LE MOT DE LA RÉDACTION POUMON DÉMOCRATIQUE Nous sommes au paroxysme politique de ce que peut proposer la République française tous les cinq ans. Après des mois de campagnes présidentielle et législative, nous sommes appelés aux urnes pour définir la teneur institutionnelle du pays pour le prochain quinquennat. Pourtant, il est difficile de prendre ce recul, de voir les deux camps qui s'affrontent lors de ce scrutin, du prisme de Mayotte. Si certains candidats parviennent à rattacher leur propos au contexte national, vous constaterez dans nos pages que la totalité d'entre eux l'axent sur la situation mahoraise, à bien des égards médiocre. Il est par exemple un secteur qui est peu abordé, bien moins que sur la scène nationale : l'environnement. Le réchauffement climatique est entamé et irréversible, déjà, preuve en est de l'alerte sécheresse déployée dans plusieurs départements français au mois de mai, ou des températures extrêmes recensées dans le centre et le sud de l'Inde il y a quelques semaines. Nous pouvons néanmoins agir positivement, à l'exemple de la Finlande, qui veut une empreinte carbone neutre en 2035, et absorber plus de CO2 qu'elle n'en produit en 2040. Des objectifs ambitieux mais réalisables en moins de 15 ans, vecteurs d'emplois, et surtout nécessaires, pour que respirent nos richesses naturelles, parmi lesquelles les eaux et forêts mahoraises. Bonne lecture à toutes et à tous.
Axel Nodinot
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie
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environnement
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Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?
Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?
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pas de changement sUr l’octroi de mer
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Grève à Panima
TéléThon 2016
Des propositions mais toujours pas D'issue
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première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com
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Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
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MCG VS SMart
ViCe-reCtorat
UltimatUm oU véritable main tendUe ?
l’institUtion répond aUx critiqUes
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TCHAKS LE CHIFFRE
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C'est la date à laquelle le camion médicalisé "Répémobile" du Réseau Périnatal de Mayotte va commencer à sillonner différents villages du territoire. Dans les détails, la Répémobile sera présente au plateau sportif de M'Tsangamouji le 9 juin de 8h30 à 15h00, le 14 juin à l’hôtel de ville de Ouangani de 8h30 à 15h00 ainsi qu'à Kahani, au parking de l'école, le 16 juin de 8h30 à 15h00. L'objectif étant qu'une sage-femme ou intervenante sociale aille à la rencontre des femmes mahoraises en âge de procréer et de leur conjoint dans le but de les sensibiliser à travers différentes thématiques telles que la contraception d'urgence, l'IST, l'IVG, la parentalité, le désir de grossesse, l’allaitement ou encore les soins de l'enfance. Le RéPéMa renforce la qualité et la sécurité de la prise en charge en périnatalité depuis 2009.
LA PHRASE
L'ACTION
Le rugby fait ses finales Le comité territorial de rugby de Mayotte a annoncé les dates des différents évènements qui auront lieu ce week-end au stade de Cavani, qui se dérouleront en deux temps. Tout d’abord, le 11 juin prochain aura lieu la coupe des écoles de rugby. Celle-ci débutera en début d'après-midi avec l'accueil des équipes. Deux matchs auront ensuite lieu, le match « poules de brassage » ainsi que le match « poules de classement ». En fin de journée, un goûter sera organisé et les médailles seront remises aux joueurs. S'ensuivra, le 12 juin, la finale des championnats de rugby filles et garçons et le challenge des finales moins de 16 et moins de 19 ans. Cette journée débutera à 9 heures avec le 1er match triangulaire RCK – RCC et prendra fin à 17 heures avec les finales féminine et masculine, pour enfin déboucher sur la fameuse remise des boucliers.
« Une liaison inter-îles entre Mamoudzou et Foungoujou » C’est ce qu’annonce le Conseil départemental après son comité de pilotage dédié aux navettes maritimes, prévues pour 2024. Le plan global de transports et de déplacements de Mayotte, en effet, prévoit à terme 7 lignes routières, mais aussi 3 lignes maritimes, une avancée notable – quand elle verra le jour – pour décongestionner les routes mahoraises. Ces trois lignes relieront ainsi Iloni à Mamoudzou, Longoni à Mamoudzou, et Mamoudzou à Foungoujou, au niveau de la colline du Faré en Petite Terre. « Cette liaison est amenée à compléter et renforcer l’offre déjà importante assurée par les navires du STM », indique le CD. Salime Mdéré et Ali Omar, coprésidents de ce comité de pilotage, n'ont cependant pas encore défini le type de navires qui sera retenu, ni les horaires, les tarifs ou leur gestion.
ELLES FONT L'ACTU Nomcebo Zikode crée la sensation à Mayotte Si ce n’est que pour un seul tube qu’elle est connue, elle l’est mondialement. L’interprète de « Jerusalema », le morceau du musicien sud-africain Master KG a séduit la planète entière. Et après avoir conquis plusieurs pays, la chanteuse d'Afrique du Sud pose ses valises à Mayotte pour le début de sa tournée 2022, pour le plus grand bonheur de ses fans. Devenu véritable phénomène musical, l'interprète de "Jerusalema" se produira notamment le 10 juin à Chiconi ainsi que le 11 juin à Majicavo-Koropa. Son hit, qui en a fait danser plus d'un pendant la pandémie du Covid-19, est devenu viral grâce à de jeunes Angolais qui exécutaient une chorégraphie un plat à la main. Ceci est tout de suite repris par les internautes et est converti en challenge. Tout le monde s'est approprié la chorégraphie et cela a fait le buzz. Une popularité que Nomcebo Zikode n'attendait pas et qui a dépassé les frontières.
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LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
Mayotte : le gouvernement condamne de “ violents affrontements ” entre bandes rivales Le mardi 7 juin 2022, par SudOuest.fr avec l'AFP.
Des bandes rivales se sont affrontées dans la nuit de lundi à mardi après la mort d’un jeune homme. Le gouvernement a condamné les affrontements qui ont opposé des bandes rivales à Mayotte dans la nuit de lundi à mardi, après le meurtre par arme blanche d’un jeune homme, mardi dans un communiqué. “ De violents affrontements ont éclaté la nuit dernière à Koungou et à Majicavo (Mayotte) entre bandes rivales, en marge du meurtre par arme blanche d’un jeune le dimanche 5 juin ”, selon le texte. “ Des barrages ont été érigés cette nuit sur la RN1 à Koropa et à Koungou par des groupuscules qui ont également pris pour cible des automobilistes et les forces de l’ordre. Trois barrages ont été levés grâce à l’intervention de la gendarmerie mobile qui continue ses opérations de maintien de l’ordre malgré des attaques répétées. Trois gendarmes ont été légèrement blessés. Une personne a été pour l’heure placée en garde à vue ”, ajoute le communiqué.
“ Délinquances juvéniles ” “ Ces violences, inacceptables dans notre République, renforcent la détermination de l’État à lutter contre toutes les délinquances, et notamment les délinquances juvéniles et phénomènes de bandes, dont les Mahorais sont les premières victimes ”, ont indiqué les ministres de l’Intérieur, Gérald Darmanin et des Outre-mer Yaël Braun-Pivet, dans ce communiqué commun. Deux jeunes hommes ont été agressés dans la nuit de dimanche à lundi à Koungou. “ L’un âgé de 19 ans de nationalité française, d’origine comorienne, et son ami de 26 ans. Lors de l’agression, tous deux reçoivent des coups à la tête, occasionnant 3 jours d’ITT au plus âgé, alors que le plus jeune perd connaissance et décédera quelques heures plus tard ”, a indiqué le procureur de la République Yann Le Bris dans un communiqué.
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DOSSIER
Législatives 2022
ON DIRAIT LE SUD
Les dimanches 12 et 19 juin prochains se tiendront les élections législatives 2022, qui auront pour but de renouveler les 577 députés de l’Assemblée nationale. Sur la totalité du territoire français, elles et ils sont 6293 à vouloir intégrer la chambre basse du Parlement français. À Mayotte, qui ne comporte que deux circonscriptions, les candidats sont au nombre de 21. Et ils sont tous dans nos pages, à l’image des 11 personnalités qui se présentent au Sud, dans la 2nde circonscription, que l’on pourrait grossièrement diviser en deux. D’un côté, les têtes connues de la politique mahoraise que sont Mansour Kamardine, Soula Saïd-Souffou ou Issa Issa Abdou voudront profiter de leur popularité pour briguer un mandat. De l’autre, les outsiders ont les dents longues, comme le montrent Ali Djaroudi, Saidali Hamissi, MadiBoinamani Madi Mari… Ou Toumbou Maurice, 78 ans, trois candidatures et un solide sens de l’humour à son actif.
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ENTRETIEN
Propos recueillis par Siak
SOULA SAÏD-SOUFFOU VEUT “ S’OCCUPER DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE MAYOTTE ” ANCIEN DIRECTEUR DU SERVICE EN CHARGE DES AFFAIRES EUROPÉENNES AU DÉPARTEMENT DE MAYOTTE, SOULA SAÏD-SOUFFOU EST AVANT TOUT CONNU SUR LE TERRITOIRE POUR AVOIR SERVI COMME ASSISTANT PARLEMENTAIRE SOUS LA MANDATURE D’IBRAHIM ABOUBACAR. DEPUIS, LE SADOIS EST RESTÉ TRÈS ACTIF SUR LA SCÈNE POLITIQUE LOCALE SE FAISANT NOTAMMENT REMARQUER POUR SES PRISES DE POSITION DURANT LES TRAVAUX DES SCHÉMAS D’AMÉNAGEMENT RÉGIONAUX (SAR).
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Mayotte Hebdo : Vous avez un parcours politique qui vous mène tout droit à briguer l’un des deux fauteuils de député de Mayotte, alors quel projet politique et économique portez-vous à l’occasion de ce scrutin législative 2022 ?
économique et nous ne pourrons pas nous en occuper si nous n’armons pas financièrement notre région pour faire face à l’ensemble des difficultés et des enjeux qui se présentent à nous. Alors oui tel est mon projet, notre projet de régionalisation.
Soula Saïd-Souffou : Après la départementalisation Mayotte a besoin d’un nouveau projet, celui de la “ régionalisation ”. Nous avons eu un DépartementRégion, nous avons des compétences départementales assez développées, un budget assez modeste, nous n’avons quasiment rien au niveau financement pour notre région. Nous avons commencé avec quelques miettes que nous avons grappillées avec Ibrahim Aboubacar, ici et là, entre 2012 et 2017, pour la formation professionnelle et depuis rien. La régionalisation pourquoi ? Car nous voyons que les questions et les réponses à la problématique de notre jeunesse et de l’économie qui sont les projets de l’après départementalisation se trouvent dans les compétences et le financement de la région. Nous avons une forte flambée de la délinquance avec toutes les problématiques qui suivent, nous avons un petit pécule pour former des jeunes et quand on a fini de les former, il n’y a pas d’emplois à Mayotte et ce sont chaque année 4000 jeunes inactifs qui s’entassent. Il faut donc les former et les occuper, non pas seulement par le sport, mais surtout par le travail qui est la finalité de l’insertion des jeunes. Or, nous voyons que sans les financements de notre région nous n’arrivons pas à insérer. Cette question de l’insertion pose pas mal de problèmes au niveau économique, social et sécuritaire. Il faut donc qu’on s’occupe de cela. La deuxième chose qui rentre dans le cadre de cette régionalisation c’est la question économique. Nous voyons que notre région qui puise dans les financements du département est trop faible pour accompagner le tissu économique et le développement économique. Le SAR (Schéma d’aménagement régional) auquel j’ai participé n’est actuellement pas financé, il dépend de la région. Nous devons donc lutter pour aligner le budget de notre région sur le budget classique des régions pour qu’on puisse avoir au niveau de notre département de quoi financer notre développement économique. La question institutionnelle étant maintenant tranchée, nous sommes à présent département, un vrai département ou un bricolé, ce n’est pas mon sujet, nous avons un cadre qui s’appelle un cadre départemental, c’est mon sujet, donc j’estime que la question statutaire est réglée. Il faut maintenant s’occuper du développement
M.H. : Vous venez d’évoquer une régionalisation dans le cadre intra français, mais le positionnement géographique et géopolitique de Mayotte impose aussi une régionalisation à l’international, en tant que frontière de l’UE, à un moment où l’économie mondiale bascule en Afrique de l’Est avec une croissance à deux chiffres. Quelle est votre ambition sur ce point ? S.S.-S. : Nous sommes bien d’accord et vous savez ô combien je tiens personnellement à la question européenne, j’ai été directeur des affaires européennes, j’ai milité avec beaucoup de cadres mahorais pour que notre devienne une région ultrapériphérique européenne de pleine exercice. Dans notre esprit, il n’a jamais été question que l’université de Mayotte soit uniquement pour les jeunes Mahorais. Ce serait un gâchis ! Les jeunes Mahorais doivent y avoir leur place et toute leur place, mais nous devons profiter du potentiel économique de notre région pour que cette université puisse accueillir également l’excellence de notre région. Nous savons bien qu’avec le projet gazier du Mozambique des centaines d’employés qui vont travailler dans la zone auront besoin de scolariser leurs enfants dans des universités reconnues à l’international, qui plus est une université française ayant un cachet reconnu à l’international, nous devons capter cette manne financière, car il est hors de question de les scolariser sans frais, il faut que Mayotte puisse profiter de cette affaire. Dans notre région, aux Comores, Madagascar, aux Seychelles et d’autres pays de la côte est africaine, nous avons des gens qui sont prêts à payer pour donner à leurs enfants une éducation de grande valeur reconnue à l’international. Mayotte peut offrir des services de scolarité et d’enseignement supérieur à toute la région, et elle doit se positionner sur cette stratégie. Le caractère insulaire de Mayotte nous donne un lagon, un potentiel maritime d’économie bleue incroyable. L’université de Mayotte doit porter une ambition en matière d’économie maritime et d’économie bleue. Nous avons une richesse inexploitée à travers notre lagon, l’Union européenne autorise des thoniers séniors à venir pêcher chez nous et nous n’avons même pas la capacité de produire des boîtes de
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sardines sur notre territoire. Ce n’est pas sérieux !!! Notre université et le lycée de la mer qui est prévu en Petite-Terre ainsi que le lycée agricole de Coconi doivent avoir une nouvelle ambition avec une entité régionale ici qui puisse être la vitrine de la France car La Réunion est trop excentrée par rapport à Mayotte pour pouvoir être ce réservoir, cet entonnoir qui puisse accueillir cela. M.H. : Quel futur pour l’hôpital de Mayotte ? Plutôt une grosse structure centralisée à Mamoudzou ou plusieurs hôpitaux de référence répartis sur tout le territoire ? S.S.-S. : Ma réponse est simple, comme en agriculture, je suis partisan des circuits courts, je suis partisan de proximité en matière de soins. Nous voyons à quel point Mayotte est engorgée, faire de Mamoudzou un centre hospitalier de niveau international c’est une bonne chose et il faut le faire parce que cet établissement est en réalité un centre hospitalier régional, certes pas au niveau administratif mais nous voyons comment toute la région sud-ouest de l’océan Indien vient se soigner dans notre île. Il faut réfléchir à comment on réorganise cette gestion pour qu’elle puisse répondre aux besoins de Mayotte, y compris à des fins économiques car il y a des frais de santé qui ne peuvent pas continuer à être gratuits pour tout le monde. Nous n’arriverons pas à assumer cela si nous devons assumer toute la région. Il y a donc une économie sanitaire sur laquelle il nous faut réfléchir pour prendre en compte justement cette dimension régionale au sens sud-ouest de l’océan Indien. Pour le reste de la population de Mayotte qui est pauvre à 84 % et qui n’a pas les moyens de se déplacer faute de transports en commun, il faut privilégier les soins de proximité. Alors, oui ce qu’on appelle aujourd’hui des centres de références ne peuvent pas continuer à être des dispensaires comme c’est le cas actuellement. Il n’y a plus de dispensaires actuellement en métropole, c’est un langage d’un ancien temps. Il faut que nous ayons des hôpitaux de proximité autour de Kahani, M’ramadoudou, on parle d’un futur hôpital au centre de l’île, autour de Tsingoni-Combani, donc il faut imaginer un autre hôpital de référence ailleurs, car nous avons une natalité dynamique et comme nous le demandons pour l’administration, il faut éviter de tout centraliser à un endroit. Ce modèle là a montré ses limites. Il
faut donc éclater l’offre hospitalière sur l’ensemble du territoire pour qu’on puisse là aussi être plus près du malade, au plus près du patient. M.H. : Quel est votre regard sur l’école à Mayotte aujourd’hui ? S.S.-S. : Mon professeur disait peut mieux faire. Voilà, le niveau de l’éducation à Mayotte, le professeur SaïdSouffou dit peut mieux faire… Pourquoi ? Nous voyons tous l’état de nos écoles, l’état des toilettes, l’état de la restauration, l’état de l’enseignement de façon générale doit être amélioré. Il faut donner des moyens aux communes pour qu’elles puissent être autonomes en matière de scolarité et de gestion des écoles. Il faut construire plus d’écoles certainement, mais nous allons en construire jusqu’à quand ? Là aussi nous devons avoir un regard lucide. Nous avons ici une problématique qui est celle du chiffre, du nombre qui ne cesse d’augmenter et Mayotte est petite. Nous n’allons pas gagner du terrain à la mer comme au Japon ; et je ne voie pas cela dans ma fiction dans les 20 à 30 années à venir. Nous devons donc réfléchir à comment nous arrivons à limiter la natalité à Mayotte ? Car il faut limiter la natalité à Mayotte. Nous avons eu un plan de limitation des naissances qui a bien fonctionné “ 1, 2, 3, bassi ”, mais nous assistons depuis quelque temps à une explosion démographique. Où construire autant de salles de classe ? Où sont les emplois pour une telle population majoritairement jeune ? C’est là tout le sens de notre projet qui n’est pas de regarder en arrière comme le font beaucoup de candidats et de partis politiques en passant leur temps à parler des années 50 et 70, de feu je ne sais pas qui. Il nous réfléchir aux urgences économiques et les premières d’entre elles sont la santé, la scolarité et l’eau. Et quand on voit l’état de notre agriculture qui est complètement délaissée, l’état du niveau de l’eau qui est déjà rationné pour 200 000 habitants, il est donc impératif que nous réfléchissons autrement à notre développement économique. Nous ne pouvons plus bricoler. Lorsqu’on parle d’écoles maintenant, il ne doit être question des mêmes bâtiments qu’on construisait dans les années 80 et 90, mais des structures de grande capacité, le foncier est rare et on ne peut pas construire des écoles partout. Il va falloir réfléchir à un nouveau modèle d’école encore inexistant en France parce qu’en métropole la natalité est faible et le territoire est vaste.
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ENTRETIEN
ALI DJAROUDI PRÔNE L’ÉDUCATION ET LA FORMATION Propos recueillis par Axel Nodinot
ENTRE LES GROS BRAS QUI SE PRÉSENTENT À LA DÉPUTATION DE LA SECONDE CIRCONSCRIPTION DE MAYOTTE, IL Y A CEUX QUI ESSAIENT D’IMPOSER LEURS VALEURS. PARMI EUX, ALI DJAROUDI SILLONNE LES RUES DE BOUÉNI, DEMBÉNI, CHICONI OU TSINGONI POUR CONVAINCRE LES ÉLECTEURS DE LA MISE EN PLACE DU REVENU ÉTUDIANT OU DE LA CIRCULAIRE TAUBIRA SUR L’ÎLE. INVESTI PAR LA NOUVELLE UNION POPULAIRE DE GAUCHE, LE DIRECTEUR D’INITIATIVE MAYOTTE ET PRÉSIDENT DE L’AUTAM AURA FORT À FAIRE DANS UN TERRITOIRE AYANT PRIVILÉGIÉ L’EXTRÊME-DROITE LORS DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES.
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Mayotte Hebdo : Sans vous offenser, votre figure est moins connue que celles de vos adversaires. Pourriez-vous nous résumer votre parcours ? Ali Djaroudi : J’ai fait un bac gestion et économie à Mayotte, avant d’aller à la fac de Lille pour un DEUG Administration économique et sociale et une licence économie et gestion. Je suis revenu à Mayotte, où j’ai travaillé dans l’accompagnement des jeunes, puis j’ai intégré la CCI en tant que conseiller en développement des entreprises. Aujourd’hui, je suis le directeur d’Initiative Mayotte, qui fait partie du réseau d’initiative France, qui a lui-même pour but d’aider financièrement les entreprises sous formes de prêts à taux avantageux. Je suis aussi conseiller municipal à Bouéni, président de l’AUTAM [Association des usagers des transports aériens à Mayotte, NDLR] et président de l’association d’aide à l’insertion professionnelle qui est Msikano. M.H. : En 2022, les prestations sociales ne sont toujours pas les mêmes à Mayotte qu’en métropole. Si vous devenez député de la NUPES, le 19 juin prochain, que mettrez-vous en place pour améliorer le pouvoir d’achat des Mahoraises et des Mahorais ? A.D. : Nous avons obtenu de la centrale politique, au niveau national, que l’alignement des droits sociaux des Mahorais entre dans le programme de la NUPES. Une fois élu, ce sera donc facile à mettre en place. Il s’agit de corriger une injustice, ce qui doit être fait immédiatement, pas via un plan de convergence. Le programme commun nous parle et répond à beaucoup de choses, et pas seulement sur les minima sociaux. La retraite doit être alignée au seuil de pauvreté, qui est de 1063 euros par mois. Ici, il y a des cocos, des bacocos, qui gagnent 200, 400 euros par mois ! La jeunesse également, qui va percevoir une aide du même montant sans condition de revenu, ce qui est quelque chose de très important, puisqu’un jeune qui a le bac, qu’il parte en métropole ou qu’il reste, c’est la panique dans la famille. Il faut que les jeunes soient dans de bonnes conditions pour réussir ses examens, sans pénaliser ses proches. Toujours dans ce domaine du pouvoir d’achat, les prix des produits de première nécessité, ainsi que de l’énergie, seront bloqués une fois que nous
serons à l’Assemblée, et des négociations seront menées avec la grande distribution au niveau national. Le SMIC passera également à 1500 euros net mensuels. M.H. : Sur cette dernière mesure, comment convaincre les chefs d’entreprises, et notamment de PME, de la hausse des salaires ? A.D. : Il y aura un accompagnement de l’État, des compensations, qu’elles soient sociales ou à destination des entrepreneurs, qu’importe. Ce que nous voulons, c’est que l’argent entre dans les poches de nos concitoyens, qu’ils puissent vivre. M.H. : Qu’elle soit légale ou pas, l’immigration préoccupe les Mahorais… A.D. : Pardonnez-moi de vous couper, mais je vais vous étonner, parce que les candidats tels qu’Emmanuel Macron ou Marine Le Pen n’ont pas proposé ce que les Mahorais réclament. Concernant l’immigration, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé l’injustice des cartes de séjour mahoraises, non ouvertes au reste de la France. Cette injustice sera corrigée. Les Comoriens qui viennent à Mayotte n’ont pas vocation à rester ici, mais à aller ailleurs. Macron et Le Pen n’osent pas ouvrir à la France les cartes de séjour. Et ça ne veut pas dire que les frontières ne doivent pas être gardées. Il y aura plus de moyens humains, mais aussi matériels. Néanmoins, le vrai problème est de fixer les gens là-bas. Le codéveloppement est un levier que nous actionnerons. M.H. : Tous les candidats proposent cette fameuse coopération régionale avec l’Union des Comores. Mais concrètement, comment vous faites ? A.D. : Il faut aider les Comoriens à avoir le minimum là-bas. Ils viennent pour la santé ? Donc il faut que leur système sanitaire soit performant, voire existant. Ils viennent pour l’éducation de leurs enfants ? Il faut donc intervenir pour qu’ils aient au moins les structures éducatives de base. On peut expulser, mais ça devient extrêmement cher : si on prend en compte tous les frais, on est à 13 800 € par expulsion, c’est énorme ! La solution est donc le codéveloppement. Sur le sujet de l’immigration, nous appliquerons également la circulaire Taubira [relative aux modalités de prise en charge des jeunes isolés
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étrangers, NDLR] à Mayotte. La solidarité nationale jouera donc comme dans les autres territoires, et les mineurs isolés seront dispatchés dans tous les départements, qui ont plus de structures d’accueil qu’ici.
donc mettre en place une continuité sanitaire, pour que les gens qui souhaitent se soigner à l’extérieur puissent être accompagnés, le temps que l’on puisse avoir toutes les spécialités de santé à Mayotte.
M.H. : Vous parliez de la santé, un besoin urgent à Mayotte, puisque pour 100 000 habitants, nous avons 48 médecins, contre 153 en métropole. Comment les députés mahorais peuvent améliorer les choses ?
Il faut dire une chose : le député Mansour Kamardine, lors de son premier mandat, a refusé l’aide médicale d’État à Mayotte. C’est une grave erreur, qui doit être réparée pour que nous puissions soigner les étrangers qui sont sur le territoire sans toucher aux fonds locaux.
A.D. : À un moment donné, il faut que l’on forme les Mahorais, puisque les gens qui viennent ici ne sont bien souvent que de passage. Notre université, qui n’en est pas une, doit donc évoluer pour dispenser les premières années de médecine ici. Nous devons aussi augmenter la cadence en termes de formation des infirmiers, et y intégrer plus de Mahorais. Sur le plus court terme, il faut attirer les professionnels de santé sur l’île. Nous souhaitons
M.H. : Les anciens que nous rencontrons nous vantent la Mayotte d’antan, où ils pouvaient “ vivre tranquillement ”. Aujourd’hui, ce n’est plus possible, avec la délinquance, les caillassages, les barrages… Que proposez-vous pour y rétablir la sécurité ? A.D. : La sécurité est une question de moyens, mais aussi de prévention et d’éducation. On ne peut pas
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jouer seulement sur la répression. Les policiers disent d’ailleurs qu’ils attrapent des délinquants, mais les voient traîner de nouveau après quelque temps ! Nous devons donc être plus fermes sur le plan judiciaire. Pour la prévention et l’éducation, les communes, l’État et le Département doivent pouvoir accompagner le monde associatif qui agissent en ce sens. M.H. : L’éducation, justement, est un problème si immense qu’il semble insolvable. Quelles sont les mesures de la NUPES sur le système éducatif mahorais ? A.D. : Les classes continueront d’être surchargées tant que nous n’aurons pas résolu les problèmes de naissances et d’immigration, c’est une réalité. Sinon, nous serons toujours sous pression pour construire de nouveaux établissements. On ne peut pas avoir 10 000 naissances par an sans conséquences !
M.H. : Le sud de Mayotte, et notamment votre ville, Bouéni, s’est distingué par un vote massif pour le Rassemblement national. Comment allez-vous convaincre vos électeurs de se tourner vers la NUPES ? A.D. : Ce n’est pas un vote de conviction, sinon le RN n’aurait pas tant de mal à trouver des candidats. Nous sommes en train d’expliquer le programme NUPES, car les gens n’en avaient pas connaissance. C’est la clé. Le programme de Jean-Luc Mélenchon est porté par les jeunes, avec notamment les mesures concernant les étudiants, ce qui est idéal à Mayotte. Et puis beaucoup de choses ne s’appliquent pas de la même façon qu’en métropole. C’est une injustice qui est pointée du doigt dans le programme, parce que nous avons réussi à l’y intégrer. Le député sortant, par exemple, a des projets pour Mayotte qu’il n’a pas réussi à intégrer dans le programme de Valérie Pécresse, sa propre candidate.
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M’tsangamouji Passamainty
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Sada
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Mtsamudu Kani-kéli M’Bouini
ENTRETIEN
ISSA ISSA ABDOU IMAGINE UNE “ DÉFENSE EXCUSABLE ” Propos recueillis par Siak
ANCIEN VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE MAYOTTE, ISSA ISSA ABDOU EST AUSSI DE LA PARTIE POUR LES LÉGISLATIVES DE CETTE ANNÉE, DANS LA 2ÈME CIRCONSCRIPTION. ECONOMISTE DE FORMATION, L’ANCIEN DGS DE LA COMMUNE DE SADA SE LANCE DANS CETTE CAMPAGNE AVEC UN PROGRAMME BASÉ SUR 10 ENGAGEMENTS EN FAVEURS DES MAHORAISES ET MAHORAIS. IMMIGRATION CLANDESTINE, ZONES FRANCHES D’ACTIVITÉ, PRÉFECTURE DE RÉGION, MINIMAS SOCIAUX, CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE (CHU), AUTANT DE SUJETS QU’IL ABORDE DANS L’ENTRETIEN CI-APRÈS, AVEC EN PRIME UNE NOTION JURIDIQUE NOUVELLE, LE CONCEPT DE “ LA DÉFENSE EXCUSABLE ” …
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Mayotte Hebdo : L’immigration clandestine est au cœur des préoccupations majeures de notre territoire. Quelle est votre approche de cette problématique ? Issa Issa Abdou : Personnellement, je distingue l’immigration tout court de l’immigration clandestine. De la première, on en a besoin comme tout autre pays en développement. La seconde est porteuse d’insécurité et les conséquences sont dramatiques. Je suis de ceux qui font le lien entre les deux, les chiffres sont là pour le démontrer, connus de tous, et c’est même un préfet, Monsieur Jean-François Colombet qui les a rendus publics et reconnu cette vérité. Il nous faut donc soigner ce mal par sa racine, la question de nos frontières et de la diplomatie avec les Comores est importante mais l’insécurité dans cette île ne se résume pas qu’à l’immigration clandestine. Il faudra tout de même apporter des réponses puisque le lien est évident. Aux grands maux les grands remèdes, il faut prendre le problème dans sa globalité, à savoir, un volet maritime avec la création d’une brigade “ ad hoc ”, quelque chose de nouveau avec une direction dédiée sous la coordination d’un sous-préfet chargé de la surveillance de nos côtes. En termes de moyens terrestres, il faut aider les communes à se doter de moyens de vidéosurveillance et à mieux former leurs services de police lesquels sont à mon sens le premier maillon de la chaine de lutte contre l’immigration clandestine, à s’éclairer davantage pour amoindrir la délinquance nocturne. Ne pas impliquer les communes dans ce dossier est une faute même si habituellement nous nous accordons sur le fait que la surveillance de nos frontières et de nos côtes relève avant tout du régalien. L’Etat c’est nous tous, donc il va falloir imaginer des conventions avec l’ensemble des communes mahoraises pour obtenir une police de proximité qui assure, notamment, la surveillance de nos plages, etc… Il y a aussi un nécessaire renforcement des forces de police et de gendarmerie existantes, mission relevant des compétences du préfet, mais que le député que je serai aura à défendre au niveau de l’Assemblée nationale. Elles méritent vraiment d’être soutenues pour obtenir tous les moyens dont elles ont besoin pour faire face à la délinquance sur ce territoire. Pour être complet sur ce volet terrestre, il faudra également en finir avec les titres de séjour territorialisés “ made in Mayotte ” car libérer ce territoire c’est aussi permettre à ces personnes qui sont en conformité avec les règles d’aller ailleurs
s’ils le souhaitent. La solidarité nationale doit jouer lorsqu’un territoire est débordé même si la circulaire Taubira de 2013 n’est pas applicable ici. M.H. : Pensez-vous réellement que de telles mesures suffisent à réprimer une délinquance chronique et à ramener la quiétude sur l’île sans renforcement des instruments juridiques ou sociaux existants ? I.I.A. : Effectivement, il y a aussi un aspect juridique à apporter dans les réponses contre la délinquance à Mayotte parce qu’un délinquant connu mais non puni, in fine, ça ne sert à rien. Sur le plan juridique, il y a une mesure qui me tient à cœur, et que j’appelle “ la défense excusable ”. Ce serait une façon de permettre à la victime d’une agression violente de se défendre sans être poursuivi. Autrement dit le contraire de ce qui se passe aujourd’hui sur l’île où certaines personnes, en plus de se faire agresser, se retrouvent devant des tribunaux pour s’être défendues ou pour avoir défendu leurs biens. Bien sûr, la démarche doit être suffisamment canalisée pour éviter toute dérive, entre autres, parce que la notion de légitime défense ne s’applique pas aux biens. M.H. : Quelle politique économique mettre en place dans cette île pour impulser la relance que tout le monde appelle de ses vœux et retrouver le rythme de développement que nous avons connu précédemment ? I.I.A. : Selon moi, il convient déjà de constater que ce qui n’a pas marché dans ce domaine, c’est l’existence d’une économie à plusieurs vitesses, je pense notamment à la commande publique. Lorsqu’on a des projets de grande envergure tels que le CHU, l’université de plein exercice et son Crous, la préfecture de région, lorsqu’on règle le contournement de Mamoudzou par les hauts, ça libère de l’activité, des emplois, ça réduit le chômage et la pauvreté sur le territoire, ça fait vivre les foyers. L’économie dans mon esprit c’est cela ! Mais il faut de l’ambition et de la volonté pour porter ces projets, il faut également que les collectivités locales aient les moyens de payer à temps les entreprises qu’elles font travailler. Il est anormal que des artisans attendent 3 à 4 mois avant d’être payées alors qu’elles ont livré les travaux commandés. Il faut rendre attractive cette île en la transformant en zone franche et faire appel aux investisseurs pour venir créer de l’activité, inciter
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aussi les Mahoraises et les Mahorais à créer de l’emploi moyennant des facilités administratives et fiscales. Cela fait un moment que j’ai lancé cette idée, que d’autres reprennent d’ailleurs dans vos colonnes ces derniers temps, pourquoi pas ? Le plus important est que les choses prennent forme en un moment donné pour le bien de tous. M.H. : Vous avez parlé de grands projets cidessus, quels sont les projets propres au candidat Issa Issa Abdou ? I.A. : Si je suis élu, d’abord il y a le contrat de convergence qu’il faut achever, notamment sur les articles 7 et 8, c’est la loi sur l’égalité réelle qui se termine en juillet 2022. En revanche, il faut faire en sorte que la loi de finances 2023 qui sera votée par la nouvelle Assemblée consacre un effort réel pour Mayotte. De la même manière qu’on avait dit 2,6 milliards d’euros, moi je proposerai qu’on fasse le double. Pourquoi ? Simplement parce que
la loi de finances 2022 qui a cours actuellement a démontré une évidence, l’effort budgétaire de l’Etat à Mayotte c’est 3100 € contre 7200 € pour les autres DOM. Vous voyez donc qu’il a un delta à rattraper, ce qui ne peut se faire que par un doublement de cet effort pour qu’on arrive à un peu plus de 3 milliards d’euros au bas mot, qu’il faudra diriger dans le contrat de convergence. Pour bien comprendre, il s’agit ici d’une programmation de projets définis, avec des moyens conséquents pour les réaliser et un engagement clair de l’Etat de les réaliser dans une décennie. Une fois qu’il sera validé au niveau du Parlement, il faudra veiller à ce que les collectivités locales déterminent un plan pluriannuel d’investissements, au même titre que le Département (qui a déjà validé son plan de mandature) et qu’un certain nombre de projets communaux soient insérés dedans. En concomitance, je préparerai la loi de programmation dont je connais les grands axes, qui nous permettra de réaliser le Centre hospitalier
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universitaire (CHU) en relation avec l’université de pleine exerce et sa faculté de médecine qui nous permettra de former nos futures médecins ici même, du moins une partie de leur cursus, et ainsi contribuer à lutter contre le désert médical que connait Mayotte. M.H. : Le social est un autre grand enjeu dans cette campagne des législatives 2022, que proposez-vous pour lutter contre la vie chère sur le territoire, en particulier pour les personnes âgées ? I.I.A. : Moi je souhaite faire en sorte que l’alignement des droits sociaux entre Mayotte et les autres départements soit une réalité. Cela fait aussi partie de mes projets prioritaires. Tout le monde en parle mais il n’y a aucune lisibilité pour le moment, le pacte pour la départementalisation parlait de 2036, la convention “ Mayotte 2025 ” prévoyait cela pour 2025. Entre temps, l’on s’aperçoit que
ce n’est pas tenable, parce que nous y sommes presque. Moi je propose un calendrier précis de 10 ans, avec une lisibilité très claire, comme le préconise d’ailleurs la Cours des comptes dans son rapport de 2016. Il faut une trajectoire très claire pour la défense des intérêts de ce territoire et la convergence des droits sociaux. Cela permet de voir l’impact et les conséquences qui en découlent, notamment les cotisations sociales, de manière à pouvoir s’organiser, avec les retraites en urgence. Le Président de la République a parlé de 1100 € pour les retraites, chiche ! C’est un vrai sujet pour Mayotte. Les personnes âgées qui se sont battues pour que Mayotte demeure Française doivent y avoir droit, parce qu’elles méritent de vivre dans la dignité ne serait-ce qu’au nom de la solidarité nationale. Leur situation actuelle est indigne de la République.
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MOUHAMED ABDOU VEUT LA MÊME SÉCURITÉ SOCIALE QU’EN MÉTROPOLE Propos recueillis par Siak
ANCIEN INFIRMIER DES HÔPITAUX PUBLICS DE MAYOTTE, AVANT D’INTÉGRER L’ÉDUCATION NATIONALE POUR Y EXERCER LA MÊME PROFESSION, MOUHAMED « MOZER » ABDOU EST LUI AUSSI DE LA PARTIE POUR LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DE CETTE ANNÉE. IL N’EST PAS UN INCONNU POUR LES ÉLECTEURS DE LA DEUXIÈME CIRCONSCRIPTION DE MAYOTTE PUISQU’IL ÉTAIT DÉJÀ CANDIDAT IL Y A CINQ ANS.
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Mayotte Hebdo : Puisque vous travaillez dans le monde médical, nous allons démarrer cet entretien sous l’angle de la santé. Quelle est votre appréciation sur l’offre de soins à Mayotte ? Mouhamed Abdou : La vision que j’ai de l’offre de soins aujourd’hui à Mayotte est peu reluisante. Il y a quelques années, nous avions ici des dispensaires disséminés dans différents endroits et communes de l’île. Ils ont été fermés pour être remplacés par des centres de référence, à Mramadoudou, Kahani et un autre dans le nord. Cette fermeture de s’est accompagnée d’une réduction de personnel, notamment le nombre de médecins alors que notre territoire est classé désert médical et que notre population augmente de manière exponentielle. Ce choix fait par les autorités compétentes était une erreur, mais on a volontairement décidé de brader la santé des Mahorais pour des questions économiques. Je suis également très critique sur les soins psychiatriques, les quelques centres médicaux psychologiques existants dans certains secteurs ne disposent d’aucun médecin, ce sont des infirmiers qui prennent en charge les malades. Preuve que la situation est catastrophique, les Mahorais sont obligés de partir se faire soigner en métropole et à La Réunion, il y a donc urgence à mettre la question de l’offre de soins sur la table afin de trouver des solutions rapides et efficaces. Prenez par exemple le centre de référence de Kahani où l’on apprend que certains agents et syndicats sont montés au créneau après avoir appris de leur direction la fermeture prochaine de cet établissement, et le transfert du personnel vers le site Martial Henry en Petite-Terre. Tout cela démontre si besoin est, l’état réel de l’hôpital à Mayotte où l’on pratique une médecine de guerre alors que ce n’est pas ce qu’attend notre population. M.H. : L’actualité dramatique ces derniers jours à Koungou nous amène sur le problème de l’immigration clandestine dans notre île, quelles sont vos éventuelles propositions pour sortir de l’impasse où nous nous trouvons actuellement ? M.A. : Pour moi, le problème de l’immigration à Mayotte est à traiter de façon globale, il faut voir les choses à la base et s’interroger sur les causes véritables de ce phénomène. Certaines personnes avancent même l’idée que l’on a atteint des sommets inégalés depuis que nous sommes devenus un département d’Outre-mer. La plupart
du temps, cette immigration est à la base de nature sociale, et on ne saurait l’évoquer sans parler de la diplomatie française et comorienne. Seulement vous constaterez qu’à chaque fois qu’il y a des soucis à Mayotte au sujet de l’immigration clandestine, la diplomatie comorienne répond aux abonnés absents. J’estime donc que tant que ces deux entités ne discuteront pas de façon franche et sérieuse sur cet épineux problème, on aura beau gesticuler et mettre en place des dizaines de « plans Shikandra », il n’en sortira aucune solution. Dans notre programme, mon colistier Inoussa Ahamadi et moi-même proposons qu’il y ait un peu plus de fermeté sur ce sujet du côté français à l’égard des autorités comoriennes. En effet, nous estimons à juste titre que la France dispose de quantité de leviers, entre autres monétaire, pour contraindre Moroni à assumer ses responsabilités pour éviter tous ces drames que l’on ne compte plus dans le bras de mer qui sépare Anjouan de Mayotte. Une coopération existe bien entre nos deux pays, y compris sur le plan sanitaire. Il faut savoir que pendant que des milliers de femmes risquent leurs vies tous les jours pour venir accoucher sur le sol mahorais, des hôpitaux sont construits aux Comores. Mais ces établissements demeurent vides faute de personnel compétent, alors pourquoi ne pas aller plus loin sur cette coopération sanitaire en y mettant un peu plus de moyens afin de fixer ces populations dans leur pays. Nous pouvons envoyer du personnel sur place en renfort de nos homologues comoriens, pris en charge par l’Etat français. Il existe bien des écoles françaises aux Comores, à Madagascar et ailleurs, pourquoi il n’existerait pas un hôpital français dans l’archipel qui formerait du personnel médical comorien dans le but de prendre en charge, à terme, leur système de santé. Il y a aussi cette question de titres de séjours délivrés par la préfecture de Mayotte qui ne sont valables que sur notre territoire, cela n’est absolument pas normal ! Il faut que les futurs parlementaires que nous aspirons à devenir très prochainement se mobilisent pour que cette procédure soit changée pour que ces documents produits localement aient une portée nationale et européenne sur l’ensemble de « l’espace Schengen » afin de permettre aux immigrés qui veulent partir vers l’extérieur de pouvoir le faire librement. Nous demandons également que Paris autorise l’ouverture rapide de consulats comorien et malgache ici-même en vue d’une prise en charge administrative et autre
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de leurs ressortissants respectifs, comme cela se fait pour les ressortissants français qui séjournent dans ces deux pays. Cela aura également le mérite de signifier clairement la souveraineté française dans notre département. M.H. : Le pouvoir d’achat des Mahorais, comme de tous les Français d’ailleurs, se trouve au centre de cette campagne des législatives 2022, quelle est votre recette pour alléger le coût de la vie sur notre territoire ? M.A. : Savez-vous qu’au regard des standards français et européens, ce sont 80% des habitants de cette île qui vivent sous le seuil de pauvreté. Mayotte est le seul territoire de la République où le taux d’accompagnement social est le plus faible. A mes yeux, la première chose à faire pour un parlementaire mahorais, c’est de se battre pour que les lois applicables en France dans le domaine social le soit aussi à Mayotte, notamment tous les textes de droit commun régissant la sécurité sociale. De cette façon, il sera possible d’accompagner toutes les catégories de la société, personnes actives comme les chômeurs, les retraités ou les personnes isolées et en précarité, dans des conditions dignes d’un pays européen comme la France. Il faut déplafonner les cotisations sociales pour permettre aux personnes ayant travaillé plus de 40 ans de percevoir une autre retraite de 150 euros par mois. Le président de la République a annoncé une retraite supérieure à 1.000 euros pour les Français, cela doit être valable également valable à Mayotte. Il n’y aucune raison justifiant l’existence d’une sécurité sociale différente de celle des autres départements français sur ce territoire. Deuxième chose, nous sommes le seul département où les monopoles constituent la norme dans plusieurs secteurs, cela est valable pour le carburant mais pour d’autres choses encore. Il faut que cela cesse si nous voulons réellement permettre à la population de mieux vivre sur ce territoire et de s’y retrouver à la fin du mois. Il faut davantage de concurrence dans le domaine de l’alimentaire, on s’aperçoit notamment qu’il n’y a aucun contrôle exercé sur le dispositif du « bouclier qualité prix ». Compte tenu de la crise actuelle, les élus doivent se mobiliser pour obtenir du gouvernement le blocage des prix sur certaines denrées car il n’est pas normal que les Mahorais,
en plus d’être les Français les moins dotés, aient à payer plus cher que les autres ces produits de première nécessité. Pour aller plus loin, nous préconisons dans notre programme que l’on puisse accentuer la coopération entre Mayotte et Madagascar pour lever les diverses barrières qui empêchent l’importation de produits alimentaires de consommation courante. M.H. : Quelles sont vos projets les plus significatifs en matière d’environnement ? M.A. : En matière de défense de l’environnement, nous préconisons un grand développement du solaire. C’est une énergie propre que nous avons la chance de pouvoir exploiter à très grande échelle tout au long de l’année quasiment sans interruption. Il s’agit là d’un projet à connotation économique, sociale et environnementale à la fois, avec un impact certain et palpable sur la réduction du coût de la vie. En effet, notre objectif premier vise à faire équiper toutes les toitures de Mayotte de panneaux photovoltaïques afin de permettre aux ménages mahorais de mettre quelques centaines d’euros de côté chaque mois, réduire le montant de leurs factures d’électricité et, par la même occasion, réduire le niveau de notre empreinte carbone. Dans cette optique, nous demanderons à ce qu’EDM intègre le réseau national d’EDF comme partout ailleurs en outremer, afin de permettre à la population de bénéficier des mêmes avantages qu’en métropole. Vous ne le savez peut-être pas, mais il y a maintenant une loi qui interdit les coupures d’électricité en métropole, comme cela se fait pour l’eau dans l’île depuis peu. Le statut spécifique d’EDM ne permet pas aux Mahorais de bénéficier des avantages découlant de cette loi. Aussi, nous allons nous battre pour que l’égalité avec les autres départements soit réelle sur ce sujet. M.H. : Vous affichez une grande préoccupation en matière de production d’eau et d’électricité propre, qu’est-ce qui motive un tel engouement de votre part ? M.A. : Lorsque j’entends parler de coupures et de manque d’eau à Mayotte, cela me frustre et me met en colère. C’est un territoire situé en plein milieu de l’océan, avec un risque de subir un « tsunami » un jour, alors comment peut-on, sans
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gêne, expliquer aux Mahorais qu’ils manquent d’eau ? La vérité, c’est que nous faisons face à un problème de production d’eau et non de disponibilité de la ressource. Si vous lisez notre programme, vous verrez que nous faisons mention d’une consommation moyenne journalière de 300 litres par ménage. Le jour où la SMAE nous coupe l’eau, elle doit se voir infliger le remboursement de l’équivalent financier de 300 litres d’eau par jour et par ménage. Je peux vous garantir qu’elle se mettra rapidement en situation de garantir à la population la production d’une quantité suffisante de cette ressource. Nous disposons d’une structure de dessalement d’eau en Petite-Terre dont l’exploitation a été confiée au groupe Vinci. Mais, là aussi, l’exploitant n’étant pas soumis à un résultat précis, il fait
ce qu’il veut et c’est à la population d’en subir les conséquences. Personne n’est derrière ces structures pour vérifier qu’elles remplissent réellement leurs engagements contractuels en termes de production. Il importe donc que les élus soient régulièrement sur le terrain pour s’assurer que les choses fonctionnement normalement. Nos écoles sont souvent fermées et nos enfants renvoyés à la maison parce qu’il n’y a pas d’eau pour les sanitaires ou d’électricité pour l’éclairage des classes. Il faut y mettre un terme et mener une politique publique en la matière. Les bâtiments doivent être équipés de panneaux photovoltaïques et de réservoirs d’eau de très grande capacité pour au moins une semaine de consommation. Cela nous permettra d’assurer une scolarité continue de nos enfants.
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Propos recueillis par Siak
MADI-BOINAMANI MADI MARI “ LA DIFFÉRENCE EST UNE QUESTION DE MÉTHODE ”
À LA TÊTE DES SERVICES DE LA COMMUNE DE CHICONI DEPUIS HUIT ANS, MADI-BOINAMANI MADI MARI (SUPPLÉÉ DE TOIYIFATI SAÏD) EST L’UNE DES FIGURES MARQUANTES DE CE SCRUTIN LÉGISLATIF 2022 DANS LA 2ÈME CIRCONSCRIPTION. SOUTENU PAR UNE PLÉIADE D’ÉLUS LOCAUX, D’ANCIENS ÉLUS ET AUTRES FIGURES POLITIQUES DE DIVERSES TENDANCES, IL SE DÉCLINE EN UN CANDIDAT RASSEMBLEUR, AVEC UN PROGRAMME QUI REGROUPE LA QUASI-TOTALITÉ DES THÉMATIQUES EN VOGUE ACTUELLEMENT SUR LE TERRITOIRE : INSÉCURITÉ ET IMMIGRATION CLANDESTINE, DROITS SOCIAUX, DÉSENCLAVEMENT AÉRIEN ET MARITIME, AMÉNAGEMENT DURABLE, COOPÉRATION RÉGIONALE, JEUNESSE ET ÉDUCATION, ÉCONOMIE… SOUS LE SLOGAN “ ENSEMBLE ! ”, IL EXPLIQUE QUE SA DIFFÉRENCE AVEC LES AUTRES EST AVANT TOUT UNE QUESTION DE MÉTHODE.
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Mayotte Hebdo : Vous présentez une brochure de campagne très fournie, avec le soutien de plusieurs ténors de la politique locale. Pouvez-vous nous décliner en quelques mots votre programme pour ces élections législatives 2022 ? En quoi vos projets divergent-ils de ceux de vos challengers ? Madi-Boinamani Madi Mari : Je n’invente pas l’eau chaude, les problèmes auxquels sont confrontés les Mahorais sont connus de tous, il y a les sujets de l’insécurité, des droits sociaux avec son corolaire de cherté de vie, du développement économique de manière générale, notamment les infrastructures… Ce sont-là les enjeux actuels de Mayotte ! Ce qui nous différencie entre candidats à cette élection législative c’est au niveau de la méthode, comment les uns et les autres entendent régler ces problèmes. Dans un passé pas très lointain, ces problèmes étaient difficiles à résoudre, il fallait sortir des maisons en torchis pour construire du dur, mais aujourd’hui, ils sont complexes car quand bien même nous sommes dans du dur, il faut penser aux aléas climatiques, comment penser la conception de l’habitation, etc. Dans la démarche visant à résoudre toutes ces difficultés, il faut avant tout changer de logiciel. Dans un premier temps, la population comme les élus doivent intégrer le fait que ce territoire ne se développera pas sans leurs initiatives et leurs actions concrètes. Il ne faut plus attendre de l’État qu’il fasse des routes comme autrefois, parce qu’il se serre la ceinture en ce moment. C’est une première approche dans la méthode. Deuxièmement, il nous faut traiter ces problèmes dans leur globalité parce qu’ils sont tous liés et non pas de manière isolée. Donc nous ne pouvons pas régler la question de l’immigration clandestine indépendamment du développement économique, de la santé ou de l’éducation. Ces mêmes sujets existaient déjà il y a 30 à 40 ans. Souvenez-vous lorsque Jacques Chirac, alors premier ministre, en visite dans l’île, a dit aux Mahorais qu’ils devaient d’abord développer le territoire avant la départementalisation. Sauf que 30 années plus tard, il est toujours question de ce développement parce qu’il n’a pas été réalisé et qu’il va, en plus, falloir le faire dans un temps relativement court, en privilégiant la logique des résultats à celle des moyens. Cela est malheureusement valable pour tout, y compris l’immigration. La population doit exiger de l’action de l’État à Mayotte, des résultats concrets. En matière d’immigration clandestine, l’État nous présente des chiffres en nous disant qu’il
y a plus de moyens matériels et humains affectés à cette mission sauf que dans la réalité, les Mahorais ne constatent aucun changement. Cela veut dire que le souci n’est pas dans les moyens mais plutôt dans la méthode employée. M.H. : Que prévoyez-vous pour Mayotte dans le domaine social pour la prochaine législature si vous êtes élus ? M.-B. M. M. : Sur les droits sociaux aussi c’est pareil, c’est une question de méthode. Je suis de ceux qui pensent que le calendrier de rattrapage avec la métropole proposé il y a dix ans au moment de la départementalisation n’est plus d’actualité dans la mesure où le développement qui aurait dû servir de socle n’a pas été au rendez-vous sur ces 40 années passées. Aujourd’hui, les choses vont tellement vite à Mayotte, nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre encore 20 ou 30 ans. M.H. : D’aucuns peuvent vous rétorquer que ce retard n’est pas du seul fait de l’État, que le manque d’investissement de la part des élus locaux justifie aussi grandement l’inertie constaté dans le développement durant ces dernières années ? M.-B. M. M. : C’est là où l’on voit que les élus mahorais ont jusque-là étaient dans une posture attentiste, en espérant que l’État fasse tout. Il y a un problème d’eau sur le territoire, les compétences en la matière relèvent des Mahorais, mais ils demandent une intervention de l’État. De facto, le préfet de Mayotte est devenu un gouverneur, non pas parce qu’il l’a voulu, mais parce qu’ici nous avons pris la fâcheuse habitude de nous tourner vers lui à chaque fois, même lorsque cette responsabilité nous incombe à nous. Pire encore, certains d’entre nous vont jusqu’à mal faire leur travail de sorte que l’État reprenne la main à un moment donné. Sauf qu’à l’échelle nationale, l’État se désengage de partout et met moins de moyens, y compris sur les portions de route. Cela est visible même ici chez nous, si vous observez bien vous constaterez que les routes nationales sont les plus dégradées contrairement aux départementales et aux municipales qui sont régulièrement refaites. Ce sont des sujets dont doivent se saisir les responsables locaux. Nous le voyons avec la construction de la plupart des collèges et lycées. Là aussi, il faudra traiter le problème dans sa globalité, car pour réaliser des économies, l’État a recours à des modulaires et des
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Législatives 2022
conteneurs, importés depuis l’extérieur, qui n’ont aucune valeur ajoutée locale, au détriment des entreprises mahoraises de BTP qui ne tire aucun bénéfice de ces infrastructures-là. Si nous voulons que l’économie mahoraise se redynamise, il faut que ce type de compétences soient assumées par des élus afin qu’ils puissent faire travailler les entreprises du territoire et favoriser ainsi la création d’emplois sur place. Dans la mesure où tout reste à construire, il faudra mettre à profit les compétences locales, et non pas tout prendre à l’extérieur, parce qu’autrement, nous ne sortirons jamais de la spirale des problèmes actuels. Quand le bâtiment va, tout va bien, il y a de l’emploi, plus de ressources, du pouvoir d’achat, moins de chômage et donc moins de délinquance également. M.H. : En dehors de ces aspects purement juridiques que vous venez d’exposer, comment faire pour véritablement redynamiser l’économie mahoraise au-delà de ces financements publics ? M.-B. M. M. : Comme je l’ai déjà dit, en économie nous disons que quand le bâtiment va, tout va ! Dans un premier temps, il y a ces investissements publics que nous avons évoqués qui sont très importants pour stimuler notre économie, en particulier les infrastructures. Cela tombe très bien puisqu’il n’y a pratiquement rien dans les communes, mis à part les écoles, les hôtels de ville et quelques MJC. Et encore nous disons que les écoles sont insuffisantes. Donc, si ne nous basons que sur ces investissements publics, nous avons déjà de quoi créer de la valeur, du pouvoir d’achat et des opportunités. Bien sûr, il y a d’autres domaines, notamment le secteur agricole. Il faut mettre en place les conditions pour que l’économie mahoraise décolle, parmi les outils potentiels, il y a les zones franches d’activités. Tout le monde en parle certes, mais moi de mon côté, je ne souhaite pas une zone franche qui va tuer l’économie mahoraise, mais au contraire une zone franche qui va la favoriser. Cela veut dire que nous stimulerons les aides qui vont être apportées et nous accompagnerons les entreprises qui vont s’y implanter, en permettant une péréquation sur les charges, en particulier les charges patronales qui leur permettront d’être compétitives face aux produits importés, et également de faire en sorte que certains produits locaux puissent être
exportables. Nous constatons certaines aberrations comme les importations de bananes ou de songes alors qu’il y a sur place la possibilité de produire suffisamment, ne serait-ce que pour répondre à la consommation locale. Ce sont des sujets concrets qui nous permettront d’accompagner l’agriculture mahoraise à se restructurer. Donc au-delà de l’aide public, c’est un accompagnement fort qui doit être mené pour assurer le décollage de certaines productions locales. M.H. : Autre projet évoqué par tout le monde en ce moment et dans tous les sens, l’université de plein exercice, comment se décline-t-il dans votre programme politique ? M.-B. M. M. : Pour nous, il s’agit d’une université de plein exercice, adossé à un Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires) de plein exercice aussi, indépendant de celui de La Réunion qui n’a pas la même position géostratégique ou géographique que Mayotte. Une fois dit cela, il ne faut pas juste créer une université pour le plaisir d’en avoir une car la richesse d’un territoire vient surtout de la connaissance. Aujourd’hui, nous parlons de l’économie de la connaissance, il s’agit de prendre ce qu’il y a de meilleur dans le monde. En métropole, les universités françaises sont ouvertes à des étudiants venant de partout dans le monde pour faire rayonner la France. Donc, dans notre vision, cette université se veut régionale, cela ne veut pas dire simplement les Comores ou Madagascar, nous voulons faire venir chez nous toute cette dynamique existante en Afrique de l’Est. Cela veut dire aussi avoir une coopération bilatérale entre Mayotte et les autres pays riverains du Canal de Mozambique. Actuellement, nous parlons de projet gazier et de pétrochimie au Mozambique, ce sont des sujets qui demandent à être traités avec des recherches poussées dans les universités. Là, Mayotte a sa carte à jouer dans la région, notamment en formant les étudiants mahorais pour les préparer suffisamment à aller conquérir le monde qui nous entoure, en sachant que les pays de la côte est africaine sont les rares en ce moment dans le monde à enregistrer une croissance à deux chiffres.
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M’tsangamouji Passamainty
Tsingoni Chiconi
Dembeni
Sada
Bandrele
Mtsamudu Kani-kéli M’Bouini Axel Nodinot
AHUMAD SALIME, L’ÉCOLOGISTE
AYANT MILITÉ DE NOMBREUSES ANNÉES POUR LES VERTS SANS QUE L’ORGANISATION NATIONALE DE CES DERNIERS NE DAIGNENT L’AIDER, AHUMAD OU AHAMADA SALIME S’EST DÉJÀ PRÉSENTÉ DEUX FOIS SOUS LA BANNIÈRE ÉCOLOGISTE, EN 2002 ET EN 2007. CETTE ANNÉE, IL RÉCIDIVE AVEC UN PROGRAMME PLUS SOCIAL, QUI TROUVE DES RÉPONSES À TOUS LES MAUX DONT SOUFFRENT LES MAHORAIS.
Que Mayotte soit “ le Taïwan de l’océan Indien ”, rien de moins. C’est l’ambition d’Ahamada Salime, qui se présente une troisième fois aux élections législatives, après y avoir récolté 1,27% en 2002 et 0,68% en 2007, les deux fois sous l’étiquette des Verts. L’ancien militant écologiste, suppléé de Nassurdine Imrane, défend en premier lieu l’autosuffisance alimentaire des Mahorais, en formant une nouvelle génération d’agriculteurs et en faisant “ renaître les productions traditionnelles ”, mais aussi en contrôlant les vendeurs à la sauvette. Il veut aussi imposer des appels d’offres publics dans le BTP pour éviter la spéculation immobilière conduisant à la déforestation. Sur le volet social, le candidat en appelle au “ quoi qu’il en coûte ” pour Mayotte. Pour l’école, il évoque notamment le recrutement de plus d’enseignants, leur revalorisation salariale, la réhabilitation des
salles de classes, et propose de “ nommer un responsable mahorais de l’éducation ”. Pour les minima sociaux, Ahumad Salime veut un alignement sur ceux de métropole, tout en réclamant une “ aide au retour et à la réinstallation des étudiants à Mayotte ”. Pour la santé, l’écologiste ne veut plus de “ médecins sacs à dos ” et propose la formation de 60 infirmiers par an à Mayotte ainsi que de plus grands investissements de l’État. À propos de l’immigration, enfin, M. Salime appelle à une suspension du droit du sol, à l’interception des kwassas repartant vers Anjouan s’ils ne l’ont pas été lors de l’aller, et à un cahier des charges sur l’aide fournie aux Comores. Sur un plan plus large, il évoque une coopération de l’État français avec les pays émergents, notamment africains et asiatiques, qui pourrait profiter au département.
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Axel Nodinot
ANLI MADI NGAZI, L’OUTSIDER
FAISANT PARTIE DES CANDIDATS MÉCONNUS DANS LA CIRCONSCRIPTION SUD DE MAYOTTE, ANLI MADI NGAZI SE PRÉSENTE UNE SECONDE FOIS AUX ÉLECTIONS LÉGISLATIVES, SANS ÉTIQUETTE, MAIS AVEC UNE VOLONTÉ DE CHANGER LES CHOSES DURABLEMENT POUR MAYOTTE.
“ L’alignement direct des droits sociaux, pas la convergence ”. Le ton est donné par Anli Madi Ngazi, candidat malheureux des législatives 2017, durant lesquelles il avait recueilli 1,12% des voix exprimées. Toujours dans la 2nde circonscription, celui qui est accompagné de son suppléant Nourdine Saïd a quelque peu taclé le député Kamardine en déclarant que la dernière législature avait poussé les Mahorais à “ l’exode à La Réunion ou France métropolitaine ”. D’un point de vue programmatique, ses volontés tiennent en neuf propositions. Outre l’alignement des droits sociaux, M. Madi Ngazi énumère des mesures générales sans pousser la démonstration, telles que le développement du CHM,
l’accès à un logement digne, favoriser la création d’emploi ou une université de plein exercice. Le candidat développe un peu plus son propos au sujet de la sécurité, thème cher à la population mahoraise. Il défend ainsi des “ ateliers de prévention contre les délits ” dès le collège, une condition d’assiduité de l’élève pour le versement des allocations familiales ou une responsabilisation des associations loi 1901. Enfin, Anli Madi Ngazi est partisan d’une coopération économique, éducative et médicale avec l’Union des Comores, afin d’y juguler les flux migratoires. Le candidat du sud innove néanmoins en proposant le déploiement de l’aide au retour volontaire auprès des étrangers vivant à Mayotte.
Axel Nodinot
MANSOUR KAMARDINE, L’ÉLÉPHANT
APRÈS DEUX MANDATS DE 2002 À 2007 ET DE 2017 À 2022, LE DÉPUTÉ SORTANT REMET SA PLACE EN JEU DANS UNE CIRCONSCRIPTION QUI EST SA CHASSE GARDÉE. SOUS LA BANNIÈRE DES RÉPUBLICAINS, LE PARTI LE MIEUX IMPLANTÉ À MAYOTTE, IL BRIGUERA – AVEC ISSIHAKA ABDILLAH AU NORD – DES POSTES QUI SERONT LES BIENVENUS DANS L’ESCARCELLE LR, LE PARTI DE DROITE S’ÉTANT DÉJÀ RÉSOLU À DEMEURER DANS L’OPPOSITION.
Il est sans aucun doute l’une des plus grandes figures politiques mahoraises de ces dernières années, si ce n’est la plus importante. Il suffit de regarder les scores de Mansour Kamardine lors des premiers tours des dernières élections législatives pour se rendre compte de son omniprésence : 33,22% en 2002, 27,92% en 2012, 27,64% en 2017, pour deux élections, en 2002 et 2017. Ayant contribué à l’enracinement de l’UMP à Mayotte, l’avocat de profession s’est au fil des ans cousu une solide réputation sur les bancs de l’Assemblée nationale, excellant dans le rôle de l’opposant au pouvoir exécutif. S’il est réélu, c’est dans ce cadre qu’il officiera une fois encore, Les Républicains ayant déjà annoncé qu’ils ne travailleraient pas avec Ensemble, la coalition présidentielle. Avec 68 semaines de présence à l’Assemblée et 88 interventions en commission sur les cinq dernières années, le Sadois fait partie des députés les moins actifs. Il peut néanmoins se targuer d’être
intervenu 283 fois à l’Hémicycle et d’avoir proposé 239 amendements. Accompagné de sa suppléante Fazainti Djoumoi Tsimpou, le candidat axe son propos sur la menace migratoire comorienne et l’insécurité, demandant la suppression du titre de séjour spécifique à Mayotte, l’interdiction de régulariser les clandestins, ou le renvoi des mineurs isolés étrangers. Les mesures sociales ne sont pas en reste, avec des mesures d’urgence annoncées – mais non précisées – sur la cherté de la vie et l’inflation frappant les prix des produits de première nécessité, mais aussi l’alignement du SMIC local sur le SMIC national, ainsi que des minima tels que le RSA, la prime d’activité et la retraite. Le député sortant propose en outre de remettre sur la table un projet de loi Mayotte co-construite par l’État et les pouvoirs locaux, ainsi qu’une troisième retenue collinaire, des stations de dessalement et le doublement des espaces naturels terrestres, marins et des mangroves.
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M’tsangamouji Passamainty
Tsingoni Chiconi
Dembeni
Sada
Bandrele
Mtsamudu Kani-kéli M’Bouini Axel Nodinot
MOUHAMADI MCHAMI, LE RÉGIONALISTE
CLASSÉ AU CENTRE, MOUHAMADI MCHAMI SE PRÉSENTE POUR LA DEUXIÈME FOIS AUX ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DANS LA SECONDE CIRCONSCRIPTION. SUPPLÉÉ PAR RAZA BOURA, LE CANDIDAT VEUT “ PORTER LA VOIX DE MAYOTTE À L’ASSEMBLÉE NATIONALE ” SANS TRAHIR LES BESOINS DE SA POPULATION.
3,16%. C’est le score de Mouhamadi Mchami en 2017, lui qui avait recueilli 591 voix dans la circonscription sud de Mayotte. Cette année, le candidat repart avec une feuille de route quasiment régionaliste, tant la défiance vis-à-vis de l’État y est ancrée. “ Je serai un député des Mahorais et Mahoraises et non du gouvernement ”, indique par exemple sa profession de foi. Et ces formules y sont légion : “ décentralisation pleine ”, “ défendre l’identité des Mahorais ”, “ notre parti est Mayotte ” …
aux soins, et augmenter les forces de l’ordre sur l’île, tels sont les mots d’ordre du candidat. Mais toujours en voyant la France comme un accompagnateur du développement de Mayotte, et pas autrement : “ construire sur nos valeurs, ne pas vendre nos âmes ” ; “ être français pour être libre, oui, mais pour s’émanciper économiquement et socialement ”.
Offensif au sujet de l’alignement des droits et prestations sociales, pour lesquels il demande un plan Marshall – orthographié “ Marschal ” – de la part de l’État, M. Mchami l’est aussi sur la délinquance, qu’il relie directement à l’immigration lorsqu’il parle des écoliers, “ terrorisés par les voyous venant de l’extérieur ”. Améliorer l’éducation, mais aussi l’accès
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Axel Nodinot
SAIDALI HAMISSI, LE FILS MAHORAIS DE LE PEN
PORTE-PAROLE DU RASSEMBLEMENT NATIONAL À MAYOTTE, SAIDALI BOINA HAMISSI EST RÉSOLUMENT DÉTERMINÉ À FAIRE BARRAGE À EMMANUEL MACRON LORS DE CES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES. SI SON PARTI N’AURA PAS LA MAJORITÉ À L’ASSEMBLÉE NATIONALE, LE CANDIDAT DE LA 2NDE CIRCONSCRIPTION COMPTE BIEN SURFER SUR LA DYNAMIQUE RN ENREGISTRÉE DANS LE SUD LORS DE LA PRÉSIDENTIELLE.
Non, le vote Rassemblement national et Marine Le Pen n’était pas un vote de contestation, mais bien d’adhésion. C’est en tout cas ce que défend Saidali Hamissi, porte-parole de l’ancien Front national dans le 101ème département français. Cet employé du Conseil départemental peut dans tous les cas compter sur le raz-de-marée bleu marine ayant emporté les communes du sud de Mayotte lors des deux tours de l’élection présidentielle. Lors de la venue de la députée sur l’île, il qualifiait d’ailleurs cette dernière de “ mère ”. Logiquement, M. Hamissi et sa suppléante, Mme Afidati Mkadara, centrent leur discours sur l’immigration et l’insécurité. Cette dernière vise particulièrement les naissances de parents étrangers et les détenus étrangers en situation irrégulière,
en avançant cependant des chiffres exagérés. Sur ces sujets, la radicalité est de mise avec le binôme RN, qui espère séduire l’électorat du sud lassé des vagues migratoires incessantes que connaît l’île. Ainsi, le “ droit du sol ” devrait être supprimé selon Saidali Hamissi, qui exige également l’alignement des minima sociaux mahorais et des retraites sur ceux de nos compatriotes de métropole. Éducation, santé et environnement sont évidemment aussi abordés par le candidat de la 2nde circonscription, sa suppléante évoquant notamment les “ décharges à ciel ouvert ” que sont les forêts et le lagon mahorais. Mais l’état de tous ces secteurs ne seraient dus qu’à l’immigration, et n’auraient donc qu’une seule solution : la réduire.
Axel Nodinot
TOUMBOU MAURICE, LA MASCOTTE
À 78 ANS, CELUI QUE L’ON SURNOMME “ MANDELA ” CONCLUT SA TROISIÈME CAMPAGNE LÉGISLATIVE, APRÈS LES ÉCHÉANCES DE 2007 ET 2012. SI LE DOYEN DES CANDIDATS DE LA 2NDE CIRCONSCRIPTION DE MAYOTTE EST ARMÉ D’UN HUMOUR QUI TRANCHE AVEC SES CONCURRENTS, IL N’EN OUBLIE PAS SON DISCOURS, DONT LES MESURES PIOCHENT DANS TOUTES LES NUANCES DU SPECTRE POLITIQUE.
C’est à s’en poser des questions. Comment se faitil que le doyen de la course à la députation de Mayotte soit le plus rafraîchissant des candidats ? Sa présence seule sur les plateaux suffit à nous dessiner un sourire sur le visage. Toumbou Maurice dit “ Mandela ” s’est en effet fait connaître ces derniers mois par ses apparitions remarquées dans les médias de l’île au lagon, proposant aux auditeurs des blagues corrosives, ou complimentant encore l’animatrice de l’émission. Pourtant, l’homme exilé 30 ans à Madagascar et 5 ans à La Réunion est bien plus que le grand-père sympathique de cette élection. Rentré en 2007, il se présente directement aux législatives, lorsque Mayotte ne comptait qu’une seule circonscription. Il y recueille 1,39% des votes exprimés. Cinq ans
plus tard, le Mandela de Mamoudzou se lance dans la course à la 2nde circonscription, pour un score semblable : 1,89%. Après avoir fait l’impasse sur 2017, Toumbou Maurice revient donc, toujours sans étiquette, mais avec une sensibilité de droite, et notamment Les Républicains. Si son discours rejoint celui de son camp au sujet de l’immigration et de l’insécurité, proposant notamment d’incarcérer les jeunes délinquants dans leur pays d’origine, le social est bel et bien présent dans ses propositions. Il prône par exemple la retraite à 55 ans, ou encore le morceau de manioc à 50 centimes ou 1 euro. S’il peut espérer atteindre enfin les 2% lors de ce scrutin, Toumbou Maurice y aura en tout cas marqué les esprits.
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L.G
UNE MATINÉE AVEC LA POLICE INTERCOMMUNALE DE L'ENVIRONNEMENT Depuis 2019, la police intercommunale de l’environnement de la communauté de communes du Sud œuvre au quotidien pour la préservation de la nature à Mayotte. Sur tous les fronts, les agents sillonnent jour après jour le territoire avec un seul objectif : faire respecter la loi. 8h15. Au volant de leur Nissan Navara, les policiers de la brigade intercommunale de l'environnement de la communauté de communes du Sud partent en patrouille. Direction la commune de Chirongui. Sur les pentes du Mont Choungui, une piste attire leur attention. “Arrête-toi là”, lance le brigadier Maoudjoudi au conducteur. À une dizaine de mètres de l’une des routes les plus touristiques de l’île, le paysage laisse sans voix. Alors qu’un sublime point de vue s’offre à eux lorsque les policiers regardent leurs rangers, la réalité est toute autre. Pneus, batteries, gravats, bouteilles, cannettes… Sur plus de dix mètres de hauteur, les déchets s’entassent dans cette décharge illégale à ciel ouvert. “Les dépôts sauvages sont nombreux à cet endroit”, affirme le policier intercommunal de l'environnement. “Nous effectuons régulièrement des contrôles et dressons des procès-verbaux.” Ici, les professionnels du BTP trop pressés pour se rendre au quai de transfert le plus proche viennent depuis 2020 déposer leurs détritus. Alors que la brigade tente d’endiguer ce phénomène
en réalisant des flagrants délits des contrevenants, les conditions de travail des agents deviennent de plus en plus compliquées. “Ils connaissent nos horaires de service et viennent déverser leurs cargaisons à la nuit tombée”, explique l’agent Abdou. Un véritable jeu du chat et de la souris qui s’étend sur le territoire des quatre communes du Sud de Mayotte.
“Les conséquences de ces travaux pourraient bien être gravissimes" 9h20. Alors que l’équipe d’intervention se dirige vers la commune de Kani-Kéli, celleci se retrouve confrontée une fois encore à une infraction au code de l’environnement. Toujours au bord de la route nationale, un habitant a décidé de remblayer un terrain dont le cadastre révèle qu’il n’est pas le propriétaire. “Lorsque la saison des pluies sera là, les conséquences de ces travaux pourraient bien être gravissimes", avance Maoudjoudi en pointant du doigt la ravine en contrebas. Si rien n’est fait d’ici quelques
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mois, les averses ne feront qu’une bouchée des tonnes de terre rouges qui poursuivront leur course dans la rivière aval et de là au lagon. Sous le regard inquiet des policiers, des chantiers comme celui-ci poussent de jour en jour comme des champignons. Moyens professionnels, engins de chantier, pot de vin, les destructeurs de l’environnement agissent impunément et les mentalités peinent à évoluer. “Nous faisons de la prévention lorsque cela est nécessaire comme pour le lavage en rivière par exemple, mais lorsque des infractions aussi graves sont commises, nous n’hésitons pas à verbaliser”, affirment fermement les agents municipaux. Différents poids de mesure selon les infractions donc et un même but : la préservation de Mayotte et son environnement.
Pluie d’infractions et de pesticides 9h45. De nouveau en mission, la police intercommunale de l’environnement de la communauté de communes du Sud se dirige cette fois vers la mangrove de Miréréni Bé. Là, sur plusieurs hectares, les palétuviers et autres bois de rose ont été réduits à néant. À la place ? Des champs de tomates, de bananes, de maniocs, mais
aussi de l’élevage. Tout juste le seuil de la propriété franchi, les agriculteurs présumés prennent la fuite. Des travailleurs probablement en situation irrégulière et embauchés de manière illégale par des professionnels mahorais. Car surprise : en effet les vaches, chèvres et moutons sont bouclés. Mais, les infractions ne s’arrêtent pas là. Partout, des produits phytosanitaires interdits en France jonchent le sol. Déchets en tout genre, pollution des sols, défrichage, emploi de clandestins… La note est lourde et pourtant les peines tardent à tomber. S’ils rédigent de nombreux procès-verbaux, les brigadiers semblent parfois confrontés à un grand sentiment de solitude. Ni la population ni les institutions ne paraissent prendre conscience de la gravité de la situation. “Si nous ne faisons rien, c’est une destruction programmée de l’île d'ici 40 ans qui nous attend”, affirme le chef de service de ladite brigade, Jean-Pierre Cadière. Bien seules sur le terrain, les équipes espèrent davantage de coordination à l’avenir avec les autorités compétentes. Si elles bénéficient de l’appui du président de la communauté de communes du Sud, du procureur, mais aussi de la gendarmerie, le temps presse et rien ni personne ne pourra plus rien pour préserver la beauté et la richesse des paysages mahorais. n
Un brigadier de la police intercommunale de l'environnement de la communauté de communes du Sud en intervention.
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LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE Abdou Salam Baco, Contes inédits de Mayotte, Archives départementales de Mayotte, 2010.
Abdou Salam Baco est né à Mzouazia. Après des études secondaires à Maoré et à la Réunion, il débarque à Saint-Etienne en 1983 pour poursuivre ses études supérieures. Titulaire d’un DEUG d’AES (Administration économique et sociale), il s’oriente vers les sciences économiques. Après avoir préparé un diplôme supérieur de conseil en développement, il entreprend des études doctorales sur l’histoire de Mayotte, qu’il clôt par la soutenance de sa thèse en avril 1993. C’est donc en Docteur ès Histoire Économique qu’il débarque à Mayotte en mai 1993 avec femme et enfant. Abdou S. Baco est l’auteur de trois romans – Brûlante est ma terre, Dans un cri silencieux et Coupeurs de tête – et de deux recueils de nouvelles : La Belle du jour et Cinq femmes. Il est également musicien, fondateur du groupe Mobissa à Mayotte. Il travaille dans le milieu culturel dans son pays.
DES CONTES EN SHIMAORE AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. Dans le septième volume des Contes inédits de Mayotte (2010), l’écrivain francophone de Mayotte Abdou Salam Baco sélectionne six contes, un de chacun des volumes qui précèdent, afin de le proposer au lecteur en langue originale, c’est-à-dire en shimaore. L’auteur indique la difficulté de sa tâche, en l’absence d’une graphie stable de cette langue vernaculaire. Ainsi, dans “ Fables ” (volume 1), est-ce “ Banawassi ” qui a été retenu, “ Mama Kambo ”, “ Sadabu shivandre ya tsi gudzuhawo ”, “ Matangu Maro ” dans “ Sagesse ” (volume 6), “ Ninga Zaïna, mzuri wa dziaju ” et “ Trandrayma ” dans Djinns 1 (volume 3) Nous avons déjà, dans leur volume respectif, dit un mot sur trois d’entre eux. Nous terminerons donc plutôt cette série en indiquant les raisons pour lesquelles la version en langue originale l’emporte sur sa traduction en français selon Abdou Salam Baco. Pour ce dernier, dont le shimaore est la langue maternelle, le texte original fourmille de répétitions qui ont été effacées en français, langue ayant en horreur le pléonasme et la redondance : “ Dans ce volume, nous souhaitons offrir aux lecteurs (en tout cas à ceux qui comprennent le shimaore), toute la saveur, toute l’ambiance, toutes les nuances d’un conte dans sa version
originale, en essayant toutefois de limiter autant que possible les nombreuses répétitions qui, souvent, allongent inutilement le récit. Car, si la répétition est une technique de narration à part entière, parfois elle n’apporte rien de particulier au conte, sauf à permettre au conteur de retrouver le fil de son récit qu’il venait de perdre suite à un exemple démonstratif ou à un chant. ” (p. 7) Traduire sans redondances La répétition est donc au c?ur de la forme du conte et un tel procédé est difficile à réhabiliter en contexte francophone. Par conséquent, l’écrivain en cherche le dosage le plus équilibré. Pour retrouver les vertus de la répétition, l’écrivain francophone de Mayotte propose le raisonnement suivant : “ Technique la plus couramment utilisée, la répétition est l’un des traits qui révèlent le mieux ce qui est dû à la représentation en public ; elle est utilisée à la fois pour : faire fonction d’appel lyrique aux auditeurs ; insister sur un fait important que le public doit absolument capter ; souligner un certain énoncé ; accompagner les mouvements physiques de la représentation ; ou encore placer un grand nombre de détails sans trop faire appel à l’inventivité de l’artiste ” (p. 11) La répétition est donc un procédé de communication phatique, une figure
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d’insistance, un procédé d’emphase. C’est, in fine, un moyen d’attirer l’attention, d’attirer l’attention, d’attirer l’attention sur quelque chose. Dans ce texte final, Abdou Salam Baco évoque aussi ses déceptions de traducteur : “ Notre démarche est dictée surtout par une certaine frustration : un conte traduit et transcrit en français perd toujours quelque peu sa richesse, sa saveur, et souvent, des termes inappropriés sont utilisés parce que beaucoup de mots ou expressions en shimaore n’ont pas leur équivalent en français. Parfois, cela peut même dénaturer complètement le conte, ou en tout cas le placer dans une ambiance totalement différente. Il nous fallait donc essayer de restituer le plus fidèlement possible le message authentique de ces artistes de l’oralité. ” (p. 7-8) La traduction se révèle, conformément au lieu commun, trahison lorsqu’elle modifie l’ambiance ou qu’un vocable mahorais ne trouve pas d’équivalent satisfaisant en français, les interjections notamment qui ont tant d’importance dans l’univers sonore du conte. Mais Abdou Salam Baco termine sur son bonheur d’écrivain qui consiste à coucher les contes sur le papier : “ Bien sûr, la chose écrite, c’est-à-dire la lettre qui s’imprime, qui se coagule en mot, qui s’étale en phrase, qui se densifie en message, et qui devient parole pour créer un monde
fantasmagorique, ne peut pas remplacer la parole enregistrée. Mais le défi méritait d’être relevé. ” (p. 8) Et les mots qu’il emploie pour le dire sont ceux dont il se sert toujours pour dire sa fascination de l’écrit – comme lors d’un entretien avec Nassuf Djailani en 2011 -, lorsqu’il évoque où lui fut offerte une machine à écrire : “ Quand j’étais en première année d’Université, un ami m’zoungou m’a offert une machine à écrire, que je garde toujours avec moi comme porte-bonheur. Ce cadeau m’a permis de découvrir alors réellement la magie de la machine à écrire, c’est-à-dire la lettre qui s’imprime, qui se détache des doigts, qui se coagule en mot, qui s’étale en phrase, qui se densifie en message, qui devient parole, pour créer le monde. ” (p. 213) Il n’y a pas que des mots dans ses recueils de contes, mais aussi des dessins, signées Yann Moreau, qui servent d’illustrations et dont le style esthétise les couvertures de chacun des tomes de la série et donne envie d’en ouvrir les différents livres.
Christophe Cosker
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SPORT
Calendriers - classements - résultats
FOOTBALL
Equipe
Régional 1 Journée 2 AS Bandraboua 4–3 USCP Anteou Tchanga SC 0–1 AJ Kani Kéli AS Sada 0–2 Diables noirs de Combani Bandrélé FC 2–0 FC Mtsapéré AS Rosador de Passamainty 0–1 Jumeaux de Mzouazia ASC Abeilles de Mtsamboro 1–4 ASC Kawéni
Journée 3 - Samedi 11 juin à 15 heures AS Bandraboua - Tchanga SC Diables noirs de Combani - USCP Anteou AJ Kani Kéli - Bandrélé FC Jumeaux de Mzouazia - AS Sada FC Mtsapéré - ASC Abeilles de Mtsamboro ASC Kawéni - AS Rosador de Passamainty
J
G
N
P
Dif
1
Jumeaux de Mzouazia
6
2
2
0
0
+6
2
USCP Anteou
6
2
2
0
0
+4
3
ASC Kawéni
6
2
2
0
0
+3
4
Diables noirs de Combani
6
2
2
0
0
+2
5
AS Bandraboua
3
2
1
0
0
+1
6
FC Mtsapéré
3
2
1
0
0
+2
7
Bandrélé FC
3
2
1
0
1
-0
8
AS Rosador
3
2
1
0
1
-1
9
AJ Kani Kéli
0
2
0
0
1
-2
10
Tchanga SC
0
2
0
0
1
-2
11
AS Sada
0
2
0
0
1
-5
12
ASC Abeilles
0
2
0
0
1
-8
Pts
J
G
N
P
Dif
FOOTBALL Régional 2
Pts
Equipe 1
Foudre 2000
6
2
2
0
0
+3
2
FC Dembéni
4
2
1
1
0
+2
Journée 2
3
AJ Mtsahara
4
2
1
1
0
+1
FC Majicavo 1–1 AJ Mtsahara Foudre 2000 1–0 AS Neige de Malamani UCS de Sada 3–1 FC Chiconi ASJ Moinatrindri 0–1 FC Kani Bé US Kavani 0–0 FC Dembéni USCJ Koungou 0–2 Olympique Miréréni
4
UCS de Sada
3
2
1
0
1
+1
5
ASJ Moinatrindri
3
2
1
0
1
+1
6
FC Kani Bé
3
2
1
0
1
-1
7
AS Neige de Malamani
3
2
1
0
1
+1
8
FC Chiconi
3
2
1
0
1
0
9
Olympique Miréréni
3
2
1
0
1
0
10
US Kavani
1
2
1
0
1
-2
11
FC Majicavo
1
2
1
0
1
-2
12
USCJ Koungou
0
2
0
0
1
-4
Journée 3 - Samedi 11 juin à 15 heures FC Majicavo - Foudre 2000 FC Chiconi - AJ Mtsahara AS Neige de Malamani - ASJ Moinatrindri FC Dembéni - UCS de Sada FC Kani Bé - USCJ Koungou Olympique Miréréni - US Kavani
36•
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 3 • 1 0 / 0 6 / 2 0 2 2
FOOTBALL Régional 1 féminines
Equipe
Pts
J
G
N
P
Dif
1
ASC Wahadi
3
1
1
0
0
+4
2
FC Mtsapéré
3
1
1
0
0
+1
Devils Pamandzi 2–1 ASJ Handréma Entente Miréréni / Tsingoni – AS Jumelles de Mzouazia USC Labattoir – Club Unicornis US Kavani 0–4 ASC Wahadi Olympique de Sada 2–3 FC Mtsapéré Exemptées : ASO Espoir de Chiconi
3
Devils Pamandzi
3
1
1
0
0
+1
4
ASO Espoir de Chiconi
0
0
0
0
0
0
5
AS Jumelles de Mzouazia
0
0
0
0
0
0
Journée 2 - Dimanche 12 juin à 15h30
6
Entente Miréréni / Tsingoni
0
0
0
0
0
0
ASO Espoir Chiconi - Devils Pamandzi ASJ Handréma - USC Labattoir Wahadi ASC - Entente Miréréni / Tsingoni Club Unicornis - Olympique de Sada FC Mtsapéré - US Kavani Exemptées : AS Jumelles de Mzouazia
7
USC Labattoir
0
0
0
0
0
0
8
Club Unicornis
0
0
0
0
0
0
9
Olympique de Sada
0
1
0
0
0
-1
10
ASJ Handréma
0
1
0
0
0
-1
11
US Kavani
0
1
0
0
0
-4
Journée 2
37
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 3 • 1 0 / 0 6 / 2 0 2 2
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot
# 1003
Couverture :
Législatives 2022
Journalistes Axel Nodinot Romain Guille Raïnat Aliloiffa Lise Gaeta Alexis Duclos Lhaimy Zoubert Ravoay Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com