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S O M M A I R E 02 DÉCEMBRE 2016
6/7 TOURISME LE TRAIN DES OUTRE-MER VA PARTIR 10/13 RYTHMES SCOLAIRES : MAYOTTE, LA MAUVAISE ÉLÈVE ? 14/15 MAGAZINE DES HOMMES ET UN LAGON 16/18 COMORES ALI SOILIHI ET SES RÉFORMES RELIGIEUSES 19 ANIMAUX DU LAGON LES TORTUES 21 AUTO-MOTO NOUVELLE FORD FIESTA 22/23 COMMERCE UN MOIS DE NOVEMBRE BIEN TERNE 24/27 TOUNDA SPECTACLE CHORÉGRAPHIQUE : “KOKO” OU L’IDENTITÉ DANSÉE 28/32
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TRIBUNE LIBRE Les extrêmes s’attirent et se répondent par le fracas des symboles Le monde a incontestablement changé de paradigme. J’en veux pour preuve la radicalisation des extrêmes dans le Moyen-Orient. Mais surtout ce qui est remarquable est la radicalisation de l’Occident avec l’élection des dirigeants qui veulent refaire la guerre des religions. Avant la Première Guerre mondiale, la Grande-Bretagne, la France et l’Espagne se partageaient l’espace maritime et la conquête des territoires dans le monde en exterminant les autochtones pour s’accaparer des denrées rares. Avec la Seconde Guerre mondiale, qui se caractérise par une destruction et une tuerie des civils sans précédent, l’Europe est complètement mise à genoux par cette guerre. Dès lors, deux nouveaux grands voient le jour et s’affrontent à travers des alliés interposés. C’est ce qu’on a appelé la “guerre froide” (USA/ URSS). Leur champ de bataille était un peu partout. Ils ont partagé le monde pour s’intimider et se neutraliser au détriment de la population des “petits États”. Les USA forment des opposants au régime communiste en place afin de s’approprier le pétrole. Parallèlement, ils diminuent l’influence du régime. En 1991, l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) s’effondre. Les USA abandonnent également les milices qu’ils avaient formées pour laisser des pays déstabilisés et en ruine malgré leurs gisements de pétrole. Une nouvelle guerre voit le jour. Nous avions une guerre entre États mais depuis les années 2000, on observe une guerre entre des groupes de certaines régions du Moyen-Orient contre des États qui font de l’ingérence dans des États tiers. Ces groupes utilisent la religion à dessein politique pour maîtriser des territoires gorgés de pétrole. Ils compensent leur petit nombre par des actes spectaculaires pour faire un maximum de victimes et choquer le monde entier par la cruauté et la barbarie de leurs actes. Ils utilisent la technologie occidentale et les failles de la démocratie pour faire peur et terroriser les gens. Ils tapent à un endroit où ils savent que les médias
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vont faire leur pub et leur permettre de recruter davantage des frustrés de notre société de consommation. À travers leurs vidéos propagandes, ils poussent délibérément l’amalgame entre la religion musulmane et la violence. Ils caricaturent une vérité qui demande beaucoup de subtilité. Grâce ou à cause de ces groupes qui se réclament “islamistes”, la religion musulmane est réduite à un dogme : Halal/Haram, la lapidation des femmes, la charia, l’interdiction de manger du cochon. Un candidat au primaire de la droite évoque lors d’un discours à Draguignan
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le cas d’un jeune qui se serait fait “arracher son pain au chocolat par des voyous sous prétexte qu’on ne mange pas pendant le ramadan”. Le discours est très grave et cela devrait attirer notre attention. En tant que citoyens, il est de notre devoir d’exiger des candidats de tous bords politiques d’élever le débat et non d’ “islamiser” des problèmes socio-économiques. Il ne faut pas oublier que nous sommes contrôlés dans la mesure où nous sommes contrôlables. Concernant ces groupes terroristes, leur méthode est simple : pousser les États occidentaux à marginaliser les
TRIBUNE LIBRE musulmans et expliquer aux musulmans vivant dans ces pays qu’ils ne seront jamais acceptés. Par conséquent, ils devraient rallier ces groupes terroristes pour mener une guerre de religion contre les “mécréants”. Dès lors, ils n’ont qu’à faire un attentat dans un pays occidental (États-Unis, France,…) et le revendiquer. Ensuite leur plan se met en œuvre et ils recrutent à tour de bras. Lorsqu’on regarde de près le parcours de ces kamikazes, il est étonnant de voir que ce sont des délinquants de droit commun qui se sont radicalisés avant de passer à l’acte. Autrement dit, ce sont des personnes qui en veulent à la société et non des personnes qui agissent au nom de la religion musulmane. Nous avons également le phénomène des jeunes filles et garçons qui se font embrigader sur internet avant de vouloir partir pour soi-disant faire le “djihad”. Ils oublient que le premier Djiihab (signification : effort, guerre sainte) pour un musulman est de vivre et de propager l’amour autour de soi. Animés par la peur et la xénophobie, les citoyens des pays occidentaux mettent à leur tête les dirigeants extrémistes (ex : Suisse, Usa,…). La France ne fait pas exception à ce vent xénophobe qui souffle sur le monde. Pour revenir à notre actualité nationale et locale, nous constatons un durcissement du discours politique qui tend vers la xénophobie pure et dure. L’autre (alter égo) devient l’“incarnation” de nos problèmes. Il est érigé en bouc émissaire pour justifier les maux de la société. Au lieu d’utiliser nos énergies pour faire un programme de développement, nous sommes à la recherche du sensationnel. Qui dira la plus grosse bêtise à l’égard celui qui est qualifié d’étranger ? L’alter égo peut être érigé en musulman, migrant, noir, etc. Peu importe, l’essentiel c’est de tenir un discours qui divise la société française. Jean-Jacques Rousseau disait (Du contrat social, chapitre IV sur l’esclavage) : “Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs”. Ne vous méprenez pas, mais il est de notre devoir de nous rappeler les éléments essentiels du vivre ensemble. Construire une société c’est chercher une cohésion avec les différents éléments qui la composent et non chercher à définir la société par la négation de l’autre et son rejet. Dès lors nous devons appeler à l’unité de nos élus pour faire entendre notre voix au niveau national. Mayotte évolue à la vitesse de la lumière si on se réfère au processus de changement institutionnel.
En l’espace de quelques années, nous sommes passés d’un mode de vie d’ “entraide” à un mode de vie basée sur la “consommation à outrance”. La population est désorientée, des règles inapplicables s’appliquent quand même parce que “nous avons voulu être Département”. À croire que désormais, il faut punir les Mahorais d’avoir voulu la départementalisation. Jacques Chirac, ancien président de la République, disait qu’ “il ne faut pas mettre les charrues avant les bœufs”. Or c’est exactement ce que l’État est en train de faire subir à la population mahoraise. Comment peut-on appliquer la nouvelle règlementation en matière fiscale sur le territoire le plus pauvre de France alors même que de l’autre côté nous mettons le frein à main sur les prestations sociales et la Dotations Globale de Fonctionnement ? L’État incite les communes à tuer le contribuable mahorais alors même que le système cadastral n’est pas aux normes. Les gens se serrent la ceinture pour ne pas perdre leur terre, où est la République exemplaire ici ? Les Mahorais vivent une situation extrêmement tendue : un taux de chômage qui dépasse l’entendement, un réseau routier saturé, une concentration des administrations et des activités économiques concentrées dans une seule zone, des classes d’écoles saturées, des hôpitaux saturés, des inégalités inacceptables, un désert médical, une gestion de l’eau potable à la limite de la catastrophe, le développement d’une délinquance juvénile. Bref la liste est trop longue. C’est dans ce contexte que nous avons accueilli la visite sur notre île de Marine Le Pen, la présidente du Front National (FN). Tout son discours prend sens sur le territoire. Mais n’oublions pas qui est Marine Le Pen, qui est le FN. Depuis l’arrivée de l’énarque Florian Philippot, le processus de dédiabolisation du FN a été enclenché en écartant le père, en essayant de policer les propos mais en réalité le fond reste le même. Nous ne devons pas être dupes, le contenant a peut-être changé mais le contenu reste le même. Avec l’élection de Donald Trump et la montée de l’extrême dans les régions occidentales, Marine Le Pen se sent pousser des ailes. Élire un(e) président(e) de la République est un acte lourd de sens. À l’aube d’une nouvelle ère basée sur une polarisation des extrêmes, nous devons être très prudents sur l’élection du (de la) prochain(e) président(e) de la République. [ Soufiane Hatake
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