Mayotte Hebdo n°1018

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LE MOT DE LA RÉDACTION

INDIVISIBLES Quand Emmanuel Macron, en août 2018, taxait maladroitement les Français de « Gaulois réfractaires au changement », ne fallaitil pas n’y voir que de l’affection ? Nous sommes râleurs, en effet, prêts à pointer du doigt ce qui ne va pas, à se battre pour notre avenir et nos idéaux. Cette image quelque peu caricaturale, « j’en suis fière », déclarait récemment Marie-George Buffet, citant quelques figures ayant donné leur vie entière pour simplement apporter à la France. Parmi elles, Claire Lacombe, militante féministe qui participa pleinement à la Révolution de 1789, Jules Ferry, proclamant l’émancipation, la liberté et l’égalité par l’école, ou Marie Curie, prix Nobel et symbole de la détermination propre aux scientifiques. Dans cette liste bien loin d’être exhaustive, se rajoutent le M’zé Younoussa Bamana, Zéna Mdéré, toutes les Chatouilleuses, et tous ceux qui se sont battus avec acharnement, sans discontinuer, pour que Mayotte demeure française. Les Français, de Mayotte ou d’ailleurs, ont tous ce côté « tête de mule », un caractère qui nous rassemble bien plus que la simple géographie, et nous fait avancer. « Avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore », voilà ce qui définit un peuple selon l’historien et philosophe Ernest Renan. Ce dernier, durant une conférence donnée en 1882 à la Sorbonne, semblait déjà parler aux Mahorais : « L’Homme n’est ni esclave de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes ». Les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes, n’en déplaise aux pourfendeurs impérialistes de l’autodétermination. Bonne lecture à toutes et à tous. Axel Nodinot

Mayotte Hebdo • 1/2 Page Largeur FU • 190 x 130 mm • Visuel:BoosterNov_082_SCOOPDYGA • Parution=04/nov./2022 • Remise le=28/oct./2022

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PMU G.I.E. SIREN 775 671 258 RCS PARIS © Scoopdyga


tchaks 50 C’est environ le nombre d’agriculteurs engagés dans une démarche d’agriculture biologique à Mayotte. Ils seront présentés ce mardi 8 novembre à 14 heures, au pôle agricole de Mro Mouhou, dans la commune de Bandrélé. Pour l’occasion, de nombreuses personnalités de l’île seront présentes, telles qu’Ali-Moussa Moussa Ben, maire de la ville, Yves-Michel Daunar, directeur général de l’EPFAM, Bryce Bouvard, coordinateur général de l’Ucoopam, mais aussi Thierry Suquet, le préfet de Mayotte. Le projet de structuration d’une filière Agriculture biologique est d’une importance pour Mayotte, que ce soit pour une meilleure alimentation des foyers mahorais ou pour renforcer la souveraineté alimentaire de l’île, ainsi que les agriculteurs locaux.

6éme mois sans tabac à Mayotte Le 1er novembre, Santé publique France et le ministère de la Santé et de la Prévention lançaient comme chaque année le « mois sans tabac ». Sur l’île au lagon, l’Agence régionale de santé et la POPAM (Prévention et soin des addictions à Mayotte) se chargent de mettre en place des activités durant ce mois de novembre. Ainsi, un stand sera à retrouver ce week-end au Jumbo Score de Mamoudzou, et de nombreuses institutions et associations locales participeront à diverses actions tout au long du mois. Ces dernières sont à retrouver sur la page Facebook « Mois sans tabac Réunion Mayotte », où vous pourrez également participer au défi et à un jeuconcours autour de cette cause. En 2019, 18% des hommes, 5% des femmes et 9% des jeunes fumaient quotidiennement à Mayotte, chicha y comprise.

Le 49.3 « ouvrirait assurément une période de forte tension » Cette phrase du député mahorais Mansour Kamardine intervenait après l’adoption de 92 amendements en faveur des Outre-mer à l’Assemblée nationale. Ces derniers, qui représentaient quelque 300 millions d’euros supplémentaires alloués aux territoires ultramarins, auront finalement été éphémères, puisqu’Elisabeth Borne a engagé la responsabilité de son gouvernement. Utilisé quatre fois en quinze jours, l’article 49.3 de la Constitution, permettant d’adopter un texte sans vote du Parlement, fait fi de tous les amendements déposés par les députés français, constituant une « importante déception » pour Mansour Kamardine. Pour rappel, les motions de censure déposées par la NUPES et le RN n’ont pas été votées par Les Républicains, le parti du député de la 2nde circonscription de Mayotte.

Un livre contre le viol et l’inceste « Ose et ça ira ». Tel est le titre d’un ouvrage tout juste paru, contenant un jeu de mot avec le prénom de son auteure, Saïrati Assimakou, présidente de l’association Souboutou Ouhedzé Jilaho, « Ose libérer ta parole » en français. Avec ce livre, sorti samedi dernier lors d’une journée de rencontre et d’une séance de dédicaces au Mermoz, à Mamoudzou, celle qui est l’une des premières femmes mahoraises à lever le voile sur le tabou de l’inceste veut aider les autres victimes, y compris à l’extérieur de l’île. « Ce n’est pas un problème spécifique à Mayotte. Il faut être entendu partout, jusqu’à la métropole et bien au-delà, en espérant que cela fasse changer les choses », a-t-elle déclaré à Flash Infos. L’ouvrage est disponible sur toutes les plateformes de commande en ligne, plus d’informations sur les réseaux sociaux de l’association.

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LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

LE JEUNE HOMME QUI S’EST FAIT TIRER DESSUS À REIMS PAR UN HOMME ENCAGOULÉ MEURT DE SES BLESSURES Le 31 octobre 2022, par l’Union.

L’ e n q u ê t e e s t d é s o r m a i s o u v e r t e p o u r « assassinat ». Le tireur est toujours en fuite, ses motivations inconnues. Le jeune homme qui était hospitalisé dans un « état désespéré » après avoir été la cible d’un tir d’arme à feu en pleine tête, dans la soirée du jeudi 28 octobre sur le parvis de l’église Saint-Thomas à Reims, n’a pas survécu à ses blessures : il est mort samedi. Originaire de Mayotte, Abraham Amada résidait dans le quartier et avait 21 ans. Au vu des circonstances du drame, il a manifestement été pris pour cible lors d’un règlement de compte qui le concernait lui ou certaines des personnes avec lesquelles il se trouvait devant le square de l’église. Le meurtrier est arrivé à pied, encagoulé, et l’a visé au niveau de la tempe avant de disparaître rue PaulVaillant-Couturier. A-t-il rejoint un véhicule ? Était-il attendu par un ou des complices ? Pourquoi un tel acte effroyable qui s’apparente à une exécution ? Autant de questions toujours sans réponse.

Contacté ce lundi midi, le procureur de Reims Matthieu Bourrette confirme que l’enquête initialement ouverte pour « tentative d’assassinat » a été requalifiée en « assassinat », c’est-à-dire meurtre avec préméditation. La police judiciaire est saisie des investigations. Parmi les pistes explorées, celle d’un contentieux sur fond de stupéfiants : le parvis de l’église Saint-Thomas est en effet connu pour être un lieu de regroupements, où de nombreuses interpellations pour usage et détention de drogue ont été réalisées ces derniers temps. « Point de fixation » Confrontées aux nombreuses doléances des commerçants et riverains qui dénonçaient incivilités diverses, consommation d’alcool et autres transactions douteuses (concernant aussi bien des jeunes que les habituels SDF), les autorités avaient effectivement renforcé les contrôles sur ce « point de fixation », sans parvenir cependant à éradiquer le phénomène qui serait devenu endémique à partir de l’été 2020. « On voit la police passer tous les jours mais ça ne change rien : “ils” sont toujours là », soupirait un riverain croisé le lendemain du drame. Depuis jeudi soir, il semble toutefois y avoir moins de monde, plutôt des petits groupes sporadiques qui accueillent la presse avec méfiance. Oui, ils connaissaient Abraham Amada, « un ami », victime d’une « dinguerie » ; non, ils n’ont pas envie de parler davantage et éconduisent poliment le visiteur. Un contrôle 1 h 30 avant le drame Sur cette place Saint-Thomas, où seuls quelques ballons et un mot accrochés à la grille du square rappellent le drame, la police passait « tous les jours ». Elle était même passée le soir des faits ! Une jeune femme en témoigne. « Il était environ 21 h 30. Je revenais à pied du centreville », raconte-t-elle. « En arrivant sur la place, je me suis fait la réflexion habituelle : “Est-ce que je coupe par la rue Paul-Vaillant-Couturier – c’est plus rapide pour moi – ou est-ce que je contourne par l’avenue de Laon” ? La rue Paul-Vaillant-Couturier, je la prends quand il n’y a personne devant le square, l’avenue de Laon quand il y a du monde. Et ce soir-là, comme souvent, il y avait un attroupement. Ce n’est pas qu’ils soient agressifs avec nous, mais quand vous êtes seule et qu’il y a des types avec des bières à la main, ça ne donne pas envie de passer devant eux. J’allais donc contourner par l’avenue de Laon quand j’ai vu qu’il y avait une patrouille de la police municipale. Ils étaient trois policiers qui discutaient tranquillement avec le groupe, devant le square. J’ai pensé à un contrôle. Ça m’a rassuré, et j’ai coupé par la rue Paul-Vaillant-Couturier. » Le lendemain, la jeune femme apprenait qu’environ 1 h 30 après son passage (et celui de la patrouille), au même endroit, un homme encagoulé surgissait et ouvrait le feu.

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PORTRAIT Raïnat Aliloiffa

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DJOUMOI RAMIA

EXPERT-COMPTABLE ET BIEN PLUS Djoumoi Ramia a plus d’une corde à son arc. Il est expertcomptable, commissaire aux comptes, secrétaire général de l’ordre des experts-comptables du département et par conséquent, président de la région de Mayotte. Des fonctions qui font de lui un Mahorais unique en son genre.

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PORTRAIT

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Lorsqu’il parle de son métier, Djoumoi Ramia a les yeux qui brillent et le sourire aux lèvres. Sa profession n’a rien d’artistique ou de sportif, et pourtant elle le passionne. Dès l’année de sa terminale, il y a 20 ans, il savait qu’il voulait être expert-comptable. Mais son parcours sera semé d’embuches. Après l’obtention de son baccalauréat à Avignon où il a grandi, il poursuit quatre ans d’études dans la comptabilité au lieu des cinq premières années requises, pour devenir expert-comptable stagiaire. Le jeune homme de l’époque est pressé de travailler. Il exerce donc deux ans en métropole, puis trois à Mayotte, au début des années 2000. Entre temps, il devient père pour la première fois et décide alors de préparer son bac+5, en trois mois. Mission réussie pour le jeune diplômé qui doit poursuivre les trois ans de stage demandés pour devenir expert-comptable. Toute la petite famille emménage donc à La Réunion pour que Djoumoi Ramia puisse poursuivre son rêve.

« JE N’AVAIS PAS LE DROIT D’ÉCHOUER » À l’issue de ces trois ans, à la grande surprise de tous, il décide de ne pas passer le diplôme mais plutôt de travailler. On est alors en 2007. Il tente sa chance seulement cinq ans plus tard, en 2012. Il échoue une première fois mais persévère et le passe une deuxième fois en 2014. Son père décède à la même période, et il n’arrive pas à préparer ses examens comme il faut. Il les rate donc une nouvelle fois. Mais cet acharné de travail est la définition même de la persévérance et tente à nouveau sa chance. « Mon père nous a fait quitter Mayotte en 1982 pour nous donner les mêmes chances de réussite que tout le monde. Je n’avais pas le droit d’échouer », souligne-t-il. Et il n’échouera pas lors de sa troisième tentative en 2017. Son mémoire fait d’ailleurs partie des meilleurs de sa session et il est publié sur la plateforme nationale des experts-comptables. Il aura mis dix ans pour atteindre son objectif et avoir son diplôme. « Il faut être persévérant quand on veut quelque chose et ne pas se trouver des excuses lorsque l’on ne réussit pas. » C’est le message qu’il fait passer aux jeunes qu’il rencontre.

enrichissant. On est conseiller, on fait du marketing, on fait dans le social. Il faut enlever l’image de l’expert-comptable ennuyeux avec sa calculatrice. Notre formation est basée à 70% sur du droit et 30% sur de l’économie. C’est un métier qui touche plein de domaines et c’est un métier qui recrute, à Mayotte ou ailleurs ! » rappelle-t-il. Difficile selon lui d’être au chômage s’il on est expert-comptable. Même s’il s’agit d’un métier d’avenir et que le salaire est attrayant, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un travail

« IL FAUT ENLEVER L’IMAGE DE L’EXPERT-COMPTABLE ENNUYEUX AVEC SA CALCULATRICE » qui demande beaucoup d’investissement et de sacrifices. Aujourd’hui, Djoumoi Ramia est associé dans un cabinet à Mayotte, il a vingt salariés et la charge de travail est conséquente. « On manque de main d’œuvre pour pouvoir tout faire », indique-t-il. Malgré tout cela, il doit aussi prendre en compte sa vie privée. « On n’a pas deux vies, on ne peut pas dissocier la vie personnelle et professionnelle, elles se complètent et on essaye de composer avec. Heureusement que j’ai quelqu’un qui est avec moi depuis longtemps, qui me soutient et qui connait les contraintes du métier », ajoute-t-il. C’est peut-être ça, la clé du succès… n

Dépoussiérer le métier En France on comptabilise 21 000 experts comptables. Mayotte en dénombre 18 et « parmi tout ce beau monde, il y a seulement trois experts-comptables d’origine mahoraise dans notre pays », précise Djoumoi Ramia. C’est la raison pour laquelle il fait la tournée des lycées chaque année pour inciter les futurs bacheliers à embrasser cette carrière. « On essaye de leur parler de notre profession autrement que ce que les gens imaginent. Les jeunes veulent bouger, voir autre chose et c’est une profession où il y a beaucoup à faire. » À en croire le professionnel, au sein d’un cabinet d’expertise comptable, il y a toute une panoplie d’activités à faire. « C’est un métier

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DOSSIER

ET SI LES COM FRANÇA

Lors de l’assemblée générale des Nat président comorien Azali Assoumani revendiquant une fois encore l’île frança régulières, imaginons la situation inve Comores étaient, comme leur cousine

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MORES ÉTAIENT AISES ?

tions unies, en septembre dernier, le i n’a pas manqué à ses habitudes, en aise de Mayotte. Face à ces provocations erse : et si les trois îles de l’Union des e mahoraise, départements français ?

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DOSSIER

Axel Nodinot

ÉCONOMIE

VALISES COMORIENNES, BILLETS FRANÇAIS

SI L’UNION DES COMORES DEMEURE L’UN DES PAYS LES PLUS PAUVRES DU GLOBE, ELLE SAIT S’ENTOURER DE BAILLEURS ET D’ALLIÉS TELS QUE LA FRANCE, QUI A FOURNI PLUSIEURS CENTAINES DE MILLIONS D’EUROS À L’ARCHIPEL. MAIS AZALI ASSOUMANI PEUT AUSSI ET SURTOUT COMPTER SUR L’INCROYABLE MANNE FINANCIÈRE QUE REPRÉSENTE L’APPORT DE SES COMPATRIOTES EXPATRIÉS, BIEN SOUVENT SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS… ET MAHORAIS. considère comme « pure perte » étant donné l’immigration continue frappant les côtes mahoraises.

Emmanuel Macron et Azali Assoumani, reçu à l’Élysée en juillet 2019.

« Il faut trouver des solutions pour que les pays les moins développés, furent-ils près de nos côtes, se développent et qu’il y ait moins d’immigrés. Vous ne réglerez pas le problème de l’immigration illégale, irrégulière, si vous n’agissez pas sur les causes de cette migration ». Ces phrases sont celles de Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui répondait à Estelle Youssouffa, députée de la 1ère circonscription de Mayotte, début octobre, lors d’une séance en commission à l’Assemblée nationale. Même si sa demande a été retoquée, la députée « poutou mgowa » souhaitait tout simplement la cessation du versement des aides publiques françaises à l’Union des Comores, qu’elle

Assez offensives sur la forme, les revendications de Mme Youssouffa sont, au fond, compréhensibles. C’est un puits sans fond, justement, que paraît être l’État comorien, après avoir touché plusieurs milliards de dollars d’aides ces dernières années, sans pour autant se détacher du wagon de queue des pays les plus pauvres au monde. L’Union jouissait en effet d’un produit intérieur brut de 1,203 milliard de dollars en 2020, quasiment trois fois moins que celui de Mayotte (2,757 milliards d’euros la même année). Il faut dire que Grande Comore, Mohéli et Anjouan ne possèdent que peu de richesses naturelles. L’archipel, témoin d’un chômage en hausse et d’une fréquentation touristique médiocre, base principalement son économie sur l’agriculture, le commerce et l’hôtellerie-restauration. Ainsi que sur les emprunts : selon la banque centrale des Comores, l’encours de la dette publique atteint 25,5% du PIB en 2020, principalement au titre de la dette extérieure (87,7%). L’Arabie Saoudite est le premier créancier bilatéral (11%), suivie de l’Inde (9%) et du Koweït (8,5%).

COMORES – FRANCE, UNION SACRÉE L’Union peut aussi et surtout compter sur les nombreuses aides qu’elle perçoit d’acteurs publics ou privés. L’Union européenne, par exemple, en fait partie : l’enveloppe prévisionnelle du 11ème Fonds européen

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de développement (FED) pour l’Union des Comores pour la période 2014-2020 s’élevait à 68 millions d’euros. Rapportée à 22 millions à la suite d’une insatisfaction du côté de Strasbourg, le FED 2021-2024 promet cependant aux Comores les 46 millions d’euros restants. Parmi les donateurs principaux figure bien sûr la France, ancienne puissance colonisatrice, qui a notamment engagé 74,2 millions d’euros d’aide publique au développement (APD) aux Comores, via l’Agence française de développement (AFD), entre 2008 et 2017. Mais ce n’est pas tout. En juillet 2019, Azali Assoumani est reçu en France pour apaiser une « crispation » entre les deux pays. Cette dernière émane de la décision de Moroni en 2018, qui décide de ne plus réadmettre les Comoriens entrés illégalement à Mayotte. Le président de l’Union revient sur cette mesure, et repart avec un plan de développement de 150 millions d’euros sur trois ans, destiné aux domaines de la santé, de l’éducation, de l’emploi et de l’insertion professionnelle des jeunes. Une somme qui a été versée dans son intégralité, selon Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer. Quelques mois plus tard, les 2 et 3 décembre 2019 plus précisément, Paris accueille la « Conférence des partenaires au développement des Comores ». Après une rencontre avec Emmanuel Macron, Azali Assoumani lève la bagatelle de 4,3 milliards de dollars (presque 3,9 milliards d’euros à l’époque) auprès de grands bailleurs internationaux tels que le Maroc, les Émirats Arabes Unis, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou la Banque islamique de développement. Les aides de ces derniers représentent 1,6 milliard de dollars, couplés aux 2,7 milliards des acteurs privés.

HYPOCRISIE Ces montants, divisés en 12 projets touristiques, sanitaires ou énergétiques, constituent le « Plan Comores émergent », et doivent permettre à l’archipel d’être un pays émergent d’ici 2030, « de changer radicalement notre pays, d’apporter une vie meilleure à la population comorienne et d’ouvrir un avenir radieux à notre jeunesse », selon le dirigeant de l’Union. Alors que le pays se doit d’atteindre les 8% de croissance en 2030, il flirte avec les 3,6% en 2018, avant de chuter à 1,8% en 2019, -0,3% en 2020, et de remonter à 2,3% en 2021. Notons cependant que les Comores, comme la majorité des États, n’ont pas été épargnées par la crise sanitaire provoquée par la Covid-19. Les résultats ne sont néanmoins pas satisfaisants, même si Azali Assoumani ne cesse d’émettre des promesses à son peuple. « Nous venons de poser la première pierre pour une nouvelle ère, la pierre de l'espoir de voir les Comores sortir rapidement de la trappe du sous-développement pour devenir un pays avec une économie prospère où l'État de droit, la paix, la sécurité et la stabilité seront solidement ancrés », déclare celui qui a pris le pouvoir par un coup d’État lors de son discours de clôture en 2019.

25% DU PIB

C’EST CE QUE REPRÉSENTENT LES ENVOIS D’ARGENT DE LA DIASPORA COMORIENNE, LARGEMENT INSTALLÉE EN FRANCE. La rancœur du peuple mahorais, exprimée par Estelle Youssouffa en commission, quant aux aides françaises aux Comores, tient aussi dans les propos impérialistes du dirigeant voisin. Un an avant l’obtention de ce Plan Comores émergent, Son Excellence déclare au Figaro : « Les Comoriens ne seront jamais illégaux à Mayotte ! ». Le 14 juillet dernier, il assiste au défilé militaire de la fête nationale, avant de revendiquer « l’île comorienne de Mayotte » devant les Nations unies, fin septembre. Une hypocrisie qui ne tient donc pas compte des aides françaises, ni des entreprises hexagonales implantées sur l’archipel : Colas, Lafarge, Camusat, Telco, Eiffage ou InnoVent emploient par exemple des Comoriens.

UN POUR TOUS, TOUS POUR L’UNION Outre les apports de l’État français, l’archipel peut aussi compter sur les siens qui y sont installés. L’apport de la diaspora comorienne au pays est considérable : les transferts d’argent des expatriés représentaient 12% du PIB en 2019, 15% en 2020, pour atteindre les 25% aujourd’hui ! Ces chiffres font facilement entrer l’Union sur le podium des principaux bénéficiaires de transferts de fonds en Afrique subsaharienne. Les recettes de ces envois d’argent dépassent même le volume des exportations comoriennes, contribuant sans aucun doute à l’amélioration du pouvoir d’achat et des conditions de vie des ménages comoriens. Et là encore, la France n’y est pas innocente. Alors que la population des Comores était de 777 435 habitants en 2015, 562 000 Comoriens habitaient à l’étranger, selon les données de la Banque mondiale, dont une grande part en France. On estime aujourd’hui que 400 000 ressortissants comoriens y vivent, dont environ 125 000 à Mayotte. On peut donc en conclure que l’impressionnant apport financier de la diaspora de l’archipel est majoritairement constitué sur les terres françaises, qu’elles soient hexagonales ou ultramarines. L’ancien président des Comores, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, ne s’y trompait pas, lorsqu’il déclarait dans une énième provocation que « Marseille est la cinquième île des Comores », sous-entendant que Mayotte était la quatrième. n

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DOSSIER

Abdou Moustoifa, correspondant à Moroni

ÉCONOMIE

COMORES : QUE DEVIENNENT LES MILLIONS D’EUROS DE L’AFD ?

A TRAVERS L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT, PARIS A DÉBLOQUÉ 104 MILLIONS D’EUROS ENTRE 2014 ET 2018, SELON LES DONNÉES D’UNE NOTE DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DU TRÉSOR, CONSACRÉE À L’AFRIQUE DE L’EST ET L’OCÉAN INDIEN EN CIBLANT PRINCIPALEMENT CINQ SECTEURS CLÉS DONT LA SANTÉ, L’ÉDUCATION OU ENCORE L’ENVIRONNEMENT. MAIS SUR LE TERRAIN, CETTE AIDE EST SOUVENT MOINS VISIBLE, COMPARÉ AUX RÉALISATIONS DES AUTRES PARTENAIRES AU DÉVELOPPEMENT DE L’UNION DES COMORES, TELS QUE LA CHINE OU LES PAYS DU GOLFE, QUI COMMENCENT À FAIRE DE L’OMBRE À LA FRANCE.

Le 22 juillet 2019, le président comorien, Azali Assoumani, et son homologue français, Emmanuel Macron, ont signé en grande pompe à Paris un accord-cadre qui actait la fin de longs mois de crise diplomatique. Dans cette convention, la France s’est engagée à mobiliser sur une période de trois ans 150 millions d’euros, soit 73 milliards de francs comoriens, en faveur du développement de l’archipel, classé parmi les plus pauvres du monde. En échange, les Comores traqueraient depuis l’île d’Anjouan, ses ressortissants qui voudraient rejoindre l’île sœur de Mayotte. Dans le sérail, l’accord est plébiscité en raison du montant alloué par Paris, qui fait partie des plus importants partenaires bilatéraux de ces quelques îles situées au nord du canal de Mozambique. En effet, le pays a toujours été sur la liste des bénéficiaires de l’aide publique au développement (APD). Par le biais de ce programme, la France soutient les pays moins avancés, avec une attention particulière sur l’Afrique. Comme un peu partout, aux Comores, tout est géré par l’Agence française de développement qui

pilote tous les projets. Entre 2008 et 2017, l’AFD a engagé plus de 74,2 millions d’euros. L’agence apporte une assistance technique. Les secteurs prioritaires choisis sont les suivants : l’eau, le climat, l’environnement, la santé et enfin l’éducation.

ACCÈS AUX SOINS Mais de tous ces projets, le programme d’appui au secteur de la santé aux Comores (Pasco) est celui qui sert de vitrine. Lancé en 2007, celui-ci vise des objectifs spécifiques, à savoir le renforcement du cadre institutionnel et des capacités du ministère de la santé, mais aussi l’amélioration de la disponibilité, ainsi que la qualité des soins, plus particulièrement en matière de santé maternelle néonatale. Le projet doit se développer en trois phases : l’amélioration des services de base et l’accès aux soins obstétricaux ; la formation du personnel paramédical et la prise en charge des maladies non transmissibles. En termes de réalisations, l’on peut mettre dans le panier la réhabilitation de cinq hôpitaux,

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Azali Assoumani et Sylvain Riquier, ambassadeur de France aux Comores, lors du lancement du projet Afidev.

dotés d’équipements médico-chirurgicaux, dont cinq ambulances médicalisées. Au total, 26,6 millions d’euros (12,799 milliards de francs) ont été investis dans le système sanitaire des Comores à travers ledit projet, dont la durée est de 15 ans, selon les chiffres publiés sur le site de l’AFD. Près de 21 000 femmes enceintes auraient bénéficié d’un accès facilité aux soins pendant leurs grossesses, grâce à une subvention des soins obstétricaux. D’après la lettre de service économique de l’Afrique de l’Est et de l’océan Indien, publiée en novembre 2020, l’Agence a débloqué 104 millions d’euros entre 2014 et 2017. Pendant la même période, seule la Banque mondiale a fait mieux avec 48 millions à en croire toujours ce bulletin mensuel se basant sur les statistiques du ministre de l’économie français.

104 MILLIONS D’EUROS DE 2014 À 2017 En dix ans, l’AFD, acteur incontournable de la diplomatie française, affirme avoir financé 25 projets. Sur la période allant de 2013 à 2017, la répartition des apports de se

décline ainsi : 46% pour l’éducation, 23% dédiés aux infrastructures et services sociaux et 6% pour l’aide alimentaire. D’autres fonds moins significatifs ont été constatés dans le secteur financier et environnemental. En plus de ces montants déboursés au cours de ces dix dernières années, la France s’est engagée, à travers un accord-cadre renouvelé entériné à Paris, à mobiliser 150 millions d’euros, sur la période 2019-2021. Un plan de développement France-Comores (PDFC) a en outre été signé au mois de mars 2021, marquant le lancement officiel des activités. Mais en raison de la bureaucratie qui caractérise souvent les projets des Occidentaux, et l’arrivée de la pandémie du coronavirus, la plupart des projets ont pris du retard. Ce n’est que l’année dernière que les choses sérieuses ont commencé, toujours sous la houlette de l’AFD. Les domaines ciblés : la santé (44 millions), l’insertion économique et professionnelle des jeunes (45 millions) et enfin la dynamisation du tissu économique générateur d’emplois durables dans les zones rurales, notamment via la relance des filières agricoles d’exportation (58 millions d’euros).

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DOSSIER

Nourdine Abdallah, coordinateur du projet Bundo la malezi.

VANILLE, YLANG-YLANG Sur ce dernier sujet, Expertise France, l’autre instance qui coordonne avec l’AFD certains projets du PDFC, a déjà lancé Afidev. Le coup d’envoi a été donné le 16 septembre 2021, en présence du chef de l’État comorien, Azali Assoumani, et de l’ambassadeur français aux Comores, Sylvain Riquier. Le projet, qui s’étale sur quatre ans, est doté d’une enveloppe de 7,3 milliards de francs comoriens (14,8 millions d’euros), et vise à renforcer la compétitivité des trois principales cultures de rente du pays : l’ylang-lang, le girofle et la vanille. « L’enjeu est surtout d’améliorer les conditions de vente dans les pays importateurs des produits comoriens et de contribuer à la promotion du made in Comoros », avait déclaré l’ambassadeur de France à cette occasion. Et le ministre comorien de l’agriculture de souligner que grâce au projet Afidev, qui selon ses mots « traduit les relations séculaires entre Paris et Moroni », les volumes de production du girofle augmenteraient de 40% et de 200% pour la vanille. Notons que le pays tire 80% de

ses revenus d’exportation du clou de girofle, de la vanille préparée et de l’huile essentielle d’ylang-ylang (70 tonnes sont exportées par an). Actrice importante de l’économie de l’archipel, la diaspora a aussi été incluse dans un projet, d’un montant de 2,4 milliards de francs comoriens (4,8 millions d’euros). Rappelons que la diaspora comorienne, estimée à 400 000 personnes établies en France, contribue à plus de 25% du PIB national grâce aux devises qu’elle envoie tous les mois. Pendant que l’on prédisait une contraction à cause de la pandémie ailleurs, les volumes des fonds transférés au pays par la diaspora comorienne ont, à la surprise générale, augmenté de 32,4% en 2020, d’après les données de la banque centrale des Comores. Les montants sont en effet passés de 80,3 milliards à 106,3 milliards de francs comoriens entre 2019 et 2020.

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RÉHABILITATION DE 45 ÉTABLISSEMENTS Au niveau de l’éducation, c’est Bundo la malezi (« construction de l’éducation ») qui a été choisie pour coordonner tous les projets du secteur. « Nous avons le PGEC, le Projet performance et gouvernance de l’éducation aux Comores, financé par l’AFD à hauteur de 6 millions d’euros, le Paes et enfin le Peps, bénéficiant de 1,5 million dans le cadre du PDFC", explique d’abord le coordinateur, Nourdine Bourhane. Au niveau du PGEC, qui prendra fin en 2024, seuls 33 établissements publics dont 18 écoles primaires et 15 collèges ont été sélectionnés. « On intervient d’abord pour améliorer le pilotage au niveau local en incluant les parents, les directeurs, les enseignants au travers des formations. A la fin, l’établissement doit être capable d’élaborer et de gérer un projet bancable. Nous suivrons aussi son exécution », poursuit Nourdine, ancien gestionnaire du projet Prepec. S’agissant des formations, le projet prévoit de renforcer l’Ifere, l’Institut de formation des enseignants de recherche en éducation, afin qu’il devienne une sorte d’école pilote qui appuiera la professionnalisation des métiers de l’éducation. Toujours sur le même volet, un accent sera mis sur le développement des

filières techniques et scientifiques, en poussant les enseignants à faire plus de pratique avec les élèves. Des encadreurs pédagogiques ont déjà bénéficié de trois formations. Après cette phase s’ensuivront des travaux de réhabilitation et de construction de six établissements scolaires. « Le projet Paes est doté de 19,9 millions d’euros, dont le principal objectif est d’améliorer l’environnement scolaire. Il financera la réhabilitation de 45 établissements ", continue Nourdine Bourhane. La dernière composante du projet de Bundo la Malezi est le Peps, axé sur l’accès pérenne de tous les enfants des Comores à des activités physiques et sportives. L’exécution de celui-ci a été confié à l’ONG Play international. Mais malgré ces annonces d’aide, la France garde la réputation de ce pays qui ne finance que des projets insignifiants, dont la plupart des montants promis paient les missions d’assistance des experts qu’elle dépêche elle-même. L’arrivée d’autres partenaires, moins regardants sur les droits de l’Homme et prêts à financer des projets d’envergure, remet en question l’influence de l’ancienne puissance colonisatrice. n

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Abdou Moustoifa, correspondant à Moroni

COMORES

L’AIDE FRANÇAISE, DU « SAUPOUDRAGE » SELON LA SOCIÉTÉ CIVILE

DANS UN ACCORD SIGNÉ EN 2019, LA FRANCE A PROMIS À L’UNION DES COMORES UNE ENVELOPPE DE 150 MILLIONS D’EUROS DESTINÉS À SON DÉVELOPPEMENT. MAIS POUR LA SOCIÉTÉ CIVILE COMORIENNE, CES AIDES NE SONT QUE DE LA « POUDRE DE PERLIMPINPIN », PUISQU’IL N’Y A JAMAIS EU UNE RÉELLE VOLONTÉ DE LA FRANCE D’AIDER L’ARCHIPEL À DÉCOLLER ÉCONOMIQUEMENT. photos des projets qu’elle appuie. Cette campagne de promotion n’a rien d’anodin. En effet, tous ces projets destinés à des ONG locales font partie de ceux qui ont été sélectionnés dans le cadre du plan de développement France-Comores (PDFC), doté de 150 millions d’euros. Vanté ici et là depuis sa signature en 2019, cet accord est considéré comme le plus ambitieux et capable d’amorcer un décollage économique de l’archipel. Mais ces promesses peinent à convaincre la population. « La France fait semblant de nous aider pour à la fois nous empêcher d’aller de l’avant, mais aussi pour conquérir des positions, une sympathie. Genre le meilleur partenaire », croit savoir Mohamed Idriss, président du parti Ukumbozi.

Idriss Mohamed, président du parti Ukombozi.

Unité de distillation d’ylang-ylang, accompagnement d’une microentreprise de production d’œufs, ou encore restauration d’un ancien vestige du palais royal situé à Mutsamudu, chef-lieu d’Anjouan… Le mois dernier, sur sa page Facebook, l’ambassade de France aux Comores a partagé plusieurs

PROJETS SANS INCIDENCE Un avis que partage Fatuma Mohamed Eliyas, militante et créatrice de mode. « Après la fin de la période des coopérants lesquels avaient été envoyés sur place, au lendemain de l’indépendance, la France a adopté une nouvelle politique de coopération basée sur l’aide publique au développement via les organismes internationaux, notamment l’Onu ou l’Union

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contents et reconnaissants envers la France mais l’argent n’aura servi à rien », analyse le leader du mouvement Ukumbozi.

Nadia Tourqui, consultante indépendante en gouvernance et évaluation de projets.

Européenne. Mais ce soutien n’est pas visible », remarque-telle, non sans souligner que seule la coopération militaire reste perceptible. Dans les autres secteurs en revanche, à l’instar de l’éducation, l’aide française n’est autre que du « saupoudrage », alors qu’elle peut faire beaucoup, poursuivra celle qui fut directrice de cabinet du ministre de l’Éducation, après l’arrivée au pouvoir d’Azali Assoumani, en 2016. « Depuis qu’elle est partie en 1976, la France n’apporte pas l’aide qu’il faut au niveau du système éducatif, mis à part des projets sans réelle incidence. Souvent, ce sont des appuis institutionnels, fourniture d’ordinateur, d’encre, mais rien de concret », se targue-t-elle. Un statu quo que l’ancien président du comité Maoré, Idriss Mohamed, résume par ces mots. « La France n’a aucun intérêt à nous aider tout simplement parce que plus la situation est mauvaise, plus sa mainmise sur Maoré sera forte. C’est un principe à bien comprendre », réitère-t-il, prenant l’exemple des 150 millions d’euros promis par Emmanuel Macron, soumis selon lui à des conditions.

QUE DE LA RECONNAISSANCE « Les Comores doivent d’abord lutter contre l’immigration vers Mayotte. Ensuite, l’argent est géré par expertise France, agence française qui en prend une bonne partie pour son fonctionnement avec ses experts français. Elle accorde souvent les subventions aux entreprises comoriennes, de préférence de la diaspora, ce qu’on appelle aide au retour. Et puis donner moins de 10 millions de francs à une entreprise ne lui permet pas de s’investir et ni de se développer réellement. Ceux qui reçoivent l’argent sont

De son côté, Fatuma Mohamed Eliyas pense que la France doit revoir sa politique de coopération avec les Comores pour que celle-ci soit axée sur des objectifs biens concrets, réels, quantifiables pour la population, « parce qu’actuellement si tu demandes à un Comorien ce que la France apporte au pays, il répondrait rien, à part les visas », assuret-elle. Pourtant, cela fait plus de 15 ans que l’Agence française de développement finance différents projets, de la santé jusqu’à l’éducation, en passant par le secteur financier. Et ce n’est pas tout. Dans le cadre du PDFC, les fonds de certains projets sont déjà débloqués, comme les 19,9 millions d’euros du projet d’amélioration de l’environnement scolaire (Paes) sur une période de cinq ans. Une autre enveloppe de 16 millions d’euros devrait également être affectée au programme d’assurance maladie généralisée. Les résultats seront-ils au rendezvous une fois le délai achevé ? Pas sûr. Toujours est-il qu’il faut identifier les vrais problèmes.

PARTENARIAT MAL CONCLU ET ABSENCE DE VISION L’efficacité d’une aide doit plutôt être analysée dans sa globalité, souligne Nadia Tourqui. « Car chaque bailleur de fonds présent aux Comores définit avec les autorités les domaines d’intervention. Donc si ça ne marche pas, il faut questionner la qualité du partenariat entre les deux parties », insiste cette ancienne fonctionnaire des Nations Unies et membre actif de plusieurs organisations de la société civile. Elle estime surtout que l’engagement réel du pays bénéficiaire dans l’atteinte des objectifs fixés ne peut être ignoré. « Logiquement, un projet est là pour initier un mouvement, et le budget national devrait prendre le relai à la fin du projet. Or ça ne se passe pas de cette façon. On monte projet sur projet, le jour où le bailleur part, tout s’écroule », regrette Nadia, qui travaille depuis 2016 en tant que consultante indépendante dans la gouvernance et évaluation des programmes. Les causes ? Elle cite l’absence de vision, le manque de compétences et de mécanismes de pérennisation des projets. Un constat partagé par Fatuma Mohamed Eliyas, qui affirme que 40% des fonds servent à payer des missions d’assistance technique. « La faiblesse et la lourdeur de nos institutions y contribuent. Donnez ces 150 millions à nos voisins mauriciens. Je vous assure qu’ils les utiliseraient sur des projets concrets en un an », parie-t-elle. n

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Propos recueillis par Axel Nodinot

UCHRONIE

À QUOI RESSEMBLERAIENT DES COMORES FRANÇAISES ? ET SI LES COMORES N’AVAIENT PAS DÉCLARÉ LEUR INDÉPENDANCE EN DÉCEMBRE 1974, PRÉFÉRANT L’OPTION, RETENUE PAR LE PEUPLE MAHORAIS, DE DEVENIR DÉPARTEMENT FRANÇAIS ? NOUS IMAGINONS CE QU’AURAIT PU DONNER LA SITUATION EN 2022, 48 ANS PLUS TARD, EN COMPAGNIE DE KIRA BACAR ADACOLO, POLITISTE ET PUBLICISTE, SPÉCIALISÉ DANS L'ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES INSTITUTIONNELLES, ET AUTEUR DE LA PERCEPTION DE LA TRANSFORMATION DE MAYOTTE EN DÉPARTEMENT D’OUTRE-MER (2011), LÉGENDE D’UN PROMONTOIRE (2020), ET D’UN ESSAI D’ÉVALUATION DE LA DÉPARTEMENTALISATION DE MAYOTTE (2021). des Comores allaient rester un territoire d'outre-mer parce que le reste des Comores n'a jamais voulu de la départementalisation. Les intellectuels comoriens ont toujours voulu leur indépendance. Donc je crois que s’ils étaient restés français, soit ils allaient rester dans le statut de TOM, ou bien devenir des collectivités d’outre-mer, mais en réalité, c'est la même chose. M.H. : Comment les choses s’organiseraient ? Un seul Conseil départemental, plusieurs députés ?

Mayotte Hebdo : Si, dans les années 1970, la population des trois îles comoriennes avait choisi, comme les Mahorais, de devenir françaises à part entière, qu’est-ce que ça donnerait aujourd’hui, et notamment politiquement ?

K.B.A : Peut-être que l'on ne serait pas un seul département, mais plusieurs, ainsi qu’une région, pourquoi pas ? Ça aurait été l'une des configurations possibles, parce que ces territoires différents auraient très bien pu évoluer distinctement en collectivité. Une seule région et quatre départements, donc.

Kira Bacar Adacolo : Je pense que si les Comores étaient restées françaises après la consultation d'autodétermination de nos atolls, il y a deux hypothèses. Soit l'ensemble

M.H. : En se plaçant du point de vue mahorais, est-ce que ça voudrait dire que Mayotte aurait peut-être moins d'importance vis à vis de l'État français ?

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K.B.A. : Forcément, parce que dans un ensemble comorien, la Grande Comore et Anjouan sont beaucoup plus importantes en termes de population et de superficie. Je crois que le choix qu'ont fait les Mahorais de rester dans le giron français a été motivé par le fait que l’on perdait à être intégré dans l’ensemble comorien. Mayotte est devenue une colonie française en 1841, tandis que la Grande Comore est devenue protectorat français en 1886. C'est à partir de 1912, par décret officiel de l'État français, que Mayotte et les Comores font partie intégrante du territoire français, elles étaient d’ailleurs rattachées à Madagascar. La France s'était installée beaucoup plus tôt à Mayotte que sur les autres îles. Mais avec le transfert de la capitale dans les années 1960 à la Grande Comore, Mayotte a perdu de l'importance. Et c'est pour ça d'ailleurs que les femmes, les Chatouilleuses, se sont soulevées et rebellées. M.H. : L’un des plus grands problèmes de Mayotte, actuellement, est l’immigration. Dans cette hypothèse de collectivité comorienne, la libre circulation serait logiquement en vigueur. Comment cela se traduirait-il ? K.B.A. : Je suis convaincu que nous ne vivrions pas cette problématique. D'ailleurs, est-ce qu'avec l'influence qu'aurait encore plus la Grande Comore, puisque c'était le cas, tout le monde n’irait pas travailler là-bas, nous y compris ? Soit on serait traités de manière équitable par l'État central français et chacun aurait son administration,

et dans ce cas la population et les entreprises restent chez soi. Soit les choses auraient continué. On aurait toujours pu se rencontrer, puisque les administrations auraient été communes, mais transférées à la Grande Comore. Peut-être donc que nous aurions connu une situation migratoire inverse, où les Mahorais iraient s'installer plus à Grande Comore que l'inverse. M.H. : D’un point de vue régional, et commercial, une telle collectivité aurait plus de poids démographique et économique que les îles voisines, La Réunion y compris ? K.B.A. : Les gens qui ont vécu la période où Mayotte faisait partie des Comores auraient pu mieux expliquer cette situation. Mais en tous cas, je pense que si l'ensemble des Comores était français, elles auraient plus de poids. 800 000 habitants, plus les 300 000 Mahorais, plus les deux diasporas, on rivalise déjà en termes de population. Je pense aussi que l'économie serait meilleure, il suffit de regarder ce qu’il se passe entre Mayotte et les Comores, avec un PIB beaucoup plus élevé ici. Du coup, cette région fictive dont on parle ici aurait plus de puissance économique, rivaliserait certainement avec La Réunion, et influerait sur les relations commerciales avec l'Afrique de l'Ouest et Madagascar, certainement. Aujourd’hui, Mayotte est seule, entre le marteau et l'enclume, finalement, parce que La Réunion nous met des bâtons dans les roues, les Comores encore plus. Ce n’est pas aussi facile qu'on le dit. n

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Geoffroy Vauthier

ARCHIVES

2019 : LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ÉTRILLE L'UNION DES COMORES

SUITE À LA MISSION MENÉE EN OCTOBRE DERNIER EN UNION DES COMORES PAR UNE DÉLÉGATION DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE, UN COMPTE RENDU A ÉTÉ FAIT AUX DÉPUTÉS MEMBRES DE LADITE COMMISSION AU MOIS DE DÉCEMBRE. UN RAPPORT SANS CONCESSION SUR L’ÉTAT DU PAYS ET SUR LA POLITIQUE QUI Y EST MENÉE. MORCEAUX CHOISIS.

Au mois de janvier 2017, la Commission des Affaires étrangères examinait une convention d’entraide judiciaire en matière pénale entre la France et l’Union des Comores. « Beaucoup d’entre nous avait exprimé à cette occasion leurs inquiétudes à propos de Mayotte et la pression migratoire qui s’exerce sur l’île et ses différents services publics. Le rôle de notre aide publique au développement avait également fait l’objet de nombreuses interrogations », rappelle Marielle de Sarnez, présidente de ladite commission. En conséquence, une délégation de celle-ci, menée par les députées Laëtitia Saint-Paul, Monica Michel, Annie Chapelier, et Bérangère Poletti, s’est rendue en octobre dernier dans les îles voisines – à l’exception d’Anjouan, alors en situation quasi insurrectionnelle – pour se rendre compte de la situation du pays, et donc des rouages de l’immigration clandestine : « Nous avons souhaité bien comprendre la situation (…). Nous sommes allées partout : de la déchetterie à ciel ouvert à la prison, aux commissariats, aux hôpitaux », détaille Laëtitia Saint-Paul, rapporteure de la délégation dans le compte rendu fait à la Commission en décembre dernier. Et le moins que l’on puisse dire est que les quatre

responsables politiques ont été étonnées de ce qu’elles ont trouvé en Union des Comores.

« DE SURPRISE EN SURPRISE » Un étonnement résumé par Annie Chapelier en une phrase : « À l’instar de mes collègues, j’ai été de surprise en surprise, et bien des choses se sont éclairées lorsque j’ai découvert certains fonctionnements. » En cause : une gestion calamiteuse et un flou artistique total dans les politiques menées par l’Union des Comores pour son propre territoire. « J’en suis revenue avec plus de questions que de réponses », concède également Bérangère Poletti, précisant : « C’était un déplacement difficile. On était confrontées à un territoire en grande difficulté. J’ai déjà fait un déplacement au Niger, un pays très pauvre, et j’ai trouvé que ce déplacement aux Comores était plus compliqué. » Autant dire que peu semblaient auparavant avoir conscience des défaillances de gestion qui ont cours dans le pays. Chose désormais corrigée : « Vous avez pu prendre la mesure de la situation aux Comores », a souligné Marielle de Sarnez après cette première visite d’une délégation de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale aux

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Comores. Manque de moyens, rôle insuffisant de la diaspora, mauvaise volonté, corruption, absence de qualifications : c’est un rapport sans concession à l’égard de nos voisins que dresse la Commission, en souhaitant que, sous peu, se mette en place un groupe d’étude qui dressera une feuille de route sur la conduite à tenir, notamment en termes d’aide au développement versée par la France. Le sénateur Thani Mohamed Soilihi, présent lors du compte rendu, a déclaré devant la Commission être « très content de ce que [qu’il a] entendu », saluant la « qualité, l’exhaustivité, et la rigueur intellectuelle » du rapport : « Vous permettez à la représentation nationale d’être éclairée. C’est ça la première lueur d’espoir, car cela n’était pas valable avant. Comment voulez-vous prendre les bonnes décisions si le bon diagnostic n’a pas été fait. Or, je viens d’assister à un excellent diagnostic sur la situation des Comores. » Et d’espérer qu’une « ère nouvelle s’ouvre dans les relations entre la représentation nationale et Mayotte, car des clichés existent encore », faisant référence à la question d’un député relatif à la « colonisation » de Mayotte : « Les bras m’en tombent », a illustré le sénateur,

rappelant « qu’il n’y avait pas eu de colonisation [de Mayotte] par la France », mais une « demande de protection » de l’île.

SUR LE SOUTIEN DE L’ARABIE SAOUDITE ET LES RISQUES DE RADICALISATION RELIGIEUSE Parmi les constats faits sur place par la délégation : celui d’un soutien pécuniaire très présent et visible de l’Arabie Saoudite. « En matière d’aide financière, l’Arabie Saoudite jour un rôle indéniable pour les Comores, avec une aide budgétaire de l’ordre de 40 millions de dollars en 2017 », rappelle à ce titre la députée des Bouches-duRhône, Monica Michel. Une manne pour les Comores, mais aussi une source d’inquiétude pour les quatre élues françaises de la commission, notamment en ce qui concerne une possible radicalisation religieuse de la population comorienne, comme le détaille Monica Michel : « Les états du golfe, et particulièrement l’Arabie Saoudite, y exercent [aux Comores] une influence croissante. Alors que le président Sambi était tourné vers l’Iran, le

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président Azali est résolument aligné sur l’Arabie Saoudite, à tel point que les Comores ont rompu leurs relations avec l’Iran et plus récemment avec le Qatar. L’islam sunnite de rite chaféite est la religion de 98 % de la population et la révision constitutionnelle lui a conféré le rang de religion d’État. Dans les faits, il semblerait que les populations chiites, largement minoritaires, fassent l’objet de mesures répressives, portées au plus sommet de l’État. » Et d’ajouter plus largement : « On constate une tendance à la radicalisation de certains individus, devenue un sujet d’inquiétude aux Comores. Or, elle tient en partie à l’influence d’imams formés à

l’étranger, dans les états du Golfe, au Soudan, ou encore au Pakistan. Compte tenu de la proximité de Mayotte, nous ne pouvons ignorer cette question, bien que l’on n’observe pas à ce jour de radicalisation violente. » Malheureusement, la délégation fait également le constat que faute de moyens nécessaires, peu de choses sont entreprises pour lutter contre ce phénomène, ce que souligne Laëtitia Saint-Paul, rapporteure de la mission : « Les Comores ne sont pas épargnées par la montée de l’extrémisme religieux. Rien n’a vraiment été entrepris dans le pays pour lutter contre la radicalisation. Les autorités

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considèrent en effet le chiisme comme une menace plus importante que le sunnisme radical. Quelques actions isolées ont été entreprises, comme des campagnes de sensibilisation de la jeunesse, mais elles manquent cruellement de moyens [et] autant dire qu’elles n’en ont pas. Le ministère de l’Intérieur [des Comores] a récemment mis en place un dispositif de recensement des imams dont le but est à terme d’imposer la délivrance d’une carte pour autoriser les prêches. » Et puis, pour finir, cette présence saoudienne interroge quant à ses conséquences sur le développement du pays : « Cette influence a des effets discutables sur le développement des Comores. Par exemple, au nord de la Grande Comore, où nous nous sommes rendus, un hôtel qui était la source d’environ 400 emplois financés par le Qatar a été détruit », déplore Monica Michel. Les rivalités entre nouveaux et anciens soutiens : un problème dont l’Union des Comores gagnerait à éviter.

SUR LES AIDES FINANCIÈRES DE LA CHINE Alliée de poids – elle a été un des premiers pays à reconnaître les Comores sur la scène internationale et les soutient dans ses revendications territoriales sur Mayotte –, la Chine est elle aussi très présente chez nos voisins. Une présence loin d’être désintéressée, évidemment, qui se traduit par des aides financières accordées sans condition. Pas de quoi encourager le développement du pays à long terme. La députée Monica Michel l’explique : « La Chine est un autre acteur désormais incontournable. Elle apporte une aide financière sans condition pour construire des édifices visibles, sans s’inscrire dans une approche durable du développement. La Chine a ainsi financé la rénovation de l’Assemblée des Comores [et] doit également reprendre le projet de port en eau profonde de Moroni, duquel l’Union européenne a du se retirer, faute de respect de la conditionnalité des aides. » D’ailleurs, « plusieurs interlocuteurs nous ont conseillé de prendre davantage exemple sur la Chine, qui fournit des aides sans condition. » Un exemple ? Celui de l’Assemblée nationale de l’Union des Comores, située avenue… de la République populaire de Chine : « [elle] a notamment investi dans le bâtiment de l’Assemblée nationale il y a une dizaine d’années (…) Ce bâtiment va faire l’objet d’une rénovation, a priori sans contrepartie d’après ce qu’il nous a été expliqué. Par ailleurs, la Chine est en train de déployer des travaux reliant Moroni à Mitsamiouli. (…) Il s’agit de dons, probablement, mais tout n’est pas gratuit. » En s’interrogeant : « Que se passe-t-il en matière d’échanges avec la Chine ? Ce que je comprends est que l’Union des Comores importe pas mal de produits en provenance de Chine. Ma conclusion est donc qu’à ce jour, la contrepartie se fait de cette façon-là ». De l’import oui, mais aussi peut-

être des avantages accordés à l’Empire du Milieu. C’est par exemple le cas à Mohéli où, « comme le responsable du Parc marin nous l’expliquait, le gouvernement envisage d’offrir à des investisseurs chinois ce parc, qui est un parc de protection de l’environnement, pour exploiter le homard », remarque Annie Chapelier, députée du Gard et qui, pour l’anecdote, a vécu à Mayotte.

SUR LA DIASPORA Énorme source potentielle de revenus pour le pays – « [Elle] représente 25 % du PIB, c’est vous dire l’importance que cela peut représenter » –, l’apport économique de la diaspora ne sert pourtant pas le développement du pays. Constat de la délégation sur place à travers la voix de Bérangère Poletti, députée des Ardennes : « On a entendu des commentaires de Comoriens qui étaient assez étonnants, puisque cette aide de la diaspora n’est absolument pas mise en réseau, absolument pas organisée. Elle est envoyée aux familles de chanceux, qui ont dans leurs familles des Comoriens à l’étranger qui envoient de l’argent et qui arrivent ainsi à se payer plus de frais médicaux, plus de scolarité, mais absolument pas pour organiser le territoire. On a entendu par exemple, sur la Grande Comore, que les gens ne se pressaient pas beaucoup pour aller travailler parce qu’ils avaient cette sécurité. » Une remarque partagée par Laëtitia Saint-Paul : « Avoir une diaspora aussi peu organisée fait que les envois financiers sont en ordre dispersé, et donc ne profitent pas au pays. (…) nous avons vu des dizaines et des dizaines de personnes ne rien faire de la journée, attendre dans les rues devant Western Union parce que si le salaire mensuel moyen est à 300 euros, et bien c’est plus simple d’attendre le chèque de la diaspora ». Plus largement, la question du retour de cette diaspora pour contribuer au développement du pays est abordée, notamment en ce qui concerne les étudiants : « Des centaines d’étudiants partent à l’étranger (…) et ne repartent jamais dans leur pays. Et comme ils n’y retournent pas, ils ne concourent absolument pas au développement des Comores. (…) L’une des clés de la réussite pour les Comores est d’imposer pour chaque étudiant qui va à travers le monde, de revenir dans son pays [pour] que ce soit un investissement. (…) L’une de nos conclusions est ce lien entre les étudiants comoriens et leur pays. Que ces personnes concourent au développement, qu’ils en soient acteurs. » Et puis, les binationaux sont eux aussi au centre des débats. « On estime à 500 000 les binationaux, qui sont en France ou en Grande Comore essentiellement – les Anjouanais et les Mohéliens ont peu de doubles nationalités franco-comorienne alors que les Grands Comoriens le sont quasiment tous. Cette situation n’encourage pas au développement des îles puisque les édiles et classes supérieures dirigeantes, qui sont principalement grandes comoriennes, font leurs études en France, viennent

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s’y faire soigner et ne voient pas pourquoi elles chercheraient à développer leur pays », est-il déploré.

SUR L’IMMIGRATION À MAYOTTE À l’origine de ce déplacement en Union des Comores : la situation de Mayotte et les flux migratoires que notre île connait. C’est donc tout naturellement que la problématique de l’immigration clandestine a été abordée : « 42 % environ de la population mahoraise serait d’origine étrangère, dont plus de la moitié, jusqu’à 80 %, serait en situation irrégulière. Les flux entrants sont estimés entre 25 000 et 30 000 personnes par an, pour 18 000 à 20 000 reconduites annuelles. Si les autorités comoriennes ont pu faire valoir la présence de migrants africains originaires des Grands Lacs, qui transiteraient par les Comores pour se rendre à Mayotte, les flux seraient essentiellement constitués de Comoriens, et notamment d’Anjouanais. » Des flux que rien ne semble pouvoir arrêter, faute de moyen nécessaire : « Sur Grande Comore, la police disposait d’un seul véhicule pour toute l’île, ils n’ont donc, aux Comores, absolument aucun moyen pour contrôler l’immigration irrégulière qui transite par leurs îles. Leurs moyens sont trop rudimentaires [et] ce ne sont donc là que des estimations. Je pense qu’elles peuvent assez honnêtement être revues à la hausse. Face à la situation de saturation des services publics à Mayotte, écoles et hôpitaux notamment, la problématique migratoire reste entière. Tout en sachant que, d’après le préfet de Mayotte (…), si la France fait un effort massif à Mayotte pour améliorer tous les services publics, cela aurait pour conséquence d’augmenter la pression migratoire, l’amélioration de la situation à Mayotte ne passe que par l’amélioration de la situation aux Comores. »

SUR LA POTENTIELLE PRÉSENCE DE PÉTROLE Source d’espoir pour nos voisins : la présence potentielle de pétrole dans leurs eaux territoriales. De quoi enrichir le pays : « Il s’agit de pétrole offshore essentiellement. Les Comoriens fondent de grands espoirs sur cette exploitation. Au vu de ce que nous avons pu entendre auprès de l’ambassade et des ministères [comoriens], cela repose pour le moment sur un espoir plus que sur une exploitation réelle

à venir. Les ressources sont importantes, mais la difficulté d’exploitation en offshore fait que le rapport de revient n’est peut-être pas aussi intéressant que les Comores le voudraient », détaille la délégation qui complète : » S’il y a des signaux positifs, il y a tout de même une incertitude puisqu’il n’y a pas encore eu de forage (…) pour déterminer ce gisement et sa masse. Fait assez inédit, c’est une société britannique qui a été retenue pour conduire les explorations. C’est une société privée spécialisée dans les explorations en Afrique et en Amérique du Sud, ce quoi nous conduira à déterminer s’il y a ce gisement qui propulserait les Comores au sein des états plutôt riches. » Le 101ème département français pourrait d’ailleurs être concerné lui aussi puisque « Nous sommes sur un territoire ou Mayotte partage sa zone économique exclusive avec celle des Comores. La question se poserait à ce moment-là [de] l’implication de la France dans ce dossier. »

SUR LES BESOINS EN FORMATION, NOTAMMENT EN MÉDECINS Cela a été dit : faute de voir ses jeunes rentrer au pays après leurs études, les Comores manquent cruellement de personnels qualifiés pour se développer. C’est particulièrement vrai dans le secteur de la santé, où les besoins sont énormes. Pour autant, rien n’est vraiment envisagé pour y remédier, ce qu’illustre la délégation : « Nous sommes allées l’université où le fonctionnement est à l’image de tout ce qu’il se passe sur cette île, à savoir qu’ils sont dans une attente de l’extérieur. Tout ce qui est développement au niveau universitaire, même s’il y a parmi eux d’excellentes volontés(…), [connait] énormément de freins, tant au niveau administratif que politique. Les investissements sont détournés, les moyens sont pauvres, et il n’est pour le moment pas question de faire une fac de médecine. Je ne vous dirai pas quel est le nom de ce ministre, mais il m’a expliqué benoîtement que cela ne servait à rien de chercher à développer une fac de médecine pour former ses propres médecins sur place, puisque la France et les autres pays qui aident au développement des Comores feraient mieux de donner de l’argent pour offrir des billets d’avion et se faire soigner à l’extérieur, là où les systèmes de santé sont performants.(…) Par ailleurs, il y a des médecins qui sont formés essentiellement en France, mais qui ne reviennent pas; et puis

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d’autres médecins qui ont été envoyés (…) dans des pays d’Afrique anglophones, mais ne l’étant pas eux-mêmes [ils] n’ont pas pu suivre la formation. On voit qu’on est dans une véritable gabegie de l’enseignement. Ce n’est pas demain qu’il y aura une faculté de médecine à Moroni ou dans les autres îles. »

SUR LA GESTION DU PAYS « Sur place il est difficile de ne pas être frappé par les problèmes de gouvernance et par la corruption que l’on devine très vite, qui mine le pays », entame d’entrée de jeu la délégation. Il faut dire que les situations ubuesques sont nombreuses : « Par exemple, on a vu deux choses un peu surprenantes. Nous sommes allées visiter une grande déchetterie au-dessus de Moroni, où parviennent tous les déchets d’une urbanisation de plus en plus importante, et dans cette déchetterie arrivent depuis deux ans tous les déchets hospitaliers également. Normalement, il y a un incinérateur à l’hôpital [mais] il est en panne. Cela nécessite une réparation qui doit coûter entre 200 000 euros et 400 000 euros, mais on ne le répare pas et on envoie les déchets hospitaliers sur la déchèterie. Ils sont mis à part, mais sont à ciel ouvert. C’est quand même assez étonnant. À côté de ça, nous sommes allées visiter l’Assemblée nationale et pendant [cette visite], on nous a reproché, à la France, de ne pas faire suffisamment, de ne pas être assez présents, tout en nous expliquant qu’on allait entreprendre pour l’Assemblée nationale des grands travaux de rénovation sur un bâtiment qui doit avoir une dizaine d’années. On est quand même frappés par la corruption, car cela ne peut pas être autre chose. Ce n’est pas possible quand on voit ce genre de choix d’aller réparer un bâtiment public qui n’a que 10 ans – il n’y avait pas la climatisation, c’est ce qu’ils nous ont expliqué –, alors qu’à côté il y a d’autres choses [à faire]. » Le sort de l’hôtel Galawa Beach est aussi remis sur la table : « Il existait un site touristique, un magnifique hôtel payé par le Qatar, où

étaient salariées 400 personnes. Le jour où le Qatar est parti, personne n’a repris l’hôtel et l’État l’a démoli. On se demande pourquoi on n’a pas cherché à le remplacer ou même à le racheter, à le faire exister, etc. Il y a des décisions extrêmement étonnantes et surprenantes. » Quant au secteur de la santé, il n’est évidemment pas épargné par une gestion plus que douteuse des maigres fonds du pays : « S’il existe actuellement des hôpitaux et des infrastructures aux Comores, elles manquent cruellement de beaucoup de choses : de personnels qualifiés – il n’y a pas de faculté de médecine, juste des écoles de formation d’aides-soignants et d’infirmières qui sont bien en dessous du niveau requis –, et manque de moyens. Nous avons visité l’hôpital de Mitsamiouli. On ne peut pas imaginer un hôpital ainsi, pour une bonne raison : c’est un hôpital dépourvu de patients, dépourvu de médecins, et dans lequel il n’y avait pas d’eau, tout simplement. On imagine mal comment un hôpital aussi important, 600 places tout de même, peut fonctionner. Il n’y a pas de chirurgiens pour faire des césariennes alors qu’il y a une maternité, donc les patientes sont évacuées sur Moroni qui se trouve à plus de deux heures de route. Routes qui sont en partie refaites par les Chinois d’ailleurs. Et pourtant cet hôpital a reçu des fonds de façon régulière, entre autres de l’Agence française de développement. [Parmi] les médecins qui en font partie, il y a la ministre de la Santé, qui a en fait un cabinet privé. Les médecins étant très peu payés dans les hôpitaux, ils ont un exercice privé pour pouvoir tout simplement vivre, d’une part, mais également pour profiter de ce système. Les tarifs d’État, qui sont très bas, ne sont que très rarement appliqués et les patients doivent payer des suppléments qui rendent inaccessibles l’accès à ces soins. Le matériel médical est dans un état plus que déplorable. C’est une espèce de musée de l’histoire de la médecine lorsque vous allez d’une salle à l’autre. » Quant au tout récent hôpital de Bambao, à Anjouan, si la délégation n’a pu s’y rendre, elle se base sur le témoignage de Dominique Voynet, inspectrice générale des Affaires sociales, qui y a effectué une visite il y a quelques mois : « un hôpital tout neuf construit par les Chinois, clés en main, très performant. D’après le témoignage de Dominique Voynet, qui avait été mandatée et s’y était rendue l’été dernier, cet hôpital fonctionne a minima. C’est-à-dire que certains services dans lesquels il y a un matériel extrêmement performant ne sont pas utilisables car la maintenance n’est pas prise en compte. Ensuite il n’y a pas les personnes susceptibles de pouvoir les utiliser, et il y a un racket auprès des patients qui doivent débourser des sommes ne leur permettant pas d’accéder à cet hôpital. Il faut également signaler que s’il y a de l’eau dans cet hôpital, l’accès routier est extrêmement complexe. » n

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UNE ÎLE EN TRAVAUX

Alexis Duclos

UNE NOUVELLE ÉCOLE AUX HAUTS-VALLONS

LA COMMUNE DE MAMOUDZOU A LANCÉ OFFICIELLEMENT LA CONSTRUCTION DU GROUPEMENT SCOLAIRE T24 HAMAHA, AUX HAUTS-VALLONS, CE MERCREDI 2 NOVEMBRE 2022. AVEC SES 24 SALLES DE CLASSE, DONT NEUF EN MATERNELLE, IL ACCUEILLERA DANS DEUX ANS LES ÉLÈVES DE CE QUARTIER OÙ FLEURISSENT DE NOMBREUX LOGEMENTS.

Comme partout sur l’île, le manque de salles de classe est criant. La construction d’une nouvelle école est donc toujours la bienvenue comme le projet des Hauts-Vallons réunissant neuf salles de classe de maternelle et quinze autres en élémentaire. Ce mercredi 2 novembre, la mairie de Mamoudzou, le rectorat et la préfecture de Mayotte ont posé conjointement sa première pierre. « Construire une école, c’est une compétence du maire, mais ce n’est pas quelque chose de banal », admet Ambdilwahedou Soumaïla. Le maire, qui veut faire de ce nouveau groupement « un sanctuaire », en a déjà prévu l’inauguration en 2024. « On peut déjà prendre date ! » Surplombant le village de Kawéni et pas très loin de Mayotte la 1ère, le site voit perpétuellement les logements se construire. C’est donc pour accueillir cette nouvelle population que le groupement a été envisagé. D’une surface de 4.300 mètres carrés, il disposera d’un parking souterrain, des 24 salles donc, mais aussi d’un espace restauration alimenté par la future cuisine centrale de Kawéni. 22 mois sont nécessaires pour les travaux estimés à treize millions d’euros.

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17 200 ÉLÈVES À MAMOUDZOU Ce nouvel établissement est aussi une bonne nouvelle pour le rectorat de Mayotte. Gilles Halbout, le recteur rappelle d’ailleurs qu’il table sur « une cinquantaine de nouvelles salles à la prochaine rentrée ». « Ensuite, on sera sur un rythme de 150 à 200 nouvelles par an », promet-il. A Mamoudzou, où 17.200 élèves sont scolarisés, toutes les écoles connaissent la rotation des classes [N.D.L.R. une classe utilise la salle le matin, une autre l’après-midi]. « Avec parfois deux classes dans la même salle, on arrive à quatre dans la même journée ! », fait remarquer le recteur. Le groupement scolaire en construction n’est pas donc le seul projet aujourd’hui sur la commune, le maire indique qu’un autre doit voir le jour dans le centre de Passamaïnty « d’ici la fin de la mandature ». « Il y aura 32 salles, c’est le plus gros groupement jamais construit », dit-il avec enthousiasme, après avoir cité l’école de Doujani comme prochain chantier arrivant à terme. Pour rappel, sur le territoire de Mamoudzou, « 600 élèves sont sur liste d’attente ». « Je ne dis pas ça parce qu’on est proches de Majicavo, mais une école qui ouvre, c’est une prison qui ferme », déclare l’élu.

DES GROS BESOINS EN MATERNELLE Au rectorat, on espère que ce type de projets viendra aider un système éducatif qui passe son temps à pousser les murs. « On a beaucoup de retard sur les sections de maternelle », reconnait le recteur. A Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla annonce que le gros projet de Passamaïnty comportera également une partie réservée aux maternelles. Dans le quartier Disma, à Kawéni, une école maternelle devrait également voir le jour, ainsi qu’une crèche municipale. Cette dernière devrait toutefois être précédée de celle de M’Gombani, en 2024, qui sera la première du genre pour le chef-lieu de Mayotte.« Je ne dis pas ça parce qu’on est proches de Majicavo, mais une école qui ouvre, c’est une prison qui ferme », déclare

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Alexis Duclos

LES TROPHÉES CLÔTURENT TOUTE UNE SEMAINE DÉDIÉE À L’ENVIRONNEMENT Le format de la Semaine de l’environnement a beau être une nouveauté, les Trophées de l’environnement se sont déroulés dans un format des plus classiques, ce samedi soir, à Kawéni. Sept personnes, structures associatives ou collectivités ont reçu des récompenses pour leur engagement et leurs actions dans un domaine si important à Mayotte. Le podium dans le jardin et à deux pas de la mangrove était tout indiqué cette année pour cette quatrième édition des Trophées de l’environnement. La Somapresse, la société éditrice de Mayotte Hebdo et Flash Infos, récompensait, ce samedi soir à Kawéni, ceux qui font le Mayotte de demain sur le plan environnemental. « On a appris cette semaine que la forêt mahoraise perdait 150 hectares par an. La décennie d’avant, c’était 300 ha/an. Ça a évidemment un impact important sur les ressources en eau, sur le lagon qui s’envase. L’île prend des claques. Il y a besoin de plein de bonnes volontés, d’énergie, de financements, d’associations, de scolaires, de gens qui s’investissent. C’est ce qu’on essaye de mettre en avant avec les Trophées », déclare en préambule de la soirée, Laurent Canavate, le directeur de la Somapresse. Sept seulement ont pu repartir avec un trophée (voir ci-dessous), mais de nombreuses initiatives ont pu connaître un coup de projecteur via cet événement.

Stéphan Aimé, du cabinet d’architectes Tand’M, qui a été récompensé pour ces constructions en plastique recyclé, rappelle qu’ils vont « essayer de faire venir les machines à Mayotte pour valoriser les déchets produits ici et qu’on voit sur nos plages. L’idée est de les ramasser et d’en faire un produit de construction ». « Merci à tous ceux qui aiment cette île, car c’est grâce à ces gens-là qu’on peut travailler », ajoute-il.

Les associations en première ligne Association pour le développement durable de Passamaïnty (Adedupass), Mayotte Nature environnement (MNE), Nayma, Art.Terre dans la liste des lauréats, les associations ont toutes leurs places au milieu des remettants tels que le Sidevam (syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte) ou Électricité de Mayotte. Houlam Chamssidine, le président de MNE, a d’ailleurs été très ému

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au moment de recevoir le trophée de la personnalité. « Ce trophée, je le dédie à toutes les associations, à tous les acteurs qui œuvrent derrière la lumière. L’environnement, c’est quelque chose qui nous concerne tous. Notre île est jolie,

on a tous l’idée de transmettre un peu plus de 10% de ce que nos aînés nous ont légués », défend ce militant associatif depuis une vingtaine d’années. n

Les lauréats des 4èmes Trophées mahorais de l’environnement Catégorie Eaux et rivières : Association Ade du Pass. Éducation : Centre universitaire de la formation et de la recherche. Entreprises : le cabinet d’architectes Tand’M. Transition énergétique : l’association Art.terre. Associations : Nayma. Collectivités : Communauté de communes du Sud de Mayotte. Personnalité : Houlam Chamssidine, président de Mayotte Nature Environnement. 31

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LITTÉRATURE

LISEZ MAYOTTE

Mayotte plurielle, divers auteurs, Presses universitaires de Mayotte, 2016.

Restitution d'une résidence d'artistes avec sept photographes de La Réunion, de Madagascar, de Mayotte et de Maurice.

7 PHOTOGRAPHES POUR UN OUVRAGE

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. Le troisième beau livre est peut-être le plus complexe de la série. Il s’intitule Mayotte plurielle (2016) et on trouve, sur la première de couverture, le nom des photographes qui ont tenté de saisir l’île : Pierrot Men, Rijasolo, Franck Remy, David Lemor, Karine Goujerot, Pascal Grimaud et Arnaud Andrieu. Les collaborateurs viennent donc de plusieurs horizons, notamment la métropole et Madagascar. Leurs contributions, disposée en sections successives, permettent de découvrir à la fois un aspect du lieu et le photographe qui s’est focalisé dessus : « Images au fort impact esthétique que l’on retrouve chez Pierrot Men. Images bouillonnantes d’énergie chez Rijasolo. Images comme autant de clins d’œil complices et d’interpellations chez Franck Rémy. Images qui appellent l’imagination onirique comme celles de Karine Goujerot, ou qui forcent l’interrogation éthique comme celles de David Lemor et Pascal Grimaud. Images à caractère plus documentaire chez Arnaud Andrieu. » Mais, sur cette première de couverture, c’est surtout l’image qui attire. Sur une berge, une femme habillée à la façon traditionnelle de Mayotte, saluva et lamb, regarde la mer. Le cliché est particulièrement énigmatique pour le spectateur car la femme lui tourne le dos et regarde une mer qui peut sembler, au premier abord, vide. Mais le vertige causé par l’interprétation métaphysique de la photographie est bientôt dissipé car il y

a quelqu’un dans l’eau. Dès lors, il peut s’agir, au crépuscule du soir, d’une mère qui surveille son enfant qui se baigne. Mais faut-il demeurer là et où est Mayotte : est-ce la femme ? Est-ce l’enfant ? Est-ce la terre ? Est-ce la mer ? Au lecteur-spectateur de décider si le contrat du livre est tenu : « Chaque photographe y immortalise des instants et livre sa vision de Mayotte à travers le prisme de son objectif et de sa sensibilité, loin toutefois d’une émotion trop subjective. Mais capable de provoquer l’émotion ; c’est là tout la beauté de la photographie. Révéler le beau à travers l’équilibre des formes, des lignes, des couleurs, des contrastes ; c’est là sa plus grande difficulté, même si certains continuent à croire qu’il suffit de déclencher pour y arriver. Il n’y a pas de hasard mais seule la composition parfaite : une intuition assistée d’une intention louable et d’une bonne faculté d’anticipation. Chaque photographie est aussi le miroir de son auteur tout autant que du sujet qu’il cherche à mettre en lumière. » L’écrivain francophone de Mayotte associé à cet ouvrage se nomme Manou Mansour. Poète, il est l’auteur de nombreux recueils : Odes à l'homme perverti (2009), La Poésie en soi – amante du poète (2010), Le Droit de renaître (2012), Ravi que le temps ait juste un peu rouillé mes terres (2012), L’Auberge mahoraise (2013) et Lettres mahoraises

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(2014). Il offre l’un de ses textes en guise d’excipit de l’ouvrage. En voici la première strophe : « Une France aux couleurs d’Afrique / Un enfant, une femme, un homme / Ou m’zadé wa halé ? – Qui suis-je vraiment ? / Mieux qu’un coucher de soleil, un paysage / Verdoyant, rouge ou jaunâtre / Une vague qui s’écrase pour me souffler l’amour / Qui unit et désunit les êtres / Amis, amants, parents et autres / Je suis une métisse et je me cherche. » Mais le véritable auteur invisible de l’ouvrage est celui qui en signe la préface : Charles Bonnefond. Professeur d’anglais au Centre Universitaire de Formation et de recherche de Mayotte (CUFR), voici comment il présente le livre : « Loin du guide touristique qui cherche à établir de manière exhaustive ce qu’il faut voir à Mayotte, ce livre positionne des points de vue multiples et pose des questions plus essentielles

: « Que veut-on voir de Mayotte et de ses habitants ? » et « Comment les voir ? » Portraits, scène de rues, scènes de vies, instants du quotidien, échanges de regards » Charles Bonnefond a fondé et dirigé un Club Photo dont cet ouvrage est l’aboutissement car, derrière les noms qui figurent en première de couverture, on trouve également, à la fin du livre, des photographies et le nom des étudiants qui les ont prises. Nous terminerons en les citant ainsi qu’en laissant au lecteur, devenu spectateur, le soin de découvrir les images qu’ils ont prises de Mayotte : Nassma Daoud Combo, Chaharzade Harouna, Roussoulane Hassana, Vola Kassoumba, Maoulida Azir, Faharia Ali Hamidou, Laytaza Hamza, Nachma Soula et Naydat Bacari.

Christophe Cosker

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SPORT

Calendriers - classements - résultats

Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

FOOTBALL

1

FC Mtsapéré

34

15

10

4

1

+21

Régional 1

2

ASC Kawéni

34

14

11

1

2

+17

Journée 17

3

Jumeaux de Mzouazia

30

15

9

3

3

+14

AJ Kani Kéli 6–0 AS Sada FC Mtsapéré 3–0 USCP Anteou Tchanga SC 0–1 AS Rosador de Passamaïnty Bandrélé FC 2–1 ASC Abeilles de Mtsamboro AS Bandraboua 2–2 Jumeaux de Mzouazia Reporté : ASC Kawéni – Diables noirs de Combani

4

AJ Kani Kéli

29

15

2

4

+10

5

Diables noirs de Combani

25

14

7

4

3

+8

6

Bandrélé FC

22

15

7

1

7

-2

7

ASC Abeilles de Mtsamboro

15

15

4

3

8

-14

Journée 18 – Samedi 5 novembre à 15h

8

AS Rosador de Passamaïnty

14

15

4

2

9

-4

Diables noirs de Combani – Tchanga SC USCP Anteou – Bandrélé FC Jumeaux de Mzouazia – AJ Kani Kéli AS Sada – ASC Abeilles de Mtsamboro ASC Kawéni – FC Mtsapéré AS Rosador de Passamaïnty – AS Bandraboua

9

9

Tchanga SC

13

15

3

4

8

-6

10

USCP Anteou

12

15

3

3

9

-9

11

AS Sada

12

15

4

0

11

-15

12

AS Bandraboua

12

15

3

3

9

-20

Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

FOOTBALL

1

Foudre 2000

29

15

9

2

4

+11

Régional 2

2

US Kavani

29

15

8

5

2

+9

3

FC Majicavo

25

15

7

4

4

+7

4

AJ Mtsahara

24

15

7

3

5

5

AS Neige de Malamani

22

15

5

7

3

+4

6

Olympique Miréréni

20

15

5

5

5

-1

7

FC Chiconi

19

15

5

4

6

0

8

FC Dembéni

17

14

4

6

4

-3

Journée 17 FC Majicavo 4–2 FC Dembéni ASJ Moinatrindri 2–1 USCJ Koungou Olympique Miréréni 3–2 FC Chiconi Foudre 2000 1–2 US Kavani FC Kani Bé 0–1 AJ Mtsahara AS Neige de Malamani 0–0 UCS de Sada

Journée 18 – Samedi 5 novembre à 15h UCS de Sada – Foudre 2000 AJ Mtsahara – AS Neige de Malamani FC Chiconi – FC Kani Bé US Kavani – ASJ Moinatrindri FC Dembéni – Olympique Miréréni USCJ Koungou – FC Majicavo

+4

9

UCS de Sada

17

15

4

5

6

-8

10

FC Kani Bé

15

15

4

3

8

-7

11

ASJ Moinatrindri

15

15

5

0

10

-5

12

USCJ Koungou

13

15

3

4

8

-11

34•

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Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

FOOTBALL

1

36

12

12

0

0

+50

Régional 1 féminines

AS Jumelles de Mzouazia

2

Club Unicornis

31

12

10

1

1

+36

3

FC Mtsapéré

28

12

9

1

2

+25

4

USC Labattoir

22

13

7

1

5

0

5

Devils Pamandzi

18

12

5

3

4

-6

6

ASJ Handréma

17

12

5

2

5

-12

7

Olympique de Sada

14

11

4

2

5

-3

8

Entente Miréréni / Tsingoni

14

12

4

2

6

-7

9

ASO Espoir de Chiconi

7

13

2

1

10

-17

10

US Kavani

4

13

1

1

11

-32

11

Wahadi ASC

5

20

5

0

5

-34

Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

Journée 17 ASO Espoir Chiconi 1–2 Olympique de Sada Wahadi ASC (forfait) 0–3 FC Mtsapéré US Kavani 0–3 USC Labattoir AS Jumelles de Mzouazia 0–0 Club Unicornis Entente Miréréni / Tsingoni 6–0 Devils Pamandzi Exemptées : ASJ Handréma

Journée 18 – Dimanche 6 novembre à 15h30 FC Mtsapéré – ASO Espoir Chiconi Olympique de Sada – US Kavani Club Unicornis 3–0 Wahadi ASC (forfait général) USC Labattoir – Entente Miréréni / Tsingoni ASJ Handréma – AS Jumelles de Mzouazia Exemptées : Devils Pamandzi

FOOTBALL

1

AS Colas

34

13

11

1

1

+22

Régional 1 Entreprises

2

Mairie de Mamoudzou

32

14

10

2

2

+18

Journée 17

3

AS Cuisibains

31

14

10

1

3

+24

4

Mayotte air service

23

14

6

5

3

+14

5

AS Emca

23

13

6

5

2

+12

6

Mlezi Maoré

23

15

6

5

4

-1

7

OGC Tilt SOS

17

14

5

2

7

-3

8

Entente CPSM

15

13

5

0

8

-7

9

CHM Foot

10

14

2

4

8

-32

10

ASC Sodifram

10

13

2

4

7

-8

11

ASC Préféduc

6

13

2

0

11

-15

12

ASP Maison d’arrêt

-1

10

0

1

7

-24

Mairie de Mamoudzou 6–2 ASC Préféduc ASP Maison d’arrêt (forfait général) – AS Cuisibains OGC Tilt SOS – Mayotte air service Mlezi Maoré – CHM Foot ASC Sodifram 2–0 Entente CPSM Reporté au 6 décembre : AS Emca – AS Colas

Journée 18 – Vendredi 4 novembre à 18h Entente CPSM – AS Emca AS Colas – Mlezi Maoré Mayotte air service – ASC Sodifram CHM Foot – ASP Maison d’arrêt (forfait général) ASC Préféduc – OGC Tilt SOS AS Cuisibains – Mairie de Mamoudzou

35

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SPORT

Calendriers - classements - résultats

Equipe

Pts

J

G

P

Dif

1

Basket club de Mtsapéré

18

9

9

0

+156

2

16

9

7

2

+156

BASKET

Étoile bleue de Kawéni

3

15

8

7

1

+134

Prénationale masculine

Vautour club de Labattoir

4

Fuz'Ellips de Cavani

10

7

3

4

+7

5

Gladiator de Doujani

9

8

2

5

-33

6

TCO Mamoudzou

8

6

2

4

+14

7

Colorado Beetle Mtsahara

7

5

2

3

-88

8

Jeunesse Canon 2000

7

6

1

5

-121

9

Rapides Éclairs

6

6

1

4

-71

10

Basket club de Tsararano

6

6

0

6

-154

Equipe

Pts

J

G

P

Dif

1

Fuz'Ellips de Cavani

12

6

6

0

+281

2

Basket club de Mtsapéré

11

6

5

1

+185

3

Partizan BCA

8

6

2

4

-142

4

Chicago club de Mamoudzou

8

6

2

4

0

5

Golden Force

6

4

2

2

-4

6

Magic Basket Passamaïnty

6

4

2

2

-7

7

Basket club Iloni

6

5

1

4

-138

8

Colorado Beetle Mtsahara

6

5

1

4

-175

Journée 8 Jeunesse Canon 2000 – TCO Mamoudzou Basket club de Tsararano – Colorado Beetle Mtsahara Étoile bleue de Kawéni 77–85 Vautour club de Labattoir Gladiator de Doujani 81–84 Basket club de Mtsapéré Rapides Éclairs 76–36 Fuz’Ellips de Cavani

BASKET Prénationale féminine Journée 6 Basket club Iloni 30–28 Partizan BCA Basket club de Mtsapéré 25–64 Fuz’Ellips de Cavani Colorado Beetle Mtsahara – Golden Force Chicago club de Mamoudzou 42–63 Magic basket de Passamaïnty

36•

M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 1 8 • 0 4 / 1 1 / 2 0 2 2


HANDBALL

Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

1

CH Combani

16

6

5

0

1

+78

2

AJH Tsimkoura

16

6

5

0

1

+17

3

TCO Mamoudzou

16

6

5

0

1

+32

4

HC Kani Kéli

13

6

1

2

+39

5

Bandraboua HC

11

6

2

1

3

-14

Journée 7 – Samedi 5 novembre

6

Sohoa Handball

10

6

2

0

4

-43

Bandraboua HC – Sohoa Handball AJH Koungou – TCO Mamoudzou AJH Tsimkoura – AC Chiconi CH Combani – HC Kani Kéli

7

AC Chiconi

8

6

1

0

5

-32

8

AJH Koungou

4

6

0

0

6

-77

Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

1

HC Bandrélé

15

5

5

0

0

+39

2

ASC Tsingoni

14

5

4

1

0

+54

3

Tchanga Handball

13

6

3

1

2

+4

4

PC Bouéni

13

6

3

1

2

+8

5

HC Labattoir

12

6

3

0

3

+18

6

HC Acoua

11

6

3

0

3

+3

7

Haima Sada

7

6

0

1

5

-35

8

Alakarabu Hand

6

6

0

0

6

-91

Prénationale Poule A Journée 6 AC Chiconi 21–41 CH Combani TCO Mamoudzou 34–32 AJH Tsimkoura Sohoa Handball 20–0 AJH Koungou HC Kani Kéli – Bandraboua HC

HANDBALL Prénationale Poule B Journée 6 HC Labattoir 30–25 Haima Sada Alakarabu Hand – HC Acoua HC Bandrélé – ASC Tsingoni Tchanga Handball 31–25 PC Bouéni

Journée 7 – 4 au 6 novembre Haima Sada – Alakarabu Hand ASC Tsingoni – HC Labattoir HC Acoua – Tchnga Handball PC Bouéni – HC Bandrélé

HANDBALL

3

Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

1

ASC Tsingoni

18

6

6

0

0

+97

2

HC Select 976

15

6

4

1

1

+68

3

PC Bouéni

15

6

4

1

1

+24

4

Haima Sada

14

6

4

0

2

+16

5

CH Combani

13

5

4

0

1

+48

6

HC Bandrélé

11

5

3

0

2

+11

7

HC Kani Kéli

10

5

2

1

2

-11

8

10

6

2

0

4

-69

Journée 7 – Samedi 5 novembre

Moinatrindri HC

9

AJH Tsimkoura

9

6

1

1

4

-48

Doujani HC – AJH Tsimkoura HC Passamaïnty – HC Kani Kéli TCO Mamoudzou – HC Bandrélé CH Combani – HC Select. 976 ASC Tsingoni – PC Bouéni Haima Sada – Moinatrindri HC

10

TCO Mamoudzou

8

6

1

0

5

-42

11

Doujani HC

4

4

0

0

4

-29

12

HC Passamaïnty

4

5

0

0

5

-65

Prénationale féminine Journée 6 HC Kani Kéli – Doujani HC AJH Tsimkoura 23–30 Haima Sada HC Bandrélé – HC Passamaïnty PC Bouéni – TCO Mamoudzou HC Select. 976 32–40 ASC Tsingoni Moinatrindri HC – CH Combani

37

• M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 1 8 • 0 4 / 1 1 / 2 0 2 2


MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot

# 1018

Couverture :

Et si les Comores étaient françaises ?

Journalistes Axel Nodinot Jéromine Doux Raïnat Aliloiffa Alexis Duclos Said Issouf Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


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