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En ce moment, l’est de l’Asie regarde ailleurs et s’embrase. Aux larges des côtes chinoises, les habitants de l’île de Taïwan surveillent les cieux, après la déclaration de Chen Ming-Tong, le directeur général du Bureau de la sécurité nationale, qui prévoit une attaque de l’Armée populaire de libération dans les toutes prochaines années, voire en 2023. Retour du service militaire, débats sur la stratégie de défense, ateliers de combats armés et contribution de milliardaires, les Taïwanais fourmillent de terreur. Sur la côte, quant à elle, la jeunesse chinoise – au visage couvert et contrainte de s’isoler – a regardé les supporters de toutes les nations célébrer les rencontres de la Coupe du Monde de football, sans masques. L’autoritarisme du PCC de Xi Jinping ne passe plus, en témoignent ces milliers de manifestants dans les rues, faisant revivre des images de révolte vieilles de plusieurs décennies dans l’empire du Milieu. À 9500 kilomètres de Shanghai, sur notre petite île, on préfère balayer devant sa porte. Les chiffres des dépistages en témoignent : la société mahoraise est belle et bien consciente des maux que représente le VIH, et lutte, comme nous le montrons cette semaine. La situation nécessite cependant quelques efforts supplémentaires, notamment en termes d’utilisation de moyens de protection. Un comportement à démocratiser pour certes éviter des grossesses non-désirées, mais aussi une kyrielle d’infections sexuellement transmissibles aux conséquences parfois dramatiques.
Sortons couverts, et bonne lecture à toutes et à tous.
11C’est le nombre de produits de première nécessité qui sont concernés par le nouvel « Oudinot du pouvoir d’achat » décidé par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, en collaboration avec la préfecture et le Conseil départemental de Mayotte, mais aussi les transitaires et les acteurs de la grande distribution sur l’île. Sont ainsi concernés le riz parfumé, les ailes de poulet, les tomates pelées, les sardines à l’huile, l’eau plate, la viande de bœuf, le lait demi-écrémé, le lait en poudre entier, l’huile de tournesol, la lessive en poudre et les changes pour bébé 1er âge. Concrètement, ces 11 produits bénéficieront d’une baisse de l’octroi de mer à partir du 15 décembre prochain, pour une durée de six mois, conformément aux possibilités du dispositif étatique du Bouclier qualité prix.
C’est la promesse de Yann Le Bris, procureur de la République à Mayotte, dans l’affaire du bus scolaire attaqué par des délinquants à Majicavo, le 16 novembre dernier. Deux des jeunes impliqués dans ces agressions ont déjà été interpellés cette semaine par la brigade de gendarmerie de Koungou. Âgés de seulement 16 et 15 ans, ils risquent jusqu’à 20 ans d’emprisonnement pour « vols avec armes », « violences aggravées », « participation à un attroupement armé » et « dégradation d’un véhicule de transport scolaire ». Le tribunal judiciaire de Mamoudzou appelle en outre les personnes ayant des informations sur cette attaque de bus scolaire à contacter la brigade de gendarmerie de Koungou.
François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, a foulé la terre mahoraise cette semaine. Présent mardi et mercredi derniers sur l’île au lagon, l’ancien urgentiste a visité le Centre hospitalier de Mamoudzou et inauguré une agence de recrutement du CHM et de l’Agence régionale de Santé à Mamoudzou. Le lendemain, il a assisté à la campagne de rattrapage vaccinal au sein de l’école élémentaire Mohamed Houmadi Kichou de Labattoir, avant d’assister à la présentation des projets d’investissements du CHM et d’inaugurer un centre de santé ophtalmologique à Mtsamboro. « Le fait que le deuxième hôpital soit universitaire ne règlera pas le problème », a-t-il déclaré à propos de l’établissement prévu à Combani, avant de rajouter : « il faut donner les moyens aux professionnels de travailler, de les attirer et de les garder. Nous travaillons à leur donner de bonnes conditions de travail, nous les formons »
Le 28 novembre 2022, par Sylvain Compère pour Le populaire du centre.
Des milliers de Mahorais et de Comoriens vivent en Limousin alors que Mayotte brûle. Leurs nombreux points communs et leurs vifs antagonismes, importés de l’Archipel volcanique, impactent leur quotidien en métropole.
2016, 2018, 2020, etc. La semaine passée, le département de Mayotte a encore connu une flambée de violence qui a tué. En août dernier à Limoges, c’était le quartier de l’Aurence qui s’embrasait. Des bandes de dizaines de jeunes affrontaient la police, qui a fait venir des CRS en renfort.
« C’est un quartier où la dérive violente se fait depuis des années », déplorait alors Émile Roger Lombertie, le maire, qui pointait du doigt des « bandes de Mahorais ». Mais de quoi parlait-il exactement ?
Dans leur plan local de sécurité (PLS) pour Limoges d'ici à 2026, les services de police observent que « la communauté mahoro-comorienne de Limoges est implantée dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, notamment à Beaubreuil et à La Bastide, mais plus particulièrement au Val-de-l’Aurence. Elle est particulièrement sujette à des problèmes d’intégration, liés à des différences culturelles et une maîtrise approximative de la langue française, qui se traduisent par des troubles à l’ordre public et des actes de violences dus à l’alcool. » Stigmates. Le calme est revenu, mais les murs portent encore les traces du face-à-face. Au-delà du fait-divers limougeaud qui a émaillé l’actualité estivale, les importantes communautés mahoraises et comoriennes qui vivent ici résonnent de leurs problématiques insulaires. Les communautés de l’archipel sont très présentes en Limousin et rassemblent plusieurs milliers de personnes dans les trois départements. L'ancienne région compte une douzaine d’associations mahoraises et au moins six autres pour les Comoriens. Cela sans compter les très nombreux réseaux amicaux, familiaux, communaux ou religieux qui existent sur les réseaux sociaux.
« On plante le vulnérable dans l'hostile » Depuis des années, Camaridine Mistoihi vit à Limoges et aide les exilés à trouver leur place ici. Ce Mahorais est également le fondateur d’une équipe de football réunissant des joueurs de tout l’archipel. « La jeunesse constitue un problème à part entière, reconnaît-il. Tout d’abord, 51 % des habitants de Mayotte a moins de 18 ans et on estime entre 6.000 et 8.000 le nombre de jeunes qui errent seuls sur l’île. Cette jeunesse qui vient à Limoges est marquée par une forte délinquance et, selon les forces de police avec qui j’ai discuté, environ 15 % des actes de délinquance seraient liés à des jeunes Mahorais ou Comoriens… »
« Les deux principales barrières qui se dressent sur le chemin des Mahorais sont la langue et la culture, estime Camaridine Mistoihi. En 2020, nous avons mis en place un travail en réseau, avec [l’ancien] préfet Morsy. En réunissant des représentants d’associations qui travaillent dans les domaines de la santé, du logement, de l’éducation, de la parentalité ou encore de l’insertion professionnelle. Nous avons encore récemment (en 2020) créé un poste de médiatrice interculturelle à l’association CLAP. Il faut aussi lutter contre ses propres complexes et cet héritage post-colonial qui nous colle à la peau. Nos rapports aux Comoriens ou aux "Mzungus", les blancs, doivent être interrogés. »
« J’essaie de comprendre les deux points de vue » Anliddine Abdallah Majani, la quarantaine, est né à Mayotte. Il est venu faire ses études dans le bâtiment à Saint-Junien, puis à Égletons. Il est aujourd’hui auto-entrepreneur et vit à Limoges avec sa famille. « Nous, les Mahorais, on n'est pas des gens compliqués. Le tempérament est “bon”, comme on dit chez nous. Même si depuis toujours, on a été un pays d’immigration, ce n’est pas le problème. Le problème, c’est la misère et la criminalité ! On manque d’hôpitaux, de policiers, de routes... C’est tout petit et Mayotte ne pourra pas supporter tout ça ! Le problème pour moi, que ce soit à Limoges ou à Mayotte, c’est la sécurité. La grande majorité des gens qui quittent leur pays, c’est parce
qu’ils n’ont pas le choix. J’essaie de comprendre les deux points de vue, celui qui fuit son pays, la misère, et celui qui se fait cambrioler, agresser chez lui. Quand on en discute avec des Comoriens ici, devant la mosquée ou en ville, on sent que ça peut bouillir très vite. »
Le parcours de Fahardine Chaharane, qui vit aussi à Limoges, illustre les défis lancés à de nombreux Comoriens : « Je suis né et j’ai grandi à Nganzalé, aux Comores, jusqu’à l’âge de douze ans. Puis je suis venu à Mayotte en “kwassa” (1) en 2005, avec ma mère et mes sœurs. Malheureusement, en août 2007, j’ai été arrêté par la PAF (police de l’air et des frontières, N.D.L.R.) et renvoyé à Anjouan… J’ai alors tenté seul de rejoindre Mayotte, mais j’ai été arrêté au large par les garde-côtes. La seconde tentative a été la bonne. Quand je suis arrivé à Mayotte, on m’a fait passer un examen : soit je réussissais, soit j’étais expulsé… À ma grande surprise, je suis arrivé premier ! J’ai alors suivi une scolarité normale au collège et au lycée, mais à ce moment-là, je n’avais aucun papier français. »
« Du coup, en terminale, j’avais deux combats : avoir le bac et des papiers ! J’ai fait le siège de la préfecture de Mamoudzou, où on m’a dit que j’aurais un récépissé si je décrochais le bac. Et, le 15 juillet 2014, j’ai eu le bac et obtenu une acceptation à la faculté. » Le jeune homme s’inscrit en première année de géographie, mais « à ce moment-là, je ne voulais déjà plus rester à Mayotte. Je ressentais déjà une vive hostilité des Mahorais vis-à-vis des Comoriens. Les Mahorais sont français, ce n’est pas mon cas… »
« Un peu perdu ». « J’ai alors fait une demande de visa pour la Métropole, poursuit-il, pour étudier la sociologie. Je l’ai obtenu, ainsi qu’un billet d’avion pour Paris et une place à la faculté de Limoges. Je me souviens n’avoir rien vu du voyage, de nuit, et être arrivé à Limoges un peu perdu. Faire ses études en métropole, c’est dur : solitude, absence de la famille, climat, etc. »
« Piège ». « Les Comoriens de France sont pris au piège : aux Comores, on est considéré comme des traîtres, et à Mayotte, on est des envahisseurs… On sait que les hommes politiques comoriens veulent récupérer Mayotte et y envoient la population pauvre, et que ceux de Mayotte veulent renvoyer à Anjouan les clandestins. Ces politiciens créent de la haine entre les populations. »
Population « disparate » L’imam Hassan Izzaoui, responsable de la grande mosquée de Limoges, y reçoit des fidèles mahorais et comoriens, très majoritairement musulmans : « Ils représentent une communauté conséquente et fréquentent régulièrement la mosquée. Ils sont très attachés à leurs traditions et organisent de nombreuses fêtes. Mais c’est une communauté très disparate : ils n’ont pas tous le même parcours, ni le même statut social... Il y en a certains qui ont accédé à l’université, qui réussissent dans la vie. C’est bien ça ! Mais beaucoup d’autres vivent des situations de grande précarité... » Générations. Quant aux violences de cet été à Limoges, impliquant de nombreux jeunes Mahorais et Comoriens, il tranche : « Il n'y a pas qu’eux. Ils sont confrontés aux mêmes problèmes que les générations d’immigrés qui les ont précédés là, concentrés dans ces logements, comme les Algériens et les autres avant eux. Eux sont nouveaux, et passent par les mêmes problèmes. Ce qui montre qu’il n’y a pas eu beaucoup de changement dans nos cités... Je le lis comme ça, sociologiquement : on plante le vulnérable dans l’hostile. » Sourires. Heureusement, une foule d’exemples illustrent à quel point ces communautés pacifiques apportent leurs énergies en Limousin : chauffeurs, intérimaires, fonctionnaires, commerçants, agriculteurs, militaires, artistes, sportifs, universitaires ou encore journaliste et écrivain. Ils partagent culture, folklore, musiques, recettes et tissus incroyables... Et surtout leurs sourires, parfois réhaussés du m’zindzano (masque de bois de santal broyé et couvrant le visage, N.D.L.R.). Des sourires aujourd’hui voilés d’inquiétude par une triste actualité et une angoisse pour l'avenir.
Abdoulmaliki Ramia est un militaire retraité qui a fait le choix de poursuivre son rêve d’enfant malgré les aléas de la vie. Il est devenu pilote de ligne à plus de 40 ans et a aujourd’hui une carrière internationale. Son parcours atypique est un exemple de réussite pour toutes les générations confondues.
Il n’y a pas d’âge pour dépasser ses limites. Abdoulmaliki Ramia en est la preuve. Âgé de 54 ans, il est pilote de ligne depuis dix ans. Un « rêve de gosse » qu’il réalise tardivement mais qui a toujours été son objectif ultime. « Depuis tout petit je voulais être pilote mais quand j’ai eu mon bac mes parents n’avaient pas les moyens de payer la formation. Alors j’ai passé le concours pour entrer dans l’armée de l’air et je suis devenu mécanicien d’avions » , raconte-t-il. Il exerce en métropole pendant cinq ans puis revient à Mayotte et travaille au sein de la compagnie Air Austral durant deux années. À la fin de cette période, « je voulais gagner de l’argent rapidement pour financer ma formation de pilote qui coûte très cher. Donc je me suis réengagé dans l’armée, plus précisément dans la légion étrangère. »
Cet ancien militaire s’est engagé durant 18 ans avant de prendre sa retraite. Malgré les années qui s’écoulent, il
ne perd pas de vue son objectif. En 2012, la formation coûte 80 000 euros et il a enfin les moyens de la financer. Les élèves ont un an et demi pour passer toutes les unités et obtenir leur diplôme, mais force de détermination, Abdoulmaliki Ramia le fait en seulement sept mois. Une décision qui a nécessité des sacrifices puisqu’il a dû s’éloigner de sa famille pendant ce laps de temps afin d’étudier dans une autre ville. Reprendre ses études à plus de 40 ans n’est pas toujours évident, mais ce père de famille a su relever le défi. « Il faut juste bosser et avoir envie, ça ne vient pas tout seul. J’ai travaillé dur et plus vite que certains jeunes et je veux montrer que dans la vie on peut arriver à avoir ce que l’on veut du moment où on se donne les moyens et que l’on travaille derrière » , souligne-t-il.
La carrière de ce pilote de ligne débute aux Comores avec la compagnie Inter Îles. Il y passe deux ans avant de s'envoler pour les pays d’Afrique. D’abord le Congo avec l’ONG Aviation sans frontières, puis le Mali pour un groupe privé qui survolait une zone de guerre. Il fait ensuite escale en Guadeloupe durant quelques mois, puis il atterrit en Espagne. « J’ai eu l’opportunité de travailler sur des avions ATR. Malheureusement lorsque la Covid-19 est arrivée la compagnie a remercié tous les pilotes étrangers et n'a gardé que les Espagnols » , explique-t-il. Petit passage en Guyane avant de rentrer à Mayotte pour une mission bien spéciale.
Il collabore désormais avec une société privée chargée de la surveillance maritime dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine. « Ici c’est plutôt
tranquille. En Afrique j’étais dans des missions périlleuses, dans des zones de guerre, c’était plus risqué » , rappellet-il. À ce jour, Abdoulmaliki Ramia comptabilise 4500 heures de vol. Et malgré les responsabilités qu’exige le métier, rien ne l’ébranle. « Je ne suis jamais stressé lorsque je pilote un avion, je suis très à l’aise, comme si j’étais sur un vélo. » Aujourd’hui cet ancien militaire, également fils de militaire, se dit fier de toute son parcours professionnel et ne regrette rien. Mais il manque une étape à sa carrière avant d’être entièrement comblé.
« J’aimerais travailler avec une compagnie locale mahoraise. » Il nourrit ses espoirs avec le projet Zena. En attendant, il espère être une source d’inspiration pour les plus jeunes. Le coût onéreux de la formation de pilote peut être un frein, mais il rappelle sagement qu’il y a toujours une solution. « Cherchez des aides, travaillez à fond mais ne soyez pas défaitistes. Croyez en vous et donnezvous les moyens de réussir. » Des éléments qui permettent un bel atterrissage, qu’importe la destination.
Alors que ce jeudi 1er décembre 2022 avait lieu la 34ème journée mondiale de lutte contre le sida, il est nécessaire de se pencher sur la situation mahoraise, alarmante à bien des égards. Si l’île aux parfums n’est pas la région la plus touchée par le VIH, 164 cas de séropositivité par million d’habitants y étaient découverts en 2020, un taux identique à celui de l’Îlede-France. Les Mahoraises et Mahorais semblent pourtant bien au courant de la nécessité du dépistage, grâce aux campagnes de prévention et aux organismes locaux, qui se battent depuis des années pour nouer le ruban rouge de la lutte contre ce virus mortel.
PARU CETTE SEMAINE, LE BULLETIN DE SANTÉ PUBLIQUE 2022 DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE MET EN LUMIÈRE L’ÉVOLUTION DES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES – ET NOTAMMENT DU VIH – SUR LE TERRITOIRE MAHORAIS JUSQU’EN 2021. SI LES SÉROLOGIES SONT DE PLUS EN PLUS NOMBREUSES, LES PERSONNES ATTEINTES DU VIRUS LE SONT ÉGALEMENT. DES INDICATEURS SOULIGNANT LA NÉCESSITÉ DE SE FAIRE DÉPISTER TÔT, ET RÉGULIÈREMENT, AFIN DE PROTÉGER SA SANTÉ ET CELLE DES AUTRES.
Le test rapide pour se faire dépister ne nécessite qu’une seule goutte de sang, prélevée sur un doigt, et ne prend qu’une minute pour livrer ses résultats. Une manière de se rassurer et de rassurer ses proches de façon simple et rapide.
263C’est, pour un million d’habitants, le nombre de séropositivités, c’est-à-dire de personnes atteintes du VIH, qui ont été découvertes en 2021 à Mayotte. Rapporté à la population de l’île, cela signifie qu’entre 70 et 80 personnes ont été dépistées positives l’année dernière. Une augmentation notable par rapport à 2020, qui dénombrait 164 séropositivités pour un million d’habitants.
Nombre de découvertes de séropositivité au VIH par million d’habitants par région, France, 2021.
C’est la part de Mahorais qui se sont fait dépister pour le VIH en 2021. Après une baisse drastique en 2020 (9,4%), principalement due aux mesures sanitaires liées au Covid, les dépistages repartent donc à la hausse. Un facteur est cependant à prendre en compte : le fait que les femmes enceintes soient obligées de procéder à un dépistage lors de leur admission à l’hôpital. Dans la première maternité de France et même d’Europe, la prévention s’en retrouve donc facilitée.
Évolution annuelle du nombre de sérologies VIH effectuées pour 1000 habitants à Mayotte, en France métropolitaine hors Ile-de-France et en Ile-de-France, 2010-2021
Parmi ces personnes dépistées, c’est la part de celles étant séropositives à Mayotte, en augmentation sensible par rapport à 2020 (0,27%). Rapporté à la population mahoraise, ce pourcentage signifierait que 945 habitants seraient séropositifs, même si l’échantillon de dépistages est trop insuffisant pour émettre une projection.
Nombre de sérologies VIH positives pour 1000 sérologies effectuées à Mayotte, en France métropolitaine hors Ile-de-France et en Ile-de-France, 2010-2021.
C’est la tranche d’âge parmi laquelle on compte le plus de découvertes de séropositivités en 2021 (58,1%), suivie par les moins de 25 ans (33,8%) et les 50 ans et plus (8,1%). L’année dernière, l’âge moyen de découverte de sa séropositivité était de 32 ans pour les femmes, et de 34 ans pour les hommes. Ces derniers sont de plus en plus nombreux à se faire dépister, puisqu’ils représentent 46,8% des dépistages positifs, contre seulement 27,9% en 2020. En métropole, c’est l’inverse : 72,7% des découvertes de séropositivité sont des hommes.
C’est peut-être le chiffre le plus inquiétant. À Mayotte, un peu plus d’une personne sur dix seulement a connaissance de sa séropositivité. En métropole, ce taux est de 95%. Un écart abyssal qui s’explique par le manque de recours au dépistage, et qui multiplie les risques de diagnostics avancés : en 2021, 29,4% des découvertes de séropositivité l’étaient à un stade clinique.
C’est, pour un million d’habitants, le nombre de personnes ayant découvert qu’elles étaient atteintes du sida, en 2021 à Mayotte. Le « syndrome d'immunodéficience acquise » est le résultat du non-traitement de l’infection du VIH, est irréversible, et a des conséquences dramatiques. En 2020, ce chiffre était de 19 cas pour un million d’habitants.
C’est le montant de cette action prioritaire mahoraise, consistant en un programme de démocratisation de la contraception sur le territoire. Cette somme est allouée aux acteurs locaux par le fonds d’intervention régional du ministère de la Santé et de la Prévention. Le pilote de ce programme est l’Agence régionale de santé de Mayotte, qui n’a pas souhaité répondre à notre sollicitation, avec la participation de nombreuses structures telles que le REPEMA, les services de protection maternelle et infantile (PMI), le CHM, la préfecture et le Conseil départemental.
C’est le nombre d’actions prioritaires définies par la feuille de route sur la santé sexuelle, signée le 1er décembre 2021 et engageant une stratégie publique courant jusqu’en 2024. Outre les 28 actions nationales, deux s’axent sur les territoires ultramarins : le renforcement des actions sur la santé sexuelle au sein des services militaires adaptés (SMA), et la mise en place d’une cohérence régionale en lien avec les pays frontaliers afin de gérer ensemble la propagation du VIH, un sujet primordial à Mayotte. L’île au lagon n’est pas en reste, puisqu’une action lui est aussi dédiée.
Du 5 au 12 décembre, l’ARS et Nariké M’sada organisent la semaine du dépistage à Mayotte. Ce sont vingt lieux, répartis sur toute l’île, qui seront accessibles au public âgé de 16 ans ou plus, pour un dépistage rapide, anonyme et gratuit. Tout au long de l’année, vous pouvez aussi vous rendre au CEGIDD du CHM de Mamoudzou, à l’association Nariké M’sada (Cavani) ou auprès de tous les médecins et sage-femmes lors d’une consultation médicale pour vous faire dépister.
DEPUIS 2003, L’ASSOCIATION NARIKÉ M’SADA MÈNE UN TRAVAIL ACHARNÉ DANS LA PRÉVENTION ET LA SENSIBILISATION SUR LA SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE. SON DIRECTEUR, MONCEF MOUHOUDHOIRE, A ÉTÉ TÉMOIN DU VIRAGE QU’A PRIS MAYOTTE CES DERNIÈRES ANNÉES. LE NOMBRE DE PERSONNES INFECTÉES PAR LE VIRUS DU VIH AUGMENTE DE PLUS EN PLUS, À TEL POINT QUE L’ÎLE FAIT PARTIE DES RÉGIONS DE FRANCE LES PLUS TOUCHÉES.
L’équipe de l’association Nariké M’sada et son directeur, Moncef Mouhoudhoire, à droite.
Moncef Mouhoudhoire : Nos principales missions sont la prévention, la sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive. Nous faisons aussi du dépistage et accompagnons les personnes vivant avec le VIH. Et depuis 2021 nous avons modifié nos statuts pour rajouter la notion de violences faites à la personne, nous entendons par là les violences sexuelles, les violences faites aux femmes, et aux genres. Nous avons différents publics. Il y a les jeunes, que ce soit en milieu scolaire ou dans la formation professionnelle, et nous intervenons également au quartier mineur du centre pénitentiaire de Majicavo. Nous avons aussi pour cible les femmes. C’est un public particulier pour nous car elles sont majoritaires dans la file active hospitalière. Beaucoup de femmes sont dépistées à l’occasion de leurs grossesses. Et nous estimons qu’elles sont les garantes de l’éducation dans notre société, nous comptons sur elles pour transmettre les bons messages à leurs enfants.
M.M. : On a toujours remarqué que les hommes attendent que ce soit les femmes qui aillent au charbon au niveau de la santé. Concernant le VIH je nous trouve un peu lâches. Nous connaissons beaucoup de cas où des hommes ont abandonné leurs femmes après avoir appris que ces dernières étaient porteuses du VIH. Ces dernières années, on observe une tendance où les hommes se font de plus en plus dépister, mais ils sont tout
de même minoritaires. Les femmes sont plus nombreuses et la moyenne d’âge est la trentaine. Cela dit, ces trois dernières années l’écart se resserre fortement entre les hommes et les femmes. Mais si les femmes sont plus représentées cela ne veut pas dire qu’elles sont plus touchées, c’est uniquement parce qu’elles se font plus dépister.
M.H. : Est-ce qu’à Mayotte, la population a un comportement à risque ?
M.M. : Oui elle a clairement un comportement à risque.
On a une sexualité débridée à Mayotte. Je ne dis pas que c’est forcément négatif, mais le seul bémol c’est que les gens ne pensent pas à se protéger. On est dans un système de multi-partenariats avec des partenaires occasionnels.
On parle souvent de la polygamie mais ce n’est pas une pratique à risque si elle est faite dans les règles. Si tous les partenaires sont connus, qu’ils sont dans un circuit fermé, et si personne dedans n’a un problème tout va bien. Mais dès que l’un va voir des partenaires occasionnels, il ouvre le circuit et il prend des risques.
M.H. : La prise de risque est une chose, mais il est également compliqué de se procurer des préservatifs sur le territoire…
M.M. : C’est vrai. L’accès au préservatif mérite d’être amélioré. Il est vrai que cet accès n’est pas garanti. Le préservatif n’est pas accessible partout ni à tout moment. À partir d’une certaine heure, on ne peut pas s’en procurer parce que les pharmacies ferment et les grandes surfaces
également. Les pouvoirs publics font ce qu’ils peuvent, les différentes associations distribuent un peu partout des préservatifs gratuitement mais je pense qu’il faut aussi qu’un entrepreneur se lance dans ce domaine. On parle souvent du distributeur automatique
mais je n’y crois pas dans le contexte d’insécurité dans lequel nous sommes. Le distributeur a un coût. En revanche un entrepreneur peut mettre en place un réseau de vente dans les petits doukas car il y en a partout, c’est ouvert 7 jours sur 7 et tard.
M.H. : La maladie n’aurait-elle pas été banalisée, étant donné que l’on peut vivre avec le VIH en suivant un traitement ?
M.M. : Non je ne pense pas. Le VIH fait toujours aussi peur car on a un cliché qui
est associé au Sida et à la mort. Ce qui peut être contradictoire avec le comportement de certains. Les gens en ont peur mais ne s’en protègent pas.
Aujourd’hui le VIH est devenu une infection chronique, cela veut dire que les gens peuvent vivre normalement. Les traitements permettent d’affaiblir le virus de telle manière qu’il devient indétectable et on n’est plus contaminant. On dit qu’on a une charge virale indétectable. On peut donc faire des enfants sans les contaminer, on peut aussi avoir un rapport sexuel avec son partenaire sexuel régulier sans protection et il ne sera pas contaminé. Mais pour cela, il faut se faire dépister pour être pris en charge. Si on ne se fait pas dépister, on prend des risques pour soi, mais on en fait aussi courir aux autres.
Le réflexe dépistage n’est pas encore acquis par tous.
Aujourd’hui il existe aussi ce que l’on appelle la PrEP. C’est un traitement pré-exposition que l’on prend régulièrement afin d’éviter la contamination du VIH. Mais il peut être contraignant, il y a un suivi médical, il faut prendre régulièrement ses comprimés.
M.H. : Lorsque l’on est diagnostiqué séropositif, à qui doit-on s’adresser ?
M.M. : On est pris en charge par le service infectiologie du centre hospitalier de Mayotte qui délivre le traitement. Chez nous on a accès aux meilleurs traitements qui soient, comme c’est le cas dans toute la France. Et il est pris en charge à 100% par la sécurité sociale. Il y a également un accompagnement psycho-social proposé par le CHM et nous le faisons aussi à la demande. Nous organisons également des sorties loisirs pour permettre aux uns et aux autres de sortir de l’isolement et de rencontrer d’autres personnes dans la même situation qu’eux. n
L’association Nariké M’sada est porteuse de qu’elle appelle « Mayotte sans Sida et hépatites ». Il s’agit d’un colloque organisé en février dernier et qui sera désormais un rendez-vous annuel. « Il nous permettra d’être en interaction avec d’autres personnes, que ce soit des spécialistes de métropole ou d’ailleurs. Il nous manque des espaces de réflexion à Mayotte et l’objectif de ce colloque est de palier à ça. Ainsi on pourra maintenir mobilisés les différents acteurs et mutualiser nos efforts », précise Moncef Mouhoudhoire. L’évènement se déclinera toujours sur trois axes : la santé sexuelle et reproductive, les maladies infectieuses émergentes et réémergentes ainsi que les addictions. Le prochain rendezvous aura lieu en mars 2023.
Ce samedi, Nariké M’sada organise un tournoi de football sur le terrain de Dembéni, à partir de 9 heures. Seront présents les joueurs des catégories jeunes et entreprise de la commune, ainsi que les miss excellence, département, salouva et… Les miss koko, qui participeront au match d’ouverture contre les U10 de Dembéni !
La circulation du VIH est-elle de plus en plus importante sur l’île ?
« On a 400 patients en file active. Depuis 2019, l’année où je suis arrivé, j’ai vu une augmentation. Cette année par exemple, on a 80 nouveaux dépistés. Une vingtaine l’étaient déjà avant d’arriver à Mayotte », comptabilise le docteur Mohamadou Niang, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au centre hospitalier de Mayotte (CHM). Celui-ci y voit « trop de comportements à risques et un manque d’éducation sexuelle. La notion de tourisme sexuel est également importante ». Et même si l’augmentation des cas est liée à un meilleur dépistage, « il y a encore des améliorations à faire », nuance Marie-Eve Tremblay. Infirmière du service de consultations externes du VIH, elle veille avec Pauline Focant au suivi des patients porteurs du VIH.
Les communautés sont-elles différemment touchées ?
Le docteur Niang évalue à 30% de Malgaches environ la part de patients sur Mayotte. Le virus étant particulièrement actif en Afrique,
les populations comoriennes ou d’Afrique de l’Est sont également touchées. « 70% des patients ont besoin d’une régularisation. Il y a un gros travail social, c’est une partie prenante de la prise en charge », concède Pauline Focant. Les travailleuses du sexe sont un public particulièrement surveillé. Le chef du service et les infirmières déplorent que les malades ne se fassent connaître qu’au dernier stade de l’infection au VIH, celui du Sida.
Quels sont les freins au dépistage ?
C’est un problème sur l’île, la prévention y est plus difficile à effectuer qu’en métropole, même si des associations comme Nariké M'sada œuvrent localement pour ça. « On a beaucoup de dépistage en cas de grossesse », relève Marie-Eve Tremblay. En effet, les femmes enceintes étant obligées de faire des contrôles, c’est ce public qui est plus facilement suivi. Car, à contrario, les hommes n’ont pas assez le réflexe du dépistage et peuvent très bien avoir le VIH sans le savoir. « Certains n’ont jamais fait de tests médicaux », fulmine le médecin, alors qu’il préconise un dépistage « tous les trois ans ». Autre frein, à Mayotte, les tests sont
généralement plus chers qu’en métropole. Et « quand vous rentrez dans une pharmacie, il faut le demander aux pharmaciens. En métropole, on peut acheter un test directement dans les rayons », ajoute l’infectiologue.
Est-ce qu’on peut se soigner à Mayotte ?
C’est la particularité du VIH, les patients peuvent tout à fait vivre normalement avec le virus. Un traitement sous
forme de trithérapie avec un comprimé par jour est souvent administré. En cas de détérioration de l’état d’un patient, il peut bénéficier « d’une prise en charge pluridisciplinaire » rapidement sur place. Ce mardi, par exemple, trois personnes étaient hospitalisées au CHM. « On est entre 85% et 90% des personnes porteuses du virus, mais qui ne le transmettent plus. L’Organisation mondiale de la santé a fixé un objectif de 95% en 2030 », font valoir le médecin et les deux infirmières. n
AUJOURD’HUI ÂGÉE D’UNE CINQUANTAINE D’ANNÉES, ASMA*, MÈRE DE TROIS ENFANTS, A DÉCOUVERT SA SÉROPOSITIVITÉ ALORS QU’ELLE N’AVAIT PAS 25 ANS. ELLE EST DEVENUE, DE FAIT, L’UN DES PREMIERS PATIENTS ATTEINTS DU VIH À MAYOTTE. POUR ELLE, LA MALADIE ÉTAIT RÉSERVÉE AUX PERSONNES AUX MŒURS QUE NOMBREUX DÉSIGNERAIENT COMME LÉGÈRES. MAIS SA PREMIÈRE PRISE DE RISQUE A ÉTÉ CELLE DE TROP. ELLE RACONTE.
De son histoire, Asma* n’en livrera que les grandes lignes. Cette mère de famille a été dépistée séropositive 25 ans plus tôt et pourtant, aujourd’hui encore, elle tait sa maladie à la plupart de ses proches. « Pour moi, le VIH, ça n’arrivait qu’aux gens qui faisaient des bêtises » , souffle-t-elle. « J’étais vierge avant de rencontrer mon mari et je ne me suis jamais droguée. Ça ne pouvait pas tomber sur moi, je n’avais même pas eu le temps de goûter tout ce que la vie avait à me donner… »
À l’aube de sa vingtaine et au lendemain de son mariage et de son premier accouchement, un médecin conseille vivement à Asma de se faire dépister du VIH. En cause : son mari, malade, et évacué à La Réunion pour y suivre une batterie de tests sérologiques, vient de découvrir sa séropositivité. Pourtant, l’examen de la jeune mère, lui, s’avère être négatif. « On m’a conseillé de me refaire dépister quelques mois plus tard » , se souvient-elle. Finalement, la réponse tombe comme un couperet : elle n’a pas 25 ans, et Asma découvre qu’elle est porteuse du VIH.
« J’étais tellement choquée d’apprendre la nouvelle que les mois qui ont suivi, j’ai refait plusieurs tests en changeant mon prénom pour vérifier les résultats. Je n’arrivais pas à l’accepter. » Pourtant, sa prise en charge
médicale s’organise immédiatement. « J’ai été suivie par un médecin du CHM de Mamoudzou dès le début, j’ai été bien accompagnée » , reconnaît la désormais quinquagénaire.
Les premiers mois sont, pour elle, les plus difficiles à passer. Plusieurs traitements successifs lui sont prescrits, afin de déterminer celui qui se révèle être le plus efficace sur son organisme. « J’ai dû prendre beaucoup de comprimés par jour, parfois jusqu’à six ou huit avant de me coucher. » Asma perd le sommeil, l’appétit. Mais si elle ne s’alimente pas correctement, son médecin peut lui demander d’interrompre son traitement. Alors pas question d’abandonner. Et ses efforts payent. « Aujourd’hui, on a trouvé ce qui fonctionne sur moi, je n’ai plus de symptômes et j’ai même l’impression de vivre normalement » , sourit-elle.
Petit à petit, la vie d’Asma reprend son cours. Elle et son conjoint décident même d’avoir un deuxième enfant, puis un troisième. « Mes grossesses ont été très suivies, mes enfants ont été dépistés et nous savons qu’ils vont bien, ils n’ont pas le VIH. » Aujourd’hui, une prise en charge dès la grossesse permet de réduire considérablement le risque de transmission de la mère à l’enfant : en France, moins de 1% des enfants nés de
parents séropositifs sont porteurs du virus. À condition que celui-ci soit dépisté à temps chez celui et celle qui lui donneront la vie. « Mais depuis, je n’ai pas eu d’autres enfants, parce que la peur est toujours là » , reprend Asma, dont la charge virale n’est, à ce jour, pas devenue indétectable. « J’ai espoir qu’un jour ça soit le cas, ça peut toujours arriver. Mais moi, je ne me sens plus malade. » À quelques exceptions près. Les premières années qui ont suivies son dépistage, la jeune femme garde le silence. Parce que nombreux, encore, sont les clichés qui entourent le VIH et les personnes qui vivent avec. Au bout de dix ans, elle « craque » , lorsque son père,
gravement malade, menace de mourir. « J’ai porté ce fardeau pendant trop longtemps, je n’arrivais plus à le porter. » Elle le met dans la confidence, puis en parle à sa sœur. Et les premières réactions ne se font pas attendre. « On m’a dit que je mentais, on m’a demandé de montrer des tests, des ordonnances à mon nom pour prouver que c’était vrai. Personne ne comprenait que ça puisse tomber sur moi. » Finalement, la nouvelle fait son chemin dans l’entourage d’Asma. Bien que nombre de ses amis et membres de sa famille ignorent encore qu’elle est l’un des premiers cas de séropositivité à travers l’île. n
* Le prénom a été modifié
Et si Caribus était mis en place un an à l’avance ? A la vue des désagréments subis par les automobilistes empruntant la route nationale 2 et de la durée prévisionnelle de deux mois de chantier, Rachadi Saindou, le président de la Cadema (communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou), a lancé des études afin de proposer une solution temporaire. « Nous espérons proposer, dès la semaine prochaine, la mise en place de bus-navettes à partir de Hajangua, pour les personnes arrivant du sud de l’île, et depuis Tsararano, pour les personnes venant de l’ouest », explique-t-il.
Concrètement, c’est une dizaine de navettes gratuites qui sera déployée, avec un premier départ aux alentours de 5 heures d’Hajangua et de Tsararano. Quant au retour, les bus partiront vers 15h30 de Mamoudzou (parking des taxis Sud). « Nous n’avions pas prévu que le problème de circulation allait être si important et causer autant de désagréments », concède le président de la collectivité.
Pour rappel, ce chantier, concerne la pose de canalisations du réseau d’eau potable, ainsi que les travaux de traversées de chaussée sur deux giratoires. « La réalisation de ces travaux provoque une déviation via les futures voies de bus. La circulation de la route nationale se retrouve donc, sur pôle d’échange multimodal, qui n’est pas configuré pour recevoir autant de véhicules. La signalisation verticale a été renforcée et la signalisation horizontale va l’être également. Une chicane a également été résorbée pour permettre un meilleur passage », indique Jean-Français Bergéal, directeur de projet de Narendré, groupement de maitrise d’ouvrage du projet Caribus.
Il ajoute également qu’« au-delà du carrefour en lui-même, les automobilistes sont ralentis par cette signalisation. Il faut que chacun s’approprie cette déviation ». La durée des feux provisoires va être également modifiée avec l’allongement du feu de circulation installé à la sortie de Passamaïnty. « Avec ces modifications, la circulation devrait redevenir à la normale. Le pic du dérangement est derrière nous, maintenant, ça ne peut que s’améliorer », estime Jean-François Bergéal. En attendant, la Cadema mise beaucoup sur ces navettes, qui seront vues comme un test, afin de réduire la pression automobile et de fluidifier la circulation intense des heures de pointe. « Nous proposons une solution et c’est à chacun de participer. C’est l’affaire de tous ! », rappelle Rachadi Saindou.
Propos recueillis par Lucas Philippe
Ce mardi 29 novembre, dans les locaux la communauté de communes de Petite-terre, l’antenne de Mayotte du Conservatoire du littoral a réuni gestionnaires, institutions et associations pour dresser le bilan 2022 de la gestion des sites littoraux de la Petite-terre. Après une matinée de présentation des résultats et projets à venir, une visite de terrain s’est déroulée sur le site de la Vasière des Badamiers, dans l’après-midi. Bacar Mdallah, chargé d’aménagement et de gestion de l’antenne de Mayotte, nous éclaire sur le rôle du Conservatoire du littoral, et sur les défis auxquels fait face le littoral de l’île.
Mayotte Hebdo : Comment se traduit le travail du Conservatoire du littoral à Mayotte ?
Bacar Mdallah : Ici à Mayotte, on a des réseaux de sites. C’est-à-dire plusieurs sites en un. Par exemple, sous la dénomination « cratères de Petite-terre » , on regroupe le lac Dziani, les plages de Moya 1 et 2 et le versant littoral de la crête de la Vigie. En tout, cela représente une vingtaine de sites, pour un total de 2.700 hectares. Parmi ces sites, on trouve les îlots, une majorité des mangroves de l’île et des étendues de terres. Le Conservatoire a également la compétence pour intervenir sur les lacs, à l’image du lac Karihani. L’objectif du Conservatoire est avant tout la préservation de l’espace naturel littoral, et d’en permettre l’accès à la population lorsque cela est possible. Notre devise, c’est : « le littoral pour tous, et pour toujours ! » . Pour cela, on confie nos sites à des gestionnaires - en l’occurrence le conseil départemental et les communautés de communes – qui sont garants de leur entretien et de leur valorisation.
M.H. : Vous dressez aujourd’hui le bilan des actions menées cette année en Petite-terre. Quelles sont vos principales satisfactions ?
B.M. : La principale satisfaction qui se dégage de cette réunion, c’est l’engagement des structures, collectivités et associations en faveur de la préservation des sites. Leur présence est importante car ces sites ont un fort potentiel pour le développement touristique de l’île.
La deuxième grande satisfaction concerne les actions de sensibilisation effectuées auprès de la population par nos gestionnaires. Ces sites ont une grande valeur - écologique comme paysagère – et il est important de bien faire connaître les règlementations qui leur sont propres. On essaye également de travailler avec les gestionnaires pour développer des actions de restauration. On retient par exemple la réfection du parking d’accès au Dziani, et de la piste de Moya par la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), accompagnée de la remise en état des canalisations d’eau qui alimentent la
maison des gardes (N.D.L.R. du conseil départemental, en charge de la surveillance des tortues). Toutes ces actions permettent un meilleur accès aux sites par le public.
M.H. : Quels sont les grands défis auxquels fait face le littoral mahorais ?
B.M. : Le principal défi, c’est l’activité de l’homme en général… À commencer par le développement urbain. Notre but, c’est de faire ce qu’on appelle de la coupure d’urbanisme, c’est à dire garder des espaces naturels pour éviter qu’ils ne soient construits. Nous devons faire face à l’occupation illégale de nos terrains. En 2021, un agent a été spécifiquement embauché pour recenser ces occupations, dans le cadre d’un « plan de reconquête du littoral » . Au total, 115 occupations ou groupes d’occupations ont été dénombrées. Beaucoup sont de nature agricole. L’agriculture n’est
pas forcément incompatible avec la préservation des espaces, mais dans ce cas nous devons pouvoir engager un travail de régularisation et de contrôle de cette activité sur nos sites. On observe aussi des bâtis d’habitations, dont au moins une centaine d’habitats insalubres. Des processus seront engagés pour enlever ces constructions. Le littoral mahorais se confronte également à la problématique des déchets. D’une part, en saison des pluies, tous les déchets des zones urbaines sont drainés sur le littoral. D’autre part, nous constatons de nombreux dépôts sauvages. Enfin, vient la question du réchauffement climatique. L’eau grignote le littoral : on observe une forte érosion du trait de côte. Au Conservatoire, on a un outil qui nous permet de suivre et d’évaluer l’impact de ce recul de trait de côte sur nos terrains. C’est quelque chose que nous surveillons attentivement. n
Créé en 1975, le Conservatoire du littoral est un établissement public dont la mission est d’acquérir des parcelles du littoral dégradées ou menacées par l’urbanisation, pour en faire des sites « restaurés, aménagés et accueillants dans le respect des équilibres naturels » . Le Conservatoire est propriétaire des sites qu’il acquiert, mais il les confie à des gestionnaires - collectivités et associations – qui sont spécifiquement chargés de les entretenir et de les valoriser. A l’échelle nationale, 213.500 hectares de parcelles sont sous la coupe du Conservatoire du littoral, dont un tiers en outre-mer. A Mayotte, ce chiffre est de 2.700 hectares répartis en une vingtaine de sites dont les cratères de Petite-Terre, la Vasière des Badamiers, les pointes et plages de Saziley-Charifou, l’îlot Mtsamboro, l’îlot Bandrélé, la baie de Dzoumogné-Longoni, le lac Karihani et la prairie humide de Malamani.
Cet essai féministe traite des morts en mer, de l'immigration, de la violence entre les communautés, de la pauvreté, du rêve d'une vie meilleure, d'argent et de son pouvoir et... des secrets de famille.
Hervé Éveillard apparaît sur la scène littéraire de l’archipel des Comores en général et de Mayotte en particulier avec un essai historique au titre désinvolte publié chez Menaibuc en 2015 : L’Histoire des îles de l’archipel des Comores ; ça va beaucoup mieux en la lisant. Mais c’est pour son ouvrage suivant qu’il retient aujourd’hui notre attention. Quatre années plus tard, en 2019, Hervé Éveillard publie, dans la collection « Lettres de l’océan Indien » des éditions L’Harmattan, un texte théâtral au prénom féminin : Nawal. Jetons d’abord un coup d’œil à la liste des personnages pour savoir qui est Nawal et comment elle est entourée : « Nawal, femme, 34 ans, grande taille. / Mousthoifa, homme, 40 ans, plus petit de taille que Nawal / Faizina, sœur de Nawal, 30 ans, elle fait plus âgée et est plus corpulente / Kevin, garçon des rues, moins de 14 ans / La propriétaire, 62 ans, femme corpulente / La tatie, 63 ans, femme corpulente / La domestique, 23 ans, chétive / Le Sénateur, 53 ans mais vieil homme, tour de ceinture supérieur à 170 cm / La mère, mince / Le chœur » (p. 13)
Le lecteur comprend d’emblée que les personnages sont stéréotypés. En effet, les femmes s’apparentent, par leur embonpoint, à des bweni et l’on comprend que le tour de taille est symbole de pouvoir et de richesse,
que l’on soit jeune ou vieux, homme politique ou non. La pièce débute par la dernière volonté de la mère de Nawal, une dernière volonté dysphorique puisqu’elle incite la fille à chercher son géniteur qui est un violeur et semble guidée par une logique du ressentiment : « J’aimerais que tu ailles à Maoré et que tu trouves l’homme qui m’a violée. S’il est mort, profane sa tombe, qu’aucune fleur ne pousse jamais à cet endroit. Sème le poison sur sa mémoire, salis son nom à tout jamais. » (p. 15)
Après avoir atteint Mayotte en kwasa, Nawal découvre un nouveau monde et entre dans des rapports familiaux complexes qui rappellent le théâtre d’Ambass Ridjali. Voici le climax de la pièce : « La propriétaire – Oh, malheur ! Elle sait tout ! Elle est en colère, elle sait tout ! Sa maudite sœur lui a tout raconté ! je suis perdue, je vais mourir ! Ah je t’en prie Nawal, aie pitié de ta pauvre tante : elle est malade.
Nawal – Me taire, alors que cet homme infâme vit peut-être encore ! Et vous, vous le protégez !
La propriétaire – Mais que dit-elle ? Oh, je suis morte ! Le scandale va tomber sur ma famille ! Ah, que faire ?
La tatie – Nawal, cet homme n’est plus, il est mort depuis longtemps. Calme-toi mon
enfant, nous allons parler et ta tante va tout t’expliquer. Elle va partager le terrain. Mais s’il te plaît, pas de scandale !
La tatie, à la propriétaire. – Cette femme porte un bombe. La propriétaire, à la tatie. – Quoi ? C’est une terroriste ! La tatie, à la propriétaire. – Non, elle est une bombe à elle toute seule. Sa tête peut faire exploser n’importe quel secret. » (p. 40-41)
Mais là où le style humoristique de surface, tel le jeu de mot avec la bombe, fait songer à Nassur Attoumani, et là où le secret de famille fait écho à Scandale dans la famille X, Hervé Éveillard ne se borne pas, comme Ambass Ridjali, à la seule Mayotte, mais à l’histoire de l’ensemble
de l’archipel des Comores en ce qu’elle traverse l’île aux parfums. En effet, ce viol n’est pas seulement celui d’une femme par un homme, c’est le viol d’un soldat sur une serrer-la-main. L’acte n’est donc pas seulement motivé par une pulsion sexuelle, il est un moyen d’affirmer sa domination sur le camp adverse, un moyen de défendre Mayotte française contre Mayotte comorienne. En ce sens, le théâtre d’Hervé Éveillard est allégorique et rejoue le drame du moment 1975, tel notamment que le vécut Abdou Salam Baco, dans son enfance, romancée dans Brûlante est ma terre.
Calendriers - classements - résultats
Régional 1
Journée 21
Tchanga SC 0–0 FC Mtsapéré
AS Rosador de Passamaïnty 2–2 Diables noirs de Combani
Bandrélé FC 2–1 ASC Kawéni
ASC Abeilles de Mtsamboro 3–4 Jumeaux de Mzouazia
AS Bandraboua 2–1 AJ Kani Kéli AS Sada 1–1 USCP Anteou
Journée 13 – Samedi 3 décembre à 15h
ASC Kawéni – ASC Abeilles
Jumeaux de Mzouazia – AS Rosador de Passamaïnty
FC Mtsapéré – Bandrélé FC
Diables noirs de Combani – AS Sada AJ Kani Kéli – Tchanga SC USCP Anteou – AS Bandraboua
FOOTBALL
Régional 2
Journée 21
FC Majicavo – AS Neige de Malamani
UCS de Sada 0–0 AJ Mtsahara
US Kavani 3–2 FC Chiconi
Foudre 2000 4–0 FC Kani Bé
ASJ Moinatrindri – Olympique Miréréni USCJ Koungou 1–2 FC Dembéni
Journée 13 – Samedi 3 décembre à 15h AJ Mtsahara – FC Majicavo
AS Neige de Malamani
Régional 1 féminines
Journée 20
USC Labattoir 1–4 AS Jumelles de Mzouazia Devils Pamandzi 3–0 Wahadi ASC (forfait général)
ASJ Handréma 1–1 FC Mtsapéré US Kavani 0–5 Entente Miréréni / Tsingoni Club Unicornis 6–0 ASO Espoir Chiconi Exemptées : Olympique de Sada
Régional 1 féminines
Journée 12 – Dimanche 4 décembre à 15h30
Wahadi ASC (forfait général) 0–3 US Kavani Club Unicornis – USC Labattoir AS Jumelles de Mzouazia – Entente Miréréni / Tsingoni
ASJ Handréma – Devils Pamandzi FC Mtsapéré – Olympique de Sada Exemptées : ASO Espoir Chiconi
Prénationale féminine
Ce dimanche 27 novembre 2022, les demi-finales ont eu lieu sur le terrain communal de Chirongui, mis à disposition par la Mairie de Chirongui, et organisées par le Comité Territorial de Rugby de Mayotte, assisté par le Club local de Chirongui.
RC Secteur sud de Mayotte Bouéni 40–36 Rugby club de Combani Desperados rugby club 65–14 Rugby club de Koungou
NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE
Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros
7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com
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Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com
Rédacteur en chef Axel Nodinot
Couverture : une question de VIH
Journalistes
Axel Nodinot Jéromine Doux Raïnat Aliloiffa Alexis Duclos Said Issouf Lucas Philippe Agnès Jouanique
Direction artistique Franco di Sangro
Graphistes/Maquettistes
Olivier Baron, Franco di Sangro
Commerciaux
Cédric Denaud, Murielle Turlan
Comptabilité
Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com
Première parution
Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716
RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960
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