LE MOT DE LA RÉDACTION
L’ÎLE DES POSSIBLES
C’est ainsi que Salime Mdéré, 1er vice-président du Conseil départemental, a défini Mayotte, après avoir reçu des représentants d’une dizaine de pays lors des Ateliers internationaux de maîtrise d’œuvre urbaine, qui se sont déroulés ces derniers jours. Qu’un élu local reconnaisse le formidable terreau socio-économique mahorais est une bonne chose, sans pour autant être surprenant. Nombre d’initiatives entrepreneuriales ou associatives témoignent de la compétence et de la volonté de celles et ceux qui les portent de faire avancer l’île. Comment ne pas céder à l’espoir lorsque quatre élèves de 6ème du collège de Mgombani trustent le top 10 du « Castor informatique », concours réunissant plus de 55 000 jeunes français ? Comment ne pas être inspiré devant le parcours d’Aurélien Timba Elombo, directeur de la Ligue mahoraise de football, dont vous retrouverez le portrait dans nos pages ? Qu’ils soient locaux ou étrangers, les bonnes volontés de l’île ont tout à faire pour développer les services et construire les grands chantiers que les Mahorais attendent. Cela en se reposant sur un tissu social unique et marqué par une spiritualité solidaire, tel que nous vous le présentons cette semaine. Reste désormais aux forces vives de notre département de transformer les possibles en certitudes, afin que Mayotte devienne un territoire solide en matière de conditions de vie, d’économie, de tourisme et de vivre-ensemble.
Bonne lecture à toutes et à tous.
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tchaks
8000
C’est désormais le nombre de licenciés à l’Union nationale du sport scolaire (UNSS) de Mayotte. L’association enregistre ainsi une hausse exceptionnelle de 2000 licenciés en un an, et peut se targuer d’avoir une « quasi-parité », puisque 49,25% des jeunes sont des filles, et 50,75% des garçons. De quoi garnir un peu plus le vivier déjà conséquent de sportifs de l’île, en espérant que cette pratique leu permette de développer un esprit sain dans un corps sain.
Du jazz au CUFR Collecte
Ce samedi 11 février à 20 heures, la salle auditorium du CUFR de Dembéni accueille un groupe de jazz de La Réunion : le Lise Van Dooren Trio, ou LVD Trio pour les intimes. Le groupe vient sur l’île au lagon pour y présenter son nouvel album, « Jamrosa » Avec une entrée à 5 euros pour les adhérents et 10 euros pour les autres, les spectateurs du centre universitaire pourront apprécier le jazz poétique de Lise (piano), Guillaume Robert (contrebasse) et MoAdib Garti (batterie) ce week-end.
proverbe
Une collecte alimentaire pour le mois de Ramadan
Comme chaque année, la Croix-Rouge française de Mayotte vient en aide aux foyers les plus défavorisés à la faveur de collectes de dons alimentaires aux abords des supermarchés de l’île. Pour ce Ramadan 2023, les bénévoles de l’association se posteront aux centres commerciaux Jumbo Score et Baobab, tous les vendredis et samedis, du 3 février au 1er avril. Ainsi, les personnes les plus fragiles qui s’orienteront vers la Croix-Rouge pourront bénéficier de ces actes solidaires, encore plus bienvenus dans le contexte inflationniste que nous connaissons.
Le
« Bwa laheya madzijuu kaliji upulwa »
Une salade qui a poussé sur de la merde ne peut pas être cueillie
L’image de la semaine :
Siti Daroussi, présentatrice de Mayotte la 1ère, a animé l’émission « Outremer.l’info » sur France Télévisions, samedi dernier. L’occasion d’avoir une Mahoraise à l’antenne nationale.
Lutte contre l’immigration clandestine
Bilan de l’opération Shikandra 01/01/2022 - 31/12/2022
C’est ce qu’a déclaré le président du Département, Ben Issa Ousseni, au sujet des Jeux des îles 2023, qui se dérouleront aux mois d’août et septembre à Madagascar. En effet, la charte des Jeux des Îles de l’océan Indien n’ayant pas été modifiée, seuls les Réunionnais auront le droit d’afficher le drapeau français. Une injustice déplorée par le conseiller de Tsingoni, qui préfère y voir l’opportunité d’afficher le sentiment d’appartenance à Mayotte : « Je suis Français, Mahorais et fier de l’être ». Le président du CD a également taclé les sportifs mahorais s’engageant avec une sélection comorienne, en qualifiant ce fait assez classique de « honte »
32 220 cartouches de cigarettes de contrebande saisies et détruites représentant une valeur marchande d’environ 2 millions d’euros 563 kg de bangué et 1 kg de résine de cannabis
25 380 reconduites à la frontière + 7 %
: 23 724
Dont 503 malgaches, 7 sri lankais, 1 bangladais, 1 congolais, 1 Mauricien en situation irrégulière reconduits par voie aérienne
Travail en profondeur
477 passeurs présentés à la justice depuis le 1 er janvier 2022 :
- 354 condamnés à de la prison ferme ou avec sursis avec interdiction de territoire de 3 ans.
Les passeurs condamnés à une peine de prison avec sursis ont fait l’objet d’une reconduite immédiate à la frontière
x contrôle en matière de travail illégal
- 234 porteurs de faux documents présentés à la justice.
- 11 filières de passeurs démantelées :
x employeurs concernés
6 réseaux de fabrication ou de falsification de carte d'identité ou titres de séjour démantelées et 5 structures mafieuses organisées en matière d’acheminement d’ESI depuis les Comores par voie de mer.
x employés concernés
- 942 contrôles en matière de travail illégal dont 259 employeurs d’étrangers sans titre de séjour mis en cause.
C’est le nombre de reconduites à la frontière à Mayotte en 2022, selon le dernier bilan de la lutte contre l’immigration clandestine de la préfecture. En 2021, elles étaient de 23 724, 13 301 en 2020 et 27 831 en 2019. Une large majorité de ces reconduites l’ont été par voie maritime, au départ du Centre de rétention administrative de Petite Terre, vers l’archipel des Comores et plus particulièrement l’île d’Anjouan. Quant à la voie aérienne, elle a concerné l’année dernière 513 personnes expulsées. Les chiffres de la préfecture indiquent également une hausse de kwassas interceptés (571) et d’interpellations en mer (8003) sur l’année 2022, mais une baisse des interpellations à terre (22 830). Pour que ces statistiques baissent, reste désormais à travailler à la source, de l’autre côté du bras de mer…
« Mayotte n’aura pas le droit au drapeau français et à l’hymne national. Nous devrons donc afficher un drapeau de Mayotte »
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
MAYOTTE : LES BIDONVILLES DE LA RÉPUBLIQUE
Mayotte a fait parler d’elle en novembre dernier, à cause d’affrontements entre gangs de jeunes. Fin décembre, Gérald Darmanin est venu apporter des hommes du Raid dans sa hotte de Père Noël. Mais ce n’est pas ça qui réglera les questions de fond. Ce département français, coincé entre les Comores et Madagascar, détient tous les records : de misère (77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté), de jeunesse, de chômage (30 %) et de migrants (plus de 50 % d’étrangers)… C’est la France d’en bas : à la
fois sur la carte et dans l’échelle sociale. Un sac de nœuds volontairement délaissé par l’État français.
Les îles, forcément, ça fait rêver. Mais pour Mayotte, la carte postale n’est pas vraiment classique. Point d’alignements d’hôtels luxueux sur des plages de sable fin. Première surprise, il n’y a quasiment pas de touristes. C’est pourtant l’océan Indien, très beau, très chaud (et très humide en cette saison des pluies). Mais pour trouver un hôtel sympa et abordable, il faut
chercher longtemps. Et quand on en trouve un, nouvelle déconvenue : l’eau est systématiquement coupée deux jours par semaine (pas consécutifs, heureusement pour l’hygiène). Mais c’est ainsi dans toute l’île, il faut prévoir sa douche en fonction des pénuries.
Concernant la population, il y a trois principaux groupes. Les habitants de Mayotte, les Mahorais, musulmans à 95 %. Les migrants, essentiellement comoriens (musulmans eux aussi), mais aussi malgaches ou africains ; détenteurs d’un titre de séjour ou clandestins, ils représentent plus de la moitié de la population. Enfin, il y a les blancs de peau, qu’on appelle « mzungus », une élite financière qui, comme dans tous les départements et régions d’outre-mer (Drom), bénéficie d’un salaire 40 % supérieur – voire davantage – à celui qu’ils auraient en métropole.
Agressions et caillassages
Quand on discute avec eux, un sujet s’impose très vite : l’insécurité. Ce dont témoigne mon pote Franck, prof de maths, qui a officié dans différentes régions du monde, et pas toujours des plus paisibles, comme la Guyane ou le Nigeria, avant de s’installer ici : « Je pensais qu’il y avait une certaine exagération dans ce que j’avais entendu dire, avant que je me fasse agresser dans ma voiture par plusieurs hommes. Il y a aussi souvent des caillassages de bus et de voitures : vous roulez et des gens vous balancent des cailloux sur le pare-brise
sans raison apparente. » Le long des routes, les nombreuses carcasses de voitures calcinées donnent l’ambiance.
Les randonnées ne sont pas non plus sans risques. À tel point que l’une des fonctions des gendarmes, inimaginable en métropole, est d’accompagner les promeneurs. Une jeune femme a fait l’expérience de ces excursions militarisées : « Avec mon mari, au départ, on pensait que c’était superflu de faire des randonnées avec les gendarmes, mais comme on venait d’avoir une petite fille, on a accepté. Et on s’est dit qu’on avait bien fait car, après nous, un groupe de randonneurs parti sans gendarmes s’est fait dépouiller. » Des histoires comme ça, il y en a à la pelle. Désolé pour les Mahorais, qui vont penser que je pourris l’image de leur île, mais on ne va pas se voiler la face.
On ne va pas non plus se la voiler devant les bidonvilles. Justement, c’est là qu’on trouve le plus grand de France : Kawéni, quartier de Mamoudzou et épicentre des émeutes du mois de novembre. Vaste étalage de bicoques en tôle à flanc de colline (« pratique pour lancer des pierres quand les flics tentent de monter », me dira une habitante des lieux), émaillé de carcasses de voitures et où des gosses jouent dans les rigoles boueuses. Le genre de tableau qu’on a l’habitude de voir dans les banlieues du Brésil ou d’Afrique, mais oui, là, c’est pourtant bien la France.
Aurélien Timba Elombo
DONNER À TOUS UNE
CHANCE D’EXCELLER
IL AURAIT PU ÊTRE JOUEUR PROFESSIONNEL
À TROYES OU AU MILAN AC, MAIS, POUR
REPRENDRE LES MOTS DE SON PÈRE, « SON RENDEZ-VOUS N’ÉTAIT PAS LÀ ». MILIEU
DÉFENSIF RUGUEUX SUR LE TERRAIN, MAIS
PATRIARCHE BIENVEILLANT DANS LES VESTIAIRES OU LES BUREAUX, IL TRACE
DEPUIS PLUS DE VINGT ANS SON CHEMIN –SON PARCOURS D’EXCELLENCE À LUI – DANS
L’ENCADREMENT ET L’ORGANISATION DU FOOTBALL. BESOGNEUX, FORT D’UNE DISCIPLINE
QUASI MONACALE, MAIS AUSSI GRAND RÊVEUR, AURÉLIEN TIMBA ELOMBO A PRIS LES RÊNES, EN 2014, DE LA LIGUE MAHORAISE DE FOOTBALL, ANIMÉ PAR UN DÉSIR PROFOND DE « DONNER À
CHACUN LA PLACE QU’IL MÉRITE ».
PORTRAIT
clubs professionnels. « J’ai failli signer à Troyes en 1999-2000 […] Une porte s’était également ouverte du côté du Milan AC ! » , se souvient-il. « Mais Dieu m’a ouvert les yeux suffisamment tôt pour que je puisse comprendre que ce n’était pas forcément ma voie. J’ai compris qu’au mieux, j’aurais été un bon joueur de National (troisième division française, NDLR), éventuellement de Ligue 2 » . Le jeune homme s’oriente alors vers l’encadrement et au fond, il n’aurait pu en être autrement. « Tout petit garçon, j’accompagnais mes grands frères à leurs matchs. J’étais trop jeune pour jouer, alors on me donnait honorifiquement le rôle de l’entraîneur. Eux jouaient le jeu, et me laissaient penser que c’était grâce à mes consignes qu’ils gagnaient ! » , se souvient le directeur en souriant. « Quand, à 18 ou 19 ans, j’ai pris ma première équipe en charge, j’avais l’impression d’avoir fait ça toute ma vie ! »
« TOUT LE VILLAGE SORTAIT NOUS VOIR ! »
« Je suis né dans une famille où le football a guidé beaucoup de pas » , introduit-il sobrement. Fils d’un président de club de première division camerounaise – le Caïman de Douala – et petit frère d’un joueur international, Aurélien Timba Elombo a été bercé dès le plus jeune âge dans le milieu. D’ailleurs, tout dans son bureau actuel de directeur de la Ligue Mahoraise de Football transpire l’amour du ballon rond. Les photos d’équipes encadrées côtoient les trophées, maillots, médailles et autres souvenirs d’événements footballistiques des dernières décennies. La question ne se pose pas : l’homme est fait pour ça.
Il fait ses classes à l’US Torcy, en région parisienne. Milieu défensif doté de qualités athlétiques certaines, le jeune Aurélien suscite rapidement l’intérêt de quelques
Désormais en région lyonnaise, où il poursuit ses études et mène une carrière de footballeur amateur, Aurélien Timba Elombo prend sous son aile une équipe de débutants d’une entente entre villages, le JSBC (Jeunesse sportive des Bords de Coise). « Personne ne voulait les encadrer. Moi, je trouvais injuste de ne pas prendre tous les gamins au foot. J’ai décidé de m’en occuper » , raconte-t-il. « Je me souviens d’un match folklorique, où on a perdu 17 à 0 ! Mais ce qui était incroyable, c’est que dans la défaite, je continuais à les encourager, et qu’aucun gamin n’a lâché ! Il s’est passé quelque chose ; j’ai vécu un grand moment de communion avec les petits. » Instant d’épiphanie, donc. La saison suivante, il prend en charge l’équipe U13 (moins de 13 ans, NDLR). « On a fait une saison exceptionnelle. Les gamins jouaient le samedi après-midi et tout le village, parfois 300 ou 400 personnes, sortaient nous voir ! » Surtout, Aurélien fait figure de grand frère : il permet à ses jeunes de passer eux-mêmes leur premier diplôme d’éducateur. Lui se forme à outrance : préparation mentale, sophrologie, gestion de l’adolescence... « Pour tirer le meilleur d’eux, je voulais vivre dans leurs têtes. Presque vingt ans plus tard, on est toujours en contact, et je me rappelle encore des dates de leurs anniversaires ! Je voulais que ce soit des moments inoubliables pour eux... » , se remémore-t-il, une lueur de nostalgie dans les yeux.
PORTRAIT
alors. « Ma principale motivation, c’est de me dire que je fais un travail d’intérêt public. Que même si je sacrifie les miens, je m’occupe un peu des autres » , explique-t-il, heureux de « faire un métier [qu’il] aime » « Je savoure ce privilège que Dieu me donne de travailler dans ce qui, peut-être, me parle le plus au monde. » Pourtant, au quotidien, la tâche d’organiser la pratique du football à Mayotte, et d’en assurer le rayonnement, n’a rien d’aisé. Besogneux, perfectionniste, Aurélien Timba ne se souvient pas de sa dernière nuit de huit heures. Chez lui, ni télé, ni radio, « pour pouvoir travailler davantage »
Aujourd’hui, la ligue va mieux : les comptes ne prennent plus l’eau et le football rassemble désormais 14 000 licenciés sur l’île. « Tout reste perfectible. On passe beaucoup de temps sur l’accompagnement des clubs. La prochaine étape est de faire fructifier l’énorme potentiel sportif des jeunes mahorais » , plaide le DG. Vingt ans après ses débuts d’encadrant, sa volonté de permettre à tous de jouer le guide encore. « Sans faire de politique, on a beaucoup de gamins qui, faute de papiers, ne peuvent avoir de licences. Pourtant, ils vont à l’école ; ça veut dire que la République les a déjà insérés. Imaginez qu’on parvienne à faire jouer ces gamins, que l’on passe à 20 000 licenciés… On pourrait développer la discipline : former des arbitres, proposer du futsal, du beach soccer, et justifier de nouvelles infrastructures auprès des collectivités »
« JE NE FERME AUCUNE PORTE »
Sa façon de faire – une soif d’excellence couplée à une grande bienveillance – convainc rapidement les parents des jeunes, qui poussent auprès de la municipalité pour faire d’Aurélien Timba le responsable technique du club, à tout juste 21 ans. « Je me suis senti pousser des ailes ! » , confie-t-il. Le jeune responsable prend rapidement en charge l’équipe senior de l’AS Saint-Martin-en-Haut, puis gravit les échelons de la sphère footballistique de la région lyonnaise : il devient entraîneur adjoint et préparateur physique de l’AS Minguettes Vénissieux (CFA2), puis de l’AS Lyon Duchère (CFA), et en parallèle assure les fonctions de manager général et de directeur technique à l’UODL Tassin. Dans le même temps, il se barde de qualifications : brevets et diplômes d’État lui assurent la possibilité « d’entraîner jusqu’au niveau Ligue 2 » . En 2014, Aurélien Timba Elombo est débauché par une Ligue Mahoraise de Football en difficulté financière, et en quête de restructuration.
14 000 LICENCIÉS À MAYOTTE
Séduit par le challenge, il sacrifie sa vie de famille et vient à Mayotte occuper les fonctions de directeur général de la ligue « pour deux ou trois ans » , pense-t-il
Homme de foi, chrétien pratiquant, Aurélien Timba Elombo prend les choses avec hauteur et philosophie. Lui qui se sent « un peu Mahorais d’adoption » , et qui admet que « beaucoup de gens lui sont sympathiques » , est tout de même régulièrement attaqué par différents acteurs du football de l’île. Il avale – de son propre aveu – beaucoup de couleuvres. « J’ai vu un jour passer sur les réseaux sociaux une image d’un petit africain poursuivi par un groupe armé de lances sur laquelle était inscrit ‘Aurélien doit partir’ en shimaoré » , raconte-t-il. « Je m’en remets à Dieu en me disant que les combats sont perpétuels, mais que seul Lui décide de qui tombe… Et dix ans plus tard je suis toujours là ! S’Il me laisse là, c’est que pour l’instant, le rendez-vous est ici ! » , sourit-il.
« Mais il faudra un jour un renouvellement, une force vive locale » , concède le directeur, en évoquant un futur départ. Un grand club ? La sélection camerounaise ? « Je ne ferme aucune porte ! » , répond-il, évoquant même un projet un peu fou de « prendre un petit club de dernière division de district pour l’emmener jusqu’au niveau professionnel : de la masse, vers l’excellence, puis l’élite ! » Mais où donc sera le prochain rendez-vous d’Aurélien Timba Elombo ? n
RELIGION
Ensemble
À L’OCCASION DE LA SEMAINE INTERNATIONALE DE L’HARMONIE INTERCONFESSIONNELLE, NOUS NOUS INTÉRESSONS AUX RELIGIONS DE MAYOTTE, TERRITOIRE UNIQUE PAR SA CULTURE SPIRITUELLE. CETTE DERNIÈRE, MÊLÉE DU SUNNISME CHAFÉITE, DE L’ANIMISME ET DES TRADITIONS RÉGIONALES, EST ÉGALEMENT COMPOSÉE DE MINORITÉS CATHOLIQUES, PROTESTANTES, JUIVES, HINDOUES OU ÉVANGÉLISTES. L’OCCASION DE SE TOURNER VERS LES CROYANTS ET PRATIQUANTS DE L’ÎLE, ET DE CONSACRER LE FORMIDABLE VIVREENSEMBLE MAHORAIS.
SOCIÉTÉ
LAÏCITÉ À MAYOTTE, LEURRE OU RÉALITÉ ?
SUR UN TERRITOIRE OÙ 95 % DE LA POPULATION EST MUSULMANE, LA RELIGION S’INVITE DANS LE QUOTIDIEN DES HABITANTS ET LE PRINCIPE DE LAÏCITÉ PEUT PARFOIS ÊTRE DIFFICILE À APPLIQUER. DANS LES ÉCOLES, SI LE PORT DU VOILE « CULTUREL » EST TOLÉRÉ, L’ATTENTION EST PORTÉE SUR LES RISQUES DE DÉRIVES.
Dans les établissements scolaires mahorais, les jeunes femmes voilées ne sont pas rares. Quelques garçons portent également le kofia et dans certains établissements, des espaces se transforment même en salle de prière. Pourtant, la loi française interdit tout port de signe religieux ostensible et toute pratique à l'école depuis le 15 mars 2004.
Mais à Mayotte, où 95 % de la population est musulmane et où la majorité des élèves fréquentent en parallèle l’école coranique, il existe une démarcation nette entre le voile cultuel problématique et le voile culturel. « Sur la réglementation c’est clair, l’établissement scolaire est un lieu de stricte neutralité, insiste Pascal Lalanne, conseiller du recteur, spécialiste des questions de laïcité. Mais il y a un accord tacite, qui vise à respecter une tradition. Ici, le voile, porté comme un bandana, est un accessoire de mode, il est culturel. Et ce n’est pas si facile lorsque l’on a des cheveux crépus et que l’on habite dans un banga, de passer chez le coiffeur. Il y a donc une tolérance. »
ou de parler de religion. Ces coiffes ne posent aucun problème » , assure le conseiller du recteur. Surtout dans un contexte de bonne cohabitation entre les différentes religions. Pour Pascal Lalanne, « les habitants de Mayotte ont une grande tolérance au niveau religieux mais aussi au niveau vestimentaire. Ce n’est même pas un sujet. On voit très souvent des femmes mahoraises, couvertes de tête aux pieds, en compagnie de femmes blanches plus légèrement vêtues. »
Dans l’immense majorité de la population, la pratique de l’islam est par ailleurs modérée. Pour autant, il existe quelques groupes radicaux revendiquant une tenue religieuse, y compris dans les établissements scolaires. La communauté éducative prêterait notamment une attention particulière aux voiles islamiques. « Il y a eu quelques difficultés dans certains établissements, notamment avec des jeunes filles qui revenaient de métropole et qui avaient pratiqué un islam plus rigoriste. Dans ce contexte, il peut y avoir des incidents », précise Pascal Lalanne.
D’autant que ce vêtement ne remettrait pas en cause le principe de laïcité pour le rectorat. «Il n’y a pas de volonté de convaincre
S’il n’est pas toujours associé à la religion pour les jeunes qui le portent, le kofia est, par ailleurs, peu toléré. « Nous n’aimons pas trop les couvre-chef dans les établissements scolaires, les casquettes et les chapeaux ne sont pas autorisés non plus. Et le kofia reste perçu comme un signe
« CES COIFFES NE POSENT AUCUN PROBLÈME »
DOSSIER
religieux, c’est ce qui, pour nous, est problématique », précise le conseiller du recteur. Quant aux espaces qui se transforment en salle de prière, il n’y a pas de débat. « Les seules pratiques religieuses qui peuvent avoir lieu à l’école se font dans le cadre de l’aumônerie. Toutes les religions monothéistes peuvent le faire. Il s’agit d’une éducation religieuse orchestrée par un aumônier. Mais à Mayotte, nous n’avons eu aucune demande en ce sens. »
La tolérance quant au port du voile culturel dans les établissements scolaires est liée à la départementalisation récente du territoire. « La laïcité est un fondement de la République mais la culture locale est très marquée par l’Afrique et le département est très jeune, il ne s’agit donc pas de bousculer tous les codes. »
Dans le même temps, la départementalisation en 2011, couplée à la séparation des pouvoirs religieux et de l’Etat, a déjà grandement perturbé les fonctionnements locaux. « Les cadis - les chefs religieux - avaient jusque-là le pouvoir de justice de paix, à savoir la petite justice, ils détenaient également des pouvoirs notariaux, permettant de gérer le cadastre et l’état civil, qui leur offrait la possibilité de marier les habitants. En 2011, ils ont perdu ces pouvoirs et l’État a pris le relais », illustre le conseiller du recteur.
MAYOTTE CHOISIE POUR UNE RÉFLEXION SUR LA LAÏCITÉ
Fenêtre sur ce qu’a fait l’État français dans ces colonies, Mayotte a été choisie pour une réflexion sur la laïcité et les valeurs de la République par l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation (IH2EF), en novembre 2021. A ce moment-là, 23 cadres de l’institut ont passé une semaine sur le territoire afin d’analyser le principe de laïcité dans les écoles du seul département français majoritairement musulman.
Résultat : ils se sont rendu compte que les deux ciments de la vie sociale mahoraise étaient la scolarité, avec un attachement fort à la vie scolaire, mais aussi la religion, qui permet une cohésion sociale importante.
« Cela a permis de mettre en évidence que l’on pouvait accepter des exceptions, qu’elles n’atteignaient pas les fondamentaux de l’école et que la religion ne menaçait pas le principe de laïcité », assure Pascal Lalanne, chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF.
Pour autant, chaque établissement organise régulièrement des journées sur ce thème.
L’idée : rappeler les valeurs de la République.
« Dans un lieu où il n’existe qu’une seule religion, le concept de laïcité reste flou, il faut l’expliquer
par l’histoire, préciser pourquoi nous avons choisi de séparer la religion et l’État. D’autant qu’il y a toujours de nouveaux arrivants et qu’il faut rappeler les fondamentaux… »
Dans le domaine de la santé, le respect du principe de laïcité n’est pas simple non plus. Il exige notamment que les personnes
« ELLES NE COMPRENNENT PAS LES PRATIQUES RELIGIEUSES AU SEIN DE L’HÔPITAL »
hospitalisées puissent exercer leur liberté d'expression religieuse et de culte ainsi que leur droit de choisir le praticien de leur choix, et leur droit au consentement aux soins. Selon Saïd Ali Mondroha, l'aumônier régional du CHM, si les différentes religions cohabitent bien, les incompréhensions sont fréquentes. « De nombreuses personnes ne comprennent pas que certaines pratiques religieuses puissent avoir lieu au sein de l’hôpital et n'intègrent pas que chacun est libre de croire ou de ne pas croire. Que l’on peut être malade, musulman et faire ses prières », souligne-til. Saïd Ali Mondroha intervient ponctuellement au CHM, lorsqu’il est contacté pour accompagner des personnes croyantes ayant des questions ou un besoin spirituel.
« Certains malades, qui vont donner leur dernier souffle, ont besoin de se raccrocher à la religion », détaille l’aumônier.
Autre difficulté pour le professionnel : rassurer les patients croyants qui estiment que la religion ne leur permet pas de faire certains actes médicaux. « L’islam permet beaucoup de choses dans le cadre du soin. Même si c’est interdit en temps normal, c’est permis lorsqu’il y a un besoin imminent », assure Saïd Ali Mondroha. Au-delà de la santé, des aumôniers interviennent en milieu pénitentiaire pour accompagner les personnes condamnées, mais également dans le domaine militaire. n
REPORTAGE ÉDUQUER LES ENFANTS À L’ISLAM
NUL DOUTE QUE L’ISLAM EST LA RELIGION PRÉDOMINANTE À MAYOTTE. TRÈS SOUVENT, SON APPRENTISSAGE COMMENCE DÈS LE PLUS JEUNE ÂGE. LES ÉCOLES CORANIQUES ET LEURS RÈGLES STRICTES ONT ÉTÉ LA NORME DURANT DES DÉCENNIES, MAIS DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LES MADRASSAS MODERNES SONT DE PLUS EN PLUS FRÉQUENTÉS. IMMERSION DANS L’UNE D’ENTRE ELLES.
Ce samedi à 7 heures du matin, devant le centre culturel et éducatif musulman de M’tsapéré, c’est déjà le ballet des voitures. Les parents déposent leurs enfants qui se pressent au dernier étage du bâtiment. Ils s’apprêtent à passer toute une matinée à apprendre l’islam sous toutes ses formes. Dans ce madrassa, tout est fait pour que les élèves soient à l’aise. Et il n’a rien à envier aux écoles laïques publics, qui sont parfois insalubres. Cet établissement religieux possède trois salles de cours, chacune d’elle est dotée d’un tableau blanc, de chaises, de tables, de ventilateurs et d’une climatisation. Les enfants, habitués aux lieux, s’installent tranquillement tout en saluant leur enseignant en arabe. Ils sont âgés de tout âge, allant des toutpetits aux adolescents. Leur professeur, qu’ils appellent « oustadh » , annonce le programme du jour : lecture de certains versets du Coran, cours de culture générale et une session de chants. « On leur enseigne le Coran, c’est la base. Mais nous avons aussi des cours sur la culture arabe-musulmane, sur la culture mahoraise. On leur explique également comment ils doivent se comporter avec leurs parents, leurs professeurs, leurs camarades etc.
» , explique Cheikh Ahmed Chamsuddine, l'enseignant.
La journée commence effectivement par la lecture de certains versets importants du Coran, et la plupart des enfants les connaissent par coeur. S'ensuit un concours de récitation, un moyen pour Cheikh Ahmed Chamsuddine de challenger les jeunes et ils s’en donnent à coeur joie. L’unique récompense à la clé est la reconnaissance de leur oustadh, et pourtant chaque participant est déterminé à être le meilleur.
La matinée se déroule dans le calme, elle est rythmée par les différentes séquences prévues, parmi lesquelles le cours de culture générale. Il s’agit en réalité d’enseignement sur l’histoire de l’islam, et la vie du prophète Muhammad. Mais, ce qui motive particulièrement les enfants est la musique. Ils interprètent ce que l’on appelle en arabe le « kassuda » , des chants religieux à la louange d’Allah et du prophète musulman.
DES ENFANTS CONQUIS MAIS PARTAGÉS
Les enfants qui se rendent au centre culturel et éducatif de M’tsapéré, doivent faire des sacrifices puisqu’après toute une semaine de cours à l’école, leur weekend n’est pas de tout repos. En effet, la madrassa accueille les élèves le samedi et dimanche afin de ne pas chevaucher
« AU DÉPART JE VENAIS POUR FAIRE PLAISIR À MES PARENTS »
DOSSIER
avec les heures de cours. Un rythme qui pose problème à certains adolescents, à l’exemple de Maellys qui a 13 ans. « J’aime venir ici, mais c’est compliqué de se lever tôt en semaine et le week-end. J’aimerais faire la grasse matinée certains jours » , avoue-telle. La jeune fille est nouvelle, sa mère l'a inscrite il y a six mois. « Au départ je venais pour faire plaisir à mes parents, mais plus on avance, plus je me plais ici » , admet-
elle. Elle n’a jamais appris à lire ou à écrire en arabe, elle a donc quelques difficultés à s’adapter et se sent à la traîne. « Dans ma classe, je suis plus grande que la majorité de mes camarades, et pourtant les petits ont un niveau plus avancé que moi. J’ai 13 ans et je pense que c’est trop tard pour commencer à apprendre le Coran » , affirme-t-elle.
Si Maellys semble partagée entre ses difficultés et son envie d’aller de l’avant, ce n’est pas le cas d’Amane. Du haut de ses 14 ans, il est persuadé que ces années passées dans cet établissement lui sont bénéfiques. « Cela fait 4 ans que je viens ici. Je pense que ce genre d’école est important pour étudier la religion, pour ne pas se tromper dans ce que l’on fait et savoir dans quelle direction on va » , argumente-t-il. Et même s’il passe le brevet cette année, cela ne l’empêche pas de consacrer du temps à son éducation
« CE GENRE D’ÉCOLE EST IMPORTANT POUR ÉTUDIER LA RELIGION »
religieuse car pour lui, « l’islam est vraiment important. Je ne dis pas cela parce que je suis né dans une famille musulmane. J’ai appris la religion et j’aime les valeurs qu’elle véhicule. » Amane est conscient de devoir faire des sacrifices, mais cela ne lui fait pas peur, contrairement à quelques-uns de ses amis qui passent également le brevet cette année, et qui ont fait le choix d’arrêter leurs cours sur l’islam pour se concentrer sur leurs révisions.
ABSENCES TROP FRÉQUENTES
Au sein du centre culturel et éducatif, les élèves sont répartis en trois niveaux. Le premier étant celui des débutants, et le troisième pour les plus avancés. Mais depuis quelques mois, les absences sont trop nombreuses, et l’administration est obligée de regrouper les niveaux 1 et 2. Selon Cheick Ahmed Chamsuddine, les parents sont responsables. « Ce sont eux qui doivent emmener leurs enfants, les petits ne décident pas. Certes, ils travaillent et le week-end ils ont
« QUAND ILS VIENNENT ICI, ON LEUR DONNE UNE ÉDUCATION GÉNÉRALE »
envie de se reposer. Je peux le comprendre, mais ils doivent aussi faire des efforts. » Un point important pour lui car il ne s’agit pas simplement d’enseigner le Coran aux jeunes. « Quand ils viennent ici, on leur donne une éducation générale. On fait le travail d’un enseignant mais aussi celui des parents » , ajoute le professeur. Le rythme de vie actuel peut être l’une des raisons de ces absences, mais force est de constater que la population s'intéresse de moins en moins à la religion et cela se manifeste dans les écoles coraniques et les madrassas. n
SOCIÉTÉ LA RENCONTRE DES RELIGIONS À L’INTERNAT
LA FONDATION DES APPRENTIS D’AUTEUIL EST À LA TÊTE D’UN LYCÉE D’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE ET D’UN INTERNAT À MAYOTTE. CE DERNIER ACCUEILLE UNIQUEMENT DES FILLES EN SITUATION DE PRÉCARITÉ, QU’IMPORTE LEUR RELIGION. CE LIEU EST L’EXEMPLE MÊME D’UNE PARFAITE COHABITATION ENTRE LE CHRISTIANISME ET L’ISLAM DANS LE TERRITOIRE
Les Apprentis d’Auteuil est une fondation de l’église catholique qui vise à réinsérer des jeunes en situation de précarité. À Mayotte, elle est à la tête du lycée d’enseignement adapté l’Espérance et de son internat éducatif scolaire pour filles. Ce dernier est situé sur le même terrain que l’église Notre-Dame de Fatima à Mamoudzou. L’établissement scolaire fait partie de l’enseignement privé sous contrat catholique et il est rattaché au diocèse de la Réunion. « On propose une formation intellectuelle et spirituelle. Dans tous les établissements d’Auteuil il y a le souhait de travailler là-dessus. On estime que l’éducation d’un être humain n’est pas complète si on met de côté la dimension spirituelle et religieuse. C’est ce qui fait la différence avec les établissements publics », souligne Florian Dechin, le directeur du lycée et de l’internat.
christianisme. « Cette année la fin du ramadan va coïncider avec pâques. Nous aimerions donc organiser un temps festif pour marquer cela, ça sera l’occasion de parler des deux religions d’une autre manière. »
Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les jeunes recrues ne sont pas obligatoirement de confession catholique. Dans le territoire, les filles qui logent à l’internat sont toutes musulmanes et elles ne montrent aucune réticence envers l’église qui se trouve de l’autre côté du jardin ou le père Bienvenu Kasongo qui va à leur rencontre. « Il partage des moments avec nous, il vient manger avec nous parfois, il parle avec les jeunes filles de tout : de la violence, de la vie. Etonnamment, il parle rarement de la religion », indique Binti, la maîtresse de maison de l’internat. La plupart de ces adolescentes sont allées à l’école coranique et ont appris le respect des religions, même s’il ne s’agit pas de la leur. « Les mercredi après-midi il y a le catéchisme à l’église et elles respectent cela. Elles ne veulent pas déranger et restent silencieuses » relate la chaperonne. Preuve que dans l’île aux parfums les religions peuvent cohabiter sans aucune animosité.
CONVIVIALITÉ ET TOLÉRANCE
L’internat est certes un établissement catholique, mais cela n’empêche pas les administrateurs de célébrer les fêtes musulmanes. Pendant le ramadan ou la période du Maoulida (mois de naissance du prophète Muhammad), sont organisés des moments convivialité où des personnes de différentes confessions se côtoient sans problème. « Ce qui est bien à Mayotte c’est qu’il y a cette rencontre entre musulmans et chrétiens qui se vit de manière apaisée. Cela existe aussi en métropole mais il est vrai que là-bas on entend plus parler des tensions », reconnait Florian Dechin. Et pour continuer dans cette lancée, le directeur du lycée et de l’internat l’Espérance souhaite être à l’initiative de rencontres interreligieuses afin d’aborder les questions de l’islam et du
Cela permettra également aux pensionnaires de découvrir leur propre confession. « Les jeunes musulmans, à Mayotte mais aussi ailleurs, ne connaissant pas vraiment leur religion. Si on met en place ces dialogues inter-religieux entre le christianisme et l’islam, certains vont apprendre beaucoup de choses, des deux côtés. On peut découvrir sa propre religion en rencontrant celle de l’autre », selon le responsable. Autre exemple de tolérance, le pèlerinage national des Apprentis d’Auteuil qui a lieu tous les deux ans. Les jeunes se rendent à Lourdes. Le dernier date du mois d’octobre 2021 et les Mahorais y ont pris part pourtant ils étaient tous musulmans. Toutes ces activités ont un objectif précis. « On veut que les jeunes puissent avoir un avenir et pour cela il faut les aider à se construire. La conviction profonde des Apprentis d’Auteuil est que la construction d’un être humain se fait forcément par la découverte de la dimension spirituelle de sa vie et de ce qu’elle peut impliquer en termes de religion, et par la rencontre des autres, la construction d’une fraternité », rappelle Florian Dechin. n
« À MAYOTTE LA RENCONTRE ENTRE MUSULMANS ET CHRÉTIENS SE VIT DE MANIÈRE APAISÉE »
« ON PEUT DÉCOUVRIR SA PROPRE RELIGION EN RENCONTRANT CELLE DE L’AUTRE »
ENTRETIEN QUI SONT LES ADVENTISTES DU SEPTIÈME JOUR ?
INSTALLÉE À CAVANI, L’ÉGLISE DES ADVENTISTES DU SEPTIÈME JOUR DE MAYOTTE COMPTE PLUS D’UNE CENTAINE DE FIDÈLES, QUI SE RÉUNISSENT DEUX FOIS PAR SEMAINE. CES DERNIERS ORGANISENT DE NOMBREUSES ACTIONS SOCIALES AUPRÈS DE LA POPULATION ET PRÔNENT LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX. NOTAMMENT AVEC L’ISLAM, COMME NOUS LE RÉVÈLE TRISTAN PREMIER, PASTEUR DE LA BRANCHE MAHORAISE DU CULTE COMPTANT PLUS DE 20 MILLIONS DE MEMBRES DANS LE MONDE.
différence, c’est que nous croyons que le jour d’adoration, durant lequel nous allons à la messe, n’est pas le dimanche mais le samedi, qui est le septième jour, celui du Sabbat. Nous observons aussi des règles de santé particulières : on s’abstient de l’alcool, de la cigarette, des choses qui nuisent à notre corps. Dans la mesure du possible, on privilégie un régime végétarien, même si tout le monde ne le fait pas, surtout à Mayotte où c’est compliqué. C’est plus simple à Madagascar, avec les produits frais locaux.
M.H. : Combien de fidèles comptez-vous ?
T.P. : Nous n’avons qu’un seul lieu de culte, la maison que nous louons ici. En comptant les enfants, nous sommes entre 80 et 100 personnes à se réunir chaque samedi, en moyenne.
M.H. : Quelles sont les relations des adventistes avec les autres religions de Mayotte ?
Mayotte Hebdo : Quelles sont les croyances des adventistes du septième jour ?
Tristan Premier : L’église adventiste a vu le jour en 1844. Nos croyances se rapprochent plutôt de l’Eglise protestante. Ce qui fait notre
T.P. : Pour devenir pasteur, il faut une licence de théologie, que j’ai passé à Madagascar et pendant laquelle j’ai pris une option consacrée à construire des ponts entre les musulmans et les adventistes. Au lieu de chercher nos différences, les débats stériles
et les comparaisons, même si certains s’amusent à le faire, on essaie de voir ce qui nous réunit, et comment on peut se comprendre et vivre ensemble à Mayotte. C’est dans ce cadre que nous travaillons, à travers nos actions sociales auprès de la population, mais aussi en prenant contact avec les imams, les cadis, les prêtres. En tant que pasteur, j’y vais déjà pour échanger. Ensuite, lorsque la relation est établie, nous pouvons mettre en place des initiatives. L’année dernière, nous avons été reçus par une communauté musulmane de Koungou. Deux mois plus tard, ils sont également venus en nombre dans notre église, où ils ont pu voir notre organisation, avant de partager un grand repas ensemble, comme chez eux. Donc une bonne réception, on arrive à se comprendre.
M.H. : Quel genre d’actions sociales menez-vous auprès de la population mahoraise ?
T.P. : L’un de nos objectifs est de faire du bien à la population de Mayotte, sans pour autant parler de religion. Tous les jeudis et dimanches soir, nous avons des cours de soutien scolaire gratuits, donnés à tous ceux qui veulent venir, du collège au lycée. Nous proposons également aux femmes mahoraises des cours de couture, des ateliers de cuisine végétarienne, ou encore des participations à des événements tels que le mois sans tabac. En 2018, nous avons distribué des kits dentaires… À notre petit niveau, nous essayons de faire quelque chose. Nous avons quelques centaines de personnes qui viennent, mais rien qu’avec 6 ou 7, ce serait déjà bien pour nous.
M.H. : Quel est le profil de celles et ceux qui viennent ? Mahorais qui veulent se convertir, chrétiens, curieux ?
T.P. : Essentiellement des curieux. Certains Mahorais voient que c’est une église en passant donc ils viennent poser des questions, certains restent, d’autres partent. Mais lors des actions sociales, toutes les populations sont mélangées. n
- L’année dernière, les adventistes du septième jour recevaient la communauté musulmane Ahmadiyya de Koungou et leur imam Usama Joya.
UNE ÎLE EN TRAVAUX
Jéromine DouxINAUGURATION DES AMÉNAGEMENTS DE LA CASCADE DE SOULOU
LE SENTIER DE LA CASCADE DE SOULOU VIENT D’ÊTRE RÉHABILITÉ. CE VENDREDI 3 FÉVRIER, LES COLLECTIVITÉS PORTEUSES DU PROJET INAUGURAIENT LES NOUVEAUX AMÉNAGEMENTS. UNE PREMIÈRE PHASE DE TRAVAUX POUR LE SITE QUI DEVRAIT, À L’AVENIR, SE DOTER D’HÔTELS ET DE RESTAURANTS.
« La cascade de Soulou est l’une des seules de l’île. C’est un lieu de loisirs, préservé de l’urbanisation et prisé des Mahorais. » C’est en ces mots que Saïd Maanrifa Ibrahima, le président de la communauté de communes du centre-ouest (3CO) et maire de M’tsangamouji, s’est exprimé ce vendredi 3 février. Une date qui marquait l’inauguration des aménagements réalisés sur le site de la cascade de Soulou. Les travaux, engagés depuis mars 2022, ont permis de réhabiliter le parking et l’espace d’accueil mais également d’installer des farés aux abords du sentier. « Ces nouveaux aménagements permettent d’offrir aux administrés des services répondant à leurs besoins », estime Bacar Mohamed, le maire de Tsingoni. Le site est en effet à cheval sur les communes de Tsingoni et M’tsangamouji.
532 000 € ENGAGÉS
Le projet, dont le coût est de 532.000 €, a été financé par le conseil départemental de Mayotte et la communauté de communes du centre-ouest. Pour les collectivités, il ne s’agit d’ailleurs que d’une première phase. Une deuxième devrait se concrétiser avec « la mise en place d’agents en permanence pour assurer la sécurité », assure le maire de Tsingoni. Une troisième devrait ensuite permettre au site de se doter d’espaces de loisirs, d’hôtels et de restaurants. Ambitieuse, la communauté de communes envisage même de réaménager entièrement le secteur, jusqu’aux ruines de l’ancien domaine sucrier.
D’AUTRES SITES BIENTÔT RÉAMÉNAGÉS
Plusieurs plages du centre-ouest devraient également être réhabilitées cette année. « Dès 2023, un programme d’aménagement des plages de Tahiti, à Sada, Tanaraki, à M’tsangamouji, et Zidakani, à Tsingoni, sera engagé », assure Saïd Maanrifa Ibrahima. La cascade de Barakani devrait également bénéficier d’aménagements dans le but de « valoriser le patrimoine historique de la communauté de communes. »
CRABIER BLANC : LE GEPOMAY LIVRE UN PREMIER BILAN DE SON ACTION
Dans le cadre du projet européen Life Biodiv’om, le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) anime depuis 2019 un plan national d’actions (PNA) en faveur du crabier blanc, un petit héron en danger critique d’extinction dont Mayotte abrite 20 à 40% de la population mondiale. Suite au comité de pilotage de la quatrième – et dernière – année de ce PNA organisé le lundi 16 janvier, nous avons échangé avec Steeve Mathieu, chargé d’études crabier blanc au Gepomay.
Mayotte Hebdo : Pourquoi le crabier blanc est-il si spécial ?
Steeve Mathieu : Le crabier blanc Ardeola idae est un petit héron de 35 à 45 centimètres, qui nidifie sur quatre îles dans le monde : Madagascar, Aldabra aux Seychelles, Europa dans les îles Eparses et Mayotte. Ici, le crabier blanc niche en mangrove, et s’alimente dans les zones humides. L’espèce est en danger critique d’extinction selon le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
M.H. : Pour quelles raisons ?
S.M. : La grosse problématique à Mayotte, c’est la dégradation de leur habitat. Les zones humides subissent beaucoup de pressions. Outre le déboisement et la pollution des eaux, les zones humides sont dégradées par des espèces exotiques envahissantes (EEE) végétales – telles que le songe, le dartier ‘Cassia alata’ ou encore la casse fétide ‘Senna obtusifolia’. Enfin, le rat noir des mangroves, connu pour créer de gros problèmes sur les populations d’oiseaux dans le monde, prédate ici les œufs et les juvéniles de crabiers au moment de la reproduction (N.D.L.R. entre septembre et février).
M.H. : En quoi consiste le plan national d’actions en faveur du crabier blanc ?
S.M. : Le plan national d’actions (PNA) crabier blanc, que nous animons au Gepomay, s’articule autour de six axes. Tout d’abord nous suivons l’évolution de la population. Nous procédons à un comptage mensuel sur une vingtaine de sites d’alimentation connus, et nous avons mis en place un protocole de photo-comptage par drone. L’appareil fait un premier passage, prend des photographies sur lesquels on compte les nids. On répète l’opération un mois plus tard et on comptabilise les nouveaux nids. Des modèles statistiques nous permettent ensuite d’estimer le nombre de crabiers blancs vivant à Mayotte : 415 couples à la saison reproductive 2021/2022.
Deuxièmement, il s’agit de réduire au maximum les causes de mortalité directes. Nous avons mentionné le rat noir des mangroves, contre lequel nous luttons à l’aide de pièges mécaniques. Nous œuvrons à la protection des sites de reproduction contre les menaces en mangrove, par la mise en place d’outils réglementaires. Nous avons par exemple déposé une demande d’arrêté préfectoral de protection de biotope pour trois mangroves, pour lequel nous n’attendons plus que la validation de la Dealm (N.D.L.R. direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer).
Sur le terrain, nous travaillons à la conservation et à la restauration des sites d’alimentation du crabier blanc. Ils sont au nombre d’une vingtaine, dont les plus emblématiques sont le lac Karihani, les retenues collinaires de Dzoumogné et Combani, et la prairie humide de Tsararano. Nous avons par exemple œuvré à la restauration de la prairie humide de Malamani, sous forme de chantier d’insertion, en partenariat avec Mlézi Maoré : 5 jours d’arrachage des espèces envahissantes, 2 jours de plantation. Le bilan est mitigé puisqu’une grande partie des 335 plants indigènes réintroduits ont été volés. Les espèces exotiques envahissantes reprennent petit à petit le dessus. Nous sommes à la recherche de volontaires pour nous aider dans l’arrachage de ces plantes ! Un vrai travail de sensibilisation est nécessaire auprès de la population, comme des élus… En ce sens, le Gepomay a organisé en août dernier le festival du crabier blanc pour communiquer et sensibiliser la population autour de concerts et autres animations.
Enfin, nous faisons vivre le PNA au niveau national et international. Nous avons à ce titre participé au Pan African Ornithological Congress, organisé en novembre dernier au Zimbabwe, pour présenter notre dispositif d’équipement
télémétrique des crabiers blancs – une première mondiale – et de lutte contre le rat noir. Un beau coup de pub : l’événement à réuni plus de 300 participants de 69 pays différents.
M.H. : A l’aube de cette dernière année de PNA, quel bilan tirez-vous ?
S.M. : Tout d’abord, l’équipement télémétrique réalisé sur onze individus que nous avons équipés de balises Argos, nous fournit des données très intéressantes sur leur comportement ! On se rend compte que les crabiers blancs évoluent dans un périmètre plutôt restreint : certains restent cantonnés au grand Mamoudzou, d’autres demeurent en milieu forestier ou agricole. Un seul individu s’est aventuré à Anjouan, avant de revenir à Mayotte en fin d’année dernière. Nous avons également identifié un nouveau site d’alimentation. Un stagiaire a rejoint notre équipe pour analyser les données de télémétrie et de suivi des sites d’alimentation.
Nous allons rédiger le bilan final de notre action, qui sera examiné par un évaluateur sélectionné par la Dealm. Suite à cela, la décision sera prise de poursuivre ou non le PNA. Pour nous, l’objectif serait de le prolonger sur dix ans. n
Des sorties pour découvrir
les oiseaux des zones humides de l’île
Dans le cadre de la Journée mondiale des zones humides, le Gepomay organise trois sorties pour découvrir les oiseaux des zones humides
mahoraises :
- Samedi 11/02 : Lac Karihani
- Samedi 18/02 : Zone humide d’Ambato
- Samedi 25/02 : Retenue collinaire de Combani
Plus de renseignements par mail : animation@ gepomay.fr
LITTÉRATURE
Pour que Petit Corbeau arrête ses bêtises, Yajoma, le vieux hibou, décide de faire de lui son meilleur ami, en l’aidant à voir en lui-même un très bon petit oiseau.
LISEZ
MAYOTTE LE CONTE (2/4) :
MANOU MANSOUR SE RENOUVELLE
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
Manou Mansour fait partie des écrivains polygraphes de Mayotte. Entré en littérature avec Odes à l’homme perverti en 2009, il s’illustre principalement dans le domaine poétique avec La Poésie en soi – amante du poète (2010), Le Droit de renaître (2012), Ravi que le temps ait juste un peu rouillé mes terres (2012) et L’Auberge mahoraise (2013). Il mêle le genre poétique à l’épistolaire dans Lettres mahoraises (2014) et il collabore aussi à un beau livre auquel nous avons consacré une chronique : Mayotte plurielle (2016).
Mais celui qui nous intéresse aujourd’hui, ce n’est pas ni le poète ni l’épistolier, mais l’écrivain de jeunesse. En effet, Manou Mansour révèle, en 2016, un nouveau visage de lui en publiant, chez Edilivre, un petit ouvrage intitulé Yajoma. Il s’agit d’un texte en deux, voire en trois, langues. En effet, on trouve, sur la même page, du côté gauche, en noir le texte en français et en bleu sa traduction en shimaore et, de l’autre côté, sur la belle page, un dessin. Au seuil de l’ouvrage, l’auteur place quelques « Indications » : « Tout ce qui est en bleu est la traduction en dialecte mahorais ou shimaoré de ce qui précède (le shimaoré est l’un des deux dialectes de l’île
de Mayotte, Département français d’Outre-Mer, qui se situe dans l’Océan Indien [sic], à côté de Madagascar. » (p. 3)
Une fois faite cette remarque de structure, plongeons dans l’histoire. Elle est ainsi présentée, en quatrième de couverture, pour attirer le lecteur : « Pour que Petit corbeau arrête ses bêtises, Yajoma, le vieux hibou, décide de faire de lui son meilleur ami, en l’aidant à voir en lui-même un très bon petit oiseau. » Conte et littérature de jeunesse se rejoignent donc ici dans une histoire édifiante où l’aîné enseigne au cadet. La différence de génération n’entraîne pas de conflit. Et le lecteur ne se verra pas seulement instruire, car les bêtises de Petit corbeau le divertiront aussi. Néanmoins, le texte porte le nom du personnage de référence, le vieux hibou appelé Yajoma. De façon allégorique, de nombreux éléments propres à la culture de Mayotte apparaissent à l’arrière-plan. La mention des bêtises renvoie à la tradition des récits de fous – daba – ainsi qu’au type du tricskter et le fait qu’il soit un corbeau renvoie aux nombreux oiseaux magiques des contes de l’île aux parfums, comme le corbeau-pie noir et blanc. D’autre part, le vieux hibou Yajoma incarne, dans
une société traditionnelle, les valeurs dont les aînés sont porteurs.
L’histoire commence, de façon moderne, le jour où le vieux Yajoma sort ses poubelles qui sont bientôt renversées par le jeune Petit Corbeau. Malgré ses rappels à l’ordre, Yajoma ne vient pas à bout de Petit Corbeau qui le persécute. Mais un jour, l’oiselet ne commet pas son méfait. Le patriarche se rend donc dans la famille du malfaiteur et apprend
qu’il a eu un accident. Il se rend, de façon inattendue, à l’hôpital où il se réconcilie avec le jeune oiseau surpris. Derrière cette histoire idéaliste, qui a la simplicité de la ligne claire d’une bande dessinée, chacun pourra se demander de quoi la poubelle dans laquelle on shoote est un symbole ainsi que sur l’avenir d’une jeunesse turbulente et qui doit pourtant être protégée, car elle est le futur.
Christophe CoskerSPORT
Calendriers - classements - résultats
BASKET
Prénationale masculine
Journée 17 – 18 et 19 février 2023
TCO Mamoudzou – Jeunesse Canon 2000
Basket club de Tsararano – Colorado Beetle Mtsahara
Basket club de Mtsapéré – Gladiator de Doujani
Fuz’Ellips de Cavani – Rapides Éclairs Vautour club de Labattoir – Étoile bleue de Kawéni
Dernière journée – Du 24 au 26 février 2023
Fuz’Ellips de Cavani – Étoile bleue de Kawéni
Gladiator de Doujani – Jeunesse Canon 2000
Vautour club de Labattoir – Basket club de Mtsapéré
Basket club de Tsararano – TCO Mamoudzou
Colorado Beetle Mtsahara – Rapides Éclairs
BASKET
Prénationale féminine
Journée 12
Colorado Beetle Mtsahara 43–55 Partizan BCA
Basket club Iloni 36–104 Magic basket Passamaïnty
Basket club de Mtsapéré 80–50 Golden Force
Chicago club de Mamoudzou 52–75 Fuz’Ellips de Cavani
Journée 13 – 11 et 12 février 2023
Golden Force – Colorado Beetle Mtsahara
Partizan BCA – Basket club Iloni
Fuz’Ellips de Cavani – Basket club de Mtsapéré
Chicago club de Mamoudzou – Magic basket Passamaïnty
HANDBALL
HANDBALL
Poule
HANDBALL
Prénationale féminine
Journée 16
Haima Sada 46–7 Doujani HC
HC Bandrélé 26–19 HC Kani Kéli
AJH Tsimkoura 26–31 CH Combani
PC Bouéni 38–38 HC Passamaïnty
Moinatrindri HC 11–54 ASC Tsingoni
HC Select 976 58–17 TCO Mamoudzou
Journée 17 – Du 10 au 12 février 2023
VENDREDI 10/02
SOIREE APERO CONCERT POP ROCK
Le Moya - Restaurant, Lounge bar, Labattoir, de 19h00 à 01h45, avec MAURO
SAMEDI 11/02
KLUB #2 | Musique de Fête [Bab + KasbaH + oOgo
Océan Bambo Chez Fredo, à 18h00
AQUADANCE
TAHITI PLAGE, Le cercle des nageurs à Mayotte, à 14h00
SORTIES NATURALISTES
Bivouac tortue Saziley, Avec Simon, plus d’infos contact : 0269 63 04 81, ou réservation https://urlz.fr/kBRy
CONCERT LVD TRIO
Jazz île de la Réunion « Le Voulé », infos et réservation : 0269 61 46 08
THEATRE
La Plancha de tu madre, Pôle Culturel Chirongui, 19h30, entrée libre sur réservation : 0639 72 25 67
CONCERT LVD TRIO
Concert, au CHAT’O CAFE à MOINATRINDRI, entrée 5€,
BRUNCH ET VENTE EXPO
Spéciale St Valentin, LE Chalet de Tsingoni, à côté de Douka Be, de 10h00 à 17h00, 35€/pers, réservation : 0639 03 16 03
SORTIES NATURALISTES
Petite-Terre, Dziani-Moya PMT, Avec RUTH, plus d’infos contact : 0269 63 04 81, ou réservation https://urlz.fr/kBRy
BONNE FETE DE LA SAINT VALENTIN
Wa veindzanao, Ville de Pamandzi, à la Place des congrès, de 13h00 à 17h30
MERMOZ BEAUTIFUL
Le Mermoz, place mariage
Mamoudzou, 18h00 à 23h00
DECOUVRIR MAYOTTE AUTREMENT
Mayotte Immersion, la mahoraise, initiation beauté, réservation EN PV SUR Facebook : « Mayotte Immersion » ou au : 0639096900, Tarif adulte 35 - 40€, enfant : 15 - 20€
DIMANCHE 12/02
1ère BREAKFAST PARTY
La boutique « DESSUS DESSOUS », ZONE NEL, vous accueil à l’occasion de la St Valentin, découvrir les nouveautés de 10h00 à 14h00
LONGE COTE
Plage de M’ZOUAZIA, Le cercle des nageurs de Mayotte, à 10h00
TOURNOIS BILLARD AMATEURS
A M’tsapéré, à 08h00, infos au +262 693 84 99 96, lien : bilandbie.com,
COCO BRUNCH
COCO BEACH Hamjago, les samedis et dimanches, (locations bateau, cone, paddle, chambre), buffet 25€/ pers, de 10h00 à 15h00.
SORTIES NATURALISTES
Bivouac tortue Saziley, Avec Simon, plus d’infos contact : 0269 63 04 81, ou réservation https://urlz.fr/kBRy
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE
Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros
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Cavani M’tsapéré
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Rédacteur en chef
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# 1030
Couverture :
Religion : ENSEMBLE
Journalistes
Axel Nodinot
Jéromine Doux
Raïnat Aliloiffa
Alexis Duclos
Saïd Issouf
Lucas Philippe
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Comptabilité
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Première parution
Vendredi 31 mars 2000
ISSN : 1288 - 1716
RCS : n° 9757/2000
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