Mayotte Hebdo n°1011

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Le patrimoine durable, c’est l’affaire de toutes et de tous. Alors rendez vous aux journées du patrimoine du 16 au 18 septembre !

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Retrouvez le programme des journées du patrimoine à Mayotte sur : https://openagenda.com/jep 2022 mayotte et le programme national https://journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr/surCeciestuneannoncedelaDirectiondesaffairesculturelles

de Mayotte

Le patrimoine, lieux de mémoire ou traditions transmises et revitalisées, nous relie aux générations précédentes, aux cultures qui ont forgé notre présent ou qui, tombées dans l’oubli, sont remises en lumière par la recherche : l’archéologie, l’histoire, l’ethnologie. Pour traverser le temps, le patrimoine se doit d’être durable.

La 39ème édition des journées du patrimoine se déroulera le samedi 17 et le dimanche 18 septembre pour le grand public, et le vendredi 16 septembre pour les scolaires dans le cadre de l’opération « Levez les yeux ».

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PATRIE

Axel Nodinot

Bonne lecture à toutes et à tous.

LE MOT DE LA RÉDACTION

Le 25 septembre prochain, lors des élections législatives, l’Italie pourrait choisir Giorgia Meloni, candidate du parti d’extrêmedroite « Fratelli d’Italia » et admiratrice de Benito Mussolini, pour diriger le pays. La Suède, dépeinte comme l’un des États les plus progressistes, vient d’élire un parlement mené par une coalition droite – extrême-droite. En France, 89 députés du Rassemblement national siègent à l’Assemblée nationale. Le président serbe, Aleksandar Vucic, a interdit la marche de l’Europride à Belgrade, après avoir tenté de l’annuler. Il semblerait qu’un sentiment autoritariste, populiste et nationaliste gagne du terrain chez nos contemporains. Il serait de bon ton de se rappeler que Romain Gary, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, écrivait dans Éducation européenne : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens, le nationalisme, c’est la haine des autres » L’amour de son territoire, sous peine que ce dernier finisse rabougri, est voué à être partagé, inclusif. C’est tout le sens d’un dispositif tel que les journées européennes du patrimoine, pendant lesquelles les monuments d’antan sont valorisés auprès de toutes et tous, pour transmettre un héritage. L’histoire peut être partagée, vivante, rassembleuse, ou ne pas être : une chose figée dans le temps, exclusive, aigrie.

« Les enjeux de notre territoire n’ont pas été pris en compte »

Mayotte, île morte

C’est le nom de l’opération lancée par l’Association des maires de Mayotte, représentée par celui de Pamandzi, Madi Madi Souf. Depuis jeudi dernier, les mairies et les écoles du 1er degré (primaires et maternelles) sont fermées, afin de protester contre le manque d’actions de l’État concernant les violences délinquantes, devenues légion ces dernières semaines. La Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) a elle aussi fermé ses portes ce jeudi 15 septembre, et le Conseil départemental a soutenu les municipalités en demandant aux transporteurs scolaires de stopper leurs trajets jusqu’à nouvel ordre. Si le mode d’action est salué ou décrié par la population, toutes et tous reconnaissent qu’il fallait une action pour endiguer la délinquance de ces derniers jours.

C’est le montant de l’aide exceptionnelle de solidarité octroyée par le gouvernement aux foyers les plus modestes, pour contrer l’inflation générale subie par les ménages français. À Mayotte, c’est la CSSM qui est chargée du versement de ces aides, aux personnes percevant l’allocation spéciale pour les personnes âgées (ASPA), le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation adultes handicapés (AAH) ou l’aide au logement (APL). L’aide exceptionnelle sera versée sans aucune démarche mi-septembre, et en mi-octobre pour l’ASPA. À noter que ces 100€ se complètent par 50€ supplémentaires pour chaque enfant à charge.

Mayotte d’antan

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Cette phrase est tirée d’une lettre d’Assani Saindou Bamcolo, en sa qualité de président de la Communauté d’agglomération du Grand nord, à Ben Issa Ousseni, président du Conseil départemental. Le maire de Koungou reproche au Département de ne pas avoir adapté le Schéma d’aménagement régional (SAR) aux besoins du nord de Mayotte. Parmi les griefs, le manque de développement de la zone de Longoni, la « spécialisation » des communes, le nombre restreint de zones d’extension pour les communes, ou encore la non-association de la Communauté d’agglomération au projet de métro-câble figurant dans le SAR. Les équipes de l’intercommunalité avaient déjà envoyé un courrier au CD en février 2021, « restée lettre morte »

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100 euros

Le restaurant L’agachon, futur Bar Fly, en 1985.

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LU DANS LA PRESSE

En août 2022, Gérard Darmanin annonce que le droit de la nationalité sera à nouveau modifié à Mayotte, après une première réforme historique en 2018 qui est venue fragmenter le droit de la nationalité française en introduisant, à Mayotte uniquement, une condition de séjour légal d’au moins un des deux parents au moment de la naissance pour l’accès futur de l’enfant à la nationalité française. La nouvelle proposition du gouvernement entend allonger la durée minimale de ce séjour légal de trois mois à un an.

Ce projet de loi peut être lu à la lumière du progressif renforcement de la rhétorique anti-immigration à Mayotte, dont témoignent les scores du Front national aux élections présidentielles de 2017 – avec 42,89 % au second tour contre 33,9 %au niveau national – et ceux du Rassemblement national aux élections de 2022, avec 59,1 % au second tour contre 41,45 % au niveau national. À partir d’une enquête de terrain menée en 2017 à Mayotte dans le cadre du projet européen EU Border Care, il est possible d’entrevoir les effets délétères de la rhétorique anti-immigration sur l’accès aux services de santé pour les femmes enceintes et leurs nouveau-nés.

Au moment de l’enquête de terrain, les difficultés sont particulièrement aiguës avec un blocage des recrutements malgré le fait que près de la moitié des postes sont alors vacants. Une sage-femme faisait part de son inquiétude au printemps 2017 : « S’ils ne recrutent pas en juillet-août, on sera peut-être que 4 ou 5 sur 20 postes. Donc ça veut dire qu’on ne sera plus en mesure de consulter. La presse a été avertie, le ministère de la Santé a été averti, l’Agence régionale de santé a été avertie, il n’y a rien qui bouge, rien. Donc, c’est un blocage complet. »

À MAYOTTE, LA LUTTE CONTRE L’IMMIGRATION AFFECTE L’ACCÈS AUX SOINS DES FEMMES SANS PAPIERS

La figure de la femme enceinte comme risque migratoire La figure de la femme enceinte sans papiers est centrale dans les débats sur l’immigration à Mayotte. Sa construction comme « menace migratoire » sous-tend le raisonnement qui conduit à la fragmentation du droit français de la nationalité. La couverture médiatique des questions migratoires dans la région contribue depuis plusieurs années à reproduire l’idée que les femmes comoriennes viennent à Mayotte dans l’espoir que leurs enfants soient français, une lecture souvent présentée comme une évidence, sans référence à des études de Lesterrain.recherches

Or la dégradation de l’accès aux soins vient à son tour alimenter, dans un cercle vicieux, l’image d’une île en proie à une immigration incontrôlée. Alors que Gérard Darmanin justifie la nouvelle proposition de réforme du droit de la nationalité à Mayotte par la nécessité d’une lutte « contre l’attractivité sociale et administrative du territoire » , il est important de souligner qu’outre l’efficacité douteuse de ce type de mesure, cette lutte génère des politiques d’exclusion qui piétinent les droits des femmes à la santé sexuelle et reproductive.

l’actualité locale à

La politisation des soins de périnatalité au détriment des patientes

ou régionale 5 • Mayotte Hebdo • N°1011 • 16/09/20 22

Au regard des analyses qualitatives de cette recherche, il semble peu probable qu’une réforme additionnelle du droit de la nationalité réduise significativement les mobilités entre les Comores et Mayotte. La recherche menée révèle non seulement une causalité multiple du côté des motivations individuelles mais également une production continue de l’illégalité du coté des institutions à travers de nombreuses barrières à la régularisation. Rarement mentionnées, ces politiques d’ « irrégularisation » participent de l’augmentation continue du nombre de personnes sans papiers sur l’île. Ainsi, à l’inverse des effets annoncés, la réforme proposée par le gouvernement risque de compliquer l’accès aux droits des personnes nées à Mayotte et donc de maintenir une partie de ces personnes et de leurs

Les conditions sont telles que les professionnels de santé décident au début de l’été 2017 d’appeler à une mise sous tutelle de l’État des PMI pour assurer la continuité des soins. Depuis, la situation des PMI reste difficile et les professionnels de santé sont contraints d’exercer leur droit de retrait régulièrement, cela a été le cas par exemple à la PMI de Passamaïnty en mai 2022.

À Mayotte, 21 centres de protection maternelle et infantile (PMI) ainsi qu’une maternité (avec 4 annexes à travers les deux îles) assurent l’accès aux de soins de périnatalité et de maternité. Depuis la départementalisation de 2011, la gestion des PMI est du ressort du Conseil Départementalde Mayotte (et non plus de l’État). Dans ce contexte, ces services de santé sont devenus l’objet d’une politisation car ils s’adressent aux femmes enceintes et sont accessibles aux femmes sans papiers. La stigmatisation des PMI a ainsi conduit à un sous-financement récurrent.

La dégradation des conditions de soins pour les femmes souhaitant accéder aux services publics constitue une conséquence tangible de ce contexte politique hostile.

semaine,

Le 8 septembre 2022, par Nina Sahraoui pour The Conversation.Chaque découvrez regard porté sur travers la presse nationale

proches dans une précarité administrative de longue durée. Or ces exclusions produisent une marginalisation socio-économique qui perpétue les conditions de vie à la source de tensions sociales.

menées à Mayotte dans le cadre du projet EU Border Care montrent pourquoi nombre de représentations stéréotypées – par exemple que les femmes sans papiers « viennent d’arriver » pour accoucher à Mayotte – reposent sur des hypothèses simplistes que des entretiens qualitatifs avec les femmes concernées ne confirment pas. L’analyse des expériences de vie de ces femmes donne à voir des parcours de vie ancrés de longue date à Mayotte et des grossesses qui s’inscrivent dans des logiques familiales et culturelles. Réduire les mobilités dans la région à une question de législation quant à un potentiel accès à la nationalité française des enfants à venir ne permet pas de saisir des considérations socio-économiques plus générales et surtout cela nie les liens historiques et culturels entre les îles, pourtant déterminants.

Les recherches féministes ont mis en exergue comment les corps des femmes sont l’objet des politiques de reproduction de la Nation, comme analysé par la sociologue britannique Nira Yuval-Davis. Au croisement de politiques migratoires restrictives et d’un gouvernement patriarcal des corps des femmes, la stigmatisation des femmes enceintes sans papiers à Mayotte, considérées comme une menace pour la Nation, engendre un sousfinancement continu des services de santé périnatale, maternelle et pédiatrique.

Corps des femmes, nation et citoyenneté

Les besoins concernent également les équipements et le matériel nécessaires aux soins quotidiens. En 2017, l’hygiène était impossible à maintenir, comme le souligne une autre sage-femme : « C’est complètement aberrant. On n’a rien pour se laver les mains. Moi j’ai acheté mon savon, j’ai gardé mon petit truc rouge là-bas, j’ai acheté mon savon liquide et voilà […] Mais au bout d’un moment, on ne peut pas non plus gérer cet effort là. Parce qu’on a beau se mettre en droit de retrait, personne ne fait rien. »

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Ce week-end a lieu la 39ème édition des journées européennes du patrimoine. Dans le 101ème département français, qui jouit de sites et de monuments historiques hors du commun, de nombreuses manifestations étaint prévues durant ces trois jours. Avec, en ligne de mire, la sensibilisation du plus grand nombre à la préservation de ces sites, et la nécessité de transmettre ce patrimoine mahorais, qu’il soit matériel ou culturel.

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JEP

Une sortie découverte du patrimoine local sera proposée aux jeunes scolarisés pour la journée "levez les yeux" le vendredi 16 septembre 2022. Durant cette journée, les jeunes pourront découvrir l'usine sucrière de Soulou, la maison de maître et la baie de Soulou. Les jeunes pourront même faire des activités dessins.

AGENDA LE PROGRAMME DES JOURNÉES

8h – 11h : Visite guidée de l’usine sucrière de Soulou

ATELIERS, VISITES GUIDÉES, EXPOSITIONS ET INITIATIONS À L’ARTISANAT TRADITIONNEL MAHORAIS, CES JOURNÉES EUROPÉENNES PROPOSÉES PAR LES INSTITUTIONS ET ASSOCIATIONS DE L’ÎLE DURANT CES PROCHAINS JOURS (SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

Axel Nodinot

VENDREDI 16 SEPTEMBRE

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DOSSIER

18h : Conférence sur les anciennes usines sucrières à la Croisette Ce vendredi soir, les Naturalistes de Mayotte organisent une conférence sur les anciennes usines sucrières, ainsi que sur les fouilles archéologiques récentes du site de Longoni. À cette occasion, l’association distribuera un miniguide sur les usines sucrières.

9h – 12h : Exposition de mode ancienne sur la place de l’ancien marché de Mamoudzou Découvrez les tenues traditionnelles telles que les anciens salouvas, les tenues anciennes etc...

8h – 17h : Journée du patrimoine sur le parking Zéna Mdéré de Pamandzi

7h30 – 12h30 : Redécouverte des savoir-faire mahorais à côté du gymnase de Cavani

9h : Lancement des journées européennes du patrimoine aux archives départementales Allocutions des officiels, visite guidée, mawlida shenge pour fêter l’inscription de celui-ci au patrimoine culturel immatériel national.

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EUROPÉENNES DU PATRIMOINE 2022 SE DÉCLINENT DE NOMBREUSES MANIÈRES CE WEEK-END. DÉCOUVREZ ICI L’ENSEMBLE DES ACTIVITÉS MODIFICATIONS DUES À L'OPÉRATION ÎLE MORTE).

JOURNÉES DU PATRIMOINE À MAYOTTE

9h – 12h : Lecture de textes anciens à la médiathèque Rama M’Sa de Passamaïnty

9h – 17h : Exposition et conférence sur Abdourahamane Aboudou Exposition des textes et des documents d'archives, exposition des témoignages à travers un documentaire audio-visuel et une conférence débat tenue par Ahamada Salime.

La Ligue de l’Enseignement proposera des ateliers huile de coco, pain, briqueterie et coprah toute la matinée.

La municipalité de Pamandzi a préparé, pour cette journée, une conférence avec le BRGM sur le volcan, suivi d’un documentaire sur la naissance du volcan Fani, des stands qui seront animés par des associations environnementales, de la gastronomie d’antan et des chants et danses traditionnelles. Toute la matinée : Ateliers numériques au musée de Mayotte Différents ateliers sont proposés par le MuMa au public, comme la présentation d’un outil de visite en réalité virtuelle, un jeu vidéo sur le patrimoine mahorais, des scans et impressions en 3D, ou la présentation du clavier shimaoré et kibushi.

SAMEDI 17 SEPTEMBRE

9h30 – 12h : Présentation de mets sur la place de l’ancien marché de Mamoudzou Découverte du petit déjeuner traditionnel mahorais : Kaki, Pangou, Ravi dithé, Goula goula citrouille, Masindza, Oubou avili vili, Gnondra, Mouskita…

15h – 17h : Danses traditionnelles sur la place de l’ancien marché de Mamoudzou au rythme du Magandja

10h – 17h30 : Mila ya Haroussi, place publique B18 à Miréréni (commune de Tsingoni)

Nous organisons un grand événement sous forme d’un mariage traditionnel intitulé “Mila ya haroussi” dans le foyer de B18 dans le village de Miréréni.

14h – 16h : Table ronde dans le parc de la résidence des gouverneurs de Dzaoudzi Quelle mise en œuvre du numérique à Mayotte pour la valorisation du patrimoine ? Avec le MuMa, la DAC, les prestataires numériques des ateliers du musée, et les archives départementales de Mayotte.

15h – 17h : Défilé de mode sur la place de l’ancien marché de Mamoudzou Participez au défilé de mode mettant en avant les tenues anciennes mahoraises et profitez de la musique d'un musicien traditionnel.

DOSSIER

10h – 14h : - Narilawuliye ! Temps de dégustation au siège du Conseil départemental.

15h – 17h : Confection d’anfous sur la place de l’ancien marché de Mamoudzou Confection de fleurs de jasmins avec des épingles qui habilleront votre coiffure et votre tenue.

9h – 12h : Exposition artisanale sur la place de l’ancien marché de Mamoudzou

10H – 12h et 13h30 – 16h30 : Ateliers numériques au musée de Mayotte Différents ateliers sont proposés par le MuMa au public, comme la présentation d’un outil de visite en réalité virtuelle, un jeu vidéo sur le patrimoine mahorais, des scans et impressions en 3D, ou la présentation du clavier shimaoré et kibushi.

10h – 13h : Instruments et musiques traditionnelles à l’école de musique de Mamoudzou

Exposition artisanale de tablettes d'apprentissage, de talismans, de calebasses…

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DIMANCHE 18 SEPTEMBRE

8h30 – 11h : Visite guidée des sites de Soulou Venez découvrir l'histoire de l'usine sucrière de Soulou. Notre animateur vous présentera les vestiges et l'histoire de l'usine sucrière et ses alentours. Sur inscription au 06 39 29 57 66 ou à jardinmtsangamouji@gmail.com

8h – 15h : Première édition du Village Pampam au pôle d’excellence rurale de Coconi Venez vous plonger dans les parfums des plantes à senteurs et épices et participer à des ateliers autour des usages.

8h30 – 13h30 : Journée découverte des arts et artisanats traditionnels au foyer des jeunes de Mtsangamouji Nous vous proposons de venir voir nos stands : des ateliers seront proposés sur l'art, l'artisanal, la fabrication d'objets… Un stand de plats traditionnels sera aussi présent pour la valorisation des saveurs locales. L'événement aura lieu au plateau de Mtsangamouji.

8h – 14h30 : Village du patrimoine immatériel de Mayotte au pôle d’excellence rurale de Coconi Visite et atelier autour des instruments de la musique traditionnelle.

9h – 10h : Visite guidée de la lagune d’Ambato Venez découvrir un site exceptionnel, la lagune d´Ambato, qui abrite certaines espèces connues nulle part ailleurs, et protégé par un Arrêté de protection de biotope (APB). Sur inscription au 06 39 29 57 66 ou à jardinmtsangamouji@ gmail.com

9h – 12h : Présentation de mets à la médiathèque Rama M’Sa de Passamaïnty Déjeuner et dîner traditionnels : Féliki niéwé, féliki mkassiri bwana, oubou wandrimou, brède feuilles de tomate, oubou wantranguo, guiriguistsi...

Ateliers de fabrication du trembo (boisson) : trembo tamu, trembo vulga, trembo siki.

9h – 12h : Atelier de fabrication du trembo sur la place de l’ancien marché de Mamoudzou

8h30 – 16h : Sortie nature sur la presqu’île de Saziley

15h – 17h : Atelier de tressage de feuilles, place de l’ancien marché de Mamoudzou

* 2ème espace : NDZUMARI, FIRIMBI

* 1er espace : MASHEVE et MKAYAMBA

Atelier coiffure et maquillage ancien Guwéna (khôl), sourbila, mavoulé, tresses parapluie, msindzano et atelier fabrication tampas, henné naturel…

* 3ème espace : MBIWI, DAF, TARI

DOSSIER

Au programme de chaque espace : projection de contes musicaux créés par les élèves de l'école, connaissance des procédés de fabrication et prise en main, chants, danses avec ces instruments.

15h – 17h : Danses traditionnelles sur la place de l’ancien marché de Namanzia,MamoudzouBôma, Chtété.

Pour avoir la liste des évènements prévus à Mayotte pour ces 39èmes journées européennes du patrimoine, rendez-vous ici : https://openagenda. com/jep-2022-mayotte

9h – 12h et 15h – 17h : Organisation de jeux anciens (gnagnambo, shindrondo, souré-souré), place de l’ancien marché de Mamoudzou

Journées de sensibilisation aux risques à la MJC de Kawéni Exposition et atelier pédagogique de sensibilisation sur les risques majeurs présents à Mayotte pour les scolaires.

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* 4ème espace : DZENDZE, GABUSI, DZENDZE YA SHITSUVA

Visites de l’îlot Mbouzi

TOUT LE WEEK-END

9h – 12h : Atelier coiffure et maquillage place de l’ancien marché de Mamoudzou

Vous serez accueillis par un modérateur qui vous guidera vers l'un des 4 espaces de découverte d'instruments. Comptez 20 minutes par espace.

Partez à la découverte de la réserve naturelle de l'îlot Mbouzi et de son patrimoine naturel luxuriant. Deux groupes par jour : 8-11 heures et 13-16 heures. Jeunes et scolaires le vendredi, visites en français le samedi, visites en shimaoré le dimanche.

L'association des Naturalistes de Mayotte propose trois visites guidées de la presqu'île de Saziley. Le vendredi 16 septembre pour les scolaires, le samedi 17 et le dimanche 18 septembre pour le grand public avec une traduction en shimaoré le dimanche. Rendez-vous à la plage de Mtsamoudou à 8h30 pour un départ à 9h. Le retour se fera dans les alentours de 16h. Trois heures de marches sont prévues donc il est préférable d’avoir une bonne condition physique. Matériel : chaussures fermées, 2 litres d’eau, pique-nique…

LES JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE PERMETTENT À L’ÎLE AU LAGON DE METTRE EN AVANT LES FORMIDABLES SITES PATRIMONIAUX QU’ELLE POSSÈDE. OUTRE CES TROIS JOURS, LA SAUVEGARDE ET LA TRANSMISSION DE CES MONUMENTS SONT LES OBJECTIFS PREMIERS DE LA DIRECTION DES AFFAIRES CULTURELLES (DAC) DE MAYOTTE, COMME EN TÉMOIGNENT ARNAUD MARTIN, CONSERVATEUR DU PATRIMOINE, CONSEILLER POUR LES MUSÉES ET LE PATRIMOINE IMMATÉRIEL, ET MICHAËL TOURNADRE, EN CHARGE DES MONUMENTS HISTORIQUES, DE L’ARCHITECTURE ET DE L’ARCHÉOLOGIE.

ENTRETIEN

Propos recueillis par Axel Nodinot

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Arnaud Martin : Il est vrai que l’année 2021 a marqué un regain d’intérêt pour cette manifestation. L’année dernière, on avait 18 dossiers de demandes de subventions, étant donné qu’une aide aux collectivités et associations existe à Mayotte, pour qu’elles puissent organiser des évènements. Mais il y a eu plus de projets, car des communes, associations ou institutions ont proposé des activités sans subventions. Les chiffres donnent 3200 visiteurs, soit environ 40% de la fréquentation de 2019, c’est-à-dire 8000 visiteurs, ce qui est peu. Mais c’est une fréquentation en contexte de reprise, avec quelques annulations d’évènements, et tous les visiteurs ne sont pas comptabilisés lors des visites.

Mayotte Hebdo : Malgré plusieurs mois d’inactivité culturelle dus à la crise sanitaire, l’édition 2021 des journées européennes du patrimoine à Mayotte a suscité de nombreuses initiatives aux quatre coins de l’île, ainsi qu’un relatif intérêt de la part des visiteurs. Quel bilan en tirez-vous ?

M.H. : Pour ces journées du patrimoine 2022, l’accent est mis sur le développement durable. Comment imposer ce thème, qui est largement sous-estimé à Mayotte ?

RENDRE LE PATRIMOINE DURABLE

A.M. : Effectivement, le thème de l’année est le « patrimoine durable ». C’est un peu l’essence même du patrimoine, de faire en sorte qu’il soit durable. On ne peut transmettre quelque chose que si l’on arrive à le faire perdurer dans le temps. Mais nous avons des propositions intéressantes à Mayotte, des réflexions sur une lecture durable du patrimoine dans le temps. Par exemple, sur le rôle du numérique au secours de la conservation et de la restauration des monuments, mais aussi dans la diffusion. Plusieurs porteurs de projets proposent aussi une réflexion sur les liens entre patrimoine et environnement, entre culture et nature, qu’on ne doit opposer puisqu’inextricablement liées.

DOSSIER

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Michaël Tournadre : Dans le patrimoine matériel bâti, on a deux grands axes : l’archéologie et les bâtiments historiques, qui dépendent de deux législations différentes.

Le vendredi de ces JEP est réservé à une opération qui s’appelle « Levez les yeux », en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, ce qui permet de faire bénéficier aux établissements scolaires de la programmation du week-end.

dans votre mission de conservation des monuments ?

L'ancien tribunal de Mamoudzou dans son état actuel.

A.M. : J’ai le sentiment qu’à Mayotte, il y a une grande fierté par rapport à un patrimoine culturel immatériel très vivant, mais que le rapport au patrimoine monumental est un peu plus complexe. C’est le fait de l’histoire notamment, car ce patrimoine a beaucoup souffert lors des siècles passés, et est très peu visible dans le paysage aujourd’hui, alors qu’il est d’une richesse incroyable, notamment en termes d’archéologie. Mais ça ne se voit pas, c’est sous terre.

M.H. : La population mahoraise est assez fière de son patrimoine, matériel comme culturel. Ressentez-vous cet entrain

On a par exemple la sortie sur l’îlot Mbouzi organisée par les Naturalistes, qui est une réserve naturelle nationale, mais aussi un lieu chargé d’histoire. Le pôle d’excellence rurale de Coconi, qui participe pour la première fois, va mettre l’accent sur les plantes aromatiques et médicinales, dont l’exploitation repose sur la culture mahoraise.

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M.H. : Observez-vous un soutien des institutions locales au sujet de la préservation des sites ?

M.T. : Il se trouve que le Conseil départemental est propriétaire de beaucoup de monuments historiques, notamment à Dzaoudzi, avec la caserne, la résidence… Nous sommes donc en collaboration étroite. Ensuite, les communes sont plus ou moins actives, je citais l’exemple de Tsingoni avec la restauration de la mosquée actuellement, mais aussi Chirongui, avec l’ancienne usine de Miréréni et l’ancien village d’Antana Bé, pour lesquels la commune et la communauté de communes sont très actives. Le conservatoire du littoral est aussi propriétaire de sites, comme Soulou. Après, il y a beaucoup de travail administratif en amont avant de voir les travaux sur site, mais il n’y a globalement pas de blocage sur la dynamique. n

Sur Mayotte, nous avons 11 sites protégés, deux d’entre eux sont classés [la mosquée de Tsingoni et la résidence du gouverneur à Dzaoudzi, NDLR] et le reste est inscrit. Concrètement, nous travaillons avec la mairie de Tsingoni pour la réservation de la mosquée, qui date du XIVème siècle, et pour laquelle nous allons entrer dans la phase d’archéologie, qui précède les travaux. Un chantier de fouilles vient aussi de se terminer sur le site de l’ancienne usine sucrière de Longoni, où il y a un projet de lycée. L’objectif est de le fouiller en enregistrant toutes les données dont on dispose pour le valoriser auprès du public, même après sa destruction.

Quant à l’ancien tribunal de Mamoudzou, une association y porte un projet de restauration qui sera présenté sur site, via une charpente en bambou, car les architectes travaillent beaucoup sur les matériaux durables. Au départ, l’idée des JEP est d’ouvrir au public des sites qui ne sont pas accessibles d’habitude.

NUMÉRIQUE LE MUMA FORCÉ

UN MUSÉE EN RÉALITÉ VIRTUELLE

DOSSIER

16 • Mayotte Hebdo • N°1011 • 16/09/20 22 Axel Nodinot

Portes closes, panneaux rouillés, peinture qui s’écaille… Bienvenue dans l’un des rares établissements culturels de l’île au lagon, le musée de Mayotte, ou MuMa pour les intimes. Inauguré en grande pompe en 2015, le bâtiment de l’ancienne caserne n’aura accueilli que trop peu de visiteurs, après avoir fermé il y a peu ou prou deux ans. « C’est suite à un tremblement de terre que nous avons dû fermer, par mesure de sécurité, explique Abdoulkarime Ben Saïd, directeur du musée de Mayotte. Comme c’est un monument historique, des études devaient être réalisées sur l’état du bâtiment et sa remise en état, afin qu’il puisse accueillir les visiteurs de nouveau. »

Si ces études ont été effectuées, les travaux, eux, peinent à débuter. « On n’a pas de programmation pour les travaux, ça devrait être fait », déplore le directeur de l’établissement dépendant du Conseil départemental. Les équipes du MuMa sont en fait dépendantes des longues démarches administratives que requiert leur bâtiment. « Nous avons besoin d’un architecte du patrimoine identifié et contractualisé, car il n’y en a pas à Mayotte », ajoute M. Ben Saïd, qui ne peut que regarder son « établissement recevant du public » ne plus en être un, tout cela pour des travaux de sécurisation qui devraient durer… Quatre mois.

FERMÉ DEPUIS DEUX ANS À LA SUITE D’UN TREMBLEMENT DE TERRE, LE MUSÉE DE MAYOTTE NE CESSE DE SE RENOUVELER POUR EXISTER, VICTIME DE DÉMARCHES ADMINISTRATIVES QUI N’EN FINISSENT PAS. LA DIRECTION DE L’ÉTABLISSEMENT S’EST AINSI TOURNÉE VERS LE NUMÉRIQUE POUR PROPOSER DE NOUVEAUX OUTILS DE VALORISATION DU PATRIMOINE MAHORAIS, TOUJOURS À DESTINATION DE LA JEUNESSE DE L’ÎLE.

En attendant cette réouverture qui se conjugue plus au conditionnel qu’au futur, l’établissement a été obligé de se renouveler pour continuer d’exister, et de valoriser le patrimoine mahorais auprès des jeunes générations. Régulièrement, des ateliers organisés par le musée prennent ainsi place dans le parc de la résidence des gouverneurs. Des groupes d’élèves y sont par exemple reçus dans le cadre d’activités culturelles. Le personnel du musée, en collaboration avec la Direction des affaires culturelles (DAC) ou le Conseil en architecture, urbanisme et de l’environnement (CAUE), intervient également dans les classes, comme à Acoua, lors de la semaine de l’archéologie.

D’EXISTER HORS LES MURS

En parallèle, le MuMa a développé sa présence numérique, bien avant d’autres institutions culturelles. Le grand projet des équipes est d’ailleurs un musée virtuel, comme l’explique Djamadar Saindou, chef de service programmation, partenariat et développement. « Ce nouvel outil sera basé sur des images 3D faites avant la fermeture de la caserne, avec les descriptions, les feuilles de salle, des vidéos explicatives, et des objets avec lesquels

« Les scolaires travaillent sur des projets en collaboration avec des artistes, et la restitution de ces travaux se fera au musée, affirme le directeur. C’est un lieu d’exposition, mais aussi de ressources. » Ne reste plus qu’à l’ouvrir, ce lieu. n

« Il est indéniable qu’avec une présence physique, on transmet mieux les informations, avoue M. Saindou. On le voit lors de nos animations hors les murs dans les écoles maternelles, primaires, les collèges de Mgombani ou Mtsamboro, le lycée de Kawéni… Il y a une vraie demande des jeunes concernant les activités culturelles. » Un avis partagé par Abdoulkarime Ben Saïd, qui regrette de ne pouvoir les activités prévues ce week-end dans le cadre des journées du patrimoine.

on pourra interagir pour en saisir tous les détails », expliquet-il. Disponible dans les trois langues de l’île que sont le shimaoré, le kibushi et le français, ce musée virtuel aurait dû être inauguré lors des journées européennes du patrimoine, avortées par l’opération « île morte »

TRANSMETTRE À LA JEUNESSE

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que jeune de Mayotte, je savais qu’il fallait intégrer le MuMa à Facebook, où nous comptons plus de 150 000 vues et 50% de 16-25 ans, et sur Instagram. C’est un premier outil, avant de voir si Snapchat ou TikTok pourraient convenir à notre image. » Cependant, les deux hommes savent que le numérique ne devrait être qu’un complément d’une offre plus palpable.

« On l’inaugurera dans un mois », pondère Djamadar Saindou. Le MuMa sera donc bientôt disponible sur PC et tablette, avant qu’une version smartphone ne voie le jour. Les équipes du musée travaillent également avec le rectorat et les établissements scolaires afin de proposer cet outil dans les CDI, « et même dans la bibliothèque universitaire du CUFR », espère Abdoulkarime Ben Saïd, conscient que sa révolution numérique passe aussi par les réseaux sociaux. « Dès mon arrivée, j’ai eu une grosse mission communication, confie Djamadar Saindou. En tant

»

Acheter un ticket pour préserver les monuments mahorais ? C'est possible depuis 2018, et la première édition du loto du patrimoine. Ce dispositif, imaginé par la mission Stéphane Bern et la Française des Jeux afin de récolter des fonds pour la Fondation du patrimoine, bénéficie cette année au projet de la Cadema concernant l'ancienne usine sucrière de Hajangoua, sur le territoire de la commune de Dembéni. Ce site remarquable fait effectivement partie des 100 projets retenus par la Fondation en 2022, mais aussi des 18 « projets emblématiques des régions ». Si la dénomination de cette sélection est assez vague, l'enveloppe y étant dédiée est elle plus parlante.

ÉCONOMIE LE LOTO

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L’USINE SUCRIÈRE DE HAJANGOUA, L’UNE DES PLUS ANCIENNES DE MAYOTTE, FAIT PARTIE DES 18 PROJETS EMBLÉMATIQUES DES RÉGIONS RETENUS PAR LA FONDATION DU PATRIMOINE ET LA MISSION STÉPHANE BERN CETTE ANNÉE. GRÂCE À CETTE DERNIÈRE ET À SON SOUTIEN FINANCIER, QUI A DÉJÀ PROFITÉ À L’USINE SUCRIÈRE DE SOULOU, LA MOSQUÉE DE TSINGONI ET L’ANCIEN TRIBUNAL DE MAMOUDZOU, LA CADEMA POURRA OPÉRER UN DÉFRICHEMENT DE LA ZONE ET LE DÉPLACEMENT DES PIÈCES RESTANTES.

Pour celui de la Communauté d'agglomération Dembéni - Mamoudzou, « une remise de chèque aura lieu ce samedi 17 septembre » , affirme Monique Ozoux, déléguée de la Fondation du patrimoine à La Réunion et à Mayotte. Organisé sur le site de l'ancienne usine sucrière, cet évènement réunira la communauté d'agglomération et le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE) toute la matinée, autour « d'une exposition photo pour la valorisation du patrimoine industriel, qui concernera les vestiges de toutes les usines sucrières de Mayotte », ajoute Mme Ozoux. Sur le montant de ce chèque, qui ne doit être dévoilé que demain, la déléguée à l'océan Indien ne livre qu'un maigre indice : « Le montant maximum alloué aux emblématiques est de 500 000€, mais la Fondation du patrimoine est un petit financeur, elle va apporter sa pierre à l’édifice ». En effet, le montant global des travaux approche les 3 millions d'euros. De quoi débroussailler (ce qui a été fait en

DOSSIER

UN DEMI-MILLION POUR LA CADEMA ?

C'est en effet l'intérêt premier de ce loto du patrimoine, qui a octroyé plus de 18 millions d'euros aux projets soutenus l'année dernière.

Axel Nodinot

PIERREAPPORTEPATRIMOINEDU«SAÀL’ÉDIFICE

partie pour samedi), décaper, terrasser et effectuer une mise en sécurité du site. Ce dernier est effectivement en proie à des chutes de pierre, à cause de la végétalisation déstabilisant les cheminées.

Il faut dire que les structures ne datent pas d'hier. Créé en 1870, le domaine sucrier de Hajangoua est l'un des plus anciens de Mayotte. Parmi ses vestiges, on compte par exemple une grande maison de maître, des cheminées, des chaudières, un moteur à vapeur ou des hydroextracteurs.

UNE AUTRE USINE SUCRIÈRE RETENUE À LA RÉUNION

L'USINE SUCRIÈRE DE HAJANGOUA FÊTE SES 152 ANS

» La Cadema envisage d'ailleurs d'autres travaux ensuite, comme la réhabilitation de la voie d'accès, un cheminement piéton, un point de vue avec belvédère ou de la signalétique, afin de mettre en valeur ce site historique.

L'usine sucrière de Hajangoua est le quatrième projet mahorais retenu par la Fondation patrimoine. En 2018, c'est l'usine sucrière de Soulou qui en avait bénéficié, avant de laisser la place à la mosquée de Tsingoni en 2019, et à l'ancien tribunal de Mamoudzou en 2020. Situé au croisement des rues Mahabou et Mgombani, ce dernier a progressivement été transformé en squat plein de graffitis et de déchets en tout genre. Il y a deux ans, c'est encore la Cadema qui est à l'origine du projet de restauration. « Nous n'avons pas de nouvelles récentes du porteur de projet, alors que le prévisionnel indiquait un démarrage des travaux début 2022 », tance la déléguée de la Fondation du patrimoine. Signée en août 2021, la convention prévoyait un montant total de 174 500 euros pour les travaux de rénovation, retardés par la crise sanitaire. « La subvention de la Fondation est de 25 000 euros pour financer principalement des opérations de sécurisation et de mise en accessibilité du site », déclare Mme Ozoux. La Direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte apportera un autre soutien financier à la Cadema, comme l'affirme Michaël Tournadre, en charge des monuments historiques, de l’architecture et

Chez nos voisins réunionnais, la fondation du patrimoine a retenu dans ses sites emblématiques l’ancienne usine sucrière de Pierrefonds, à Saint-Pierre, qui est l’une des plus grandes de l’île Bourbon. « L’idée est de réhabiliter le bâtiment principal pour en faire un pôle culturel », explique Monique Ozoux. In fine, le lieu comportera un théâtre ouvert au public, mais aussi des commerces et manifestations axés sur la culture et le développement durable. De quoi proposer une superbe seconde vie à cette institution de Pierrefonds. Retrouvez toutes les activités de la fondation à Mayotte et La Réunion sur la page Facebook « Fondation du patrimoine océan Indien »

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L'ANCIEN TRIBUNAL DE MAMOUDZOU, C'EST POUR BIENTÔT

Cet ensemble est abandonné en 1898, à la suite d'un cyclone. Au milieu du XXème siècle, le domaine est occupé par une cocoteraie et une bambouseraie, que l'on peut encore voir aujourd'hui.

Dernière étape des travaux, qui seront suivis par la Fondation du patrimoine, le déplacement des pièces de l'usine. « Il va y avoir un gros travail de valorisation sur ce site, puisque les vestiges seront remis en lumière et déplacés, précise Monique Ozoux. Ça occupe un pôle important, puisqu'il faut préserver mais aussi valoriser, qu’il y ait des actions sur site, et que la population prenne la mesure de son patrimoine.

de l’archéologie. « On a une association qui porte un projet dessus, et qui devrait le présenter sur site durant ces journées du patrimoine, précise-t-il. Il s'agit de restaurer le bâtiment en remettant une charpente en bambou, on s’inscrit donc sur le patrimoine durable. Avec le début des travaux, il devrait normalement y avoir un soutien financier, de notre part et de la part de la Fondation du patrimoine. »

Désormais, « il n'y a plus qu'à ». Et si vous souhaitez aider, achetez un ticket loto du patrimoine, vous aurez une chance d'y voir figurer les vestiges de Hajangoua. n

Cette mosquée surprend déjà, rien qu’à son approche. À côté d’un grand minaret des plus modernes, deux splendides mausolées extérieurs, issus d’un monde disparu, dont les splendeurs trônant à l’entrée imposent silencieusement le respect de l’histoire, comme une éternité restée vivante et palpable. Autour, enterrées sous les herbes, d’autres tombes sous les détritus, une toiture défraîchie. Où de simples parpaings çà et là en guise de murs, montrent le manque de moyens qui ont fait perdre à cette mosquée, la plus ancienne de France et classée au patrimoine de la nation, beaucoup de sa splendeur de jadis… Mais comme le prônent bien des religions, la mosquée de Tsingoni rayonne plus en son intérieur qu’à l’extérieur ! Une fois parvenus à l’épicentre du mihrab, où prie l’imam face à ses croyants, les murs de corail fondu ont trois mètres d’épaisseur et les poutres qui les soutiennent paraissent démesurées. Ce sont les commerçants swahilis qui dès le XIIIème siècle, ère de

20 • Mayotte Hebdo • N°1011 • 16/09/20 22 Solène Peillard ELLE EST L'UN DES ÉDIFICES LES PLUS CÉLÈBRES DE L'ÎLE ET POUR CAUSE : LA MOSQUÉE DE TSINGONI EST LA PLUS ANCIENNE DE FRANCE ENCORE EN ACTIVITÉ. MAIS SI SON NOM EST CONNU DE TOUS À MAYOTTE, QU'EN EST-IL DE SON HISTOIRE ? MAYOTTE HEBDO N°940 – 11 DÉCEMBRE 2020

LA MOSQUÉE DE ETENTRETSINGONI,HISTOIREMODERNITÉ

Philippe le Bel et début de la guerre de cent ans en métropole, l’auraient construite. Au XVIème siècle, le sultan Haïssa, fils du sultan Mohamed d’Anjouan, décide d’instaurer un nouveau sultanat à Mayotte dont la capitale sera Tsingoni et refait complètement la mosquée. Si les deux tombes à l’entrée sont celles de sa femme et de sa fille, la sienne, censée siéger face aux “ tombes illustres ” sur la photographie, aurait disparu. Et ce n’est pas tout : le minbar était à l’origine en bois précieux… Un vestige retrouvé plus tard à plusieurs kilomètres de là, dans la mosquée de Mutsamudu à Anjouan.

Des découvertes surprenantes… Et à venir ! Il y a quelques années, Vincent Liétard invite un architecte syrien à Mayotte pour qu’il juge de cet édifice hors du commun. Sa connaissance des mosquées shiraziennes le porte à prédire qu’en grattant les piliers du mihrab, il ne serait pas impossible qu’on y retrouve les textes sculptés par le sultan Haïssa pour l’inauguration de cette

DOSSIER

France a marqué son attention et les subsides du loto du patrimoine ont permis d’engager un bureau d’études pour analyser ce qu’il serait possible de concrétiser. À commencer par la toiture... Pour le reste, le primordial est d’ouvrir cet espace unique au plus grand nombre de croyants. Et de développer les salles de prière, car l’histoire, elle, n’a pas attendu et restera de toutes façons. Avec la foi que petit à petit, cette mosquée redevienne ce pourquoi elle fut bâtie jadis. n

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mosquée, qu’il avait fait intégralement reconstruire. Bingo ! Un peintre avait dû s’endormir sur son pinceau… Et combien d’autres inconnues dorment en cette mosquée depuis des siècles, entre ces parpaings et cette histoire toujours vivantes ? Combien de découvertes et de merveilles pourraient se révéler par de simples analyses scientifiques en cette mosquée ? Une fois de plus et dans un domaine très différent de l’agriculture, les perspectives affluent. Cela fait rêver ! Si cette culture est bel et bien présente, elle n’a pas encore été scientifiquement explorée. La

22 • Mayotte Hebdo • N°1011 • 16/09/20 22 Propos recueillis par R.G LE 27 JUIN DERNIER, LA DIRECTION GÉNÉRALE DES PATRIMOINES ET DE L’ARCHITECTURE DU MINISTÈRE DE LA CULTURE A INSCRIT LE « MAWLIDA SHENGE » (UNE PRATIQUE SOCIALE ET SPIRITUELLE DE TRADITION SOUFIE COMPRENANT TOUTE UNE ORGANISATION SOCIALE, DU CHANT, DE LA MUSIQUE, DE LA DANSE POUVANT ALLER JUSQU'À LA TRANSE) À L’INVENTAIRE NATIONAL DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL. UNE GRANDE PREMIÈRE POUR LE 101ÈME DÉPARTEMENT ET SURTOUT UNE IMMENSE FIERTÉ POUR CEUX QUI ONT PORTÉ CETTE RECONNAISSANCE À L’ÉCHELLE NATIONALE. ENTRETIEN AVEC ZOUHOURYA MOUAYAD BEN, LA QUATRIÈME VICE-PRÉSIDENTE DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL EN CHARGE DES SPORTS, DE LA CULTURE ET DE LA JEUNESSE, ET ABDOUL KARIM SAÏD, LE DIRECTEUR DU MUMA (MUSÉE DE MAYOTTE). CULTURE LE ÉNORME«IMMATÉRIEL,CULTURELPATRIMOINESHENGEMAWLIDAAUUNECHANCE» DOSSIER

Abdoul Karim Saïd : Tout a commencé en 2019 sur une idée de Thomas Mouzard, chargé de mission pour le patrimoine culturel immatériel au ministère de la Culture, qui est venu en mission à Mayotte dans le but de nous sensibiliser les principaux intéressés à cet enjeu et à l’inscription. Il a alors formé une quinzaine de personnes. Une semaine plus tard, il a contacté Éric Alendroit qui a l’habitude de travailler avec La Réunion et qui a déjà inscrit « le maloya » par le passé, pour lui proposer d’inclure dans ses formations des agents de Mayotte. Il est ensuite venu deux fois sur le territoire pour la rédaction des fiches. Celle du « mawlida shenge », rédigée par Achoura Boinaïdi, la cheffe de service en charge de la recherche et de la conservation au Muma, a duré un an et demi en comptant une dizaine d’aller-retour entre nous et les personnes filtres et a été déposée en novembre 2021. Puis, nous avons reçu un avis favorable au début de l’année 2022.

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A. K. S. : Au niveau du Muma, nous comptons présenter prochainement le « debaa » (un mélange de danse, de musique et de chant traditionnels pratiqué exclusivement par les femmes). Nous sommes actuellement à 80% de la rédaction. C’est un travail de longue haleine, cela ne se fait pas en un claquement de doigts puisqu’il faut répondre à un cahier des charges précis dans lequel nous revenons sur l’historique de la pratique, sur sa fonction, sur son rôle, sur les différentes communautés mobilisées, celles qui la jouent et celles qui en bénéficient. Sans oublier les faiblesses et les risques de disparition. Il y a énormément de rubriques à renseigner, il faut que tout soit cohérent ! Toute personne intéressée peut présenter une fiche, des gens comme vous et moi, des associations, des praticiens… C’est le cas pour le « mbiwi » qui est actuellement en phase d’études et le « shigoma » qui est en cours de rédaction.

M.H. : Plus largement, le département a-t-il l’ambition de présenter d’autres dossiers dans un avenir plus ou moins proche ?

M.H. : Il s’agit ici du premier élément du patrimoine de l’île à figure dans la liste du PCI du ministère de la culture. Concrètement, qu’est-ce que cela peut changer pour Mayotte ?

Z. M. B. : Nous avons énormément de chants et de danses qui ne demandent qu’à être valorisés et à être reconnus aux yeux de tous ! n

Z. M. B. : Nous avons au sein du Département d’autres dossiers en cours, notamment celui concernant le lagon qui est l’un des plus beaux du monde. Même si nous rencontrons quelques difficultés, il se trouve déjà entre les mains du ministère de la culture.

Zouhourya Mouayad Ben : Cette nomination est une très bonne nouvelle pour Mayotte dans son ensemble. Les Mahorais l’attendaient depuis longtemps puisque c’est une manière d’honorer nos anciens. En recevant la notification, j’ai immédiatement pensé à nos parents et à nos grands-parents qui ont pratiqué ce chant et cette danse religieux. Je suis très émue rien qu’en en parlant, c’est magnifique… C’est tout simplement une chance énorme dans le sens où cela permet de parler de l’île autrement que sous la coupe de la violence et de l’immigration clandestine.

Z. M. B. : Il y a cette reconnaissance aussi bien à l’échelle nationale que régionale dans le sens où nous apportons notre richesse culturelle à la France. Il y aura un peu plus de visibilité pour notre territoire. Les potentiels touristes qui chercheront notre destination sur Internet apprendront que le « mawlida shenge » est une pratique culturelle et spirituelle de Mayotte qui rassemblent des hommes et des femmes, même s’il y a une petite séparation entre les deux groupes. Assurément, cela va nous apporter une ouverture vers l’internationale !

Mayotte Hebdo : Le « mawlida shenge » a rejoint fin juin la liste du patrimoine culturel immatériel. Comment s’est déroulée cette démarche ? Et pourquoi avoir proposé cette pratique sociale et spirituelle de tradition soufie ?

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Sous la mandature de son nouveau président, Abdou Dahalani, l’organisme dédié à la protection du lagon a procédé à une nouvelle réunion de gestion dans les locaux des Eaux de Mayotte (ex-Smeam), à Kawéni. Projets mis en œuvre et à venir ont été ainsi abordés.

Le nouveau président du parc naturel depuis juillet dernier a animé cet événement (initialement prévu à la mairie de Mamoudzou) au milieu d’une vingtaine de membres du conseil. Cette réunion a ainsi permis de faire le point sur l’activité de l’organisme mahorais qui compte actuellement une trentaine d’agents et disposait d’un budget de 1.69 million d’euros en Expérimentés2021. depuis l’an dernier par exemple, deux filets de protection ont été installés respectivement à Majicavo et Pamandzi pour retenir les déchets qui prennent la direction de la mer. « 20.000 tonnes de déchets quittent la terre chaque année pour rejoindre le lagon », justifie le président. Si une dizaine de filets de ce type doivent être déployés sur Mayotte, l’organisme insiste sur le fait que la collecte des déchets et de sédiments n’est pas de son ressort. « On peut orienter les acteurs pour mieux cibler les opérations », poursuit-il.

Quelques sièges sont restés vides, ce mardi matin, dans la salle de conférences des Eaux de Mayotte (ex-Smeam). La réunion exceptionnelle sur la sécurité à la mairie de Mamoudzou (voir par ailleurs) a réquisitionné les six élus participant d’habitude au conseil de gestion du parc naturel marin de Mayotte (trois élus départementaux et trois autres venant de municipalité). « Le quorum a été largement atteint », fait observer cependant Abdou Dahalani.

Autre projet, cette fois bien entamé, quatorze dispositifs de concentration de poissons ont été installés de part et d’autre du lagon (voir Flash Infos du 8 septembre). Ils doivent diminuer la pression pêche, préserver les espèces coralliennes, mais aussi permettre aux pêcheurs d’être plus économes en carburant. Les premiers dispositifs, installés en décembre 2021, sont déjà utilisés par les professionnels, note le parc.

LE PARC MARIN VA MULTIPLIER LES FILETS ANTI-DÉCHETS

Alexis Duclos

Des filets permettant de capter les déchets avant qu’ils ne rejoignent la mer ont déjà vu le jour, comme ici à Majicavo.

Deux culturelsévénementsàvenir

Une étude sur les coraux en cours

Satisfait que le centre universitaire de Dembéni ait rejoint le conseil de gestion, Abdou Dahalani a rappelé l’importance « de la connaissance scientifique ». Afin d’y contribuer par exemple, une étude sur les coraux est actuellement réalisée avec l’Institut de recherche et de développement (IRD). Car si la bonne santé du milieu mahorais est connue, « il faut qu’on sache comment les préserver », défend Annabelle Djeribi, la directrice des opérations du parc. Le projet Future Maore Reefs doit « évaluer la résilience des coraux mahorais ». Les élèves de plusieurs écoles mahoraises ont déjà été mis à contribution sur des solutions comme la replante de coraux sains par exemple.

Annabelle Djeribi, la directrice des opérations du parc naturel marin de Mayotte, aux côtés du Dahalani.président,nouveauAbdou

Le parc naturel a profité de la réunion pour annoncer la tenue de son festival Laka, à Bouéni, les 5 et 6 novembre. « Ce moment récréatif pour les familles » dédié à la pirogue (« laka » en shimaoré) sera composé d’ateliers et de stands permettant de rappeler « ce qui relie les Mahorais à la mer », estiment les organisateurs. En parallèle, un appel à projets artistiques lancé par le parc a récemment reçu dix-sept candidatures. Les membres du parc, qui en ont retenu sept, veulent que les œuvres dont les domaines sont très variés « mettent en valeur la mer ». Ils espèrent que certaines réalisations seront visibles dès le festival Laka en novembre. Sinon, les projets devraient faire l’objet d’une résidence artistique et être présentés au cours de l’année 2023.

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Une implication locale qui ne déplaît pas au nouveau président du parc. Il a ainsi prévenu lors du conseil : « Notre priorité sera de faire du parc le parc marin de Mayotte et des Mahorais » n

Yoanne Tillier, Le trésor de Zayad, L’Harmattan,éditions2015.

Yoanne Tillier occupe une place particulière dans la production littéraire de Mayotte. Selon la typologie scientifique que nous avons construite au fil de nos recherches, il appartient à la catégorie des écrivains wazungu, c’est-à-dire aux créateurs allochtones qui découvrent l’île de Mayotte, notamment à travers le prisme de l’exotisme. Mais il apparaît aussi comme l’inventeur de la littérature de jeunesse à Mayotte, au sens métropolitain du terme, c’est-à-dire d’une histoire écrite à destination des enfants, ad usum delphini en latin.

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Entrant en effet en littérature en 2006 avec Youssouf et le pirate de Mayotte, publié aux éditions L’Harmattan, Yoanne Tillier invente ensuite d’autres histoires sous d’autres formes, à l’instar de la pièce de théâtre intitulée Zazavirano, la sirène de Mayotte (2009). Mais c’est à la forme romanesque qu’il revient - et dans laquelle il se sent sans doute le plus à l’aise - avec L’Île des esprits (2019).

LITTÉRATURE

Son précédent roman sur la jeunesse retient ici notre attention parce qu’il met en scène, entre autres embarcations, la barge. Intitulé Le Trésor de Zayad (2015), il s’agit, comme le titre l’indique, d’une libre transposition du classique de J. L. Stevenson L’Île au trésor (1882) à Mayotte. Mais le roman d’aventures n’est pas le seul intérêt de ce texte destiné aux adolescents. On y trouve aussi une initiation de Zayad à l’amour, par le truchement de Viviane. Or, ce personnage féminin au prénom de fée vit sur un bateau. Et ce qui rend l’histoire d’amour impossible, c’est moins une différence d’origine que l’incapacité de l’un des deux amants à Lenager.roman se termine sur le lieu commun de la tempête, qui offre au texte son point d’intensité maximal, ou climax. En effet, une barge à l’amarre se détache et heurte un autre bateau emblématique de Mayotte, une goélette appelée la Dwyn Wen. Le passage suivant permet de savoir de quel

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

LISEZ MAYOTTE LA BARGE, « LEEMPESTANTMONSTREGASOIL»

Une pièce de huit dans un trou de crabe, une fille aux unegoéletted'émeraude,yeuxuneenchantée,îlesingulièredansl'océanIndienetlaviedeZayad,unjeuneMahorais,vachanger.

Le combat épique entre la barge et le voilier ne laisse pas d’être symbolique, mais d’une façon poétique et complexe. Car la barge est utile et c’est malgré elle qu’elle écrase un voilier en bois qui n’est pas de taille à résister et qui a peut-être fait son temps, étant donné qu’il restait à l’ancre. On mettra enfin, avec profit, ce texte en parallèle avec une plongée imaginaire sur l’épave réelle, texte sous-marin destiné aux adultes : « J’ai plongé, hier, sur l’épave de la Dwyn Wen (je n’arrive pas à croire que j’emploie ce mot « épave »). Sous l’eau, il y a avait des fantômes, j’ai vu, s’appuyant avec désinvolture contre le bastingage, le spectre de Corto Maltese bavardant

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avec une jolie femme, diaphane, en robe de soirée des années trente, fume-cigarette, coiffure à la garçonne, accroche-cœurs, boa et bibi. J’ai reconnu ensuite l’ectoplasme de Long John Silver, perroquet déplumé à l’épaule, qui m’a tenu la jambe en me racontant que la sienne, celle en bois, lui causait de pénibles démangeaisons. Puis, toujours nageant, cerné par mes propres bulles et frôlant certainement la narcose, j’avisai une certaine apparition verdâtre que je reconnus être celle d’Henry de Monfreid, lui aussi en grande conversation avec quelques forbans de toutes les époques. Toute une foule d’autres revenants livides, figures ayant vraiment existé… ou personnages fictifs, se pressèrent alors sur le pont de la Dwyn Wen, se mêlant en un bal muet. Quand ils me fixèrent brusquement tous en même temps, avec leurs orbites vides, d’une manière qui me parut inquiétante, je jugeai bon de remonter dare-dare à la surface. »

Si, sur l’eau, la barge l’emporte avec le monde de la technique, sous l’eau en revanche, s’ouvre un domaine onirique qui échappe au temps et à la réalité. Ainsi le texte nous embarque-t-il, de façon éphémère, pour un bal sous-marin dans le monde du silence, momentanément empli du tourbillon d’une fête aussi mondaine que littéraire..

Christophe Cosker

côté le cœur de l’auteur penche, entre barge à moteur et voilier : « Viviane semblait être devenue complètement folle ! Je la voyais, se tenant aux haubans, jeter des objets contre la barge et insulter le bâtiment qui écrasait son bateau. Elle luttait contre un monstre dix mille fois plus gros qu’elle, un monstre stupide, grossier, aveugle, empestant le gasoil. Elle luttait d’une manière dérisoire et admirable. J’étais fier d’elle ! […] [E]lle jette des boulons contre l’amphidrome… Maintenant, elle l’attaque avec… ce qui semblerait être une pelle… […] Ah, la pelle s’est cassée !... Maintenant, elle adresse à cette grosse carcasse un flot de malédictions qui, à coup sûr, vont l’envoyer en enfer. » (p. 147-148)

AS Rosador de Passamainty – Diables noirs de ASCombaniSada– USCP Anteou

Journée – Samedi septembre à 15 heures

12

AS Bandraboua – AJ Kani Kéli

Journée 11

Journée 12 – Samedi 17 septembre à 15 heures

Bandrélé FC Jumeaux de Mzouazia

AS Neige de Malamani 2–1 FC Kani Bé

0–2

1–1

de Malamani UCS de Sada – AJ Mtsahara US Kavani – FC Chiconi Foudre 2000 – FC Kani Bé ASJ Moinatrindri – Olympique Miréréni USCJ Koungou – FC Dembéni Equipe Pts J G N P Dif 1 FC Mtsapéré 26 11 8 2 1 +17 2 ASC Kawéni 25 11 8 1 2 +12 3 Jumeaux Mzouaziade 23 11 7 2 2 +13 4 AJ Kani Kéli 20 11 6 2 3 +3 5 Diables noirs de Combani 19 11 5 4 2 +3 6 AS Sada 12 11 4 0 7 -5 7 ASC Abeilles de Mtsamboro 11 11 3 2 6 -12 8 AS Bandraboua 11 11 3 2 6 -13 9 AS Rosador Passamaintyde 10 11 3 1 7 -3 10 Bandrélé FC 10 11 3 1 7 -7 11 Tchanga SC 10 11 2 4 5 -4 12 USCP Anteou 9 11 2 3 6 -4 Equipe Pts J G N P Dif 1 US Kavani 21 11 6 3 2 +7 2 Foudre 2000 20 11 6 2 3 +4 3 AS Neige Malamanide 19 11 5 4 2 +6 4 FC Majicavo 19 11 5 4 2 +7 5 FC Dembéni 17 11 4 5 2 +2 6 AJ Mtsahara 16 11 5 1 5 +2 7 UCS de Sada 15 11 4 3 4 -4 8 FC Chiconi 15 11 3 4 3 0 9 MiréréniOlympique 13 11 3 4 4 -4 10 USCJ Koungou 12 11 3 3 5 -7 11 FC Kani Bé 8 11 2 2 7 -8 12 MoinatrindriASJ 6 11 2 0 9 -5 28 • Mayotte Hebdo • N°1011 • 16/09/20 22

0–0

AJ Kani Kéli FC Mtsapéré

FC Majicavo 2–2 UCS de Sada

3–1

ASC Abeilles – Jumeaux de Mzouazia

US Kavani AJ Mtsahara

AS Rosador de Passamainty USCP Anteou

Tchanga SC – FC Mtsapéré

USCJ Koungou 0–0 FC Chiconi

ASJ Moinatrindri 0–2 FC Dembéni

17

AS Bandraboua 1–3 AS Sada

Foudre 2000 1–2 Olympique Miréréni

Bandrélé FC – ASC Kawéni

JournéeRégionalFOOTBALLRégionalFOOTBALLCalendriersSPORT-classements-résultats1211

FC Majicavo – AS Neige

0–0

ASC Abeilles de Mtsamboro Diables noirs de TchangaCombaniSC 0–0 ASC Kawéni

Mairie de Mamoudzou 4–1 ASP Maison d’arrêt

OGC Tilt SOS – ASP Maison d’arrêt

ASO Espoir Chiconi 1–0 ASJ Handréma Club Unicornis 9–0 Devils Pamandzi

JournéeRégionalFOOTBALLRégionalFOOTBALL1féminines1Entreprises11

Mayotte air service – CHM Foot

ASC Préféduc – AS Cuisibains

AS Emca – Mairie de Mamoudzou

Journée 12 – Vendredi 16 septembre à 18h

AS Jumelles de Mzouazia 4–0 US Kavani FC Mtsapéré 5–2 USC Labattoir

ASC Sodifram – Mlezi Maoré

OGC Tilt SOS 1–4 Mlezi Maoré

Mayotte air service 2–1 AS Cuisibains

Wahadi ASC 1–3 Olympique de Sada Exemptées : Entente Miréréni / Tsingoni

ASC Sodifram 2–3 AS Colas

Entente CSPM 6–3 CHM Foot

Journée 12 – Dimanche 18 septembre à 15h30

AS Emca 3–0 ASC Préféduc

Journée 11

Entente CPSM – AS Colas

Wahadi ASC – US Kavani Club Unicornis – USC Labattoir AS Jumelles de Mzouazia – Entente

Miréréni/ ASJTsingoniHandréma – Devils Pamandzi FC Mtsapéré – Olympique de Sada Exemptées : ASO Espoir Chiconi Equipe Pts J G N P Dif 1 AS Jumelles de Mzouazia 30 10 10 0 0 +42 2 Club Unicornis 25 10 8 1 1 +28 3 FC Mtsapéré 22 10 7 1 2 +18 4 Wahadi ASC 15 10 5 0 5 -4 5 PamandziDevils 15 10 4 3 3 -5 6 USC Labattoir 13 10 4 1 5 -8 7 ASJ Handréma 11 10 3 2 5 -16 8 Olympique de Sada 11 10 3 2 5 -6 9 MiréréniEntente / Tsingoni 11 10 3 2 5 -6 10 ASO Espoir de Chiconi 4 10 1 1 8 -14 11 US Kavani 1 10 0 1 9 -29 Equipe Pts J G N P Dif 1 AS Colas 31 11 10 1 0 +21 2 Mairie Mamoudzoude 25 11 8 1 2 +15 3 AS Cuisibains 22 11 7 1 3 +16 4 Mlezi Maoré 19 11 5 4 2 +7 5 AS Emca 19 11 5 4 2 +9 6 Mayotte air service 16 11 4 4 3 +2 7 OGC Tilt SOS 15 11 5 0 6 -2 8 Entente CPSM 12 11 4 0 7 -7 9 CHM Foot 10 11 2 4 5 -19 10 ASC Sodifram 8 10 2 2 6 -6 11 ASC Préféduc 6 11 2 0 9 -12 12 ASP d’arrêtMaison -1 10 0 1 7 -24 29 • Mayotte Hebdo • N°1011 • 16/09/20 22

CalendriersSPORT-classements-résultatsBASKETPrénationalemasculineJournée2-Vendredi9septembreà19h Fuz’Ellips de Cavani – BC Mtsapéré Etoile bleue de Kawéni – TCO Mamoudzou Samedi 10 septembre à 16h45 : Vautour club de Labattoir – Colorado Beetle DimancheMtsahara 11 septembre à 16h : Jeunesse Canon – BC Tsararano Gladiator de Doujani – Rapides Éclairs Journée 3 - Mardi 13 septembre à 19h TCO Mamoudzou – Vautour club de Labattoir Mercredi 14 septembre à 19h : Etoile bleue de Kawéni – Gladiator de Doujani BC Mtsapéré – BC Tsararano Rapides Éclairs – Jeunesse Canon Equipe Pts J G P Dif 1 Rapides Éclairs 0 0 0 0 0 2 Gladiator de Doujani 0 0 0 0 0 3 Fuz'Ellips de Cavani 0 0 0 0 0 4 Vautour club de Labattoir 0 0 0 0 0 5 Basket club de Mtsapéré 0 0 0 0 0 6 Colorado MtsaharaBeetle 0 0 0 0 0 7 Etoile bleue de Kawéni 0 0 0 0 0 8 MamoudzouTCO 0 0 0 0 0 9 Basket club de Tsararano 0 0 0 0 0 10 Scolo Dunks 0 0 0 0 0 11 CanonJeunesse 0 0 0 0 0 Prénationale féminine Journée 2 - Samedi 10 septembre à 16h Chicago club de Mamoudzou – Colorado Partizan – Golden Force Dimanche 11 septembre à 16h30 : BC Iloni – Fuz’Ellips Magic basket Passamaïnty – BC Mtsapéré Equipe Pts J G P Dif 1 Golden Force 0 0 0 0 0 2 Fuz'Ellips de Cavani 0 0 0 0 0 3 Chicago club de Mamoudzou 0 0 0 0 0 4 Basket club Iloni 0 0 0 0 0 5 Magic PassamaintyBasket 0 0 0 0 0 6 Partizan 0 0 0 0 0 7 Colorado 0 0 0 0 0 8 Basket club de Mtsapéré 0 0 0 0 0 30 • Mayotte Hebdo • N°1011 • 16/09/20 22

Journée 2 - 17 & 18 septembre

Journée 1 - 9 & 10 septembre

PrénationaleHANDBALL Poule B

2 - 16 & 17

Journée 1 - 9 & 10 septembre

Journée septembre

AJH Koungou – HC Kani Kéli

AJH Tsimkoura – CH Combani

Journée 2 - 16 & 17 septembre

Journée 1 - 10 & 11 septembre

ASC Tsingoni 33–19 Doujani HC PC Bouéni 34–34 HC Select 976 HC Kani Kéli 24–24 AJH Tsimkoura TCO

HC Kani Kéli 31–34 AJH Tsimkoura AC Chiconi 38–30 AJH Koungou

Sohoa Handball – AC Chiconi Bandraboua HC – TCO Mamoudzou

HC Acoua – HC Labattoir Alakarabu Hand – HC Bandrélé PC Bouéni – ASC Tsingoni Haima Sada – Tchanga Handball

PrénationaleHANDBALL

Mamoudzou 19–36 CH Combani HC Bandrélé 43–22 Moinatrindri HC HC Passamainty 0–20 Haima Sada

Poule A

CH Combani 33–23 Bandraboua HC TCO Mamoudzou 48–21 Sohoa Handball

HC Bandrélé 29–27 HC Acoua Tchanga Handball 41–36 Alakarabu Hand ASC Tsingoni 33–19 Haima Sada HC Labattoir 28–31 PC Bouéni

CH Combani – ASC Tsingoni HC Select 976 – HC Bandrélé AJH Tsimkoura – HC Passamaïnty Doujani HC – PC Bouéni Haima Sada – TCO Mamoudzou Moinatrindri HC – HC Kani Kéli Equipe Pts J G N P Dif 1 HC Kani Kéli 4 2 1 0 1 +17 2 MamoudzouTCO 3 1 1 0 0 +27 3 CH Combani 3 1 1 0 0 +10 4 AC Chiconi 3 1 1 0 0 +8 5 AJH Tsimkoura 3 1 1 0 0 +3 6 HCBandraboua 1 1 0 0 1 -10 7 HandballSohoa 1 1 0 0 1 -27 8 AJH Koungou 1 2 0 0 2 -28 Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 3 1 1 0 0 +14 2 HandballTchanga 3 1 1 0 0 +5 3 PC Bouéni 3 1 1 0 0 +3 4 HC Bandrélé 3 1 1 0 0 +2 5 HC Acoua 1 1 0 0 1 -2 6 HC Labattoir 1 1 0 0 1 -3 7 HandAlakarabu 1 1 0 0 1 -5 8 Haima Sada 1 1 0 0 1 -14 Equipe Pts J G N P Dif 1 HC Bandrélé 3 1 1 0 0 +21 2 Haima Sada 3 1 1 0 0 +20 3 CH Combani 3 1 1 0 0 +17 4 ASC Tsingoni 3 1 1 0 0 +14 5 HC Select 976 2 1 0 1 0 0 6 AJH Tsimkoura 2 1 0 1 0 0 7 PC Bouéni 2 1 0 1 0 0 8 HC Kani Kéli 2 1 0 1 0 0 9 Doujani HC 1 1 0 0 1 -14 10 MamoudzouTCO 1 1 0 0 1 -17 11 HCMoinatrindri 1 1 0 0 1 -21 12 PassamaintyHC 0 1 0 0 1 -20 31 • Mayotte Hebdo • N°1011 • 16/09/20 22

PrénationaleHANDBALL féminine

de la publication Laurent canavate.laurent@somapresse.comCanavate Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 soldat@mayottehebdo.com38 Rédacteur en chef Axel Nodinot Journalistes Axel AlexisRaïnatRomainNodinotGuilleAliloiffaDuclos Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine comptabilite@somapresse.comChiggiato Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com # Couverture1011 : Un patrimoine unique

Directeur

MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue contact@mayottehebdo.comTél.BPCavaniSalamaniM’tsapéré60-97600Mamoudzou:0269612004

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