LE MOT DE LA RÉDACTION
PRÉVENIR
« L’inceste, moi, ça m’excite à mort ». C’est lors d’une récente interview que cette phrase est prononcée par Bastien Vivès, auteur de bandes dessinées prônant le viol, l’inceste donc, mais aussi la pédopornographie, le dessinateur n’hésitant pas à représenter des enfants de huit ans nus, ou encore une petite fille d’une dizaine d’années violée sous les yeux et avec l’aval de ses parents. Ce n’est pourtant qu’hier que le Festival international de bande dessinée d’Angoulême (FIBD) déprogrammait l’exposition donnant « carte blanche » à Bastien Vivès, après de multiples manifestations, pétitions et menaces. C’est ce qu’il semble falloir pour amener la lumière sur un sujet pourtant si grave que la pédocriminalité, ses ignominies étant banalisées depuis plusieurs décennies par certaines personnalités françaises. « Ce qui me captive, c’est moins un sexe déterminé que l’extrême jeunesse », déclarait Gabriel Matzneff en 1974, huit ans avant que Daniel Cohn-Bendit n’affirme que « quand une petite fille de 5 ans commence à vous déshabiller, c’est fantastique », rejoignant les Polanski, Ferré, et de nombreux autres. C’est pour éviter ce genre de crimes, et bien d’autres, qu’il faut parler de la sexualité, surtout aux plus jeunes. Sur notre île, tant de jeunes femmes tombent enceintes sans le vouloir, tant d’entre elles vivent avec le secret d’un viol subi, tant d’hommes et de femmes sont victimes d’infections sans le savoir. Pour vivre au mieux son plaisir, il faut prévenir.
Bonne lecture à toutes et à tous.
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
Lu par plus de 12.000 personnes chaque jour, Flash infos vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre en plus un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
Axel Nodinottchaks
48C’est le nombre de points du FC Mtsapéré en Régional 1, qui devient donc le nouveau champion de football de Mayotte, avec une journée d’avance. Ayant dominé les 21 journées du championnat, les Mtsapérois devancent l’ASC Kawéni et les Jumeaux de Mzouazia, tous deux à 42 points. Pour valider ce titre, le FCM s’est imposé 4-1 sur la pelouse de l’AS Bandraboua, ce mercredi. La dernière journée aura lieu ce samedi, et verra Mtsapéré fêter son titre à domicile, contre l’AJ Kani Kéli, tandis que Mzouazia et Kawéni, respectivement opposés à Bandrélé et le Tchanga SC, se disputeront la deuxième place. En bas du classement, l’USCP Anteou et l’AS Sada sont déjà promis à la descente. Les calendriers et classements du football, basket-ball et handball mahorais sont à retrouver dans les pages sports, à la fin de votre magazine.
Le décasage de Doujani annulé
La préfecture de Mayotte s’était félicitée de cette opération de destruction de cases en tôle. Seulement, dans son ordonnance du jeudi 8 décembre, le tribunal administratif de Mamoudzou a suspendu l’arrêté préfectoral "portant évacuation et destruction des constructions bâties illicitement au lieu-dit Doujani", faute de solution concrète de relogement proposée. L’opération de" décasage" devait se dérouler lundi dernier. Le tribunal administratif a par ailleurs indiqué que la question de la conformité de l’article 197 de la loi ELAN – dispositif dérogatoire permettant la mise en place de ce type d’opérations de "décasage" par arrêté préfectoral – a été transmise au Conseil d’État.
Pourquoi cette discrimination et cet insupportable ostracisme à l’égard des Mahorais ?
»
C’est la question lancée au gouvernement par Mansour Kamardine lors de la séance du 22 novembre dernier à l’Assemblée nationale. Le député de la circonscription sud s’est plaint de l’absence de mesures pour permettre la convergence des droits sociaux à Mayotte.
« Alors que Mayotte est le territoire le plus pauvre de France, l’effort de solidarité par habitant en matière de prestations sociales ne s’élève qu’à 9% de la moyenne nationale et le transfert de dépenses en nature et de services publics plafonne à 70%. L’ensemble des dépenses publiques et sociales par habitant du 101ème département français ne s’élèvent qu’à 38% de la moyenne nationale », a-t-il déclaré dans l’hémicycle. Le député mahorais a en outre visé les présidents Hollande et Macron, ainsi que plusieurs ministres, sur leurs promesses non tenues en la matière.
«
C’est le nombre de fausses attestations d’hébergement retrouvées dans les dossiers d’Anrif Nourdi, ancien conseiller municipal de Mamoudzou. Depuis 2014, l’élu produisait de faux documents pour permettre à des familles comoriennes de prouver qu’elles habitaient sur le territoire mahorais, et ainsi leur permettre d’y rester. À la barre du tribunal correctionnel de Mamoudzou cette semaine, M. Nourdi a été condamné à verser une amende de 10 000 euros, dont 8000 avec sursis, en plus d’être frappé d’inéligibilité provisoire. Le membre du parti Les Républicains perd donc ses fonctions à la mairie de Mamoudzou. Selon Benoît Rousseau, le président du tribunal correctionnel, ce sont près de 2000 personnes qui auraient été « protégées » par l’ex-conseiller.
120Le proverbe “ «Muka biyani kano maji ”
Qui est dans le bassin ne boit pas d’eau
Un collectif de rappeurs pour viser les élus
« Maoré ya mésso », tel est le nom du titre et du clip sorti cette semaine par le collectif de rappeurs Virtuose Project, rassemblé sur une production de Lito Prod. Tête d’affiche de ce groupe, le jeune artiste de Combani Akiio rappe sur ses terres, entouré de jeunes et d’enfants du coin, pour leur implorer de ne pas céder aux sirènes de la délinquance : « Réfléchis à deux fois avant de commettre l’irréparable », « Cessons les querelles et pensons à notre avenir ». Des mots forts de celui qui a une vraie influence sur les jeunes de la commune de Tsingoni, qui va plus loin en accusant les politiques d’entretenir la situation à Mayotte. « Nos élus ferment les yeux, ils nous mentent ; Ils veulent qu’on les vote mais toujours pas de changement », affirme le refrain se voulant positif, en rupture avec la trap largement dominante dans le paysage rap mahorais.
L’image de la semaine
Mercredi, le régiment du service militaire adapté (RSMA) de Mayotte présentait le drapeau tricolore, pour la première fois hors de Combani. Cette cérémonie a eu lieu à Koungou, à la suite d’une convention signée avec la commune.
/ TOUNDA / AGENDA
VENDREDI 16/12
SHOWCASE
TENCE MENA et AYO NAEJ, Au KOROPA à Majicavo Koropa, à 21h00, Entrée 20€
COURS DE SALSA DU 12 AU 16 DÉCEMBRE
Ecole de Pamandzi 5, de 17h30 à 19h30, places limitées sur réservation, 50€ le cours, à partir de 15 ans
COLOS APPRENANTES
Du 10 au 21 décembre Le regard du cœur, 10 rue de la Ravine LONGONI, pour les jeunes de 13 à 17 ans
Activités & Animations
Du 14 au 18 LOISIR MALIN 976, Au parking Tuyoni, à SADA, de 09h00 à 20h00 –
Marche de noël made in Mayotte
Du 08 au 21 décembre, Dans le Hall du comité de Mamoudzou, de 8h à 17h et le samedi de 9h à 15h
SAMEDI 17/12
Fête du litchi
La ville de Ouangani, à Ouangani, de 08h00 à 16h00, 3€ le Kg de litchi + animations pour les enfants
Journée immersion ylang
Le Jardin d’Imany, Stade De Combani, de 09h00 à 16h00
DIMANCHE 18/12
Fêtes des Litchis
La ville de Ouangani, à Ouangani, de 08h00 à 16h00, 3€ le Kg de litchi + animations pour les enfants
Finale coupe du monde 2022 France-Argentine, à 18h00, heure d’Afrique orientale
Collecte de jouets
Association Jwa na tseso za wana, Jumbo Score, Majicavo Lamir, de 08h00 à 17h00
SHOWCASE
A Océan Bambo, TENCE MENA et AYO NAEJ, à 21h00, Entrée 20€
Chanté Noël
Gastronomique de la 1ère
Facebook Live de Mayotte la 1ère, à 19h00
Concert LIVE
A LA FORGE, à Tsingoni, TENCE MENA & AYO NAEJ, à partir de 15h00, entrée 20€
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
BFM TV A-TELLE BIDONNÉ UN REPORTAGE SUR MAYOTTE EN PRÉSENTANT UN JEUNE EN RÉINSERTION COMME UN CHEF DE GANG ?
Le 14 décembre 2022, par Emma Donada pour CheckNews (Libération).
Un extrait de reportage de la chaîne d’information en continu sur les violences à Mayotte a provoqué la polémique après que l’une des personnes interrogées accuse les journalistes de l’avoir présentée, de façon trompeuse, comme « chef de gang »..
« Mayotte : sous la menace des gangs » Lundi 5 décembre, BFM TV diffusait un reportage alors que les violences sur l’île, en proie à une « délinquance hors norme » selon l’Insee, atteignaient un pic, au mois de novembre avec des affrontements particulièrement violents entre bandes rivales. Les journalistes se sont rendus à Kawéni, « plus grand bidonville de France»
La séquence présente le témoignage de « Jordan, 23 ans et chef de gang » . Le jeune homme raconte face caméra et – fait particulièrement rare – à visage découvert, la façon dont lui et ses « camarades » , selon ses mots, se positionnent pour surveiller la police et la boîte aux lettres dans laquelle la bande cacherait des stupéfiants. « Les agents de police essaient tant bien que mal de faire respecter l’ordre, mais dans le bidonville, c’est Jordan qui fait la loi et lui qui ordonne de les attaquer » , décrit la voix off.
Dans une autre séquence, Jordan apparaît accompagné d’un garçon comorien de 14 ans armé d’une machette qu’il aurait recruté. L’adolescent au visage flouté manie l’arme devant les journalistes mais se défend d’être à l’origine d’attaques. « C’est pas pour attaquer, c’est pour me défendre. […] Quand il y a la bagarre, il faut que je me protège, mais je ne vais pas frapper quelqu’un pour rien » , assure-t-il. « Jordan dit vouloir renoncer à cette vie de vols et d’agressions, mais difficile de trouver une échappatoire à la violence dans une île plombée par la pauvreté » , achève le commentaire. Il est aussi précisé que ces vols et délits lui permettent de toucher environ 3 000 euros par mois. La séquence est diffusée sur les réseaux sociaux, notamment Twitter.
Démenti catégorique
Le lendemain, un texte signé Jordan démentant les informations de BFM TV commence à circuler. « Je me suis senti trahi par mon ignorance et ma naïveté, par le groupe de journalistes » , peut-on lire. Dans le message publié initialement sur Facebook, le 6 décembre, le jeune homme en question accuse la chaîne de « montage » « Il était
question de raconter les bêtises qu’on faisait à l’époque avec des amis jusqu’à mon insertion professionnelle totale. On a commencé à tourner et je leur racontais quelques bêtises qu’on a faites (ce que vous avez vu dans le reportage). Après cela, j’ai raconté la deuxième partie de l’histoire qui était mon insertion professionnelle totale dans une entreprise à Kawéni » , écrit-il.
« Ils m’ont tellement rassuré que j’ai témoigné pendant tout le reportage à visage découvert, justement pour monter un exemple positif. Ils m’ont aussi dit qu’ils m’enverraient le reportage avant la diffusion. Ce qui n’a pas été respecté je suis tellement choqué et stupéfait de la façon dont ces journalistes m’ont diabolisé en me traitant de chef de gang alors que ce n’est pas du tout le cas. Aujourd’hui, je travaille, j’ai un emploi stable et je fais tout pour ne plus côtoyer ce monde » , écrit l’homme de 23 ans.
Contacté, le reporter de BFM TV Jérémy Normand qui a rencontré Jordan avec sa consœur Nella Prod’homme, maintient les informations diffusées dans le reportage. Il dément avoir promis, comme on peut le lire, d’envoyer une version avant diffusion. « Nous ne faisons jamais ça » , commente-t-il. Par ailleurs, « nous n’avons pas passé 50 % sur sa vie d’avant et 50 % sur sa vie actuelle comme le sous-entend le message, affirme le journaliste. Je n’ai fait que rebondir sur ce qu’il me racontait » . Et de préciser : « A aucun moment, il n’a dit que ce n’était pas sa vie actuelle. » Jérémy Normand explique avoir été mis en contact avec une « grosse association » de réinsertion « bien implantée » en plein cœur de Kawéni alors qu’il cherchait à rencontrer des jeunes impliqués dans le phénomène de bande. Dans les locaux de l’association, l’équipe de BFM TV rencontre la direction et Jordan. « Il nous est présenté, c’est très important, comme un délinquant repenti » , relate Jérémy Normand. Et de commenter : « Nous ne sommes pas surpris. Il est très difficile d’avoir accès aux jeunes qui sont encore dans les violences. »
Une description au passé… puis au présent Pendant une heure, Jordan est invité à raconter son histoire. « Il nous explique de façon assez crue comment il est tombé dans la violence, qu’il a tabassé des gens, qu’il avait des machettes, que c’était le chef de la bande » , raconte le journaliste qui explique avoir un premier doute sur le profil du jeune homme qui semblerait « contenir son discours » . A l’issue de cet entretien préparatoire qui n’a pas été filmé, les journalistes suivent Jordan dans les ruelles de Kaweni, afin qu’il raconte de nouveau son histoire, cette fois-ci, face à la caméra. Cette mise en situation est couramment utilisée par la télévision pour donner vie aux témoignages. Le jeune homme comme le directeur de l’association donnent leur accord pour que la séquence soit tournée à visage découvert afin de « donner une bonne image du quartier » Mais une fois dehors, le discours de Jordan change de nature, selon Jérémy Normand. « Il explique : « Avant, avec ma bande, on se mettait là et maintenant, ici. » Il parle au présent en disant : « C’est ici qu’on regarde les policiers. » Il ne s’est pas trompé de présent de narration et je ne lui ai jamais demandé de parler au présent » , détaille le journaliste.
Au fil de l’interview, Jordan raconte au présent, comme on peut le voir dans la séquence diffusée le
5 décembre, des actes pouvant tomber sous le coup de la loi. « On se met sur pause plusieurs fois. On se regarde, on était ahuri par la teneur des propos qui ne correspondaient plus du tout à ceux tenus devant la direction de l’association » , raconte Jérémy Normand. Selon le récit de Jordan, certains éléments indiquent, d’après le journaliste, qu’il est toujours à la tête d’une bande. Au cours de l’interview, comme CheckNews a pu le constater en visionnant un extrait non diffusé fourni par BFM, le journaliste demande au jeune homme s’il se rend compte du caractère illégal des événements rapportés, et si cela ne le dérange pas de l’évoquer à visage découvert. Le jeune homme confirme qu’il assume ses propos. « Nous nous sommes vraiment interrogés. Nous avions filmé le témoignage rare de quelqu’un qui, de toute évidence, est encore dans la délinquance et le phénomène de bande. On décide alors de ne pas prendre pour argent comptant la présentation initiale faite par l’association et de le présenter comme chef de bande » , relate Jérémy Normand. Le journaliste explique toutefois avoir décidé de ne pas diffuser les passages où des faits particulièrement graves et récents sont évoqués. « Il n’y a aucun intérêt journalistique à l’exposer à des poursuites judiciaires » , commente-t-il avant de préciser qu’il n’a pas été en mesure de vérifier lui-même la véracité des faits racontés par Jordan. Il a seulement obtenu du jeune homme qu’il lui présente une de leurs machettes. Celle qu’on voit amenée par le garçon de 14 ans, dans le reportage.
Une version longue plus nuancée que le premier extrait Contacté, Jordan n’a pas souhaité répondre. L’association qui a présenté le jeune homme à l’équipe de BFM TV, elle aussi réticente à répondre à nos questions, a apporté son soutien à Jordan. « Il n’est pas la personne qu’ils ont décrite dans le reportage » , nous répond-on avant de maintenir qu’il est sorti de la délinquance.
Si BFM TV se défend donc d’avoir travesti la réalité, on peut noter que le portrait (plus long, du fait du format) du jeune homme, bouclé après que la polémique a éclaté, est plus nuancé que la version courte diffusée début décembre. Ainsi Jordan n’est plus présenté comme un chef de gang, mais « chef de groupe » , moins connoté. Par ailleurs, le passage concernant les 3 000 euros de revenus supposément tirés de ces activités illégales a été transposé au passé. Enfin, un extrait du long format est remis en ligne, le vendredi, avec le titre suivant : « Jordan, ancien délinquant repenti de Mayotte, raconte son quotidien »
Depuis la polémique, la première version de la séquence vidéo a également été retirée du site du BFMTV (même s’il reste toujours le texte) et des réseaux sociaux. Mais cette décision n’aurait rien à voir avec la polémique, selon Jérémy Normand, qui affirme qu’elle a été guidée par le souci d’anonymiser une personne apparaissant à l’écran, à sa demande. « J’ai été touché par son histoire et ses contradictions qu’on a perçues lors de nos rencontres et du tournage. Il ne s’est pas rendu compte de la façon dont il les racontait » , commente le journaliste.
PORTRAIT
NAID, SANS CONTREFAÇON
Ses titres cumulent des millions de vues sur YouTube ; pourtant, à l’écouter, tout se fait presque par hasard. Qu’est-ce qui a propulsé Naid – petit jeune de Tsoundzou sans histoire qui se voyait ingénieur en micro-informatique – sur le devant de la scène musicale mahoraise ? Sa soif d’apprendre et de toujours parfaire son art ? Sa capacité à relever les défis successifs qui se sont présentés à lui ? Peut-être simplement son authenticité sans faille, qui le place à rebours du chemin mille fois emprunté de l’égotrip et de l’étalage de richesses factices. Cinq ans après ses débuts, marqués par quelques freestyles publiés à la va-vite sur les réseaux, Naid sort ce samedi 17 décembre « Gucci », son premier morceau solo intégralement en shimaoré, à la promotion finement calculée.
Le morceau Gucci sera disponible ce samedi 17 décembre, à partir de 16h00 (heure de Mayotte), sur YouTube et toutes les plateformes de streaming légales.
« Quand j’étais jeune, j’étais pas du tout dans la musique. Ça ne m’attirait pas. J’étais à fond dans la religion. J’avais des écouteurs qui ne me servaient qu’à écouter le Coran ! » . Mais que diable a-t-il bien pu se passer pour transformer Naid, jeune collégien pieux et studieux, en chanteur aux millions de vues sur YouTube ?
« La première fois que j’ai écouté une musique consciemment, j’étais en 5ème ! Ça m’a mis une tarte ! » , se remémore Naid. « Je marchais pour aller au collège, et j’ai vu mon meilleur pote avec des écouteurs en train de bouger la tête. Je me
suis dit « bizarre, t’es pas censé bouger la tête quand t’écoutes le Coran ! » » . Le copain lui plante les écouteurs dans les oreilles et Naid se prend Dig out yo pum pum de Charli Black dans le crâne. « Imagine un petit qui écoute que du Coran qui reçoit ça dans la figure ! » , plaisante le jeune artiste. « Ça m’a fasciné… toute la journée, ça ne voulait plus sortir de ma tête ! Je voulais comprendre comment on pouvait mettre sa voix sur des instruments... » Naid, qui vit alors à Tsoundzou sans accès régulier à Internet, commence sa quête d’apprentissage. Il farfouille sur YouTube quand il en a l’occasion, se renseigne sur
la scène musicale locale. « C’est vraiment l’envie de comprendre la musique qui me guidait »
« Lève-toi et fais ! »
De fil en aiguilles, il met les pieds dans le studio de Wardino, l’un des artistes de son quartier. « J’ai suivi la musique, et je suis entré, tout simplement ! Ils m’ont super bien accueilli. Pendant un ou deux ans, j’y suis allé tous les jours, sans même oser parler. Je regardais juste, et j’essayais de comprendre. J’analysais tout : la voix qui va dans le micro, le micro relié à l’ordinateur, les logiciels de production... » Petit à petit, Naid n’est plus uniquement spectateur
; il donne son avis, prodigue des conseils aux artistes qui enregistrent au studio, pour qui il écrit même quelques textes. « Jusqu’au jour où l’un d’eux s’est énervé ! Il m’a dit : « Ouais à chaque fois tu viens, tu donnes des conseils mais tu fais rien. Maintenant, lève-toi et fais ! » » Naid rassemble son courage, quelques bribes de rimes et relève le défi : il chante pour la première fois dans un micro. « Les mecs m’ont filmé et ont posté ça sur internet. C’était mon premier son » . Les artistes de la « capi-cabane » (le surnom attribué au studio de Wardino) ont une audience bien établie et la tête de Naid commence à tourner sur les réseaux. « Au lycée, les gens me regardaient bizarrement. Ils se demandaient comment le petit gars studieux qu’ils connaissaient avait
Le jeune chanteur scénarise lui-même ses clips, tous réalisés par son ancien camarade de classe Max Desiigner
PORTRAIT
bien pu se retrouver dans la capi-cabane à dire des dingueries ! » Tant bien que mal, le garçon se fait discret. « Moi j’avais peur de ma mère ! Elle m’interdisait d’aller là-bas ! »
Celui qui est désormais lycéen se concentre sur les études, jusqu’à l’obtention de son baccalauréat scientifique en 2018. Des questions de visa l’empêchent de rejoindre l’île de La Réunion, où il est pourtant admis en licence de génie civil. « C’est à ce momentlà que je me suis dit que j’allais me lancer à fond dans la musique. Avec juste mon bac, j’allais pas aller loin, donc c’était ma seule option » , raconte-t-il. « Ça ou suivre les jeunes du quartier... » Naid profite du mieux qu’il peut de son dernier été en compagnie de ses amis proches, avant qu’ils ne s’envolent pour leurs études supérieures respectives. « On se retrouvait, on mettait des instrus et on chantait ! C’est là que le son « Jo » a pété ! C’était juste un snap, pas de vrai enregistrement, pas de clip, rien… Il n’y avait pas vraiment de son de l’été cette année-là, donc les gens se sont emparés de mon freestyle » , analyse à posteriori Naid. « On l’entendait partout ! »
Un soir, il reçoit un appel téléphonique. « C’était l’organisateur d’une soirée au plateau de Mtsangamouji. L’artiste principal n’était pas venu. Il me dit : « ouais petit, j’ai un
plateau rempli et l’artiste nous a lâché. On te paye un taxi, tu viens avec tes potes et vous finissez la soirée. T’es chaud ? » » Une nouvelle fois, Naid saisit l’opportunité qui se présente à lui. « Quand on est entrés sur le plateau, c’était une dinguerie ! On avait qu’un seul son, donc on l’a refait cinq fois, et cinq fois tout le public a chanté avec nous ! » , se remémore-t-il tout sourire. A Mtsangamouji, Naid découvre l’effervescence de la scène, et touche son premier cachet. Il réalise qu’il peut monnayer ses talents.
« La musique, c’était ma seule option »
Cette amorce de notoriété attire l’attention de ses pairs, et lui permet quelques rencontres. Naid chemine un temps avec le groupe Moro Squad, puis signe pour un an sur le label Saouti-Kati Record. L’accord n’est pas fructueux : aucun morceau n’est produit, et Naid doit financer lui-même ses projets en travaillant dans un snack en Petite-Terre. Dans le même temps, ses premiers morceaux sont supprimés de la plateforme YouTube pour des questions de droits d’auteurs. « L’année 2020 m’a ouvert les yeux sur le business de la musique. Avec mon contrat qui ne m’a servi à rien et la suppression de mes premières musiques, j’ai appris à la dure.
» Il rencontre Eliném, l’un des principaux influenceurs mahorais (plus d’un million d’abonnés sur YouTube), qui lui offre une belle visibilité en collaborant sur le morceau Joker, sorti en plein Covid, période musicale creuse à Mayotte. Gros succès.
Quelques mois plus tard, Naid signe Vibes, aux côtés de Walter. « Avec ce morceau, j’ai pris conscience de l’importance de la promo. Tout a été calculé de A à Z. J’ai profité des connaissances d’Eliném sur l’influence et l’engagement sur les réseaux » . Les retombées sont immédiates : le clip dépasse le million de vues en quelques semaines – il totalise aujourd’hui à plus de 4,4 millions de visionnages – et installe l’afrobeat comme genre musical mainstream à Mayotte. « Ma marque de fabrique, c’est que j’analyse toutes les sorties, et je fais le contraire ! A l’époque dans les clips mahorais, il n’y avait que des machettes et des fesses ! J’ai essayé d’apporter autre chose, une ambiance plus sympa… et puis si j’avais fait ça, ma mère m’aurait tué, haha ! »
L’engouement autour du jeune artiste est palpable. Fin 2020, début 2021, Vibes se joue dans toutes les soirées de l’île, et à la radio par l’intermédiaire de Slomis qui deviendra un temps son manager. Pourtant, le jeune artiste n’a encore rien sorti en solo ! « Parce que je n’en avais pas les moyens ! Je travaillais dans un snack, je devais aider ma famille… Les featurings me faisaient gagner en visibilité mais ne me rapportaient pas un euro. Aucun de ces sons ne m’appartient ! L’idée à l’époque, c’était de me faire connaître avant tout » . Aux côtés de Slomis, Naid prend conscience de sa valeur en tant qu’artiste, et qu’il peut prétendre à mieux que « les 50 balles que les organisateurs de soirées nous proposaient, en sachant qu’on n’y connaissait rien. »
Il mise sur lui-même, scénarise et finance ses clips, qui sont tous réalisés par son camarade d’enfance Max
(voir encadré), et gère sa promo sur les réseaux. « A partir de là, tout a été plus vite. Mais je suis content que les choses se soient passées comme ça. J’étais le petit Naid innocent qui n’y connaissait rien ; j’ai appris à faire de la musique, à rendre les gens heureux avec. Maintenant, je commence à comprendre comment je vais en vivre »
Fausse sacoche, vraie promo
« Gucci » , disponible à partir de ce samedi 17 décembre à 16h00, sera d’ailleurs son premier morceau déclaré à la Sacem ! Un comble : « le morceau Gucci parle des contrefaçons, mais c’est le premier que j’ai fait dans les règles de l’art !» , ironise Naid en soulignant le paradoxe. « C’est la conclusion de mes débuts, le résultat de toutes mes connaissances accumulées jusqu’ici. On y retrouve ma signature musicale, mais c’est aussi une porte qui s’ouvre vers quelque chose de plus professionnel. » Et en professionnel, Naid a finement calculé son coup. Il y a quelques mois, le jeune homme apparaissait en direct sur Mayotte la 1ère avec une sacoche manifestement contrefaite dans le seul but de se faire épingler sur les réseaux sociaux pour mieux lancer la campagne de promotion du morceau, « travaillé à 100 % pour optimiser les streams sur les applications comme Spotify ou Apple Music » , explique le chanteur. « Aujourd’hui tout le monde peut buzzer sur les réseaux, et être remplacé dès le lendemain. Les streams, ça permet de s’inscrire dans la durée, de vraiment s’établir en tant qu’artiste » , estime-t-il.
Visionnaire, méthodique, Naid distille ses sorties, qu’il peaufine jusqu’au moindre détail grâce à sa fine compréhension des dynamiques propres aux médias sociaux. Mais si le personnage séduit autant, c’est aussi et surtout parce qu’il apparaît comme authentique. Pas de filtre, pas de faux-semblant : Naid ne se prend pas la tête, assume volontiers de porter un complet Lacoste de contremarque, ou de « ne pas avoir l’oreille musicale » . En outre, le mec sympa avec qui discuter deux bonnes heures sans voir le temps passer. « T’as beau faire de la bonne musique, si personne n’a envie de voir ta gueule, tu n’iras nulle part ! » , tranche-t-il en riant. n
« Sans Max, il n’y a pas de Naid ! »
Camarade de classe de Naid, Max Desiigner est son bras armé – d’une caméra – depuis ses débuts. « Le premier clip, on l’a tourné en une heure et posté le jour même. On a fait 100 000 vues en une semaine, sans promo...rien ! C’était énorme à l’époque pour Mayotte » Depuis, le jeune réalisateur, désormais basé à Tours, réalise l’intégralité des vidéo-clips de Naid. Le chanteur l’admet volontiers : « Sans Max, il n’y a pas de Naid ! »
DOSSIER
SEXE MAYOTTE SE FAIT PLAISIR
S’il est bien une chose que nous avons toutes et tous en commun, ce sont les joies de la sensualité et de la sexualité. C’est pourtant l’un des sujets les plus tabous, d’autant plus dans la société traditionnaliste et musulmane mahoraise.
Cette dernière gagnerait pourtant à parler sex-toys, lingerie ou encore pratiques sexuelles, afin d’avoir une meilleure connaissance de la sexualité et d’atténuer les problèmes y étant liés, tels que les violences sexuelles, les infections sexuellement transmissibles, ou encore les grossesses non désirées.
Les sex-toys très appréciés à Mayotte
Sofia* garde un souvenir particulier de son tout premier sex-toy. « Il m’a été offert par monsieur » , raconte-t-elle. Un geste qui l’a mise en confiance et qui l’a incitée à acheter le deuxième. L’apparition de ces jouets pour adultes dans sa relation avec son partenaire de longue date s’est faite naturellement selon elle. Elle note cependant qu’ « il est plus facile d’utiliser les sex-toys féminins que masculin. J’ai moins de complexe à y avoir recours que lui. » Les femmes seraient-elles donc plus coquines ? Pas forcément, mais nous sommes dans une société musulmane, et le plaisir charnel est considéré comme un péché. Les sociétés judéo-chrétiennes rencontrent la même problématique. Il n’est donc pas toujours facile pour les couples de laisser libre cours à leurs fantasmes. Fara* en a fait les frais lors de son premier mariage.
« Mon mari ne connaissait pas mon corps et ne cherchait pas à le connaitre. J’ai souffert les 6 premiers mois, c’était plus une corvée qu’un plaisir de faire l’amour avec lui » , se souvient-elle amèrement. Elle essaye alors tant bien que mal de l’initier aux jeux sexuels mais elle se heurte à un mur. « Les sex-toys étaient tabous. On
en discutait, j’ai essayé de l’initier. » Mais il n’est pas réceptif. Fara finit par se séparer de son conjoint pour diverses raisons et aujourd’hui elle mène une toute autre vie. « Avec mon partenaire actuel ce n’est pas du tout tabou. On utilise les sex-toys sans complexe, il en achète même parfois ! » Elle regrette cependant que ces messieurs soient aussi frileux lorsqu’il s’agit de sexualité avec leurs épouses. « Beaucoup de nos hommes mahorais ne sont pas adeptes aux jeux sexuels ou aux sextoys. Je pense que c’est l’une des causes de l’infidélité des hommes. Ils estiment que les jeux sexuels ne sont pas destinés à leurs épouses mais ils les pratiquent avec leurs maîtresses » , relève Fara.
LA DISCRÉTION EST DE RIGUEUR
Il est difficile de savoir ce qu’il se passe réellement dans les chambres, en revanche en magasin le constat est sans appel. « Les habitants de Mayotte sont des consommateurs de sex-toys au même titre que le reste de la France. Le marché du sexe prend une grande place dans toutes les sociétés confondues et on n’est pas différents des autres » , assure Klervi Pigeard. Cette dernière est la propriétaire de la boutique Sunday à Mamoudzou. Elle vend des maillots de bains, de la lingerie mais également des jouets pour adultes. Lorsqu’elle a créé sa marque il y a un an et demi, elle n’avait jamais imaginé vendre ces derniers, mais les demandes se sont multipliées et elle a fini par y répondre. « C’est un produit qui
« À Mayotte on n’est pas différents des autres »
se démocratise. Aujourd’hui c’est monsieur et madame qui achètent. Les filles viennent également entre copines pour faire leurs achats » , constate-t-elle. La cheffe d’entreprise affirme même devoir réapprovisionner son stock très fréquemment tant la demande est forte. Pourtant, elle ne fait quasiment jamais la promotion de ces jouets coquins. La discrétion est sa marque de fabrique et elle met un point d’honneur à préserver l’identité de ses clients. De ce fait, le rayon qui y est consacré s’appelle « faraha » , comprenez « secret » en mahorais. « Personne ne sait qui achète des sex-toys chez moi et c’est ce que les gens aiment. »
UN TABOU QUI S’EFFACE ?
Dans toutes les sociétés, la sexualité a toujours été taboue. Si Sofia et Fara reconnaissent en parler librement avec leurs amies et leurs sœurs, il leur est difficile d’évoquer le sujet avec leurs parents. « Ça reste inconcevable pour nous » , lance Sofia. Et à Fara d’ajouter. « Je confie beaucoup de choses à ma mère mais je ne lui parle jamais de mes sex-toys ! » Et pourtant, à en croire Klervi Pigeard, celles que l’on appelle affectueusement les « mamans » à Mayotte ne seraient pas aussi réticentes qu’on ne le pense. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, sa clientèle est diverse est variée. Sa tranche d’âge va de 18 à 60 ans. « J’ai
des femmes moins jeunes qui n’ont pas toujours connu le plaisir et qui découvrent mes produits et s’y intéressent » , explique-t-elle. Et s’il fallait une preuve que les mentalités sont en train d’évoluer, il suffit d’aller dans son magasin. « Ce sont souvent les femmes qui offrent
ces jouets à d’autres femmes, notamment à l’occasion d’un mariage. Et parfois c’est même la belle-mère qui offre le sex-toy à sa belle-fille ! Elles dédiabolisent la chose. » On est donc loin des clichés qui laissent croire que les Mahoraises ne s’intéressent pas au sexe. Il suffit de tendre l’oreille lorsque des femmes du même âge discutent entre elle, pour se rendre compte du contraire. n
*Le prénom a été modifié
«
Parfois c’est la belle-mère qui offre le sextoy à sa belle-fille ! »
MODE
Lingerie : les Mahoraises en connaissent un rayon !
QU’ELLES SOIENT RONDES, FINES, JEUNES, ÂGÉES… TOUTES LES FEMMES ONT BESOIN DE LINGERIE, POUR SE FAIRE PLAISIR MAIS ÉGALEMENT POUR PLAIRE À LEURS PARTENAIRES. LES FRANÇAISES SONT CONNUES POUR ÊTRE DES ADEPTES DE LA LINGERIE FINE, ET À MAYOTTE, ELLES NE SONT PAS EN RESTE. LES MAHORAISES SONT COQUETTES ET ELLES L’ASSUMENT.
« J’achète de la lingerie pour me sentir belle et me faire plaisir »
À la rue du commerce à Mamoudzou, une boutique dénote des autres. Elle ne propose pas de prêt-à-porter, ni d’électroménager et encore moins de jouets pour enfants. Sa spécialité ? De la lingerie, et la vitrine est sans équivoque. Nuisettes, body, soutiensgorge et culottes, il y en a pour tous les styles chez Lila lingerie, et surtout pour toutes les femmes. « Nous avons toujours besoin de porter de la lingerie et on ne veut pas que certaines se sentent complexées en venant chez nous. On représente toutes les femmes : allaitantes, sportives, cancéreuses, femmes fortes, minces » , précise Lila, la propriétaire du magasin. Une façon pour elle de rappeler que les sous-vêtements ne
servent pas qu’à séduire. Cette dernière propose des articles qui sont d’une grande aide pour les femmes malades. Et les tailles vont du XS au très large.
Lorsqu’elle s’est lancée dans ce domaine il y a deux ans, la gérante ne savait pas qu’elle rapport les Mahoraises avaient avec la lingerie. Et après avoir passé des mois à observer ses clientes, aujourd’hui elle a une certitude. « Maintenant je sais que les femmes à Mayotte sont très coquettes. Elles savent reconnaître et apprécier les belles choses » , explique-t-elle. Elles ne lésinent pas non plus sur les moyens pour avoir des produits qualitatifs. Myriam* en est le parfait exemple. Cette trentenaire affectionne particulièrement la lingerie sexy et elle en achète régulièrement. « Je cherche quelque chose de beau, de sensuel, mais surtout de bonne qualité et je ne compte pas mes sous pour ça » , indique-t-elle. Aujourd’hui mariée, Myriam reconnait porter de la lingerie fine dès le début de sa vingtaine. « Au départ c’était juste pour plaire
« Les femmes à Mayotte sont très coquettes »
à mes copains, puis plus je prenais de l’âge plus j’ai appris à aimer mon corps. Maintenant quand j’en achète c’est d’abord pour me sentir belle et me faire plaisir avant de penser à mon mari » , ajoute-t-elle en souriant.
UNE PLACE IMPORTANTE
Il est indéniable que la lingerie, qu’elle soit casual ou sexy, a une place importante dans la vie des femmes, et les Mahoraises ne font pas exception. Elles ne veulent pas choisir et préfèrent s’adapter aux circonstances. « J’aime être à l’aise au quotidien, mais il est nécessaire d’avoir des dessous sexy pour entretenir la flamme avec son partenaire. Rien ne vaut la sensation de la dentelle, du porte jarretelle et des talons pour se sentir femme et désirable » , assure Sofia*, une autre trentenaire qui ne cache pas son amour pour les sous-vêtements.
Si Myriam et Sofia font leurs achats seules, la propriétaire de Lila lingerie voit de plus en plus de femmes venir en groupe pour faire leurs emplettes. « Il y a souvent des amies qui viennent entre elles, mais j’ai aussi beaucoup de duos mère-fille, notamment lorsqu’il s’agit d’une mariée. Et je vois de plus en plus d’hommes qui franchissent le pas de notre porte pour acheter de la lingerie à leurs femmes. » Preuve que la féminité et la sensualité des Mahoraises ne sont plus aussi taboues qu’avant. « Mayotte change petit à petit et on se libère de plus en plus. Les femmes de mon âge qui m’entourent sont totalement à l’aise sur le sujet et en discutent librement » , affirme Sofia. Et très souvent, elles allient modernité et tradition. Sous leurs vêtements, la plupart portent des perles de hanche. Il s’agit d’une coutume ancestrale transmise de mère en fille depuis des lustres. Et en 2022, elle n’est pas délaissée. « Je vends aussi ces perles de hanches et mes clientes les adorent, peu importe leur statut social » , précise Lila. Si elles en raffolent, c’est pour une raison bien précise, et le secret est précieusement gardé par les grand-mères qui le transmettent uniquement lorsqu’une jeune fille est sur le point de se marier.
«
Rien ne vaut la sensation de la dentelle »
MICRO-TROTTOIRVIRTUEL Pourquoi utilisezvous les applications de rencontre ?
Houssen, 44 ans, Tsararano
« Depuis que je suis sur cette application, je trouve ça superbe, les conquêtes sont ouvertes d’esprit, elles recherchent de nouvelles relations intimes ou amoureuses. Parfois je me prends des vents, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut baisser les bras. La plupart du temps ça se passe super bien, on se rencontre réellement après avoir conversé et on arrive à avoir des moments intimes. Même si certaines cherchent de véritables relations amoureuses. Moi je recherche plutôt une relation amicale ou une aventure d’un soir ou plus. Après on laisse le temps faire... »
« Pour passer à autre chose »
Geoffrey, 39 ans, Tsingoni
« Je me suis inscrit sur Tinder après une rupture amoureuse, pour passer à autre chose. Je pense que toutes personnes ici, ou ailleurs, rêve de rencontrer son âme sœur. Après, évidemment, des rencontres moins abouties peuvent finir au lit, mais je ne pense pas que ce soit réellement ce qui est recherché en première intention. La raison pour laquelle j’utilise ce mode de rencontre est aussi parce que tout est concentré à Mamoudzou en termes de lieux festifs. La dangerosité des routes à partir d’une certaine heure isole un peu plus dans son village. Alors Tinder peut être une solution alternative. Le problème en revanche c’est que sur l’application, et peutêtre sur d’autres, de nombreuses filles proposent des relations tarifées. On le sait moins mais c’est aussi un réseau de prostitution. »
Benjamin, 24 ans, Pamandzi
« Mayotte est petit et on s’en rend d’autant plus compte sur Tinder. On rencontre beaucoup de connaissances sur l’application. Ou on croise des personnes avec qui on a matché, dans un bar ou dans la rue. Tout Mayotte est interconnectée. Il serait incroyable de faire une carte répertoriant les personnes qui sont sorties ensemble et de voir la toile d’araignée que ça donnerait. Moi ce que je recherche dépend évidemment du feeling. Je pourrais m’engager dans une relation longue mais ce n’est pas simple. Finalement, on tombe davantage sur du consommable ou alors les conversations ne mènent à rien.
Thomas, 30 ans, Mamoudzou
« A Mayotte, le contexte est particulier parce que tout le monde se connaît, donc tout le monde sait quand tu utilises Tinder. Surtout que l’image de l’application est plutôt tournée vers le sexe, donc forcément, ça donne lieu à des interprétations qui peuvent être parfois gênantes. Et il n’est pas forcément évident de rencontrer des femmes comme ça. Elles ont le pouvoir sur ces réseaux parce qu’elles sont souvent plus sollicitées que les hommes. Donc il suffit que tu ne dises pas le bon mot et tu passes à la trappe. Pour moi, les rencontres commencent souvent par un rapport sexuel puis on voit comment ça évolue. Mais il m’est arrivé de tomber sur des profils de prostituées plusieurs fois. C’est une nouvelle manière de trouver des clients. Il y a finalement moins de racolage dans la rue, ça passe beaucoup par ça. »
Il m’est d’ailleurs arrivé une histoire surprenante sur Tinder. J’ai matché avec une fille qui m’a dit s’être séparée de son copain 8 mois auparavant. On a convenu d’un rendez-vous pour se rencontrer le lendemain. Mais le soir, le ton des messages a changé, j’ai senti un truc louche. Son ex était rentré chez elle par effraction et avait pris son téléphone pour retracer les messages. Quand je lui ai fait comprendre que j’avais compris qu’il ne s’agissait pas d’elle, le mec m’a menacé, il m’a dit qu’il allait me casser la figure et a continué à m’envoyer des messages pendant plusieurs semaines. J’ai eu peur qu’il me retrouve et qu’il vienne chez moi. »
Haladi, 25 ans, Dembeni
« Tinder me permet de trouver des personnes qui ont les mêmes envies que moi en toute discrétion. J’aime les femmes plus âgées notamment. »
« Son ex avait pris son téléphone »
« J’aime les femmes plus âgées »
«
Une relation amicale ou une aventure d’un soir »
«
Il n’est pas forcément évident de rencontrer des femmes comme ça »
DOSSIER
ENTRETIEN
« En apprendre plus sur la sexualité et désacraliser les pratiques »
À MAMOUDZOU, THÉO SIMARD, PROF DE FRANÇAIS, A CRÉÉ LES SOIRÉES Q-RIOSITÉ. L’IDÉE : RASSEMBLER UNE QUINZAINE DE PERSONNES POUR ÉCHANGER AUTOUR D’UNE THÉMATIQUE PRÉCISE. LA PREMIÈRE SERA AXÉE SUR LE BDSM (BONDAGE, DISCIPLINE, DOMINATION, SOUMISSION, SADO-MASOCHISME).
de désacraliser des pratiques qui sortent de l’ordinaire, en petit comité. Ce sont des soirées avec une quinzaine de personnes. Pour la première, sur le BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme), j’ai réalisé des interviews avec des pratiquants, afin d’alimenter les débats. A travers des jeux et des interrogations, on pourra en apprendre plus sur cet univers. Une artiste spécialisée dans l’art érotique sera également présente pour exposer ses œuvres. Et en fin de soirée, nous présenterons des sex-toys.
M.H. : Qu’est-ce qui vous a incité à créer ces événements ?
Mayotte Hebdo : Quel est le but des soirées Q-riosité ?
Théo Simard : L’idée est d’en apprendre plus sur une thématique autour de la sexualité. Il n’y a pas de pratiques sexuelles, le but est vraiment d’échanger,
T.S. : Je me suis toujours intéressé à ce qui tourne autour de la sexualité, au sens large. J’ai écouté de nombreux podcasts, lu plusieurs livres... Je trouve dommage que ce soit quelque chose de si commun, qui concerne tout le monde, et que ce soit toujours si tabou. Il y a énormément de fausses idées sur les pratiques, et notamment sur celles qui changent de l’ordinaire. On en a souvent une vision assez péjorative.
M.H. : L’idée est donc de déconstruire certains préjugés ?
T.S. : Oui, on se rend compte que lorsqu’on parle du BDSM, par exemple, on pense instantanément aux menottes et au fouet. Alors qu’il y a autant de pratiques que de pratiquants. Lors des interviews que j’ai mené, je m’attendais à trouver un type de profil particulier. Finalement, j’ai échangé avec des personnes très différentes, ayant des pratiques extrêmement variées. J’ai notamment appris que le BDSM n’était pas seulement une pratique sexuelle mais que cela pouvait faire partie des fondements d’une relation. J’ai par exemple discuté avec un couple dans lequel la femme vouvoie son mari et lui, la tutoie. J’ai également échangé avec une femme dominatrice, en couple avec un homme dominant également. Ensemble, ils ont des pratiques sexuels « conventionnelles » mais chacun d’eux voient une femme et un homme « soumis » pour pouvoir « jouer » Ils se sont fixé pour règle de ne pas aller jusqu’à l’acte sexuel mais ont des pratiques sadomasochistes par
exemple. C’est donc un univers très large, chacun a sa sexualité et elle est différente pour tout le monde.
M.H. : Est-ce compliqué d’organiser ce type de soirées à Mayotte ?
T.S. : Le contexte religieux et culturel fait que ces sujets peuvent être un peu tabous. La sexualité est plutôt associée au mariage. Sur le territoire il y a aussi un fort enjeu d’éducation. Il faut donc faire beaucoup de pédagogie pour que le but de ces soirées soit compris.
M.H. : Quels seront les thèmes des prochaines soirées ?
T.S. : Les deux prochaines soirées seront sur les autres formes de relations amoureuses. Elles aborderont à la fois le polyamour – qui décrit des relations amoureuses avec plusieurs personnes, et le consentement de chacune d’elles – mais aussi le libertinage ou le triolisme, qui définit l’amour à trois. n
Une appli santé sexuelle pour les jeunes
LE 2 DÉCEMBRE DERNIER AVAIT LIEU LE LANCEMENT DE L’APPLICATION « CHABABI JOUWA » AU LYCÉE DES LUMIÈRES DE KAWÉNI. PILOTÉE PAR LA PRÉFECTURE ET L’AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ DE MAYOTTE, CETTE PLATEFORME LUDIQUE ET BIEN TRAVAILLÉE PERMET AUX JEUNES MAHORAISES ET MAHORAIS DE TROUVER UN INTERLOCUTEUR ADAPTÉ POUR DES QUESTIONS AUSSI DIVERSES QUE LA CONTRACEPTION, LES VIOLENCES SEXUELLES OU LA GROSSESSE.
C’est un secret de Polichinelle : à Mayotte, les questions sexuelles sont difficiles à aborder lors d’une discussion organique. Qu’à cela ne tienne, le numérique se chargera de répondre aux jeunes. Bienveillance et exhaustivité, telles semblent être les valeurs de l’application mobile « Chababi Jouwa » , disponible sur l’App Store d’Apple et le Play Store d’Android. Impulsée par la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes (DRDFE) de la préfecture de Mayotte, et développée en partenariat avec l’ARS, Clap Productions, Sirel976 et les associations, elle permet de répertorier tous les sujets en rapport avec la santé sexuelle.
Dès la page d’accueil, huit rubriques sont disponibles : Mon corps, ma sexualité, ma contraception, ma grossesse, mes droits, l’IVG, IST-VIH, mes sentiments et émotions. Au sein de chacune d’entre elles, de multiples questions et définitions sont apportées, ainsi qu’une liste d’interlocuteurs (associations, organismes sociaux ou médicaux) vers lesquels se rapprocher pour chaque question. Nariké M’sada, Mlezi Maoré, l’ACFAV ou encore EndoMayotte y sont par exemple présentes. Tous les lieux de ces organismes, qu’ils agissent dans les domaines de la prévention des IST, de l’accompagnement des victimes de violences ou de celui des femmes
enceintes, sont également répertoriés sur une carte interactive de l’île au lagon, afin de permettre aux jeunes de trouver une aide près de chez eux.
Chababi Jouwa se distingue aussi par son côté ergonomique et ludique : elle répertorie l’ensemble des épisodes de la mini-série « Askip » , qui voit de jeunes Mahoraises et Mahorais évoquer tous les aspects du sexe via des liens YouTube. Mais ce n’est
pas tout. En téléchargeant une seconde application, l’utilisateur peut jouer au « Chababi game » , afin de mieux se connaître et, pour garder un côté compétitif, de tenter de gagner un cadeau. Cette fonctionnalité n’est cependant pas disponible sur tous les types de mobiles. Quoi qu’il en soit, cette initiative numérique est à saluer, en espérant que le plus grand nombre s’y penche. Hier, l’application avait déjà été téléchargée plusieurs centaines de fois.
UNE ÎLE EN TRAVAUX
À LONGONI, LA PREMIÈRE BRIQUE DU LYCÉE DES MÉTIERS A ÉTÉ POSÉE
En tout, 22 bâtiments, représentant 20 000 mètres carrés de superficie, seront répartis sur les six hectares du site. La maison des lycéens, au cœur du projet, sera au centre d’un grand espace vert. Le préfet de Mayotte Thierry Suquet, le recteur Gilles Halbout, le maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, et le vice-président du Département, Daoud Saindou-Malide, étaient présents pour la pose de la première pierre. Deux cabinets d’architectes sont sur ce projet, le Réunionnais Co-Architectes et le Parisien Encore heureux. Une permanence où travaillent deux architectes est installée sur place. Les élèves du lycée polyvalent de Dzoumogné ont été mis à contribution lors de la cérémonie. Ils n’intégreront pas l’établissement à la rentrée 2025, mais pourraient se retrouver dans les entreprises qui le construisent. Sous la houlette de leur professeur, ils ont réalisé des briques de terre compressée, l’un des matériaux utilisés pour les futurs bâtiments.
GESTION DES DÉCHETS : « UNE SITUATION GRAVE ET ALARMANTE »
Venue à Mayotte en juin 2022, la délégation sénatoriale aux outre-mer vient de publier un rapport sur la gestion des déchets dans les territoires ultramarins. Et son constat est sans appel : Mayotte est confrontée à une double urgence, sanitaire et environnementale.
« Il faut un plan Marshall XXL pour Mayotte. Il n’est pas possible de laisser le territoire dans cet état », estime Gisèle Jourda. La sénatrice de l’Aude (Socialiste, Écologiste et Républicain) vient de publier un rapport, co-écrit par Vivane Malet, sénatrice Les Républicains de La Réunion, sur la gestion des déchets dans les outre-mer. Après plus de six mois de travaux, trois déplacements à La Réunion, Mayotte et Saint-Pierre-et-Miquelon, et près de 160 personnes auditionnées, la délégation aux outre-mer constate un retard majeur en matière de gestion des déchets dans ces territoires.
97 % de déchets enfouis à Mayotte
Le taux d’enfouissement des déchets ménagers y est en effet de 67 % contre 15% au niveau national. Un constat encore plus alarmant à Mayotte où la part des déchets enfouis s’établit à plus de 97 %. Une situation « grave » qui place le territoire en urgence sanitaire et environnementale. La cote d’alerte y étant largement dépassée. « Dans certains quartiers informels, où la collecte est impossible, on voit des enfants en bas âge jouer à proximité de batteries ou de véhicules hors d’usage.
C’est aussi dans ce contexte que certaines familles lavent leur linge. On constate une prolifération de rats et avec eux, la propagation de maladies comme la leptospirose », détaille la sénatrice Gisèle Jourda. Sur l’île, le taux de prévalence de la leptospirose est en effet 70 fois supérieur au taux national. D’autres maladies comme la dengue, l’hépatite A ou la typhoïde sont également favorisées par cette situation. Sans compter les conséquences sur l’environnement avec la pollution des sols, des nappes phréatiques et des cours d’eau. « Je n’accepte pas qu’un département français soit dans un tel état », insiste la parlementaire. Des financements insuffisants et des filières de recyclage limitées
Selon le rapport, plusieurs éléments expliquent la situation. D’abord, les financements seraient insuffisants, les écoorganismes discrets, voire absents, et les filières locales de recyclage très limitées. Dans le même temps, la prévention serait quasiinexistante et les exportations de déchets notamment dangereux compliquées. Pour ne pas que le territoire devienne un dépotoir, la délégation sénatoriale a mis en exergue deux défis à relever. Le premier est de gérer l’urgence en retrouvant des moyens d’action. Le second consiste à « s’engager sur la voie de l’économie circulaire. Un chemin plus long,
mais plus durable ». Un plan de rattrapage exceptionnel de 250 millions d’euros sur cinq ans devrait ainsi être mis en place dans les territoires d’outre-mer, pour réaliser les équipements prioritaires, en plus des aides actuelles de l’État. « Le budget alloué à Mayotte sera exceptionnel afin d’assainir la situation. Nous pensons également à la mise en place de brigades pour faire respecter les normes. Si on ne pénalise pas, on ne s’en sortira pas », poursuit la sénatrice.
Une première déchetterie en 2023 sur l’île
De manière générale, les outre-mer souffrent d’un retard massif d’équipements. Le nombre de déchetteries est de deux à neuf fois plus faible que dans l’Hexagone. À Mayotte, elles sont même totalement absentes. La première devrait ouvrir en 2023. « L’île a presque tout à construire pour une population qui explose », souligne le rapport.
En parallèle, les sénatrices préconisent une exonération de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), qui « asphyxie les budgets de fonctionnement des collectivités », pendant cinq à dix ans. Mais aussi une simplification de la gouvernance, avec un opérateur unique sur chaque territoire et un renforcement des obligations de résultat des éco-organismes. L’idée serait ainsi d’expérimenter en outre-mer un mécanisme incitatif de pénalités pour les organismes n’atteignant pas des objectifs chiffrés. Enfin, le rapport souligne la nécessité d’abaisser à une tonne, au lieu de 100, le seuil à partir duquel le coût du nettoyage d’un dépôt sauvage est pris en charge par ces organismes.
La délégation suggère également la mise en place de dispositifs de gratification directe du tri pour encourager la collecte dans les zones les plus défavorisées. A Mayotte, le Sidevam envisage notamment de créer une monnaie locale et de récompenser les citoyens amenant des déchets recyclables dans les Douka en leur fournissant des denrées alimentaires. . n
Mayotte et son statut de département d'Outre-mer en cours (nous sommes en 2009), ses expatriés français, ses autochtones mahorais, ses clandestins comoriens. Mayotte au crible du social et non carte postale de vacances réussies avec lagon, crabes, soleil, et ces cinglants portraits au travers desquels Charles Masson échographie l'île.
LISEZ MAYOTTE LA BD (2/6) : LA BRILLANTE NOIRCEUR DE MASSON
Un an après le premier recueil de Tomz paraît une bande dessinée de Charles Masson intitulée Droit du sol. Il s’agit d’une production, à bien des égards, particulière. En effet, il ne s’agit pas d’un recueil de dessins d’abord parus en ligne ou dans la presse, mais d’un roman graphique. Ce dernier est ensuite le fruit du travail d’un Métropolitain, mais d’un Métropolitain qui ne réside pas à Mayotte. Charles Masson vit à La Réunion et pratique son activité d’ORL, de façon discontinue, à Mayotte. Enfin, cet ouvrage prend place dans une œuvre qui n’est pas uniquement tournée vers Mayotte. En effet, Charles Masson est déjà l’auteur de Soupe froide (2001). Dans l’un comme dans l’autre de ces ouvrages, l’auteur s’intéresse à des personnages défavorisés. Après avoir mis en scène un Sans Domicile Fixe dans Soupe froide, il s’intéresse à la variété des personnages que l’on peut rencontrer à Mayotte : Danièle, une sage-femme, Jeff, un professeur des écoles, Jacques, ancien junkie qui s’est marié à Mayotte, Serge, vendeur de téléphones portables. Mais ce sont surtout les personnages féminins qu’ils croisent qui sont importants. En effet Lucie, Anissa ou Marie doivent tout faire pour s’en sortir.
Le roman graphique s’ouvre sur une scène nocturne. Une barque surchargée de passagers accompagnés d’un zébu part pour une destination inconnue. On comprend rapidement qu’il s’agit d’un kwasa qui va tenter de gagner Mayotte. À son bord, un passeur antipathique et des silhouettes féminines d’âge différent. Cette scène du kwasa va se répéter de façon de plus en plus tragique car, dans la scène finale, une mère jette son enfant à l’eau pour que la gendarmerie n’entende pas ses cris et n’arrête le kwasa. Ainsi la vie d’un certain nombre des personnages de cette histoire est-elle rythmée par ces allers-et-retours involontaires. L’histoire de ces personnages entre également en collision avec celle des Métropolitains qui, plus favorisés mais pas forcément plus heureux, se déplacent toutefois plus librement à Mayotte et tentent de profiter de la vie malgré les fantômes qui les hantent.
Voici comment l’auteur, dans un entretien avec Laurence Copin, explique le titre de son ouvrage : Ce titre s’est imposé à moi quand j’étais en train de dessiner le livre car des politiciens ont proposé d’expérimenter le Droit du Sol français sur le territoire de Mayotte. Le débat
entre le Droit du Sang et le Droit du Sol avait déjà été lancé pendant les présidentielles de 2007, et j’en avais fait ma carte de vœux. J’avais été choqué. Comme le titre a plu à mes éditeurs, on l’a gardé avec son double sens. » Si dans cet entretien, l’auteur adopte une position engagée, il convient de ne penser corrélativement le roman graphique comme une œuvre à thèse. Charles Masson dessine une histoire cruelle mais parfaitement vraisemblable à Mayotte. Les personnages ainsi que les situations ne manqueront pas de frapper celui qui est passé par Mayotte pour leur exactitude. En juxtaposant voire en faisant communiquer différents mondes, en particulier le légal et l’illégal à Mayotte, l’auteur offre un
panorama saisissant de la situation, d’autant plus qu’il faudrait faire la part entre le légal su et l’illégal insu. Enfin, la bande dessinée laisse une large part aux rêves des personnages, ce qui montre le rapport entre le réel des personnages et les aspirations irréelles et plus ou moins réalisables qu’ils ont.
Mais plus encore que l’expression juridique qui lui sert de titre, c’est le dessin en dessous qui empoigne le lecteur et le force à ouvrir le roman graphique. Il s’agit d’une femme enceinte, tombée à genoux, et qui crie…
Christophe CoskerJumeaux de Mzouazia – Bandrélé FC Diables noirs de Combani – ASC Abeilles de Mtsamboro ASC Kawéni – Tchanga SC USCP Anteou – AS Rosador de Passamaïnty AS Sada – AS Bandraboua FC Mtsapéré – AJ Kani Kéli
FOOTBALL
Régional 1 féminines
Journée 13
US Kavani 0–6 FC Mtsapéré Olympique de Sada – Club Unicornis USC Labattoir 3–1 ASJ Handréma Devils Pamandzi 0–3 ASO Espoir Chiconi Exemptées : Jumelles de Mzouazia et Entente Miréréni / Tsingoni
Journée 14 – Dimanche 18 décembre à 15h30 Wahadi ASC (forfait général) – USC Labattoir Club Unicornis – ASJ Handréma ASO Espoir Chiconi – Entente Miréréni/Tsingoni AS Jumelles de Mzouazia – Olympique de Sada FC Mtsapéré – Devils Pamandzi Exemptées : US Kavani
de
Journée 14 – 7 et 8 janvier 2023 Rapides Éclairs
Basket club de Mtsapéré TCO Mamoudzou – Colorado Beetle Mtsahara Jeunesse Canon 2000 – Vautour club Labattoir Basket club de Tsararano – Étoile bleue de Kawéni Fuz’Ellips de Cavani – Gladiator de Doujani
HANDBALL
Prénationale Poule A
Journée 11
Journée
Prénationale Poule B
Journée 11
à 18h : Tchanga Handball – ASC Tsingoni
à 17h30 : Alakarabu Hand – PC Bouéni
MAGAZINE D’INFORMATION
NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE
Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros
7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com
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Rédacteur en chef Axel Nodinot
Couverture : Sexe Mayotte se fait plaisir
Journalistes
Axel Nodinot Jéromine Doux Raïnat Aliloiffa Alexis Duclos Said Issouf Lucas Philippe Agnès Jouanique Hilda Ali
Direction artistique Franco di Sangro
Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro
Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan
Comptabilité
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Première parution
Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716
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