LE MOT DE LA RÉDACTION
DÉCONNEXION
L’assemblée plénière de cette semaine voyait le Conseil départemental débattre du tant attendu budget. Ce dernier, selon le prévisionnel pour 2023, pourrait ne laisser aucune marge de manœuvre au Département, alors qu’il est déjà en déficit depuis 2020. Après avoir pesté contre l’Insee, les associations ou les patients des PMI qu’il veut envoyer dans un Jacaranda déjà bondé, Ben Issa Ousseni a reconnu que les salaires du CD étaient trop importants. Il est déjà honorable de remarquer ses propres dysfonctionnements, encore faut-il désormais balayer devant sa porte. Le département de Mayotte compte plus de 3100 agents, constituant une masse salariale « passant de 286 M€ en 2016 à 327 M€ en 2022 (soit une augmentation de 14,3 %) ! », s’est étranglé le CESEM dans son dernier avis. Quant à l'opposition, qui sait décidément identifier et hiérarchiser les besoins du territoire, elle lance une cagnotte en ligne pour que les Mahorais paient eux-mêmes le passage de la flamme olympique sur l'île. Les 150 000 euros demandés par Paris 2024, en plus des dizaines de milliers d'euros supplémentaires nécessaires à l'organisation de cette exhibition, ont pourtant rebuté de nombreux départements hexagonaux. Pas Elyassir Manroufou, qui espère peut-être que la population mahoraise, la plus pauvre de France et subissant l'inflation comme les autres, finance de sa poche les projets du CD. Ce sont ces derniers dont nous parlons cette semaine, en espérant qu'ils puissent décongestionner les routes mahoraises rapidement. Et pour cela, il faut dépoussiérer les frais de gestion du Département.
Bonne lecture à toutes et à tous.
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tchaks 482
C’est le nombre d’infractions liées à la délinquance relevées par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), à Mayotte, en 2022. La grande majorité de ces infractions ont été commises sur le territoire de la commune de Mamoudzou, dans laquelle on dénombre 3,8 infractions pour 1000 habitants, un score plus important que la moyenne des communes de la Seine-Saint-Denis.
À Koungou, ce taux est de 2,1 pour 1000 habitants, quand Pamandzi est à 2,4 pour 1000. Le reste des communes oscille entre 1,6‰ (Dzaoudzi-Labattoir) et 0,4‰ (Tsingoni), sachant que les communes de Mtsamboro, Acoua, Mtsangamouji, Bouéni et Kani Kéli manquent de données.
16 – 25 mars 2023
Ce sont les dates de la deuxième édition des “ Artistes s’exposent ”. Cette exposition, qui aura lieu à la MJC de Kawéni, est organisée par l’association Zangoma, avec le partenariat de la ville de Mamoudzou. Intitulée “ Un livre, une image ”, elle rassemblera des peintures, des dessins, des photographies, de l’audiovisuel, des sculptures, du pop art et diverses installations. L’accès à cet évènement culturel sera libre et gratuit.
Jacqueline Djoumoi-Guez dans le Top 100 ESS
Chaque année, le 8 mars, pour la journée internationale des droits des femmes, le réseau européen Euclid Network plébiscite 100 femmes engagées dans l’économie sociale et solidaire, l’innovation sociale et l’intérêt général. Mayotte y est également représentée cette année, par l’intermédiaire de Jacqueline Djoumoi-Guez, gérante de l’entreprise audiovisuelle Clap Productions. La Mahoraise a été nommée pour sa capacité à “ sensibiliser les futures générations ”, selon le communiqué de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS) de Mayotte. Les séries ASKIP et Colocs ! sont notamment deux des preuves de l’engagement de la cheffe d’entreprise en faveur de la société de l’île, en plus du documentaire “ Chimik, la descente aux enfers ”. Elle succède ainsi à Djemilah Hassani, nommée en 2022, et à Maymounati Moussa Ahamadi (2021).
6ème édition du Trail du centre et marché de Boungou-Bé ce week-end
L’association Zazatsara convie à tous les amoureux du sport, en particulier de la course à pied et de la randonnée à la sixième édition du Trail du centre, le dimanche 19 mars, à la place Sicotram de Chiconi. Une fois inscrit sur www.sportpro.re, la remise de dossards aura lieu au pôle d’excellence rural de Coconi le samedi 18 mars de 14h à 17h. Au programme de cette sixième édition :
6h-6h45 : accueil du public
7h : départ du trail de 16km
7h30 : départ de la randonnée de 8km
8h30 : animation Hamzia
9h40 : remise de récompenses.
La nouvelle barge “ Chatouilleuse ” à l’eau
“ C’est la semaine des essais à quais et en mer pour l’amphidrome Chatouilleuse ”, a annoncé le CNOI (chantier naval de l’océan Indien), ce vendredi 10 mars. La société basée à Port-Louis, la capitale de Maurice, a pu faire ses essais devant les Affaires maritimes, le Bureau Veritas Group, le STM - Département de Mayotte, “ accompagné de CONEXNAV pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage ”, et l’architecte naval ShipST. Le navire doit rejoindre la flotte du STM, cette année, en compagnie d’Imane, pour assurer la liaison Dzaoudi-Mamoudzou. Cela pourrait libérer deux amphidromes pour assurer une nouvelle ligne réservée aux camions et voulue par le Département, entre Longoni et Dzaoudzi.
Le proverbe
“ Hazi asubuhi ”
L’avenir appartient à celui qui se lève tôt.
LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
DESTRUCTION DE BIDONVILLES ET EXPULSION
D’ÉTRANGERS : L’OPÉRATION À RISQUES DE GÉRALD DARMANIN À MAYOTTE
Le 12 mars 2023, par Nathalie Guibert, Jérôme Talpin et Grégoire Mérot pour Le Monde. Décryptages. Le projet du ministre de l’Intérieur, doit se déployer à partir de la fin du ramadan le 21 avril, pour deux mois environ. Les conditions de sa préparation, et l’opposition d’associations, montrent qu’elle n’ira pas sans risques.
Ce pourrait être un des marqueurs de son futur bilan au ministère de l’intérieur : Gérald Darmanin a promis à Mayotte une “ action spectaculaire ” de destruction des bidonvilles et d’expulsion de leurs habitants en situation irrégulière. L’opération, très attendue par les élus du département, doit se déployer à partir de la fin du ramadan le 21 avril, pour deux mois environ, jusqu’en juin. Les conditions de sa préparation montrent qu’elle n’ira pas sans risques.
Le préfet, Thierry Suquet, se voit confier une triple mission. D’abord, la lutte contre le séjour irrégulier qui suscite de vives tensions sociales à Mayotte, avec l’idée de passer de 80 interpellations d’étrangers par jour actuellement à 250-280 – les expulsés, en majorité, seront ramenés par voie maritime vers Anjouan, aux Comores voisines. Ensuite, le “ décasage ” , démantèlement des habitats informels – 8 maires soutiennent le plan et se disent prêts pour l’opération qui ciblerait 5 000 personnes dans 1 000 “ bangas ”, soit 10 %
des cases de tôle couvrant les collines de Mayotte. La moitié des 310 000 résidents recensés sur l’île vivent dans ces habitations illégales. Il s’agira, enfin, d’interpeller de jeunes délinquants violents, pour beaucoup déjà connus de la police, qui font régner une insécurité aiguë dans l’île. Les services de l’Etat n’auront pas eu beaucoup de temps pour se préparer. Pensée depuis l’automne 2022 mais validée le 31 janvier par le président de la République en conseil de défense, l’opération initiale présentée par la place Beauvau a dû être revue pour mieux prendre en compte la situation des enfants mineurs d’étrangers, selon des informations du Monde que le ministère refuse de commenter.
Fixer un périmètre précis
L’objectif reste de marquer les esprits, dans un contexte d’examen de la loi sur l’immigration et de surenchère du Rassemblement national sur ce
sujet à Mayotte. Des renforts de forces de l’ordre inédits sont attendus – leurs effectifs dans le territoire ont déjà augmenté de 40 % depuis 2018 et le premier plan, baptisé Shikandra, lancé alors contre l’immigration clandestine. Le nombre des gendarmes va doubler, pour atteindre 1 050 militaires. Et 120 policiers supplémentaires sont prévus (820 au total), dont 10 officiers de police judiciaire. Plusieurs sources évoquent, toutefois, un manque de moyens qui a contraint le ministère à diminuer ses ambitions.
Le préfet met en œuvre la loi Elan de 2018, qui permet, par dérogation à Mayotte, d’expulser plus facilement des occupants de terrain sans droits ni titres. Mais, avant, il lui faut fixer un périmètre précis d’action et pouvoir invoquer des “ risques graves pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publique ”. Afin d’établir la liste des personnes concernées, l’Etat doit également proposer un relogement ou un hébergement d’urgence. Autant de préalables freinés par la faiblesse des services publics et sociaux dans l’île.
La préfecture presse depuis des semaines ses agents et les acteurs locaux de préparer au mieux les dossiers, pour que ses futurs arrêtés d’évacuation-démolition soient inattaquables face au tribunal administratif. En effet, celui-ci critique la solidité des procédures montées jusqu’à présent, un de ses magistrats dénonçant même “ un mépris total du juge administratif ”. Le préfet Suquet, lancé depuis 2019 dans un décasage par mois, a détruit 1600 bangas en 2021, moins de 500 en 2022. Ses services assurent s’être “ professionnalisés ” depuis. Quand il a récemment interdit des décasages, le tribunal a, de fait, appliqué sa décision aux seuls requérants, et non plus aux quartiers entiers visés par le préfet. Ce fut le cas pour la destruction de 70 bangas à KoungouMajicavo, en partie suspendue le 27 février au motifque des propositions de relogement n’avaient pas été notifiées régulièrement, par agent assermenté. Ces derniers mois, le juge administratif a, en outre, rejeté l’intérêt à agir d’associations comme la Cimade, Médecins du Monde ou la Ligue des droits de l’homme (LDH).
Mais un risque ne peut être écarté, celui d’une embolie de la chaîne administrative. Le tribunal, dont le siège est à La Réunion, s’attend à une forte augmentation des procédures de référé-liberté de la part de personnes faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Les requérants disposent de 24 heures pour la contester, le juge de 48 heures pour trancher – la procédure, ici, n’étant pas suspensive. En 2022, la justice administrative a traité 5567 recours d’étrangers à Mayotte et annulé 1004 OQTF, notamment au bénéfice de parents dont les enfants possédaient la nationalité française.
Des avocats ont prévu de s’organiser, avec le renfort de conseils. Des associations – les Avocats pour la défense du droit des étrangers et le Groupe d’information et de soutien des immigrés – vont envoyer des missions d’observation. “ C’est une opération irresponsable et de communication d’un ministre qui surfe sur la question de l’immigration pour nourrir ses ambitions présidentielles, commente Me Mihidoiri Ali, du barreau de Saint-Denis. Les avocats interviendront avec le droit, face à des décasages aveugles et des éloignements aveugles. ”
En pointe sur ces dossiers à Mayotte, Me Marjane Ghaem dénonce, elle, les préparatifs de l’opération. L’avocate constate une augmentation des retraits de titre de séjour visant des habitants de bangas – le préfet invoque leur
domiciliation illégale auprès des marchands de sommeil. “ De nombreuses personnes installées de longue date à Mayotte reçoivent des courriers en ce sens, déclare-t-elle. Des décisions vont tomber à la pelle et le tribunal administratif ne pourra pas suivre, car il est déjà engorgé. Les droits de la défense sont bafoués, la préfecture compte sur le nombre pour être gagnante. ”
Pour les audiences attendues, les magistrats ne se déplaceront pas de La Réunion. “ Il n’y a plus de places disponibles pour les loger en raison de l’afflux des membres des forces de l’ordre et de personnels administratifs ”, déplore Gil Cornevaux, président du tribunal. Trois audiences en visioconférence seront organisées le matin, et trois autres l’après-midi avec les greffiers résidant à Mayotte. “ Il faut répondre à la demande de l’Etat et notre volonté est de préserver la qualité de nos décisions, mais il faudra tenir compte de u nombre de dossiers et de magistrats. J’ai demandé des renforts ”, précise-t-il. Les juges vont-ils faire de l’abattage ? “ Ils vont devoir travailler très vite et dans des délais contraints ”, observe M. Cornevaux.
Inquiétude dans les bidonvilles
Daniel Gros, représentant local de la LDH, sillonne les bidonvilles pour rappeler à leurs habitants qu’ils ont des droits. Selon lui, depuis 2019, “ 9 000 personnes ont vu leurs maisons détruites et aucune d’elles n’a bénéficié d’une solution de relogement pérenne ”. Avant de s’insurger : “ La façon dont s’organisent les destructions va à l’encontre des droits les plus fondamentaux ! ” Dans le secteur associatif, on déplore aussi le manque de moyens sur l’ “ après ”, l’accompagnement de familles délogées. “ On n’a pas assez de solutions de relogement et encore moins de travailleurs sociaux pour faire le boulot si l’opération se passe comme prévu ”, regrette un agent de Mlezi Maoré, plus grand acteur social du département, qui se dit déjà “ débordé et sans moyens ”.
Le gouvernement pourrait avoir un autre front à gérer. Fin septembre 2021, un premier décasage massif du préfet avait entraîné de violentes agressions en représailles dans l’île, et l’incendie de la mairie de Koungou. Des habitants de bangas interrogés par Le Monde promettent de “ ne pas se laisser faire ”, sans avoir de véritable stratégie. Sur Radio Comores Marseille (RCM13), un média communautaire qui dénonce “ l’occupation illégale ” de la France “ coloniale ” à Mayotte, des auditeurs s’interrogeaient, le 8 mars, sur “ des actions à mettre en place ” pour “ empêcher l’opération ” de Gérald Darmanin. “ Nos frères et nos sœurs risquent d’être mis dehors ”, “ certains se son déjà sauvés et reviendront ”, “ les gens vont se défendre ”, a-t-on pu entendre sur la radio, qui se range dans l’opposition au président comorien, Azali Assoumani, jugé complice.
L’annonce de l’opération provoque une vive inquiétude dans les bidonvilles, dont la majorité des habitants comoriens ont un titre de séjour ou des enfants français. De case en case, on entend les mêmes mots : “ Toute notre vie balayée ”, “ Que vont devenir nos enfants ? ”, “ Les chiens sont mieux traités que nous ”. Au lycée de Bandrélé, dans le sud-est de l’île, le 6 mars, le sujet était de toutes les discussions. “ Ils veulent casser tous les bangas et nous expulser aux Comores. J’ai peur, on ne connaît personne là-bas, toute notre vie est ici et si ça se trouve je ne pourrai même pas passer mon bac ”, se désolait ainsi Noussrati, 17 ans, née à Mayotte de parents travaillant pour des wazungu (Blancs) sans parvenir à régulariser leur situation.
Saïd Omar Oili
LA FORMULE S2O
ANCIEN PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL, MAIRE DE DZAOUDZILABATTOIR ET PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE PETITE-TERRE, SAÏD OMAR OILI A EU
UNE CARRIÈRE BIEN REMPLIE, PARFOIS MOUVEMENTÉE, ET LOIN D’ÊTRE TERMINÉE. RETOUR SUR CETTE DERNIÈRE, AVEC CELUI POUR QUI LE SOCIAL EST LA CLÉ DE VOÛTE DE LA POLITIQUE LOCALE.
PORTRAIT
Il a occupé les plus hauts postes de l’administration mahoraise, succédant à l’intouchable Younoussa Bamana en tant que président du Conseil général de l’époque, fondant et présidant son parti, le Nouvel élan pour Mayotte (NEMA). Alors pourquoi Saïd Omar Oili se présente cette année aux élections sénatoriales, à 65 ans, après avoir fini sur la troisième marche du podium il y a six ans ? “ Et pourquoi pas ?, s’amuse l’édile. Le Sénat est le lieu où l’on défend le mieux les collectivités locales ” . Regrettant l’époque du cumul de mandats, “ quand les sénateurs étaient bien souvent maires ” , celui de DzaoudziLabattoir compte bien atteindre les bancs de la Chambre haute pour plaider la cause de Mayotte, après plus de deux décennies de mandats locaux. “ Je pense avoir cerné l’ensemble des difficultés majeures qui freinent le développement du territoire ” , affirme-t-il.
FRATERNITÉ CONTRE PRÉCARITÉ
Premier de ces freins, selon le président de la Communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), l’injustice sociale. “ Chaque année naît à Mayotte une commune de 10 500 habitants, explique un S2O pas avare d’exemples. Les écoles
sont surchargées, La Vigie, par exemple, a une densité inégalée de 2 700 habitants au kilomètre carré. Et les enfants non scolarisés sont livrés à eux-mêmes. Alors que l’égalité républicaine doit commencer par l’éducation, on en est loin ! ” Conscient de la nécessité de maîtriser la démographie de l’île, l’élu n’en oublie pas pour autant les faibles dotations générales de fonctionnement (DGF) accordées aux communes mahoraises. “ Nous sommes le département le plus pauvre et avons les dotations les plus basses, regrette-t-il. Dembéni, qui a la même population que Saint-Benoît à La Réunion, a 7€ par habitant, contre 38€ à Saint-Benoît, et 67€ en moyenne au niveau national. ”
Si Saïd Omar Oili est “ confiant ” pour la bataille des sénatoriales à venir, nul doute que l’hôtel de ville de Dzaoudzi-Labattoir lui manquerait s’il venait à être élu. “ Très fier ” de son parcours politique et des remerciements de ses administrés, S2O garde comme devise que “ le travail finit toujours par payer ” , lui qui est né dans une fratrie de neuf enfants, avec un père pêcheur illettré et une mère n’étant jamais allée à l’école. “ Aujourd’hui, je me présente aux Mahorais pour être sénateur, mais imaginons un seul instant que je n’avais pas pu faire l’école de la République. Je ne serais
PORTRAIT
Malheureusement, la deuxième île de Mayotte n’est pas épargnée par l’un des problèmes majeurs du département : les zones de non-droit, comme celle de La Vigie, qui concentrent délinquance, logement insalubre et conditions de vie indignes. “ Nous avons des quartiers où il y a des violences, pas d’espoir, reconnaît Saïd Omar Oili. On se bat pour désenclaver ces quartiers, y ramener la route, l’eau, l’électricité, les transports scolaires et donc l’espoir. ”
pas là. Donc je dois tout faire pour que les autres aient les mêmes chances que moi, leur montrer qu’on peut partir de très bas et arriver au sommet. Pour cela, j’ai aussi eu des gens qui m’ont tendu la main. ”
LA “ FIERTÉ ” MAYMOUNATI, LA “ DÉCEPTION ” OMAR ALI
Au fil des années, l’homme fort de Petite-Terre a ainsi su passer le relais, comme ce fut le cas en 2021, en plaçant deux candidats étiquetés “ NEMA ” au Conseil départemental, parmi lesquels Maymounati Moussa Ahamadi, deuxième du vote pour la présidence. “ Quand nous avons fêté la journée des droits des femmes, que j’ai vu Sarah Mouhoussoune [ancienne conseillère départementale aujourd’hui conseillère au CESE, NDLR] et Maymounati, pour lesquelles j’ai été un mentor, quelle fierté ! ” , déclare Saïd Omar Oili, qui veut aider les femmes à accéder au pouvoir, citant Jean Ferrat et son “ La femme est l’avenir de l’homme ”
Mais une carrière politique est inévitablement émaillée de défaites. Toujours en 2021, lorsque Ben Issa Ousseni est élu président du CD, Ali Omar, binôme de Maymounati Moussa Ahamadi, décide de rejoindre la majorité à la surprise générale, après avoir été élu sous l’étiquette NEMA. Pour son fondateur, la pilule ne passe pas. “ C’était une déception, lâche Saïd Omar Oili. On a fait campagne ensemble, il a choisi son camp sans concertation aucune. Un bon politicien, c’est celui qui dure. Mais pour durer, il faut respecter ses électeurs. Un mandat passe très vite, et je ne crois pas qu’en 2027, les électeurs oublieront. ”
“ FAIRE DE PETITE-TERRE UN HAVRE DE PAIX ”
En 2020, le président de la CCPT déclarait à Mayotte Hebdo qu’il souhaitait que “ Petite-Terre soit la vitrine du département ” . Trois ans plus tard et à la lumière du travail des collectivités locales, il estime “ être sur le bon chemin pour faire de Petite-Terre un havre de paix ”
Farouche défenseur de l’égalité et de l’article premier de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, le maire de Dzaoudzi-Labattoir prône l’amélioration des conditions de vie des habitants des quartiers insalubres pour obtenir la paix sociale. “ Quelque part, je comprends que lorsque vous n’avez pas de lumière, de ramassage d’ordures et autres, vous éprouvez de la rancœur, analyse-t-il. Et bien là, ça va se faire, et c’est le résultat de sept ans de travail. Nous avons attribué le réaménagement de La Vigie en Commission d’appels d’offres, et nous espérons que les travaux pourront débuter en juillet. ”
Pour autant, pas question de laisser les bidonvilles s’étendre de façon anarchique. “ Celui qui est en face de moi n’est pas un animal, c’est un être humain, explique S2O. Je dois tout faire pour le traiter avec toute la dignité qui s’impose, parce que je crois en la générosité de la République. ” L’édile voit donc d’un bon œil l’opération Wuambushu, prévue en avril prochain par le gouvernement et ayant pour but de raser certains quartiers informels et d’expulser les étrangers en situation irrégulière. “ Est-ce que les gens qui sont dans ces quartiers, en les laissant vivre de cette manière, ont une quelconque dignité ? ” , demande-t-il, conscient du quotidien de ces habitants “ qui ne peuvent pas sortir quand il y a trop de pluie parce qu’il n’y a pas de rues ” “ Il faut sortir de là ceux qui ont le droit de rester sur le territoire, et leur proposer un relogement, et appliquer la loi pour ceux qui n’ont pas le droit de rester ” , conclut le candidat au Sénat. n
QUELQUES DATES
1957 : Naissance à Dzaoudzi
2004-2008 : Président du Conseil général
2007 : Fondation de NEMA, Nouvel élan pour Mayotte
2008-2011 : Conseiller général de Dzaoudzi
2012 : Second tour des élections législatives
2014-2026 : Maire de Dzaoudzi-Labattoir
2017 : Second tour des élections sénatoriales
2017-2023 : Président de la Communauté de communes de Petite-Terre
2023 : Candidat aux élections sénatoriales
DOSSIER
Embouteillages (2/2)
Quelles solutions ?
BUS, NAVETTES MARITIMES, TÉLÉPHÉRIQUE, TRAIN BLEU,
PONT GRANDE TERRE – PETITE TERRE… LES PROJETS ET UTOPIES NE MANQUENT PAS POUR DÉSENGORGER LES ROUTES DE MAYOTTE, DEVENUES AU FIL DU TEMPS UN VÉRITABLE ENFER POUR LES AUTOMOBILISTES. TOUR
D’HORIZON DE CES IDÉES ET DE LEUR RÉALISATION,
QUI DEMEURENT ESSENTIELLES POUR LES MAHORAISES
ET MAHORAIS : EN ATTENDANT LA FIN DES TRAVAUX
DU CARIBUS, L’ÎLE AU LAGON EST LE SEUL TERRITOIRE
FRANÇAIS NE POSSÉDANT PAS DE RÉSEAU DE TRANSPORTS INTERURBAINS…
SOLUTION 1
LE CARIBUS
Projet phare de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadéma), le Caribus est passé dans sa phase travaux depuis quelques mois. Le chantier se rapprochant du centre de Mamoudzou, il devient plus que nécessaire de développer des alternatives (vélos, bus, navettes maritimes) pour réduire les perturbations.
OÙ EN EST LA PREMIÈRE LIGNE ?
Sur les quatre lignes de bus (Hauts-Vallons-Passamaïnty, Passamaïnty-Dembéni, Hauts de Mamoudzou et Vahibé-Passamaïnty), la première est celle qui connaît l’avancée la plus visible ces derniers mois. Les feux sont désormais installés à Passamaïnty. Parmi les gros travaux dans les prochaines semaines, l’aménagement de la voie au niveau du rond-point SFR aura lieu au mois d’avril. Président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadéma), Rachadi Saindou prévient que le développement de Caribus ne pourra sa faire sereinement sans le développement d’alternatives à la voiture. “ Si on ne fait rien, ça va être le gros bordel. ”
EST-CE QUE LES NAVETTES FONCTIONNENT BIEN ?
Premier exemple, le feu de chantier à Passamaïnty a entraîné des embouteillages encore plus conséquents que d’habitude en novembre, forçant la Cadéma à mettre en place une première ligne de bus gratuits depuis Hajangua, jusqu’à Kawéni. Celle-ci a trouvé peu à peu son public. Les taux d’occupation des bus ces dernières semaines dépassaient souvent les 50%, avec un pic à 84% à 5h du matin. De 1.317 personnes transportées au cours de la semaine du 12 décembre, leur nombre est passé à 3.229 pour celle du 13 février. “ Sur le parking de Tsararano, un homme m’a dit qu’en rentrant le soir, il pouvait jouer avec ses enfants et discuter avec sa femme ” , raconte Ludovic Mihai, le directeur mobilités de la Cadéma.
ET LES AUTRES MODES DE TRANSPORT ?
“ Nous parlons de mobilités à la Cadéma, pas de mobilité. On ne voit pas l’intérêt d’avoir que du bus, il nous faut du vélo, des navettes maritimes ” , fait valoir le directeur mobilités, qui insiste sur l’accès aux vélos. “ Il faut une acculturation au vélo. A Mayotte, il n’est pas encore développé. ” L’agglomération encourage d’ailleurs les plus jeunes en réalisant des actions dans les écoles. Elle s’appuie aussi sur une prime à vélo versée sous la forme de bons d’achats. Plusieurs centaines de ces bons ont été distribuées dans les deux communes. Concernant les infrastructures, un schéma directeur cyclable, qui inclut la création de pistes cyclables, va voir le jour.
LE SYSTÈME VA-TIL SE DÉVELOPPER DANS LE NORD DE L’AGGLOMÉRATION ?
C’est le souhait de la Cadéma qui envisage l’ouverture d’une deuxième ligne dans le sens Kawéni-Mamoudzou dans deux mois. Il n’est pas exclu qu’elle parte de Longoni, l’agglomération étant en pourparlers avec sa voisine, la communauté d'agglomération du Grand Nord de Mayotte. “ L’idée, c’est de réduire le flot de voitures depuis la commune de Bandraboua ” , explique le président de la Cadéma.
2026 COÛT ESTIMÉ : 245 MILLIONS €
DOSSIER
Axel NodinotSOLUTION 2
LE BOULEVARD URBAIN DE MAMOUDZOU
Si l’on ne peut forcer les automobilistes mahorais à s’organiser pour faire du covoiturage, les projets d’aménagement du territoire ne manquent pas pour fluidifier la circulation. Le plus grand d’entre eux est sans doute le Boulevard urbain de contournement de Mamoudzou par les hauts, porté par le Département.
Ces derniers mois, circuler dans la commune de Mamoudzou est devenu un calvaire, mettant à rude épreuve la patience des habitants du chef-lieu, mais aussi celle des travailleurs qui n’aspirent qu’à rentrer chez eux. “ La situation se compliquera encore si nous n’avons pas de route à grande
circulation pour absorber le trafic ” , pestait Siaka Ali, représentant de Force ouvrière à Mayotte et délégué aux transports, en jalousant la route du littoral de La Réunion. Ce grand axe est pourtant présent dans les cartons du Conseil départemental depuis des années, mais est toujours en dialogue,
comme nous le confie Salime Mdéré, vice-président du CD chargé de l’aménagement du territoire, des infrastructures et du foncier.
Le BUM doit trouver sa voie
“ Avec Jean-Michel Lehay, ingénieur en charge du projet, nous avons été auditionnés par la Commission nationale du débat public [CNDP], et une garante, Renée Aupetit, va nous accompagner sur tout le process ” , explique M. Mdéré. Le BUM – pour Boulevard urbain de Mamoudzou – doit donc désormais faire face à un autre passage devant la CNDP, à la mi-avril. “ La dernière fois, ça s’est très bien passé, j’ai vraiment confiance ”, affirme le vice-président. D’autre part, les concertations avec les collectivités concernées vont s’étaler jusqu’à septembre prochain.
Plus concrètement, les 8 à 11 kilomètres de cette nouvelle route sont eux aussi en pourparlers. Il existe deux tracés, chacun séparé en 11 tronçons, et il est possible que le futur boulevard urbain emprunte des tronçons de l’un et de l’autre. Ce qui est sûr, c’est qu’il comportera quatre voies, dont deux pour les bus, et
qu’il sera relié aux voies actuelles. “ Il ne sera pas linéaire et direct, mais sera connecté aux routes existantes, confirme Salime Mdéré. L’avantage, c’est que l’on pourra utiliser cette route au fur et à mesure de sa construction. On ne sera pas obligé d’attendre que toute la route soit construite. ” Fort heureusement, puisque les travaux “ devraient durer au moins cinq ans ”, pour un montant estimé à 900 millions d’euros mais qui dépassera certainement le milliard.
Ce prix, le vice-président du Département l’explique par les ouvrages d’art en béton, c’est-à-dire les ponts ou tunnels, qui doivent dompter le relief des hauts de Mamoudzou pour qu’y passe la route. “ Ils coûteront entre 400 et 450 millions d’euros, quasiment la même somme que la route en elle-même, qui sera entre 450 et 500 millions d’euros ” , affirme-t-il, espérant “ qu’on n’arrivera pas à 2 milliards, comme c’était le cas pour le projet de La Réunion ” . Dans une volonté de transparence et d’adhésion à son projet, le Conseil départemental est conscient de la nécessité de communiquer sur ce projet, et lancera prochainement un site internet dédié au BUM, pour notamment rendre compte des différentes étapes du projet. n
DOSSIER
STATUT : DÉBUT DES TRAVAUX EN 2025
COÛT ESTIMÉ : > 1 MILLIARD €
DOSSIER
Axel NodinotSOLUTION 3 DES NAVETTES MARITIMES
Relier Mamoudzou à Iloni et Longoni par la mer, c’est le souhait des collectivités locales, qui prévoient de mettre à l’eau une flotte de navettes dans les toutes prochaines années. Ceci afin de désengorger les axes les plus saturés de l’île, mais aussi de faciliter la vie des transitaires et des transporteurs.
À en croire les grands projets du Département et de la Communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), les habitants de l’une des deux communes n’auront que l’embarras du choix pour se rendre dans l’autre. Outre le Caribus, le lagon pourrait bien être la voie privilégiée par les pouvoirs locaux pour y développer un nouveau type de transport maritime. “ C’est un très beau projet, parce que beaucoup n’y croyaient pas ” , se félicite d’emblée Salime Mdéré, vice-président du Conseil départemental. Et l’opération de reconnaissance est bien entamée : les sites de Longoni et d’Iloni ont “ déjà été identifiés pour y faire les aménagements tels que le ponton ” , continue le Bouénien.
Ce sont en outre trois lignes qui sont prévues : Mamoudzou-Longoni, Mamoudzou-Iloni et MamoudzouFoungoujou, en Petite Terre (qui ne remplacerait cependant pas les barges du STM). Cependant, les possibilités ne manquent pas, selon Salime Mdéré : “ La Communautés de communes du sud souhaite que ces navettes aillent jusqu’à Musical plage, et la Communauté d’agglomération du Grand nord estime qu’on peut aller jusqu’à Dzoumogné ou Bandraboua. Les intercommunalités s’approprient donc le sujet, ce qui est très intéressant ” . D’autre part, l’éventualité d’une petite ligne Mamoudzou-Hamaha a été récemment évoquée, ce qui permettrait d’éviter les bouchons et la pollution de Kawéni.
2 navires de 50 places, entre 6 et 8 de 12 places
Plus concrètement, un comité de pilotage composé de la DEAL, de la préfecture,
du Conseil départemental et des intercommunalités s’est mis d’accord sur le type de navires qui seront destinées aux passagers. “ Les lignes Mamoudzou-Iloni et Mamoudzou-Longoni auront chacune un bateau de 50 places environ, ainsi que trois à quatre navires de 12 places ” , affirme le vice-président chargé de l’aménagement. Désormais, les pouvoirs publics se concentrent sur la réalisation des travaux, et notamment de la construction des pontons, qui ne devraient pas être très coûteux en temps et en fonds. L’idée, selon Salime Mdéré, est de proposer des lieux de vie où pourraient s’installer des acteurs économiques tels que des restaurateurs ou des gardiens de parking : “ Il faut créer de l’emploi. Si les gens ne font qu’arriver et prendre le bateau, on n’aura pas fait une opération économique optimale ”
Pour Mamoudzou, il faudra également attendre les aménagements de la commune, à qui le Conseil départemental a transféré le chantier du front de mer devant être transformé en un pôle multimodal. Car les particuliers ne sont pas les seuls à souhaiter ces navettes. “ La solution, c’est le cabotage, que ce soit pour les camions ou les conteneurs, affirme Carla Baltus, cheffe d’entreprise dans les transports. Il faut mettre en place des navettes maritimes, pour moi c’est une question d’urgence. Les pontons coûteraient beaucoup moins cher que des routes. ” Visiblement sur la même longueur d’onde que les collectivités, la présidente du Medef Mayotte devra se contenter de navettes Dzaoudzi-Longoni dans un futur proche. n
STATUT : DÉBUT DE LA MISE EN SERVICE EN 2024
COÛT ESTIMÉ : ENTRE 25 ET 30 MILLIONS D’EUROS
DOSSIER
Axel NodinotSOLUTION 4 UN TÉLÉPHÉRIQUE
Alors que La Réunion a inauguré l’année dernière sa ligne de téléphérique, sa cousine mahoraise rêve d’en faire de même. Moins coûteux, moins demandeur en foncier et plus écologique, le transport par câble est l’une des solutions retenues par le Département pour désengorger Combani, Passamaïnty et Kawéni.
Qui n’a jamais rêvé de voler par-dessus les bouchons de Kawéni, de la rocade de Mtsapéré, du trafic ralenti de Passamaïnty ? Si l’être humain est loin d’avoir des ailes, il se pourrait bien qu’il échappe aux embouteillages dans une cabine aérienne, suspendue à des câbles d’acier. Pour Salime Mdéré, c’est clair et net, “ c’est une solution ”, même si le viceprésident du Conseil départemental chargé de l’aménagement reconnaît qu’un téléphérique tient plus du confort et du tourisme. Preuve que les choses bougent du côté des airs, un appel d’offres a été émis il y a quelques mois par le Département. Si le marché n’a pas encore été attribué, “ il sera en Commission d’appels d’offres, qui a lieu toutes les trois semaines environ, dans les prochains mois ”, prédit-il.
“ On peut aller très vite sur le téléphérique, car c’est un projet qui n’a pas besoin de beaucoup de foncier ”, continue-t-il. De plus, les travaux nécessaires à la réalisation d’une ligne de transport par câble sont moins coûteux que ceux des transports publics terrestres. Enfin, ce projet serait “ très apprécié par l’État et l’Union européenne, car c’est un mode de transport écologique ”, affirme le vice-président.
Deux lignes sont envisagées du côté du Conseil départemental. La première, pour laquelle l’appel d’offres a été émis, partirait du centre de l’île, et plus exactement de Combani, pour relier Vahibé et Passamaïnty. La seconde, beaucoup plus importante mais aussi abstraite, irait de Majicavo à Dembéni en passant par les bas de Mamoudzou. Un ouvrage énorme, parsemé d’arrêts au sein de la commune chef-lieu, qui ne semble pas heurter la détermination de Salime Mdéré. Ce dernier préfère évoquer la première ligne : “ Combani est complètement saturé, ça devient
inquiétant. Il faut donc créer les conditions pour désengorger la ville lorsque nous aurons le centre commercial et l’hôpital. ” Pour cela, une voie de contournement de Combani-Miréréni est déjà à l’étude. n
STATUT : APPEL À PROJET
COÛT ESTIMÉ : 5 MILLIONS D’EUROS (ÉTUDES UNIQUEMENT)
DOSSIER
SOLUTION 5
LE CHEMIN DE FER
Chimère réanimée il y a deux ans avec l’utopique “ treni bilé ”, le réseau ferré du 101ème département français semble être au point mort. Pour autant, pas question d’enterrer les rails au Département, même si un tel projet ne verra pas le jour avant plusieurs années.
C’était l’un des derniers coups d’éclat de la précédente mandature du Conseil départemental. Début 2021, l’institution avait proposé plusieurs réunions au sujet du “ treni bilé ”, un train bleu devant parcourir l’intégralité du littoral de l’île, ainsi que les axes Tsararano-Chiconi, Dzoumognécarrefour Milou, et… Mamoudzou-Petite Terre, jusqu’à l’aéroport ! Sous un tunnel, sur un pont, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Cependant, des experts de Capgemini Engeenering, spécialiste mondial du ferroviaire, avaient présenté les résultats d’une première étude de faisabilité en mai 2021, au bien nommé lycée des Lumières de Kawéni.
Certes, le train comporte de nombreux avantages et soulève l’espoir des Mahorais coincés quotidiennement dans les embouteillages. On promettait ainsi, du côté du CD, de relier Mamoudzou à Longoni en 21 minutes, et Mamoudzou à Dembéni en 29 minutes. Mais la réalisation d’un tel tracé (132 kilomètres de rails) paraît tout bonnement irréalisable, tant les contraintes foncières, économiques et environnementales sont nombreuses. De quoi enterrer le treni bilé ? “ Ce n’est pas abandonné, ça aura sa place ”, rétorque Salime Mdéré, premier viceprésident du Conseil départemental, qui voit cependant quelque chose de moins lourd sur les futurs rails mahorais.
Un tram pour l’aéroport de Bouyouni
“ L’idéal, c’est que l’on voie comment les choses évoluent par rapport à l’aéroport, continue l’élu. Si nous avons l’aéroport à Bouyouni, je verrais bien un tramway partir de la zone économique de Longoni, passer devant cet aéroport et relier l’université de Dembéni avant d’aller au sud. ” L’idée a le mérite de nous laisser rêveurs. Le
vice-président du CD, remettant les pieds sur terre, avoue cependant qu’un réseau ferré n’est pas la priorité pour Mayotte : “ Il ne faut pas que l’on fasse tout en même temps, car on n’y arrivera pas. Il y a aussi la question des financements : nous avons été à Bruxelles pour défendre cette idée, nous nous étions inspiré du modèle corse… Mais il faut faire des choix et poser des priorités ”
Que ce soit un train ou un tram, il faudra que les usagers attendent avant d’y monter. Lors de la présentation de l’étude de faisabilité du train bleu, les “ experts ” prévoyaient quasiment 20 ans pour une mise en service, dont trois ans d’études et de débats, cinq pour les travaux de la ligne Longoni-Dembéni, et dix pour toutes les autres lignes. n
STATUT : EN ÉTUDE
COÛT ESTIMÉ : > 1 MILLIARD €
DOSSIER
SOLUTION 6 UN PONT GRANDE TERRE –
PETITE TERRE
Au rang des grands projets utopiques, le pont reliant les deux îles de Mayotte est régulièrement convoqué. Suscitant l’espoir des uns et le rejet des autres, cet axe n’a cependant que peu de chances de survoler le lagon dans les prochaines années.
Et si les automobilistes mahorais, arrivant à Mgombani depuis le sud ou le centre, voyaient, avant le rond-point de la pointe Mahabou, un panneau leur indiquant une sortie “ Petite Terre – pont ” ? L’idée à de quoi séduire celles et ceux qui passent leur temps entre les deux îles, ou plutôt sur les barges qui les relient. Outre une décongestion des routes et des parkings de Mamoudzou, cela permettrait de réduire les dépenses occasionnées par l’entretien des bacs du STM, parfois décrit comme un “ gouffre financier ” selon ses détracteurs. Certains d’entre eux avancent en effet le chiffre de 300 000 euros de charges de fonctionnement, par an et par bateau.
“ On ne peut pas bloquer les Mahorais sur une des deux îles ”
“ On ne tiendra pas dix ans de plus comme cela, affirme Salime Mdéré. Durant ma campagne électorale, je disais à la population que même si j’étais élu à Bouéni, nous passons tous notre journée à Mamoudzou, ou à l’aéroport, et que les projets structurants doivent être menés dans ces zones ”. Le vice-président du Conseil départemental chargé de l’aménagement, des infrastructures et du foncier est ainsi convaincu que “ le pont a toute sa place dans le paysage mahorais ”. Il a d’ailleurs “ beaucoup insisté ” pour que ce projet d’ampleur soit inscrit dans le Schéma d’aménagement régional (SAR), en espérant voir la construction de ce pont dans les dix ou quinze prochaines années.
Pour justifier son propos, le conseiller départemental invoque le principe de continuité territoriale : “ On ne peut pas bloquer les Mahorais sur une des deux îles, en
leur disant qu’à partir d’une certaine heure, ils ne peuvent plus aller sur l’autre. Il faut donner la possibilité aux gens de circuler librement, que ce soit à pied, en voiture, à vélo, en tramway… ”. Autre argument en faveur de la libre circulation entre les deux îles : les familles, beaucoup d’entre elles étant éclatées sur tout le territoire. “ Les Mahorais font partie de petites familles, qui sont à Mtsamboro, à Mbouanatsa, à Pamandzi… Et ils ont envie, quand il y a un décès à minuit, à deux ou cinq heures du matin, de se rendre sur place immédiatement. Et je suis sidéré de constater que ce n’est pas possible. ” Reste désormais à monter le dossier et à trouver les financements, tout en considérant les opposants à ce pont hypothétique. En 2014, alors que les débats étaient en pleine effervescence à ce sujet, Jacques-Martial Henry, alors conseiller départemental, avait avancé un coût total de 180 millions d’euros. n
STATUT : PAS EN PROJET
COÛT ESTIMÉ : ≈ 200 MILLIONS €
ÎLE EN TRAVAUX
Agnès Jouanique
UNE DEUXIÈME JEUNESSE POUR L’HÔTEL DE VILLE DE MTSANGAMOUJI
APRÈS PLUS DE CINQ MOIS DE TRAVAUX, LES NOUVEAUX LOCAUX DE LA MUNICIPALITÉ DE M’TSANGAMOUJI ONT ÉTÉ OFFICIELLEMENT INAUGURÉS, CE MERCREDI APRÈS-MIDI. CETTE RÉNOVATION A ÉTÉ RÉALISÉE AVEC COMME OBJECTIF D’AMÉLIORER LE CONFORT DES USAGERS ET DES AGENTS.
Après le temps des discours, la coupure du ruban a officialisé la fin des travaux de rénovation du bâtiment de l’hôtel de ville. Échelon de proximité du service public, la mairie de M’tsangamouji accueille désormais agents et usagers dans des locaux totalement rénovés. Lors de son discours, le maire de la commune, Saïd Maanrifa Ibrahima a tenu à mettre en lumière "la capacité des agents à s’adapter à la vue de la durée des travaux"
CRÉATION DE SALLES DE REPOS
Dans le but d’offrir une deuxième jeunesse aux locaux âgés d’une dizaine d’années et en adéquation avec l’augmentation des effectifs, la réhabilitation de la mairie a permis de "mieux agencer les espaces" et de résoudre "les problèmes climatiques liés aux plafonds, mais aussi améliorer l’isolation phonique", explique François Persée, directeur général des services de la ville. Le bâtiment accueille désormais des espaces de repos, inexistants auparavant. C’est principalement l’accueil qui a été repensé, avec un espace dédié fermé créé. Un local de stockage pour les archives a également vu le jour et celui existant fut agrandi, afin de libérer de l’espace dans les bureaux.
500 000 EUROS DE TRAVAUX
Réaliser des travaux au sein d’un site occupé "est toujours compliqué, car il faut assurer une continuité de service", note Saïd Maanrifa Ibrahima. "Il a fallu continuer à assurer les services de l’état-civil et de la scolarité", ajoute-t-il. L’une des autres raisons
de la réalisation de ces travaux est la sécurisation du site. Afin de répondre à la problématique de l’insécurité, toutes les menuiseries ont été changées, une clôture et un nouveau portail ont été installés. Le coût global de ces travaux de rénovation s’élève à 500.000 euros, dont 360.000 euros financés par la préfecture de Mayotte. "S’il y a bien une commune ou l’argent est dépensé convenablement, c’est bien celle de M’tsangamouji !", lance le président du Département, Ben Issa Ousseni. Même avis pour le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, qui affirme lui aussi que la commune est "un exemple d’argent public bien dépensé"
La rénovation de la mairie s’inscrit dans un projet plus global de réhabilitation. "Ce n’est qu’une étape dans la revitalisation du quartier", affirme le premier magistrat de la commune. En effet, d’autres infrastructures sont d’ores et déjà prévues, notamment ceux du terrain de foot - pour le transformer en stade, le chantier de réhabilitation de la lagune d’Ambato, la construction d’une mairie annexe ou encore les travaux afin de couvrir le plateau sportif. Une majorité d’entre eux devraient voir le jour au cours de l’année 2024.
LE PROJET DU GYMNASE DÉPARTEMENTAL DU NORD
AVANCE
En parallèle aux travaux menés par la ville de M’tsangamouji, un autre grand chantier d’envergure est prévu au sein de la commune, celui du gymnase départemental du Nord. Annoncé l’année passée, la construction de ce gymnase devrait permettre d’accueillir différentes disciplines. Une nouvelle étape dans ce projet vient d’être franchie, avec le dépôt du permis de construire. La commune ambitionne d’être "prête pour l’accueil des Jeux des îles en 2027"
BIENTÔT DES ÉCO-GARDES POUR LA FORÊT MAHORAISE
La réserve naturelle nationale des forêts de Mayotte créée, il faut désormais organiser la gestion des 2.808 hectares de forêts répartis uniquement sur Grande-Terre. Ce vendredi 10 mars, il a été décidé tout d’abord de recruter huit agents capables de faire régner l’ordre sur les crêtes et les sommets mahorais.
A quoi va servir cette réserve ?
L’augmentation de la population à Mayotte n’est pas sans incidence sur les ressources de l’île. Les forêts, par exemple, sont menacés par l’habitat et surtout la formation de champs agricoles illégaux.
L’État a donc décidé de créer une zone davantage protégée, en s’inspirant ce qui se fait déjà en Guyane. “ Des grands moyens ont été mis pour lutter contre l’orpaillage illégal
(N.D.L.R. la recherche et l’extraction d’or dans les rivières). Ça a bien marché. Maintenant,
les orpailleurs n’osent plus rentrer dans les réserves ” , indique Jérôme Josserand. Le directeur adjoint de la Dealm (direction de l’environnement, l’aménagement, du logement et de la mer) est à la manœuvre pour la tenue du comité consultatif de gestion organisé ce vendredi 10 mars, au Pôle d’excellence rural de Coconi. Pour gérer la réserve, le Département de Mayotte, la préfecture et l’Office nationale des forêts y ont acté la création du GIP de la réserve naturelle nationale des forêts de Mayotte (voir encadré).
Comment la zone a été délimitée ?
Celle-ci ne concerne que Grande-Terre et s’étend sur six secteurs. Le total représente 2.808 hectares de forêts publiques (départementales et domaniales). Elles s’étendent sur les crêtes et six sommets de l’île. Petite-Terre et l’îlot M’tsamboro sont exclues de la réserve, le Conservatoire national gardant la main dessus. Toutefois, selon Jérôme Josserand, le périmètre pourrait s’agrandir en fonction des besoins en conservation. Il évoque notamment Saziley dont la couverture végétale est déjà bien dégradée.
A quoi serviront les éco-gardes ?
La première mission dévolue à la nouvelle structure est de faire régner l’ordre, notamment le code de l’environnement. Armés, les futurs huit éco-gardes (ils seront recrutés d’ici la fin de l’année) patrouilleront dans le domaine délimité de la RNN. “ Ils auront un profil plutôt d’anciens policiers ” , prévient le directeur adjoint de la Dealm. Ils coordonneront également des actions avec les brigades de l’environnement qui se créent peu à peu sur le territoire.
Qui fait normalement la police sur les hauteurs ?
Les forces de l’ordre et les agents de l’Office nationale des forêts remplissent habituellement cette mission. Mais les deuxièmes ne sont pas armés et ne peuvent pas faire grand-chose s’ils tombent sur un groupe de personnes hostiles dans la forêt. Les premières interviennent par intermittence dans les massifs mahorais, comme cela a été le cas en novembre à Combani et Kahani. Ce jour-là, plusieurs services dédiés avaient fait une opération commune. Deux pompes pour puiser l’eau dans les rivières ont été saisies à cette occasion.
Au-delà de la sécurité, le GIP aura-t-il d’autres missions ?
Oui, l’aspect scientifique sera prépondérant. Une étude devra être menée pour faire un état des lieux des forêts mahoraises et bien entendu comment les conserver. Il y a 300 à 400 espèces végétales ou d’oiseaux (dont certaines endémiques de l’archipel comorien) par hectare au cœur de cette réserve. L’enjeu est également primordial pour l’eau, les massifs forestiers permettant de capter la ressource et d’alimenter les ruisseaux. n
Encore un GIP ?
Le groupement d’intérêt public est une structure regroupant des partenaires publics, voire privés, pour assurer des missions particulières. A Mayotte, le plus connu est sans doute le GIP L’Europe à Mayotte. Chargé d’accompagner les porteurs de projets éligibles à l’attribution de fonds européens, il a gagné en popularité ces derniers mois avec la révélation de conflits internes et des bisbilles entre cogestionnaires. Le conseil départemental de Mayotte avait d’ailleurs boycotté l’assemblée générale entérinant le départ du directeur Ali Soula. Alors, est-ce que refaire un nouveau GIP avec les mêmes acteurs est une bonne idée ? “ Si les statuts sont clairs, il n’y a pas de problèmes ” , estime Bibi Chanfi, qui a été élue présidente, ce vendredi. A voir donc, espérons que celui-ci connaîtra meilleur sort.
Ambass Ridjali, Concours littéraire pour Ouessant, éditions Orphie, 2007. Depuis que j'ai appris la nouvelle, je n'ai qu'un seul rêve. C'est de partir. Partir pour découvrir le monde. Un monde dont ma maîtresse nous a plusieurs fois parlé. Ce monde se trouve loin de mon île natale qui est Mayotte. Mais pour y arriver je dois d'abord gagner un concours.
LISEZ MAYOTTE JEUNESSE (3/6) : “ BIZARRES CES WAZUNGU ! ”
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
La littérature de jeunesse est donc un domaine important et varié, en particulier dans une île où plus de la moitié de la population a moins de vingt ans. Nous avons déjà évoqué le fait que les jeunes puissent s’emparer de la littérature. Nous venons d’indiquer l’origine mzungu de la littérature de jeunesse. Mais nous avions déjà traité le sujet de façon oblique en parlant de la forme du conte, ou des souvenirs autobiographiques de Nassur Attoumani et Abdou Salam Baco, sans oublier Sur le chemin de l’école (2013) d’Ambass Ridjali. Nous aimerions revenir à ce dernier auteur et aux deux autres écrits avant le texte précédemment évoqué, à savoir Concours littéraire pour Ouessant (2007) et Mahajang@madagascar.com (2009).
raconter comment s’est déroulée ma circoncision. Je sais que ça va vous paraître choquant, mais tous les garçons y passent. Ça fait partie de nos traditions et de notre religion, l’Islam. ” (p. 18)
Ambass Ridjali, Mahajang@madagascar. com, éditions
L’Harmattan, 2009. Un texte qui relate la dure réalité de la vie sur une île qui fait si souvent rêver les étrangers.
Le titre nous renseigne moins sur le contenu du livre que sur les circonstances de sa production, une commande. L’auteur se met donc en scène dans la peau d’un enfant pour narrer ce que la rhétorique antique appelle l’inventio, c’est-à-dire la recherche d’une idée, d’un sujet : Mais comment font les écrivains pour écrire plus de cinquante pages ? À force de me poser des questions, de me demander comment et par où commencer, il s'est passé trente minutes. […] J’ai déchiré la page. Je venais d'avoir une idée. Une inspiration. Je savais de quoi j’allais parler. Je vais vous
Le sujet du récit d’enfance sera donc l’un des rites de passage du garçon musulman : la circoncision. Nous ne dévoilerons pas ce moment qui constitue le climax du texte mais nous pouvons citer la première réception du texte de la rédaction, l’enseignant de l’élève : “ Et pourquoi la maîtresse souriait à chaque seconde. Il n'y avait pourtant rien de comique dans mon texte ! Je t'ai dit… c'est une histoire tragique, une histoire de couteau et de sang. Une histoire de fumée et de cris de douleur. Comment la maîtresse pouvait-elle sourire à ça ? Ils sont vraiment bizarres ces Wazungu ! Ils voient la beauté dans une bergerie et la laideur dans une marmite de mataba. ”
Au lecteur de lire le texte pour savoir s’il s’agit réellement d’une histoire tragique et si la réception ici mise en scène est celle ou non attendue par le texte.
Le deuxième texte de jeunesse d’Ambass Ridjali s’intitule Mahajang@madagascar. com. Il a été écrit à la suite d’une résidence d’auteur dans la grande île voisine de Mayotte. Le texte commence par une bouteille à la mer :
“ Cher ami, tout d’abord merci d'avoir répondu à mon mail. C’est que j’ai tapé une adresse au hasard sans jamais penser qu’elle existait. Mais comprends-moi, j’ai tellement de choses dans la tête, dans le cœur que j’ai l'impression qu’ils vont éclater d’un moment à l’autre. Alors il faut que je parle. Il faut que je les vide. Cher ami, tu peux ne pas me donner ton nom. Peu importe. Cela me suffit que tu lises mes courriers. Que tu m’écoutes avec tes yeux. Toi qui habites loin. Loin de mon île, loin de chez moi. Laisse-moi te conter ma vie, mes joies, mes peines et mes souffrances. Mon rêve d'enfant. ”
Cette confession d’un enfant de Madagascar peut aussi se lire comme une manière oblique de parler des enfants de Mayotte. Dans ce récit de formation picaresque, l’éducation occupe une place importante, qu’elle soit endogène ou exogène. En effet, l’enfant est formé d’abord par les légendes de son pays :
“ Moi j’étais à côté de Solange. Elle, elle était native de la cité qui guérit, comme on dit. Oui c’est ce que veut dire Mahajanga. Il paraît qu'un roi avait une maladie chronique et aucun guérisseur n’arrivait à trouver un remède. Un jour, l’une de ses promenades l’amena jusqu'à Mahajanga. Aussitôt le roi s’est senti en forme et quelques jours plus tard, il était complètement guéri de sa longue maladie. Et depuis on a baptisé le village
Mahajanga, la cité qui guérit. C’est Solange qui m’a raconté ça, une fois le taxi parti. Mais elle m'a aussi dit qu'il existe d’autres versions sur l'histoire de Mahajanga. ” (p. 19)
La tradition à laquelle il est ici fait référence est double. Il s’agit des récits de fondation mythique d’une ville croisé au canevas de conte liée à la guérison miraculeuse. Mais l’enfant est aussi imprégné par le classique mondial de la littérature de jeunesse :
“ Mais ce qui a étonné le plus Solange, c’est le livre que j’avais gardé avec moi. Elle m’a demandé de le lui montrer. Dès qu’elle a vu le titre, elle a failli me prendre dans ses bras. Elle a lancé un “ oooh ! ” en voyant le livre. Après elle m’a confié que c'était son livre préféré quand elle était jeune. Elle l’a lu plusieurs fois et même maintenant qu’elle est grande ça lui arrive de le relire. J’étais bien content que Le Petit Prince soit un bon livre que même les adultes lisent. ” (p. 19)
En effet, la littérature de jeunesse ne s’adresse pas qu’aux enfants. Et c’est ici un beau plaidoyer au service de la rencontre des cultures, car toutes les histoires du monde enrichissent celui qui les lit !
SPORT
LE DERBY PETIT-TERRIEN A TENU TOUTES SES PROMESSES !
LES DEMI-FINALES DE PLAY-OFFS DU CHAMPIONNAT PRÉ-NATIONAL MASCULIN DE BASKETBALL ONT COMMENCÉ CE WEEK-END. NOUS ÉTIONS À PAMANDZI, OÙ LE VAUTOUR CLUB DE LABATTOIR S’EST IMPOSÉ 60 À 57 CONTRE LES RAPIDES ÉCLAIRS, AU TERME D’UN MATCH ALLER INTENSE !
Huit minutes à jouer dans le troisième quart-temps… Lens Faycol Aboudou (n°10) remonte le terrain, trouve Fahad Ben Issouffi (n°24) dans le coin droit, démarqué. Shoot à 3 points : “ swiiish ! ” , le ballon rentre sans même toucher l’anneau. Vautour : 45, Rapides Éclairs : 29. Dans les gradins, les visiteurs exultent. Les supporters locaux, eux, tirent un peu la tronche. Il faut dire que depuis le début de cette demi-finale aller du championnat de basket, l’équipe de Pamandzi boit la tasse. Pire encore, en première mi-temps, les Rapides Éclairs n’ont pas planté un pion pendant près de dix minutes... Et pourtant : en quelques actions successives bien menées, les joueurs des Rapides Éclairs sortent la tête de l’eau, portés par Chambani Said Ali Youssouf (n°8) et Kemal Kaambi (n°10), qui inscrivent 17 points à eux seuls dans le troisième quarttemps. Le public pamandzien y croit de nouveau, et il s’en faut de peu pour que le terrain ne soit pas envahi lorsque Youssouf capte un très bon rebond offensif et marque le panier qui ramène Rapides Éclairs à une petite unité de Vautour (49-50). Les compteurs sont – presque – remis à zéro.
26 % DE RÉUSSITE AUX LANCERS-FRANCS
Le quatrième période est une bataille féroce. Pamandzi repasse devant quelques instants, mais notre Sportif de l’année 2022, Rifki Saïd,
scelle la victoire pour les siens. Il claque d’abord un dunk monumental qui relance Vautour en début de quart-temps, puis convertit deux lancers-francs importants en toute fin de rencontre. C’est d’ailleurs sur cette ligne que s’est sans doute jouée la victoire. Les joueurs des Rapides Éclairs n’ont marqué que 5 de leurs 19 tirs de pénalité au cours de la rencontre (26,3%). Dans la dernière minute de jeu et menés 57-60, le meneur Soihiboudine Boinariziki (n°7) obtient même les trois lancers-francs qui auraient permis à son équipe de recoller au score, et d’arracher une prolongation… mais n’en convertit aucun. Score final 5760. “ Il faudra qu’on s’applique plus sur nos tirs au match retour ”, concède-t-il en fin de rencontre, précisant que Rapides Éclairs devra “ s’appuyer sur [sa] défense ” pour espérer inverser la tendance la semaine prochaine au gymnase de Labattoir.
De son côté, le coach de Vautour, Houdi Djadair, est ravi de la performance de ses joueurs. “ Ce n’était pas un match facile. On a bien entamé la rencontre et respecté notre plan de jeu. On a déjoué en fin de troisième quarttemps, mais on a su garder notre calme dans les moments importants. ”
LES STATS DES JOUEURS
Rapides Éclairs de Pamandzi : 57
• 6 – Kalidi Moussa Ali (0 pt)
• 7 – Soihiboudine Boinariziki (12 pts)
• 8 – Chambani Said Ali Youssouf (22 pts)
• 9 – Niasse Said Houssein (3 pts)
• 10 – Kemal Kaambi (17 pts)
• 11 – Hismann Ali (3 pts)
• 12 – Faikal Ali (0 pt)
• 13 – Amirridjal Oumar (0 pt)
• 14 – Mohamed Moindjie (0 pt)
• 15 – Hakime Miradji Abdou (0 pt)
Vautour Club de Labattoir : 60
• 5 – Omar Youssouf (2 pts)
• 6 – Soilihih Antoy-Iahi Soilihi (9 pts)
• 7 – Charafou Saïd (0 pt)
• 8 – Rifki Saïd (5 pts)
• 9 – El-Soidik Houmadi (3 pts)
• 10 – Lens Faycol Aboudou (18 pts)
• 18 – Ahamadi Hamza (6 pts)
• 23 – Faïr Amir (0 pt)
• 24 – Fahad Ben Issouffi (13 pts)
• 30 – Nayade Ahamadi (4 pts)
LES RÉSULTATS DU WEEK-END
Également pour le compte des demi-finales aller des playoffs du championnat pré-national masculin, le Basket club de M’tsapéré (BCM) s’est imposé 79 à 60 contre l’Étoile bleue de Kaweni.
Les mêmes demi-finales se jouaient aussi chez les femmes : le Golden Force de Chiconi s’est lourdement incliné contre le Fuz’Ellipse de Cavani (28-89), tandis que les joueuses du BCM l’ont emporté contre le Magic de Passaimaïnty (54-63).
SPORT
Calendriers - classements - résultats
BASKET Prénationale masculine
Playoffs
Match aller : Rapides Éclairs (4) 57–60 Vautour club de Labattoir
retour le 18/03 à Labattoir Match aller : Basket club de Mtsapéré (3) 79–60 Étoile bleue de Kawéni (2)
BASKET
Prénationale féminine
Playoffs
Match aller : Golden Force (3) 28–89 Fuz’Ellips de Cavani (2)
Match retour le 19/03 à Cavani
Match aller : Magic Basket Passamaïnty (4) 54–63
Basket club de Mtsapéré (1)
Match retour le 19/03 à Baobab
HANDBALL
Poule haute masculins
HANDBALL
Poule relégation masculins
HANDBALL
Prénationale féminine
Journée 19
Doujani HC 26–28 HC Passamaïnty
AJH Tsimkoura – Moinatrindri HC
Haima Sada 21–33 HC Select 976
ASC Tsingoni 34–16 HC Bandrélé
CH Combani 33–32 PC Bouéni
TCO Mamoudzou 19–21 HC Kani Kéli
Journée 20 – Samedi 18 mars 2023
Moinatrindri HC – Doujani
HC
HC
VENDREDI 17/03 SAMEDI 18/03
C.C & CO.
Au Chato Café, à Moinatrindri, PAF : 5€, à partir de 20h, 0639 21 36 31
DJ STICKEE
Au BARAKILI, Reggae, Dance Hall, Afro, Hip Hop, à 20h, réservation : 0269 62 45 11
DISCO PARTY – APERO
CONCERT
Mauro & Sophie au Restaurant le Moya, de 20h à 23h, réservation : 0639 10 72 48
SORTIES NATURALISTES
Lac Karihani (12h14h), infos réservation : 0269 630481
SORTIES NATURALISTES
Lagune d’Ambato (8h10h), infos réservation : 0269 630481
SOIREE INCOGNITO AGRO LATINO
Restaurant le Rocher (petite-terre), à partir de 19h30, réservation au : 0639 69 54 54
JOURNEE ROTARIENNE DES METIERS ET DE LA FORMATION
Au collège de Kani-Keli, de 8h à 12h30 et de 13h30 à 16h30
PROGRAMME D’ECHANGE AU COTES D’EXPERTS EN BAMBO
Au pôle d’excellence Rurale de Coconi, gratuit sur inscription, de 8h à 15h30
SORTIES NATURALISTES
Lac Karihani (12h14h), infos réservation : 0269 630481
CONCERT DE MAALESH
Pôle culturel de Chirongui, contact : 0639 99 09 31, tarifs : 10€ / 7€ / 5€€
JOUWA LITSOO
MOYA & NINGHA
(petite-terre), DJ SETS (Afro X Electro, à partir de 19h00, Prévente : 15€ (navette comprise)
SORTIES NATURALISTES
Visite historique de Dzaoudzi à 14h, infos réservation : 0269 630481
SORTIES NATURALISTES
Bivouacs tortus à Saziley, infos réservation : 0269 630481
DIMANCHE 19/03
LEVER DE SOLEIL SUR LE MONT CHOUNGUI
Choungui, de 01h30 à 06h30
SORTIES NATURALISTES
Bivouacs tortus à Saziley, infos réservation : 0269 630481
SORTIES NATURALISTES
Sortie PMT (Journée), infos réservation : 0269 630481
SORTIES NATURALISTES
Plage Préfet, infos réservation : 0269 630481
SORTIES NATURALISTES
Dziani-Moya, de 8h à 13h, infos réservation : 0269 630481
AUTRES DATES
KIZ’N SMILE
Initiation Evolutive de 18h-19h, Soirée KIZ de 19h – 22h, entrée libre, sur la rocade Mamoudzou
SALON DES ARTS & DES CREATIONS
Du 1er au 17 mars
MADE IN MAYOTTE, Au comité de Tourisme, infos : 0639 05 02 76
COCO BEACH HAMJAGO
Chambre d’Hôte, Location Bivouac et Kayak, Restauration, Apéro, infos : 0639 99 40 37
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE
Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros
7, rue Salamani
Cavani M’tsapéré
BP 60 - 97600 Mamoudzou
Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com
Directeur de la publication
Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com
Directeur de la rédaction
Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com
Rédacteur en chef
Axel Nodinot
# 1035
Couverture : Embouteillages 2/2
Journalistes
Axel Nodinot
Jéromine Doux
Raïnat Aliloiffa
Alexis Duclos
Saïd Issouf
Lucas Philippe
Agnès Jouanique
Direction artistique
Franco di Sangro
Graphistes/Maquettistes
Olivier Baron, Franco di Sangro
Commerciaux
Cédric Denaud, Murielle Turlan
Comptabilité
Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com
Première parution
Vendredi 31 mars 2000
ISSN : 1288 - 1716
RCS : n° 9757/2000
N° de Siret : 024 061 970 000 18
N°CPPAP : 0125 Y 95067
Site internet www.mayottehebdo.com