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S O M M A I R E 758 4/7 POLITIQUE
AVIS SUR LE VISA 8/9 ÉVÉNEMENT
LES DÉCASÉS 10 À L’AFFICHE
NOUVEAU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL 12/17 DOSSIER
LE MARIAGE TRADITIONNEL 20/21 MAYOTTE AUTOMOTO
FORD RANGER 23/26 SPORT
RÉSULTATS, PROGRAMME...
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TRIBUNE LIBRE POLITIQUE
AVIS SUR LE VISA
Le 8 mars 2011, l’association “Solidarité mahoraise pour le maintien du visa Balladur et le renforcement de son application” avait organisé une manifestation pour le maintien du visa Balladur et le renforcement de son application.
La France considère l’île de Mayotte comme faisant partie de son territoire depuis 1841. Elle a instauré un visa après l’indépendance de trois îles comoriennes, en 1975, et des mouvements de populations engendrant des déséquilibres de plus en plus marqués entre un nouvel Etat, qui s’appelle aujourd’hui Union des Comores, et la 4ème île de l’archipel, Mayotte, 101ème département français. Passeport pour comprendre le visa. Il n’est de cesse de trouver sous la plume de journalistes de la presse comorienne, dans les écrits émanant d’ONG (organisations nongouvernementales) ou bien encore les colonnes de la presse francophone internationaliste, d’extrême gauche ou libertaire, quelques lignes pour réclamer la suppression d’un « visa Balladur » qui serait la cause de nombreux naufrages et disparitions dans ce qui est, reprenons la sempiternelle, émouvante mais éculée expression « un des plus grands cimetières marins au monde » (1). Il n’est pas rare même de voir qu’on demande l’ « abolition » du visa, le mot « abolition » ayant un retentissement
extrême auprès du lecteur pour éveiller la fibre de ses sentiments ; ne parlons-nous pas d’« abolition de l’esclavage », « abolition de la peine de mort » ? Rappelons préalablement qu’une phrase assénée des milliers de fois peut ne pas recouvrir une once de vérité. Nous connaissons tous l’histoire des moutons de Panurge et ne devons pas accepter d’être facilement dupés; nous chercherons donc plutôt à comprendre la situation. Nous pouvons affirmer un point : le « visa Balladur » n’existe pas d’un point de vue administratif. Il existe
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bien, par contre, un visa que la France exige de certains étrangers pour autoriser une arrivée sur son territoire : les ressortissants étrangers qui souhaitent entrer en France doivent présenter à la frontière des justificatifs relatifs à l’objet du séjour, aux moyens d’existence et aux conditions d’hébergement. C’est vrai pour les Comoriens qui veulent se rendre à Mayotte. Nous ne reviendrons pas sur l’Histoire factuelle. Mayotte se trouve actuellement dans le giron français (2) et, depuis le 01 janvier 2014, européen, bien que toujours réclamée depuis 1975 par l’Union
TRIBUNE LIBRE des Comores, avec des arguments tantôt juridiques, solides mais tout à fait contestables - l’ONU ne s’intéresse d’ailleurs plus au différend francocomorien depuis 1994, « Les Assemblées passent et le litige est toujours remis à l’Assemblée générale suivante, souvent à la demande des Comores » (3) - tantôt naïfs, trompeurs ou mensongers. Dans un entretien réalisé pour le journal l’Humanité paru le jeudi 19 février 2015, et pour expliquer, en partie, les départs de kwassas-kwassas vers Mayotte, l’avocat et président du comité Mahorais, Ali Abdou Elaniou, osait déclarer : « Il y a, c’est vrai, beaucoup de pauvreté aux Comores mais l’économie de Mayotte n’est pas plus prospère ». Il est nécessaire de relativiser. Si Mayotte présente indéniablement le niveau de développement humain le plus bas de l’Union Européenne, rappelons que
les Comores occupent en 2016 la 185ème place mondiale en termes de produit intérieur brut nominal ou la 167ème place (sur 187), d’après le FMI, en termes de produit intérieur brut par habitant. Si le PIB moyen par habitant reste encore 2 à 4 fois inférieur à celui de La Réunion et 4 fois inférieur à celui de la France hexagonale, il est d’une façon ou d’une autre 10 fois supérieur à celui des Comores… Voyage ou… migration ? Pour freiner ce que la France considérait et considère encore comme une immigration forte et non désirée, il a donc été instauré le 18 janvier 1995 un visa par Edouard Balladur, Premier ministre (1993-1995) sous la présidence de François Mitterrand. Les ressortissants comoriens s’étaient en effet montrés plus nombreux à vouloir rejoindre Mayotte qui
connaissait alors un développement économique depuis 1990. L’accès au statut de Département n’a fait qu’empirer la situation dans la mesure où il a créé une dynamique profondément transformatrice. « Les résultats macro-économiques sont devenus impressionnants en termes de croissance de PIB » (4) et Mayotte est devenue non plus le territoire où l’on a envie de séjourner mais bel et bien, autre métaphore communément usitée, l’Eldorado où l’on a envie de s’implanter, les Comoriens estimant qu’ils sont aussi chez eux, ce que contestent les Mahorais. Les Comoriens ne veulent donc pas entendre parler de ce visa que certains n’hésitent cependant pas, toujours contraints et parfois contrits, à demander à l’Ambassade de France de Moroni. Il est en effet vu comme un moyen de « restreindre la circulation » ou, pouvons-nous lire encore souvent,
L’escalier de Bandrakoa, à Mutsamudu (Anjouan).
« interdire la libre circulation » entre trois îles de l’archipel que sont Anjouan [Ndzuani], GrandeComore [Ngazidja], Mohéli [Mweli] et la quatrième : Mayotte [Maore]. Les conditions d’obtention sont pourtant celles prévues classiquement pour l’entrée sur le territoire français, mais difficiles à réunir pour beaucoup de Comoriens, il est vrai. Ce sont des documents divers et nombreux, et frais de dossiers qui s’élèvent à 4 425 KMF pour les visas de court séjour à Mayotte, 29 525 KMF pour les visas de court séjour dans l’espace Schengen et 48 700 KMF pour les visas de long séjour, en France ou dans les DOM [Départements d’Outre-Mer] uniquement. (5).
Les rapporteurs d’une mission sénatoriale française avaient d’ailleurs suggéré qu’il soit mis fin au visa dit « Balladur » pour le remplacer par un nouveau visa, exclusivement valable à Mayotte, dont la procédure d’obtention serait simplifiée (6). Pour quelle raison le gouvernement comorien, de son côté, n’abolit-il pas tout simplement le visa en faisant pression sur la France au travers de son Ambassade ? Voilà une question en forme d’insistance de la part de certains Comoriens. La réponse est simple : ce n’est pas de son ressort ; il n’a aucune légitimité pour le faire ! Par contre, le gouvernement comorien sait pertinemment que ses citoyens, qui partent en avion ou bateau par
les voies régulières, ne seront accueillis à Mayotte que s’ils sont détenteurs du visa obligatoire. Une certitude, ce gouvernement comorien fermera plus ou moins les yeux sur ceux qui auront choisi de partir sur ces frêles esquifs appelés kwassa-kwassa construits dans des endroits pourtant bien repérés à Anjouan. Le « visa Balladur tue ». C’est ce qu’affirmait encore le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) en 2015, relayant une pétition au nom de la Fédération des associations de solidarité
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