Mayotte Hebdo n°1111

Page 1


LE MOT DE LA RÉDACTION

PAS D’EAU, PAS D’ÉCOLE

Imaginez un département français où les coupures d’eau s’enchaînent depuis plusieurs années. Imaginez un département français où les habitants sont contraints de stocker l’eau dans des bassines pour pouvoir vivre. Imaginez un département français où les élèves ne peuvent pas aller à l’école, car il n’y a pas d’eau. En réalité, il n’est pas nécessaire d’imaginer, car tous ces scénarios existent à Mayotte. Cette semaine encore, dans le sud de l’île, des établissements scolaires ont dû fermer pendant plusieurs jours à cause d’une coupure d’eau. La raison avancée par les autorités est un incident technique, mais depuis le début de la crise hydrique, ce n’est pas la première fois que des enfants sont privés de cours faute d’eau. L’année dernière, combien de fois des élèves ontils été renvoyés chez eux parce que les robinets ne coulaient plus dans les établissements scolaires ? Cela paraît inimaginable et pourtant, c’est la réalité des Mahorais. Sans être alarmiste, les prochains mois ne présagent aucune amélioration. Les coupures inopinées deviennent de plus en plus fréquentes, car les réservoirs se vident rapidement. Et malgré les assurances selon lesquelles les travaux de l’usine de dessalement avancent, que les forages se poursuivent et qu’une troisième retenue collinaire est en projet, les habitants de Mayotte savent qu’ils devront composer avec ces coupures pendant encore longtemps. Bonne lecture à tous,

Raïnat Aliloiffa.

TCHAKS

TASLIMA

SOULAÏMANA REÇOIT

LA MÉDAILLE DE L’ORDRE NATIONAL DU MÉRITE

L'ordre national du mérite a été remise à Taslima Soulaïmana, ce lundi 11 novembre, par le préfet de Mayotte, FrançoisXavier Bieuville. La popularité de cette jeune femme très engagée dans le développement social de notre île s'est vérifiée dans une salle du cinéma Alpa Joe comble. La directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes a indique que « cette médaille est vraiment décernée à toutes les femmes, tout Mayotte, pour cette jeunesse car toute seule je ne serai pas arrivée à faire ce que j'ai pu faire. » Taslima Soulaimana vient de réussir le concours des instituts régionaux de l'administration, et va se former en métropole. Elle quittera donc ses fonctions à Mayotte d’ici la fin de l’année.

LANCEMENT DE LA CAMPAGNE TARIMI

CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES CE VENDREDI

Le 20 novembre marque les 35 ans de l’adoption de la Convention internationale des droits de l’enfant par l’assemblée générale des Nations unies en 1989. À cette occasion, la communauté des communes du Sud (CCSud), le centre intercommunal d’action sociale (CIAS) et l’association Souboutou Ouhedze Jilao qui lutte contre les violences sexuelles et sexistes, lancent la campagne de sensibilisation Tarimi qui se tiendra, le vendredi 15 novembre, à la médiathèque de Bandrélé, de 7h30 à 12h et de 13 h à 14h. Le séminaire a pour thématique « Renforcer l’éducation parentale pour garantir une meilleure protection des enfants contre les violences sexuelles et l'inceste ». Le 17 novembre, une marche blanche “Diya ni Tarimi” en solidarité avec les personnes victimes sera organisée dans le nord-ouest de l’île à M’tsangamouji. La campagne culminera avec un brunch musical «se retrouver à travers l’art thérapie », le 24 novembre au chicken grill à Combani.

LE PARC NATUREL MARIN DONNE SON FEU VERT POUR L’USINE DE DESSALEMENT

Le conseil de gestion du Parc Naturel Marin a voté, ce mercredi, l’avis conforme sur la création d’une usine de potabilisation par dessalement sur Ironi Bé, dans la commune de Dembéni. S’il donne un avis favorable, il estime néanmoins que plusieurs points doivent être éclaircis. « Nous, au Parc marin, ce qui nous préoccupe, c’est la protection de l’environnement, notamment dans ce dossier, la mangrove et le rejet de saumure », précise le président du conseil Abdou Dahalani.

MAYOTTE REPRÉSENTÉE À L’UNIVERSITÉ RURALE DE L’OCÉAN INDIEN

L’ouvrage “Atlas de la ruralité mahoraise”, financé par le Département, a été présenté par la délégation mahoraise à la onzième édition de l’Université rurale de l’océan Indien (Uroi), qui s’est tenue du 6 au 8 novembre à Saint-Joseph, à La Réunion. Lors de cet événement qui rassemble les acteurs du développement agricole de la région, les représentants mahorais, conduit par le conseiller départemental du canton de M’tsamboro, Abdoul Kamardine, ont pu aborder les difficultés rencontrées par le monde agricole avec la crise de l’eau et les barrages, tout en soulignant la résilience du secteur. La délégation mahoraise a ainsi affiché sa volonté d’accroître la production, structurer les filières, promouvoir la transition agro-écologique, adapter les pratiques agricoles et enfin faciliter l’accès au foncier.

LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

FO JUSTICE PROPOSE L’AFFRÈTEMENT

POUR DÉSENGORGER LES PRISONS

Publié par N.P, sur Zinfos 974, le 13/11/2024

Face à la crise de surpopulation au centre pénitentiaire de des transferts massifs de détenus vers la métropole.

Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, FO Justice alerte sur la situation alarmante des établissements pénitentiaires des départements d’outre-mer de l’océan Indien, particulièrement à Mayotte. Le syndicat souligne que la surpopulation carcérale y atteint des niveaux « paroxysmiques ». Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO Justice, rappelle que malgré les engagements pris en 2022 pour la construction d’un nouvel établissement à Mayotte, le projet reste « au point mort »

L’urgence de la situation a été amplifiée par une mutinerie récente au centre pénitentiaire de Majicavo. « Vous avez personnellement pris des engagements et avez demandé au préfet de trouver un terrain pour lancer la construction d’un nouvel établissement », écrit Emmanuel Baudin, tout en soulignant qu’un second centre ne verra probablement pas le jour avant 2030.

Organiser

des

transferts massifs

de détenus condamnés à de longues peines vers la métropole

Pour pallier les limites actuelles, FO Justice propose des solutions concrètes : organiser des transferts massifs de détenus condamnés

à de longues peines vers la métropole via l’affrètement d’un avion. « Ce sont ces mêmes détenus qui sont d’ailleurs bien souvent les meneurs, et qui dictent leur loi dans l’établissement », déplore le syndicat. Selon FO Justice, une telle mesure permettrait non seulement de réduire la pression sur Majicavo mais également de « casser ces réseaux organisés »

L’organisation syndicale pointe également les difficultés des personnels pénitentiaires, qui « tiennent ces établissements à bout de bras », mais se disent aujourd’hui « fatigués et complètement démunis ». Emmanuel Baudin insiste sur la nécessité d’envoyer un « message fort » aux personnels et à la population pénale pour restaurer un équilibre dans les prisons de l’océan Indien.

Alors que la situation reste critique, FO Justice appelle le ministère de la Justice à agir rapidement pour éviter une détérioration supplémentaire des conditions de détention à Mayotte.

L’AFFRÈTEMENT D’UN AVION PRISONS DE MAYOTTE

Majicavo, FO Justice interpelle le ministre de la Justice pour demander

Photo d'illustration

Mobilité : Désengorger Mayotte par tous les moyens

SUR UN TERRITOIRE DE 374 KM², LES HABITANTS SUFFOQUENT À CAUSE DES EMBOUTEILLAGES INTERMINABLES, PRÉSENTS À TOUTE HEURE DE LA JOURNÉE. CERTAINS Y LAISSENT LEUR SANTÉ, AINSI QUE LEUR VIE SOCIALE ET FAMILIALE. POUR DÉSENGORGER L’ÎLE ET AMÉLIORER LE QUOTIDIEN DES AUTOMOBILISTES, LES AUTORITÉS, NOTAMMENT LES COMMUNES ET INTERCOMMUNALITÉS, N’ONT D’AUTRE CHOIX QUE DE PROPOSER DES ALTERNATIVES. LES TRANSPORTS COLLECTIFS ET LA

MOBILITÉ DOUCE SONT LES SOLUTIONS ENVISAGÉES. MAIS TOUT CELA PREND DU TEMPS À SE METTRE EN PLACE, ET EN ATTENDANT, CERTAINS OPTENT POUR LES TAXIS-MOTO, BIEN QU'ILS SACHENT QU'ILS ENFREIGNENT LA LOI.

TÉMOIGNAGES

Embouteillages : « J’ai l’impression de faire un burn-out »

DE

NOMBREUX MAHORAIS TRAVAILLANT À MAMOUDZOU SONT PIÉGÉS CHAQUE JOUR DANS LES EMBOUTEILLAGES. MANQUE DE SOMMEIL, CONSÉQUENCES SUR LA VIE SOCIALE ET LA SANTÉ, PLUSIEURS AUTOMOBILISTES NOUS RACONTENT LEUR QUOTIDIEN.

Plus de quatre heures pour aller au travail : c’est le « cauchemar » récurrent que vivent bon nombre de Mahorais, coincés dans les embouteillages. C’est bien le mot employé par les automobilistes qui doivent se lever avant le soleil pour espérer ne pas être en retard à leur prise de poste. « Je me réveille à 2h50 du matin pour partir de chez moi à 3h30. J’arrive généralement aux environs de 4h20. Partir plus tard n’est plus envisageable, car la dernière fois que je suis partie à 4h je suis arrivée à 7h05 », décrit Yousra*, qui part de Chirongui pour travailler à Mamoudzou. Même chemin de croix pour Femida, qui quitte elle aussi chaque matin Chirongui pour embaucher à M’tsapéré, au centre médico-psychologique. Départ à 4h, arrivée à 5h30. Elle fait une sieste jusqu’à 8h pour tenter de rattraper le sommeil perdu avant le début du service. « Je sens ensuite que j’ai moins d’attention, parfois j’ai l’impression de faire un burn-out », déplore l’éducatrice spécialisée. Un état de fatigue qui a déjà failli coûter la vie à Hidaya, ingénieure en informatique à la ville de

« Une fois, je me suis endormie au volant et j’ai fait une sortie de route »

Mamoudzou, qui habite également Chirongui. « Une fois, je me suis endormie au volant et j’ai fait une sortie de route », raconte celle qui a également constaté que l’impatience provoquée par les bouchons en conduisait certains à adopter des comportements dangereux sur la route, voulant doubler la voiture précédente à tout prix. Une situation encore pire depuis l’installation des

nouveaux feux tricolores dans Mamoudzou selon Nourdine, qui doit traverser l’enfer de Kawéni aux heures de pointe après avoir quitté M’tsangamouji à 4h30.

« Je pars tôt pour rentrer tard »
«

JE NE VOIS PAS MES ENFANTS LE MATIN »

Ce sommeil amputé néfaste pour la santé, tous les conducteurs qui se livrent à nous en témoignent. Mais les dégâts sur le corps ne s’arrêtent pas là. La position assise et la crispation prolongée sur l’embrayage et la pédale de frein ont des conséquence sur les muscles et les articulations. Yousra souffre de discarthrose, une affection fréquente des disques articulaires présents au niveau du dos. Hidaya ressent des douleurs au dos lors des journées rythmées par les bouchons. Mais c’est surtout une vraie souffrance psychologique pour beaucoup. « Ma vie personnelle s’est réduite à de l’anticipation : je pars tôt pour rentrer tard ! Je ne vois pas mes enfants le matin », dresse comme bilan Yousra. « Moi, j’ai renoncé à tous les loisirs sur Mamoudzou, je ne vais pas à certains événements à cause des embouteillages », explique de son côté Razanti, qui a l’habitude de partir à 4h20 de Tsimkoura, dans la commune de Chirongui, pour être à 7h devant ses élèves à Mamoudzou. À cela s’ajoute que dans la file d’attente incessante des voitures, la peur des agressions est inévitable. « J’ai été victime à plusieurs reprises de caillassages », raconte Yousra. Si Razanti n’a, jamais été agressée alors qu’elle était au volant, la crainte reste omniprésente. « J’ai très souvent peur des caillassages. J’ai déjà

vu cela arriver à quelques voitures devant moi. Heureusement qu’à chaque fois j’ai su manoeuvrer rapidement », relate-t-elle.

«

J’AI VITE ABANDONNÉ L’IDÉE DU BUS »

Face à cette situation, beaucoup ont essayé d’opter pour le bus. « Je suis moins crispée sur l’embrayage et au moins je peux commencer à travailler pendant le trajet », met en avant Hidaya, qui a su tirer parti de cette méthode, couplée avec du télétravail. Mais l’essai n’est pas fructueux pour tout le monde. « J’ai tenté les navettes de la Cadema. Mais les bus

n’arrivaient pas forcément aux horaires indiqués et souvent ils étaient remplis en plus d’être la cible principale des caillasseurs, donc j’ai vite abandonné l’idée », regrette Yousra, qui a décidé de passer le permis moto pour pouvoir pratiquer l’inter-files. Femida, elle, ne voulant pas déménager de sa maison dont elle est propriétaire, réfléchit à reprendre un emploi dans le Sud, plus proche de son domicile : « J’adore mon métier, mais j’ai même pensé à changer de boulot, car je n’en peux plus de subir ça. » n

*Le prénom a été modifié

Certains mettent parfois plus de quatre heures pour se rendre au travail en voiture à cause du trafic.

reportage

Le vélo à un doux rêve

ALORS QUE DES MILLIERS DE VOITURES S’ACCUMULENT À L’ENTRÉE DES DÉPLACEMENT SUR L’ÎLE. LES BICYCLETTES COMMENCENT À AVOIR LA COTE,

« On est au début du début » reconnaît Léo Jusiak, chargé de mobilité active à Communauté d'Agglomération Dembéni - Mamoudzou (CADEMA), à propos du vélo à Mayotte. Sur l’île aux parfums, il ne suffit pas de savoir pédaler pour en pratiquer : il faut pouvoir rouler en sécurité, sur des aménagements adaptés. Et

ce n’est pas forcément sur la Route nationale 1, 2 ou 3 que ce mode de déplacement est idéal. Pourtant, le vélo pourrait simplifier la vie de beaucoup d’usagers des routes, lassés d’être bloqués à l’entrée de Mamoudzou ou d’autres communes. Et la loi du 24 décembre 2019 d’orientation des mobilités (LOM) donne

à Mayotte, rêve

DES COMMUNES, LA MOBILITÉ DOUCE APPARAÎT COMME UNE SOLUTION À DE NOMBREUX FREINS AU COTE, ENCORE FAUT-IL DES INFRASTRUCTURES ADAPTÉES, ET LES MOYENS D’EN FAIRE.

les orientations : rendre le vélo et la marche attractifs, décrits comme mode de mobilités actives, font partie des cahiers des charges.

« Une fois, je me suis endormie au volant et j’ai fait une sortie de route »

ÉVITER DES HEURES DE BOUCHONS

La Cadema met dans ses dossiers prioritaires les mobilités actives, dites douces « mais ce n’est pas dans ses dossiers vitaux » précise le chargé de mobilité. Si le projet Caribus est dans les papiers depuis une dizaine d’années et (pré)occupe une grande partie des acteurs, des pistes cyclables y sont greffées pour compléter l’offre de transport. Celle reliant Passamaïnty au rond-point Baobab « est quasiment finalisée », et sera livrée dès le mois de décembre prochain. Un tronçon qui devrait aussi s’agrandir, puisque l’ambition est de créer de nombreuses pistes à Kawéni, entre Tsararano et Dembéni et dont les projets sont déjà à l’étude. Le principal objectif est évidemment de désengorger les routes, qui sont fréquentées par au moins 20 000 véhicules par jour rien qu’à Mamoudzou. Des conditions de circulations difficiles à l’entrée des communes avec des heures de bouchons, alors que près de 4 Mahorais sur 10 travaillent hors de leur commune d’habitation, selon l’Insee. « C’est dommage de rester des heures bloqués pour faire 3 kilomètres, estime Léo Jusiak, alors certaines personnes prennent le vélo. Elles n’ont pas vraiment le choix ». Pour les encourager, la Cadema a mis en place depuis 2022 une prime pouvant aller jusqu'à 600 euros, pour s’acheter un vélo électrique qui coûte en

moyenne 3 000 euros. « Même si ça coûte cher, c’est toujours plus abordable qu’une voiture » selon le responsable mobilité. Et l’intercommunalité tente de donner l’exemple, puisqu’elle a mis à disposition une quarantaine de vélos électriques à disposition de ses agents.

De l’autre côté du lagon, en Petite-Terre, l’ambition est la même : sur le territoire de 11 km2 qui possède déjà une courte piste cyclable, des travaux se préparent pour la création de 9 kilomètres de pistes (voir photo). Si les embouteillages sont moins présents sur la petite île, d’autres problèmes comme celui du stationnement constituent des freins à la mobilité. Et Mohamed Hamissi, chargé des mobilités et transport pour la Communauté de Communes De Petite Terre (CCPT) et ancien responsable du projet Caribus, avertit que « le parc automobile s’agrandit et Petite-Pierre ne peut pas supporter un flux d’automobilistes semblable à celui de Mamoudzou ». Alors, pour prévenir l’augmentation des véhicules, le vélo est encore une fois la solution toute trouvée, surtout sur le territoire qui est relativement plat et petit. Mais les pistes cyclables coûtent cher aux intercommunalités, au moins un million d’euros le kilomètre, estime Léo Jusiak. Encore faut-il en avoir l’autorité, ce qui n’est pas le cas de la CCPT, qui doit donc faire valider ses projets par le Département (contrairement à la Cadema).

« Je pars tôt pour rentrer tard »

UNE DOUBLE SÉCURITÉ À GARANTIR

Sur le papier, tout roule puisque les communes se mettent au vélo et tentent de proposer sur le plus ou moins long

terme des solutions aux usagers malgré un budget serré. Mais dans les faits, les freins sont nombreux dans la pratique du vélo pour les usagers. « Il faut les mettre en confiance, estime Mohamed Hamissi, en leur proposant des aménagements sécurisés ». Et le mot sécurité recouvre bien deux sens : d’abord celui en rapport aux autres usagers de la route. La piste cyclable reliant Passamaïnty à Baobab de la Cadema sera partagée avec les piétons, tout comme celle sur Petite-terre. Il faut donc conjuguer les besoins et le savoir partager pour éviter les « conflits d’usage » « Nos agents ont bénéficié d’une formation de sécurité routière » explique le responsable mobilité qui imagine la mise en place de médiateurs pour aider les différents usagers de la piste à partager. Surtout, le tronçon bientôt livré de la commune de la Mamoudzou sera protégé des voitures par des panneaux en bois. De quoi rassurer, mais pas forcément protéger de tous les dangers. La sécurité, c’est aussi celle individuelle, face à la délinquance. Là encore, les chargés de mobilités veulent miser sur l’aménagement des infrastructures comme les éclairages publics. Mohamed Hamissi pense aussi aux vols des vélos, qui peuvent augmenter : « on songe à des emplacements sécurisés avec des codes pour

pouvoir les garer à différents endroits. » En résumé, il y a donc tout à penser : des infrastructures, à l’écosystème qui entoure la pratique du vélo comme des ateliers de réparations, déjà imaginés par la CCPT et la Cadema.

LE VÉLO DOIT TROUVER SA PLACE

Face au lancement de l’univers vélo mahorais, il faut convaincre les usagers : mettre en place « une culture vélo » selon les deux experts. « D’ici trois semaines, la Cadema organise la Fête du vélo, avec des ateliers pour s’initier au vélo ou encore sur la sécurité routière » précise Léo Jusiak. Même ambition du côté de la CCPT avec « Modes Doux », une journée de sensibilisation dont la première édition s’est tenue en mai dernier. « Nous travaillons également sur un partenariat avec l’Éducation Nationale pour intervenir dans les écoles » explique Mohammed Hamissi, afin de dispenser pour apprendre aux plus jeunes à faire du vélo. Il tient à souligner que même les cyclistes convaincus sont la cible de ces campagnes, « il y a toujours un risque qu’ils retournent vers la voiture » si les aménagements ne suivent pas. Mais il insiste sur le fait qu’il n’y a pas de volonté de « chasser la voiture. Il faut que le vélo trouve sa place » n

La carte des futures pistes cyclables sur Petite-Terre, pour un budget de 13 millions d’euros.

les agents de la Cadema ont bénéficié d’une formation avant de monter en scelle, en septembre dernier (photo d’archives)

Photo d’illustration du futur tronçon du carrefour Four à Chaux à la rue Manga Foutet, en passant audessus de la station TotalEnergies sur Petite-Terre. Les travaux commenceront en 2025.

reportage

Les premiers bus circuleront sur les voies à partir du 21 décembre

A LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DE DEMBÉNI-MAMOUDZOU (CADEMA), ON ATTEND IMPATIEMMENT LE 21 DÉCEMBRE. CE JOUR-LÀ, SES NAVETTES DEVRAIENT EMPRUNTER POUR LA PREMIÈRE FOIS LES VOIES DÉDIÉES À LA FUTURE LIGNE 1. CELLES-CI VOIENT D’AILLEURS LEURS ABRIBUS PRENDRE FORME, CES JOURS-CI.

DES ABRIBUS EN CONSTRUCTION

La future ligne 1 BHNS (pour bus à haut niveau de service) qui relie Passamaïnty à MajicavoLamir en suivant la route nationale 2 au sud de Mamoudzou et la RN1 et la rue Martin Luther King au nord, continue de prendre forme. D’ailleurs, le pôle d’échange multimodal (PEM) de Passamaïnty, terminus de la ligne au sud, se transforme actuellement. Six abribus d’une longueur de vingt mètres et de six mètres de largeur y sont installés. Sur la route, les travaux avancent bien également et la Cadema espère faire rouler ses navettes actuelles, qui relient Hajangoua aux Hauts-Vallons, à partir du 21 décembre, sur les voies réservées à la ligne 1. « Ça va être un gain de temps énorme », prédit Fabien Trifol, le directeur général adjoint de la Cadema, en charge de l’aménagement et de l’environnement. Ce ne sera pas encore réellement la ligne 1, mais « un avant-goût » Les panneaux, le marquage au sol et le mobilier urbain verront d’ailleurs le jour au cours de ces prochaines semaines. Les bus y commenceront à rouler, même s’il reste à réaliser les travaux des phases 2 et 3. En parallèle, les deux autres lignes, Passamaïnty-Vahibé et celle passant par les hauts de Mamoudzou, continueront aussi de fonctionner.

DES TRAVAUX QUI PERDURENT

Malgré l’arrivée des bus, les Mahorais n’en ont pas fini avec les embouteillages liés aux travaux, avec le début de la phase 2 en 2025

pour un montant de 70 millions d’euros. Au sud, elle comprend le tronçon entre le centre commercial Baobab et la pointe Mahabou. Elle devrait commencer en janvier 2025 et durer « quatorze mois », avec des travaux faits de nuit pour réduire les nuisances sur la circulation. Ce secteur gardera une particularité entre Baobab et le laboratoire du Lagon, puisqu’il n’y aura pas de voie réservée aux bus à cause de l’étroitesse de la chaussée. Au nord de Mamoudzou, c’est vers le mois de mars 2025 que les entreprises s’attaqueront à la route nationale 1 qui traverse Kawéni. 36 mois de travaux de chantier sont prévus. Le trafic passera par de « la voirie provisoire » et pourra aussi être reporté sur la rue Martin Luther King. Sur cet axe, une nouvelle percée permettra de rejoindre la route de la zone Nel, derrière le centre Kinga. Plus tard dans l’année, « au deuxième semestre », les travaux doivent s’étendre à la montée vers HautsVallons, jusqu’à Majicavo-Lamir. La troisième phase, entre la pointe Mahabou et l’entrée de Kawéni, et qui inclut donc le front de mer de Mamoudzou, se fera en fonction de la future gare maritime et du pôle d’échange multimodal du Département de Mayotte.

UN MARCHÉ À RELANCER

Si les lignes doivent entrer en phase de fonctionnement en 2025, qui aura le droit de mettre ses bus dessus ? Le marché rassemblant trois lots initialement attribués au groupement Optisam (Optimum, les Taxis Vanille et Salim Transports) a été annulé sur décision de justice,

le 4 juin. En effet, des transporteurs non retenus avaient eu gain de cause auprès du tribunal administratif, en mettant en avant les changements qui avaient fini par fausser le marché initial. Plutôt que de contester, et pressée par le temps, la Cadema s’est pliée à la décision de justice et s’est donnée pour mission de lancer un nouveau marché

d’exploitation. La communauté d’agglomération espère le faire dès la semaine prochaine. Au vu des délais, il semble aujourd’hui impossible de commencer la mise en service au 1er janvier 2025, d’où la décision d’offrir aux navettes actuelles le moyen de rouler sur les voies du Caribus en attendant. n

Le pôle d’échange multimodal (PEM), qui sera le terminus de la future ligne 1 au sud de Mamoudzou, commence à prendre forme.

DOSSIER

reportage

Les taxis motos, une solution face aux embouteillages ?

CHAQUE JOUR, DES TRAJETS SONT EFFECTUÉS À BORD DES TAXIS MOTOS AFIN D’ÉCHAPPER AUX EMBOUTEILLAGES DE MAMOUDZOU. CE MOYEN DE LOCOMOTION EST DE PLUS EN PLUS PRISÉ PAR LES HABITANTS, MALGRÉ SON CARACTÈRE ILLÉGAL ET LES RISQUES ENCOURUS.

Positionnés dans les endroits stratégiques de Mamoudzou, les conducteurs de taxis moto sont à l’affût de clients, et ces derniers ne se font pas attendre. « Les taxis moto ? J'adore les utiliser tous les jours » reconnaît Anais Chabouane, conseillère clientèle. En cette fin de journée de vendredi, elle vient de quitter son travail et a hâte de rentrer chez elle. La jeune femme ne tarde pas à trouver un taxi moto. Ils sont nombreux devant le centre commercial Baobab. En échange de quelques pièces, un casque lui est fourni. Elle le met rapidement et monte sur le scooter. Malgré le caractère illégal de ce moyen de transport, chaque jour, de nombreuses personnes y ont recours dans la commune chef-lieu. Selon Anaïs Chabouane, si les deux-roues sont si appréciés, c’est parce qu’ils sont plus rapides que les voitures. « C’est plus pratique, on évite les embouteillages » argumente-t-elle. La jeune femme avoue les utiliser quotidiennement pour se rendre au travail et rentrer chez elle.

« Même les policiers savent que c’est illégal, mais ils nous laissent »

Un peu plus loin, les conducteurs de taxis moto discutent entre deux courses. Amine Ali* a 29 ans, il est chauffeur de taxi moto depuis trois ans. Il explique : « Au début, j'ai travaillé un an pour une personne. Je lui donnais de l’argent chaque semaine, j’ai économisé et j’ai

fini par m'acheter mon propre scooter. » Amine Ali affirme que son véhicule est assuré, mais pas à son nom. Originaire d’Afrique centrale, il est en situation irrégulière, mais cela ne l’empêche pas de travailler. « Je ne pense pas que des Mahorais fassent ce métier, c’est le métier qu’on nous a laissé » , explique-t-il.

« C’est plus pratique, on évite les embouteillages »

CHAUFFEURS DE TAXIS MOTO, UN MÉTIER NON RÉGLEMENTÉ

Selon le code des transports, l'exercice illégal de l’activité de conducteur de taxi est passible d'un an de prison et de 15 000 euros d’amende, ainsi que la confiscation du véhicule et la suspension du permis de conduire. Les conducteurs de taxis moto s'exposent aussi à des procédures pénales, dont le travail dissimulé. Un délit passible de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Malgré ces risques, passagers et chauffeurs enfreignent la loi.

Mohamed Hamissi, chargé des mobilités et transport pour la Communauté de Communes De Petite Terre, explique pourquoi ce réseau de taxis moto existe à Mayotte, en tout illégalité, aux yeux de tous. « Aucune loi, aujourd’hui, ne réglemente les motos-taxis en matière de transport public. La nature a horreur du vide. Tant qu’il n’ y aura pas une organisation optimale des transports publics, on aura toujours des taxis moto ou des

taxis mabawa (taxis non déclarés), car l’offre ne correspond plus à la demande aujourd’hui. » Selon l’expert, l’enjeu de l’île de Mayotte serait de privilégier des transports de masse sur un territoire aussi dense que celui de Mamoudzou. « Cela nécessite une organisation de transport optimal, adaptée avec des fréquences et des amplitudes, car pour l’instant on ouvre la porte à des services qui ne sont pas légaux, ils prennent ensuite une part du marché qui devrait revenir à une légalité. »

DES TRAJETS RISQUÉS

« Avec la situation actuelle de Mayotte, tout le monde aime les taxis moto » reprend Amine. « Même les policiers savent

que c’est illégal, mais ils nous laissent » poursuit-il. Des forces de l’ordre qu’ils croisent sur la route, mais les chauffeurs ont appris à les esquiver. Les conducteurs de taxis moto admettent également être confrontés à des actes malveillants. « Parfois, les délinquants prennent notre argent, mais maintenant, on sait quels sont les coins à éviter. » Et lorsque l’on demande à Amine Ali, s’il préférerait croiser la police ou une bande de jeunes ? Il répond sans hésiter : « Je préfère être arrêté par la police. Elle au moins ne s’en prend pas physiquement. » n

*Le nom a été modifié

USINE D’IRONI BÉ : LE PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE DONNE SON FEU VERT, MAIS AVEC DES RÉSERVES

Le conseil de gestion du Parc Naturel Marin a voté, ce mercredi, l’avis conforme sur la création d’une usine de potabilisation par dessalement sur Ironi Bé, dans la commune de Dembéni. S’il donne un avis favorable, il estime néanmoins que plusieurs points doivent être éclaircis.

Ce mercredi 13 novembre, les membres du conseil de gestion du Parc Naturel Marin de Mayotte se sont réunis à l'Hôtel de ville de Mamoudzou pour voter l’avis conforme concernant le projet d’usine de dessalement d’Ironi Bé, à Dembéni. Après une matinée consacrée à des échanges et présentations scientifiques sur la future infrastructure, cette dernière a reçu un avis favorable avec 23 voix pour, huit contre et une abstention, à bulletins secrets. Une étape obligatoire dans le processus de mise en place du chantier. « Mais c’est un avis favorable avec des réserves », tempère Abdou Dahalani, président du conseil de gestion, qui reconnaît qu’il s’agissait d’un vote sensible. Pour rappel, plusieurs associations environnementales pointent du doigt ce projet pour ses potentielles conséquences sur le lagon et la mangrove et déplorent que toutes les études d’impact ne soient pas faites en raison des procédures d’urgence dont bénéficie la future infrastructure qui doit produire 10.000m3 d’eau potable par jour d’ici 2026. Du côté du Parc, plusieurs éléments doivent être précisés. Annabelle Djeribi, élue par la même occasion au poste de directrice déléguée, constate des « lacunes » dans le dossier, notamment au niveau de l’historique du projet. Des réserves existent également concernant la modélisation des rejets dans le lagon. « Les réserves doivent

être levées pour que le projet puisse avoir lieu », explique-t-elle à l’issue de la réunion.

Des préoccupations sur la mangrove et le saumure

Le président du conseil espère que des études complémentaires seront faites suite à ce vote décisif pour permettre l’avancée administrative du dossier. « Nous, au Parc marin, ce qui nous préoccupe, c’est la protection de l’environnement, notamment dans ce dossier, la mangrove et le rejet de saumure », insiste-t-il. La délibération du conseil de gestion du Parc portant sur l’avis conforme prend ainsi la forme d’un document de onze pages relatant les réserves quant à ces deux points, mais aussi des préconisations visant notamment à ce qu’un suivi soit assuré concernant, entre autres, les substances chimiques, la turbidité, les rejets, ou encore l’état des récifs coralliens. Le conseil demande également des documents complémentaires, notamment davantage de précisions sur les travaux mais aussi sur l’impact sur la mangrove par exemple. « Je veux croire que l’ensemble des observations seront suivies d’effets », ajoute Abdou Dahalani. « Nous souhaitons accompagner ce projet pour qu’il soit le plus respectueux de l’environnement possible. » Il revient désormais au maître d’ouvrage, Les Eaux de Mayotte, de poursuivre la mise en place du chantier. n

Marine Gachet
Abdou Dahalani est le président du conseil de gestion du Parc Naturel Marin de Mayotte.
La deuxième usine de dessalement de l’île, après celle de Petite-Terre, va être construite à Ironi Bé, dans la commune de Dembéni.

MAYOTTE

LES DOSSIERS HISTORIQUES DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE MAYOTTE

AGRÉGÉ

(8/10)

DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

En l’état actuel de nos connaissances, le dernier dossier du service éducatif des Archives départementales de Mayotte porte sur « Droit(s) et justice à Mayotte à l’époque coloniale (1841-1946) » et paraît en 2014, il y a dix ans. Dans ce titre, le « s », pourtant entre parenthèses, attire l’attention et dit quelque chose de Mayotte où plusieurs droits coexistent, un droit personnel et un droit commun. Dès lors, compléter le droit par la justice permet d’en revenir aux valeurs qui fondent les divers systèmes et leur font ou non honneur. L’étude se veut historique et porte notamment sur une institution liée à une époque et l’analyse remplace le simple anathème vouant un système aux gémonies. Le président du Conseil général de Mayotte, Daniel Zaïdani, soulève ce problème dans sa préface : « Écrire l’histoire de la justice en situation coloniale est un sujet complexe. Il l’est d’autant plus à Mayotte, où durant des décennies, un dualisme juridique a existé, faisant cohabiter le droit français et le droit musulman. Pour les Mahorais, l’usage du statut personnel en matière de justice a couru jusqu’aux années 2000, période à laquelle l’île entre dans le droit commun. L’existence d’un double état civil, dont la régularisation est en voie d’achèvement, en est un bon exemple. Cet ouvrage a pour objectif d’éclairer rétrospectivement la situation actuelle, si particulière, de Mayotte. »

C’est à nouveau une collaboration entre le Conseil général, le Vice-rectorat et la Préfecture de Mayotte. Le dossier est coordonné par Pauline Gendry, directrice des Archives départementales de Mayotte et réalisé par Patrick Boissel, professeur agrégé d’histoire. Avant les activités pédagogiques et annexes, comme dans le dossier précédent, six thèmes sont abordés, couvrant une période qui s’étend de l’invention française de Mayotte au lendemain de la Seconde guerre mondiale, avec un appendice qui mène à nos jours :

- « Spécificités du droit et de la justice en situation coloniale »

- « Les magistrats aux colonies »

- « Quelle justice pour les indigènes ? »

- « Droit musulman et statut personnel »

- « Police et maintien de l’ordre »

- et « L’Évolution de la justice après la période coloniale » La première partie indique les grandes lignes de l’organisation de l’institution judiciaire à Mayotte durant la période coloniale. Les pouvoirs du chef de la colonie sont considérables. Les conditions d’exercice sont difficiles : il y a un juge unique, souvent de l’absentéisme et, corrélativement, des fonctions cumulées. Certaines affaires sont jugées à La Réunion et l’organisation de la justice tend à se stabiliser à partir de 1917. Ce dossier relatif à la justice nous incite à nous transformer en tribunalier, ce journaliste spécialiste de la chronique judiciaire. En effet, le lecteur curieux pourra se renseigner sur l’affaire Ferroliet de 1908 ou encore sur l’affaire criminelle – « meurtre pour des cocos » – de 1924. En ce qui nous concerne, ce sont surtout les affaires plus anciennes qui, pour leur valeur paradigmatique, nous intéressent eu égard aux violences coloniales :

« Les engagés, immigrés ou autochtones, ne sont pas des justiciables ordinaires. Malgré les garanties théoriques que la réglementation leur octroie, ils sont en position de faiblesse : isolés sur les plantations, soumis à une surveillance constante et peu enclins, sauf dans des cas très graves, à aller se plaindre à l’administration ou à la justice de leurs employeurs. Dans une colonie où le problème de la main-d’œuvre a toujours été aigu, ils sont soumis à un contrôle tatillon et sont souvent victimes des brutalités des colons ; encore ne garde-t-on trace que des incidents les plus sérieux, ceux pour lesquels la justice ne pouvait fermer les yeux. »

On trouve également une intéressante prosopographie des premiers magistrats de Mayotte. Intéressons-nous au premier d’entre eux :

« François Leblanc [25 septembre 1852/1er septembre 1853] Le premier magistrat de carrière nommé à Mayotte est un avocat de Clermont-Ferrand. Né le 24 avril 1817, il est âgé de 35 ans lorsqu’il prête serment le 25 septembre 1852. Dans un courrier à son collègue de la Justice, le ministre de la Marine indique qu’il lui est signalé ‘comme un sujet recommandable par ses lumières, par la maturité et la fermeté de son

caractère et comme offrant d’ailleurs toutes les garanties de moralité désirable’. »

Égrenons ensuite les noms qui se succèdent et dont l’un d’eux ressort particulièrement : Théophile Hallez (5 septembre 1855/avril 1859), Alexis Bourette (nommé le 22 avril 1859, il ne se présente pas à son poste), Eugène Richard (12 avril 1862/septembre 1864), Léonce Espagnac (nommé le 4 mars 1865/démissionne le 9 août 1865), Alfred Gevrey (26 juillet 1866/1868), Alfred Cottel (25 septembre 1868/septembre 1869), Frédéric Fieuzal (23 août 1870/17 mars 1871), Ferdinand Mirande (28 avril 1872/20 févier 1873). Le nom qui ressort de cette liste est, pour le littéraire que nous sommes, celui d’Alfred Gevrey, auteur, en 1870, d’un Essai sur les Comores . La présentation faite de lui suggère une existence romanesque. La suite du dossier croise justice endogène et justice exogène. En ce qui concerne la première forme, on peut citer le kabar : « Les kabars constituent une institution originale. On en trouve une mention dans les documents d’archives pour la deuxième moitié du XIXe siècle où ils sont le cadre de procès et même de condamnations pénales. Ce sont des assemblées publiques réunissant notables et

chefs de village. Elles sont présidées par le Commandant supérieur et le ministère public est assuré par le commissaire du quartier de Dzaoudzi qui reçoit une indemnité annuelle de 600 francs à cet effet dans les années 1870 (elle prend aussi en compte ses fonctions de régisseur de la prison). »

Pour Jean-Louis Joubert, le kabary, d’origine malgache, est autant une forme judiciaire qu’une forme littéraire qu’il explique de la façon suivante :

« Le kabary est un discours qui doit accompagner toute cérémonie et même tout acte important de la vie malgache : naissance, circoncision, demande en mariage, décès, famdihana (cette fête au cours de laquelle on sort les morts de leur tombeau, pour les revêtir d'un linceul neuf).

L'éducation traditionnelle se proposait d'apprendre à bien parler et donc à savoir prononcer les kabary de circonstance. »

Les recherches à venir gagneront à s’intéresser à l’institution du kabar dans les îles du sud-ouest de l’océan Indien.

Christophe Cosker

Avec vous pour réindustrialiser la France

La Banque des Territoires encourage la dynamique de réindustrialisation de la France en accompagnant les collectivités locales et les industriels dans le financement de leurs projets d’aménagement, d’immobilier ou de transition écologique. Contactez-nous.

L’intérêt général a choisi sa banque

DÉCOUVREZ NOS SOLUTIONS D’INGÉNIERIE, DE FINANCEMENT ET DE GARANTIE

2024: nouvelle tarification des annonces légales de création de société en application de la loi Pacte

A compter du 1er janvier 2024, le prix des annonces légales de constitution de sociétés est modifié. Au lieu d’un tarif calculé à la ligne, donc en fonction de la longueur de votre texte, un tarif forfaitaire est appliqué si votre formalité concerne la création d’une nouvelle entreprise avec des statuts juridiques de personne morale. Les tarifs sont les suivants :

Forme juridique choisie pour la création de l’entreprise :

Société anonyme (SA)

Société par actions simplifiée (SAS)

Société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU) --------------------------------------------------------------------------------------------------------

Société en nom collectif (SNC) -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Société à responsabilité limitée (SARL) ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) --------------------------------------------------------------------------------------------------

Société civile (sauf immobilière)

Société civile immobilière (SCI)

Acte de nomination des liquidateurs ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Avis de cl$oture de liquidation

Jugements d'ouverture des procédures collectives -------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Jugements de clôture des procédures collectives

Pour les annonces légales de modification de sociétés et autres, le prix au caractère est de 0,204 euros.

AVIS DE MARCHÉ TRAVAUX

Organisme acheteur : Communauté d’Agglomération de DembéniMamoudzou (976)

Contact : Le Président Moudjibou SAIDI, Hôtel de Ville de Mamoudzou, BP 01 - Rue du Commerce, 97600 Mamoudzou MAYOTTE, FRANCE. Tél. +33 269639100.Courriel : koultoume.abdallah@cadema.yt. Site du profil d’acheteur : https://www. marches-securises.fr

Objet du marché : Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales sur le territoire de la CADEMA.

Les travaux seront réalisés suivant les bons de commande et bordereaux des prix unitaires pour chaque lot géographique.

Travaux de curage et d’entretien des

réseaux et ouvrages eaux pluviales sur le territoire de la CADEMA

Type de marché : Travaux

Lieu principal d’exécution : 97600 Mamoudzou

Classification CPV : 45232400 , 90470000

Division en lots. Il convient de soumettre des offres pour tous les lots.

Informations sur les lots :

Lot n° 1 : Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Hauts-Vallons - Kaweni

Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Hauts-Vallons - Kaweni

Date limite de réception des offres : 09/12/2024 à 12:00.

Lot n° 2 : Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Mamoudzou Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Mamoudzou

Date limite de réception des offres :

06/12/2024 à 12:00.

Lot n° 3 : Travaux de curage et d’en-

tretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Cavani Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Cavani

Date limite de réception des offres : 06/12/2024 à 12:00.

Lot n° 4 : Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Doujani - Mtsapere Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Doujani - Mtsapere

Date limite de réception des offres :

06/12/2024 à 12:00.

Lot n° 5 : Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Passamainty - Vahibe Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Passamainty - Vahibe

Date limite de réception des offres : 06/12/2024 à 12:00.

Lot n° 6 : Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Tsoundzou 1 – Tsoundzou 2 Travaux de curage et d’entretien des

réseaux et ouvrages eaux pluvialesTsoundzou 1 – Tsoundzou 2

Date limite de réception des offres : 06/12/2024 à 12:00.

Lot n° 7 : Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Hajangoua - Iloni Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Hajangoua - Iloni

Date limite de réception des offres : 06/12/2024 à 12:00.

Lot n° 8 : Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluviales - Dembeni – Tsararano - Ongojou Travaux de curage et d’entretien des réseaux et ouvrages eaux pluvialesDembeni – Tsararano - Ongojou

Date limite de réception des offres : 06/12/2024 à 12:00.

Type de procédure : Ouverte Avis de marché BOAMP n° : 24-127172 (envoyé le 08 novembre 2024)

AVIS D’APPEL PUBLIC À LA CONCURRENCE - SERVICES

Section 1 : Identification de l’acheteur

Nom complet de l’acheteur : Ville de MTsangamouji (976)

Numéro national d’identification :

Type : SIRET - N° : 20000882900018

Code postal / Ville : 97600

M’tsangamouji

Groupement de commandes : non

Section 2 : Communication

Moyens d’accès aux documents de la consultation

Lien vers le profil d’acheteur : http:// www.marches-securises.fr

Identifiant interne de la consultation

: 2024_41

L’intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil d’acheteur : oui

Utilisation de moyens de communication non communément disponibles : non

Nom du contact : François PERSEETél : +33 0639233412 - Mail : dgs@ mairiedemtsangamouji.fr

Section 3 : Procédure

Type de procédure : Procédure adaptée ouverte

Conditions de participation :

Aptitude à exercer l’activité professionnelle : L’opérateur économique doit être inscrit sur un registre professionnel ou sur un registre du commerce suivant:L’opérateur économique doit être enregistré auprès de la DAAF de Mayotte pour avoir l’habilitation de distribution et préparation de repas dans les écoles

Technique d’achat : Sans objet

Date et heure limite de réception des plis : Lundi 09 décembre 2024 - 08:00 Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite

Réduction du nombre de candidats : non Possibilité d’attribution sans négociation : oui

L’acheteur exige la présentation de variantes : non

Critères d’attribution : Le classement des offres et le choix du/des attributaire(s) sont fondés sur le critère unique du prix le plus bas.

Section 4 : Identification du marché Intitulé du marché : Prestation de livraison de repas en liaison froide pour les écoles de M’tsangamouji pour l’année 2025 et 2026

Classification CPV : 55511000

Type de marché : Services

Lieu principal d’exécution : Réféctoire des écoles de M’tsangamouji

Durée du marché (en mois) : 12

La consultation comporte des tranches

: non

La consultation prévoit une réservation de tout ou partie du marché : non

Marché alloti : oui

Section 5 : Informations sur les lots

LOT : repas élémentaire

Classification CPV : 55511000

Lieu d’exécution du lot : Rféctoire des écoles élémentaire de M’tsangamouji

LOT : repas maternelle

Classification CPV : 55511000

Lieu d’exécution du lot : Réféctoires des écoles maternelles de M’tsangamouji

Section 6 : Informations complémentaires

Visite obligatoire : non

Date d’envoi du présent avis 13 novembre 2024

AVIS DE MARCHÉ (AVIS RECTIFICATIF) - SERVICES

NARENDRE

Section 1 - Acheteur

1.1 Acheteur

Nom officiel : NARENDRE, agissant au nom et pour le compte de CADEMA (976).

Forme juridique de l’acheteur : Entité disposant de droits spéciaux ou exclusifs

Activité du pouvoir adjudicateur: .

Section 2 - Procédure

2.1 Procédure

Titre: Maîtrise d’oeuvre générale de la ligne de bus à haut niveau de service, dite « BHNS » du réseau CARIBUS.

Description: La présente consultation est destinée à recruter la maîtrise d’oeuvre pour la réalisation des travaux des phases 2 bis et 3 et les études de niveau PRO des secteurs arrêtés au stade AVP.

Type de Procédure: Ouverte. Procédure accélérée: NON.

2.1.1 Objectif

Nature du marché: services. Nomenclature principale (cpv): 71310000.

2.1.2 Lieu d’exécution

Adresse postale: Territoire de la CADEMA.

Ville: MAYOTTE.

Code postal: 97600. Code NUTS: FRY50.

Pays: France.

2.1.3 Valeur

Informations complémentaires du marché: 4000000 EUR.

Informations complémentaires du marché: 0 EUR.

2.1.4 Informations générales

Base juridique : Directive 2014/25/EU

2.1.5 Conditions de passation des marchés

2.1.6 Motifs d’exclusion

Section 5 - Lot

5.1 LOT N° : LOT-0001

Identifiant interne: MOE-G2.

Titre: Maîtrise d’oeuvre générale de la ligne de bus à haut niveau de service, dite « BHNS » du réseau CARIBUS.

Description: Réalisation des travaux et études de niveau PRO des secteurs

arrêtés au stade AVP des phases 2 bis et 3 du projet CARIBUS.

5.1.1 Objectif

Type de marché: services.

Classification CPV: 71310000.

5.1.2 Lieu d’exécution

Lieu d’exécution: Territoire de la CADEMA.

Ville: MAYOTTE.

Code Postal: 97600.

Pays: France.

Informations complémentaires:

Commune de MAMOUDZOU

Commune de DEMBENI.

5.1.3 Durée estimée

Durée par mois: 72.

5.1.4 Renouvellement

5.1.5 Valeur

Valeur (hors TVA): 4000000 EUR.

5.1.6 Informations générales

Le marché est financé au moins partiellement par des fonds de l’Union européenne: Projet de passation de marchés financés en totalité ou en partie par des fonds de l’UE.

Le marché relève de l’accord sur les marchés publics (AMP): oui.

5.1.7 Achats stratégiques

Approche de réduction des impacts environnementaux: none.

5.1.8 Critères d’accessibilité

5.1.9 Critères de sélection

Type : Capacité technique et professionnelle.

Description : Détails voir RC. Type : Capacité économique et financière.

Description : Détails voir RC.

5.1.10 Critères d’attribution

Critère Prix :

Description : détails voir RC.

Pondération (pourcentage, valeur exacte) : 40

Critère Qualité :

Description : Valeur technique de l’offre (Détails voir RC).

Pondération (pourcentage, valeur exacte) : 60

5.1.11 Documents de marché

Pas de restriction en matière d’accès aux documents.

Langues dans lesquelles les documents de marché sont officiellement disponibles : français.

5.1.12 Conditions du marché public Date limite de réception des offres :

27/11/2024 à 12:00.

Soumission électronique : Requise Adresse pour la soumission : http:// marches-securises.fr. Catalogue électronique : Non autorisée Langues dans lesquelles les offres ou les demandes de participation peuvent être présentées : français.

Variantes : Non autorisée

Date limite pour demander des renseignements supplémentaires : 17/11/2024. Date limite jusqu’à laquelle l’offre doit rester valable : 6 Mois À la discrétion de l’acheteur, tous les documents manquants relatifs au soumissionnaire peuvent être transmis ultérieurement.

Conditions de présentation : Date/heure : 28/11/2024 à 12:00.

Conditions du marché :

Conditions relatives à l’exécution du contrat : CF. pièces du marché.

Facturation électronique : Requise Forme juridique qui doit être prise par un groupement de soumissionnaires auquel un marché est attribué : En cas de groupement, la forme juridique adoptée est soit celle d’un groupement solidaire, soit celle d’un groupement conjoint. Dans le cas d’un groupement conjoint, l’acheteur public impose que le mandataire du groupement soit solidaire conformément aux dispositions de l’article R. 2142-24, alinéa II du Code de la Commande Publique.

Arrangements financiers : Le projet sera financé sur les fonds propres de l’acheteur, par l’emprunt, des subventions européennes et des subventions de L’Etat.

5.1.15 Techniques

Aucun

Pas de système d’acquisition dynamique

5.1.16 Informations complémentaires, médiation et révision Organisation chargée des procédures de recours : NARENDRÉ, agissant au nom et pour le compte de la CADEMA (976)

Organisation qui fournit des informations complémentaires sur la procédure de passation de marché : NARENDRÉ, agissant au nom et pour le compte de la CADEMA (976)

Organisation qui fournit un accès hors ligne aux documents de marché :

NARENDRÉ, agissant au nom et pour le compte de la CADEMA (976)

Organisation qui fournit des précisions concernant l’introduction des recours : NARENDRÉ, agissant au nom et pour le compte de la CADEMA (976)

Section 8 - Organisations

8.1 ORG-0001

Nom officiel : NARENDRE, agissant au nom et pour le compte de CADEMA (976).

Numéro d’enregistrement (SIRET) : 09413010100028.

Adresse postale : Cellule marchés de la SIM.

Adresse postale : Cellule marchés de la SIM. Place de l’Ancien Marché BP91. Ville : Mamoudzou.

Code postal : 97600.

Pays : France.

Point de contact: Cellule marchés de la SIM.

Adresse électronique: tcu@narendre. com.

Téléphone: +33 612660748.

Profil de l’acheteur: https://www. marches-securises.fr.

Section 10 : Modifications

Version de l’avis antérieur à modifier : 606886-2024

Principale raison de la modification : Correction par l’acheteur

Description : La date limite de remise des offres a été portée au 27/11/2024 à 12:00 UTC+3

Section 11 - Informations relatives à l’avis

11.1 Informations relatives à l’avis

Identifiant/version de l’avis :d22c9ca8e07e-4b62-8a98-378bf942d5ed

Type de formulaire : Mise en concurrence.

Type d’avis : Avis de marché – directive générale, régime ordinaire.

Date d’envoi de l’avis : 06/11/2024 à 07:04.

Langues dans lesquelles l’avis en question est officiellement disponible: français.

11.2 RÉFÉRENCE DE L’AVIS

ORIGINAL

Référence de l’avis au JO : 6068862024 du 2024-10-09

MAGAZINE D’INFORMATION

NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE

Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros

7, rue Salamani

Cavani M’tsapéré

BP 60 - 97600 Mamoudzou

Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com

Directeur de la publication

Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com

Directeur de la rédaction

Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com

Rédactrice en cheffe

Raïnat Aliloiffa

Couverture : DÉSENGORGER MAYOTTE PAR TOUS LES MOYENS

Journalistes

Raïnat Aliloiffa

Alexis Duclos

Saïd Issouf

Marine Gachet

Lisa Morisseau

Inès Alma

Nadhuir Mohamady

Direction artistique

Franco di Sangro

Graphistes/Maquettistes

Olivier Baron, Franco di Sangro

Commerciaux

Cédric Denaud, Murielle Turlan

Comptabilité

Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com

Première parution

Vendredi 31 mars 2000

ISSN 2402-6786 (en ligne)

RCS : n° 9757/2000

N° de Siret : 024 061 970 000 18

N°CPPAP : 0125 Y 95067

Site internet www.mayottehebdo.com

# 1111

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.