LE MOT DE LA RÉDACTION MAYOTTE, START-UP PASSION C'est un record. L'année dernière, 1802 entreprises ont été créées à Mayotte, une hausse impressionnante de 33% par rapport à 2020, qui était déjà une année référence pour l'entrepreneuriat mahorais. L'île au lagon demeure donc le second territoire le plus dynamique de France, juste après la Guyane et devant La Réunion, les Antilles ou l'Îlede-France. Fait intéressant : un quart de ces créations sont des micro-entreprises, un statut n'ayant vu le jour qu'en 2020 sur l'île. Ce dernier, les chiffres précédemment cités le confirment, est une véritable bouffée d'air frais pour le poumon économique que pourrait devenir Mayotte. Les entreprises informelles, en effet, composaient encore deux tiers de l'ensemble des sociétés mahoraises il y a quelques mois, et la régularisation du travail ne peut qu'aider la population active à sortir des conditions de vie indignes que certaines et certains ne connaissent que trop bien. C'est pour cela que les Trophées mahorais de l'entreprise, lancés en 2012 par la Somapresse, prennent toute leur place. Récompenser celles et ceux qui innovent et permettent à des personnes de vivre mieux est un impératif, que Mayotte Hebdo et Flash Infos ont saisi depuis maintenant une décennie, en vous présentant chaque année une sélection des acteurs de la grande famille qu'est l'entrepreneuriat mahorais. Cette famille, nous la réunirons ce samedi 25 juin 2022 lors d'une cérémonie qui récompensera certes les lauréats, mais aussi l'ensemble des nominés. Bonne lecture à toutes et à tous.
Axel Nodinot
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
idien
er quot otteL e-Mai de May sé par nt
Le 1
diffu
Diffu
iDiEn
Er quot ottEL E-MAi DE MAy SÉ PAr nt
LE 1
Diffu
nEME
04 61 20 0269fos@wanadoo.fr
nEME
04 61 20 0269fos@wanadoo.fr
Sur Abon
flash-in
Sur Abon
flash-in
flash-in
FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie
iDiEn
Er quot ottEL E-MAi DE MAy SÉ PAr nt
LE 1
0269 61 63 55
Fax : 0269 61 63 00
Diffu
nEME
04 61 20 0269fos@wanadoo.fr
Sur Abon
VERRES À VIN, COCKTAIL, COUPE À GLACE...
BP 263 - ZI Kawéni - 97600 Mamoudzou - email : hd.mayotte@wanadoo.fr
flash-in
FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse
à partir de
9€
RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt
FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe
marine le Pen
environnement
Port de Longoni
ConSeil départeMental
Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?
Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?
la dsP sur la sEllEttE
pas de changement sUr l’octroi de mer
© Jonny CHADULI
Grève à Panima
TéléThon 2016
Des propositions mais toujours pas D'issue
DemanDez le programme
première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com
4100% numérique
iDiEn
Er quot ottEL E-MAi DE MAy SÉ PAr nt
LE 1
neMe
04 61 20 0269fos@wanadoo.fr
sur abon
FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André
© CR: Gauthier Bouchet
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
1
Économie
SÉcuritÉ
Les appeLs à projets de L'europe
Couvre-feu pour Les mineurs
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
OUI, je m’abonne
1
Musique
Faits divers
Edmond BéBé nous a quitté
ViolEncE En cascadE
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
1
MCG VS SMart
ViCe-reCtorat
UltimatUm oU véritable main tendUe ?
l’institUtion répond aUx critiqUes
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
1
Pour une formule multiposte, nous demander un devis.
Bulletin d’abonnement
180 € par an g Pour vous abonner, il suffit de nous transmettre ce bon de commande, accompagné d’un virement ou d’un chèque à l’ordre de la Somapresse.
Nom : …………………………….…..…….………Prénom : ………………………..……..………………….…………. Société - Service : ……………………………………………….……….……………..….….….….……...…..…………. Adresse : ……………………………………………………….………….……………….….….….….….…..…………. Code postal : ……………….….….….….… Ville - Pays : ……………….………….……………….…….....…………. N° de téléphone : ………………….………………..E-mail :…………..….….….….…....………….……….…………….. Règlement :
c Chèque à l’ordre de SOMAPRESSE
c Virement
IBAN : FR76 1871 9000 9200 9206 6620 023 / BIC : BFCOYTYTXXX Signature, date (et cachet) : Abonnement d’un an renouvelable par tacite reconduction. Il pourra être dénoncé par simple courrier au moins un mois avant la date d’échéance.
Vous pouvez également vous abonner en ligne en vous rendant sur notre site internet à l’adresse www.mayottehebdo.com/abonnements pour la version numérique. Pour toute demande, contactez-nous : contact@mayottehebdo.com
A retourner à : SOMAPRESSE - BP.60 - 7 rue Salamani - 97600 Mamoudzou
3
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
TCHAKS
LA PHRASE
LE CHIFFRE
L'ACTION
C'est le nombre de candidats aux élections législatives à Mayotte, qui auront lieu les 12 et 19 juin 2022. Le ministère de l'Intérieur a en effet fait paraître les noms des candidats des deux circonscriptions ce mercredi. Dans la 1ère circonscription, nous avons donc Mohamed Moindjie, Yasmina Aouny, Théophane Narayanin, Elad Chakrina, Ismaila Djaza, Ahamadi Boura, Issihaka Abdillah, Ramlati Ali, Antoine Autran ainsi qu'Estelle Youssouffa. Dans la 2ème circonscription, se présentent Soula Said-Souffou, Toumbou Maurice, Ali Djaroudi, Saidali Hamissi, Issa Issa Abdou, Mansour Kamardine, Ahumad Salime, Anli Madi Ngazi, Mouhamed Abdou, Madi-Boinamani Madi Mari et Mouhamadi Mchami. Nous comptons donc, dix candidats dans la 1ère circonscription au Nord et onze dans la 2ème circonscription au sud.
Les manifestants du Collectif des Citoyens qui bloquaient l'accès aux locaux depuis le mois de décembre 2021 ont enfin libéré les lieux. Ils accusaient l'association de la Cimade de favoriser l'immigration clandestine. C'est pourquoi, à l'aide de banderoles vindicatives, ils s'en sont pris directement à l'établissement spécialisé dans l'aide à l'accès aux droits pour les migrants. À la suite de ces évènements, la Cimade avait décidé de poursuivre en justice ces manifestants. Le procès devait avoir lieu ce mardi 24 mai dans le but de les empêcher de bloquer les bureaux, mais aussi de s'en approcher. Cependant, celui-ci a finalement été annulé, puisque depuis deux semaines, la Cimade a pu reprendre possession de ses locaux, ainsi qu'une activité normale.
21
La Cimade de retour dans ses locaux
"La quête d'un droit commun réel" Cette phrase de la candidate Estelle Youssouffa dans la 1ère circonscription de Mayotte a été prononcée dans le cadre d'un débat houleux sur les élections législatives 2022, dans le but de défendre son programme auprès des Mahorais et Mahoraises. La présidente du Collectif des citoyens de Mayotte était face à l'entrepreneur Théophane Narayanin dit "Guito" sur Mayotte la 1ère, ce mardi, où ils se sont activement affrontés. Elle a affirmé qu'elle espérait aller à l'Assemblée nationale afin d'y porter "l'intérêt général des Mahoraises et Mahorais, les combats sociaux de l'île, le combat contre l'insécurité et l'immigration clandestine, la quête d'un droit commun réel avec un accès aux droits et à la prospérité". Quant au patron d'IBS, qui souffre de critiques quant à son origine réunionnaise, il peut compter sur le retrait de sa nouvelle alliée, Cris Kordjee.
ELLES FONT L'ACTU Patricia Girard et Nasrane Bacar à Mayotte Patricia Girard, multiple championne de France et médaillée olympique, accompagnée de Nasrane Bacar, championne et recordwoman de France sur 60 mètres en salle, est à Mayotte pendant une dizaine de jours pour découvrir l'île et aller à la rencontre de la jeunesse. Vendredi dernier, les deux athlètes étaient invitées à une conférence organisée par Soussou Sportwear et le club d'athlétisme de Mamoudzou au lycée des Lumières à Kaweni, pour conter leurs expériences. Originaire de Chirongui, Nasrane Bacar est notamment revenue sur son parcours, mais aussi sur son envie de revenir sur l'île aux parfums pour y développer la pratique de l'athlétisme dans les prochaines années. Un retour qu'elle prévoit dans "un ou deux ans, après la fin de [sa] carrière".
4•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
LA PRÉSIDENCE PARITAIRE ET LA DIRECTION GÉNÉRALE D’AKTO EN DÉPLACEMENT À MAYOTTE POUR RENCONTRER LES BRANCHES PROFESSIONNELLES ET ACTEURS LOCAUX DE LA FORMATION ET DE L’EMPLOI Le mercredi 25 Mai 2022, par Ludovic Belzamine pour Megazap.
compétences dans chaque secteur stratégique. Enfin, AKTO attache une attention particulière à accompagner les publics spécifiques, notamment les personnes en situation de handicap, d’illettrisme ou les publics éloignés de l’emploi.
Principal acteur de la formation et de l’emploi au sein des territoires d'Outre-Mer, AKTO accompagne un grand nombre d’entreprises à Mayotte pour répondre à leurs besoins en termes de recrutement, ainsi que de développement des compétences et des qualifications de leurs salariés. À ce titre, sa Présidence accompagnée de la Directrice générale sera présente à Mayotte du 30 mai au 1er juin afin de rencontrer les représentants paritaires des branches professionnelles et les acteurs locaux de la formation et de l’emploi. L’occasion de dresser un bilan des actions menées par AKTO. Avec l’entrée en vigueur de la loi “Avenir Professionnel”, le rôle d’AKTO a été renforcé dans les territoires d’OutreMer. L’OPCO y assure depuis sa création en 2019 un service de proximité afin d’y développer les actions adaptées aux besoins spécifiques des entreprises et des salariés de ses branches. Par ailleurs, AKTO s’est vu confier la délégation de services en Outre-Mer par 4 OPCOs : Atlas, Opco 2i, l’Opcommerce et l’Opco Mobilités. Enfin, depuis le 1er janvier 2021, AKTO a été agréé par les Ministères des Outremer et du Travail en tant qu’OPCO unique dans 4 départements et collectivités d’outremer : Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Saint-Pierre et Miquelon. À Mayotte, l’OPCO accompagne 1 300 entreprises tous secteurs confondus, employant près de 60 000 salariés. Acteur-clé du développement de la formation et de l’emploi du territoire, AKTO a pour mission d’y développer la qualification et l’emploi notamment grâce à l’alternance, avec 542 contrats signés en 2021, parmi lesquels une majorité de contrats d’apprentissage (349). L’an dernier, plus de 1 000 stagiaires ont été formés dans le cadre du Plan de Développement des Compétences et des cofinancements. L’OPCO contribue également à sécuriser l’emploi des salariés en poste avec la réalisation de diagnostics externes, afin d’identifier les besoins en
Ainsi, François Duclos, représentant du collège salarié du Bureau pour la Présidence de l’OPCO, et Laurent Barthélémy, Vice-Président, ainsi que Valérie Sort, Directrice générale, viennent à la rencontre des équipes d’AKTO à Mayotte du 30 mai au 1er juin. Au programme : échange avec El-Yamine Zakouana, Directeur régional d’AKTO, et son équipe, installation du Conseil d’orientation paritaire, rencontres avec les prescripteurs de l’emploi sur place, dont Pôle emploi, et le Régiment du service militaire adapté (RSMA). Ils se rendront également dans le CFA historique de Mayotte afin d’y visiter les plateaux techniques et d’échanger sur les réalités du terrain. Enfin, une rencontre est prévue avec la Préfecture et la DEETS, pour évoquer la mise en place des trois projets d’Engagement et Développement de l’Emploi et des Compétences (EDEC) lancés au bénéfice des entreprises et des salariés des secteurs de la sécurité privée, du BTP et de l'interprofessionnel et avec le Conseil Départemental pour partager les enjeux du territoire et signer une convention de partenariat pour le développement de l’apprentissage à Mayotte. “Notre engagement à Mayotte est concret, volontariste et mesurable auprès des entreprises et des salariés du territoire. Les enjeux d’emploi, de qualification et d’évolution des métiers sont réels et il nous revient d’adapter localement nos leviers d’intervention pour jouer pleinement notre rôle, notamment en termes d’accompagnement au renouvellement des pyramides des âges.” indique François Duclos qui représente Jean HEDOU, Président d’AKTO "Nous avons tenu à cibler notre déplacement sur les échanges avec nos partenaires afin d’ajuster nos actions et amplifier la valeur ajoutée de notre offre de service en particulier vers les TPE. A titre d’exemple, notre mission de développement de l’alternance vise à s’amplifier dans les prochains mois grâce à l’action croisée de nos deux partenaires APEC et AGEFIPH à Mayotte.” ajoute Laurent Barthélémy, Vice-Président d’AKTO.
5
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
PORTRAIT Lhaimy Zoubert Ravoay
6•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
YASMINA AOUNY REINE & OUVRIÈRE Candidate aux prochaines élections législatives dans la première circonscription de Mayotte, dirigeante d'un club de l'élite du football mahorais et spécialiste du droit européen et international, Yasmina Aouny porte plusieurs casquettes qui font d’elle une femme engagée dans tous les sens du terme. Féministe à part entière, elle est l’auteure du roman “ Les Chatouilleuses ”, qui retranscrit l’ambiance à l'époque du combat pour la départementalisation de Mayotte, menée par de véritables héroïnes politiques, dont Mme Aouny se veut l'héritière.
7
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
PORTRAIT
En cette matinée ensoleillée, c'est en bord de mer de Mamoudzou que la nordiste Yasmina Aouny nous reçoit, coupe afro soignée et verre de jus de gingembre – mangue à la main, afin de nous conter son histoire. “ J'ai vécu la plupart du temps dans la nature, plus particulièrement aux champs. J'ai grandi avec une mère célibataire originaire de M'tsamboro et au chômage. La vie n'a pas été de tout repos et je n'ai pas honte de dire que j'ai grandi dans une situation très précaire. Ce que j'assume pleinement. Cela montre que le parcours que j'ai eu a été très difficile et compliqué ”, assume-telle fièrement. Comme beaucoup de Mahorais, quitter l'île est une alternative pour avoir une meilleure vie. “ C'est une mère qui, malgré la précarité, nous a très bien encadrés. Cependant, difficile de joindre les deux bouts, nous avons dû quitter l'île à deux reprises. Une première fois pour La Réunion où j'y ai effectué le CM1 et le CM2. Ensuite, nous sommes retournés sur Mayotte où j'ai fait ma sixième et ma cinquième. Enfin, nous sommes partis pour la métropole où j'ai poursuivi le reste de ma scolarité ”, nous confie la Phocéenne d'adoption. Malgré les préjugés que les gens peuvent avoir sur Marseille, où elle tenait un meeting
le week-end dernier (voir encadré), Yasmina Aouny a décidé de se battre et de ne pas abandonner. “ Marseille regroupe une forte communauté mahoraise. Beaucoup de familles emmènent leurs enfants là-bas dans l'espoir qu'ils réussissent leurs études et souvent cela se passe mal. J'ai eu la chance de faire partie de l'exception parce que j'ai fait la fin de mon collège à Marseille, la fin de mon lycée ainsi que mes deux premières années de droit en Aix-en-Provence et il n'y a pas eu de souci ”, dévoile Yasmina Aouny.
Enfance modeste et mère modèle Déterminée, elle obtient son baccalauréat haut la main. “ Ce qui a fait la différence dans mon parcours, c'est que j'ai eu l'opportunité d'avoir une bourse d'étude qui m'a permis de partir une année au Brésil, à Sao Paulo. Cela a été très enrichissant de se rendre sur un territoire où des personnes ne parlent pas la même langue que nous. J'ai eu face à moi une culture différente qui m'a permis d'avoir une meilleure ouverture d'esprit, d’être tolérante et d’avoir un rapport à l’autre plus humain et rationnel ”, confesse l'auteure et dirigeante sportive. Cette expérience nourrit ses ambitions, et, à son retour, elle poursuit ses études dans
8•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
le sud de la France, sans que sa volonté ne s'épuise. “ La plupart des jeunes disent que la première année est une grande épreuve et que très souvent on est obligé de la repasser plusieurs fois. Moi, j'ai adoré mes années de droit et j'ai tout validé d'un trait avec des mentions en plus. J'ai un Bac +5 en droit européen et international ”, souligne Yasmina Aouny. Dans la vie, nous sommes responsables de ce que l'on devient, et la mentalité de la jeune femme le prouve. “ Avec tout ce que j'ai pu apprendre, j'ai compris qu'en réalité, on ne peut pas être esclave de ses origines sociales et le départ d'une vie ne présage rien de la fin. Ce n’est pas parce qu’on a eu un début difficile qu’on est condamné à avoir une fin difficile et compliquée. Vu mon départ, je pense que personne ne m’attendait là ”, déclare-t-elle avec émotion. Engagée pour les droits des femmes, Yasmina l'est aussi et surtout grâce à sa mère, “ très certainement, l'une des raisons de mon engagement féministe très prononcé sur ce territoire. C'est une dame qui a tout fait et qui aurait pu réussir, largement mieux que moi si elle en avait eu l'occasion. Elle a malheureusement vécu à une époque où l'examen d'entrée en sixième était très sélectif et il n'y avait pas assez de places. Les places étaient chères. Mais, je sais que toute sa vie elle a nourri un profond regret face à cette soif de savoir restée inassouvie. Elle serait née à la même époque que moi, je pense qu'elle aurait cassé la baraque !".
Tombée amoureuse de l'enseignement Néanmoins, comme chez la majorité des mères de Mayotte, le mariage coutumier est important et une fierté pour les familles. “ Les relations mère-fille sont toujours compliquées à la base, indique la candidate aux législatives. Arrivée à ma deuxième année de licence, les demandes en mariage ont commencé à tomber, et l'une d'entre elles l'avait particulièrement emballée, ce qui a créé une dispute. Elle m'a dit que je ne devais pas rester trop longtemps sur les bancs de la fac et qu'il fallait que je pense à me marier et à fonder un foyer. Cela m'a beaucoup vexé. Mon père a rajouté par la suite que je devais faire attention car les études, ça rend fou ! À la fin de ma licence, ils ont commencé à ne plus me comprendre puisqu'à l'époque, après le bac, on pouvait devenir instituteur à Mayotte. Ils s'imaginaient donc qu'avec le bac en poche, j'envisagerais éventuellement de rentrer pour venir enseigner." Déterminée, c'est seulement à la fin de ses études, après un master en droit européen et international, qu'elle rentre enfin à Mayotte. "Arrivée au Bac +5, je me suis dit que je vais arrêter de stresser cette pauvre dame, plaisante Yasmina Aouny. Je suis donc rentrée à Mayotte, je me suis mariée, j'ai eu une petite fille et j'ai commencé à enseigner les Sciences Économiques et Sociales au lycée de Kahani. Étant juriste de formation, j'ai
"ON NE PEUT PAS ÊTRE ESCLAVE DE SES ORIGINES SOCIALES" commencé à enseigner comme ça et sans forcément me dire que j'allais y rester longtemps, puisque j'avais envisagé de passer des concours, notamment le barreau pour devenir avocate." Toutefois, elle prend goût à l’enseignement et abandonne ce projet, se concentrant sur le CAPES, qu’elle a obtenue. “ Aujourd’hui, cela fait 10 ans que j'enseigne. Une expérience passionnante contrairement à tous les préjugés. J’ai découvert quelque chose d’incroyable dans l’enseignement. Nous avons des élèves hyper motivés qui ne se démobilisent pas, qui ont soif de connaissance et qui veulent avoir leur bac. En tant qu’enseignante, cela oblige d'être à la hauteur de cette détermination ”, nous confie l’écrivaine.
Première femme à présider un club de l'élite à Mayotte Motivée par ses convictions, Yasmina Aouny est une femme engagée dans la société mahoraise. “ Depuis 2015, je suis la porte-parole des femmes leaders et je suis devenue leur secrétaire en 2018. Jusqu'à ce jour, j'occupe ces deux fonctions. Par ailleurs, depuis 2019, je suis la première femme à présider un club de foot de l'élite ici à Mayotte [l'ASC Abeilles de Mtsamboro, NDLR]. Ce qui est une expérience passionnante mais insolite, dans la mesure où je ne suis pas une grande footeuse. Je pense qu'on m'a demandé d'occuper ce poste par rapport à mon caractère et à mon leadership. J'étais tranquillement dans mon coin, avec mon féminisme et mes femmes leaders, et puis un jour des dirigeants sont venus me voir pour me proposer la présidence. Pour moi c'était une blague, puisque je n'y connaissais rien. Ils sont revenus à la charge à plusieurs reprises et c'est à ce moment-là que j'ai compris que c'était sérieux. C'est surprenant
9
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
PORTRAIT qu'ils soient venus chercher une femme, mais ça m'honore au plus haut point ”, affirme la présidente des Abeilles. Mais ce nouveau poste n'est pas tout rose : la première saison, le club bat de l'aile. “ On a enchaîné les défaites, je ne dormais pas, je pleurais tout le temps, explique-t-elle. Et beaucoup ont remis en question le choix de ceux qui sont venus me chercher et certains ont commencé à dire, depuis quand une femme peut diriger une prière ? Depuis quand une femme peut-elle être Imam ? Une femme ne peut pas mener des hommes. Ce qui est bien, c'est qu'ils se sont lâchés, et l'année qui a suivi on a redécollé. Nous sommes allés jusqu'à la finale de la coupe de Mayotte, et nous avons terminés premiers de notre championnat." Résultat, les Abeilles de Mtsamboro réintègrent cette saison le Régional 1, l'élite du football mahorais, ce qui évoque une grande fierté chez la dirigeante.
"Les Chatouilleuses", un travail d'écriture nécessaire Mais, parce que l'hyperactive nordiste ne s'arrête jamais, elle sort il y a quelques semaines son roman, intitulé "Les Chatouilleuses". “ J'ai une arrière-grand-mère qui était Chatouilleuse, qui nous a quittés en 2002, un an avant mon départ de Mayotte pour la métropole. J'ai toujours été frustrée parce que c'était une personne inspirante et passionnante. J'ai vraiment regretté la façon dont elle est partie et, jusqu'à aujourd'hui, je ne suis jamais allée dans cette maison où elle vivait puisque je refuse d'accepter son départ. Au fil des années, je me suis dis que son histoire individuelle ainsi que celle de ses camarades était tellement passionnante qu'il ne fallait pas la laisser tomber, qu'il fallait l'écrire ”, explique Yasmina Aouny. Convaincue de l’importance des "Sorodas wa Maore et des Chatouilleuses", elle veut laisser une trace de cette époque pour qu'elle puisse être transmise aux générations futures. “ Les Chatouilleuses représentent une génération tellement exceptionnelle que le monde entier, la planète tout entière doit avoir la possibilité d’accéder à l’état d’esprit qui animait ce groupe de femmes, révèle la porte-parole des femmes leaders. “ La jeune génération ne connait rien du parcours des Chatouilleuses. Elle est capable de dire que Zéna M'déré était une Chatouilleuse et
peut aller jusqu'à affirmer que Younoussa Bamana était un "Soroda" mais ça s'arrête là. Cela reste très superficiel. Je pense donc que le travail d'écriture était nécessaire. ” À travers son roman, Mme Aouny atteint son objectif, celui de restaurer “ l’ambiance des Chatouilleuses et leur univers ”. Très au fait de l'histoire de sa région, la jeune femme rappelle que la coutume mahoraise est semblable à la coutume Makoua. Cette dernière veut que le dirigeant soit un homme mais épaulé, guidé et conseillé par des femmes. La femme est la gardienne du grenier, celle qui “ joue un rôle socialement important, mais en politique le leader doit être un homme qui sera choisi parmi les jeunes hommes les plus brillants. Quand on analyse la constitution du groupe des Chatouilleuses et des Sorodas, on voit clairement que ce schéma était en place. On est partis chercher de jeunes hommes brillants, comme Younoussa Bamana et Marcel Henry, qui ont été épaulés et conseillés par ce groupe de femmes ”, affirme Yasmina Aouny. Seulement, malgré ces épisodes glorieux où les femmes ont été au centre d'une lutte politique, aujourd'hui, il y a très peu de femmes au pouvoir à Mayotte, bien qu'elles soient plus instruites qu'auparavant. “ Ce qu'il s'est passé, c'est qu'on a considéré pendant très longtemps que l'école était le lieu de la perversion, et que la femme n'avait pas à y mettre les pieds. Il fallait plutôt la préparer à s'occuper de son foyer et de son mari. Dans les premières années de l'école à Mayotte, les enfants n'y allaient pas, et quand ils ont commencé à y aller, seuls les garçons s'y rendaient ”, déplore Yasmina Aouny.
Non, les mandats ne sont pas ouverts qu'aux hommes À Mayotte, en effet, ils sont encore beaucoup pour qui laisser une femme prendre les devants en politique est inconcevable, ou du moins dérangeant. “ Il y a beaucoup d'ambigüités dans la manière dont est perçue la femme dans la sphère politique mahoraise, continue-t-elle. Pourtant, les portes des mandats électoraux ne sont pas fermées aux femmes." La descendante de Chatouilleuse souligne cependant que "le parcours problématique des femmes en politique n'est pas du tout spécifique à Mayotte. Au niveau national, des femmes rencontrent beaucoup de
10•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
difficultés comme par exemple Valérie Pécresse, Anne Hidalgo… Parfois je me demande si elles auraient subi le même sort en ayant été des hommes ”. Bien que l'égalité des femmes et des hommes dans le monde de la politique ne soit pas encore réelle à Mayotte, beaucoup d'être elles ne se démontent pas, à l'image Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère départementale de Dzaoudzi-Labattoir qui a failli prendre la présidence du CD l'année dernière. “ Je pense qu'elle est brillante et qu'elle peut servir l'île, déclare Yasmina Aouny. C'est une personne qui a tout mon soutien, mais il n'y a pas qu'elle bien évidemment. On a des conseillères départementales qui sont motivées et qui essaient de faire de leur mieux malgré les différents obstacles. ” Ce sera le rôle de Mme Aouny, si elle parvient à gagner la première circonscription lors des élections législatives. “ J'ai été sensibilisée à la vie politique très tôt, explique-t-elle. Le MDM est un mouvement politique historique dans lequel j'ai toujours baigné. C'est réellement depuis 2014, 2015 que je me suis activement engagée dans le parti. En 2017 aux législatives, je me suis mobilisée pour soutenir le candidat du MDM, en 2020 aux municipales je me suis mobilisée activement et en 2021 j'avais envisagé de candidater aux élections départementales, mais pour des raisons personnelles cela n'a pas été fait. Et je pense qu'aujourd'hui c'est le moment. Toutes les conditions sont réunies et je me lance ! ”
Je me suis positionnée ”, annonce-t-elle avec beaucoup d'enthousiasme. Toutefois, la majorité des Mahorais ont voté Marine Le Pen à la présidentielle. “ Le vote du Rassemblement National était vraiment un vote de colère, j'ai échangé avec certains de mes proches qui ont fait ce choix et c'était pour eux la meilleure façon d'exprimer leur ras-le-bol face au système qui a été mis en place depuis le quinquennat de Hollande et qui a été poursuivi par le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, analyse la candidate. Pour faire basculer tout cela du côté gauche, je pense qu'il faut présenter le programme de Jean-Luc Mélenchon et vulgariser davantage les idées portées par la Nouvelle union populaire écologique et sociale. Je suis convaincue qu'après cela, on cessera de voter pour protester, mais pour adhérer à une nouvelle vision. ”
De Mtsamboro à l'Assemblée nationale
Soucieuse et pleine d'ambition pour le territoire, elle l'est aussi pour elle-même. “ Dans cinq ans, je me vois finir mon mandat à l'Assemblée Nationale. J'ose également espérer que j'aurais sorti au moins cinq romans. Ma carrière d'écrivaine est importante mais je serai toujours au service de mon peuple, c'est une certitude ”, conclut Yasmina Aouny, qui s'attarde déjà à serrer les mains des passants qui l'entourent. n
Séduite par la figure de Jean-Luc Mélenchon en tant que leader de la nouvelle gauche et de son programme "L'avenir en commun", Yasmina “ pense qu'aujourd'hui, notre territoire a besoin de ce genre d'orientation sociale, environnementale et moins centrée sur le libéralisme sauvage.
Si elle est élue députée, Yasmina Aouny devra naturellement se rendre à l'Assemblée nationale. “ Oui, à M'tsamboro, je me régénère, avoue-t-elle. J'ai besoin d'y être régulièrement. Mais en tant que députée, je ferai le job et je ne devrai pas être absente à l'Assemblée nationale. Je siègerai autant de fois que mes obligations l'exigent. Ma priorité est d'être au service de l'île et d'améliorer les conditions de vie du plus grand nombre de Mahorais. ”
Un meeting à Marseille
Portant la voix de Mayotte au-delà de ses frontières, Yasmina Aouny tenait le week-end dernier un meeting à Marseille. Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise et négociateur des accords entre les différents partis de gauche pour les législatives, était notamment présent afin de lui apporter son soutien. Ce rendezvous politique a ainsi pu faire fleurir les salouvas dans les rues de la cité phocéenne, témoignant d'une forte communauté mahoraise.
11
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
DOSSIER
12•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
Société éditrice de Mayotte Hebdo et de Flash Infos, la Somapresse organise ce samedi 25 juin 2022 la huitième édition des trophées mahorais de l'entreprise. Après deux ans d'absence pour cause de crise sanitaire, cette cérémonie est de retour, célébrant les trop souvent oubliés entrepreneurs et managers, qui sont les fers de lance de l'économie mahoraise. Ces deux ans de trouble ont ainsi permis à certaines entreprises de se révéler, se renouveler et innover dans leurs domaines. Retrouvez dès à présent les nominés dans chacune des catégories suivantes : entreprise citoyenne de l'année, entreprise innovante de l'année, bâtisseur de l'année, trophée de l'économie sociale et solidaire, jeune entreprise de l'année, entreprise dynamique de l'année, manager de l'année, organisme de formation de l'année. À vos votes !
13
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
LES NOMINÉS DES 8ÈMES TROPHÉES MAHORAIS DE L'ENTREPRISE ENTREPRISE CITOYENNE DE L'ANNÉE
L’ambition de l’entreprise citoyenne est d’être au coeur de la cohésion nationale, en replaçant l’Homme et le bien commun au centre de son développement. Le Trophée de l’Entreprise citoyenne cherche à valoriser toutes les actions y contribuant, ainsi que la notion de responsabilité sociale à l’échelle de l’entreprise. -
Green fish Ampire production Lovely Mayotte ADSS Mayotte CROS Mayotte
ENTREPRISE INNOVANTE DE L'ANNÉE
L'entreprise innovante prend des risques, est disruptive, et à ce titre, contribue à faire bouger les lignes en proposant de nouveaux produits et services à Mayotte. Cette entreprise privilégie la recherche et l’investissement dans les domaines des produits, des fabrications, des services, de la qualité, de la formation, etc. -
Le banga au chocolat MayBiotech FBI Mayotte ETIC Services Sirel976 Production
BÂTISSEUR DE L'ANNÉE
Ce trophée vise à valoriser ceux qui œuvrent dans le domaine de la construction. Il récompense un projet de construction, de rénovation, d’aménagement. Le lauréat sera le donneur d’ordre auquel seront associés les architectes, bureaux d’études et entreprises du BTP qui ont participé au projet. -
Hôtel Hamaha CHM site Martial Henry Abattoirs de volailles Mayotte Mayotte la 1ère ITH Datacenter
TROPHÉE DE L'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE
Ce trophée vise à récompenser une entreprise oeuvrant dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, selon les critères nationaux, mis en place localement par la Chambre régionale (CRESS). -
Jua school Couveuse d'entreprises Oudjerebou Hip hop évolution Kaja Koana Jardin de Mtsangamouji
14•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
JEUNE ENTREPRISE DE L'ANNÉE
Ce trophée vise à récompenser une entreprise de 1 à 3 ans en développement et présentant des indicateurs solides de fiabilité. C’est une jeune entreprise qui a su transformer une bonne idée en véritable business. Parce qu’une « jeune entreprise » innove, invente, s’investit dans notre économie et créera certainement des emplois demain, ce prix a pour ambition de récompenser l’audace d’une entreprise qui ose et se donne tous les moyens de réussir -
Dr Omar Soulaimana Maypat Culture May ingénierie Beauty by Fai ZANA
ENTREPRISE DYNAMIQUE DE L'ANNÉE
La dynamique de l’économie mondiale, l’apparition incessante d’innovations technologiques et l’émergence continuelle de nouveaux concurrents ont créé ce que beaucoup appellent un impératif de transformation. Cette catégorie a pour but de récompenser les entreprises qui ont investi dans l’année, qui ont créé de l’emploi et formé leurs employés. -
Samani concept Maoré Jet Abattoirs de volailles de Mayotte Maestria recrutement SARL Garage auto plus
MANAGER DE L'ANNÉE
Le Manager de l'année sait fédérer son équipe autour d'objectifs communs. Il crée une ambiance propice à la bonne cohésion du groupe et permet à chacun de donner le meilleur de lui-même. En outre, il veille à ce que toutes les conditions (matérielles, éthiques, etc.) soient réunies pour chaque employé soit heureux de se rendre au travail le matin et de contribuer au développement prospère et constructif de l'entreprise. -
Zily Les frères Boina Marcel Rinaldi Jacqueline Guez Bourahima Ousseni
LE L E V U O N E I R O G É T CA
TROPHÉE DE LA FORMATION ET DES COMPÉTENCES
Ce trophée récompense les entreprises qui promeuvent l’accès aux formations et le développement des compétences de leurs salariés, et qui favorisent l’insertion des jeunes dans l’emploi. Il cible en priorité les entreprises de moins de cinquante salariés. -
Dagoni services Unité Privée de Sécurité (UPS) Bourbon Distribution Mayotte Durandal Mayotte Home services
15
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
ENTREPRISE DYNAMIQUE SAMANI CONCEPT
Née des esprits de Farda Mari et de Soifaoui Loutfi, la boutique Samani, derrière les vitrines de Mgombani, est "plus qu'un concept store". Rencontres artistiques, formation, design… Les événements organisés par l'équipe de l'échoppe sont légion, et se déclinent depuis plusieurs années à l'international. La première chose qui frappe le visiteur, lors de son entrée dans la boutique, c'est la qualité des meubles et autres produits qu'elle propose. Au sein des vitrines de Mgombani, à Mamoudzou, l'ambiance de Samani Concept dénonce en effet avec le commun des magasins d'ameublement. C'est peut-être parce que l'enseigne n'est pas qu'un fournisseur de mobilier, mais "une philosophie de vie, un art de vivre". Depuis sa création en 2019, le concept store ne cesse donc de proposer des rendez-vous uniques à ses clients. Lors de l'été 2021, des humoristes du Jamel Comedy Club s'y produisaient. Il y a quelques mois, la star mahoraise
Zily dévoilait son nouveau projet lors d'un showcase intimiste. Des défilés de mode se déroulent également au sein du local de Samani. Enfin, des ateliers à destination des jeunes mahorais les pousse à viser l'excellence dans tout ce qu'ils entreprennent. D'autres événements prennent place au sein du concept store, qui est ouvert du lundi au vendredi de 9 à 18 heures, et le samedi de 9 à 17 heures. Et l'aventure est loin d'être terminée, puisque Samani ne se limite pas aux seules frontières de l'île au lagon. En 2020, un deuxième concept store voit le jour à Antananarivo, avant qu'une boutique de 200 mètres carrés n'ouvre à Aixe-sur-Vienne en décembre dernier, et les deux fondateurs mirent désormais du côté du Portugal, de la Tanzanie ou du Kenya. Avec toujours, en toile de fond, l'ambition de proposer des vitrines de Mayotte à travers le monde. n
16•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
MAESTRIA RECRUTEMENT
Spécialisée dans la gestion des ressources humaines à Mayotte, Maestria Recrutement est un acteur fondamental dans la quête de compétences et de nouveaux talents pour les entreprises. Elle conseille, accueille et forme ces acteurs qui vont contribuer au développement du territoire. Le cabinet, qui a dû faire face à la crise sanitaire comme toutes les entreprises de l'île, a su remonter la pente pour continuer de proposer un package RH inédit sur le territoire. Créé fin 2016 à Mayotte, Maestria recrutement compte actuellement 13 salariés et est le fruit de Namoure Zidini, ancien chargé de communication en énergies renouvelables à La Réunion. L'émergence de cette idée est multiple. "J'ai dans le cadre de mon poste à La Réunion géré des équipes et j'ai adoré ça. Et je trouve que le concept d'accompagnement est utile au territoire", affirme l'entrepreneur.
Les activités du cabinet se segmentent en quatre axes. "Nous avons dans un premier temps le recrutement, qui inclut l'accompagnement. Nous accompagnons également les nouveaux arrivants sur le territoire, en partenariat avec Action Logement. Nous organisons ensuite sur une journée des formations d'immersion à la culture mahoraise. Enfin, nous avons lancé une plateforme, Mayotterecrute.fr, qui diffuse des offres d'emploi dont la principale caractéristique est qu'elle est connectée sur les réseaux sociaux, ce qui permet de séduire des candidats", explique Namoure Zidini. La crise sanitaire, comme d'autres entreprises, a mis à mal le cabinet. "Avec la Covid, nous sommes tombés très bas et c'était très compliqué. En 2018, nous dépendions d'une seule activité et c'est seulement après la crise que nous avons réussi à réatteindre nos chiffres", confie l'entrepreneur. Après ce malheureux évènement et la volonté de toujours proposer d'autres innovations dans le domaine des ressources humaines, "nous avons été primé et reçu deux concours de l'entreprise innovante", conclut-il fièrement. n
17
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
ENTREPRISE DYNAMIQUE MAORÉ JET
Installée sur la plage du Faré depuis 2018, la base nautique Maoré Jet a su braver concurrence et fermeture due à la Covid pour s'imposer comme l'un des acteurs essentiels du tourisme mahorais. Très présente sur les réseaux sociaux, l'entreprise touche une clientèle jeune et continue de grandir. Oissioun Bahedja a su prendre la vague. Seulement accompagné de sa femme et d'un jet ski en 2018, lorsqu'il fonde Maoré Jet, l'entrepreneur compte désormais cinq salariés et une flotte d'une dizaine de jet skis et d'un bateau. "C'est un besoin, affirme-til. Nous sommes les premiers jeunes mahorais à se lancer dans le milieu nautique. Aujourd'hui, on parle de tourisme et d'économie bleue, donc ça s'est fait naturellement." Celui qui a apprécié faire du jet en Normandie ou dans le sud de la France passe donc les diplômes de moniteur
et ouvre une base en Petite Terre, avec le soutien de la commune de Dzaoudzi-Labattoir. Depuis, son frère l'a rejoint, et l'entreprise, qui cherche un second emplacement dans le nord ou le centre de Grande Terre, ne cesse de se développer malgré les embûches : vols de bateau, relations avec les institutions… Ou crise sanitaire. "On était à l'arrêt, ce n'était pas facile, avoue Oissioun. J'ai dû négocier avec tous les créanciers. Mais, dès la reprise, les clients sont revenus." La cause de cette reprise rapide ? La communication numérique. "Aujourd'hui, presque 10 000 personnes nous suivent sur les réseaux sociaux, on fait des petits sondages auprès des abonnés, des partenariats avec des artistes, ça permet d'avoir un certain dynamisme." Ça tombe bien, Maoré Jet est nominé dans la catégorie entreprise dynamique, en attendant qu'elle propose ses propulseurs sous-marins et ses kayaks transparents…n
18•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
SAS AVM
En juillet 2021, la SAS AVM – pour Abattoir de volailles de Mayotte – inaugurait en grande pompe son nouvel abattoir de volailles à Kahani, dans la commune de Ouangani. L'objectif ? Proposer aux Mahoraises et aux Mahorais un produit local, mais aussi une commercialisation immédiate sur site. Écologiquement et économiquement, la souveraineté alimentaire de Mayotte est un enjeu majeur de ces prochaines années. Ceci, AVM l'a bien compris. L'été dernier, en effet, la SAS Abattoir de volailles de Mayotte fait sortir de terre son nouveau bâtiment à Kahani. On compte actuellement un abattage de plusieurs milliers de volailles par jour pour cette unité de production, qui comporte également une unité de conditionnement et un magasin, offrant la possibilité de commercialiser immédiatement les volailles.
En plus de proposer aux consommateurs mahorais une volaille locale, abattue et conditionnée sur place, AVM a permis à de nombreux éleveurs de l'île de poulet d'intégrer la boucle, signifiant des revenus plus stables pour eux, ainsi que la possibilité de recruter du personnel pour le bon fonctionnement de l'abattoir. Le Conseil départemental a soutenu le projet dans le cadre du FEADER – Fonds européen agricole pour le développement rural – à hauteur de presque 5 millions d'euros, pour un coût total de 8 millions d'euros. L'agriculture et l'élevage sont, à n'en pas douter, un atout que les collectivités et entreprises locales se doivent de développer à Mayotte, pour le plus grand plaisir des habitants de l'île. n
19
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
ENTREPRISE DYNAMIQUE GARAGE AUTO PLUS
Située à Mtsangamouji, la SARL Garage auto plus est une véritable affaire familiale, devant son existence au patriarche, Anli Mohammed dit "Monsieur Mouch". Depuis l'ouverture en pleine crise sanitaire, l'établissement ne cesse de proposer de nouveaux services, se positionnant comme la référence automobile du nord-ouest de Mayotte. "C'est un projet personnel que j'ai en tête depuis 2012", déclare Anli Mohammed au sujet de son garage, avant de continuer : "J'ai ouvert pile poil dans la crise, en août 2020. Ce qui m'a sauvé, c'est que j'avais déjà tout le matériel sur place, avant que la crise ne commence. Quand l'État a compris qu'il fallait autoriser les garagistes à rouvrir, on a appliqué les gestes barrières et on a grandi petit à petit." Effectivement, le garage auto plus propose de nombreux services à ses clients, puisque celui qui est moniteur de formation et spécialiste en sécurité routière est également technicien en climatisation, ce dernier élément manquant
dans la zone. "C'est un bel emplacement, stratégique, déclare le natif de Mtsangamouji. Donc lors de mon retour à Mayotte, il m'a semblé opportun de créer un garage qui proposait tous les services automobiles, et notamment la climatisation, parce qu'il y avait une carence dans le nord." Pour s'entourer, nul besoin de chercher bien loin : la femme de M. Mouch et son neveu, mécanicien depuis une quinzaine d'années, forment le noyau dur du garage. Mais l'affaire familiale compte aussi un électron libre en Europe. "J'ai un très bon ami à Genève, Anli Souffou, qui s'occupe de rechercher les pièces, les fournisseurs, et des démarches au nom de la société. C'est aussi mon point fort, je n'ai pas besoin de me déplacer et de faire la paperasse." Prochaines étapes, la programmation et production de clés de véhicules, mais aussi l'ouverture d'un second établissement aux abords du garage, qui se concentrera sur la carrosserie. n
20•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
JEUNE ENTREPRISE ZANA
La marque Zana, créée en 2020, prône le retour aux sources. Les Mahorais utilisent beaucoup d’épices, mais la plupart d'entre elles sont importées. Houssalam Houdjati a donc eu l’idée de changer la donne et de fabriquer des épices et condiments à Mayotte pour les habitants de l’île. L’idée a séduit puisque maintenant, les produits Zana sont disponibles dans tous les magasins.
L’entrepreneur travaille avec des agriculteurs locaux qui lui fournissent certains produits que l’on trouve à Mayotte tels que la cannelle et le clou de girofle, et parfois il importe depuis l’Inde, la Thaïlande ou encore les Émirats Arabes Unis, puisque toutes les épices ne se trouvent pas sur l’île. « Il faut savoir que 80% des épices utilisées dans le monde viennent de l’Inde. Mais dans mon cas, tout est fabriqué et transformé à Mayotte. »
Lorsque l’on fait les courses, il est difficile de ne pas les voir. Les produits de la marque Zana sont présents sur les étagères des grandes surfaces mais également des supérettes. Clou de girofle, curcuma, cannelle, poivre, oignon, Zana vend toutes sortes d’épices et de condiments. « Le but est de pouvoir proposer des produits qui sont utilisés dans la vie au quotidien afin de répondre à une demande sur le territoire », indique Houssalam Houdjati, le fondateur de la marque.
Selon Houssalam Houdjati, son affaire est florissante notamment grâce à la grande distribution qui a immédiatement adhéré à ce projet, et c’est ce qui le pousse à viser plus haut. « On veut étendre notre gamme et proposer également des produits utilisés en pâtisserie comme les amandes en poudre, la pâte à sucre, du sucre glace etc. » annonce le gérant, en espérant rencontrer le même succès qu’avec les épices et condiments. n
21
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
JEUNE ENTREPRISE MAYPAT CULTURE
À Mayotte, les coutumes et les traditions sont encore présentes dans la vie des Mahorais. Mais force est de constater qu’au fil des générations, les plus jeunes délaissent la culture de leur île. C’est pour lutter contre cela qu’Anssifati Halidi a créé Maypat culture. À travers son entreprise, elle se bat pour préserver le patrimoine culturel mahorais et le transmettre aux enfants et adultes qui veulent le découvrir. Après avoir travaillé dans le domaine de la culture mahoraise pour différentes structures, Anssifati Halidi décide de se lancer dans l’entrepreneuriat à la fin de l’année 2019. D’abord en couveuse, elle finalise son projet en octobre 2021 en créant Maypat Culture, qui a pour objectif de valoriser le patrimoine et la culture de l’île aux parfums. « Il existe des associations qui œuvrent en ce sens, mais c’est la première fois qu’une entreprise se spécialise dans ce domaine », assure-t-elle.
Anssifati Halidi a établi trois grands pôles qu’elle souhaite développer. « Un pôle formation sur les métiers de la culture et patrimoine, un volet d’ingénierie culturelle et un troisième sur la recherche et l’innovation dans le domaine. » Cela étant dit, la cheffe d’entreprise ne s’arrête pas là. Elle a pour ambition de créer une école pour permettre aux jeunes mahorais de découvrir leurs traditions. « J’ai grandi avec ma grand-mère et grâce à elle j’étais au plus près de la culture mahoraise. Aujourd’hui je suis nostalgique car, de nos jours, il n’y a aucune transmission, il n’y a pas de lieux où nos enfants peuvent apprendre nos coutumes », indique-t-elle. Les adultes ne sont pas en reste, puisqu’Anssifati veut également ouvrir un centre de formation, afin de former des médiateurs qui pourront à leur tour transmettre leur savoir. L’aventure de Maypat culture ne fait donc que commencer. n
22•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
BEAUTY R BY FAI
Située à Mnyambani dans la commune de Bandrélé, la boutique Beauty’R by Fai est unique en son genre. Sa propriétaire, Faida Boura, plus connue en tant que Fai, a créé un concept store où l’on peut trouver du maquillage, des vêtements, des accessoires, le tout dans une ambiance cosy et chaleureuse. Lorsqu’elle a ouvert sa boutique en octobre 2019, Fai était loin d’imaginer le succès qu’elle allait rencontrer. « Beaucoup de personnes m’ont déconseillé de m’installer à Mnyambani parce que ça n’a pas très bonne réputation. Mais je voulais créer quelque chose chez moi, pour les gens du sud, parce qu’ici on n’a pratiquement rien », explique-t-elle. La jeune femme prend donc le risque et fait construire ses locaux sur un terrain familial. Les premiers mois, sa clientèle est principalement composée d’habitants du sud, mais aujourd’hui la tendance a changé. « Mes clients viennent de partout, nord,
sud, centre, Petite Terre », assure-t-elle fièrement. La clé de son succès ? La boutique en elle-même, qui a un style particulier. « Le concept plait. J’ai voulu créer un espace où on se sent comme à la maison. C’est un endroit calme, cosy où on peut se détendre. On discute avec les clients et il n’y a pas de vendeur qui est tout le temps derrière vous », précise Fai. La cheffe d’entreprise est fière de son parcours. Après avoir passé vingt ans en dehors de Mayotte, rentrer chez elle était comme une évidence. Elle veut lancer un message d’espoir à tous ceux qui hésitent à rentrer et ouvrir leur entreprise à Mayotte. « Il ne faut pas se mettre des barrières, on peut très bien réussir sans avoir des fonds économiques énormes. Avec un minimum de budget et de confiance en soi on peut y arriver. » Elle en est le parfait exemple. n
23
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
JEUNE ENTREPRISE OMAR SOULAIMANA MADI
Omar Soulaimana Madi est un ancien élève du lycée agricole de Coconi. À la fin de ses études, en 2018, il décide d’ouvrir son entreprise dans le maraichage. Son affaire fonctionne alors rapidement il souhaite se diversifier et élève des volailles. Installé à Ongojou, le jeune homme travaille avec les abattoirs de Mayotte. L’agriculture s’est présentée comme une évidence pour Omar Soulaimana Madi. « C’est ce que j’aime le plus ! », lance le jeune homme. Après avoir été formé au lycée agricole de Coconi, il décide d’ouvrir son entreprise. Il commence par le maraichage, fruits, légumes, rien ne lui manque. Désireux de diversifier son activité, il se lance dans l’élevage de volailles. « Aujourd’hui je travaille en partenariat avec AVM, l’abattoir de volaille de Mayotte », indique Omar Soulaimana Madi. À partir du mois
de décembre de cette année, les particuliers pourront également se fournir directement auprès de lui. L’agriculteur ne regrette pas son choix malgré les difficultés du métier. « Je travaille tout seul, tous les jours, toute la journée », précise-t-il. Mais cela ne l’empêche pas d’être fier de lui. « Je suis content parce que même si c’est dur de faire ce que je fais à Mayotte, ma petite entreprise fonctionne. » À tel point qu’il est à la recherche d’un nouveau salarié après avoir travaillé seul pendant des années. Un signe d’espoir pour Omar Soulaimana Madi. n
24•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
MAY INGÉNIERIE
Créée en mai 2021, May ingénierie s'occupe, comme son nom l'indique, de gérer de A à Z les projets que ses clients souhaitent lancer sur l'île au lagon. Le gérant de la société, Monsieur Yssouf Boura, a installé cette dernière dans la commune de Mamoudzou.
25
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
MANAGER DE L’ANNÉE ZILY
On ne présente plus Zily. Auteure, compositrice, et interprète mahoraise, elle évolue dans le domaine de la musique depuis deux décennies. Depuis deux ans, l’artiste a étendu son domaine de compétence en créant son label, Yeka Music, et sa boîte de production, Yeka production, qui marquent un tournant dans sa carrière. 2020 est l’année du changement pour Zily. Après avoir passé des années à interpréter des chansons traditionnelles mahoraises, elle prend une toute autre voie et souhaite viser un public plus large. Pour cela, elle crée Yeka Music et Yeka production, et s’entoure d’une nouvelle équipe cosmopolite, de tous bords, qui lui permettra d’atteindre ses objectifs, soit toucher un public plus jeune et s’exporter à l’international. Sont notamment cités la Tanzanie, le Nigéria, le Sénégal, les États-Unis et bien plus. « Aujourd’hui, si on peut écouter
des chansons de tous ces pays à Mayotte, alors je pense que là-bas aussi, ils peuvent écouter les nôtres et découvrir la langue mahoraise et notre culture », nous expliquait-elle il y a un an. Pour parvenir à ses fins, Zily se consacre pleinement à son travail, et s’entoure de professionnels qui ont collaboré avec des artistes français adulés par le grand public, à l’instar de Karlos Da Silva, le réalisateur et chorégraphe du clip « Tsika ». « J’ai aussi élaboré ce projet avec un grand compositeur qui s’appelle Stillnass. Il a travaillé avec les grands comme Maitre Gims, Tayc, Say’z. J’ai voulu que ça soit lui parce qu’il est de la région et qu'il a compris ma démarche », souligne Zily. L’EP de la chanteuse est sortie depuis peu et c’est déjà un succès, une étape de plus pour elle et ses équipes de Yeka music et Yeka production qui les motive à aller plus loin. n
26•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
JACQUELINE DJOUMOI-GUEZ
Derrière le clavier, la caméra et la gestion de Clap Productions, il y a Jacqueline Djoumoi-Guez. Celle qui aurait pu réussir dans un tout autre domaine a choisi de porter haut les couleurs de l'audiovisuel mahorais, un support idéal pour ses considérations sociales. "Pourquoi on n'est pas sélectionnés en entreprise citoyenne ?", s'emporte d'emblée Jacqueline Djoumoi-Guez. Celle qui est titulaire de deux masters en droit privé et ressources humaines pose la question car, plus jeune, elle a tout lâché pour se lancer dans l'audiovisuel, avec toujours des avancées sociales dans un coin de la tête. "Un jour, j'étais dans les embouteillages à Kawéni, et j'ai vu un panneau publicitaire pour la prévention du cancer de l'utérus, racontet-elle. Et je me suis rendu compte que le message passait complètement à côté de la cible, les femmes de plus de 50 ans." C'est ainsi qu'après un tour du monde, la jeune femme rachète la société Clap Productions, convaincue du potentiel que l'audiovisuel possède encore à Mayotte. Elle
s'organise en agence et privilégie les projets sociétaux : "Je fais très peu de projets de divertissement ou des pubs à but consumériste et capitaliste. Je veux traiter de parentalité, d'intergénérationnalité, des droits des femmes, qui me tiennent particulièrement à cœur". Chaque année, en effet, Clap émet des spots TV bénévoles pour sensibiliser aux droits des femmes, lors de la journée internationale leur étant consacrée. Mais ce n'est pas tout. Via son entreprise, Jacqueline Djoumoi-Guez lance également une bourse d'étude de 1500 euros à destination de quatre jeunes qui choisissent la voie de l'audiovisuel, pour financer leurs caméras, micros, et autres logiciels de montage. Innover socialement, un credo qu'elle a aussi décliné via sa série "Colocs", victime de critiques de la part de la population mahoraise. Pas de quoi décourager l'entrepreneuse, qui se lance déjà dans la conquête numérique des jeunes… Et la saison 2 du feuilleton. n
27
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
MANAGER DE L’ANNÉE MARCEL RINALDY
Marcel Rinaldy est à la tête du groupe 3M, un groupement d’intérêt économique. Il dirige plusieurs sociétés et gère une centaine d’employés. Après être passé par l’île de La Réunion, il pose ses valises à Mayotte au début des années 2010. Le chef d’entreprise s’est également engagé dans le monde associatif en créant le Collectif du monde économique de Mayotte (CMEM). Cosmétiques, restauration, bijouterie, Marcel Rinaldy exerce dans plusieurs secteurs d’activités à travers sa société Groupe 3M (Madora, Celio, Adopt’, Jennyfer, Maya Lingerie, Case For You, Mzuri Sana, le salon de coiffure Ebena et le duty free de l’aéroport Dzaoudzi). Sa structure la plus connue à Mayotte est sans aucun doute Madora. Apprécié des femmes mais également des hommes, Madora propose des produits de cosmétiques et des parfums.
Marcel Rinaldy n’a pas voulu se cantonner au cosmétique et, depuis 2019, il a ouvert sa première bijouterie appelée Mzuri Sana, comprenez « la plus belle d’entre toutes ». Si le chef d’entreprise importe certains articles, il travaille également avec les artisans de Mayotte qui confectionnent les bijoux traditionnels mahorais. Le président du groupe 3M s’est également lancé dans le monde associatif en créant le Collectif du monde économique de Mayotte (CMEM) en 2020. Il s’est beaucoup engagé dans la lutte contre l’insécurité grandissante dans le département et qui touche les entreprises. Le CMEM a également porté la voix des entrepreneurs de Mayotte qui ont rencontré des difficultés pendant la période de la crise sanitaire liée aux Covid-19. Grâce à ses multiples casquettes, Marcel Rinaldy est sans aucun doute un personnage clé dans le monde de l’entreprise à Mayotte. n
28•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
BOURAHIMA ALI OUSSENI
Hyperactif dans le secteur des services sur l'île, mais pas seulement, Bourahima Ali Ousseni est ce que l'on peut aisément nommer un "serial entrepreneur". Celui qui vient a fêté ses quarante ans il y a quelques mois devient également une voix qui porte à Mayotte, en tant que président de la CPME locale, la Confédération des petites et moyennes entreprises. La liste des mandats est conséquente, et n'est pas encore vouée à se raccourcir : BAO Propreté à Passamainty, élevage de chiens de sécurité avec One Dog, CCI Immobilier, SARL Mayotte électricité bâtiment travaux publics… Bourahima Ali Ousseni est un entrepreneur hyperactif, qui n'hésite pas à saisir l'opportunité lorsqu'elle se présente, et qui la transforme bien souvent en une réussite. Le plus significatif de ces accomplissements professionnels
est sûrement la compagnie de sécurité UPS – pour Unité privée de sécurité – qui se décline à Mayotte mais aussi à La Réunion. Effectivement, l'entreprise de sécurité a, et ce depuis plusieurs années, développé une relation de confiance et des partenariats pérennes avec de nombreux organismes sur le territoire mahorais, déployant son logo sur les équipements des personnels. Mais Bourahima Ali Ousseni ne demeure pas qu'un entrepreneur à succès. Viceprésident de l'ADIM et président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, il n'hésite pas à prendre la parole sur les sujets qui fâchent, et notamment la lenteur administrative et le manque d'aides aux entreprises mahoraises de la part de l'État. n
29
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
MANAGER DE L’ANNÉE LES FRÈRES BOINA
Dans la catégorie des serial entrepreneurs mahorais, il est deux Pamandziens qui comptent, et qui sont issus de la même fratrie. Il s'agit des frères Boina, Sharaf et Sulman de leurs prénoms, qui ont au fil des ans bâti un véritable petit empire automobile dans le 101ème département français. L'automobile est un secteur ayant toujours le vent en poupe, même sur une île si petite et peu dotée en routes telle que Mayotte. Dans ce domaine, les frères Sharaf et Sulman Boina se distinguent particulièrement par leur parcours et leur réussite florissante. La Carrosserie Australe, Mayotte pare-brise, Guenancia et autres garages, tout leur appartient, et fonctionne si bien que les deux frères peuvent continuer leurs activités sans trop se soucier de l'avenir. "C'est vraiment nécessaire, déclarait Sharaf
Boina en 2009 à Mayotte Hebdo. Il y a un service qui est là et qui peut être mené à bon terme. C'est un projet à long terme et je vise la lune, mais pour l'heure, je veux juste que ça marche normalement." Depuis, les victoires s'enchaînent pour celui qui fut le premier Mahorais à devenir expert en changement et réparation de pare-brise, ainsi que pour son frère, les deux Pamandziens faisant désormais partie des grandes figures du secteur des services à Mayotte, un poste trop souvent négligé – et encore négligé aujourd'hui – alors qu'il apporte tant à la population de l'île. n
30•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
8
PARTENAIRES
77 Route Nationale 97615 Pamandzi - MAYOTTE Tél / Fax : 0269 63 23 83 tropic.lin@wanadoo.fr
77 Route Nationale 97615 Pamandzi - MAYOTTE Tél / Fax : 0269 63 23 83 tropic.lin@wanadoo.fr
31
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
L.G
LA FÊTE DE LA NATURE, ÈME 10 ÉDITION Pour sa dixième édition à Mayotte, le grand public a pu participer à la fête de la Nature au jardin botanique de Coconi, ce samedi 21 mai 2022. Un événement organisé par l’association Mayotte Nature Environnement. L’objectif ? Sensibiliser la population aux problématiques environnementales afin de changer les comportements néfastes pour la biodiversité. Concours photo, jeux pédagogiques, expériences scientifiques, visites guidées, randonnée ou encore tombola, la fête de la Nature a été cette année encore riche en émotions. Dès 8h30, les dix-sept structures présentes au beau milieu du jardin botanique de Coconi accueillent les curieux pour leur faire découvrir l’environnement de Mayotte et ses enjeux. “Cette journée est plurithématique” explique Manuella Grimault, coordinatrice de l’association Mayotte nature environnement et du réseau d’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD). L’air, l’énergie, les déchets, la biodiversité, les forêts, l’agriculture, l'apiculture, il y en a pour tous les goûts.
Les petits nouveaux de l’édition 2022 Derrière un panel d’échantillon de végétaux, Abdallah Abdermane, chargé
de culture au conservatoire botanique national de Mascarin (CBN), est prêt à répondre à toutes les questions des passionnés de la flore mahoraise. “Notre mission se résume en trois mots : connaître, conserver et communiquer”, affirme le titulaire d’un baccalauréat aménagement et gestion des milieux naturels, gestion de la flore et de la faune sauvage. Afin de présenter les différents rôles de leurs structures, les employés du CBN ont prévu diverses activités. Initiation aux techniques de création d’un herbier, explication de l’importance d’une banque de semences végétales, visite commentée du jardin botanique, tout est prévu pour mettre en avant les plantes indigènes de l’île aux parfums. “Il est primordial de préserver les milieux naturels et leur flore”, avance Abdallah, “Notre rôle est de mettre en avant ce patrimoine en sensibilisant le grand
32•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
public, de protéger les espèces de Mayotte plutôt que les espèces exotiques.” Une mission que les botanistes pourront mener à bien en participant pour la première fois à la fête de la Nature au sein du 101e département.
de certains délits", dit le policier avec enthousiasme. Rappelant ainsi que même si l’uniforme peut impressionner, “nous allons tous dans le même sens, la protection de la nature”.
Les forces vives en action
Des ateliers au cœur de l’actualité
“Lutter contre les atteintes à l'environnement, la destruction de la forêt primaire, la mise en culture des espaces naturels, le braconnage d’espèces protégées mais aussi la prolifération de déchets industriels et professionnels et ménagers”. Tel est le rôle très complet et les missions opérationnelles effectuées par la brigade de police intercommunale de l'environnement de la communauté de communes du Sud. “Nous avons rarement l’occasion de discuter avec le grand public. Cet événement est l’occasion rêvée pour communiquer sur notre travail et nos objectifs”, explique Jean-Pierre Cadière, chef de service au sein de ladite brigade. A terre ou en mer, les agents travaillent chaque jour à faire respecter la législation en matière d'environnement. “Nous ne sommes pas de simples verbalisateurs. Notre but est de faire baisser les infractions contre l'environnement et arrêter l'atteinte à la biodiversité et pour cela tous les moyens sont bons.” Ancien inspecteur de l'environnement de l’office français de la biodiversité (OFB), le représentant des forces de l’ordre a rejoint l’équipe d’intervention de la CCSud dès sa création en 2019. “Nos élus se mobilisent pour protéger les écosystèmes fragiles de Mayotte et aujourd’hui notre travail paye avec la diminution
Ludivine Sadeski et Pierre Bonne présentent la maquette modélisant les risques d’érosion.
Mondialement célèbre, le volcan de Mayotte n’a pas fini de faire parler de lui. “Notre île se situe sur une zone volcanique. Il y a plein de petits volcans au fond de l'océan, mais ce qui est vraiment extraordinaire c’est d'observer c’est d'assister à naissance d'un volcan de notre vivant”, se réjouit Ludivine Sadeski ingénieure en géophysique au bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Au beau milieu de maquettes représentant les reliefs mahorais, la scientifique et son collègue Pierre Bonne, hydrogéologue, exposent aux curieux les domaines étudiés par le BRGM. Glissement de terrain, gestion et qualité des eaux souterraines, surveillance du volcan, les risques naturels n’ont pas de secret pour eux. “Aujourd’hui, nous souhaitons sensibiliser la population aux problématiques du territoire”, indique Ludivine. Parmi ceux-ci, l’érosion se pose comme un enjeu majeur de l’île aux parfums. Grâce à un bassin versant modélisé à petite échelle, toutes les générations apprennent l’importance de la végétalisation des sols et les risques des terrains laissés nus. Un bon moyen de sensibiliser l’ensemble de la population aux diverses problématiques environnementales que connaît l’île. n
Abdallah Abdermane, chargé de culture au conservatoire botanique national de Mascarin (CBN).
33
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE Abdou Salam Baco, Contes inédits de Mayotte, Archives départementales de Mayotte, 2010.
Abdou Salam Baco est né à Mzouazia. Après des études secondaires à Maoré et à la Réunion, il débarque à Saint-Etienne en 1983 pour poursuivre ses études supérieures. Titulaire d’un DEUG d’AES (Administration économique et sociale), il s’oriente vers les sciences économiques. Après avoir préparé un diplôme supérieur de conseil en développement, il entreprend des études doctorales sur l’histoire de Mayotte, qu’il clôt par la soutenance de sa thèse en avril 1993. C’est donc en Docteur ès Histoire Économique qu’il débarque à Mayotte en mai 1993 avec femme et enfant. Abdou S. Baco est l’auteur de trois romans – Brûlante est ma terre, Dans un cri silencieux et Coupeurs de tête – et de deux recueils de nouvelles : La Belle du jour et Cinq femmes. Il est également musicien, fondateur du groupe Mobissa à Mayotte. Il travaille dans le milieu culturel dans son pays.
TRANSCENDER LA MÉCHANCETÉ PAR LE RIRE AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. Le cinquième tome des Contes inédits de Mayotte (2010) s’intitule “ Méchanceté ” et décline ce thème dans neuf textes intitulés respectivement : “ Farata ”, “ Marabout malgré lui ”, “ L’homme avare ”, “ Le mari égoïste ”, “ La colère d’Allah ”, “ L’Enfant-serpent ”, “ Nyahi ”, “ La marâtre ” et “ Règlement de comptes ”. Et le lecteur en a en effet pour son argent en termes de méchanceté. Dans “ L’homme avare ”, un mari tue sa femme pour une canne à sucre ; dans “ Le Mari égoïste ”, un homme maltraite sa belle-sœur handicapée ; dans “ La colère d’Allah ”, tout un village refuse de donner à boire à un mendiant ; dans “ L’enfant-serpent ”, une femme accouche d’un serpent à la suite d’un viol ; dans “ Nyahi ”, une marâtre est décapitée pour avoir enterré sa belle-fille vivante ; dans “ Règlements de comptes ”, c’est le thème des frères ennemis qui est réactivé. Deux éléments retiennent notre attention dans ce nouveau recueil. Le premier, et le plus important, est qu’il existe quelque chose capable de transcender la méchanceté, à savoir le rire, comme le prouve l’extrait suivant : “ Le roi, qui était résigné, ordonna que le marabout se mette au travail tout de suite. Le paysan fut alors conduit dans la chambre de la princesse ; livré à lui-même, il se trouva face
à un terrible dilemme : ou bien il guérissait la princesse par tous les moyens nécessaires, ou bien les coups de fouets allaient être remplacés par un seul et unique coup de sabre, et c’est sa tête qu’il risquait de perdre, à défaut de connaître des remèdes dignes d’un vrai marabout, il décida d'essayer un remède vieux comme le monde : le rire. ” (p. 27) Dans ce conte, plaisamment intitulé “ Marabout malgré lui ”, un homme est obligé de devenir, comme dit Molière, “ médecin malgré lui ”, afin d’éviter les coups de bâton. En effet, un roi n’arrive pas à guérir sa fille bien-aimée. Le faux médecin, ne sachant que faire, se livre à une pantomime : “ Planté donc au milieu de la chambre de la princesse, l’homme fit comme s’il était seul dans la pièce ; il commença à se livrer à des gestuelles aussi bizarres que ridicules : il sautillait en tirant la langue ; il imitait la démarche du singe en se grattant la tête et tout le corps, comme s’il était envahi par une armée de poux ; il faisait des roulades, en avant et en arrière ; puis il s’affala brusquement par terre, fixant la princesse de ses grands yeux ouverts, comme s’il venait seulement de se rendre compte qu’elle était là ; puis il commença à tortiller sa tête comme s’il cherchait, de loin, un quelconque défaut sur le corps de la princesse. ” (p. 27-28)
34•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
Par chance, la jeune fille guérit aussitôt : “ D’abord intrigué par cet étrange inconnu qui venait de pénétrer dans sa chambre, la princesse esquissa d’abord un rire timide lorsque l’homme commença ses plaisanteries ; puis, plus l’homme se surpassait, plus elle riait franchement et, finalement, n’en pouvant plus, elle se précipita dehors en se tenant les côtes et en s’essuyant les yeux, tellement elle riait, elle qui était grabataire. ” (p. 28) Il faut expliquer au lecteur comment on en arrive là. Le médecin malgré lui est un homme qui bat sa femme pour obtenir d’elle une maison bien tenue. Un jour qu’elle donne à boire à des hommes à la recherche d’un médecin pour la fille du roi, elle trouve judicieux de se venger en indiquant que son mari est un excellent guérisseur, à condition qu’on lui donne le bâton ! Le conte propose donc une méditation et un divertissement sur la violence comme moyen d’arriver à ses fins. Dans un autre texte du recueil, intitulé “ La Marâtre ” - peut-être en référence à l’un des premiers récits de Salim Hatubou en 2003 -, on retrouve le premier conte de Sophie Blanchy, dans La Maison de la mère (1993), avec une variante dans laquelle la défunte génitrice continue à veiller sur sa fille en se servant d’une armoire avant d’opter pour la vache nourricière :
“ Mais la mère de la fille voyait de sa tombe tout ce qui arrivait à sa fille. Ne supportant plus cette situation, surtout après la réaction timide du père, elle se déguisa en rêve et dit à sa fille de se rendre dans leur maison, de regarder dans une grande armoire où on avait rangé ses affaires, elle y trouverait de quoi manger. Le lendemain matin, la fille se rendit dans la maison, ouvrit l’armoire, et trouva en effet de la bonne nourriture. Elle s’installa confortablement dans la cuisine et mangea tout son saoul. Elle fit cela chaque jour, matin, midi et soir, à l’insu de sa méchante marâtre et de son père. Au bout de quelques jours, la fille avait repris des couleurs. ” (p. 59). Afin de transcender la violence, partie inhérente d’un monde aussi fait d’ombre, nous indiquons sa fonction dans les textes en reprenant à notre compte la thèse de Bruno Bettelheim qui, dans sa Psychanalyse des contes de fée (1976), fait de la violence une composante du monde sur laquelle le conte ne doit pas faire l’impasse, mais dont il doit aussi et surtout montrer qu’elle peut être surpassée, message optimiste pour l’enfant qui devra un jour l’affronter, et en sortir vainqueur.
Christophe Cosker
35
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 1 • 2 7 / 0 5 / 2 0 2 2
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot
# 1001
Couverture :
8ème Trophées des entreprises. Présentation. Partie 2/2
Journalistes Axel Nodinot Romain Guille Raïnat Aliloiffa Lise Gaeta Alexis Duclos Lhaimy Zoubert Ravoay Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com