cinquante recommandations pour l’établissement pénitentiaire.
« L’accès aux soins somatiques est aléatoire et les possibilités de consultations psychiatriques pratiquement nulles », mentionne le document. Qui déplore également : « L’encadrement intermédiaire, notoirement insuffisant, entraîne des postures professionnelles inadaptées, empreintes de xénophobie […] vis-à-vis des détenus, dont 64 % sont étrangers. » Enfin, si les mineurs « sont pris en charge par des surveillants volontaires », l’intervention de la protection judiciaire de la jeunesse est jugée « erratique »
« Persistance de pratiques particulièrement graves »
Au centre de rétention administrative de Pamandzi, dans les locaux de rétention administrative de Petite, les constats de la CGLPL sont encore plus « alarmants » qu’en 2016. « Les personnes ne jouissent d’aucun des droits afférents aux procédures de retenue pour vérification de séjour ou d’identité. » Le rapport fustige aussi « la persistance de pratiques particulièrement graves, telles que le rattachement purement fictif d’enfants à des adultes non apparentés dans le seul but de les éloigner. » Le 25 juin 2020, la France avait été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour ce type de faits.
En 2022, presque 29 000 personnes dont 3 317 enfants, ont intégré le centre (CRA) ou un local de rétention administrative (LRA), soit 64 % des placements en rétention sur le territoire français, rappelle le document. La CGLPL mentionne les nombreux cas de personnes « épuisées par la périlleuse traversée en kwassa-kwassa » qui sont placés dans un « local de tri sanitaire », soit « deux espaces grillagés évoquant des cages ». Un « lieu insalubre », sans accès à aucun point d’eau, avec un seul WC et où « l’odeur qui y régnait au moment du contrôle était nauséabonde »
Le rapport revient aussi sur les situations de « nombreuses personnes se prévalant de la qualité de parent d’enfant français et disposant des pièces d’identité françaises de leurs enfants » mais qui sont malgré tout éloignées. Ce qui laisse les enfants « sans document d’identité et
LU DANS LA PRESSE À MAYOTTE, CE QUE DIT LE
LE RAPPORT ACCABLANT DE LIEUX DE PRIVATION DE LIBERTÉ
mise en péril l’intégrité physique et psychique des détenus, « sentiment d’abandon »… Dans trois rapports libertés (CGLPL), Dominique Simonnot, dénonce, à Mayotte, des « conditions d’enfermement et de prise en charge enfermées ».
souvent isolés à Mayotte » « De façon générale, pour la grande majorité des personnes retenues, le délai séparant l’édiction de la mesure d’éloignement de son exécution rend ineffectif le droit au recours », écrit Dominique Simonnot.
Dix lits de psychiatrie pour 321 000 habitants
Au centre hospitalier de Mayotte, « la prise en charge des personnes hospitalisées sans leur consentement en psychiatrie s’est encore dégradée ». En tout, Mayotte compte dix lits d’hospitalisation dans cette spécialité pour plus de 321 000 habitants. Il n’existe aucun lit d’hospitalisation complète en pédopsychiatrie. Ce « sous-dimensionnement chronique » entraîne des « atteintes particulièrement graves aux droits fondamentaux des patients placés en soins sans consentement ou sous main de justice et les met en danger ». Le rapport précise aussi que les conditions de séjour sont « matériellement indignes » et qu’elles « ne respectent ni
la sécurité ni la vie privée des patients ». Enfin, les mesures d’isolement et de contention « échappent au contrôle du juge des libertés et de la détention ». Ce qui place le CHM dans une « situation d’illégalité manifeste » Après ces contrôles, la CGLPL a adressé un rapport provisoire au préfet de Mayotte, au président et au procureur du tribunal judiciaire (TJ) de Mayotte, au directeur de la prison et du CHM, à l’agence régionale de santé de Mayotte et au bâtonnier de l’ordre des avocats, sans recevoir de réponse. Seul le ministre de la Justice, Didier Migaud a renvoyé ses « observations ». Le garde des sceaux précise qu’une « politique volontariste de désencombrement » du centre pénitentiaire est menée, avec des transferts de détenus vers La Réunion ou l’Hexagone. M. Migaud rappelle que la création d’un second établissement a été annoncée en mars 2022 prévus pour 400 places et que les recherches d’un terrain « sont en cours »
Internet : Mayotte peine à se connecter
ALORS QU'EN MÉTROPOLE, LA 5G EST DÉJÀ LARGEMENT DÉPLOYÉE ET QUE LA FIBRE OPTIQUE EST DEVENUE LA NORME, À MAYOTTE, ON DÉBAT ENCORE SUR LA MANIÈRE DE LES INSTALLER. C’EST DIRE À QUEL POINT LE DÉPARTEMENT EST EN RETARD ! LES HABITANTS SONT HABITUÉS AUX COUPURES DE RÉSEAU ET À UNE CONNEXION LENTE. LA COUVERTURE INTERNET Y EST LOIN D’ÊTRE OPTIMALE. C’EST POURQUOI CERTAINS ONT CHOISI DE SE TOURNER VERS DES SOLUTIONS ALTERNATIVES, COMME STARLINK, EN S’ÉLOIGNANT DU RÉSEAU TRADITIONNEL.
Alexis Duclos
Fibre optique
Les premiers travaux sur le réseau en 2025
PROJET LE PLUS COÛTEUX DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE MAYOTTE, LE DÉPLOIEMENT DE LA FIBRE OPTIQUE À DESTINATION DES PARTICULIERS EST PROCHE. MALGRÉ LE REPORT DU VOTE SUR LA CONVENTION AVEC ZEOP (VOIR ENCADRÉ), LES GRANDES LIGNES DU MARCHÉ ONT ÉTÉ DONNÉES ET LES TRAVAUX DOIVENT COMMENCER SOUS PEU.
UN MARCHÉ ASSURÉ PAR ZEOP
Préféré à Orange Concessions, la société réunionnaise Réunicable (du groupe Océinde, propriétaire de Zeop) doit effectuer tous les raccordements vers les particuliers mahorais sur une période de cinq ans et demi. En effet, le conseil départemental de Mayotte va bientôt signer le contrat de délégation de service public (DSP) qui le lie à son concessionnaire pour une période de trente ans. Cet accord implique que le deuxième mette en place tout le réseau FTTH (Fiber to the home ; la fibre jusqu’à la maison) sur tout le territoire mahorais, et cela dès 2025. Comme dans les autres départements français, l’arrivée de la fibre optique pourrait représenter plusieurs avantages, dont celui d'augmenter sensiblement la qualité du réseau internet local. On parle d’un débit dix fois plus rapide qu’actuellement, notamment parce que les technologies utilisées à Mayotte, dont l’ADSL, ne sont efficaces qu’en fonction de la proximité avec le foyer.
Et si Zeop est chargé de déployer le réseau, les opérateurs locaux peuvent évidemment s’y raccorder, car le concessionnaire entreprend également la commercialisation.
MAMOUDZOU EN PREMIER
Du fait du nombre potentiel de clients, Mamoudzou sera la première commune
mahoraise raccordée. Selon le rapport du Département de Mayotte, les travaux sont organisés en tranches fermes et optionnelles. Mais normalement, la première doit permettre de couvrir, « à l’horizon de la fin 2027 » , les communes de Mamoudzou (sauf Vahibé), Majicavo-Lamir, les communes de Ouangani, de Dembéni dans un premier temps, puis Dzaoudzi, Tsingoni et M’tsangamouji.
D’ici fin 2028, doivent suivre les communes de Pamandzi, Chiconi, Sada, Bandrélé, le port de Longoni, sa zone d’activités à proximité et le village d’Acoua. « D’ici 2030 en principe » , la dernière phase concernera Bandraboua, M’tsamboro, Chirongui, Bouéni, Kani-Kéli, le reste de Koungou et M’tsangadoua.
« Il faut permettre à l’opérateur d’amortir son investissement »
UN CÂBLE INTER-ÎLES
Il n’y a pas que le réseau sous-terrain qui verra le jour. Dans la première phase de
DOSSIER
Saindou Attoumani, conseiller départemental du canton de Ouangani, en charge de l’aménagement, présente le rapport sur la convention avec Zeop, vendredi 22 novembre, dans l’hémicycle Younoussa-Bamana.
travaux, deux câbles sous-marins seront installés entre Petite-Terre et Grande-Terre, conformément au schéma directeur territorial d’aménagement numérique (SDTAN). « Mayotte étant un territoire insulaire composé de deux îles principales, la seconde action consiste à construire un câble sous-marin d’environ trois kilomètres reliant GrandeTerre et Petite-Terre afin que cette-dernière puisse bénéficier d’un réseau de collecte en fibre optique, et non plus seulement d’une collecte par faisceaux hertziens, garantissant une meilleure connectivité sur l’île » , faisait état le document actualisé en 2021.
183 MILLIONS D’EUROS
Il s’agit de loin du projet le plus coûteux pour la collectivité locale. 183 millions d’euros vont y être alloués, la moitié par le conseil départemental, l’autre par le concessionnaire. L’État mettra également la main à la poche. Une subvention de l’État de cinquante millions d’euros serait déjà promise, « en complément des 4,5 millions d’euros déjà alloués ». Dix millions d’euros sont aussi attendus de la part de l’Europe.
Sur la longue durée de la DSP, le président du conseil départemental de Mayotte assume. « Il faut permettre à l’opérateur d’amortir son investissement » , a confirmé Ben Issa Ousseni au sujet des trente années de concession. « Si le délai est plus court, on a le risque que les tarifs soient plus élevés. »
« Si le délai est plus court, on a le risque que les tarifs soient plus élevés »
UN RÉSEAU PRÉEXISTANT
Alors que Mayotte va voir le réseau enfin arriver jusqu’aux particuliers, le territoire n’est pas dénué de fibre optique, puisque l’opérateur Orange dans le nord du 101e département et le conseil départemental de Mayotte dans le sud de Grande-Terre ont déjà installé « une boucle locale » . Toutefois, celle-ci doit être complétée par le réseau FTTH qui permettra enfin les raccordements. Selon l’Arcep, au 30 juin 2024, « 89 % des locaux du territoire national sont raccordables à la fibre et 5,1 millions de locaux restent encore à rendre raccordables » n
Une convention encore en attente
Malgré des échanges vifs entre majorité et opposition, vendredi 22 novembre, au sein de l’hémicycle Younoussa-Bamana, le président Ben Issa Ousseni a tranché. Le texte sera examiné par le conseil départemental de Mayotte lors d’une prochaine séance, car la convention en tant que telle n’a pas été donnée aux élus. « On ne peut pas demander aux élus de se prononcer sans la convention que l’on doit signer avec l’opérateur », admettait-il. La durée envisagée de la DSP, trente ans, a suscité la réprobation des membres de l’opposition. « C’est énorme. On met l’avenir des télécommunications à Mayotte sous la cloche de La Réunion pour les trente prochaines années », a fait remarquer Hélène Pollozec. Selon la conseillère départementale du canton de Mamoudzou 3, cela empêcherait un opérateur mahorais (si celui-ci venait à émerger) « d’être acteur du territoire ». « On a déjà délibéré ici. Au moment de signer, c’est maintenant qu’on remet en cause la durée de la DSP, les éléments du marché », s’est énervé le président du conseil départemental de Mayotte, soulignant que treize millions doivent être investis dès le mois de décembre.
Nadhuir Mohamady
reportage
À Mayotte, la 5G encore en suspens
ALORS QUE LA 5G, CINQUIÈME GÉNÉRATION DES RÉSEAUX MOBILES, EST OPÉRATIONNELLE DEPUIS 2020 EN MÉTROPOLE, SON DÉPLOIEMENT SE FAIT TOUJOURS ATTENDRE À MAYOTTE. SELON L’AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES, DES POSTES ET DE LA DISTRIBUTION DE LA PRESSE (ARCEP), AUCUNE ANTENNE 5G N’EST ENCORE INSTALLÉE SUR L’ÎLE. CE RETARD POUSSE À INTERROGER LES OPÉRATEURS LOCAUX SUR LEURS PLANS ET LEURS PRIORITÉS TECHNOLOGIQUES.
Le 24 mai 2022, l’ARCEP a accordé des autorisations de fréquences 5G aux opérateurs, les obligeant à atteindre 10 500 sites déployés d'ici 2025 sur l’ensemble du territoire français, y compris Mayotte. Parmi ces installations, au moins 25 % doivent se situer dans des zones peu denses, hors des grandes agglomérations.
La 5G promet une connectivité accrue par rapport aux générations précédentes. Elle pourrait offrir une meilleure connectivité et servir le développement du territoire dans des secteurs socioéconomiques tels que l'industrie, la santé et les transports. Cependant, le 17 octobre dernier, la rupture d’un câble terrestre a perturbé le réseau téléphonique de SFR et Only. Cela a également engendré des coupures d’eau dans le centre et dans le sud, les ouvrages de la SMAE ayant recours au réseau mobile pour la distribution de l’eau. Cet incident illustre l’importance d’un réseau mobile de meilleure qualité.
UNE INFRASTRUCTURE ENCORE FRAGILE SUR L’ÎLE
À Mayotte, les infrastructures télécoms restent limitées. Actuellement, tous les sites télécoms de l’île disposent de la 4G, couvrant 99,9 % de la population. Cependant, la qualité du service mobile reste inégale
selon les zones. Des indicateurs comme la qualité des appels, des SMS ou encore le temps de chargement des vidéos varient considérablement d’un territoire à un autre. Hadrien Brissaud, habitant à Moinatridi dans la commune de Bouéni, est réalisateur de films d’animation. Il a notamment travaillé pour l’association des Naturalistes. Il témoigne : « Quand je savais que je devais discuter avec les collègues de l’association, je savais qu’il fallait que je sorte et que j’aille au bout du chemin devant chez moi. Si je veux avoir la certitude de ne pas répéter quinze fois ce que j’ai à dire… Et sans le Wi-Fi, c’est pire » , constate-t-il.
LA PRIORITÉ DONNÉE AU RENFORCEMENT DE LA 4G
Consolider le réseau 4G reste une priorité pour Orange et SFR. El Anziz Kassimou, responsable des activités chez SFR, expose un défi technique face à l’installation de nouvelles antennes : « Dans le nord de l’île, une seule antenne dessert toute la zone. Cela pose des contraintes majeures, car en cas de maintenance, nous n’avons aucune solution de relais. À l’inverse, à Kawéni, d’autres antennes peuvent absorber la charge si l’une d’entre elles est arrêtée. » Orange, de son côté, annonce avoir déployé 16 nouvelles antennes et renforcé sa couverture sur les territoires de Kawéni,
Couverture en 4G en estérieur par nombre d'opérateurs
Tsimkoura, Longoni, Kahani, M’Tsangamouji, Miréréni, Chiconi et Doujani durant l’année 2024.
UN RÉSEAU 5G D’ABORD RÉSERVÉ AUX
PROFESSIONNELS
À ce jour, l’ARCEP annonce qu’aucune antenne 5G n’est installée sur le territoire de Mayotte. Pourtant, dans d’autres départements d’outre-mer, certaines régions ont déjà commencé à accueillir la 5G. La Réunion se
distingue avec environ 400 sites compatibles, bien audessus de la moyenne nationale. Saint-Barthélemy et Saint-Martin comptent chacune deux sites, tandis que la Guyane en dénombre plus de 50. Depuis le 18 octobre 2023, Orange déclare proposer la 5G à ses clients professionnels. Une ambition que SFR souhaiterait également égaler. « La 5G est principalement destinée aux entreprises ou aux professionnels ayant un réel besoin d’un réseau très rapide. Cependant, notre objectif principal reste notre clientèle globale », explique le responsable des activités chez SFR sans indiquer de date. n
reportage
Starlink, l’essayer c’est
DANS UN MONDE OÙ TOUT VA VITE ET OÙ TOUT EST CONNECTÉ, AVOIR UN DÉBIT LE MILLIARDAIRE ELON MUSK SEMBLE AVOIR TROUVÉ LA SOLUTION AVEC STARLINK, PERSONNES L’ONT ADOPTÉ DANS LE MONDE ENTIER, ET PARMI ELLES, DES HABITANTS
« Je suis passé chez Starlink parce que mon opérateur ne me donnait pas satisfaction depuis très longtemps », commence d’emblée Cédric.
Ce dernier a franchi le cap il y a tout juste un mois, et il loue déjà les mérites de Starlink.
« Le tarif d’abonnement est sensiblement le même. Je suis passé de 52 € par mois chez mon ancien opérateur à 70 € chez Starlink. Ça fait un écart de 18 € pour enfin avoir du haut débit.
Aujourd’hui, je suis complètement satisfait de mon investissement. » Même son de cloche pour Antoine, qui utilise également Starlink depuis le mois de septembre de l’année
dernière. « Il y a une différence incroyable par rapport à ce que j’avais. Ça fonctionne très bien. Certains disent que c’est cher, mais ça marche bien et ça vaut le coût », insiste-t-il. Le délai de livraison rapide et la facilité d’installation sont des arguments supplémentaires. Tous deux affirment avoir tout installé eux-mêmes. « J’ai commandé le coffret sur leur site. Ils l’ont livré directement à Mayotte en une semaine, puis j’ai tout installé avec l’aide de l’application qui indique où poser l’antenne », explique Antoine. « L’application
Couverture en 4G en estérieur par nombre d'opérateurs
c’est l’adopter
DÉBIT INTERNET LENT PEUT RAPIDEMENT DEVENIR UN HANDICAP DANS LA VIE DE TOUS LES JOURS. STARLINK, UN FOURNISSEUR D’ACCÈS À INTERNET QUI FONCTIONNE PAR SATELLITES. DES MILLIONS DE HABITANTS DE MAYOTTE QUI EN SONT AUJOURD’HUI COMPLÈTEMENT SATISFAITS.
nous indique quoi faire. C’est simple et très intuitif », ajoute Cédric.
UN OUTIL DEVENU INDISPENSABLE
Ce dernier se souvient encore des années de galère et de la frustration générée par la mauvaise connexion Internet chez lui. « J’habite dans les Hauts-Vallons, et on n’est pas tous logés à la même enseigne. Certains ont un bon débit et d’autres non, et c’était mon cas », raconte-t-il. « J’utilise la visioconférence pour parler avec ma famille en métropole, mais aussi pour le travail, et la qualité était déplorable. » À cela
s’ajoute un réseau Wi-Fi qui n’est pas accessible dans toute la maison, un problème récurrent dans les foyers mahorais. « Aujourd’hui, même la télé passe par Internet, donc la qualité d’image n’était pas bonne. Maintenant que j’ai un bon débit, j’ai l’impression d’avoir changé de télé. On peut regarder en 4K », se réjouit le père de famille. En revanche, il se demande comment le réseau réagira en période de fortes pluies, « parce qu’il est possible que l’épaisseur des nuages vienne perturber la réception », selon lui. Antoine, qui utilise Starlink depuis plus d’un an, assure qu’il n’a jamais eu de problème, « même quand il pleut ». Aujourd’hui, il en est tellement satisfait qu’il recommande Starlink à son entourage. n
DOSSIER
Lisa Morisseau
reportage
Le data center de Mayotte, symbole de la souveraineté numérique de l’archipel
DEPUIS 2022, MAYOTTE BÉNÉFICIE D’UN DATA CENTER DERNIÈRE GÉNÉRATION, ACCESSIBLE À TOUT TYPE DE CLIENTS PUBLICS ET PRIVÉS. ULTRA SÉCURISÉ, TOUT EST ADAPTÉ POUR QU’AUCUNE PANNE N’AIT LIEU SUR LE SITE. REPORTAGE DANS CE TEMPLE DE LA SÉCURITÉ.
En journée, un flux continu de voitures passe devant cet imposant bâtiment brun qui surplombe la côte du boulevard Younoussa Bamana à Mamoudzou. Cette mystérieuse structure est l’unique data center ou centre de données de Mayotte. Ne rentre pas qui veut, l’accès à ce lieu stratégique est hautement contrôlé. Il faut dire que la sécurité est la principale promesse faite aux clients. Flambant neuf, le site a été inauguré en octobre 2022.
HÉBERGER DES DONNÉES DE SANTÉ ET BANCAIRES
D’une hauteur de deux étages, le centre de données, propriété de l’entreprise ITH Center, héberge, comme son nom l’indique, les données de ses clients. Ils sont de tout type, parmi eux, le Centre hospitalier de Mayotte (CHM), les mairies de certaines communes.
Des opérateurs comme Orange, SFR ou Free s’en servent également. « En tout, nous en avons une dizaine », détaille Zayed Mouhoussoune, le business manager relations clients. Tous ne sont pas connus, certains tiennent à garder cela privé. Si on doit simplifier, le rôle d’ITH Center est comme celui d’une agence immobilière, il loue aux entreprises et institutions ses espaces pour accueillir les serveurs.
Ce data center dernière génération offre une disponibilité de 99,99 %. « Cela signifie que nous garantissons en permanence de l'électricité, du froid et de la sécurité. Il ne tombera pas en panne plus de 1,6 heure par an. Mais depuis son ouverture ce n’est jamais arrivé qu’il s’arrête », indique Johan Desmyter, responsable de production du site. Cela vaut au site d’être classé Data Center Tier III. « Ce niveau permet d’héberger les
établissements de santé ou encore bancaires ». Le maximum est le Tier IV utilisé par l’armée.
« Il ne tombera pas en panne plus de 1,6 heure par an »
TOUT EST DOUBLÉ POUR UN MAXIMUM DE SÉCURITÉ
Pour assurer qu’il n’y ait aucune panne, sur le bâtiment, « tout est redondé, cela signifie que tout est en double », précise Johan Desmyter. Cela commence dès l’extérieur. À l’entrée, se trouve un poste de haute tension avec deux arrivées de deux fois 20.000 volts, ainsi que deux transformateurs. À l’arrière, deux groupes électrogènes de secours sont installés. « Si une panne arrive ou qu’il y a une maintenance, le data center peut continuer à tourner », explique-t-il.
Tout le site est construit ainsi. L’intérieur a des allures de labyrinthe sorti d’un film futuriste avec son dédale de salles d’un blanc immaculé et ces machines inconnues du grand public. Toutes les pièces y sont en double. Les locaux de télécommunication A font face aux B, toujours dans le même souci de redondance.
Un data center nécessite d’être maintenu dans le froid, alors d'énormes climatiseurs sont installés dans les locaux “climatisation et incendie”. La surface brune de la construction est également recouverte de béton banché, une technique qui améliore l’isolation et conserve le froid. Le site est aussi équipé d’un double onduleur, un appareil qui lui permet d’être alimenté même en cas de panne et qui assure la transition le temps du basculement entre le groupe haute tension vers celui électrogène par exemple. Son rôle est aussi de nettoyer le courant. « Parfois, les tensions d’EDM sont très basses, c’est quelque chose que les serveurs supportent mal. L’onduleur lisse donc le courant pour le rendre propre », décrit Johan Desmyter.
DOSSIER
« Ce niveau permet d’héberger les établissements de santé ou encore bancaires »
« J’AI VU MOURIR DES ENTREPRISES À CAUSE DES PANNES »
Grâce au data center, Mayotte n’est plus dépendante des autres territoires en matière de numérique. « Ce lieu illustre notre souveraineté numérique », se félicite Zayed Mouhoussoune. « Nous sommes le premier data center Tier III de l’océan indien. La Réunion a inauguré le sien, il y a seulement deux semaines ». Il était souhaité de longue date par les professionnels du secteur. Arrivé à Mayotte en 2010, Johan Desmyter commence alors à travailler à Etic services, une société de service informatique, (aujourd’hui partenaire de ITH Center). « À cause de pannes, il fallait très souvent remplacer les serveurs des entreprises, j’en ai vu mourir à cause de ça, mais aussi des mairies perdre leur état-civil par manque d’équipement adapté », évoque-t-il. Précurseur dans l’Océan indien, ce lieu a été,
entre autres, financé par le fonds européen de développement régional, la banque des territoires, la caisse des dépôts et le Centre hospitalier de Mayotte pour un total de 7,35 millions d’euros.
DES VISITES POSSIBLES POUR LES SOCIÉTÉS
Dans ce temple de sécurité, il reste de la place pour les entreprises, des baies (armoires) qui hébergent les serveurs sont vides. L’équipe d’ITH Center met en avant les économies que cela peut représenter de migrer son serveur ici. Avec le travail sur l’isolation, le faut qu’ils soient tous réunis au même endroit, « on consomme moins d’énergie et finalement ça coûte moins cher », souligne Johan Desmyter. Beaucoup d’établissements à Mayotte ont leur système informatique en métropole, « cela crée une latence de quelques secondes, si on veut envoyer un document ça va, mais s’il y en a beaucoup, cela prend du temps ». Zayed Mouhoussoune souhaite “démystifier ce lieu, car personne ne sait ce que c’est”. Il propose de le faire visiter aux sociétés « pour faire comprendre l’importance de ce bijou à Mayotte », sourit-il. Pour stocker des données, le tarif commence à 260 euros pour un serveur unique hébergé dans une baie informatique. n
TRIBUNE
M. Soula Saïd-Souffou
Doctorant en droit public à l’Université Sorbonne Paris Nord
LA ZONE INDOPACIFIQUE AU CŒUR DE LA RECOMPOSITION DES ÉQUILIBRES MONDIAUX
LES RUP DANS LES STRATÉGIES EUROPÉENNES DE LUTTE CONTRE LA PIRATERIE, L’INSÉCURITÉ MARITIME ET NUMÉRIQUE, LE DÉNI DE PASSAGE ET DE ZONE ET LES MENACES PESANT SUR LA SÉCURITÉ DES APPROVISIONNEMENTS
L’espace Indopacifique est l’épicentre du commerce maritime mondial. Ce concept, à géométrie variable, reflète l’importance de cette région dans les relations internationales ainsi que le processus d’intégration économique et sécuritaire qui est à l’œuvre entre les océans Indien et Pacifique. De nombreuses routes maritimes passent à proximité des RUP, comme Mayotte et La Réunion. Eu égard aux dispositions de la Convention de Montego Bay qui consacre la liberté de navigation, ces routes doivent être protégées des nombreux risques, notamment, la piraterie et le brigandage maritimes, le terrorisme et le déni d’accès et de zone qui tendent à se développer dans cette région. Les risques qui pèsent sur la sécurité des câbles numériques appellent également une attention des grandes puissances mondiales.
Les RUP constituent des points d’appui déterminants dans la stratégie de protection de ces voies. Cependant, la déflation des moyens des armées et de la Marine en particulier, est manifestement incompatible avec l’efficacité d’une telle stratégie. En effet, la rationalisation présente aujourd’hui ses limites dans la gestion d’un domaine maritime aussi vaste que celui de la France. La poursuite d’une telle politique reviendrait, à terme, à renoncer, de fait, à la souveraineté de la France sur une partie significative de son domaine maritime . En outre, la participation des Européens, aux côtés des autres nations, à la sécurisation des routes maritimes, aux fins de garantir la liberté de navigation, exige un engagement pérenne et déterminé dans la zone Indopacifique. Une partie de l’avenir du monde se joue dans cette région qui est devenue le théâtre des tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis. Le rôle et la place de l’UE dans cette région restent à consolider.
Les enjeux de sécurité maritime et numérique
Les dernières décennies démontrent un retour manifeste de la force dans les relations
internationales. Dans la gouvernance des océans, ce phénomène se traduit par le déni de passage qui se développe rapidement en violation totale de la convention de Montego Bay . La remise en cause de la liberté de navigation consacrée par ladite force constitue un net recul du droit international. L’impact de ce rapport de force sur l’économie européenne et mondiale est inédit et ses effets préoccupants.
La Chine est à la manœuvre dans la zone Indopacifique avec son projet de collier de perles. Elle y pratique régulièrement le déni d’accès et de zone, notamment en mer de Chine méridionale. En investissant massivement la zone Indopacifique, y compris militairement, elle « contraint les États-Unis à réagir au moment où ils connaissent une crise inédite de leadership » dans le monde. Face à l’émergence et à l’affirmation de la Chine dans la zone, les États-Unis ont mis en place, avec l’Inde, le Japon et l’Australie, un groupe de coopération militaire et diplomatique informelle dénommé Dialogue Quadrilatéral pour la Sécurité (QUAD). En opposition à l’affirmation chinoise dans la région, le QUAD dit œuvrer pour « obtenir une région libre, ouverte, inclusive, saine, ancrée par des valeurs démocratiques et non contrainte par la coercition » . Ce à quoi la Chine répond qu’elle est en droit d’exercer son influence et son autorité en mer de Chine.
La guerre du leadership mondial est manifestement déclarée. Elle est cette nouvelle guerre froide opposant la Chine et les États-Unis. L’UE est, pour le moment, effacée, reléguée au rang de simple figurant sur cette scène grandeur nature. La voix de l’UE n’est pas suffisamment audible, malgré ses engagements financiers considérables dans cette région. Celle des États membres l’est encore moins, malgré l’élaboration de documents stratégiques de coopération. L’égoïsme de certains États membres les conduit à engager des négociations et des stratégies nationales qui sont certes louables, mais qui n’aboutissent guère aux résultats escomptés.
La déperdition des moyens et des énergies profite aux deux géants qui sont libres de dérouler seuls leurs propres agendas diplomatiques, économiques et militaires. Devant l’immensité de la zone et face à ces deux superpuissances, seule la voix de l’UE pourrait produire quelques effets sur le terrain. La politique étrangère de l’UE pourrait s’illustrer, dans ce cas, par un travail de coordination et de mutualisation réelles des moyens déployés par les États membres dans la zone aux fins d’asseoir plus solidement les positions de l’UE. Or, pour le moment, rien ne laisse présager que l’UE aura, dans les paramètres actuels, les moyens de ses ambitions dans cette région déjà très disputée par deux géants mondiaux.
L’espace Indopacifique présente des enjeux de sécurité numérique majeurs. La montée d’un nouveau genre de piraterie moderne, notamment le sabotage des câbles sous-marins pose des problèmes de plus en plus significatifs. « Cette qualification donne naissance à la fameuse piraterie par analogie dont le seul but est d’appliquer à d’autres infractions les méthodes de répression réservées initialement à la piraterie » . Ainsi, les attaques pirates ne se limitent plus aux navires marchands ou de plaisance. En s’attaquant aux câbles, les pirates modernes créent un véritable
problème de souveraineté numérique et posent, par conséquent, la question des ingérences étrangères, de l’espionnage et du vol de données à grande échelle. Cette nouvelle piraterie, pour être éradiquée, nécessitera une puissante coordination internationale. Aucun État ne pourra venir à bout d’un tel phénomène, compte tenu de l’immensité de l’espace maritime à couvrir. Pourtant les États doivent assurer leur sécurité face à ce phénomène. « La sécurité nationale est la capacité d’une Nation à poursuivre avec succès ses intérêts nationaux tels qu’elle les voit à n’importe quel endroit du monde » . Ainsi, l’ensemble des États ont un intérêt évident à maîtriser, ensemble, cette criminalité nouvelle qui défie les puissances mondiales. L’UE doit prendre toute sa part dans cette bataille. Sa propre sécurité se joue dans ce nouvel espace de confrontations et de solutions pour l’avenir du monde.
La stratégie chinoise du « collier de perles » inquiète l’Inde, l’UE et les États-Unis
Dans l’espace Indopacifique, la stratégie chinoise du collier de perles « suscite évidemment la méfiance de l’Inde, qui s’est toujours considérée comme la puissance tutélaire naturelle de
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l’océan Indien, sans qu’il lui en coûtât beaucoup en investissement naval ; elle occupe d’ailleurs une position stratégique au centre de l’océan, à portée des routes maritimes majeures jusqu’à l’entrée du détroit de Malacca, sous la surveillance des îles Andaman et Nicobar qui lui appartiennent. Les Maldives en particulier sont pour elle comme une arrière-cour, et la perspective d’une implantation militaire chinoise à moins de 350 nautiques (à peine une journée de mer) de ses côtes peut évidemment l’inquiéter » . Pour les RUP françaises de la zone (Mayotte et La Réunion), ces implantations chinoises modifient également les équilibres régionaux en faisant de la Chine un pays riverain de la France et de l’UE. Si les deux pays entretiennent des relations diplomatiques et économiques cordiales, l’implantation de bases militaires à quelques encablures des emprises françaises est une affaire d’une tout autre nature. L’Inde a de grandes ambitions dans la zone. Cependant, sa marine, notamment sa capacité de projection, reste très inférieure à celle de la marine chinoise qui ne cesse de croitre en tonnage et de gagner en sophistication. Dans ce contexte, la supériorité de la Chine est indiscutable, même si à son tour, ses bâtiments sont encore, techniquement, moins performants que ceux de la Marine américaine. La croissance rapide du budget militaire chinois lui confère un avantage significatif dans la course aux armements.
Par ses investissements réguliers, l’Inde est en train de rattraper, progressivement, ses retards capacitaires. À terme, la Chine et l’Inde joueront un rôle déterminant dans la zone. Quant aux États-Unis, ils semblent déterminés à jouer leur partition sans les Européens qui pourraient, encore une fois, n’avoir d’autres choix que de suivre la stratégie américaine sans capacité réelle de peser sur le cours des événements. À preuve, en février 2023, l’OTAN avait décidé de se doter d’une cellule de coordination pour les infrastructures sous-marines critiques rattachée au commandement maritime de l’OTAN. Eu égard aux défis stratégiques, technologiques et aux enjeux de projection, la mutualisation des moyens était rendue indispensable. Cependant, du point de vue européen et français en particulier, la crise des sous-marins australiens donne un goût amer à cette création. Il en ressort un sentiment de distanciation croissante entre les priorités européennes et américaines dans le domaine stratégique, sans que cela pousse les Européens à prendre en main leur propre sécurité.
Par ailleurs, la Russie, alliée de la Chine, occupe l’attention des Européens avec la guerre en Ukraine. En outre, s’agissant des questions énergétiques, la Russie est en position de force. Elle dispose de toute une batterie de mesures de rétorsion à l’encontre de l’UE qui a souhaité lui infliger des sanctions à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine. « Alors que l’UE illustre la dynamique post-westphalienne
et supranationale contemporaine, la Russie met en œuvre une doctrine néo-westphalienne fondée sur le concert entre des États-nations souverains. Ce clivage devient un enjeu majeur pour la recomposition des relations internationales et des rapports de forces géopolitiques » . La faiblesse des moyens européens mis à la disposition des Ukrainiens laisse présager des difficultés pour l’UE à occuper deux théâtres majeurs : le flanc est de l’UE et la zone Indopacifique. Cette stratégie est favorable aux intérêts russes et chinois. A contrario, elle fragilise l’UE sur la scène internationale, notamment à travers les prises de position contradictoires des différentes capitales européennes. Cette tension entre l’Est et l’Ouest, entre la Russie et l’UE, entre les États-Unis et la Russie est palpable dans la zone Indopacifique. Elle est empreinte de rapports de force, de défiance et de lutte d’influence malgré les nombreux accords de coopération conclus entre les différents protagonistes. De nouveaux équilibres mondiaux se dessinent à coup de sanctions économiques, d’alliances et de mésalliances.
Le conflit ukrainien crée une dynamique favorable à la Chine dans la zone Indopacifique
Ce qui se joue sur le front ukrainien a des répercussions dans la zone Indopacifique et dans le monde. Le renforcement des BRICS , devenus BRICS+ à la suite de l’adhésion de nouveaux pays du Sud, amplifie l’œuvre de recomposition des équilibres mondiaux en créant une dynamique autour de la Chine. De nombreux pays, qui étaient des alliés historiques de la France, se rangent du côté de la Chine et de la Russie. Cette dynamique favorise le sentiment d’une hégémonie chinoise grandissante, d’une Europe marginalisée et d’une puissance américaine défiée et en crise de leadership. L’enlisement de la guerre en Ukraine confirme les difficultés de l’armée russe. Cependant, elle résiste et met à rude épreuve les États membres de l’OTAN qui hésitent à franchir le seuil de la cobelligérance avec l’Ukraine. Si le statut de « cobelligérant » n’est pas consacré par le droit international des conflits armés, le niveau d’engagement de la France et des Américains aux côtés des Ukrainiens en fait des cibles principales pour la Russie. En autorisant l’Ukraine à utiliser les missiles américains ATACMS pour frapper des cibles militaires russes, le président Joe Biden a manifestement franchi un seuil, deux mois avant la fin de son mandat. En ce qui concerne la France, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a annoncé que la France allait livrer des missiles longue portée SCALP-EG , appelés Storm Shadow dans leur version britannique, permettant à l’Ukraine de frapper des cibles russes derrière la ligne de front. Cette décision vient après les déclarations du président Macron à Meseberg, le 25 mai 2024, considérant qu’autoriser la frappe de cibles russes était « une option » . Après les États-Unis, la France
prend une posture militaire pouvant durcir la position russe à l’égard des intérêts français. Dans ce contexte inédit, tout laisse à penser à une montée progressive des tensions en Europe et dans la zone Indopacifique, même si une attaque russe sur le territoire de l’OTAN reste, à ce stade, écartée. Car, la forme actuelle du soutien à l’Ukraine ne fait pas des Occidentaux des « parties au conflit » au sens des Conventions de Genève.
Les démonstrations de forces des BRICS, à l’image des manœuvres militaires conjointes de la Chine, de la Russie et de Téhéran dans l’océan Indien depuis 2009, conduites à quelques encablures de Mayotte et de La Réunion, et à proximité d’autres intérêts européens dans le monde, invitent l’UE à la plus grande prudence. S’il n’est pas question d’agression, ces manœuvres constituent un message clair envoyé aux pays membres de l’OTAN, notamment à la France dont les territoires (Mayotte et la Nouvelle-Calédonie) subissent déjà de plein fouet les ingérences des BRICS. « En 2016, l’OTAN a déclaré publiquement que ses pays membres pourraient décider d’invoquer l’article 5 du Traité de l'Atlantique Nord si un ou plusieurs d’entre eux étaient la cible d’activités hybrides » . Moscou menace régulièrement la France qui est devenue une « cible privilégiée » d’ingérence informationnelle depuis 2017. Du point de vue de la Russie, le média Russia Today, proche du Kremlin, a été humilié cette année-là en étant traité, par la France, d’organe de propagande et non de presse. Cette position française nourrit la guerre informationnelle russe, véritable sape de l’autorité française, qui est menée en Afrique francophone et dans les outre-mer.
Eu égard à toutes ces considérations, l’anticipation devrait guider l’UE, et la France en particulier, à muscler davantage sa présence dans cet espace disputé. Cependant, la France pourrait rencontrer des difficultés à mobiliser davantage de moyens militaires compte tenu des déflations, et parfois même des ruptures, capacitaires qui frappent ses armées depuis des années. « En océan Indien, les États-Unis sont traditionnellement moins présents, ne serait-ce que parce qu’ils ne sont pas riverains de cet océan et qu’ils ont d’autres priorités. Il serait donc cohérent que la France privilégie des déploiements dans cette zone, pour surveiller, voire bloquer le cas échéant, les lignes d’approvisionnement de la Chine, d’autant plus qu’elle dispose de points d’appui nationaux (Mayotte et la Réunion), de bases dans des pays alliés (Djibouti et Abu Dhabi) et de possibilités d’escales, en Inde notamment » . Une telle stratégie ne peut avoir de sens que si elle s’inscrit résolument dans une stratégie européenne, voire otanienne, eu égard aux mesures de rétorsion que la Chine pourrait mettre en œuvre. L’efficacité très relative des sanctions appliquées à la Russie, dans le cadre de la guerre en Ukraine, invite à la plus grande prudence. L’impact des sanctions russes sur le pouvoir d’achat dans les outre-mer a été particulièrement fort. Une autre hausse des prix pourrait embrasser ces territoires. Dès lors, une analyse approfondie des enjeux indopacifiques pourrait être l’occasion de redéfinir les ambitions européennes et la place des RUP dans une stratégie Indopacifique renouvelée et viable.
La liberté de navigation bafouée par le développement du déni d’accès et d’interdiction de zone
Sir Walter RALEIGH, officier et grand explorateur anglais, disait : « Celui qui commande la mer commande le commerce ; celui qui commande le commerce commande la richesse du monde,
et par conséquent le monde lui-même ». La région Indopacifique est l’épicentre du commerce maritime mondial. De nombreuses routes maritimes passent à proximité des RUP. Elles représentent plus de 80% du trafic maritime mondial. Ces routes doivent être protégées de nombreux risques, notamment liés à la piraterie et au déni d’accès qui tend à se développer confirmant, de fait, le retour de la force dans les relations internationales. Les RUP constituent des points d’appui déterminants pour l’UE dans la stratégie de protection de ces routes. Cependant, la déflation des moyens des armées et de la Marine en particulier, est incompatible avec l’efficacité d’une telle stratégie. La rationalisation a ses limites dans la gestion d’un domaine maritime aussi vaste que celui de l’UE.
La sécurité maritime nécessite l’emploi de nombreuses forces compte tenu de l’importance du domaine maritime. La lutte contre la piraterie et le brigandage maritimes et le déni de passage et de zone, qui menacent la sécurité des approvisionnements et la liberté de navigation garantie par la convention de Montego Bay, dans l’océan Indien et plus largement dans l’espace Indopacifique, devient de plus en plus complexe du fait de la sophistication progressive des moyens mis en œuvre parallèlement à la déflation des moyens de la Marine nationale. Les coopérations évoquées par la stratégie de défense française en Indopacifique ne sont pas compatibles avec une diminution constante des moyens maritimes. Dans la zone Indopacifique, il est question d’une zone fortement marquée par la montée des tensions entre la Chine et les États-Unis, et entre la Chine et une partie de ses voisins. « Les tensions physiques entre les bateaux des différentes marines — chinoises, américaines, japonaises — sont récurrentes, autour de la revendication territoriale de certaines îles » . Sans aboutir à une guerre, au sens conventionnel, ces tensions sont permanentes y compris en matière de pêcheries. En effet, les ZEE des RUP sont menacées par la surpêche consécutive à la pêche illégale. Des navires étrangers saccagent les fonds marins de nombreux pays, et font des incursions régulières dans les eaux ultrapériphériques de l’UE. La faiblesse des moyens de surveillance déployés ainsi que la montée en puissance de la Marine chinoise et de sa flotte de pêche subventionnée génère des tensions considérables sur les ressources halieutiques et obère tous les efforts de développement d’une économie bleue durable et inclusive dans les RUP.
En sus de la sécurité des approvisionnements et du déni de passage, la montée d’autres activités illicites est préoccupante. La Chine et la Russie montent les enchères dans la zone en multipliant les accords de coopération y compris avec Madagascar. Depuis cette emprise, la Russie se trouve à moins d’une heure de Mayotte et de La Réunion. Le pouvoir russe venant de s’implanter à Moroni avec la perspective de l’ouverture d’une ambassade, la multiplication des actes d’ingérences étrangères sur Mayotte est à craindre. Des actes de telle nature sont déjà supposés être l’œuvre de Bakou (Azerbaïdjan). Quant à la Chine, elle s’immisce aujourd’hui dans le dossier des îles Éparses avec une promesse de mobilisation de l’Armée populaire de libération (APL). L’histoire de la Chine et de Madagascar peut aussi s’apprécier par les liens de sang, une partie de la population malgache étant d’origine asiatique. Tous ces paramètres invitent la France et l’UE à affiner davantage leurs stratégies indopacifiques en mobilisant l’ensemble des leviers sociaux, économiques et géoéconomiques à leur disposition y compris les populations et leurs représentants. Une grande partie des populations mahoraises et réunionnaises revendique des
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origines malgaches avérées. À Mayotte, plusieurs villages parlent le « Kibushi », une variante des nombreuses langues malgaches parlées dans le Nord-Est de la Grande Île. Si de telles ressources sont surexploitées par les agents de l’étranger, il n’y a manifestement, aucune stratégie française ou européenne mobilisant de tels liens socioculturels. Or, les guerres hybrides mobilisent l’ensemble de ces leviers. La situation actuelle fait état d’une certaine naïveté des Européens sur les ingérences étrangères qui, pourtant, engendrent des conséquences notables sur les populations, l’autorité de l’État et la souveraineté de la France sur tout ou partie du territoire national.
Les RUP font face à des menaces relativement différentes de celles du continent. Du fait de leur éloignement et de leur isolement, les risques sécuritaires qui pèsent sur elles sont à la fois hybrides et émergents, différents et spécifiques. Dès lors, leur vulnérabilité invite les États membres à adopter une doctrine adaptée à leur situation singulière. Ainsi, pèsent sur elles des menaces critiques liées, notamment, au déni d’accès et d’interdiction de zone (A2/AD), au sabotage des câbles sous-marins, à la rupture des approvisionnements et à la piraterie. Toutes ces menaces ne les épargnent pas des déflations de moyens et des coupes budgétaires qui fragilisent la structure même de la défense et de la sécurité déployée dans ces régions. Pourtant, ces dernières doivent participer à la sécurisation des approvisionnements européens et à la prévention des conflits dans le monde, notamment dans la zone Indopacifique. Une stratégie îlienne nécessite des moyens plus conséquents pour faire face aux défis du déni d’accès, de la piraterie ou d’autres activités criminelles en développement. En cas de conflit, notamment dans l’Indopacifique, l’entente sinorusse pourrait avoir des répercussions concrètes sur les intérêts français et européens dans cette zone. La différence se fera alors sur les capacités maritimes pouvant être immédiatement déployées. Le rapprochement des Comores et de Madagascar avec les BRICS constitue, de ce point de vue, un point de vigilance particulier.
L’absence d’incarnation de l’UE ne crée pas une farouche adhésion à ses positions diplomatiques et militaires
L’UE demeure le premier investisseur, le fournisseur d’aide au développement, et un grand partenaire commercial dans la région Indopacifique. Elle finance des programmes de lutte contre la pollution, le changement climatique et la perte de biodiversité. Financer des actions entrant dans le cadre de sa politique contribue à renforcer son soft power dans le monde. Cependant, l’absence d’incarnation de l’UE, sur la scène internationale, n'est pas de nature à créer une farouche adhésion aux positions diplomatiques
et militaires de l’UE. Pourtant, au sein de la COI, le projet EU PSP-Sécurité portuaire et sûreté en mer mis en œuvre avec le financement de l’UE, vise, parmi d’autres objectifs, à appuyer les services répressifs ainsi que les douanes dans leur combat contre le crime organisé et le risque terroriste dans l’océan Indien. La COI accueille, depuis 2016, sept membres qui ont le statut d’observateurs, dont l’UE et l’ONU. La présence de tels observateurs au sein d’une organisation sous-régionale souligne l’importance des enjeux Indopacifiques. La lutte contre le crime organisé, le terrorisme et le déni de passage sont des combats d’actualité y compris dans la zone Indopacifique qui est un des poumons de l’économie mondiale.
Le concours de l’UE permet d’associer au programme sécurité portuaire et sûreté en mer des organisations internationales telles que l’Organisation maritime internationale (OMI), l’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), INTERPOL, EUNAVFOR, WCO , le Groupe de contact sur la piraterie au large la côte somalienne (CGPCS), l’Association des Ports des îles de l’océan Indien (APIOI), l’Association de gestion des ports d’Afrique orientale et australe (PMAESA). Ce projet d’envergure est également mis en œuvre avec la collaboration de plusieurs organisations régionales (COMESA, EAC, SADC). L’Indopacifique, champ de bataille pour le leadership mondial, concentre aujourd’hui l’attention des nations et cristallise les tensions des grandes puissances et des puissances émergentes. L’UE ne peut se résoudre à jouer le rôle d’une spectatrice impuissante dans la recomposition des équilibres mondiaux à l’œuvre dans la région Indopacifique. La présence des RUP et des PTOM de la zone lui donne voix au chapitre, même si ses marges de manœuvre demeurent relativement étroites entre la Chine et les États-Unis. Toutefois, son inaction signifierait aussi la fragilisation de son économie du fait de l’aggravation du phénomène de déni de passage et de zone.
Les États-Unis renforcent leur présence dans la région avec le Pacific Environmental Security Forum, une émanation de leur Commandement Indopacifique (USINDOPACOM), créé en 2012, qui vise, notamment, à dégager des solutions aux problématiques de sécurité environnementale dans l’espace Indopacifique. Son objectif principal est de renforcer la compréhension et les connaissances des armées régionales sur la protection de l’environnement, la coordination nécessaire avec les autres acteurs civils. Le forum développe la connaissance des enjeux climatiques et les échanges d’informations et d’expériences entre les organisations civiles, la défense et la sécurité civile. Souhaitant légitimer et renforcer leur leadership dans la région, face à la montée fulgurante de la puissance chinoise, les
États-Unis multiplient les coopérations à même de contribuer à la concrétisation de leurs objectifs stratégiques.
Par leur truchement, les RUP permettent à leurs États membres et à l’UE d’être partenaires d’autres organisations régionales et sous-régionales telles que le CARIFORUM, le CARICOM, l’AEC, le MERCOSUR, la CEDEAO, la SADC, la COI, la COMESA, la CAE, l’IGAD). De telles organisations permettent aux États membres et à l’UE d’être force de propositions et acteurs de la régulation d’un certain nombre de politiques publiques concourant directement ou indirectement à assurer sa sécurité. Ainsi, la caractérisation de l’environnement juridique et géographique des RUP, met en lumière le fait que l’UE dispose de frontières situées à proximité de nombreux théâtres dans lesquels elle peut être amenée à intervenir dans le cadre de la PSDC. La lecture des enjeux et des réalités diplomatiques et stratégiques du sud-ouest de l’océan Indien ne peut être déconnectée des ambitions de la France pour la zone Indopacifique, un espace, à forts enjeux économiques, diplomatiques et militaires, qui s’étend des côtes orientales de l’Afrique jusqu’au Pacifique.
S’agissant de l’océan Indien qui joue un rôle déterminant dans la stratégie Indopacifique, la notion de « France de l’océan Indien » fait de La Réunion, le cœur battant de La France dans cette zone, à quelques encablures de la base française de Djibouti. Deux raisons techniques et juridiques favorisent une telle approche de l’État français en faveur de La Réunion. Il s’agit tout d’abord de la situation politique de La Réunion. Contrairement à Mayotte, le territoire n’est revendiqué par aucune autre puissance étrangère. Ainsi, Mayotte souffre d’un sous-investissement chronique en raison de la précarité juridique internationale de la France à Mayotte. Cependant, la France n’est, manifestement, pas très offensive sur le règlement du différend territorial, car, d’une certaine manière, elle a besoin de la voix bienveillante des Comores, comme celle d’autres petits États de sa zone d’influence historique, dans les délibérations des instances internationales comme les Nations Unies. La nomination d’un sénateur de Mayotte au gouvernement Barnier constitue une forme de réponse politique et diplomatique dans ce différend. Il convient d’aller plus loin. La deuxième raison tient à la situation excentrée de La Réunion, loin des principales routes maritimes, faisant de ce territoire un port sûr, relativement à l’abri des vicissitudes et des grandes menaces de la zone. Des investissements conséquents en matériels et en infrastructures dédiés à la défense et à la sécurité de la zone sont opérés régulièrement dans ce département des Mascareignes qui accueille les forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI). En dehors du différend territorial qui fragilise Mayotte, cette île, située au milieu du canal du Mozambique, présente de toute évidence des opportunités géopolitiques et géostratégiques bien plus importantes que celles l’île de La Réunion. Après l’accession de Mayotte aux statuts de DROM (FR, 2011) et RUP (UE, 2014), il convient d’aller plus loin dans une offensive diplomatique pouvant permettre de résoudre, enfin, ce conflit issu de la décolonisation. Le règlement de cette situation permettra à la France et à l’UE de disposer de marges de manœuvre accrues dans la zone Indopacifique.
En définitive
Sur l’ensemble des mers et océans, y compris dans la zone Indopacifique, l’UE finance directement ou indirectement des
projets de sécurité qui entrent dans le cadre de sa propre stratégie globale de sécurité. La présence de certains États membres ou de leurs RUP comme membres ou observateurs d’organisations régionales ou sous-régionales donne, à l’UE, un intérêt à agir, en matière de sécurité, avec les acteurs régionaux pour atteindre des objectifs communs de sécurité et de défense. La santé de l’économie européenne dépend de la régularité du pouls de la navigation et de la sécurité des routes maritimes indopacifiques.
L’UE, consciente du fait que son avenir se joue, aussi, dans cette région, se mobilise aux côtés des autres acteurs (États et organisations sous-régionales), en raison de l’interconnexion et l’interdépendance des économies mondiales, pour combattre la piraterie, le terrorisme, le phénomène du déni de passage et de zone qui menacent gravement la liberté de navigation. De la Chine à l’Europe, en passant par la zone Indopacifique, la sécurité des approvisionnements européens et mondiaux est conditionnée par la stabilité et la sécurité de la région. Ces préoccupations communes enrichissent la coopération régionale qui est appelée à se renforcer pour faire respecter les dispositions de la Convention de Montego Bay. Si les voies de navigation sont étroites entre la Chine et les États-Unis, les marges de manœuvre européennes existent dans cette région. En vérité, il ne tient qu’aux États membres de décider, enfin, de doter l’UE d’une autonomie stratégique, de muscler sa stratégie indopacifique et d’associer davantage les territoires français qui légitiment et stabilisent la présence européenne dans cette zone qui, il est vrai, cristallise les tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis pour le leadership mondial.
I ZEE des États-Unis 11,3 millions de km² devant la France avec 10,2 millions de km², dont 97% en outre-mer.
ii Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), Montego Bay, Jamaïque, 10.12.1982. iii Thomas GOMART. L’affolement du monde, 10 enjeux géopolitiques. Paris : Éditions Tallandier, 2019, p. 22.
iv Déclaration conjointe des dirigeants du Quad : « L'esprit du Quad », sommet virtuel des leaders du Quad, 12/03/2021.
vLACROTTE Clémentine, La piraterie et le droit international : (fin XVe siècle - XVIIIe siècle), thèse de Droit, Université de Montpellier, 2017, p. 475.
vi BELLEFACE Alain, DELBECQUE Eric, « Les logiques de sécurité nationale ou les différents moyens de la puissance », in ARPAGIAN (N.) et DELBECQUE (E.) (dir.), Pour une stratégie globale de sécurité nationale, Dalloz, Paris, 2008, pp. 240-241.
vii ROYER, Pierre. La géopolitique des mers et des océans : Qui tient la mer tient le monde. PUF. Major. Paris : PUF, 2012, p. 141. viii CIAPIN Etienne, Frontières et populations: territoires, mobilités, voisinages européens, thèse de Sociologie, Université Grenoble Alpes; Univerzita Mateja Bela (Banskà Bystrica, Slovaquie), 2018, p. 146.
ix BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Sigle vulgarisé par la banque Goldman Sachs pour désigner ce groupe de pays émergents qui est, par la suite, devenu une véritable conférence géopolitique diplomatique tenant sommet annuellement.
x BRICS+ : conférence géopolitique et diplomatique des BRICS élargie à l’Égypte, l’Iran, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie.
xi Les ATACMS (Army Tactical Missile System) sont des missiles balistiques sol-sol capables de frapper des cibles à une portée de 305 kilomètres. Ils peuvent se déplacer à 3.700 km/h.
xii SCALP-EG : Système de croisière conventionnel autonome à longue portée et d'Emploi général. xiii Missile de croisière (200 km officiellement à 560 km supposément) développé en 1994 par les groupes Matra (FR) et British Aerospace puis fabriqué par MBDA et pouvant être emporté par le Rafale, le Mirage 2000, le Panavia Tornado, l'Eurofighter Gr Mk4, et le Su-24 Fencer ukrainien.
xiv Laurent LAGNEAU, Pour Paris, autoriser Kiev à utiliser des missiles longue portée SCALP EG sur le sol russe reste une « option », Zone Militaire, 18/11/2024.
xv Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels de 1977.
xvi ONU, Les migrations de remplacement : s'agit-il d'une solution au déclin et au vieillissement des populations ? Résumé analytique, New York, 6 p.
xvii Dimitri MINIC, La France, cible privilégiée de la guerre hybride du Kremlin, IFRI, 10/05/2024.
xviii CHENEVARD Yannick, Avis fait au nom de la commission de la défense nationale et des forces armées sur le projet de loi de finances pour 2023, n° 273, TOME V, 19 octobre 2022, p. 87.
xix Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, La stratégie de la France dans l’Indopacifique, février 2022, 78 p.
xx VILLIERS Pierre de, Servir, Paris, Fayard, 2017, p. 43.
xxi Organisation mondiale des douanes.
xxii Thani MOHAMED SOILIHI, Secrétaire d’État chargé de la francophonie et des partenariats internationaux.
TRIBUNE
M. Soula Saïd-Souffou
Doctorant en droit public à l’Université Sorbonne Paris Nord
Mamoudzou, 18/11/2024
LES RÉGIONS ULTRAPÉRIPHÉRIQUES ET LA STRATÉGIE INDOPACIFIQUE DE LA FRANCE ET DE L’UE
DIFFÉRENDS TERRITORIAUX, TENSIONS GÉOPOLITIQUES ET ENJEUX ÉCONOMIQUES SUR FOND DE TENSIONS SINO-AMÉRICAINES POUR LE LEADERSHIP MONDIAL
Dans la zone Indopacifique se trouvent trois puissances économiques comme la Chine, l’Inde et le Japon ainsi qu’un acteur majeur comme l’Australie. Cet espace polarise de nombreuses tensions et recèle des enjeux significatifs en matière de sécurité internationale. Face aux enjeux inédits de cette région, devenue l’épicentre des tensions entre la Chine et les États-Unis, la France et l’UE, qui ont à la fois des intérêts vitaux et un intérêt à agir dans cette partie du monde, tentent de s’organiser. C’est ainsi que la France s’est dotée d’une stratégie pour l’Indopacifique et l’UE d’une stratégie pour la coopération dans la région Indopacifique .
Enfin conscientes des enjeux qui pèsent sur leur propre sécurité, la France et l’UE sont aujourd’hui au cœur de plusieurs projets de sécurité dans la zone. Outre la liberté de navigation garantie par la Convention de Montego Bay, les régions ultrapériphériques (RUP) ainsi que les pays et territoires d’outre-mer (PTOM), associés à l’UE, constituent le fondement essentiel de la légitimité de la France et de l’UE à agir dans cette zone stratégique. Cependant, entre le leader du « monde libre » et son principal challenger, le chemin reste étroit.
Des différends territoriaux révélateurs de tensions géopolitiques persistantes
L’UE, du fait de ses RUP, est riveraine de Madagascar, du Mozambique, des Mascareignes, de Diégo Garcia, du Brésil, du Suriname, du Venezuela, d’Haïti, de Cuba, du Maroc, du Sahara occidental et de bien d’autres pays et territoires du monde.
Certains territoires faisant l’objet de différends territoriaux semblent, de prime abord, être moins associés aux politiques de sécurité et de défense. Cet aspect est déterminant, car l’UE est particulièrement attachée à la charte de l’Organisation des Nations unies (ONU) et au multilatéralisme propre à la gouvernance de cette institution internationale. L’ONU est particulièrement attentive à la question des différends territoriaux. Ceux-ci peuvent relever du droit de la mer, notamment de la convention de Montego Bay et en particulier de ses dispositions relatives à la délimitation des ZEE et à l’extension des plateaux continentaux. En sus des considérations économiques, les ZEE renferment des enjeux majeurs de sécurité et de défense. Dans de nombreux bassins géographiques, les RUP se trouvent à proximité ou au cœur de théâtres à forts enjeux régionaux ou internationaux pour l’UE et ses États membres. Il y a ici et là des différends territoriaux ou des conflits de basse ou moyenne intensité qui peuvent impacter directement ou indirectement la diplomatie européenne ou la sécurité desdites régions. C’est ainsi que le Parlement européen « note que la dégradation durable de l’environnement stratégique de l’Union affecte directement ou indirectement la sécurité des États membres et des citoyens ; souligne que, dans cet environnement instable et imprévisible, l’Union et les États membres ont, ensemble, un rôle plus important à jouer pour garantir la sécurité des États membres, des citoyens et des valeurs de l’Union contre les menaces, les risques et les défis multilatéraux » . Beaucoup de territoires insulaires ont fait ou font l’objet de différends territoriaux qui peuvent
aboutir à des conflits ouverts. Le monde qui se fait jour semble consacrer le retour de la guerre, de la force et des régimes autoritaires. On pensera à la guerre des Malouines en 1982, aux tensions autour des îles de la mer de Chine, à Ceuta et Melilla, à l’îlot Persil, à Leila, revendiquées à la fois par l’Espagne et par le Maroc, ou encore à Mayotte, Française depuis 1841, revendiquée par les Comores depuis 1975, malgré les référendums successifs confirmant, à une écrasante majorité, la volonté des Mahorais de demeurer français. La sécurité des territoires insulaires est un enjeu stratégique du XXIe siècle qui sera maritime et spatial. La Chine a compris cette réalité inédite depuis fort longtemps. Par conséquent, elle investit massivement dans ce type de territoires dans la mer de Chine et tout au long de son « collier de perles » qu’elle fabrique patiemment depuis des décennies. L’UE, faute d’être un État souverain, est en retard sur cette course à la militarisation des territoires insulaires qui fera certainement la différence dans les futurs conflits de notre siècle. En l’état actuel du droit, seuls les États membres peuvent remédier à cette situation en associant plus étroitement les exécutifs des RUP à la redéfinition d’un nouveau statut de défense pour ces territoires stratégiques. La responsabilité locale prendrait alors tout son sens et la défense européenne prendrait du
muscle face aux défis sécuritaires colossaux qui s’accumulent aux portes de l’Europe. Cette dimension nouvelle appelle un réajustement stratégique et économique de l’UE à l’égard des RUP a fortiori si d’aucuns craignent que ces régions puissent développer des velléités indépendantistes eu égard aux évolutions géopolitiques récentes dans les anciennes colonies européennes, notamment en Afrique francophone. La relégation politique de ces territoires ainsi que leurs retards de développement sont vivement dénoncés. En effet, la mise sous cloche de leurs économies est contestée. Les populations de ces régions combattent, notamment, le maintien ou l’accroissement des monopoles ainsi que le phénomène de la « vie chère » qui limite leur pouvoir d’achat. Des tensions se font jour un peu partout. Il en est ainsi de la Guadeloupe et de la Martinique en novembre 2021 alors même que des événements de plus grande intensité avaient déjà secoué les outre-mer en 2009 et en 2011. L’année 2024 est également marquée par de nombreuses tensions notamment en Martinique et en Nouvelle-Calédonie. La persistance de ces tensions est le lit de toutes les ingérences étrangères.
Un sentiment de malaise, de mal-être et de relégation progressive traverse l’ensemble des outre-mer qu’ils relèvent de l’article 73 ou 74. Le sous-investissement chronique de l’État, couplé à des coupes budgétaires, fait grandir la colère et la défiance des élus ultramarins qui relèvent une fracture républicaine entre l’outre-mer et l’hexagone. La relégation de ces territoires apparaît dans un rapport du Sénat consacré à la maritimisation en ce sens qu’il indique que « L’espace maritime français est, en effet, constitué pour 97 % de nos territoires d’outre-mer sans qu’une stratégie politique pour créer autour de ces ressources à long terme une communauté d’intérêt entre ces territoires et la métropole ne soit clairement perceptible » . Les périls qui guettent les États membres en outre-mer se terrent dans ce délaissement qui creusent les sillons de l’instabilité et de l’insécurité institutionnelle. Prendre pour acquise la présence européenne en outre-mer et se contenter de maintenir un statu quo économique et social est sans nul doute un très mauvais investissement d’avenir. En Afrique, l’augmentation du sentiment de rejet envers les anciennes puissances coloniales est une alerte à prendre en considération. Il convient de rappeler, à ce propos, que d’autres États, comme la Chine, achètent des terres par centaines d’hectares à travers le monde et construisent des îles artificielles pour sécuriser leurs approvisionnements et garantir leur capacité de projection et l’expansion de leurs nations. Les convoitises sont grandes autour des outre-mer et se caractérisent par diverses modalités d’action plus ou moins insidieuses telles que les ingérences étrangères visées plus haut, notamment à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. Le démantèlement, en juillet 2024, d’une filière djihadiste, en Côte-d’Ivoire et à Madagascar, confirme l’impérieuse nécessité de muscler le renseignement français et européen ainsi que la lutte contre les ingérences étrangères qui prospèrent sur le territoire français et sur la zone d’influence historique de la France. « Si les djihadistes sont implantés dans le nord
TRIBUNE
du Mozambique, leur présence n’avait pas été confirmée sur le sol malgache » . Ainsi, le piège des ingérences étrangères se rapproche et se referme sur Mayotte et risque de s’étendre à La Réunion. Il semble opportun de mettre fin à la naïveté des autorités sur cette guerre hybride qui déstabilise progressivement les outre-mer.
Des enjeux économiques considérables participant de la redéfinition des nouveaux équilibres régionaux et mondiaux
Source : Gouvernement du Canada, 2022.
La zone Indopacifique présente un intérêt et un dynamisme économiques évidents pour l’ensemble de la planète. Quiconque la contrôlera, contrôlera l’économie mondiale. Ce qui est convenu d’appeler aujourd’hui le « Sud global » y joue un rôle inédit. La puissance économique qui s’y développe donne, à la Chine, une place de plus en plus conséquente appuyant ainsi ses prétentions au leadership mondial. Les États-Unis, en investissant militairement la zone, tentent de rééquilibrer les choses à leur avantage. Cependant, la bataille d’influence est rude. La présence d’une base militaire américaine à Diégo Garcia, dotée d’une basse d’écoute, donne aux États-Unis de grandes marges de manœuvre et un rayon d’action significatif dans la zone. Malgré, la fin du différend territorial qui opposait Londres à Maurice, sur l’archipel des Chagos, les Britanniques conservent leur base militaire commune avec les Américains en raison de sa situation géostratégique entre l'Europe, l'Inde et la Chine. Cette dernière aime à rappeler aux États-Unis et aux autres puissances occidentales,
présentes dans la zone, que l’Indopacifique est notamment composée de l’océan Indien et de la mer de Chine. Pour elle, c’est à l’Inde et à la Chine d’exercer leur souveraineté, dans leurs zones respectives, et non aux Américains et plus largement aux Occidentaux qui tenteraient, selon elle, de chercher tous les prétextes possibles et imaginables pour s’ingérer de façon illégitime dans leurs affaires intérieures. La Chine retourne aux États-Unis l’esprit de la doctrine Monroe « l'Amérique aux Américains ».
La Convention de Montego Bay permet la liberté de navigation dans cette région. Cependant, la présence permanente de la France et de l’UE se justifie surtout par la possession de territoires d’outre-mer relevant pour Mayotte et La Réunion des articles 73 de la Constitution et 349 TFUE d’une part et des articles 74 de la Constitution et de la Décision d’association outre-mer (DAO) du 27 novembre 2001, régulièrement révisée, en ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis et Futuna, les Terres australes et antarctiques françaises d’autre part. Ainsi, l’UE, à travers la France, a une carte à jouer dans la zone grâce aux RUP et aux PTOM. Reste à savoir si une volonté politique commune peut se dégagera pour muscler davantage la présence européenne et sortir l’UE de l’ombre américaine dans la région. Pour l’heure, le défaut d’accord autour de l’autonomie stratégique européenne ne permet pas de s’enthousiasmer outre mesure.
Les fonds marins de la zone Indopacifique sont très riches en ressources énergétiques et minérales depuis la côte Est africaine jusqu’à la Nouvelle-Calédonie qui est le troisième producteur mondial de nickel. Les ressources avérées et supposées attirent les convoitises des grandes puissances mondiales telles que la Chine, les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon. Ce dernier, avec une coopération économique efficace, a accru son influence, de façon significative, dans cette région. Les enjeux sont énormes. « Englobant 40 économies, plus de quatre milliards d'habitants, et une activité économique de 47,19 billions de dollars, cette région connaîtra la croissance la plus rapide au monde » dans les prochaines années.
La zone va changer profondément les équilibres mondiaux dans les années à venir. La « structure des échanges commerciaux devrait également évoluer, accordant une place grandissante aux échanges sud-sud et dévoilant ainsi de nouvelles routes commerciales - maritimes pour 90 %
d’entre elles. Certaines passent à proximité de points d’appui français, comme le canal du Mozambique, à travers lequel transitent 30 % de la production mondiale de pétrole — pour l’essentiel à destination de l’Asie — Pacifique et en provenance du golfe du Mexique, du Nigeria et de l’Angola. D’autres États hébergeant les forces de présence et de souveraineté telles que Djibouti ou les Émirats arabes unis verront également leur trafic s’accroître sous l’effet de cet essor des échanges » . Dès lors, les difficultés rencontrées par les RUP pour émarger au mécanisme européen d’interconnexion aux autoroutes maritimes semblent en total décalage avec de tels enjeux géostratégiques. Elles démontrent l’absence de cohérence de la stratégie européenne dans cette région. S’il est question de commerce en premier lieu, il est surtout question de sécurité, notamment de sécurité des approvisionnements européens. Et au-delà des approvisionnements, il s’agit pour l’UE de participer activement à la recomposition des équilibres mondiaux, notamment dans la zone. La stratégie actuelle de l’UE la place en marge des véritables enjeux de la région alors qu’elle dispose de nombreux leviers d’action pouvant lui garantir un rôle plus important dans le scénario qui s’écrit chaque jour par les Chinois et les Américains. « Si l’Union européenne est engagée dans la mise en œuvre de sa politique en matière de sécurité maritime, c’est parce que cela présente un intérêt pour elle. Ses États sont essentiellement des chargeurs avec une flotte ne représentant pas plus de 17 % du tonnage mondial, effectue, par mer, 85 % du tonnage de son commerce extérieur » . Les RUP contribuent à la sécurisation des routes maritimes. Ce rôle essentiel devrait être davantage valorisé et renforcé pour participer à l’indispensable refondation du partenariat UE-RUP fragilisé par des négociations stériles qui s’apparentent à un « dialogue de sourds » .
Les États-Unis, dans leurs tensions contre la Chine pour le leadership mondial, n’hésitent plus à sacrifier ouvertement les intérêts de l’UE pour atteindre leurs propres objectifs stratégiques. Pour preuve, la crise née, le 15 septembre 2021, du différend sur les sous-marins australiens est révélatrice de la marginalisation progressive de l’UE et des nouvelles ambitions stratégiques des États-Unis qui, en effet, n’hésitent plus à écarter ses alliés européens. Cette crise a mis en lumière l’alliance AUKUS (Américains, Britanniques et Australiens) qui s’est constituée en réponse aux velléités hégémoniques croissantes de la Chine dans l’Indopacifique. Pour consolider une telle alliance, l’Australie a mis fin à un gros contrat d’acquisition de sous-marins nucléaires confié au français Naval Group en 2016, préférant conclure un nouveau contrat avec les États-Unis pour des bâtiments de classe Virginia Block IV entrant dans la cadre du programme SSNAUKUS d’un montant de 350 Md$. Cette crise diplomatique et économique a fortement contrarié les ambitions stratégiques de la France dans l’espace Indopacifique. À travers la France, c’est toute l’UE qui est freinée dans son élan Indopacifique. Les États-Unis se retrouvent donc, quasiment seuls, face à la Chine dans un espace qui participe de la recomposition
des équilibres mondiaux et du leadership mondial. Cette crise devrait inviter l’UE à revoir profondément sa stratégie Indopacifique et, peut-être, à reconsidérer sérieusement l’idée d’une autonomie stratégique soutenue par la France, sans préjudice des engagements otaniens. La réélection de Donald TRUMP en 2024, avec toutes les incertitudes qu’elle emporte en matière de politique étrangère et de défense, devrait constituer un électrochoc pour les Européens. Or, depuis 2016, l’UE avait déjà observé que « l’environnement international était devenu plus hostile et plus concurrentiel en raison de l’affirmation des puissances régionales et des grandes puissances » . Cependant, eu égard à l’état préoccupant des finances publiques de certains États membres de premier plan, comme la France et l’Allemagne, il ne semble pas opportun de s’exalter outre mesure sur le développement, à court terme et vraisemblablement à moyen terme, d’une défense européenne autonome. Pourtant, renoncer à avancer résolument vers l’autonomie stratégique contribuerait à renforcer la marginalisation de l’UE dans la redéfinition des équilibres mondiaux. Encore faudrait-il que les Européens puissent se doter d’une véritable politique stratégique partagée et incarnée en Europe et dans le monde.
La bataille pour le leadership mondial cristallise toutes les tensions dans l’espace Indopacifique
L’espace Indopacifique renferme des enjeux majeurs de sécurité. Il polarise les tensions entre les différentes puissances mondiales. C’est une immense zone qui s’étend des côtes orientales de l’Afrique jusqu’aux États insulaires du Pacifique. Ainsi, l’Indopacifique, regroupant l'océan Indien avec ses 70 560 km2 et l'océan Pacifique qui s'étend sur 169 723 km2, représente la majeure partie de l’espace maritime de la planète. L'océan Atlantique quant à lui, ne s'étend que sur 85 133 km2.
Au sein de l’UE, la France est le seul État membre disposant de territoires dans cette zone étendue avec une population de plus de 1,6 million d’habitants et plus de 90% de la zone économique exclusive française. Il s’agit de La Réunion, de Mayotte, des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), Wallis-et-Futuna, Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. À eux seuls, Mayotte et La Réunion comptabilisent plus d’un million d’habitants. Dans cette zone, la France dispose d’une force de 7 000 militaires capables de défendre ses intérêts et de venir en aide à ses partenaires de la région.
La Chine et les États-Unis s’affrontent dans cette zone stratégique. Au-delà des enjeux propres à l’espace Indopacifique, c’est bien le leadership mondial qui est en jeu. Des territoires comme Taiwan polarisent toutes les tensions entre ces deux puissances. La montée fulgurante de l’Armée chinoise fait craindre, pour l’avenir, une montée des tensions entre ces deux pays. En une seule génération, l’Armée chinoise est devenue, numériquement, la plus grande armée du monde, même si des progrès technologiques demeurent nécessaires
TRIBUNE
dans plusieurs domaines, notamment dans les bâtiments de sa marine dont la capacité de projection reste, pour l’heure, limitée. Cependant, les progrès technologiques de la Chine restent à la fois constants et significatifs en raison de l’augmentation rapide de son budget de défense qui lui permet de rattraper plus rapidement que prévu ses retards technologiques.
La bataille du leadership mondial face à la Chine conduit les Américains à se désintéresser progressivement de l’Europe qui n’est devenue, vraisemblablement pour les Américains, qu’un espace tampon entre les États-Unis et la Russie. La bascule américaine vers l’Asie, autrement appelée pivot vers l'Asie, décidée par l’administration Obama, semble se poursuivre résolument au détriment de l’Europe qui reste embourbée dans ses difficultés économiques et son absence de leadership politique. Les équilibres mondiaux sont en train d’évoluer profondément. Le centre de gravité du monde passe progressivement de l’Europe à la zone Indopacifique où la Chine et les États-Unis se livrent une bataille sans merci pour le leadership mondial. De ce fait, les États-Unis ne cessent d’inviter l’UE, depuis des décennies, à investir davantage dans sa défense. Cependant, les États membres peinent à dépasser collectivement les 2% du PIB consacrés à leur défense. Dans un tel contexte, les marges de manœuvres des Européens demeurent limitées et les perspectives ne semblent guère encourageantes. Pourtant, l’UE dispose de nombreux leviers qu’elle pourrait actionner pour peser davantage dans la région.
La sécurité du monde est entre les mains de deux géants mondiaux qui se livrent déjà une rude bataille économique, diplomatique et militaire
Au cours de la « dernière décennie s’est opéré un retournement du risque géopolitique, dans la mesure où les États-Unis et l’Union européenne (UE) apparaissent désormais comme les principales sources d’incertitude, alors que par un effet de contraste sans doute trompeur, des régimes autoritaires comme la Chine et la Russie représentent la stabilité et la cohérence » . Ce retournement stratégique est clairement défavorable aux Occidentaux. Dans la logique des BRICS, la présence occidentale dans les zones d’influence de l’Inde et de la Chine est vécue comme une certaine forme de néocolonialisme, voire d’ingérence, au sens de la doctrine Monroe, qui s’adressaient aux puissances européennes, en ce sens qu’elle précise que « Les États-Unis regardent désormais toute intervention de leur part dans les affaires du continent américain comme une menace pour leur sécurité et pour
la paix » . Aujourd’hui, ce sont les Chinois qui retournent l’esprit de cette déclaration à la puissance américaine dans la zone Indopacifique.
De nombreux pays se reposant, quasi exclusivement, sur l’OTAN pour assurer leur défense entrent dans une situation sécuritaire difficile issue de la chute de l’URSS et de ce que Francis FUKUYAMA a appelé « la fin de l’Histoire » qui prévoyait le triomphe mondial de la démocratie libérale. Le désenchantement est profond. Le désarmement qui a suivi cette période d’euphorie continue à peser sur les capacités militaires des Européens. La prise de conscience de ces dernières années ainsi que les efforts budgétaires consentis sont encore loin de répondre aux enjeux de modernisation et de remise à niveau capacitaire des armées européennes.
On peut dire que les ruptures capacitaires de l’Armée française tombent au plus mauvais moment. Après le Brexit, le retour de la guerre sur le sol européen, la multiplication des menaces hybrides, l’aggravation de la situation des finances publiques, l’Armée française entre dans une période d’incertitudes majeures liées aux tensions sino-américaines pour le leadership mondial. La montée de ces tensions risque de faire basculer toute la planète dans un conflit dont l’issue reste incertaine. Or, l’UE, au lieu d’être actrice de la recomposition des équilibres mondiaux, se présente comme une victime collatérale de cette confrontation qui la marginalise progressivement. La guerre ne cesse de changer de forme. Le caractère hybride des nouvelles confrontations, les incessantes innovations technologiques, les armes télécommandées, l’arsenalisation de l’espace et la percée fulgurante de l’intelligence artificielle dans le domaine militaire opèrent manifestement un basculement déterminant dans l’emploi des forces armées. Les déflations capacitaires des armées européennes laissent augurer des situations complexes pour l’UE à l’heure où le reste du monde réarme massivement.
L’avenir s’annonce tendu. L’UE doit se préparer à faire face aux futures crises mondiales qui emportent des conséquences en matière de sécurité et de défense. Les risques pesant sur le parapluie américain, depuis des années, devraient sonner comme une mise en garde solennelle dans les capitales européennes. Or, l’UE est consciente du fait que le « renforcement de la politique de sécurité et de défense demandera aux États membres des efforts dans le domaine des capacités » . Mais, les États repoussent l’inévitable pour des raisons
budgétaires évidentes. Une nouvelle ère d’incertitudes, peut-être même de changement de leadership mondial, s’ouvre progressivement. Après la Deuxième Guerre mondiale, la France a pu conserver son rang de grande puissance, disposer d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, grâce à l’arme nucléaire et aussi, dans une certaine mesure, grâce à ses nombreux territoires ultramarins, vestiges de son rayonnement colonial passé. Si hier les États-Unis ont pu douter de la capacité de la France à mettre en valeur ces territoires, il serait aujourd’hui risqué de démontrer, par l’inaction, que les craintes américaines étaient fondées.
En définitive
Le réveil européen semble tardif dans la zone Indopacifique. Les stratégies françaises et européennes déployées sont louables. Mais, les grands équilibres stratégiques sont d’ores et déjà en place. Par conséquent, les marges de manœuvre européennes sont étroites, mais elles existent. Cependant, l’absence de volonté politique forte en matière d’autonomie stratégique prive les Européens de l’esprit de dépassement qui anime la Chine et les États-Unis. L’UE appartient à tous ses États membres et n’appartient, manifestement, à aucun d’entre eux, en particulier. C’est cela sa plus grande faiblesse dans la bataille du leadership mondial qui se joue dans le monde et, en particulier, dans la zone Indopacifique.
L’entêtement idéologique consistant à cultiver une dépendance trop forte à l’égard de l’OTAN et à reléguer, au second plan, les représentants des territoires d’outremer dans la bataille Indopacifique qui fait rage pourrait être préjudiciable à la France et l’UE. Pourtant, la légitimité de la présence française dans cette zone repose sur des territoires qui ont une histoire et des relations bilatérales privilégiées avec les pays de la région. Le sous-développement chronique des outre-mer, malgré leurs richesses avérées et supposées, nourrit une défiance à l’égard de la France et l’UE. Massivement exploitée par les BRICS+, cette défiance pourrait fragiliser à terme, sans mesures correctives, la présence européenne dans la zone Indopacifique. Ignorer ces faits, dans ce contexte inédit, serait, certainement, une erreur stratégique majeure. Les récentes déconvenues de la France en Afrique francophone devraient éclairer utilement l’avenir de la stratégie française et européenne dans la région Indopacifique. En outre, compte tenu du fait que les États-Unis n’hésitent plus à sacrifier ouvertement l’UE pour défendre leurs intérêts propres, il est fort à craindre que l’UE puisse, à l’avenir, faire face seule à une certaine instabilité née de son propre défaut d’autonomie stratégique. Un tel contexte laisse planer un risque sécuritaire majeur pour les Européens. Seule une Union européenne plus avertie, collaborant avec l’Amérique et non soumise à elle, peut décider de son propre sort dans cette nouvelle recomposition des équilibres mondiaux.
i Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. « La stratégie de la France dans l’Indopacifique ». Paris: Gouvernement, février 2022. ii SEAE. « Stratégie de l’UE pour la coopération dans la région indo-pacifique ». Fiche descriptive. Bruxelles: Union européenne, septembre 2021.
iii Parlement européen, Résolution du Parlement européen du 20 janvier 2021 sur la mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune – rapport annuel 2020 (2020/2207(INI)), 20 janvier 2021, p. 4.
iv LORGEOUX, Jeanny, André TRILLARD, René BEAUMONT, et al. « Rapport d´information fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées au nom du groupe de travail sur la maritimisation ». Sénat, 17 juillet 2012, p. 11. v Raphaël CANN, Un réseau de l'État islamique démantelé en Côte-d'Ivoire et à Madagascar, Mayotte 1ère, 25/11/2024.
vi Gouvernement du Canada, Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique, 2022, 27 p. vii Contribution de la Conférence des Présidents des Régions ultrapériphériques à la consultation publique concernant le règlement (UE) n° 1315/2013 sur les orientations de l’Union pour le développement du réseau transeuropéen de transport (RTE-T). viii KONAN Koffi Éric, Les risques liés au transport maritime : étude sur la sécurité et la sûreté maritimes, thèse de Droit, Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2018, p. 36. ix LETCHIMY Serge, L’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne : Contribution à l’application du cadre dérogatoire au service d’un projet global de développement des régions ultrapériphériques, Rapport au Premier ministre, monsieur Jean-Marc AYRAULT, Paris, 2013.
x Service européen pour l’action extérieure, «Vision partagée, action commune : Une Europe plus forte: une stratégie globale pour la politique estrangère et de sécurité de l’Union européenne », 2016, p. 28.
xi Gouvernement. « La stratégie de la France dans l’Indopacifique », 2022.
xii Thomas GOMART, op. cit., p18.
xiii James MONROE, discours annuel au Congrès, 2 décembre 1823.
xiv Fukuyama Francis. La fin de l’histoire et le dernier homme. Paris, Flammarion, 2018, 456 p. xv Protocole (n°10) sur la coopération structurée permanente établie par l'article 42 du traité sur l'Union européenne.
« ON EST RAVIS QUAND LES ÉLÈVES
S’ENGAGENT
»
Pour cette deuxième journée de la Semaine de l’environnement, ce mardi, la Somapresse (la société éditrice de Flash Infos et Mayotte Hebdo) s’est rendue dans les locaux du collège de M’gombani, à Mamoudzou, où une centaine d’élèves ont pu assister à des présentations sur les enjeux environnementaux. Parmi elles, plusieurs ont été faites par des collégiens et lycéens.
Ce mardi marquait le jour de la Semaine de l’environnement dédié aux scolaires. L’événement organisé depuis trois ans par la Somapresse afin de précéder la remise des Trophées de l’Environnement a ravi les élèves présents au collège de M’gombani, dans la commune de Mamoudzou. La journée s’est articulée sur la place de la jeunesse dans la préservation de l’environnement. Et quoi de mieux pour en parler que les enfants. Deux éco-délégués du collège de Koungou et deux autres du lycée des Lumières, à Mamoudzou, sont venus présenter les projets sur lesquels ils ont travaillé, accompagné par l’inspecteur pédagogique régional de Sciences et Vie de la Terre, Philippe Vandecasteele, et de leurs professeurs Camille Buquet et Alexis Schoone. Parmi eux, il y a le projet plasma pour analyser la teneur en micro-plastique dans l’eau, ateliers sur la mer durant la Fête de la Science, plantations au sein du lycée… Les initiatives ne manquent pas. “On a aussi fait de la sensibilisation pour que les élèves apportent leurs vêtements et jouets usagés au lieu de les jeter” , décrit l’écodéléguée du lycée des Lumières. Ils ont aussi abordé leur manière de sensibiliser leurs camarades. “Moi je les motive avec des jeux, je pense que c’est plus
facile de faire passer le message quand c’est ludique” , estime Fatima, éco-déléguée au collège de Koungou. “Moi je les alerte davantage sur les conséquences. Par exemple, je leur explique que le plastique jeté dans l’eau finit mangé par les poissons. Sauf qu’on mange les poissons ensuite, donc on mange du plastique alors que c’est mauvais pour la santé” , développe Zaidine. L’assemblée qui les écoute est également composée d’éco-délégués du collège de M’gombani, qui ne manquent pas de participer aux échanges avec enthousiasme. “Moi je pense qu’il faudrait donner des amendes” , avance l’un. “Quand je vois un camarade jeter un déchet par terre, je lui dit de le ramasser, et sinon je le fais moi-même”, enchaîne un autre. “On est ravis quand les élèves s’engagent” , commente Chérif Tahri, principal du collège de Passamaïnty venu prendre part à la présentation.
“Sans un bon environnement, on ne vivra pas”
L’après-midi, c’était au tour du conseil municipal des jeunes de Mamoudzou de venir présenter ses projets environnementaux. Issus des lycées des Lumières et de Younoussa Bamana, les
Des éco-délégués du collège de Koungou et du lycée des Lumières sont venus parler de leurs projets environnementaux dans l’amphithéâtre du collège de M’gombani, à Mamoudzou.
Les élèves présents dans le public, également écodélégués, ont été enthousiastes et concentrés tout au long de la journée.
représentants de l’instance, dont le jeune maire Kamil-Eddine Tany Ali, ont donné un aperçu de Dago La Urahafu, un concours de ramassage de déchets intervillages à Mamoudzou, qui sera discuté au prochain conseil municipal des jeunes. Une démarche importante pour le jeune premier édile : “Sans un bon environnement, on ne vivra pas.” Ils ont également animé un quizz endiablé sur l’environnement, qui a soulevé les rires, les cris de joie et les applaudissements des jeunes présents dans l’amphithéâtre du collège. Un enthousiasme qui donne espoir quant à l’implication de la jeunesse
sur ces questions. Elle s’est en tous cas illustrée tout au long de cette journée de présentations (voir encadré) par sa perspicacité et sa concentration. “Il faudrait consommer moins d’électricité, car elle est produite avec du gasoil à Mayotte. Il ne faut pas polluer pour rien”, évoque comme idée un élève de sixième, illustrant la rigueur des connaissances et de la réflexion du public. Un constat encourageant pour le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, venu dire un mot aux jeunes pour cette journée dédiée à l’environnement : “C’est vous l’avenir de Mayotte” n
DES PRÉSENTATIONS DIVERSES ET VARIÉES
Les élèves ont eu droit à des conférences sur divers sujets environnementaux. Philippe Vandecasteele, l’inspecteur pédagogique régional de Sciences et Vie de la Terre, leur a expliqué l’importance de la sensibilisation et de l’implication des jeunes. “On pourrait par exemple distinguer les jeunes les plus engagés à travers un prix”, lance-t-il comme idée. Le Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam) est également intervenu pour présenter la déchetterie de Malamani et les déchets qu’on peut y apporter. L’après-midi, après la visite du recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, et ses mots d’encouragement, les Eaux de Mayotte ont présenté leur rôle et les différents cycles de l’eau, à savoir celui naturel avant de parler du traitement. Nabiib Mze Boinaidi, fondateur de l’entreprise Maji Mewou, qui commercialise différentes solutions de filtrage de l’eau du robinet, a fait un exposé sur l’impact de la pollution plastique sur le milieu marin. Enfin, Emma Velez, animatrice pédagogique au sein du Parc naturel marin de Mayotte, a présenté le rôle du parc, les milieux et espèces qu’il protège.
MAYOTTE BEAUX LIVRES SOUS-MARINS DE MAYOTTE (1/7)
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
Moins visibles peut-être que les beaux livres classiques dans lesquels on découvre la terre sous toutes ses facettes, il existe, à Mayotte notamment, une catégorie de beaux livres sous-marins. Nous appelons ainsi les beaux livres qui photographient ce que JacquesYves Cousteau nommait le monde du silence – du nom de son documentaire avec Louis Malle en 1955 -, une expression à laquelle donnent tort tous les poissons qui rendent la mer sonore en croquant la barrière de corail. Partant du principe que les photographies des fonds marins n’intéressent pas seulement les plongeurs qui y ont directement accès à la façon d’un spectacle vivant, nous avons souhaité consacrer une série aux beaux livres sous-marins et offrir une vision des fonds de Mayotte à ceux qui sont allergiques au masque et au tuba ou, pire encore, au détendeur – soit le mécanisme qui permet au plongeur de respirer à sa bouteille. Deux auteurs s’illustrent dans cette catégorie : un homme et une femme. La femme se nomme Emmanuelle Camallonga et l’homme Marc Allaria. Elle est l’auteur d’un livre intitulé : Symphonie sous-marine du lagon de Mayotte (2012). Il est l’auteur de plusieurs livres respectivement intitulés : Histoire de plonger... à Mayotte (2009), Plongeur solitaire entre Nouvelle Calédonie et Mayotte (2012), L’Afrique bleue (2014) et Poissons de Mayotte (2016). Qui sont-ils ? Marc Allaria naît en 1974 sur les bords de la Méditerranée. Il commence sa carrière de plongeur en 1997. Il arrive à Mayotte en 2004 et devient moniteur, scaphandrier et auteur en 2007. En 2008, il part voyager en Océanie, mais publie, l’année suivante : Histoire de plonger à Mayotte. C’est le début d’une série d’ouvrages dont le deuxième s’intitule : Le Monde sous-marin du Vanuatu. En 2011, Marc Allaria est de retour à Mayotte et publie Plongeur solitaire (2012), L’Afrique bleue (2014) et Poissons de Mayotte (2016). Il photographie pour montrer ce qu’il a vu, pour montrer ce qu’il y a sous
l’eau. Pour ce faire, il varie les formes, du journal de voyage au reportage en passant par le blog. Sa dernière tentation est, à ce jour, encyclopédique.
L’on sait moins de choses d’Emmanuelle Camallonga. Elle se présente comme professeur d’Arts appliquées. Elle a vécu à Marseille, à La Réunion, en Polynésie et à Mayotte. Alliant son métier à sa passion, elle sillonne le monde pour plonger. Elle est principalement l’auteur de Symphonie sousmarine du lagon de Mayotte en 2012. Elle a également collaboré à Mayotte : regards croisés, (2011), sous la direction de Thierry Mesas et Gilles Tordjeman en fournissant les images sous-marines qui l’illustrent.
Ainsi ces deux auteurs se ressemblentils par leur métier d’enseignant, le goût du voyage et le choix des destinations, la passion de plonger et de photographier, sans oublier l’envie d’écrire.
Le but de la présente série est de suivre la chronologie des beaux livres sous-marins relatifs à Mayotte en croisant les regards de Marc Allaria et d’Emmanuelle Camallonga. Cette catégorie livresque s’inscrit dans celle, plus vaste, du beau livre maritime qui inclut les guides. Rappelons aussi que cette orientation est déjà esquissée dans des beaux livres classiques. Il suffit de songer à la dernière section de Mayotte : l’île hippocampe de Franck Hick et Nassur Attoumani en 1993 ou encore à Mayotte entre ciel et océan de Michel Forêt et Maliki Faissoili en 2011.
Le moment est venu de quitter la terre de Mayotte pour l’océan qui l’entoure, et surtout pour son lagon. Nous souhaitons la bienvenue au lecteur dans un monde sousmarin qui regorge de merveilles naturelles qui adressent autant à celui qui veut connaître qu’à celui qui cherche son plaisir.
Christophe Cosker
Pouvoir adjudicateur
Communauté de Communes de Petite Terre (976)
Moidjoumoi MALIDI 97615 Pamandzi
AVIS DE MARCHÉ - SERVICES
Pouvoir adjudicateur
Commune de Dzaoudzi-Labattoir (976) Moidjoumoi MALIDI
97610 Labattoir
Tel : +33 269601175. Fax : +33 269600436. E-mail : moidjoumoi.malidi@ccpt.yt
Adresse internet :
Objet du marché
Le marché a pour objet la refonte du site internet de la Ville de Dzaoudzi
Caractéristiques
Type de procédure : Procédure adaptée - Ouverte.
Lots
LOT N° 1 :
Description succincte
Refonte du site internet
LOT N° 2 :
Description succincte
Rédaction de contenus
Durée du marché
AVIS DE MARCHÉ - SERVICES
Tel : +33 269601282. Fax : . E-mail : moidjoumoi.malidi@ccpt.yt
Adresse internet :
Objet du marché
Accord-cadre à bons de commande
relatif à la prestation de services d’agence de voyage pour les élus et agents de la Communauté de communes de Petite-Terre
Caractéristiques
Type de procédure : Procédure adaptée - Ouverte.
Durée du marché
Le marché est conclu pour une période initiale d’une année. Il est renouvelable trois fois un an.
Modalités d’attribution
L’accord-cadre sera attribué à un seul opérateur économique.
Critères de sélection
Critère 1:Prix des prestations 60 %
Critère 2:Valeur technique 40 %
sous-critère 2.1: Modalités de demande de devis 10 %
La durée globale prévue pour l’exécution de l'ensemble des prestations est de 24 mois.
Modalités d'attribution
Chaque lot sera attribué à un seul opérateur économique.
Date limite
Date de clôture : Vendredi 17 janvier 2025 - 12:00
Date d'envoi du présent avis 27 novembre 2024
sous-critère 2.2: Délais de traitement de la demande 10%
sous-critère 2.3: L’équipe affectée à la réalisation de la mission 10 %
sous-critère 2.4: Dispositifs mis en place en cas de retard ou d’annulation de vol 10 %
Date limite
Date de clôture : Vendredi 10 janvier 2025 - 12:00
Date d’envoi du présent avis 26 novembre 2024
AVIS D’APPEL PUBLIC À LA CONCURRENCE - SERVICES
Section 1 : Identification de l’acheteur
Nom complet de l’acheteur : Les Eaux de Mayotte (976)
Numéro national d’identification :
Type : SIRET - N° : 20009346600015
Code postal / Ville : 97600 Mamoudzou
Groupement de commandes : non
Section 2 : Communication
Moyens d’accès aux documents de la consultation
Lien vers le profil d’acheteur : https:// www.marches-securises.fr
Identifiant interne de la consultation : 2446-EU-300
L’intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil d’acheteur : oui
Utilisation de moyens de communication non communément disponibles
: non Nom du contact : Ahamada
FAHARDINE, le Président - Mail : inaya.ahamada@eauxdemayotte.yt
Section 3 : Procédure
Type de procédure : Procédure adaptée ouverte
Conditions de participation :
Aptitude à exercer l’activité professionnelle : Déclaration sur l’honneur pour justifier que le candidat n’entre dans aucun des cas d’interdiction de soumissionner
Capacité économique et financière : Déclaration concernant le chiffre d’affaires global et le chiffre d’affaires concernant les prestations objet du contrat, réalisées au cours des trois derniers exercices disponibles
Capacités techniques et professionnelles : Déclaration indiquant les effectifs moyens annuels du candidat et l’importance du personnel d’encadrement pour chacune des trois dernières années Liste des principales prestations effectuées au cours des trois dernières années, indiquant le montant, la date et le destinataire. Elles sont prouvées par des attestations du destinataire ou, à défaut, par une déclaration du candidat Indication des titres d’études et profes-
sionnels de l’opérateur économique et/ ou des cadres de l’entreprise, et notamment des responsables de prestation de services ou de conduite des travaux de même nature que celle du contrat
Déclaration indiquant l’outillage, le matériel et l’équipement technique dont le candidat dispose pour la réalisation du contrat
Technique d’achat : Accord-cadre
Date et heure limite de réception des plis : Mercredi 18 décembre 2024 - 12:00
Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite Réduction du nombre de candidats : non Possibilité d’attribution sans négociation : oui
L’acheteur exige la présentation de variantes : non
Identification des catégories d’acheteurs intervenant (accord-cadre uniquement) : Opérateurs économiques
Critères d’attribution : 1-Prix des prestations 40.0 %
2-Valeur technique 60.0 %
Section 4 : Identification du marché Intitulé du marché : ACCORDCADRE MULTI ATTRIBUTAIRE
A BONS DE COMMANDE
DIAGNOSTIC DES SYSTEMES
D’ASSAINISSEMENT (RESEAUX ET OUVRAGES DE TRAITEMENT)
Classification CPV : 71313000
Type de marché : Services
Description succinte du marché : Les prestations de l’accord cadre portent sur la réalisation de missions de diagnostic sur des systèmes d’assainissement à savoir réseaux (canalisations et postes de refoulement) et station d’épuration pour aboutir suivant les cas à des propositions de programme chiffrés sur lesquels des prestations de maitrise d’oeuvre seront lancées.
Lieu principal d’exécution : Territoire de Mayotte
Durée du marché (en mois) : 24
Valeur estimée hors TVA : 420000 euros La consultation comporte des tranches : non
La consultation prévoit une réservation de tout ou partie du marché : non
Marché alloti : non
Section 6 : Informations complémentaires
Visite obligatoire : non
Date d’envoi du présent avis
26 novembre 2024
MAGAZINE D’INFORMATION
NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE
Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros
7, rue Salamani
Cavani M’tsapéré
BP 60 - 97600 Mamoudzou
Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com
Directeur de la publication
Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com
Directeur de la rédaction
Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com
Rédactrice en cheffe
Raïnat Aliloiffa
Couverture : INTERNET : MAYOTTE PEINE À SE CONNECTER
Journalistes
Raïnat Aliloiffa
Alexis Duclos
Saïd Issouf
Marine Gachet
Lisa Morisseau
Inès Alma
Nadhuir Mohamady
Direction artistique
Franco di Sangro
Graphistes/Maquettistes
Olivier Baron, Franco di Sangro
Commerciaux
Cédric Denaud, Murielle Turlan
Comptabilité
Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com
Première parution
Vendredi 31 mars 2000
ISSN 2402-6786 (en ligne)
RCS : n° 9757/2000
N° de Siret : 024 061 970 000 18
N°CPPAP : 0125 Y 95067
Site internet www.mayottehebdo.com