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LE MOT DE LA RÉDACTION
IMPOSER LE LOCAL L’une est nouvelle, l’autre l’est moins. Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine seront les deux députés de Mayotte lors de ces cinq prochaines années. Qu’ils siègent au sein de la majorité ou de l’opposition, un constat s’impose : nos élus auront fort à faire pour imposer les problématiques du 101ème département sur les bancs de l’Assemblée nationale. D’autant plus que cette dernière apparaît morcelée, comme rarement elle l’a été dans l’histoire de la Vème République, avec une majorité centriste relative et des pôles de gauche, de droite et d’extrême-droite très fournis. De quoi rallonger les débats sur des réformes et mesures qu’attendent impatiemment les Français. Si le pouvoir d’achat est évidemment la première occupation des citoyens, il est d’autres secteurs qui nécessitent un appui particulier de l’État. Le sport et la culture, notamment, ont été fortement impactés par ces deux ans de crise sanitaire, et parviennent seulement à se relever aujourd’hui. Tel fut le sort de la course de pneus, élément clé du folklore mahorais sacrifié sur l’autel des restrictions sanitaires. Fort heureusement, l’évènement et ses festivités sont de retour cette semaine. De quoi passer un bon samedi après-midi, avant d’enchaîner, en soirée, sur les Trophées mahorais de l’entreprise, organisés par la Somapresse depuis 10 ans ! Bonne lecture à toutes et à tous.
Axel Nodinot
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie
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FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse
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FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe
marine le Pen
environnement
Port de Longoni
ConSeil départeMental
Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?
Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?
la dsP sur la sEllEttE
pas de changement sUr l’octroi de mer
© Jonny CHADULI
Grève à Panima
TéléThon 2016
Des propositions mais toujours pas D'issue
DemanDez le programme
première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com
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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André
© CR: Gauthier Bouchet
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
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Économie
SÉcuritÉ
Les appeLs à projets de L'europe
Couvre-feu pour Les mineurs
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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Musique
Faits divers
Edmond BéBé nous a quitté
ViolEncE En cascadE
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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MCG VS SMart
ViCe-reCtorat
UltimatUm oU véritable main tendUe ?
l’institUtion répond aUx critiqUes
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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Del Zid et Terrell Elymoor à Chirongui
C’est le nombre de stands “ écointeractifs ” que comptera le festival durable “ YES KO GREEN ”, organisé le 2 juillet 2022 de 9 à 19 heures au M’haju, dans la commune de Bandrélé. Huit artistes se produiront lors de cet événement, qui a pour but de sensibiliser petits et grands aux problématiques environnementales que connait Mayotte, telles que l’écologie, le traitement des déchets ou le développement anthropique. Organisé par l’association Yes we Can nette et la Communauté de communes du Sud, le festival proposera gratuitement une série de tables rondes, des performances musicales mais aussi picturales, avec des peintres et graffeurs mettant en avant l’écologie. Enfin, un village regroupera les stands de nombreuses institutions et associations, parmi lesquelles la Cress, les Naturalistes, Oulanga na Nyamba ou Nayma.
Dans le cadre de son week-end de clôture de la saison 2021-2022, le pôle culturel de Chirongui organise deux soirées qui promettent d’être mémorables, ce soir et demain. Ce vendredi 24 juin, c’est le fameux Del Zid qui animera la scène extérieure du pôle culturel à partir de 19 heures. Si l’entrée est gratuite, une réservation est demandée via ce lien : https://yurplan.com/event/DEL-ZID/87093. Le jeune rappeur Terrell Elymoor prendra le relais le vendredi 25 juin, toujours à 19 heures, toujours sur la scène extérieure. Le concert de l’étoile montante de la musique mahoraise est cependant payant, et plusieurs tarifs sont disponibles sur ce lien : https://yurplan.com/event/TERRELL-ELYMOOR/87097 et plusieurs tarifs sont disponibles sur ce lien : https://yurplan.com/event/TERRELL-ELYMOOR/87097
ELLE FAIT L’ACTU Atua Attoumani, 1ère CEPJ mahoraise Les fonctionnaires de la DRAJES, qu’ils soient conseillers d’éducation populaire et de jeunesse (CEPJ), professeurs de sport ou inspecteurs de Jeunesse et Sport, sont titulaires du concours et donc majoritairement originaires de métropole. Ce ne sera plus le cas désormais, puisqu’Atua Attoumani, Mahoraise titulaire d'un DUT Gestion des Entreprises et des Administrations et d’un double diplôme Responsable Opération d'Activité & Responsable Management Opérationnel Marketing et Commercial à l’IFAG de Lyon, vient également d’obtenir le concours CEPJ. C’est une première pour Mayotte, et pour la DRAJES, qui comptera donc dans ses rangs une lauréate issue du territoire. “ En étant CEPJ, je pourrai participer au déploiement de politiques de jeunesse, au sein d'un département où plus de la majorité de la population est jeune, ainsi qu'accompagner notre grand réseau associatif sur le développement de nos différents dispositifs ”, a déclaré Mme Attoumani.
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LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
LES 5 MEILLEURS SPOTS DE PLONGÉE À MAYOTTE Le 20 juin 2022, par Aurélien Nille pour Génération voyage. Venez donc vous mouiller à Mayotte ! Cet archipel de l’océan Indien, situé entre Madagascar et la côte du Mozambique, compte parmi les plus beaux paysages de la région. L’archipel de Mayotte a ceci de particulier qu’il est tout entier entouré d’une barrière de corail. Elle abrite un lagon et une réserve marine qui en font, forcément, une destination de choix pour la plongée. On y trouve un incroyable écosystème : poissons de récif, tortues sous-marines, coraux multicolores, algues ondulantes… Generation Voyage a sélectionné les meilleurs spots de plongée à Mayotte. Enfilez palmes et combinaisons, votre aventure subaquatique commence maintenant !
3. Passe bateau Passe bateau est réservé à des plongeurs confirmés, mais quel spectacle ! Éloigné du rivage et peu fréquenté, ce spot de plongée à Mayotte se situe au Sud de l’île. On peut s’y initier à la plongée en dérivante, c’est-à-dire en se laissant entraîner par le courant marin. Avantages : peu d’efforts à fournir, le flux se charge de vous propulser sur toute la longueur du spot. Un premier tombant vous mènera à 40 mètres de profondeur, suivi d’un second à 80 mètres pour les plus téméraires. Un bateau viendra vous récupérer à la toute fin de “ l’itinéraire ”. Entre temps, vous aurez le privilège de contempler une faune riche en pélagique : requins, raies, dauphins, thons… Sèches et grosses murènes seront aussi de la partie près des fonds. Spectacle assuré !
1. La Passe en S La Passe en S sépare deux récifs coralliens et constitue assurément le spot de plongée le plus connu à Mayotte. Il se compose de multiples sites de plongée abritant une flore et une faune aquatique extraordinaires. Jalonné de nombreuses bouées de mouillage, il mesure quatre kilomètres et sa profondeur peut atteindre jusqu’à 70 mètres. Ici, on se repère au nom des bouées pour choisir à quelle espèce rendre visite. Les gros mérous ont choisi les bouées N°4 et N°5. Des poissons-perroquets à bosse ont élu domicile autour de la N°9. Pour les tortues en revanche, la bouée N°2 est certainement la meilleure ! La grande sécurité du site permet d’ailleurs, pour un instant irréel, la plongée de nuit.
4. Passe Sada La Passe Sada est également un spot de plongée à Mayotte destiné aux plongeurs expérimentés. Il est le terrain de jeu favori des dauphins et l’on peut parfois même y entendre l’envoûtant chant des baleines. Particulièrement prisé par les tortues, ce “ lagon dans le lagon ” comprend un tombant vertical impressionnant entre 3 et 45 mètres de profondeur. La Passe Sada est assez éloignée de la côte, promettant ainsi de jolies rencontres sous-marines. Facile d’accès depuis Mzouazia, c’est l’endroit rêvé pour parfaire ses compétences en plongée. Voire peut-être même d’obtenir sa formation de niveau 2 ?
2. Le banc du Boa Non, aucun serpent ne vous attend dans ce site du Nordouest proche de l’îlot Choizil. Ce spot de plongée à Mayotte accueille toutefois des langoustes, raies et gorgones entre 5 et 30 mètres de profondeur. Le récif corallien dans lequel virevoltent les maîtres des lieux fait la joie des photographes sous-marins en raison de l’excellente santé de ses coraux. Les coraux qui, vous le savez forcément, ne sont pas des végétaux sous-marins mais bien des animaux ! Si vous avez la chance de vous rendre au Banc du Boa, vous aurez peut-être la chance d’admirer le passage d’espèces animales beaucoup plus grosses, côté large.
5. Le tombant des aviateurs Comme son nom l’indique, ce spot de plongée à Mayotte se situe au bout de la piste de l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi. Il s’agit d’un tombant vertigineux qui descend sous les 60 mètres de profondeur. Pourtant, bonne nouvelle : le site est accessible à tous les pratiquants en raison de ses courants faibles. Il comporte plusieurs couloirs et tunnels où les visiteurs peuvent se faufiler. Ici, gorgones, langoustes et rascasses vaquent à leurs occupations. Parfois, des poissons porcs-épics peuvent être aperçus. Ces animaux étonnants se gonflent d’eau et hérissent leurs pointes à la moindre contrariété ! Vous apprécierez la grande luminosité du lieu et la clarté de l’eau, particulièrement remarquable, même pour l’île de Mayotte.
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PORTRAIT Lhaimy Zoubert Ravoay
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SAMANI CONCEPT CONNECTE MAYOTTE AU MONDE
Initié par Farda Mari, jeune Mahoraise alors étudiante, Samani concept est à la base un projet de fin d'études qui devait porter sur la création d'une "vraie" entreprise. Décidée à se lancer dans le monde de l'entreprenariat, son enseigne voit le jour en 2018 à Mayotte. Une société où l'art de la maison et du lifestyle se décline à travers plusieurs univers. Elle est rejointe par Soifaoui Loutfi, spécialiste de la conduite de projet, qui devient son associé. Parcours, création de l’enseigne… Les deux fondateurs reviennent sur la réussite qu’est Samani.
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“ Un lieu de vie où toutes les expériences de bien-être sont possibles ”, rien de moins. Telle est la description du concept store trônant parmi les vitrines de Mgombani, à Mamoudzou. “ Le nom Samani nous est venu lors d'un voyage en Tanzanie, révèle Farda Mari, fondatrice de l’enseigne. Nous étions dans un taxi et nous avons découvert une musique tanzanienne où le mot Samani revenait très souvent. Nous avons demandé au chauffeur ce que cela voulait dire et il nous a dit que cela voulait dire meuble. Ce mot nous a marqué. D'ailleurs, nous sommes tombés amoureux de ce territoire, il a des similitudes avec Mayotte notamment au niveau linguistique. ” D’essence ambitieuse, Samani s'est installée à Mayotte, mais aussi à Madagascar depuis le milieu de l’année 2020, et plus particulièrement à Antananarivo. Mais ce n’est pas tout. En décembre 2021, l’enseigne lance son nouveau point de vente dans l'hexagone, Samani Concept France, sur près de 200m² à Aixe-surVienne, en Nouvelle Aquitaine. Le but ? Promouvoir des produits artisanaux mahorais, ainsi qu’une connexion entre Mayotte et le reste du monde. “ Il est temps de transmettre les produits africains et Mahorais, mais pas que sur Mayotte, s’enjoue l’entrepreneuse Farda Mari. Nous devons aussi le faire en Occident et au Portugal. Toute action ne doit pas se limiter au territoire. Nous faisons partie d'un territoire national. ” Faisant actuellement office de showroom, Samani concept France offre à ceux qui le souhaitent du lien social. L'objectif étant de mettre en avant l'artisanat Mahorais pour le faire découvrir. “ On a voulu montrer qu'à Mayotte nous pouvons proposer des produits qualitatifs ”, affirme quant à lui Soifaoui Loutfi, l'associé de Farda Mari.
SAMANI X CRÉA PÉPITES Spécialiste dans la conduite de projet, ce dernier nous conte son parcours : “ À la fin de mes études en métropole, en 2007, je suis rentré sur Mayotte. Étant issu du monde de la communication, j'ai travaillé chez EDM et y ai contribué à l'évolution du logo, qui n'avait pas été changé depuis plus de vingt ans, ainsi qu'au site internet. Par la suite, j'ai évolué dans l'entreprise en tant que développeur stratégique et j'ai quitté la boite en 2018 ”. Ami de Farda Mari, il la rejoint en 2018 pour contribuer à son projet d'étude Samani et, dans le même temps, à Créa pépites. “ Je suis devenu le directeur de développement chez Créa pépites et j'ai suivi des personnes dans la création de leur entreprise ou même dans le développement de leur entreprise, se félicite Soifaoui. Créa pépites est une société également pensée par Farda en 2014 et lancée en 2018 qui se distingue en trois pôles : l'accompagnement à la création d'entreprise, la formation et l'assistance, et enfin la maîtrise d'ouvrage. ”
Quant à la fondatrice, elle a effectué un DUT gestion logistique et transport, avant de poursuivre ses études en licence ingénierie et management “ Enfin, j'ai terminé par un master 2 à l'IAE ”, nous fait savoir Farda Mari. Dans les tuyaux pendant quelques années, Samani voit officiellement le jour en 2018, dans le cadre d'un appel à projets dans le domaine de la formation et d'un appel à manifestation d'intérêt pour occuper de nouveaux locaux dans un quartier prioritaire, à Mgombani en l’occurrence.
UN CONCEPT DE BOUTIQUE-ÉCOLE Loquace sur le sujet, Farda Mari s’épand sur les raisons de la création de Samani, “ un projet d'étude que je n'ai jamais oublié. À la fin de mes études, j'ai travaillé dans le domaine de l'information afin de cartographier et comprendre la dynamique de l'environnement. J'ai ensuite suivi une formation pour être formatrice et j'ai travaillé dans une structure accompagnatrice dans la création d'entreprise. J'ai toujours été dans des formations professionnalisantes, avec des tuteurs qui nous transmettaient la passion de leur métier. C'est pourquoi j'ai décidé d'accompagner des stagiaires lorsque, lors d'une formation, j'ai été confronté à un groupe de jeunes, dynamiques et créatifs, mais qui lors de leur stage en entreprise avait beaucoup de mal avec les missions qui leur étaient confiées. Je me suis donc demandé comment aider ces jeunes qui sont très bons sur la théorie mais qui, malheureusement, rencontrent des difficultés
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PORTRAIT Devanture remarquablement bien soignée, décoration moderne et épurée, Samani est bien plus qu'une boutique. “ Lorsqu'on a eu l'opportunité d'avoir un établissement assez grand, nous avons mis en place Samani, se remémore la jeune femme. Nous avons également créé un côté école pour former les jeunes afin qu'ils puissent avoir une meilleure appréhension du terrain. En fait, Samani a un partenariat avec Créa pépites sur un dispositif de boutiqueécole où nous avons une équipe de formateurs diversifiés, internes et externes, avec notamment avec Soifaoui et moi-même. ”
sur le terrain ”. À la suite de ces différentes observations, l'entrepreneuse quitte ainsi la structure dans laquelle elle était, et décide de lancer la sienne, Créa pépites. “ Je voulais faire les choses tel que je le souhaitais et tel que je le voyais ”, nous confie-t-elle.
“ Tout le monde peut entreprendre, mais tout le monde ne peut pas être chef d'entreprise ” L'envie d'entreprendre en attire plus d'un à Mayotte, où les entrepreneurs se font de plus en plus nombreux. “ J'ai rejoint Samani car j'ai toujours été un salarié assez critique et j'ai toujours eu envie d'entreprendre, souligne Soifaoui Loutfi. Mais j'aime faire les choses sérieusement, c'est pourquoi l'expérience est très importante. Vous savez, tout le monde peut entreprendre, mais tout le monde ne peut pas être chef d'entreprise. ”
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valorisation du territoire. Nous ne sommes pas seulement sur un projet économique mais aussi de valorisation", avance l'entrepreneur.
SAMANI, L’ENVIRONNEMENT AU CŒUR L'impact environnemental fait de plus en plus partie des préoccupations des entreprises, et Samani y est particulièrement attentive. L'enseigne tient d’ailleurs à travailler avec de jeunes créateurs et des artisans de l'île aux parfums, en les rémunérant à leur juste valeur. “ Pour nous, c'est normal d'intégrer l'éco-responsabilité dans nos actions, affirme le directeur de développement de Créa pépites. Il en va de respecter notre environnement. Nous faisons attention aux produits que nous faisons entrer sur le territoire ainsi qu'à leur durée de vie et à leur impact. Nous avons une politique de responsabilité. ” “ Il est important pour nous de travailler avec des fournisseurs qui sont dans une démarche éco-responsable, qui travaillent avec des matériaux nobles, facilement recyclables et qui respectent l'environnement, abonde Farda Mari. Nous avons cette envie de développer le territoire, mais pas n'importe comment. ”
À LA CONQUÊTE DE LISBONNE
Soucieux de l'image que peut avoir le territoire à l'extérieur, Samani ne laisse rien au hasard. "Au départ, le concept Samani était de permettre au Mahorais rentrant de métropole de retrouver un peu d'Europe ici. Nous voulons aussi démontrer qu'à Mayotte il y a aussi de belles choses qui se font et que l'image que l'extérieur a du territoire peut faire mal alors qu'on a un belle dynamique et des jeunes qui essaient de créer des choses. L'idée est de montrer qu'on peut arriver à monter des projets dans une ambiance qu'on ne trouve pas ailleurs. Nous sommes dans une stratégie de
Déjà présents en Europe et dans le canal du Mozambique, Farda Mari et Soifaoui Loutfi se lancent désormais dans un projet d'envergure au Portugal, et plus précisément à Lisbonne. “ On peut faire les choses sérieusement et être crédible ”, déclare à ce sujet un Soifaoui Loutfi ambitieux. Les deux Mahorais partent en effet à la conquête de la capitale lusitanienne avec un projet “ Centro sul ”, une structure qui a vocation de devenir une “ ambassade des cultures africaines en Europe ”. Pour cela, le binôme s’est entouré de l'entrepreneuse mozambicaine Guiyani Monteiro. “ Et pourquoi pas Lisbonne ? ”, questionne Farda Mari. Les deux fondateurs de Samani ont en fait organisé en février 2020 un talk sur l'entrepreneuriat des femmes, en y invitant la cheffe d’entreprise africaine, parmi d’autres personnes. “ Elle est venue à Mayotte et a pu découvrir le territoire, continue la créatrice. Au travers de nos échanges, nous nous sommes demandé pourquoi ne pas collaborer. Elle travaille avec des ateliers de production africains super intéressants tels qu'Yswara, qui propose du thé, des accessoires, des produits cosmétiques, ou encore Suki Suki, une marque de cosmétiques, dont nous avons quelques références en boutique. Guiyani Monteiro nous présente ses artisans, et on voit s'ils partagent les mêmes valeurs et s'ils ont la même dynamique que nous, et à la suite de cela, nous décidons de travailler avec eux ou non. ” Une politique ambitieuse, qui a déjà mené Samani jusqu’ici, et qui n’a pour seules limites l’horizon terrestre. n
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À VOS PNEUS... PARTEZ !
Ce samedi 25 juin 2022 aura lieu la 38ème édition de la course de pneus, devenue au fil des ans l'un des symboles sportifs et culturels de Mayotte. Deux bâtons, un pneu, les équipes de cinq personnes n’auront besoin que de ça pour parcourir les rues de Mamoudzou. Ces dernières devraient être bordées de spectateurs qui, même après deux ans d’absence à la suite de la crise sanitaire, attendent le retour de cette manifestation avec impatience. Du sport, du folklore et du plaisir pour petits et grands, c’est en outre ce que Mayotte sait proposer de mieux !
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Propos recueillis par Raïnat Aliloiffa
ENTRETIEN
LE GRAND RETOUR DE LA COURSE DE PNEUS SUR ROUTE
VOILÀ MAINTENANT DEUX ANS QUE LA COURSE DE PNEUS A QUASIMENT DISPARU DU PAYSAGE MAHORAIS. CETTE ANNÉE, ELLE FAIT SON GRAND RETOUR SUR LES ROUTES DE MAYOTTE, ET PLUS PRÉCISÉMENT À MAMOUDZOU, CE SAMEDI 25 JUIN. À L’OCCASION DE CETTE 38ÈME ÉDITION, L’AGENCE ANGALIA, ORGANISATRICE DE L’ÉVÈNEMENT, FAIT LES CHOSES EN GRAND, EN COLLABORATION AVEC LA COMMUNE CHEF-LIEU. PAS MOINS DE 900 PARTICIPANTS SE SONT EN EFFET INSCRITS POUR VIVRE CE MOMENT UNIQUE. LAURENT MOUNIER, LE DIRECTEUR DE L’AGENCE, NOUS EN LIVRE TOUS LES DÉTAILS. catégories : les hommes, les femmes, les gros pneus, les big mamas. On aura les résultats par catégorie. La remise des prix aura lieu à partir de 17h. Tous les enfants repartiront avec un cadeau. Chaque équipe gagnante de chaque catégorie aura aussi un cadeau offert par Madora. M.H. : De quelle manière avez-vous sélectionné les participants ?
Mayotte Hebdo : Comment se déroulera cette nouvelle course de pneus ? Laurent Mounier : Le parcours est simple, il fait 1,850 kilomètre. Le départ se fera au rondpoint Baobab, et l’arrivée sur la place Zakia Madi de Mamoudzou. Il y aura des enfants et des adultes. Les garçons partiront à 14h, les filles à 14h30 et les adultes à partir de 15h. Nous avons 300 garçons, 200 filles, et 300 adultes. Pour les adultes nous avons quatre
L.M. : Les enfants sont sélectionnés sur deux modes. En dehors de Mamoudzou, nous avons organisé avec l’UFOLEP un championnat par intercommunalité. Il a eu lieu au mois de mai et, à chaque course, nous avons sélectionné les 40 premiers de chaque interco : les 20 premières filles et les 20 premiers garçons. Cela fait 200 enfants. Ensuite, la commune de Mamoudzou organise sa propre sélection. Ils ont fait des sélections par village et ils ont en tout 300 enfants. Ce qui fait un total de 500 enfants. Concernant les adultes, ils devaient remplir un bulletin de participation. Il était remis dans une urne en fonction des catégories et on a tiré au sort les participants. Je rappelle que l’année dernière, la course a été faite, mais sur le terrain de foot de Baobab, avec seulement les enfants. M.H. : Cette année marque donc le grand retour de la course de pneus, depuis le début de la crise sanitaire… L.M. : Effectivement, c’est le grand retour sur la route et le retour des adultes ! Nous n’avons
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Crédit photo : Franco di Sangro
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pas fait de courses depuis 2019 et on est très excités à l’idée de repartir sur la route. Mais on fait surtout cela pour le fun et pour maintenir la tradition. M.H. : Avez-vous retrouvé l’engouement qu’il y avait autour de l’évènement ? L.M. : Pour l’instant les gens sont un peu sceptiques, ils attendent de voir. Mais une chose est sûre, tout le monde est ravi. Je pense qu’il va falloir cette course afin de réinstaller la confiance, pour que l’année prochaine on soit sur de bonnes bases. M.H. : Selon vous, quelle place la course de pneus a dans la tradition mahoraise ? L.M. : Je pense que la course de pneus est toujours dans le cœur des Mahorais. Maintenant il faut la faire vivre parce qu’on voit bien que d’autres sports sont en train de prendre le dessus comme le football ou le basket. Il faut maintenir cette tradition parce que, comme on le dit si bien ici, c’est la Formule 1 mahoraise. En plus c’est gratuit, tout le monde peut participer. Cela permet de rappeler qu’avant à Mayotte les enfants courraient derrière des pneus. Aujourd’hui on est plus dans le domaine du folklore. Cependant, je vois lors des championnats que les enfants adorent courir derrière les pneus, même si certains découvrent la course. M.H. : Pensez-vous que cet évènement est voué à disparaître avec le temps ? L.M. : Je n’espère pas ! On va tout faire pour qu’il se maintienne. Je ne crois pas que la course de pneus va disparaître parce que mine de rien, il y a tout de même un certain engouement. Je vois bien que les participants sont motivés. Les associations aussi, beaucoup nous donnent un coup de main pour organiser la course. M.H. : Vous avez créé une application mobile de course de pneus il y a deux ans, a-t-elle atteint ses objectifs ? L.M. : Nous avons fait plus de 30 000 téléchargements en un an et cela va au-delà de nos objectifs. L’avantage avec cette application, c‘est que l’on peut faire de vraies courses de pneus que l’on soit à Mayotte, ou dans n’importe quel endroit de la terre. M.H. : 900 personnes vont participer à cette course, de quelle manière allez-vous assurer la sécurité ? L.M. : Nous sommes désormais catalogués “ grand évènement ”, cela veut dire que la préfecture doit vérifier que tout est conforme. La police nationale, la gendarmerie et la police municipale de Mamoudzou seront mobilisées afin de sécuriser l’évènement. Le RSMA et le SDIS vont également nous donner un coup de main. n
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Crédit photo : Franco di Sangro
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Raïnat Aliloiffa
REPORTAGE
UNE COURSE POUR TOUTES ET TOUS
Crédit photo : Franco di Sangro
ENFANTS OU ADULTES, HOMMES OU FEMMES, EN SITUATION DE HANDICAP OU NON, TOUT LE MONDE PEUT PARTICIPER À LA COURSE DE PNEUS. CE SPORT ATYPIQUE ET 100% MAHORAIS EST DEVENU INCONTOURNABLE DEPUIS PRÈS DE QUARANTE ANS DANS LE DÉPARTEMENT. LES PARTICIPANTS AUX PROFILS DIFFÉRENTS SONT D’AILLEURS LA FORCE DE CET ÉVÈNEMENT.
Sur le parking de la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) à Mamoudzou, les pneus et le bois découpé sont alignés, prêts à l’emploi. Les femmes présentes sur les lieux rient aux éclats, comme pour se rassurer. Baskets aux pieds, tenue de sport enfilée, elles sont motivées à courir derrière un pneu. Chacune prépare son matériel. Elles enduisent l’intérieur de leurs pneus avec du savon, prennent un pot de yaourt vide, y insèrent les deux bouts de bois, placent le tout à l’intérieur du pneu et c’est parti ! Ces femmes, toutes agents de la MDPH, se réunissent tous les jours de la semaine lors de leur pause déjeuner, pour s’entrainer. Une préparation physique nécessaire pour elles avant le grand jour. “ Je ne suis pas prête, mais on va le faire ! ”, lance Insya Daoudou. C’est une grande première pour cette quarantenaire en situation de handicap, et notamment malvoyante. “ Je ne vois pas bien quand il y a du soleil ”, explique-t-elle, même si ce n’est pas cela qui l’empêchera de participer à la course. “ J’aurai ma casquette et mes lunettes de soleil. Quoi qu’il en soit je vais le faire car je veux que les gens comprennent que ce n’est pas parce que l’on a un handicap qu’on n’est capable de rien. ” Ce message d’espoir est partagé par toutes ses collègues qui participent également à la course. Insya n’est en effet pas la seule handicapée à prendre part à la 38ème édition de la course de pneus. “ Cette année, pour la première fois, la MDPH
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va participer à la course de pneus avec deux équipes. La moitié de ces deux équipes a un handicap invisible, il peut être sensoriel, auditif, visuel, cognitif ”, indique Chantal Ballager, la directrice de la maison départementale pour les personnes handicapées. Cela permettra de renforcer l’esprit d’équipe mais cette participation se veut surtout symbolique. “ Nous voulons montrer que l’on peut avoir un métier quel qu’il soit tout en ayant un handicap. Il faut oser le dire ! ”, insiste la directrice. Les participantes sont quant à elles déterminées à aller aussi loin qu’elles le peuvent. Et malgré leurs handicaps, elles ont confiance en elles. “ On va gagner ! ”, assure Marie Miaillle sur un muret, essoufflée après l’entrainement. “ Il ne faut pas nous exclure, il faut nous laisser l’opportunité de montrer que nous aussi on peut gagner. ” Marie est déterminée à rendre plus visibles les personnes en situation de handicap, même si cela nécessite de dépasser ses limites. “ Mes poumons me disent qu’il faut que j’arrête ça, mais mon esprit me dit qu’il faut continuer et que l‘on doit gagner ”, sourit-elle. Loin d’être des sportives, mais qu’importe ! Elles ne doutent pas de leurs capacités.
LES MAMANS AUSSI SONT DE LA PARTIE Un peu plus loin, devant la MJC de M’gombani, règne une toute autre ambiance. Des femmes âgées de 30 à plus de 50 ans vêtues de leurs salouvas se sont réunies pour discuter de leur participation à la prochaine course de pneus. Pas d’entrainement pour elles, mais beaucoup
de motivation. “ Nous sommes des sportives, on fait du basket, nous sommes déjà prêtes pour la course de pneus. On va y arriver ”, affirme Kiboutia Abdourahamane, l’une des membres de l’équipe “ Wavatsi ” de M’gombani. Ces femmes, appelées aussi les “ mamans ”, n’en sont pas à leur premier essai. “ Nous l’avons fait quatre fois. Une fois nous sommes mêmes arrivées deuxième et avons reçu une coupe ”, se souvient fièrement Houlidia Amani, une autre participante. Mais si elles y prennent part cette année, ce n’est pas pour gagner. “ Nous voulons surtout faire du sport, s’amuser, se retrouver. C’est tout ce qui nous importe ”, souligne Kiboutia. C’est ce qui incite également ces mères de familles à inscrire leurs enfants à la compétition. “ J’ai poussé les miens à participer à la course de pneus depuis qu’ils sont tous petits. C’est important qu’ils partagent cet évènement si important pour Mayotte avec les autres ”, indique Houlidia. Désormais, ses enfants sont plus grands et ne s’intéressent plus à ce sport propre à l’île aux parfums, pour le plus grand regret de leur mère. Si elles sont motivées à participer chaque année à la course de pneus pour perpétuer la tradition, ces femmes font un constat amer. “ Avant la course de pneus avait beaucoup d’ambiance, les gens se mobilisaient fortement, qu’ils soient adultes ou enfants. De nos jours ça s’est essoufflé, il y a moins d’engouement ”, regrette Kiboutia. La course de pneus se perd-elle réellement ? Rien n’est moins sûr. La population semble y porter encore un certain intérêt mais personne ne peut garantir que cela durera éternellement. n
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Axel Nodinot
DIGITAL
LES PNEUS SUR SMARTPHONE, ÇA ROULE ! LA CRISE SANITAIRE AYANT DÉBUTÉ EN 2020 ET ENTRAÎNANT PLUSIEURS MESURES RESTRICTIVES A IMPACTÉ PLUSIEURS SECTEURS, ET NOTAMMENT CEUX DU SPORT ET DE LA CULTURE. POUR TROUVER UNE RÉPONSE À CES CONTRETEMPS, ANGALIA ET ORANGE ONT ORGANISÉ CES DEUX DERNIÈRES ANNÉES UNE COURSE DE PNEUS NUMÉRIQUE, SUR SMARTPHONE, AVEC DES FINALES ET DES LOTS À LA CLÉ. RETOUR SUR UNE EXPÉRIENCE RÉUSSIE, QUI A PERMIS DE FAIRE SUBSISTER UN ÉVÈNEMENT TYPIQUE DU FOLKLORE MAHORAIS… ET QUI SERA RENOUVELÉE CHAQUE ANNÉE. “ La finale de la course de pneus ne pourra malheureusement pas se dérouler cette année, pour cause de crise sanitaire ”. Tel tombait le couperet en 2020, année marquée par la première vague de la Covid-19. Le virus, à Mayotte, empêchait d’un coup de nombreuses manifestations sportives, culturelles ou associatives de se tenir sur l’île, à l’instar de la course de pneus. Angalia et Orange avaient néanmoins réagi de fort belle manière, en proposant une compétition virtuelle via le développement d’une application mobile, disponible sur Google Play et l’Apple Store. Après plusieurs dizaines de milliers de téléchargements en 2020 et 2021, cette initiative est une véritable réussite, comme l’affirme Émeric Bigot, responsable du département sponsoring, partenariat et événementiel chez Orange. “ Effectivement, nous sommes très contents, se réjouit-il. Nous avons lancé cette initiative avec Laurent [Mounier, d’Angalia, NDLR] en octobre 2020. En tout, sur les deux ans, nous avons eu 31 497 téléchargements, ce qui est quand même énorme sans faire beaucoup de pub. ” Loin de se reposer sur leurs lauriers, Orange et Angalia mettent en effet le paquet sur la 2ème édition de la course de pneus numérique, l’année dernière. Les joueurs
pouvaient désormais emmener Bao, le petit personnage du jeu, sur la barge, à l’ancienne résidence des gouverneurs, à Dzaoudzi, ou encore au pied de la plus vieille mosquée de France en activité, celle de Tsingoni. La grande finale, organisée en live sur Facebook et Twitch mais aussi en présentiel en novembre dernier, avait attiré de nombreux viewers et spectateurs, et permis aux gagnants de recevoir de belles récompenses. “ En 2021, nous avons ajouté d’autres régions à la compétition, ajoute Émeric Bigot. En plus de Mayotte, nous avions La Réunion et Madagascar. Notre ambition est de faire rayonner Mayotte au sein de l’Océan Indien. ” Ainsi, le développement de l’application a été confié à Sirel 976, une entreprise mahoraise, et sa bande-son est assurée par un artiste de l’île.
ORANGE NUMÉRIQUE Même si les pneus roulent de nouveau sur le bitume mahorais, l’entreprise reste présente au sein de l’organisation de la course de pneus, et n’abandonne pas sa déclinaison numérique pour autant. “ On aura un stand samedi, continue le responsable d’Orange. Et nous allons désormais faire deux évènements dans l’année, puisque nous maintenons la
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course digitale au mois d’octobre 2022. ” Outre le renouvellement de la course de pneus digitale, Orange s’engage donc pour la culture mahoraise, toujours en numérique. La musique et la danse sont notamment au cœur de sa stratégie, avec l’événement “ Big Banga ”, qui verra s’affronter les 10 artistes finalistes ce samedi à 20h15, sur Mayotte la 1ère, pour sa seconde édition. Mais ce n’est pas tout. Le projet de l’entreprise à Mayotte est global, et ambitionne de rendre accessibles les outils
numériques à l’ensemble de la population. C’est en tout cas le but de l’Orange digital center, qui sera lancé à la rentrée dans toute la France, et mené à La Réunion et à Mayotte par Laurence Rezac. “ On va proposer un parcours modulaire gratuit, un programme d’ateliers pour accompagner tout le monde dans le numérique, détaille la cheffe de projet. Des partenaires locaux et nationaux nous accompagneront. ” Concrètement, plusieurs parcours existeront, adaptés au niveau des personnes intéressées. Celles qui souhaiteront aller plus loin accèderont à
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une troisième étape, un stage d’une semaine présentant les métiers du numérique, avec des professionnels du secteur. Enfin, une dernière étape consacrera 24 participants tirés au sort par les organisateurs. “ Ils suivront un parcours de design print et seront coachés par des partenaires, afin de travailler sur des problématiques d’entreprise ou
de collectivité, et de développer une application, continue Laurence Rezac. Autre particularité, nous faisons travailler nos salariés, qui participeront à ces ateliers sur leur temps de travail. ” Un projet global donc, qui aura pour objectif de démocratiser les outils digitaux au sein de la population mahoraise, cette dernière s’adaptant rapidement au numérique, en témoigne le succès de la course de pneus sur smartphone lors de ces deux dernières années. n
LE JEU VIDÉO AU SERVICE DU PATRIMOINE
À L’INSTAR DE LA COURSE DE PNEUS NUMÉRIQUE ET DES MONUMENTS MAHORAIS, DE NOMBREUSES INITIATIVES VIDÉOLUDIQUES PERMETTENT DE METTRE EN VALEUR LE PATRIMOINE D’UNE RÉGION, VOIRE D’UN PAYS. L’EXEMPLE LE PLUS FRÉQUENT EST CELUI DE REPRODUCTIONS DE LIEUX PASSÉS OU PRÉSENTS DANS UN JEU. TEL EST LE CAS DE CALL OF DUTY : BLACK OPS, QUI PROPOSE UN NIVEAU INSPIRÉ DE LA CITADELLE DE KOWLOON, CAPHARNAÜM HONGKONGAIS DÉTRUIT DANS LES ANNÉES 1990. EN FRANCE, ON PEUT NOTER LA REPRÉSENTATION ICONIQUE DE PARIS DANS ASSASSIN’S CREED UNITY.
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Zaïdou Bamana
ARCHIVES
MAYOTTE HEBDO N°16 – 14 JUILLET 2000
"PNEUMATIQUEMENT VÔTRE"
SAMEDI 8 JUILLET 2000 – LES ENFANTS ARRIVENT DE TOUS LES QUARTIERS DE MAMOUDZOU, MAIS AUSSI DE PETITE TERRE ET DE BROUSSE POUR CETTE GRANDE FÊTE POPULAIRE ANNUELLE, DEVENUE L'UN DES SYMBOLES DE MAYOTTE. DES PNEUS DE TOUTES TAILLES, DES GARÇONS, DES FILLES, DES BÂTONS TAILLÉS AVEC ATTENTION POUR LES GUIDER, UNE PRÉPARATION DEPUIS PLUSIEURS SEMAINES POUR CERTAINS. ET L'HEURE DU DÉPART APPROCHE.
13h20 – Des camions, des voitures recouvrent encore les rues entre Mtsapéré et la rocade de Mamoudzou ; ils continuent de freiner le départ de cette course initiée il y a 17 ans par Jacques Pass. Ne peut-on pas consacrer un peu de la route, quelques heures dans l'année, aux enfants ? Ces rues et ces routes souvent si étroites que l'on ne peut se garer que sur les trottoirs (et encore pas toujours) et forcer les piétons à défier les bolides sur la chaussée…
attendent impatiemment le départ. Certains s'entraînent depuis plusieurs semaines déjà. Ils retrouvent leurs pneus et cette sensation grisante que "la rue est à nous", ne seraitce que pour quelques heures. Mais les deux roues et les quatre roues ne veulent décidément pas leur laisser cette place. Enfin la sirène d'une voiture de police se fait entendre. La route se libère. Le calme revient et l'odeur des pots d'échappement disparaît progressivement. Place aux pneus.
13h35 – Des camionnettes partant sur des chantiers du week-end, des départs à la plage encombrent encire les bandes d'asphalte chauffées par un soleil bien présent. Les centaines d'enfants (- de 12 ans)
14h00 – Une trentaine d'enfants installés dans l'enceinte du terrain de volley pour que leur soit remis un t-shirt sortent et partent en courant derrière leur pneu. C'est un faux départ mais les organisateurs leur
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course de pneus en 2000
courent après et n'arrivent pas à les arrêter. Tant pis. Quelques minutes après c'est enfin le départ. Près de 600 enfants s'élancent dans un brouhaha sur la route. Premier obstacle, le pont de Mtsapéré. Certains portent leur roue, d'autres tombent (sans gravité) et le long cortège s'étire. La longue ligne droite de Mtsapéré, puis la montée après le rond-point du Baobab, la descente de la rocade et l'arrivée sur le front de mer de Mamoudzou sont remplis de spectateurs qui encouragent les coureurs. Certains ont amené de l'eau et les arrosent, d'autres applaudissent. Le parcours mesure près de 2,3 kilomètres. Certains arrivent exténués, mais heureux. 15h00 – Ce sera ensuite aux tours des plus grands de participer à l'épreuve par équipes de 5. Départ de la compétition pour les 38 équipes. Le 17ème grand prix de Mayotte tient toutes ses promesses. On remarquera
les Piné bolé ("gros pneus") qui font fureur avec… Leurs gros pneus de tracteur. Ils terminent derniers certes, mais comme chaque année ils ont largement participé au spectacle. n
LA NOUVEAUTÉ DE CETTE ANNÉE, L'UTILISATION DE SAVON À LA PLACE DE L'HUILE POUR LUBRIFIER LES PNEUS, A PERMIS D'ÉCONOMISER ENVIRON 250 LITRES DE GRAISSE… ET LES COUREURS ÉTAIENT PLUS PROPRES À L'ARRIVÉE. 25
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R.G
UNE TRENTAINE DE JEUNES MAHORAIS À BORD DU MARION DUFRESNES II À bord du plus grand bateau de la flotte océanographique française, 75 étudiants scientifiques, en formation maritime ou en cursus artistique, dont une trentaine de jeunes mahorais, vont vivre une expérience unique d’échange et d’apprentissage autour des enjeux de l’océan de demain. Un projet d’école-navire imaginé par l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer et le ministère des Outre-mer. “ C’est une chance inouïe de partir sur le Marion Dufresnes II, le navire le plus convoité des scientifiques. ” Fraîchement diplômée d’une licence Sciences de la vie au Centre universitaire de formation et de recherche de Dembéni, Mouyna Inzoudine ne cache pas sa fierté de pouvoir représenter sa communauté au cours de cette aventure qui s’annonce “ inédite ”, avec ce projet d’école flottante imaginé par l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer et le ministère des Outre-mer. À partir du 27 juin, pas moins de 75 étudiants - ultramarins, métropolitains et du bassin de l’océan Indien (Kenya, Tanzanie, Seychelles, Madagascar) scientifiques, en formation maritime ou en cursus artistique, doivent vivre une campagne océanographique de l’intérieur, aux côtés des chercheurs et de l’équipage chevronnés. Parmi eux, on dénombre une trentaine de Mahorais, issus du CUFR et de l’école d’apprentissage maritime. Cinq d’entre eux participent à la première étape,
de La Réunion à Mayotte. Au programme : les explorations du Mont La Pérouse et du Tromelin la Feuillée, une escale à terre sur les Îles Glorieuses pour évoquer les petits écosystèmes et la restauration écologique, et un stop au geyser Zélée. Puis vient la deuxième étape du 9 au 22 juillet. “ C’est une superbe opportunité d’embarquer des jeunes du territoire et de vivre une mission scientifique sur la surveillance du volcan sous-marin ”, se réjouit Emmanuel Corse, maître de conférences en écologie moléculaire au sein de l’unité Marine biodiversity, exploitation and conservation au CUFR, et aussi responsable de l’école bleue Outre-mer au cours de cette période. Observations et exploitations Pour celui qui fait partie des six encadrants originaires du 101ème département, “ l’une des fortes attentes se situe au niveau pédagogique puisque nous serons en dehors des murs de l’université ”. Ainsi, l’équipe composée de géographes et de biologistes prévoit de faire réaliser aux élèves des
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observations de mammifères, d’avifaunes et de déchets flottants, mais également de leur faire exploiter la faune associée aux roches remontées dans le cadre des campagnes Mayobs. Sans oublier de les faire travailler sur différentes données biologiques. Et surtout, la délégation mahoraise souhaite “ profiter de cette pluralité des embarquants pour aborder des thématiques telles que les cultures, les traditions ou encore les enjeux environnementaux ”. Intenses sur le papier, ces deux semaines n’effraient absolument pas Mouyna Inzoudine. Bien au contraire ! “ Tout cela peut
nous ouvrir de nouvelles portes dans le milieu et consolider nos connaissances auprès de scientifiques expérimentés. ” Une fois de retour sur la terre ferme, place à la restitution de cette épopée hors du commun. “ Les artistes vont produire des supports artistiques qui serviront lors de différents événements, à l’instar de la Fête de la science ”, prévient Emmanuel Corse. “ Et nous allons demander aux étudiants scientifiques de réaliser une synthèse de leur expérience pour qu’ils puissent ensuite la communiquer dans le primaire et le secondaire à travers par exemple les réseaux d’éducation au développement durable du rectorat. ” n
Appareillage du Marion Dufresne à La Réunion pour la campagne MAYOBS15, octobre 2020. Crédit : REVOSIMA – MAYOBS15 (IFREMER, CNRS, IPGP, BRGM, OVPF, Université de Paris).
Sensibiliser les jeunes à la richesse et à l’importance des océans Pour François Houllier, le président-directeur général de l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, l’intérêt de cette école bleue Outre-mer est de regrouper “ une équipe interdisciplinaire, interprofessionnelle et internationale ”, mais aussi de sensibiliser “ la jeune génération à l’importance de l’océan où elle vit ”. Même son de cloche pour Sophie Brocas, la directrice générale des Outre-mer. Pour elle, la surface maritime nationale représente “ un potentiel inouï de développement économique et d’emplois pour demain ”, elle est “ une vigie et une arme contre le changement climatique ”, et surtout “ une promesse incroyable de connaissances pour améliorer la santé, les énergies renouvelables et les matériaux ”. À travers ce soutien du ministère, l’idée est de réconcilier les jeunes ultramarins, qui ont le dos tourné à la mer, avec leur environnement. Et par la même occasion de susciter des vocations.
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LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE Abdou Salam Baco, Contes inédits de Mayotte, Archives départementales de Mayotte, 2010.
UN TARTUFFE MAHORAIS
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. Abdou Salam Baco est né à Mzouazia. Après des études secondaires à Maoré et à la Réunion, il débarque à Saint-Etienne en 1983 pour poursuivre ses études supérieures. Titulaire d’un DEUG d’AES (Administration économique et sociale), il s’oriente vers les sciences économiques. Après avoir préparé un diplôme supérieur de conseil en développement, il entreprend des études doctorales sur l’histoire de Mayotte, qu’il clôt par la soutenance de sa thèse en avril 1993. C’est donc en Docteur ès Histoire Économique qu’il débarque à Mayotte en mai 1993 avec femme et enfant. Abdou S. Baco est l’auteur de trois romans – Brûlante est ma terre, Dans un cri silencieux et Coupeurs de tête – et de deux recueils de nouvelles : La Belle du jour et Cinq femmes. Il est également musicien, fondateur du groupe Mobissa à Mayotte. Il travaille dans le milieu culturel dans son pays.
L’histoire des pièces de théâtre de Nassur Attoumani permet de comprendre quelque chose des difficultés d’édition du texte littéraire de Mayotte. La Fille du polygame est jouée, puis tapée et transmise à la maison d’édition L’Harmattan. Il n’en va pas exactement de même pour la deuxième pièce de théâtre de Nassur Attoumani, d’abord éditée par la maison Grand Océan de Jean-Pierre Reverzy à La Réunion, avant d’être rééditée par L’Harmattan en 2009. Dernier épisode en date, elle devient, en 2013, grâce au dessinateur Luke Razaka, une bande dessinée. Cette deuxième pièce s’intitule Le Turban et la capote. Rapprochant deux couvrechefs, le premier traditionnel et le second moderne, elle se présente comme une réécriture du Tartuffe de Molière. Son personnage principal, un cadi – ou juge musulman – au nom de nourriture Mabawa ya Nadzi – ailes de poulet à la noix de coco – trouve appétissante la femme de son ami Pessoiri, qui porte aussi un nom d’aliment déformé Maborcheti – ce qui renvoie aux petites brochettes grillées par les femmes notamment au bord de la route. On pourrait également y voir une allusion à une pièce de théâtre de Nassur Attoumani, aujourd’hui disparue et qui aurait pu être une origine antérieure à La Fille du polygame : “ Monsieur Gazut et Madame Pichard avaient joué une de mes pièces les plus caustiques intitulée M’shakiki, censurée dès la générale
car la préfecture avait menacé les profs qui joueraient avec moi de faire casser leurs contrats et de les renvoyer en métropole si jamais on les revoyait dans cette mascarade avec ce petit délinquant qui se prend pour un dramaturge. En l’occurrence, il s’agissait de moi. Au bout de deux heures de spectacle ininterrompues, nous avons salué un public qui s’écroulait sur les chaises et qui a refusé de quitter la salle car, pour lui, ce n’était pas fini, il attendait la suite… La pièce, comme tout ce que j’écrivais à l’époque, a fini à la poubelle. ” (Project-îles n°7, 2017, p. 12) Le cadi Mabawa Ya Nadzi, personnage religieux, s’avère être un hypocrite plus enclin aux nourritures terrestres qu’aux célestes. Il boit du vin et tente, à plusieurs reprises, de séduire la femme de son ami, ses échecs faisant une partie du sel de la pièce, le lecteur riant aux dépens du personnages. Nous en citons un exemple : “ Mabawa – (Il pose un pied sur le dossier du siège de Mabrocheti et se penche sur elle, désireux de l’embrasser) Raison de plus pour le quitter. (Elle hausse les épaules pour appuyer son refus) Un refus permanent qui n’est pas du tout du goût du religieux) Comment veux-tu que j’intercède en ta faveur, auprès de Dieu, du fisc et du Saint-Esprit, si tu ne fais aucun effort de coopération ? Mabrocheti – Vous êtes cadi. Je respecte votre turban. Respectez ma foi. Mabawa – (Il essaie encore une fois de l’amadouer en lui parlant avec tact) Je suis
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cadi. C'est vrai. Mais je suis également un homme qui souffre le martyre. Et c’est cet homme-là qui te parle en ce moment. S’il te plaît. Oublie également mon déguisement (Il se débarrasse de sa djellaba) et pense plutôt à mon cœur qui agonise. (Il lui caresse doucement les cheveux) tu es une femme ravissante. Que dis-je ? Tu es un ange, non !… une angine… Tu me prends à la gorge ! ” (Acte III, scène 2, p. 65-66) La pièce propose enfin des éléments de réflexion sur le rapport entre tradition et modernité à Mayotte. Et c’est précisément le théâtre, mot qui, transféré culturellement, devient tiyatiri, selon une pratique qui n’est pas propre à l’île de Mayotte, mais répandue dans l’ensemble de l’archipel, comme le montre Thoueïbat Djoumbé dans sa thèse de doctorat intitulée Un Autre aspect de la francophonie, la littérature comorienne : société, histoire, culture et création (2014) : “ Le tiyatiri est un genre d’emprunt d’où son appellation qui rappelle les résonances françaises, théâtre. Celui-ci a
été introduit aux Comores dans les années 50 par les jeunes comoriens ayant étudié à l’étranger, à Madagascar et en France. C’est donc un art moderne puisqu’il fait appel à des connaissances nouvelles. En comparaison avec les autres genres oraux, le tiyatiri n’est pas seulement populaire, il n’est pas inspiré ou emporté par l’histoire, il s’inscrit dans l’évolution littéraire du pays. Art savant, il appartient à un auteur et non à la communauté. Et du fait de sa jeunesse et du lieu d’emprunt (la France plus particulièrement), le tiyatiri est bilingue et participe au renouveau de cette littérature. Son apparition dans les années 50 décrit bien la jeunesse de ce genre particulier qui dès ses débuts, connaît un réel engouement. On joue, on improvise, on crée comme si de tout temps, le théâtre avait fait partie intégrante du vécu littéraire du pays. Pourtant, dans un premier temps, les pièces sont rarement entièrement écrites, elles sont au contraire jouées sur le tas. ” (p. 95)
Christophe Cosker
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SPORT
Calendriers - classements - résultats
FOOTBALL
Equipe
Pts
J
G
N
P
Dif
1
Jumeaux de Mzouazia
12
4
4
0
0
+9
4
0
0
+6
3
0
1
+6
0
1
+3
Régional 1 Journée 4
2
ASC Kawéni
12
4
Diables noirs de Combani 0–0 AS Bandraboua Bandrélé FC 0–0 Tchanga SC USCP Anteou 0–1 Jumeaux de Mzouazia ASC Abeilles de Mtsamboro 1–2 AJ Kani Kéli AS Sada 0–1 ASC Kawéni AS Rosador de Passamainty 0–3 FC Mtsapéré
3
FC Mtsapéré
9
4
4
AJ Kani Kéli
9
4
5
Diables noirs de Combani
8
4
2
2
0
+3
6
AS Bandraboua
7
4
2
1
1
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Journée 5 – Samedi 2 juillet à 15 heures
7
Tchanga SC
4
4
1
1
2
+2
8
USCP Anteou
4
4
1
1
2
+1
9
Bandrélé FC
4
4
1
1
2
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10
AS Rosador de Passamainty
0
4
0
0
4
-6
11
AS Sada
0
4
0
0
4
-8
12
ASC Abeilles de Mtsamboro
0
4
0
0
4
-13
Equipe
Pts
J
G
N
P
Dif
1
AJ Mtsahara
10
4
3
1
0
+5
AS Bandraboua – Bandrélé FC Jumeaux de Mzouazia – Diables Noirs de Combani Tchanga SC – ASC Abeilles de Mtsamboro ASC Kawéni – USCP Anteou AJ Kani Kéli – AS Rosador de Passamainty FC Mtsapéré – AS Sada
FOOTBALL Régional 2
3
2
Foudre 2000
9
3
3
0
0
+4
Journée 4
3
UCS de Sada
7
4
2
1
1
+3
FC Chiconi 2–1 FC Majicavo ASJ Moinatrindri 2–3 Foudre 2000 AJ Mtsahara 3–0 FC Dembéni USCJ Koungou 2–1 AS Neige de Malamani UCS de Sada 3–1 Olympique Miréréni US Kavani 2–0 FC Kani Bé
4
US Kavani
7
4
2
1
1
5
AS Neige de Malamani
6
4
2
0
2
+1
6
FC Chiconi
6
4
2
0
2
0
7
FC Kani Bé
6
4
2
0
2
-1
Journée 5 – Samedi 2 juillet à 15 heures
8
FC Dembéni
5
4
1
2
1
-1
9
ASJ Moinatrindri
3
4
1
0
3
-1
10
Olympique Miréréni
3
4
1
0
3
-3
11
USCJ Koungou
3
4
1
0
3
-5
12
FC Majicavo
1
3
0
1
2
-3
FC Majicavo – ASJ Moinatrindri FC Dembéni – FC Chiconi Foudre 2000 – USCJ Koungou Olympique Miréréni – AJ Mtsahara AS Neige de Malamani – US Kavani FC Kani Bé – UCS de Sada
30•
+1
M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 5 • 2 4 / 0 6 / 2 0 2 2
FOOTBALL
Equipe
Régional 1 féminines Journée 3 ASO Espoir Chiconi 0–5 AS Jumelles de Mzouazia USC Labattoir 0–0 Devils Pamandzi Olympique de Sada 2–2 ASJ Handréma Entente Miréréni / Tsingoni – FC Mtsapéré US Kavani 0–7 Club Unicornis Exemptées : Wahadi ASC
Journée 4 – Dimanche 3 juillet à 15h30 USC Labattoir – ASO Espoir Chiconi Wahadi ASC – AS Jumelles de Mzouazia Devils Pamandzi – Olympique de Sada ASJ Handréma – US Kavani Club Unicornis – Entente Miréréni / Tsingoni Exemptées : FC Mtsapéré
Pts
J
G
N
P
Dif
1
Devils Pamandzi
7
3
2
1
0
+5
2
Club Unicornis
6
2
2
0
0
+11
3
FC Mtsapéré
6
2
2
0
0
+6
4
Wahadi ASC
6
2
2
0
0
+6
5
ASJ Handréma
4
3
1
1
1
+2
6
AS Jumelles de Mzouazia
3
1
1
0
0
+5
7
USC Labattoir
1
2
0
1
1
-3
8
Olympique de Sada
1
3
0
1
2
-5
9
Entente Miréréni / Tsingoni
0
1
0
0
1
-2
10
ASO Espoir de Chiconi
0
2
0
0
2
-9
11
US Kavani
0
3
0
0
3
-16
31
• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 0 5 • 2 4 / 0 6 / 2 0 2 2
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot
# 1005
Couverture :
38ème Course de pneus
Journalistes Axel Nodinot Romain Guille Raïnat Aliloiffa Lise Gaeta Alexis Duclos Lhaimy Zoubert Ravoay Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com