LE MOT DE LA RÉDACTION « LOIN DES YEUX, LOIN DU CŒUR »
C’est ce qu’a déclaré, non sans amertume, le député Kamardine à nos confrères du Figaro cette semaine, au sujet de la pression migratoire que subit Mayotte. Compréhensible tant les conditions de vie des Comoriens sont soumis à la misère perpétuée par un pouvoir dictatorial, cette pression est d’autant plus dommageable qu’elle ne peut qu’emplir Mayotte, faisant de l’île au lagon une véritable cocotte-minute. Là était tout l’enjeu du rapport parlementaire défendu cette semaine par la députée Youssouffa, notamment. Dans ce dernier, une proposition a fait sortir du bois de nombreux politiciens de l’Hexagone : le décloisonnement du visa territorial mahorais. Pour rappel, le visa d’une personne étrangère à Mayotte ne lui permet pas de quitter le 101ème département français. Cette situation spéciale – et injuste – est un reliquat du « visa Balladur » de 1995, qui oblige notre petite île à absorber un nombre de migrants bien trop élevé pour elle. Il a suffi d’évoquer la possibilité de normaliser ce visa, ce qui permettrait aux immigrés de se rendre à La Réunion ou en France hexagonale, pour faire bondir les politiques et observateurs de droite, qui se gardaient bien de s’émouvoir du sort mahorais jusqu’alors. « Pour l’Hexagone, ce n’est pas grand-chose ! », « Que tout le monde en profite ! », a lancé Estelle Youssouffa en commission, justifiant une fois de plus son surnom de poutou mgowa. Car selon les détracteurs de la proposition, un décloisonnement donnerait lieu à un « appel d’air », qui n’est pourtant plus une éventualité sur le territoire, et ce depuis des années. Mais après tout, Mayotte est beaucoup trop éloignée du Palais Bourbon ou du Palais du Luxembourg pour que leurs résidents daignent y agir durablement.
Bonne lecture à toutes et à tous.
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En juin, c‘est le mois de la gagne.
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7 491 384 €
Montant des dotations versées à chaque commune :
Acoua : 205 406 €
Bandraboua : 447 731 €
Bandrélé : 411 676 €
Bouéni : 233 154 €
Chiconi : 229 773 €
Chirongui : 361 846 €
Dembéni : 518 300 €
Dzaoudzi : 470 858 €
Kani-Kéli : 250 456 €
Koungou : 729 290 €
Mamoudzou : 1 743 879 €
M’Tsangamouji : 272 490 €
M’Tzamboro : 277 026 €
Ouangani : 299 255 €
Pamandzi : 280 638 €
Sada : 292 107 €
Tsingoni : 467 491 €
Le proverbe « Djahazi la mabea kalendra »
Le boutre piloté par les gens d’un même âge n’avance pas.
C’est le montant de dotations de l’octroi de mer perçu en avril par les collectivités mahoraises. Taxe relative aux produits importés et aux produits locaux des régions d'outre-mer, elle est reversée aux communes, ainsi qu’au Conseil départemental. Pour le mois d’avril, 7 491 384,25 euros ont ainsi été perçus, et vont être redistribués aux 17 communes mahoraises. Parmi elles, c’est logiquement Mamoudzou qui reçoit la dotation la plus importante, s’élevant à 1 743 879,15 €.
Formation de secourisme à Kawéni…
L’Union départementale des sapeurs-pompiers de Mayotte (UDSP) propose une formation de secourisme le mardi 6 juin à la caserne de Kawéni. C’est l’occasion pour les Mahorais et les Mahoraises de s’initier par groupe de dix aux gestes de premiers secours, aux côtés de professionnels. Pour 60 euros, les volontaires apprennent à venir en aide aux personnes blessées et potentiellement en danger. À la fin de la journée, un certificat « Prévention et secours civique » de niveau 1, reconnu par l’État, sera remis aux participants. Pour toute information supplémentaire, contactez l’UDSP de Mayotte par mail (UDSP976@outlook.fr) ou par téléphone (06 39 39 39 63 ou 06 92 77 38 99).
+ 5,1%
C’est, depuis le début de l’année, la hausse des prix à la consommation des ménages mahorais, selon l’Insee. Sur le mois d’avril dernier, une hausse de 0,2% a notamment été observée par l’institut. Parmi les produits concernés par l’inflation, le tabac et l’alimentaire sont les secteurs les plus touchés à Mayotte. Ils ont respectivement augmenté de 1,3% et de 0,7% en avril ; c’est plus qu’à l’échelle nationale pour l’alimentation. En parallèle, les prix des produits manufacturés (produits de santé, vêtements) et des services (santé, transports, eau…) sont stables depuis mars. Le prix de l’énergie a quant à lui diminué de 0,3% en raison de la baisse des prix des produits pétroliers.
Avec l’aide de l’Association Mangrove Environnement, Mayotte Nature Environnement propose une formation pour découvrir les mangroves de notre île le samedi 10 juin 2023 de 8h à 16h, l’occasion d’en apprendre davantage sur les mangroves de l’île, pourquoi et comment les protéger. La mangrove est un écosystème unique et incroyable : il s’agit d’une véritable forêt riche implantée dans la zone de balancement des marées, les pieds dans l’eau salée. Elle recouvre environ 700 hectares sur Mayotte. La mangrove accueille la biodiversité aussi bien marine que terrestre. Elle apporte de nombreux services écosystémiques. La formation se déroulera à Tsimkoura en compagnie de Boina Said Boina, président de l'association Mangrove Environnement. Celui-ci vous présentera la partie théorique le matin, puis guidera les participants dans la mangrove de Tsimkoura l'après-midi. Inscrivez-vous à cette formation du 10 juin 2023 par mail à : accompagnement@ mayottenatureenvironnement.com ou au 0639 61 68 88.
C’est ce que l’opposition comorienne affirmait à propos du président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, ce samedi 27 mai, lors d’un rassemblement à Moroni. Les partisans d’Ahmed Abdallah Sambi déclarent qu’Azali « soutient Wuambushu ». En raison : après deux semaines de refus total des bateaux transportant les ressortissants en situation irrégulière, le gouvernement comorien a finalement accepté de recevoir à Anjouan ses citoyens expulsés du territoire mahorais. Un changement de position que les opposants ont du mal à comprendre, et qui a entrainé une importante mobilisation samedi dernier. Des centaines de militants se sont rassemblés dans la capitale de Grande Comore, exigeant l’arrêt de cette opération de décasage dirigée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Déterminés à se faire entendre, ils ont fait savoir que l’interdiction de manifester sur la voie publique n’entraverait pas leurs futures mobilisations.
… Et sur les mangroves à Tsimkoura
« Azali traître »
LU DANS LA PRESSE
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AUX L’HÔPITALCOMORES,FANTÔME
DE BAMBAO SUR L’ÎLE D’ANJOUAN RESSEMBLE À UN MOUROIR
Le 30 mai 2023, par Noé Hochet-Bodin pour Le Monde Afrique.
En 2014, la Chine a construit un établissement flambant neuf sur l’île d’Anjouan. Huit ans plus tard, il est presque désert. Les Comoriens préfèrent se faire soigner à l’étranger, quitte à risquer leur vie pour rejoindre l’île de Mayotte.
Les murs ont perdu leur peinture blanche immaculée. Pourtant, l’établissement est presque neuf et il n’y a guère de passage. L’hôpital de Bambao, sur l’île d’Anjouan, marche au ralenti. Financé par la Chine et livré en 2014, il fut abandonné par les autorités pendant les trois années qui ont suivi la fin des travaux. Les machines ont rouillé. L’unique scanner a rendu l’âme. Les 120 lits et 7 200 m2 de l’hôpital de l’amitié comoro-chinoise de Bambao-Mtsanga ressemblent à un gâchis. Bien que repris en main par l’État comorien en 2017, il ressemble toujours davantage à un hôpital fantôme qu’au grand centre de santé moderne censé résoudre les lacunes du système sanitaire de l’archipel. Seules deux femmes patientent dans un large hall d’entrée. La réceptionniste se tourne les pouces. Les couloirs sont vides, les chambres inoccupées. Une poignée de patients attend devant le service de radiologie, le seul de l’île après la panne technique de la machine du dispensaire public. Et c’est à peu près tout.
L’île d’Anjouan, 330 000 habitants, se trouve en pénurie de personnel de santé. « Il manque des services cruciaux comme la stomatologie, la réanimation et la traumatologie, énumère le docteur Mohamed Salim, un chirurgien dentaire de l’île. Par exemple, si vous vous faites une fracture de la mandibule, les médecins finissent par vous conseiller d’aller à Mayotte, car ici on ne fait pas de stomato. » Partir à Mayotte, située à une soixantaine de kilomètres au large d’Anjouan, est devenu un réflexe pour les Comoriens. « Les patients ne font pas confiance aux médecins comoriens et les soins sont gratuits en France », précise Mohamed Salim.
« Kwassas sanitaires »
Mohamed Ali Gumadi, 35 ans, avait fait le choix d’emmener son cousin Nassem à l’hôpital de Bambao pour traiter un cancer de l’estomac. « L’opération chirurgicale nous a coûté plus de 200 euros, mais n’a rien amélioré. Alors je l’ai mis dans un kwassa-kwassa [embarcations qui effectuent la traversée clandestine vers Mayotte] la semaine dernière. Il est mort en mer », soupiret-il. « J’irai à Mayotte moi-même si j’en avais les moyens », précise-t-il. La traversée, périlleuse, coûte environ 300 euros. Une petite fortune à Anjouan.
Accident de travail, grossesse compliquée, maladies rares… Les candidats au voyage vers Mayotte sont nombreux. Les passeurs sont devenus experts dans l’organisation de « kwassas sanitaires ». Les embarcations sont remplies de patients, qui sont pris en charge par les autorités sanitaires françaises une fois arrivés sur les côtes mahoraises. La situation exaspère les collectifs locaux de Mayotte, qui ont récemment bloqué l’accès aux hôpitaux de l’île pour empêcher les sans-papiers venus des Comores de se faire soigner.
Si Mayotte fait figure d’eldorado, c’est que les indices de développement humain des trois « îles de la Lune » comoriennes font pâle figure. Le PIB par habitant y est treize fois inférieur qu’à Mayotte. L’espérance de vie atteint péniblement 60 ans, soit 16 de moins que sur le 101e département français. La France, premier partenaire économique des Comores, investit dans la santé publique comorienne pour limiter les départs vers Mayotte. Le volet « santé » représente un
tiers des investissements de l’Agence française de développement aux Comores (150 millions d’euros au total).
Pourtant, selon un aide-soignant de l’hôpital de Bambao, qui requiert l’anonymat, c’est loin d’être suffisant. « Le président Azali Assoumani nous a laissés tomber, il nous sabote », confie l’homme dont le salaire mensuel dépasse à peine les 30 euros. « C’est pareil pour 90 % des infirmiers », précise-t-il. L’Etat subventionne l’établissement de Bambao à hauteur de 10 000 euros par mois, selon lui. C’est bien trop peu.
« Des salaires de 200 euros par mois »
Début 2023, la Chine a envoyé une équipe de cinq médecins depuis Pékin pour tenter de faire partir l’activité.
« L’équipe de docteurs chinois est venue à la rescousse à Bambao car nous manquons de spécialistes, souligne Anliane Ahmed, le directeur du centre hospitalier. L’Etat ne nous donne pas assez de moyens. » « Aux Comores, nous avons de jeunes médecins spécialistes qui sont bien formés à Madagascar ou au Sénégal mais, lorsqu’ils reviennent sur l’archipel, ils ne veulent pas des
salaires de 200 euros par mois. Alors ils vont chercher du travail ailleurs », précise le chirurgien Mohamed Salim. En avril, un échographiste a quitté son poste du jour au lendemain pour rejoindre un CHU en France métropolitaine. Comme les plus pauvres, les Comoriens les plus fortunés partent aussi à l’étranger pour se faire soigner, mais dans les hôpitaux de la région, en particulier en Tanzanie ou à Madagascar. « Dans chaque vol d’Air Tanzanie au départ de Moroni vers Dar es-Salaam, vous trouvez une centaine de passagers qui vont consulter ou se faire opérer », reconnaît le porte-parole du gouvernement, Houmed Msaidié. Être soigné à l’étranger, coûte évidemment une petite fortune. Said Ali a dépensé 16 000 euros pour faire opérer sa mère du rein au sein du très réputé hôpital Aga Khan, en Tanzanie. A son retour, une complication l’a contraint à emmener sa mère aux urgences de l’hôpital public d’Anjouan. « Elle y est morte, il n’avait ni les médicaments nécessaires, ni de réserves d’oxygène et aucun appareil de réanimation ne fonctionnait », s’emporte-t-il. Dans les rues de Mutsamudu, sur l’île d’Anjouan, les médecins locaux ont hérité d’un funeste surnom : « Les finisseurs. »
Jacqueline Guez
DERRIÈRE
L’ÉCRAN, L’ENGAGEMENT
AVEC DEUX SÉRIES-FICTIONS ET UN DOCUMENTAIRE, DES MESSAGES SOCIAUX QU’ELLE VÉHICULE AU TRAVERS DE L’AUDIOVISUEL ET BEAUCOUP D’AUTRES PROJETS, JACQUELINE GUEZ A DE GRANDES AMBITIONS ET ESPOIRS POUR MAYOTTE. RÉALISATRICE, SCÉNARISTE, FÉMINISTE, MÈRE, COMME TOUTES LES FEMMES, ELLE N’EST PAS QUE GÉRANTE D’UNE SOCIÉTÉ. RENCONTRE AVEC CELLE QUI NE CESSE JAMAIS DE SE BATTRE POUR SES IDÉES.
PORTRAIT
« LES VIOLENCES SEXUELLES PASSENT AU TROISIÈME PLAN, APRÈS
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TOURISTIQUES DE TORTUES ET LES FEMMES QUI
DANSENT DU M’BIWI »
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Humble et sociable au premier abord, Jacqueline Guez est pourtant une vraie « superwoman » , ne mâchant pas ses mots et n’ayant pas peur d’agir. Arrivée à Mayotte à l’âge de deux ans, la scénariste grandit à M’Gombani et fait toute sa scolarité, jusqu’au baccalauréat, sur l’île aux parfums. Comme beaucoup de jeunes Mahorais, elle part en métropole pour ses études supérieures. Après trois ans de droit privé et un master en ressources humaines, elle revient à Mayotte et occupe des postes de juriste ou de DRH. Une opportunité totalement opposée à ses études s’offre à elle, comme une évidence, dans la communication audiovisuelle. « Je trouvais que certains messages institutionnels, adressés aux Mahorais, ne tenaient pas compte des codes de la culture mahoraise. Étant d’ici, j’ai vu des campagnes de communication qui m’ont beaucoup choquée » , déclare Jacqueline Guez devant le logo de son entreprise. Une vocation née seule, mais qui s’explique par son éducation : « Mes parents ont voulu me faire prendre conscience que je pouvais avoir confiance en moi et qu’il n’y a pas grand-chose dans ce monde que je ne pouvais pas faire si je me donnais à fond »
Heureuse gérante de Clap Productions depuis 2015, Jacqueline joue son rôle avec passion. La réalisatrice veut que ses œuvres aient du sens, qu’elles ne soient pas uniquement du divertissement. Elle ne veut pas produire pour produire, mais faire passer des messages. « Toutes nos productions ont une vocation sociale, elles ont toutes pour but d’ouvrir un débat, de mettre en lumière une thématique, soit de sensibiliser ou prévenir. Ce n’est jamais totalement désintéressé, affirme la réalisatrice. Nous ne sommes pas les seuls à parler de ses sujets. On le fait juste avec un autre canal de diffusion. On veut faire passer des messages pour l’intérêt général. » Ayant plein d’autres projets en tête, elle explique que sa plus grande difficulté est de recevoir un accompagnement financier. « Pour cela, il faut réussir à convaincre les acteurs publics de mettre la lumière sur certains sujets. »
« J’AIMERAIS RASSURER SUR LE FAIT QUE C’EST UN VRAI MÉTIER »
Jacqueline place beaucoup d’espoir sur la jeunesse mahoraise, défendant que « la jeunesse de ce territoire est certainement sa plus grande force » . La scénariste est à l’origine de la création d’une bourse d’études pour les étudiants qui feraient le choix d’aller dans la filière de l’audiovisuel après le baccalauréat, avec un suivi sur toute la longueur de leurs études universitaires. La bourse est de 1500 euros par an et par élève. Chaque année, quatre jeunes ont ainsi la chance de recevoir cet argent pour se lancer. Jacqueline Guez espère pouvoir construire une vraie filière autour de l’audiovisuel à Mayotte. Son objectif, pouvoir créer un vrai pôle de formation et, à l’avenir, avoir des techniciens de l’audiovisuel mahorais. « Aujourd’hui, deux jeunes bénéficient de cette bourse. Les parents ont souvent inquiets quand leurs enfants sont intéressés par la filière audiovisuelle. Pour certains parents, ce n’est que du divertissement. J’aimerais rassurer sur le fait que c’est un
vrai métier. Il suffit de venir avec nous sur une journée de tournage ! Comment c’est possible que pour une vidéo de 15 ou 20 secondes, on passe 8 heures sur le plateau si ce n’est pas un vrai métier ? »
Outre l’objectif d’avoir de l’audiovisuel mahorais, elle souhaite créer de la représentation pour tous les enfants de l’île aux parfums, que ces derniers puissent « voir à la télévision des astronautes mahorais, un constructeur ou un ingénieur mahorais. Que les enfants voient des personnes qui viennent du même milieu qu’eux » , assure Jacqueline. Elle espère inspirer la jeune génération à voir plus grand. Son rêve est de tendre vers des spécialisations, des ouvertures dans les métiers de l’audiovisuel, mais aussi de recevoir plus de financements, le jeu en valant la chandelle : « La filière audiovisuelle mahoraise, c’est tout un écosystème. Ça fait vivre les acteurs, les habilleurs, les maquilleurs, les restaurants qui nourrissent les acteurs. Il y aussi la location des lieux pour le tournage et des voitures pour les déplacements. Une production, c’est tout un écosystème économique »
« Entre une idée et la sortie du projet il y a en moyenne trois ans, déplore Jacqueline Guez. J’aimerais que cette durée soit plus courte grâce au financement, puisque c’est ce qui ralentit le plus la mise en place d’un projet, pour pouvoir faire de plus en plus de projets. » Jamais à court d’idées, encore de nombreuses thématiques attendent d’être explorées. L’entrepreneuse voudrait ainsi aborder les questions du vivre-ensemble, de la jeunesse, des droits des femmes ou encore des relations intergénérationnelles.
Féministe engagée, beaucoup de ses productions abordent la place des femmes dans la société. Elle veut mettre en lumière les problèmes auxquels celles-ci font face dans la société mahoraise, particulièrement les violences sexuelles. Elle dénonce le fait que « c’est un sujet qui passe au troisième plan, après les photos touristiques de tortues et les femmes qui dansent du M’Biwi » « La question du droit des femmes est éminemment importante à Mayotte, continuet-elle. Quand je dis femmes, c’est femme âgée, jeune femme, fille et enfant. Il s’agit de plein de sujets qui s’amalgament. Les violences sexuelles faites aux femmes, par exemple, sont vrai tabou à Mayotte alors que le taux de violences sexuelles à Mayotte est deux fois supérieur au niveau national, c’est ahurissant et inquiétant. » Jacqueline Guez veut donc mettre le curseur sur ce qui n’est pas montré à propos de Mayotte. La réalisatrice veut mettre l’accent sur le fait que les femmes ont leur place dans le foyer familial, mais très peu dans l’espace public. « On nous a vendu le mythe de la société mahoraise matriarcale, qui sociologiquement, est faux. C’est une société matrilinéaire. Ma conception du monde, c’est qu’une société où la femme a toute sa place, c’est gagnant pour tout le monde », soutient-elle, espérant un jour voir ses semblables faire des choses pour elles et pas pour les autres, à cause d’une pression sociale. « Si une femme fait le choix de rester à la maison et d’élever les enfants, c’est un choix qui se respecte. Cependant, si ce choix est la conséquence d’une pression sociétale, ça commence à me poser problème », confirme la scénariste.
PORTRAIT
à vocation féministe » , confie Jacqueline Guez, qui tourne d’ailleurs cette prochaine saison actuellement.
AMBITION
COLOCS ! SAISON 2, EN OCTOBRE
C’est ce que défend en partie la série « Colocs ! » Un mélange de deux combats qui lui tiennent à cœur : jeunesse et féminisme. Programme scénarisé, écrit et réalisé par Jacqueline Guez, c’est la première série mahoraise à être diffusée en dehors de Mayotte, avec ses 14 épisodes, chacun traitant d’un sujet en rapport avec la place des femmes. Elle raconte l’histoire de quatre filles qui reviennent à Mayotte après leurs études, et qui se retrouvent confrontées aux mêmes problématiques que leurs mères avant elles : ne pas pouvoir quitter le domicile familial sans être mariées, ne pas pouvoir habiter seule et bien d’autres. « Elles veulent acquérir un statut d’autonomie, mais on les renvoie à leur statut de petite fille », explique la scénariste, ajoutant que malgré leur maturité acquise, les parents les voient toujours comme des enfants, ce qu’elle dénonce. « Ce retour à Mayotte il est hyper violent. Il y a comme une phase de cristallisation où les parents n’ont pas vu leurs enfants grandir. À 18 ans c’est encore des bébés qui ne savent pas trop qui ils sont. Mais quand elles reviennent à 27, ce ne sont plus les mêmes personnes, mais les parents gardent la même façon de les traiter », raconte la réalisatrice de la série. « J’ai choisi de raconter l’histoire de femmes à travers la jeune génération, continue-t-elle. Celle qui a pu partir de Mayotte, faire des études, a été longtemps à l’extérieur de Mayotte. » Elle veut sensibiliser avec cette série sur la situation que peuvent vivre certaines femmes qui ont recours au mariage pour pouvoir quitter le domicile familial. « Ce n’est plus un mariage, c’est un plan d’évasion ! On voit de plus en plus de femmes se marier, sans avoir réfléchi aux enjeux du mariage, sans forcément le vouloir uniquement pour avoir pouvoir partir de chez leurs parents », explique la productrice.
La série traite également d’autres thématiques, comme les relations parents-enfants, les violences sexuelles ou le harcèlement moral.
« La prochaine saison abordera bien d’autres sujets sur la question du droit des femmes, le harcèlement au travail, l’infertilité, la place des relations dans le couple et plein d’autres sujets
« Montrer là où personne ne met jamais la lumière. » C’est ce que répond Jacqueline quand on lui parle de son documentaire « Chimik : la descente aux enfers. » . Ce documentaire plus sombre est né dans la tête de la réalisatrice quand elle a vu la drogue s’installer lentement à Mayotte, spectatrice d’enfants qui fouillaient dans les poubelles « complètement stones » devant son bureau. Comme toutes ses productions, il y a toujours une intention derrière : « J’ai voulu savoir ce qu’était cette drogue qui défonçait autant une certaine tranche de la population de ce territoire. Je voulais aussi savoir ce que les institutions mettaient en place pour remédier à tout ça »
Le résultat de ce long-format : deux récompenses reçues à une année d’intervalle, pour lesquelles Jacqueline ressent beaucoup de gratitude. Humble, elle a au début cru à un mail spam lorsqu’elle a reçu la nomination pour le Top 100 des femmes les plus influentes d’Europe, dressé par Euclid Network. « J’ai cru que c’était faux et comme c’était en anglais, je me suis dit impossible ! Alors j’ai mis le mail dans la corbeille. Le soir même, j’en parle à mon mari qui le relit avec moi, il m’a fait me rendre compte que c’était vrai » , se remémore-t-elle en riant. À l’échelle personnelle, c’est une très grande fierté pour elle : « J’ai accepté ces prix avec beaucoup d’humilité et de gratitude » . Cela ne fait que la motiver à continuer de « montrer ce que personne ne montre » . La réalisatrice ressent d’autre part une très grande satisfaction que son travail soit vu, reconnu et ait un impact.
Une carrière couronnée de succès et qui fait également la fierté de sa famille, en témoigne le sourire de Jacqueline lorsqu’elle parle de son mari. C’est lui, en effet, qui s’occupe de leur fils de six ans lorsqu’elle est en tournage ou dans l’avion, ce qui lui fait dire qu’elle ne pourrait pas faire autant de projets si elle n’était pas si bien accompagnée. « Mon premier moteur c’est mon mari, affirme-t-elle. Ça peut sonner très peu féministe d’ailleurs mais ça l’est. C’est mon premier soutien, mon premier fan et la première personne que je vais voir quand j’ai un problème. » À travers son soutien, elle trouve le moyen de vivre ses rêves et ses engagements, et de les partager avec tous les téléspectateurs y étant sensibles. n
« CE N’EST PLUS UN MARIAGE, C’EST UN PLAN D’ÉVASION ! »
PORTRAIT
Éducation, tourisme, BTP… Travailler sans eau
DEPUIS LE 22 MAI DERNIER, LES VILLAGES DE MAYOTTE FONT FACE À UNE TROISIÈME COUPURE D’EAU HEBDOMADAIRE. DANS QUELQUES JOURS, CE SERONT MÊME QUATRE TOURS D’EAU QUI VIENDRONT ASSÉCHER LES ROBINETS MAHORAIS. MIS AU RÉGIME SEC, COMMENT S’ORGANISENT ALORS LES ENTREPRISES, LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES, LES RESTAURANTS OU LES PARTICULIERS POUR LIMITER L’IMPACT DE CETTE VÉRITABLE CRISE ?
Les écoles « se débrouillent avec les moyens du bord »
Les écoles du premier degré ainsi que les collèges et lycées doivent s’adapter aux coupures d’eau. S’ils ont tenu le cap jusqu’à présent, les tours d’eau qui s’intensifient inquiètent les élus et les responsables d’établissements scolaires, alors que le rectorat de Mayotte ne semble pas inquiet.
Plus que cinq semaines avant le début des grandes vacances. Cinq semaines durant lesquelles tous les personnels des établissements scolaires de l’île devront travailler dans un contexte de pénurie d’eau. L’objectif est de maintenir les cours tout en respectant les règles d’hygiène. Jusqu’à présent, les coupures d’eau programmées ont lieu de 17h jusqu’à 7h du matin le lendemain. Un créneau qui n’a pas réellement d‘impact sur les écoles primaires, en témoigne Attoumani Dida, le directeur de la caisse des écoles de Tsingoni. « Les heures d’ouverture d’eau correspondent aux heures de cours, donc il n’y a rien qui change pour nous. » Même son de cloche du côté de Dzaoudzi-Labattoir ou encore de la commune de Mamoudzou, cependant les municipalités n’excluent pas des coupures en journée, ou non programmées alors que les élèves seraient à l’école, comme cela s’est déjà produit auparavant. « Dans ce cas, les directeurs et directrices d’établissements ont comme directive de ne pas accueillir les enfants. Mais il y aura toujours la continuité pédagogique » , assure Baraka Issoufi, l’adjointe au maire chargée des affaires scolaires à Dzaoudzi-Labattoir.
Du côté de Tsingoni, la mairie a voulu installer des citernes d’eau dans les écoles, mais elle a essuyé un refus de la part de l’agence régionale de santé. « Elle ne nous a pas permis à cause des conditions d’hygiène » , précise
Attoumani Dida qui affirme que l’interdiction est valable pour toutes les communes du territoire. Quant au maire de Mamoudzou, il s’inquiète pour l’avenir. « Pour l’instant on survit avec le système actuel, mais s’il doit y avoir des coupures supplémentaires et récurrentes ça peut être compliqué », reconnaît-il. Mayotte vit sa pire sécheresse depuis 1997, et les prochains mois ne présagent aucune amélioration. Dans ce contexte, Ambdilwahedou Soumaïla, préconise d’anticiper et de trouver des solutions qui permettront de maintenir les cours. « Il existe des toilettes mobiles qui ne nécessitent pas de raccordement à un réseau d’eau externe. Compte tenu de la situation exceptionnelle de Mayotte, on peut demander à l’État ici, c'est-à dire à la préfecture, de nous aider à les acquérir afin de les installer dans les écoles », suggère le premier magistrat de la commune chef-lieu.
Le rectorat reste serein
Pour l’heure, le rectorat ne semble pas préoccupé par la situation. « Les coupures d’eau prévues sont nocturnes donc elles n’impactent pas les établissements. Tout est fait pour que ça perturbe le moins possible les écoles. Pour nous, rien ne change », affirme Martine Emo, la directrice de cabinet du recteur. Le discours de l'Éducation nationale à Mayotte a visiblement changé puisqu’à l’annonce de l’intensification des coupures d’eau par le préfet Thierry Suquet, le rectorat avait envoyé un courrier aux maires,
« POUR
L’INSTANT ON SURVIT AVEC LE SYSTÈME ACTUEL »
le 3 avril 2023, leur proposant une démarche à suivre en cas de coupure. Les directives données avaient fait sourire quelques élus, notamment celle demandant aux élèves de faire leurs besoins chez eux avant de se rendre à l’école. Pour l’instant, les écoles ont donc encore de beaux jours devant elles, du moins jusqu’aux prochaines vacances scolaires. Cependant, tout le monde est conscient que la crise de l’eau est de plus en plus critique, et le rectorat prépare déjà la suite. Des citernes devraient être installées dans des établissements. « C’est un travail sur le long terme de plusieurs mois avec les différents services de l’Etat pour que l’ensemble des établissements scolaires soient les moins impactés par les futures coupures », indique Martine Emo.
Les lycées professionnels en difficulté
Si pour l’instant le premier degré s’en sort, ce n’est pas le cas de l’ensemble du second degré, notamment des lycées professionnels. Les élèves du lycée polyvalent de Kawéni étudient dans des conditions qui compliquent
leur travail. Ceux qui sont dans la filière restauration en sont le parfait exemple. « Avec le restaurant d’application, nous faisons un service le soir. Et pour l’assurer les soirs de coupure, nous devons faire des réserves d’eau dans des casseroles et on limite le nombre de clients. On en prend 10 à 12 alors qu’habituellement on a le double », indique Fabien Vanucci, le directeur des formations au LPO de Kawéni. À cela s’ajoute la vaisselle qui ne peut être faite le soir et qui doit attendre le lendemain. Ces alternatives ne pourront pas s’éterniser dans le temps puisque la règle est de fermer l’établissement en cas de coupure d’eau.
Cela étant, cette solution mettra davantage les élèves en difficulté. « On ne peut pas se permettre de supprimer un service à chaque fois qu’il n’y a pas d’eau car ce sont des cours pour les élèves. Souvent ils sont en terminal, ils ont des examens à passer et ils doivent donc pratiquer », insiste Fabien Vanucci. Le problème se pose également dans les filières hôtellerie et petite-enfance où la question de l’hygiène est primordiale. « On fonctionne à minima. On se débrouille avec les moyens du bord pour l’intérêt des jeunes, mais si on doit passer à la vitesse supérieure là on va être coincés. Un atelier sans hygiène, ce n'est pas possible », conclut le directeur des formations du LPO de Kawéni. Les chefs d’établissements ne pouvant pas bricoler éternellement, la prochaine rentrée scolaire s’annonce déjà compliquée.
« SI ON DOIT PASSER À LA VITESSE SUPÉRIEURE ON VA ÊTRE COINCÉS »
Sans eau, l’hôtellerierestauration n’a plus que ses larmes
Avec trois et bientôt quatre coupures d’eau par semaine, les restaurateurs et gérants d’hôtels ont toutes les peines du monde à subsister, et encore plus à faire prospérer leurs établissements. Après la crise sanitaire due au Covid et la délinquance latente remise en lumière par l’opération Wuambushu, les tours d’eau viennent encore assombrir le tableau du tourisme mahorais.
Charles-Henri Mandallaz, président de l’Union des métiers et de l’industrie hôtelière (UMIH) à Mayotte, ne cache pas la lassitude et la détresse des professionnels du secteur.
Mayotte Hebdo : Quel impact a la multiplication des coupures d’eau hebdomadaires sur l’hôtellerie-restauration mahoraise ?
Charles-Henri Mandallaz : C’est la catastrophe. En termes de restauration, travailler sans eau, c'est impossible. Déjà, partons du point de vue réglementaire, puisqu'on est quand même dans une réglementation, malgré le fait qu'on ne nous donne pas les moyens de l'appliquer, c'est quand même l'extraordinaire de la chose. On est astreint à la réglementation des ERP [établissements recevant du public, NDLR], donc avec des obligations de points d’eau actifs, notamment sur les sanitaires. Et puis bien évidemment, nous avons besoin d’utiliser de l'eau sortie du réseau pour pouvoir travailler, notamment en cuisine. Donc, le stockage d'eau en bidon, le système D, n’est juste pas possible. Ça peut être d'ailleurs potentiellement assez dramatique en termes de sanitaire, d'intoxication possible. On ne peut pas, dans notre profession, faire n'importe quoi. Pour laver les sols, approvisionner les toilettes, OK, on peut récupérer l’eau. Mais si vous n’avez pas d'eau en cuisine qui sort du
réseau, c'est compliqué. Et cuisiner à l’Edena, on comprendra tous que ça ne va juste pas être possible.
M.H. : Alors quelles sont les solutions adoptées par les restaurants et hôtels de l’île ? Comment s’adapter ?
C.-H. M. : Là, ça prend une tournure qui commence à être véritablement inquiétante et problématique à gérer, voire quasi insoluble. Parce qu’au départ, on se retrouvait avec une seule coupure, puis deux, donc on arrivait toujours à jongler avec nos jours de fermeture, ce qui nous permettait de passer entre les gouttes, sans mauvais jeu de mots. On demande toujours aux entreprises à Mayotte de s'adapter, mais on va s'adapter jusqu'à quand ? À un moment, on aimerait bien simplement mettre la paix dans notre entreprise et travailler normalement. C'est quand même assez indécent de voir que systématiquement, on doit faire des efforts et se réadapter. Là on arrive à un point où ce n’est plus possible. L'idée de départ aurait été
« On a des collègues qui ont arrêté »
de modifier nos journées de fermeture, en fonction des journées de coupure. Mais maintenant on va en arriver à quatre par semaine, comment on peut faire ? Les établissements du midi vont probablement s'en sortir, parce qu'ils ne seront pas touchés par les coupures. Par contre, ceux qui font des services le soir vont avoir d'énormes problématiques à travailler dans des situations comme ça, où vous n’avez aucun moyen, aucune subvention, aucune indemnisation. À un certain moment, il faudra quand même bien que tout le monde comprenne que les entreprises ne se lèvent pas le matin pour perdre de l'argent, c'est pas possible. Il y a des gens qui ont des salaires à faire à la fin du mois, qui sont responsables, il y a des feuilles d'impôts qui tombent comme si de rien n'était, sans remise quelconque, sans dégrèvement. On fait comme si la vie continuait normalement et en contrepartie, les entreprises travaillent à 60% ? C'est complètement improbable, illogique.
M.H. : En tant que président de l’UMIH, quel son de cloche vous remontent les professionnels du secteur ? Quel sentiment prédomine ?
C.-H. M. : Il y a vraiment de l'agacement, du renoncement. On a des gens qui ont jeté l'éponge, on a des collègues qui ont arrêté, parce qu’en ce moment, c'est quand même le mille-feuille ! On a l'insécurité avec l'opération Wuambushu qui est en cours, qui font que les gens ne sortent plus le soir, ou très peu, donc on a une déperdition de fréquentation au soir sur les établissements de restauration qui est catastrophique. À côté de ça, les embouteillages incroyables liés aux travaux de la Cadema gênent énormément l'activité, et puis les coupures d'eau. Ça commence à faire beaucoup. On ne peut pas supporter ça comme ça, sans compensation ou dégrèvements sur par exemple la CFE [Cotisation foncière des entreprises, NDLR] et d'autres impôts qui nous sont mis sur le dos.
C'est complètement impensable qu'on nous affiche des taux d'imposition classiques alors qu’on ne peut de toute façon pas jouir de conditions normales pour exercer notre métier. Tout le monde a bien conscience de ce qui se passe sur le territoire, même si certains se posent moins de questions, quand ils sont payés à la fin du mois sans faute. Mais il y en a d'autres dans le privé, dans les entreprises, pour qui ce n’est pas le cas. Et désolé de le dire, mais c'est ceux-là qui produisent la richesse, qui génèrent l'emploi, qui développent le territoire. Et pour autant, on est un peu les laissés pour compte.
M.H. : À vous entendre, l’hôtellerie-restauration mahoraise agonise…
C.-H. M. : Mais, à un moment, c'est plus tenable ! En hôtellerie, c'est pareil, recevoir les gens avec un seau d'eau de 20 litres dans la chambre, c'est quand même extrêmement limite ! Il faut savoir ce qu'on veut. Nous voulons des réponses rapides à nos urgences qui vont être des problématiques de trésorerie et de difficultés pour nos entreprises. C'est encore une année perdue. On sort de trois années Covid, on va encore perdre celle-ci dans la foulée, alors qu’elle devait être une année de relance. On va encore se battre une année supplémentaire pour essayer de ne pas perdre d'argent, mais ce n’est pas comme ça qu'on développe un territoire. Aujourd’hui, si vous me demandez si je vais embaucher, je vous dirai non, j'aurais plutôt tendance à dégraisser qu'à embaucher. Je n’achèterai rien cette année, je n'investirai pas parce que je n'en aurai pas les capacités. J'ai plein d'envies, de projets dans les tiroirs que je ne ferai pas parce que je n'ai aucune visibilité. Tant qu'on est dans l’incertitude comme ça, ça n’avancera pas.
Le chômage partiel, « une possibilité à envisager »
M.H. : Justement, au sujet des ressources humaines, la préfecture avait évoqué devant les entrepreneurs le sujet du chômage partiel. C’est quelque chose qui pourrait être mis en place à nouveau ?
C.-H. M. : Effectivement, c'est une possibilité à envisager. On en a encore reparlé. On sera peut-être obligés, à un certain stade, de mettre des salariés au partiel si la situation venait encore à se dégrader et à perdurer. Là évidemment, quatre coupures d'eau, on ne sait pas du tout comment on va gérer ça.
M.H. : Surtout que cette pénurie va s’étendre dans le temps, au moins pour les six mois de saison sèche à venir…
C.-H. M. : Oui, on est partis jusqu'à la fin de l'année, en espérant qu'il y a une saison des pluies, c'est-à-dire qu’on est quand même sur la danse de la pluie ! On est dans l'hypothèse, on n'est même pas dans le réaliste. La seule certitude, ce serait la réparation de l'usine de dessalement de Petite Terre, qui permettrait de produire plus et de mettre Petite Terre
en autonomie, donc de moins taper sur les ressources. Tant mieux si c’est fait d'ici la fin de l'année, mais en attendant, on est encore avec les mêmes structures, et aucun chantier n’est déclenché. Je trouve ça aberrant, ça fait 20 ans qu'on parle de cette troisième retenue collinaire et toujours rien. Il n'y a pas plusieurs chantiers prioritaires à Mayotte, il y en n’a qu'un, c'est l'eau ! C'est vital pour toute la population, tout le monde l’utilise, ce n'est pas une fantaisie. Et puis, systématiquement, on pointe du doigt le préfet. Mais à preuve du contraire, ce n'est pas le préfet qui doit faire ces travaux-là. Il y a bien des organismes sur l'île qui sont en charge de la maîtrise d'ouvrage sur l'eau, à commencer par le syndicat des Eaux de Mayotte. Que font ces gens-là ? Quand déclenchent-ils un quelconque projet, quand est-ce qu'il y a une DUP pour lancer quelque chose en urgence ? Pour le Caribus, il n’y a pas eu de problème alors que des gens ont perdu des morceaux de terrains parce qu’ils étaient sur le tracé. Mais pour une retenue collinaire, il y aurait des problèmes de foncier ? On ne parle quand même pas d’un petit sujet !
Certaines voix commencent à s'élever et disent qu'à la fin du mois d’août, il n’y aurait peut-être plus d'eau. Si c'est le cas, on fait comment ? Tout le monde aura la capacité
« Il n'y a pas plusieurs chantiers prioritaires à Mayotte, il y en n’a qu'un, c'est l'eau ! »Les membres de l’UMIH Mayotte.
de se doucher et de boire de l’eau en bouteille toute la journée ? On arrive à un stade où ce n’est plus tenable, toute l'économie risque de s'arrêter.
M.H. : L’un des secteurs économiques mahorais à développer est le tourisme. Vous êtes justement au conseil d’administration de l’Agence d'Attractivité et de Développement Touristique de Mayotte (AaDTM). Comment fait-on avec de telles restrictions ?
C.-H. M. : Oui, je travaille déjà énormément avec le syndicat. À côté de ça, avec l’AaDTM, on est conviés à des réunions diverses et variées, des schémas de développement du territoire... Il y a des projets qui sont séduisants, des volontés assez fantastiques sur papier. On regarde le truc, on a l'impression d'être au paradis, mais on est vite rattrapé par l'insécurité, le manque d’eau et une circulation quasi impossible. Quand on entend parler de projets comme les Jeux des Îles, je trouve que ce n'est même plus ambitieux, c'est complètement utopique en l’état actuel, il ne faut surtout pas qu'on les fasse parce qu'on va être la risée de l'océan Indien. Il y a des choses qui ne sont pas permises aujourd’hui parce qu'on n'a pas les basiques de vie sur le territoire. Je n'ai jamais eu autant de coups de fil, famille, amis, clients qui m'ont appelé inquiets. Donc l'image de l'île est quand même relativement détruite. Il va falloir un travail de titan de la part de toutes les entités pour redonner une image positive et l’envie de venir.
M.H. : Vous pensez qu’une baisse de la fréquentation touristique est à craindre pour Mayotte ?
C.-H. M. : Il faut être logique : en plus de ces problèmes, vous avez le coût de l'aérien pour venir à Mayotte, le coût de l'hôtellerie… À côté, vous avez La Réunion déjà, Maurice, Madagascar. Il y a une pléthore de choix, qui ont un aérien beaucoup moins cher que nous. Les Français peuvent aller au Maroc, en Tunisie, aux Antilles, tous les pays d'Europe de l'Est, l'Espagne, le Portugal... Pour Mayotte, il faut quand même avoir un budget conséquent, et accepter l'hypothèse d'une île qui ne donne pas la pleine capacité aux touristes de profiter de leur séjour. Quand les gens qui arrivent chez moi me posent d’emblée des questions uniquement axées sur leur sécurité, c'est insupportable à entendre, et en même temps, je me bois de leur faire une réponse et je comprends leur inquiétude. Après, quand il redescend de l'étage et qu’il dit « j'ai ouvert un robinet mais il n’y a pas d'eau », il faut expliquer les tours d'eau.
Donc je veux bien que vous me disiez qu'on peut développer le tourisme, mais dans de telles conditions, j'ai quand même de sérieux doutes. Il va falloir sortir les avirons et se mettre au travail sérieusement, les infrastructures sont les mêmes qu’il y a 20 ans et la population a doublé. Aujourd'hui, forcément ça ne marche plus. Ce n'est pas simplement parce qu'on a stocké de l'eau qu'on serait en capacité de la traiter et de la distribuer, c'est la globalité du truc qu'il faut revoir.
« LES ENTREPRISES NE SE LÈVENT PAS LE MATIN POUR PERDRE DE L'ARGENT »
« 35 à 40% »
C’est, selon le président de l’UMIH, la perte de clients enregistrée par certains restaurants de Mayotte lors du service du soir.L’usine de dessalement en Petite Terre.
DOSSIER
Économie Le BTP devra faire preuve d’adaptation
L’eau devient une ressource de plus en plus rare au fil des ans à Mayotte. Cette année, l’île fait face à une pénurie d’eau qui impacte toute la population, mais également de nombreux acteurs économiques. L’optimisation, la gestion voire le rationnement vont alors devenir les maîtres mots pour tous, particuliers et professionnels, notamment dans le secteur du bâtiment et travaux publics.
Cette situation inédite de manque d’eau et de pénurie qui semble inévitable impacte et continuera d’impacter l’activité économique mahoraise. Le secteur du bâtiment et des travaux publics, très important pour l’économie de l’île, va alors devoir faire preuve d’adaptation. Les chantiers étant principalement réalisés de jour, le secteur est pour l’instant peu impacté par les restrictions des trois coupures nocturnes mises en place depuis le lundi 22 mai dernier. Malgré cela, le secteur du BTP doit tout de même preuve d’ajustements dans l’utilisation de la ressource en eau. « On est très attentifs à l’utilisation et à l’économie de l’eau potable sur les chantiers » , affirme Julian Champiat, président de la Fédération Mahoraise du Bâtiment et des Travaux Publics (FMBTP). Ce secteur a un besoin de ressource en eau à différentes étapes de la construction, notamment pour le gros œuvre, la fabrication du béton et le nettoyage des matériels et outils, mais aussi pour l’hygiène des ouvriers sur site, avec le lavage des mains et les sanitaires.
là, on sera impactés directement », mais « le chômage partiel est impensable au vu de l’activité mahoraise et des perspectives qu’on envisage » , tempère Julian Champiat. La pénurie pourrait également avoir des répercussions en matière de cadences sur les chantiers. La seule solution qui pourrait être mise en place si cette situation venait à se présenter est celle du transport d’eau par citerne. « Cela étant, il faut que l’approvisionnement par citerne puisse convenir à tous les chantiers », prévient néanmoins le président de la FMBTP.
À TRÈS COURT TERME, NOUS N’AVONS PAS D’AUTRES SOLUTIONS »
Des ajustements, mais pas de chômage partiel Un manque d’eau qui pourrait devenir préoccupant, si de nouvelles mesures venaient à être décidées. En cas d’annonce d’un potentiel rationnement d’eau, de longues coupures de 48 heures ou en journée, le secteur devra s’adapter et «
Ce dernier explique notamment que les solutions sont « l’alimentation des chantiers, quand c’est possible, par des citernes avec de l’eau non-potable tirée de forages sous autorisation » . Des appels d’offres et appels à projets pour de nouveaux forages d’eau non-potable sont en cours d’études sur l’île et des travaux débuteront au mois de juillet. « Il faut faire le distinguo, ce sont des forages d’eau non-potable, qui n’ont pas vocation à partir dans le réseau d’eau potable », insiste Julian Champiat. D’autre part, des adaptations sur les chantiers sont également envisagées, avec l’installation de toilettes chimiques par exemple. Ces dernières mises à part, « à très court terme, nous n’avons pas d’autres solutions », déplore le président de la fédération. D’ici à la fin du mois d’août, où les ressources d’eau seront
«
très certainement à sec, « les solutions envisagées auront le temps d’être déployées »
« 450 à 500 m3 d’eau par jour »
Lorsque l’on évoque une crise de l’eau, le bâtiment et les travaux publics sont rapidement montrés du doigt. À Mayotte, le volume d’eau utilisé par les chantiers représente « 450 à 500 mètres cubes d’eau par jour » , rappelle Julien Champiat. Chaque jour, la capacité de production d’eau à Mayotte est de 39 000 m3, pour des
besoins s’élevant à plus de 40 000 m3. La crise de l’eau que vivent l’île, les habitants et les entreprises est due à une saison des pluies très courte, avec peu de précipitations, ce qui a conduit à un niveau historiquement bas des deux retenues collinaires. Le président de la FMBTP espère néanmoins pouvoir compter sur le « bon sens civique de toute personne et de toute entreprise sur les économies du quotidien ». Une inquiétude déjà palpable à très court terme sur la tension d’approvisionnement en eau, mais qui pourrait s’amplifier à moyen et long terme, la future saison des pluies se faisant d’ores et déjà attendre.
Agnès Jouanique
Pratique
Des alternatives pour se préparer aux nouvelles restrictions
L’alimentation en eau potable et ses problèmes sont au cœur des préoccupations pour beaucoup d’habitants de Mayotte. Et pour cause, après le ramadan, face à la sécheresse, au déficit pluviométrique et au manque accru des ressources en eau, de nouvelles coupures ont été annoncées par les autorités compétentes. Face à ces nouvelles restrictions, les particuliers devront s’adapter et prendre de nouvelles habitudes.
La crise de l’eau qui se dessine à un goût de déjà-vu pour de nombreux habitants de l’île. En effet, le département est dans une situation presque similaire à celle vécue en 2016 et 2017, où l’île avait connu une pénurie en eau historique, avec des coupures d’eau un jour sur deux pendant de longues semaines. Il y a trois ans, une nouvelle pénurie avait également été ressentie, provoquant elle aussi la mise en place de mesures. Cette année, la situation qui se profile semble encore pire. Depuis décembre dernier et la mise en place des coupures d’eau bihebdomadaires, chacun se prépare à sa façon. Bacs de rétention d’eau, citerne individuelle, générateur d’eau à base d’air, à Mayotte, différentes possibilités pour les particuliers existent. Mais ces solutions sont souvent liées à la pluviométrie ou demandent un investissement pécunier, et ne sont donc pas accessibles à tous.
Les eaux de pluie, une force sur l’île
Malgré le peu de pluies cette année, la récupération des eaux pourrait permettre une forte atténuation de la pénurie. Qu’ils soient provisoires ou durables, plusieurs dispositifs existent. Et il faut bien faire attention. Sans une filtration correcte et maîtrisée, l’eau ne peut être utilisée domestiquement. La règlementation en matière de récupération
des eaux de pluie a évolué et s’est traduit par l’arrêté du 21 août 2008. Cet arrêté notifie que l’eau de pluie « collectée à l’aval de toitures inaccessibles peut être utilisée pour des usages domestiques extérieurs au bâtiment. A l’intérieur d’un bâtiment, l’eau de pluie collectée à l’aval de toitures inaccessibles, autres qu’en amiante-ciment ou en plomb, peut être utilisée uniquement pour l’évacuation des excrétas et le lavage des sols »
Du stockage pouvant aller de 150 à 4 000 litres peut être installé chez les particuliers. Des enseignes situés à Kawéni, Majicavo ou même Mamoudzou se voient être en rupture de stock actuellement sur les différents réservoirs. Chez les rares magasins où il est possible de s’en procurer sur l’île, les prix peuvent atteindre plusieurs centaines d’euros. Souvent, il faut compter plusieurs milliers d’euros pour l’installation d’une cuve ou d’un réservoir. Un prix très élevé, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Un investissement que tous les habitants ne peuvent réaliser.
Les coupures, une habitude
Mais à Mayotte, comme depuis plusieurs années maintenant, les habitants de l’île sont habitués à prendre leurs précautions quant aux coupures d’eau intempestives. Cette fois,
si ces dernières durent 24 ou 48 heures, les bassines d’eau et divers contenants installés dans les foyers devront être de tailles adéquates. Une vraie recherche à la perle rare est désormais lancée. Par-ci, par-là, dans les supermarchés, les magasins spécialisés ou encore les doukas, on peut trouver des bassines, de différentes tailles, de la petite à la très grande, d’environ 1 300 litres. Pour quelques dizaines d’euros jusqu’à plusieurs centaines, il est possible de s’en procurer chez différents distributeurs. Cependant, l’eau conservée en dehors d’un réfrigérateur doit être renouvelée quotidiennement afin d’éviter qu’elle ne s’altère. Dans le but d’assurer la consommation d’eau potable quotidiennement, sans système de filtration sur une réserve d’eau, l’achat de packs de bouteilles d’eau (limités à deux dans plusieurs magasins) pourra être de rigueur.
De l’eau avec de l’air Sur l’île aux parfums, l’eau présente dans les airs s’élève à 70 % de la masse, ce qui en fait une très grande ressource potentielle d’eau accessible. C’est avec cette idée, que le distributeur d’eau par l’air, Osoley, a été conçu. Convenant au grand public et aux professionnels, il aspire l’eau contenue dans l’air et transforme le H2O en gouttes d’eau. Pour un prix de 2 900 euros, le distributeur fournit 30 litres d’eau par jour. « Une première commande de 40 distributeurs a été écoulée, nous lançons une deuxième vague de commandes », explique Sébastien Fumaz, distributeur agréé Osoley sur l’île. Ainsi, 70 distributeurs sont d’ores et déjà en pré-commande et 120 devraient être livrés sur l’île, pour permettre à cette entreprise, qui se lance sur le marché mahorais, de moins travailler à flux tendu. Il faut tout de même tenir compte qu’un délai de trois mois est nécessaire pour la fabrication et la livraison à Mayotte.
DOSSIER
Et vous, comment faitesvous pour les coupures ?
Bassines, réservoirs ou eau embouteillée, les habitants de l’île au lagon doivent redoubler de vigilance pour ne pas être à sec lors des coupures d’eau hebdomadaires ou intempestives. Une organisation nécessaire, mais chronophage et parfois coûteuse.
Micro-trottoir Maïraty, 29 ans
« Ça dépend si j’anticipe. Je vis avec ma sœur et on a des réservoirs. Dans mon secteur, les coupures sont le mardi et le samedi. Ces jours-là, on sait qu'avant de rentrer on doit faire des réserves, même si bien souvent, on en a déjà. »
Daniel, 42 ans
« Je prends des jerricans, on stocke de l’eau pour laver les habits, nettoyer la maison… On a besoin d’eau, du coup on la laisse reposer et on la réutilise. »
Mzembaba, 53 ans
« On achète des bouteilles d’eau en packs et on les stocke à l’avance »
Ruffin, 24 ans
« Les coupures c’est dérangeant, on en souffre. À chaque fois qu’on a envie de se doucher, on ne peut pas. Sinon on va chercher de l’eau au puits du stade, mais c’est un peu sale, et elle nous abîme la peau. »
Akssami, 40 ans
Emmanuel, 40 ans
« On gère les coupures en se lavant à la main, avec la bassine, quand il n’y a pas d’eau »
Cham-shydine, 39 ans
« On a une grosse bassine qu’on remplit régulièrement, et les jours où il y a des coupures, on se sert dedans. Par contre, c’est assez embêtant pour les tâches ménagères. »
« On gère comme on peut. Nous ici c’est rare, mais quand l’eau est complètement coupée, ce n’est pas facile, surtout qu’on ne le sait qu’à la dernière minute. On essaie d’avoir toujours des packs d’eau pour boire surtout, et manger, mais le magasin nous limite à deux packs par personne. »
Malide, 18 ans
« On achète des bouteilles d’eau, on fait ça à chaque fois qu’il y a des coupures d’eau, et on en fait des réserves. »
Nourou, 25 ans
« Pour me laver, par exemple quand il n’y a pas d’eau, je mets celle que j’ai stockée dans la marmite et je la fais chauffer, comme ça je peux la réutiliser. »
UNE ÎLE EN TRAVAUX
LE GRAND CHANTIER DE LA ZONE SCOLAIRE DE KAWÉNI EST LANCÉ
LE RENOUVELLEMENT URBAIN DE KAWÉNI ENTRE DANS UNE NOUVELLE PHASE AVEC LE DÉBUT DES TRAVAUX DE LA ZONE SCOLAIRE.
D’ICI 2026, IL EST PRÉVU UN PARC, UN STADE AVEC 2 000 PLACES, UN GYMNASE, LA CUISINE CENTRALE DU RECTORAT, UN INTERNAT
D’EXCELLENCE ET DES LOGEMENTS.
EN QUOI CONSISTE LE CHANTIER ?
Il suit la droite ligne du renouvellement urbain de Kawéni. Car, après le quartier SPPM dont le parc aménagé a été inauguré en juillet 2022, le projet s’étale désormais sur la zone scolaire de 22 hectares, autour du stade de football actuel. « C’est un gros morceau », concède Jacques Mikulovic, ce jeudi matin, lors du lancement officiel des travaux. Le recteur de Mayotte sait de quoi il parle, trois projets sont pilotés par le rectorat au milieu de cet espace entouré d’écoles (4 000 élèves), des collèges K1 et K2 (2 700), ainsi que des lycées professionnel et des Lumières (4 000). Il s’agit d’un gymnase entre le collège K2 et le lycée des Lumières, un internat d’excellence de 200 lits et une cuisine centrale capable de produire 10 000 repas par jour. Outre quelques rues et des parkings, un mail piéton (où rouleront aussi les bus scolaires) traversera l’ensemble. Enfin, un grand parc, un jardin pédagogique et un stade de football avec 2 000 places (légèrement décalé par rapport à l’actuel) sont prévus. « Cela va améliorer et modifier l’image de Kawéni », espère Nadjayedine Sidi, conseiller départemental du canton de Mamoudzou 3. « On va relier Kawéni village au quartier de la Geôle, à Bazama derrière nous. On va tisser des liens très forts dans la poursuite du parc des Zébus », confirme Pierre Georgel, architecte-paysagiste de l’agence Comptoir des projets.
QUAND EST-CE QUE LES TRAVAUX DÉMARRERONT ?
Le lancement des travaux s’est fait de manière officielle par la plantation du premier arbre du parc (un baobab), ce jeudi matin. En réalité, cela fait quelques semaines que le grand terrain vague qui sépare le lycée des Lumières et le stade de football de Kawéni subit les assauts des engins de chantier. Tout est en préparation pour les différentes structures qui doivent y voir le jour très prochainement. Hormis le stade, elles devraient toutes commencer à sortir de terre d’ici la fin de l’année.
Alors que les travaux commenceront en mars 2024, le futur stade de Kawéni disposera de 2 000 places assises.ET POUR LE STADE ?
Sa construction débutera un peu plus tard, en mars 2024. Avec ses 2.000 places prévues, il doit être homologué de niveau 4 reconvertible en niveau 3. C’est-à-dire qu’il pourrait accueillir des rencontres de seizièmes de finales de la Coupe de France. Des city-stades, une piste d’athlétisme, une aire de CrossFit rejoignent aussi le rang des équipements sportifs, qui comptent déjà le plateau couvert.
QUEL EST LE COÛT DE L’OPÉRATION ?
La mairie de Mamoudzou a chiffré l’ensemble de ses parties à 27 millions d’euros. L’enveloppe grimpe encore plus haut pour le rectorat de Mayotte avec sa cuisine centrale (32 millions d’euros), le gymnase (20 millions d’euros) et l’internat d’excellence (22 millions d’euros). C’est sans compter les cofinancements des installations sportives, comme le stade par exemple, ou l’hôtel d’application (deux chambres sont prévues) du lycée professionnel de Kawéni. « En tout, ce sont 70 millions d’euros que le rectorat investit sur la zone », comptabilise le recteur. L’État, qui accompagne la mairie dans ses démarches, et les fonds européens participent également au financement de l’opération.
DES LOGEMENTS SONT-ILS PRÉVUS ?
Oui, mais ils ne seront pas nombreux. « Différents types de logements seront construits dont une résidence Jeunes actifs avec notre partenaire Al’Ma », prévient Hamidani Magoma, le deuxième adjoint de la Ville de Mamoudzou. L’élu a aussi annoncé que « le réseau des eaux pluviales sera requalifié, avec nos partenaires, afin que les établissements scolaires ne soient plus inondés à chaque saison des pluies »
FESTIVAL DE L’IMAGE SOUS-MARINE, SAISON 28
Ce dimanche soir, le festival international de l’image sous-marine de Mayotte s’est clôturé par la traditionnelle cérémonie de remise des prix. Pour cette 28e édition, le festival a diffusé sur grand écran pas moins de 41 films et 455 photos et a proposé sept projections à Mamoudzou et quatre à Chirongui aux amateurs d’images subaquatiques.
Participants, partenaires et jury se sont réunis ce dimanche soir à La Croisette, sur le front de mer à Mamoudzou, pour célébrer ensemble la fin de l’édition 2023 du festival international de l’image sousmarine de Mayotte et ses gagnants. « Cette année, nous avons maintenu le fonctionnement global du festival selon les souhaits de Jack Passe et ce qui l’animait, notamment le concours de dessin et les projections scolaires » , explique Laurent Mounier, gérant de l’agence Angalia et organisateur du festival. Pour cette édition, 1.700 élèves de primaires et collèges, ont pu profiter des projections gratuites. « Il est important de pouvoir transmettre des valeurs aux élèves » , note Inayatie Kassim, adjointe au maire de Mamoudzou.
« Le festival a un impact international »
Cette année, le président de jury était Nicolas Barraqué, photographe sousmarin de renom. Au départ, « on nous avait dit qu’il y aurait quelques films et photos à juger, mais quarante films et 800 photos, ce n’est plus quelques ! » , ironise-t-il, en affirmant tout de même que « le festival a un impact international » . En effet, des productions ont été transmises depuis la Norvège, la Nouvelle-Calédonie, l’Espagne ou l’Italie. Ce sont donc 800 photos et plus de 40 films qu’a dû départager le jury. Une quantité record, avec une qualité remarquée. « Comme dans tout festival, il y a du bon et du moins bon, mais ici, il y a eu aussi du très bon et on le voit ce soir » , note le président du jury.
Des plongeurs et des enfants récompensés Avec une volonté de mettre en avant les plongeurs de l’île, leurs œuvres et le lagon mahorais, un nouveau concours a vu le jour, celui des « clubs de Mayotte » . La condition pour participer à ce nouveau concours était de proposer une photographie sous-marine prise au sein du lagon de Mayotte. « Vous avez un terrain de jeu superbe ici ! » , lance Nicolas Barraqué, avant d’annoncer le vainqueur. Pour cette première, Arnaud Camilleri-Guillebert remporte l’Hippocampe d’Or pour sa photo de murène. Happy Divers, le centre de plongée a également été récompensé par un trophée.
Cette 28e édition a été marquée par une participation record des artistes en herbe. 496, c’est le nombre de dessins qui ont été produits par les enfants pour le concours de dessin sur le thème de la fabuleuse aventure des monstres marins. Ce dernier est scindé en deux catégories, moins de 12 ans et plus de 12 ans. Après délibération du jury, c’est le dessin de Aysha-
Kathy Sulleman, 8 ans et élève à Mamoudzou qui remporte le prix « Jack Passe » , dans la catégorie moins de 12 ans. Comme le veut la tradition, son dessin sera au cœur de l’affiche de la prochaine édition. Aël Morizon, avec son dessin de monstres marins, remporte la première place dans la seconde catégorie des plus de 12 ans. n
Le palmarès complet de la 28e édition
Concours Trio thématique – Amateur
- Hippocampe d’Or : Jean-Sébastien Philippe (La Réunion) ; Hippocampe d’Argent : Jérôme Drouet (France) ; Hippocampe de Bronze : Louis Jean-Siegfried (La Réunion)
Concours Trio thématique – Expert
- Hippocampe d’Or : Jack Berthomier (Nouvelle-Calédonie) ; Hippocampe d’Argent : Lionel Houde (France) ; Hippocampe de Bronze : Christophe Kazmierski (France)
Concours Portfolio – Amateur
- Hippocampe d’Or : Sophie Rusca (La Réunion) ; Hippocampe d’Argent : Marie Gouliardon (La Réunion) ; Hippocampe de Bronze : Louis Jean-Siegfried (La Réunion)
Concours Portfolio – Expert
- Hippocampe d’Or : Galice Hoarau (Norvège) ; Hippocampe d’Argent : Cédric Peneau (La Réunion) ; Hippocampe de Bronze : Claudio Zori (Italite)
Concours Clubs
- Hippocampe d’Or : Arnaud Camilleri – Guillebert ; Hippocampe d’Or pour le club Happy Divers
Concours Photo imprimée
- Hippocampe d’Or : Rodolphe Guignard (photo n°20)
Concours Films – Clips
- Hippocampe d’Or : Noémie Stroh pour « Respirer sous l’eau » (Nouvelle-Calédonie) ; Hippocampe
d’Argent : Jérôme Drouet pour « Un monde de géant » (France) ; Hippocampe de Bronze : James Caratini pour « Harmonie » (La Réunion)
Concours Films – Courts-métrages
- Hippocampe d’Or : Juan Vicente Leal pour « Artropoda Crustaceans » (Espagne) ; Hippocampe
d’Argent : Franck Fougères pour « One day in Yucatan’s Caves » (Corse) ; Hippocampe de Bronze : Serge Marizy pour « Les baleines 2022 » (La Réunion)
Concours Films – Longs-métrages
- Hippocampe d’Or : René Heuzey et Vincent Guillaume pour « Cachalots, une histoire de famille » ; Hippocampe d’Argent : Skander Bouderbala pour « Sur la trace des porte-épées du Pacifique ; Hippocampe de Bronze : Jean-François Barthod pour « Expédition Malpelo Seamounts
Concours Films – Films scolaires
- Hippocampe d’Or : Collège Boueni M’titi de Dzaoudzi – Labattoir pour « Naturoville & Pollucity » ; Hippocampe d’Argent : Collège de Chiconi pour « Le récif corallien »
Concours Films – Prix du Parc Marin : Collège de Chiconi pour « Le récif corallien »
Concours Dessins 13 -19 ans : Aël Morizon
Concours Dessins – Prix Jack Passe : Aysha-Kathy Sulleman
Recueil de nouvelles ou chronique romancée d'un Mahorais nommé Lodosomono, attachant et naïf ? Mais aussi, ana de pensées profondes : « Mieux vaut discuter avec un édenté que de se disputer avec un sourd » ? Ou encore contes revisités : « Le cavalier magique » ? Côté
anachronisme : « Ramsès II », « Machiavel », « La panthère rose » sont dans un jury désigné par « La Française des jeux ». Satire caustique : « Le Procureur pénal international souhaiterait le voir lapider »... Comment définir ces textes ? Les anachroniques de Mayotte sont tout cela à la fois, avec l'humour en bonus : « Judas Iscariote veut vendre le verdict à CNN pour la modique somme de 30 piastres... »
NASSUR ATTOUMANI ET SES ANACHRONIQUES DE MAYOTTE (4/10)
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
Le troisième texte bref des Anachroniques de Mayotte (2012) s’intitule « La Radio qui récitait le Coran ». À première vue, la nouvelle nous entraîne vers de nouveaux domaines. La technique remplace la nature et l’on entre dans la sphère de la religion. Il y a d’ailleurs lieu de se demander si la radio et le Coran, qui vont se rencontrer dans une mosquée, le feront de façon harmonieuse ou non. Trois fils conducteurs nous intéressent dans cette nouvelle et seront la matière de cette chronique.
Le premier est le rapport entre la radio et Mayotte. Cet objet technique, aujourd’hui banal voire désuet, constitue, dans la nouvelle, une haute technologie empreinte de modernité, ou plutôt un objet magique venu d’ailleurs :
« Par un de ces après-midis monotones de la saison sèche, un inconnu habillé d’une casquette avec des initiales N.Y., un blouson en jean, un pantalon en tweed bleu et des bottes noires arrive à M’tzamboro, la capitale du royaume. Personne ne sait d’où il vient. Personne ne sait comment il s’appelle. Personne ne sait pourquoi ses voûtes
plantaires l’ont amené jusqu’à M’tzamboro. Mais, peu importe. Comme le veut donc la coutume, les notables accueillent l’inconnu, le cœur ouvert. Ils lui font une place d’honneur sur les troncs de cocotier qui servent de bancs publics, sur le parvis de la Mosquée du Vendredi. […] À l’étranger, on offre un shijavu m’rasi, ce succulent coco à boire couleur omelette. Après avoir étanché sa soif, l’homme sans nom patronymique, sans direction fixe et sans adresse légale remercie ses hôtes, sort une caisse en plastique de son énorme sac à dos. Il la place devant lui, l’époussette et tourne un bouton. Alors… de l’intérieur de la caisse, des voix jaillissent et tombent en pluie, dans les oreilles ébahies des notables. Indicible miracle… Certains villageois, assis sur un tronc de cocotier, s’affaissent à la renverse. D’effroi, leurs corps tremblent. » (p. 47-48)
Le texte est ici véritablement anachronique, mêlant les temps à la façon d’un palimpseste. Le canevas est celui de l’arrivée d’un inconnu. Comme tout être qui vient de l’extérieur, il est assimilé à un djinn, un monstre menaçant. Il porte un accoutrement étrange et il n’a pas de nom. L’ironie est d’autant
plus intéressante que, pour un lecteur moderne, il s’agit seulement d’un jeune homme qui revient sans doute de métropole : un « je-viens-de ». Même s’il constitue la menace de l’irruption de la modernité, ou peut-être pour cette raison, il est accueilli et l’on tente de se concilier ses faveurs par des moyens traditionnels. L’étranger est détenteur d’un objet qui va abasourdir les Mahorais : une caisse en plastique munie d’un bouton d’où surgissent des voix. Ignorants de la technique occidentale, un tel objet est considéré, de façon magique à Mayotte, comme une boîte qui contient des esprits : « ‘Des djinns !!! Ils se cachent dedans’, s’égosille à s’arracher les amygdales, un vieillard aphone. Mais personne ne semble l’entendre. Et comme si cela ne suffisait pas, l’homme au blouson tourne un autre bouton. Aussitôt, les personnes enfermées dans la caisse élèvent la voix. Rires, exclamations et silences ponctuent leurs discussions. L’étonnement passé, le choc des voix est si brutal dans les cerveaux des villageois que les vieux fuient le banc public au pas de course. Ils s’engouffrent dans la mosquée, le seul endroit où les djinns rechignent à pénétrer. Pour parer au plus pressé, ils forment un cercle compact à côté de la niche de l’imam et improvisent un conciliabule. ‘Cet étranger est un grand magicien malfaisant. S’il a réussi à enfermer des personnes vivantes dans cette caisse minuscule qu’il tient sur ses genoux, il est capable d’en faire de même avec les notables de M’tzamboro, chuchote un des réfugiés. - Avant que cet inconnu n’hypnotise nos cœurs, ne brûle notre âme et ne réduise en cendres notre humanisme, il faut vite l’expulser de ce royaume, propose un autre. » (p. 48-49)
La citation qui précède permet d’entrer dans la mentalité traditionnelle de Mayotte qui se caractérise par la peur
de l’inconnu et de l’exogène ainsi que par le recours à l’autorité musulmane. Dès lors, la voix laïque de la technique est presque inaudible : « C’est une radio, leur explique pourtant ce dernier. Vous pouvez la toucher, la prendre dans vos bras et même l’accueillir dans vos maisons. Vous ne courez aucun risque. Je ne suis pas un magicien. » (p. 49-50). Mais bientôt, l’inconnu trouve un moyen de devenir un nouveau Mwarabu, l’homme arabe mythique qui aurait, le premier, introduit l’islam à Mayotte :
«
À la grande surprise de la population locale, après les informations, la radio récite une sourate du Saint Coran. La voix du récitant est sublime. C’est une voix arabe. Pour un musulman, rien n’est aussi beau que d'écouter un Arabe réciter le Coran. À cette époque de grande ignorance appelée djahiliya, par les religieux, le royaume de M’tzamboro compte parmi les royaumes les plus pieux de Mayotte. La renommée des sujets de Mwalimu Boro brille partout dans l’île, pareille à la calvitie d’un chauve décoiffé. ‘Laisse-moi inviter ce saint dans notre mosquée, implorent les vieux notables.’ » (p. 51)
Mais l’alliance de la technique avec la tradition et la religion s’avère fragile car la radio qui permet à Mayotte, d’entendre le Coran dans sa version arabe la plus pure et la plus poétique, ne diffuse pas que des programmes religieux, même une fois accueillie à l’intérieur de la mosquée. Il ne suffit pas de lui demander de chanter le Coran pour qu’elle le fasse et elle peut se mettre à crier quand on la dérègle. Finalement jugée diabolique, elle finit disloquée.
Christophe CoskerSPORT
Calendriers - classements - résultats
FOOTBALL
Régional 1
Journée 2
Jumeaux de Mzouazia 1–0 AS Rosador de Passamaïnty
USCEP Anteou 0–2 ASC Kawéni
Bandrélé FC 1–1 US Kavani
AJ Mtsahara 1–2 ASC Abeilles de Mtsamboro
FC Mtsapéré 3–0 Diables noirs de Combani
AJ Kani Kéli 4–1 Foudre 2000
Journée 3 – Samedi 3 juin à 15h
US Kavani – AJ Mtsahara
ASC Kawéni – AJ Kani Kéli
Diables noirs de Combani – USCEP Anteou
ASC Abeilles de Mtsamboro – FC Mtsapéré
Foudre 2000 – Jumeaux de Mzouazia
AS Rosador de Passamaïnty – Bandrélé FC
FOOTBALL
Régional 2
Journée 2
AS Sada 1–1 UCS de Sada
FC Majicavo 0–2 FC Chiconi
AS Bandraboua 0–3 FC Labattoir
Choungui FC 1–0 Tchanga FC
ASJ Handréma 1–1 FC Dembéni
AS Neige de Malamani 1–1 FMJ Vahibé
Journée 3 – Samedi 3 juin à 15h
UCS de Sada – AS Bandraboua
FC Labattoir – AS
FOOTBALL
Régional 1 féminines
Journée 1
de Mzouazia 10–0 Olympique de Sada
Pamandzi 1–3 ASJ Handréma
1–5 FC Mtsapéré
Journée 2 – Dimanche 4 juin à 15h30
FOOTBALL
Régional 1 Entreprises
Journée 2
OGC Tilt SOS 3–0 AS Département
AS Mlezi Maoré 1–3 ASC Sodifram
AS Police – Mairie de Mamoudzou
AS Colas – Mayotte air service
AS Emca – Entente CPSM
ASC Tamandjema VCB – AS Cuisibains
Journée 3 – Vendredi 2 juin à 18h
AS Département – ASC Tamandjema VCB
Mairie de Mamoudzou – AS Colas
Entente CPSM – OGC Tilt SOS Mayotte air service – AS Emca AS Cuisibains – AS Mlezi Maoré ASC Sodifram – AS Police
SPORT
Calendriers - classements - résultats
BASKET
76–84 Vautour club
78–67 Basket club
BASKET
Prénationale féminine
Fuz’Ellipse de Cavani 58–50 Basket club de
49–57 Fuz’Ellipse de
2022-2023 : Fuz’Ellipse de Cavani
HANDBALL
Poule haute masculins
Acoua 31–31 AJH Tsimkoura HC Bandrélé 0–20 TCO Mamoudzou
Tchanga Handball 30–33 CH Combani
ASC Tsingoni 45–16 Bandraboua HC
Champions 2022-2023: ASC Tsingoni
HANDBALL
Poule relégation masculins
Bouéni 30–31 AJH Koungou
Hand 30–34 HC Kani Kéli
Labattoir 32–31 Sohoa Handball
Sada 35–29 AC Chiconi
HANDBALL
Prénationale féminine
0–20 AJH Tsimkoura
HC Kani Kéli 19–23 Haima Sada
Championnes 2022-2023: ASC Tsingoni
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE
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# 1046
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Journalistes
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Première parution
Vendredi 31 mars 2000
ISSN : 1288 - 1716
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