Mayotte hebdo n°769 (aperçu gratuit)

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S O M M A I R E 04 NOVEMBRE 2016

6/7 ÉVÉNEMENT OCTROI DE MER, LES COMMUNES RAFLENT LA MISE 10/15 ENQUÊTE PATRIMOINE, LE GRAND OUBLIÉ 16/17 MAG MAYOTTE À 360 DEGRÉS 18/19 AUTO-MOTO NOSMOKE 22/23 MAYOTTE ÉCO NUMÉRIQUE/DÉVELOPPEMENT AGRICOLE 24/27 TOUNDA PORTRAIT 28/32 SPORT PORTRAIT/RÉSULTATS/PROGRAMME

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CE QUE VOUS EN DITES

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TRIBUNE LIBRE NARIKE HASHIRI ! (“Soyons unis” !) Dans le Mayotte Hebdo du 15 décembre 2006, Younoussa Bamana déclarait ceci : “Plus personne ne veut travailler ailleurs que dans les bureaux. Le Mahorais a perdu toutes ses valeurs, la France a fait de nous des assistés. On ne peut pas prétendre être libre alors que pour construire un collège, la France finance à 100 %. Je crains pour notre avenir, la jeunesse doit se dynamiser, discuter sereinement sans s’insulter, se jeter sur les avantages et elle doit penser au bien de cette île.” 10 ans après, cette déclaration sonne comme une prémonition. A l’heure de cette polémique relative à un différend entre deux membres de l’exécutif départemental, rendu public et porté à la connaissance du procureur, il est, à mon sens, opportun de mener une analyse rétroactive de l’exécutif de notre département, cet instrument si précieux pour le développement de notre île. Oui cet instrument est des plus précieux, nous parlons ici de domaines aussi importants que : les transports (publics et scolaires), la gestion du port et des liaisons maritimes, les énergies, les réseaux de télécommunication, l’environnement et le patrimoine, le logement et l’habitat, l’aménagement du territoire, la politique de la ville, la formation professionnelle, le tourisme, la culture, l’enseignement, l’insertion professionnelle, l’action médico-sociale et la sécurité.

dence s’est aussi caractérisée par une majorité disciplinée, réunie autour d’un projet commun, la construction de Mayotte. Tout était à faire, il fallait lutter contre le logement insalubre, contre la mortalité infantile, pour la scolarisation de masse, pour l’amélioration du niveau de vie des Mahorais, bref, il fallait sortir Mayotte du Moyen-Âge. Les parlementaires ainsi que le lobby pro-mahorais de Paris devaient quant à eux amener la départementalisation. Les tâches étaient bien partagées. Puis, en 2002, Henry Jean-Baptiste s’est retiré de la scène politique mahoraise. En septembre 2004, Marcel Henry, âgé de 78 ans, s’est retiré de la vie politique, tout comme Younoussa Bamana, âgé alors de 71 ans. C’était la fin d’une époque et le début d’une autre.

De 1977 à 2004, le conseil général a été présidé par un seul homme, Younoussa Bamana, élu du canton de Kani-Kéli de 1977 à 1991, puis de celui de Chiconi de 1991 à 2004. Nous parlons ici d’une présidence de vingtsept années.

Douze années après les retraites politiques du M’zé et du Sénateur Marcel Henry, quel est le bilan de la génération qui a succédé à ces leaders ? Force est de constater que les majorités formées par cette génération ont souvent été instables.

Cette présidence avait des caractéristiques intéressantes. En premier lieu, le président était un leader charismatique, doté d’une autorité naturelle et légitimé par le combat qu’il a mené pour Mayotte. Cette longue prési-

Comme l’a si bien résumé Jean Martin, “le débat politique français, avec ses clivages politiques classiques, se substitue peu à peu à l’union sacrée pour une cause désormais entendue.” En 2004, c’est un élu sans étiquette, un

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certain Said Omar Oili, qui a succédé au M’zé, grâce à une coalition MDMMDC (mouvement des citoyens). En 2008, Monsieur Ahamed Attoumani Douchina est arrivé au pouvoir grâce à une coalition UMP-MDM ! En 2011, Daniel Zaidani a été élu grâce à une coalition MDM-Nema-PSM. La date initiale de l’élection du président du conseil général coïncidait cette année-là avec l’accession de Mayotte au statut de département. A cette occasion, étaient présents dans l’Hémicycle notamment, Zoubert Adinani, Marcel Henry et beaucoup d’autres Sorodas, venus fêter le fruit de leur combat. Par ailleurs, la cérémonie était transmise en direct à la télévision. Mais cette célébration a été volée aux Mahorais, puisque le camp minoritaire et donc condamné à siéger au sein de l’opposition avait décidé de la boycotter. La coalition menée par D. Zaidani a quant à elle fini par imploser à peine une année après sa formation. Le remaniement opéré suite à cette implosion a permis tout de même une administration “normale” du département jusqu’aux élections de 2015. Les dernières élections départementales ont vu l’arrivée au pouvoir de l’actuel exécutif. Elles ont été celles de l’application de la parité, les femmes sont massivement arrivées


TRIBUNE LIBRE au département et, avec elles, soufflait comme un vent d’optimisme, du fait notamment de l’image que notre tradition retient de la femme mahoraise, cette battante, militante, capable de risquer sa vie pour la défense d’un idéal. Aujourd’hui, que retenir de ces douze dernières années ?Que plus l’on avance et plus les majorités deviennent instables, fragiles. À l’instar de la IVème République française, les coalitions s’accordent pour faire tomber l’exécutif précédent, mais une fois cela fait, elles n’arrivent plus à obtenir le consensus leur permettant d’user de la meilleure manière qui soit le pouvoir qui leur est confié. Je ne peux, dans le contexte actuel, m’empêcher de penser à la proposition de loi du Sénateur Thani Mohamed Soilihi. Il a tenté de remédier à cette instabilité chronique, à cette impossible gouvernance de notre jeune département, qui nous cause du tort. Il avait proposé le scrutin de liste à deux tours. Ainsi, plus de troisième tour, d’élus cachés dans des chambres d’hôtel, de téléphones confisqués, de trahisons de dernière minute, de majorités de circonstances, implosant une fois le renversement de l’exécutif précédent opéré. Malheureusement, des trois collectivités uniques françaises, Mayotte est au final la seule à ne pas avoir opté pour le scrutin de liste à deux tours. Ce choix aurait pourtant été le bienvenu. L’exécutif du département est aujourd’hui composé d’élus MDM, LR, NEMA, d’une majorité macédoine en somme. Il ne peut donc gouverner dans ces circonstances. Et on va continuer comme cela jusqu’à quand ? Car en attendant, les autres avancent… Outre ces majorités de circonstances, depuis l’entrée en scène de cette nouvelle génération, l’exemplarité du politicien, tout comme l’exigence d’une morale publique, sont fortement atteintes. L’on a vu plusieurs procès impliquant les élus et relatifs à des affaires de corruption : Saïd Omar Oili, poursuivi par son successeur Ahamed Attoumani Douchina pour une affaire de subvention versée à un journal dont sa femme était actionnaire majoritaire, Daniel Zaidani, alors président du Conseil Général,

gardé à vue, pour une affaire d’emplois fictifs, de favoritisme et de détournement de biens, ou encore le sénateur Abdourahmane Soilihi, gardé à vue, parce que soupçonné d’avoir profité de généreux cadeaux provenant d’une société de travaux publics déclarée à Tahiti et qui souhaitait décrocher les travaux sur le front de mer de Mamoudzou. L’on ne peut dire si toutes ces affaires politico-judiciaires sont fondées ou s’il ne s’agissait à chaque fois que de chasses aux sorcières dictées par des raisons politiques. Quoi qu’il en soit, les Mahorais, aussi bien les acteurs du combat Mayotte française, qui, sans aucune contrepartie, quittaient leurs foyers, parcouraient des kilomètres à pied, militaient à leurs risques et périls pour un avenir meilleur, que leurs descendants, sont déçus. Cette génération qui a succédé à nos leaders est-elle frappée d’amnésie ? Est-elle aveuglée par la recherche de l’enrichissement personnel au point d’oublier qu’elle s’inscrit dans une histoire ? Ne sait-elle pas que tous les Mahorais espéraient que l’histoire de leur île serait une suite de progrès et non un processus fait “d’un pas en avant et de deux pas en arrière ? Quoi qu’il en soit, la déception est grande, le désamour des Mahorais, vis-à-vis de leurs politiciens est là. Par ailleurs, l’exemplarité et la morale semblent déserter notre scène politique locale, pour la plus grande tristesse des Mahorais. Le débat politique français, avec ses clivages politiques classiques ne peut pas à Mayotte se substituer à l’union sacrée pour une cause commune, malgré l’affirmation de Jean Martin, car le chemin est encore long. Je prie tous les jours pour que cette génération de politiciens qui nous représente se ressaisisse, qu’elle fasse honneur à la génération qui l’a précédée, qu’elle fasse honneur à tous ces électeurs qui lui ont accordé leur confiance, qu’elle fasse honneur à Mawana Madi, au prince SaidUmar, à Andriantsuli, à Bacar Kusu, à Mwalimu Boro, à Mwantsingo, au sultan Ben Aissa, qu’elle fasse honneur à cette idée de Mayotte, dont le destin doit être pris en main par des hommes et des femmes soucieux des générations présentes et à venir… [ Yasmina Aouny

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