Mayotte Hebdo n°1076

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LE MOT DE LA RÉDACTION

DIALOGUE DE SOURDS

Les jours passent et se ressemblent à Mayotte depuis le début du mouvement social qui paralyse l’île depuis le 22 janvier 2024. Les barrages sont toujours maintenus, les magasins se vident, les administrations sont toujours fermées, les entreprises enregistrent de grosses pertes, et les habitants de l’île commencent à se lasser. La population avait espéré un changement positif à la suite de la visite éclaire de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et de la nouvelle ministre déléguée chargée aux Outre-mer. Cela étant, le courrier promis et envoyé par le gouvernement ne satisfait pas les Forces Vives de Mayotte. Elles souhaitent renforcer le blocage car les conditions proposées par le gouvernement ne leur conviennent pas. Les initiateurs de ce mouvement ont retenu la leçon de la crise de 2018 et ne veulent pas commettre les mêmes erreurs. Cependant, à l’heure actuelle les différents partis (manifestants, gouvernement et élus) ont entamé un dialogue de sourds. Tout le monde parle, mais personne n’écoute ni ne comprend l’autre. La sortie de crise n’est visiblement pas à l’ordre du jour.. Bon courage à tous et bonne lecture.

Raïnat Aliloiffa

TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN Le premier quotidien de Mayotte Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île. Lu par plus de 12.000 personnes chaque jour, Flash infos vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre en plus un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.

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première parution : juillet 1999 — siret 02406197000018 — édition somapresse — n° Cppap : 0921 y 93207 — dir. publication : Laurent Canavate — red. chef : romain Guille — http://flash-infos.somapresse.com

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Les appeLs à projets de L'europe

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Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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Agression à TsimkourA

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Trois jeunes condamnés, donT un cousin de la mariée

Quinze arTisTes aTTendus sur scène pendanT Trois jours

première parution : juillet 1999 — siret 02406197000018 — édition somapresse — n° Cppap : 0921 y 93207 — dir. publication : Laurent Canavate — red. chef : romain Guille — http://flash-infos.somapresse.com

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Justice

AménAgement

Rien à déclaReR pouR cet habitant de chiRongui

les 82 chambRes de l’hôtel ibis style livRées

première parution : juillet 1999 — siret 02406197000018 — édition somapresse — n° Cppap : 0921 y 93207 — dir. publication : Laurent Canavate — red. chef : romain Guille — http://flash-infos.somapresse.com

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tchaks François-Xavier Bieuville, le nouveau préfet de Mayotte C’est officiel, Thierry Suquet quitte Mayotte après deux ans et huit mois passés sur le territoire. Il est remplacé par François-Xavier Bieuville. Avant sa nomination à Mayotte et son arrivée le 24 février, il a acquis une solide expérience en Outremer. Il a précédemment occupé la fonction de secrétaire général adjoint du haut-commissariat de la République en NouvelleCalédonie de 2005 à 2007. Il a également été un bref moment conseiller technique au cabinet d’Yves Jégo, le secrétaire d’État chargé de l’outre-mer de 2008 à 2009. Il a été ensuite directeur général de l’Agence de l’Outre-mer pour la Mobilité (Ladom), puis de la Fondation du Patrimoine. Intégré au corps préfectoral, il est sous-préfet dans le département du Nord depuis 2021, à Douai, puis à Dunkerque.

Une cellule psychologique au CHM pour soutenir les habitants Mayotte a traversé de nombreuses crises en peu de temps. Une situation qui peut être angoissante pour certains. C’est la raison pour laquelle le Centre hospitalier de Mayotte a mis en place une cellule d’écoute psychologique à destination de tous les habitants du territoire. Elle a pour objectif de « répondre aux demandes de soutien en lien avec la crise actuelle », précise la direction de l’hôpital. Des professionnels répondront aux sollicitations en français, shimaoré et kibushi. La cellule est ouverte 7j/7 de 8h à 20h. Elle est joignable au 02 69 66 58 25.

De nouvelles formations pour les jeunes avec le Crij Le centre régional information jeunesse (Crij) de Mayotte annonce que de nouvelles formations ont été référencées sur la boussole des jeunes de Mayotte. Cette dernière est une plateforme gouvernementale en ligne qui consiste en partie à aider les jeunes dans leur orientation et insertion professionnelle. Ces nouvelles formations peuvent permettre de devenir agent d’accueil, conseiller en insertion professionnelle ou encore de découvrir les secteurs du secrétariat, de la gestion ou du BTP (Bâtiment et travaux publics). Les jeunes Mahorais sont invités à se servir de la boussole (https:// boussole.jeunes.gouv.fr/pourquoi-la-boussole-desjeunes) pour être mis en relation avec le centre de formation voulu ou un conseiller.

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La première promotion mahoraise d’étudiants orthoptistes honorée Une rencontre prometteuse sur l'avenir de la santé à Mayotte s'est tenue ce lundi après-midi, dans les locaux de la Délégation de Mayotte à Paris, rassemblant des acteurs clés tels que l'association Unono wa matso, les étudiants orthoptistes et Madi Velou, le vice-président du Département de Mayotte. L'événement a mis en lumière une initiative exceptionnelle lancée en juin 2023 : la création d'une formation hybride destinée à ces futurs spécialistes de la rééducation des yeux 100% Mayotte. Celle-ci, dispensée conjointement par l'Université Paris Cité et l'Université de Mayotte, permet aux étudiants de bénéficier de l'expertise de professionnels de santé. Aujourd'hui, la première promotion a été accueillie avec honneur. Ces derniers bénéficieront d’un accompagnement tout au long de leur parcours afin de garantir leur réussite.

Le choléra fait plusieurs morts aux Comores En une semaine, l’épidémie du choléra a fait deux décès aux Comores, plus précisément sur l’île de N’gazidja (Grande Comore). Un troisième a été enregistré cette semaine. Malgré ces trois victimes, les autorités sanitaires comoriennes ne semblent pas inquiètent et affirment pouvoir maitriser la propagation de la maladie. Quatorze patients qui étaient contaminés sont guéris. Jusqu’alors, l’île d’Anjouan n’a enregistré aucun cas. Toujours est-il que les autorités font face à quelques difficultés d’ordre logistique et les médecins appellent à la plus grande vigilance. Pour rappel, tout est parti d’un bateau arrivé de la Tanzanie le 30 janvier et qui transportait des malades atteints du choléra.

Une formation de scénariste tous frais payés Et si la fiction devenait votre réalité ? Le concours d'entrée à l'école des scénaristes (CEES) organisé par France Zobda (Eloa prod) cherche ses talents pour intégrer le Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle (CEEA), basé à Paris, à la rentrée prochaine. Les candidatures sont ouvertes à tout habitant de Mayotte âgé de vingt révolus jusqu’au 29 février. Le lauréat verra ses frais de scolarité, de transport et d'hébergement entièrement financés. Un projet intitulé "Auteurs talents d'Outre-mer" initié par le CEEA. Contact au 06 64 76 37 46.


LU DANS LA PRESSE

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COMPRENDRE LA POLÉMIQUE SUR LE PROJET DE SUPPRESSION DU DROIT DU SOL À MAYOTTE Publié sur Le Monde, par Adel Miliani et William Audureau le 14 février 2024

Pour faire baisser les flux migratoires en direction de Mayotte, le gouvernement a annoncé vouloir revenir sur le droit du sol et diminuer le nombre de titres de séjour accordés. Une stratégie dont les effets restent encore à prouver. Dimanche 11 février, à Mayotte, face à la pression continue de l’immigration et la colère des habitants, le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, a annoncé des mesures « extrêmement fortes », dont la plus « radicale » est une révision constitutionnelle visant à supprimer le droit du sol dans le 101e département français. Depuis la loi asile et immigration de 2018, la législation impose déjà aux parents étrangers un minimum d’un an de résidence en situation régulière sur le sol français pour que leur enfant, s’il naît à Mayotte, puisse prétendre à la nationalité française. Gérald Darmanin entend aller plus loin encore : le fait de naître à Mayotte ne permettrait plus aux enfants de parents étrangers d’acquérir la nationalité française. Leurs parents ne pourraient alors plus recevoir de titres de séjour « vie privée et familiale », attribués aux parents de mineurs français résidant en France. Selon le ministre de l’intérieur, cette mesure vise à « coupe[r] l’attractivité qu’il peut y avoir dans l’archipel » et à « diminuer de 90 % le nombre de titres de séjour ». Ces annonces ont convaincu à droite et à l’extrême droite. « Je me réjouis que le gouvernement et l’Etat aient enfin compris qu’il s’agissait d’une mesure nécessaire à la survie de Mayotte », a applaudi le député Les Républicains (LR) de l’île, Mansour Kamardine, sur Franceinfo. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, et la tête de liste Reconquête ! aux élections européennes, Marion Maréchal, ont aussi affiché leur satisfaction, tout en souhaitant que le projet de suppression du droit du sol soit étendu à l’ensemble du territoire français.

A Mayotte, une pression migratoire en hausse constante L’annonce de Gérald Darmanin s’appuie sur le fait que la population à Mayotte connaît une forte croissance, relative à l’arrivée de nombreux migrants notamment. Les flux d’immigration sont difficiles à mesurer, parce qu’ils concernent en partie des immigrés clandestins, qui ne sont pas enregistrés par les autorités. Mais sur la seule partie légale, les chiffres ont bondi au cours des dernières années. Ainsi, en dix ans, le nombre de demandes d’asile déposées à Mayotte a plus que quadruplé, pour atteindre 4 000 par an. Dans le même temps, le nombre de titres de séjour est passé de 15 000 à 35 000. La plupart sont attribués à des Comoriens, dont le pays d’origine présentait en 2017 un PIB par habitant 8,5 fois inférieur à celui de Mayotte, selon un rapport du Sénat (6 fois inférieur en 2021, selon les données de l’Insee et de la banque mondiale).

L’attrait pour la nationalité française, un « fantasme » Malgré ce que peut dire Jordan Bardella sur le fait que « les Comores envoient des femmes accoucher à Mayotte », les chiffres issus d’une note de 2023 de l’Agence régionale de santé de Mayotte sont formels : seulement 11 % des Mahoraises arrivent dans ce département français pendant leur grossesse, et ce n’est

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pas forcément la perspective de donner la nationalité française à leur enfant qui les motive. « Ce sont des fantasmes de penser que les Comoriennes s’imaginent que c’est la voie royale pour devenir française, balaye Vittoria Logrippo, déléguée nationale de la Cimade pour la région océan Indien. Elles quittent les Comores pour venir accoucher à Mayotte puisque le système de santé dans leur pays est défaillant. » D’ailleurs, les demandes de naturalisation sont globalement stables depuis que Mayotte est devenue un département français, en 2011, et même en baisse depuis plusieurs années.

Un projet à l’efficacité et à la constitutionnalité douteuse Rien n’indique que la fin du droit du sol ait un impact réel sur l’immigration. Aucune étude démographique ou sociologique, à l’heure actuelle, n’a permis de démontrer un impact dissuasif des durcissements législatifs sur les personnes exilées. « C’est une imposture de faire croire que de priver les enfants d’avoir la nationalité va endiguer les flux migratoires, dénonce

Vittoria Logrippo. Le facteur d’attractivité à Mayotte, c’est l’accès à un territoire au niveau de vie largement supérieur par rapport aux îles autour, bien que Mayotte soit très pauvre au regard du reste de la France. » Un constat partagé par Anthony Goreau-Ponceaud, maître de conférences en géographie à l’université de Bordeaux, qui fustige des annonces « totalement idéologiques » et un nouveau glissement « du discours d[’Emmanuel] Macron vers la droite nationaliste ». D’après l’universitaire, spécialiste des réfugiés et des migrations forcées, « la crise essentielle à Mayotte n’est pas migratoire mais sociale, surtout pour les jeunes Mahorais qui connaissent des niveaux de déscolarisation, de chômage et de pauvreté particulièrement élevés ». D’un point de vue juridique, la suppression du droit du sol dans un seul département, Mayotte, pourrait aller à l’encontre du principe d’unité et d’indivisibilité de la République, a rappelé, mercredi 14 février, le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius. Elle remettrait ainsi en question le statut actuel de l’île hippocampe, de laquelle les Comorres revendiquent toujours la souveraineté.

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DOSSIER

Blocages à

le dénou

SUPPRESSION DU DROIT DU SOL À MAYOTTE, RÉVOCATION DU TITRE DE SÉJOU ET DÉMANTÈLEMENT DU CAMP DE MIGRANTS AFRICAINS DE CAVANI... CE SON MAYOTTE LA SEMAINE DERNIÈRE. MAIS LES FORCES VIVES S’INTERROGENT QUA MAIS CERTAINES MESURES NÉCESSITENT PLUS DE TEMPS. ET C’EST CE DERNIER

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à Mayotte :

uement ?

UR TERRITORIALISÉ, RÉDUCTION DU NOMBRE DE REGROUPEMENTS FAMILIAUX, NT LES MESURES ANNONCÉES PAR GÉRALD DARMANIN LORS DE SA VENUE À ANT À LEUR RÉALISATION, ET LES AVIS SONT MITIGÉS. RIEN N’EST IMPOSSIBLE ASPECT QUI DIVISE.

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DOSSIER

Marine Gachet

ANALYSE

UN BRAS DE FER LANCÉ ENTRE GOUVERNEMENT ET FORCES VIVES

ARRIVÉE AVEC DU RETARD (12H30, CE MERCREDI), LE COURRIER PROMIS PAR LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR ET DES OUTRE-MER, GÉRALD DARMANIN, ET LA MINISTRE DÉLÉGUÉE AUX OUTRE-MER, MARIE GUÉVENOUX, NE SEMBLE PAS AVOIR PRIS EN COMPTE L’ÉVOLUTION DE L’ACCUEIL DES ANNONCES FAITES DIMANCHE. LES FORCES VIVES, QUI PRÉSENTAIENT LES PROMESSES DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR COMME UNE VICTOIRE DIMANCHE SOIR, ONT DEPUIS EU LE TEMPS D’ANALYSER CES DERNIÈRES ET DE PRÉCISER LEURS CONDITIONS. LE GOUVERNEMENT, A PRIS SON TEMPS, LUI, MAIS NE SEMBLE PAS L’AVOIR FAIT POUR ADAPTER SES ENGAGEMENTS. la population présente lors de l’événement. Difficile de comprendre pourquoi ce texte de trois pages n’est pas parvenu à temps, alors que la tension autour du bilan de la visite ministérielle n’a fait que croître depuis dimanche soir.

Ni les ministres et ni les Forces vives ne semblent vouloir revoir leur position.

On peut aussi noter que la lettre est adressée aux élus et à la population, mais pas aux Forces vives, bien que ce soient elles qui aient exigé la mise à l’écrit des engagements pris dimanche, exigence jugée nécessaire lors d’une pause stratégique de vingt minutes pendant la réunion de dimanche au rectorat avec les ministres, comme nous le confiait Abdou Badirou, leader du mouvement, à son issue. Le courrier que le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, s’étaient engagés à produire au plus tard ce mardi soir s’est fait attendre jusqu’au lendemain midi. En plein congrès des Forces vives à Pamandzi (Petite-Terre), le manque de ponctualité de la missive a été perçu comme un manque de respect par les représentants du mouvement (voir par ailleurs. Ces derniers avaient initialement prévu ce congrès pour pouvoir étudier les engagements du ministre et discuter de la suite du mouvement avec

QUELLES NOUVEAUTÉS PAR RAPPORT À DIMANCHE ? La lettre reçue ce mercredi midi correspond aux annonces du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer ce dimanche. On apprend néanmoins que la fin du titre de séjour territorialisé sera incluse dans un projet de loi d’ « urgence pour Mayotte », qui sera présenté en conseil des ministres le 22 mai, soit une date plus précise qu’“avant l’été”. Peut-être une façon de montrer que la méfiance des Forces vives avaient été entendue, ces dernières ayant communiqué ce mardi sur

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leur volonté que la priorité soit mise sur cette mesure, qui doit, pour elles, ne pas être corrélée à la suppression du droit du sol afin de ne pas être portée par une « réforme constitutionnelle improbable ». La fin du droit du sol, qui monopolise les débats du côté de la métropole, semble demeurer la priorité, le symbole fort que veut mettre en avant le gouvernement. En effet, il s’agit de la première mesure développée dans la lettre. Or, les Forces vives semblent percevoir cette notion comme un bonus et ont bien rappelé que ce point ne faisait pas partie de leur revendication au départ. La fin du droit du sol ne semble tout simplement pas au coeur des préoccupations des Mahorais, a contrario de l’abrogation du titre de séjour territorialisé (qui n’arrive qu’à la fin de la lettre), comme ils le témoignent sur le terrain depuis le début du mouvement, qu’ils soient barragistes ou non.

QUELLES CONDITIONS POUR LEVER LES BARRAGES ? Les ministres Gérald Darmanin et Marie Guévenoux ont décidé de s’adresser à ce qui touche les manifestants en demandant la levée des barrages. Ils indiquent en effet qu’elle est nécessaire à « l’action des forces de l’ordre dans la lutte contre l’immigration irrégulière et l’insécurité ». Si cette levée est intimement demandée à la fin des trois pages, il semble qu’elle soit présentée comme la clef de la poursuite des efforts des ministres, avec cette dernière phrase au conditionnel : « Si les barrages sont effectivement levés, la ministre déléguée en charge des Outre-mer se rendra de nouveau à Mayotte dans les prochains jours afin de travailler sur l’ensemble de ces sujets avec les collectifs, les acteurs économiques et les élus ». En clair, l’avancée du projet de loi est conditionnée à la levée des barrages. S’il s’agit d’une mise au défi, les Forces vives semblent l’avoir entendue, ayant laissé entendre, à leur tour, lors de leur congrès ce mercredi, un durcissement des barrages. Comme elles le répètent depuis le début, cette fois-ci, le mouvement veut gagner. Alors que tout le monde entrevoyait une fin des blocages, un bras de fer semble s’être lancé à la place.

QUID DE WUAMBUSHU 2 ET DU « RIDEAU DE FER » ? Le texte se contente d’une phrase sur la deuxième phase de l’opération Wuambushu, n’apprenant rien de nouveau aux élus et à la population, ne fixant aucune date (c’était le cas pour le premier qui a finalement fuité dans la presse). Et le bilan dressé de la première phase de cette opération l’année dernière, en première page de la lettre, a de quoi laisser dubitatif les Mahorais. En effet, le courrier met en avant que « près de 25.000 étrangers en situation irrégulière ont été reconduits à la frontière » en 2023, année de lancement de Wambushu. Un chiffre, si non moindre, en tous cas pas supérieur à celui de 2022, de 25.380 reconduites à la frontière, d’après le bilan annuel de l’opération Shikandra publié par la préfecture de Mayotte. Pas plus de précisions non plus sur le « rideau de fer », qui

doit se composer de radars, drones et renforts militaires, annoncé dimanche dernier par Gérald Darmanin. En off, le ministre veut dissuader les navires transportant des migrants d’entrer dans les eaux territoriales.

QUAND LES ACTIONS VONT-ELLES S’ENCLENCHER ? À part la date précisée de la présentation du projet de loi désormais « d’urgence pour » Mayotte, on n’en sait guère plus sur l’échéancier que le gouvernement s’est fixé pour mettre un terme au droit du sol sur le territoire. On lit simplement que « le gouvernement va [y] mettre un terme à Mayotte » avant un paragraphe d’une douzaine de lignes sur l’impact de ce droit sur l’île, où il s’exerce déjà de manière restreinte, et sur la nécessité de le supprimer. Comment le gouvernement compte mettre en place cette mesure ? Quand les Mahorais pourront-ils espérer la voir devenir effective ? Des questions qui restent sans réponses à la lecture de cette lettre. Réponses qui auraient été les bienvenues au regard des critiques qui ont fusé à l’annonce de ce projet, pointant du doigt le risque qu’une loi en ce sens ne puisse pas être votée à la majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat, et encore moins passer l’étape du conseil constitutionnel. Les mises en place de la deuxième phase de l’opération Wuambushu, du « rideau de fer » ainsi que celle du renforcement de la lutte contre la reconnaissance frauduleuse de paternité ne trouvent pas non plus d’échéance. On sait simplement qu’elles se conjuguent au futur. Seuls effets immédiats, ceux de la loi Immigration et Intégration promulguée le 26 janvier 2024, restreignant le regroupement familial, les conditions d’attribution de titres de séjour aux parents d’enfants français et des peines plus élevées pour les passeurs. Immédiateté également pour le démantèlement du campement du stade de Cavani, prévu initialement sur deux mois, l’instruction ayant été donnée au préfet de Mayotte « de mettre un terme à cette occupation illégale sans délai ». Celui-ci a déjà commencé le jeudi 24 janvier. Le texte espère une accélération de ce démantèlement, une mission de hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer ayant été envoyée, en même temps que le ministre se rendant à Mayotte, dans « plusieurs pays d’Afrique continentale pour poursuivre les discussions sur des accords de transit et de retours des ressortissants présents illégalement [sur le territoire mahorais] ».

POURQUOI LE DÉPARTEMENT EST VISÉ ? Le courrier prend à partie le conseil départemental, lui demandant de soutenir l’action de l’État en participant à la maîtrise du foncier et à la lutte contre l’habitat indigne, mais surtout, en l’exonérant du paiement de l’octroi de mer « pour toutes ses activités régaliennes » et en rendant l’accès aux barges gratuit. Le passage quotidien des forces de l’ordre sur les barges a une incidence sur leur budget, mais jusque-là le Département fait la sourde oreille.

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DOSSIER

Propos recueillis par Audrey Margerie

INTERVIEW

ABDOU BADIROU DES FORCES VIVES :

« LES AVIS SONT PARTAGÉS »

LE MOUVEMENT DES FORCES VIVES DEVAIT ENCORE RÉAGIR AU COURRIER GOUVERNEMENTAL REÇU CE MERCREDI APRÈS LES ANNONCES FAITES PAR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR GÉRALD DARMANIN À MAYOTTE. SON PORTEPAROLE, ABDOU BADIROU, CRAINT QUE L’IDÉE D’UN DURCISSEMENT DES BARRAGES AJOUTE DES TENSIONS AU SEIN DE LA POPULATION ET DE LA CONFUSION DANS LA COMPRÉHENSION DE LEUR MESSAGE. INTERVIEW. Mayotte Hebdo : Vous avez annoncé un durcissement des barrages au congrès des Forces vives ce mercredi à Pamandzi. Qu'est-ce qui ne vous convient pas dans la réponse envoyée par le gouvernement ? Abdou Badirou : La revendication essentielle des Forces Vives est la fin du titre de séjour territorialisé. Ce n'était pas négociable et on était d'accord avec le gouvernement pour mettre en place un calendrier. Donc dans le courrier, il y a beaucoup de choses qui ont été rappelées mais la partie essentielle qui est la suppression du titre de séjour territorialisé est encore repoussée plus loin [au mois de mai, la proposition pourra être présentée au conseil des ministres pour l'intégrer dans la Loi Mayotte qui devra ensuite passer au Parlement]. Le courrier est arrivé mercredi en fin de matinée. Les membres n'ont pas eu le temps de commenter en plein congrès. Il fallait prendre un temps pour se réunir, discuter, étudier le courrier et l'analyser de manière sérieuse. Moi j'estime que si le courrier correspond à nos attentes, la décision sera prise de lever les barrages. M.H : À l'heure de cette interview, jeudi 11 heures, aucune décision officielle n'a été prise par le mouvement. Pourquoi ? A.B : Les avis étaient partagés lors du congrès. Mon point de vue c'est que ce n'est pas une réponse complètement à la hauteur de mes attentes. Et d'autres membres voulaient ajouter d'autres actions car l'Etat n'a pas

respecté le délai de réception du courrier sous 48 heures. D'autres personnes estiment que l'Etat est en train de faire perdre du temps. Les avis sont partagés. M.H : Pouvez-vous clarifier votre position personnelle ? A.B : Ma position est très claire, je ne suis pas syndicaliste, ni membre des collectifs, je suis du mouvement. Je suis satisfait de la réponse du ministre mais je n'ai pas été aux affaires du mouvement de 2011 et de 2018. Je ne sais pas comment les revendications ont été menées. Je ne sais pas ce qui a été fait. Mais moi sur le mouvement de 2024, j'estime que l'État a fait ce qu'il avait dit. Est-ce que cela a été fait correctement ou pas ? On peut en discuter pour arriver à ce que souhaite la population. Si on obtient 60 ou 80 % des revendications, on peut sortir de la grève et continuer le mouvement. M.H : Comment interprétez-vous cette division ? A.B : J’étais aux mouvements les années précédentes mais pas au premier plan, je ne participais pas aux réunions d'organisation, j'étais juste gréviste. Cette fois-ci, j'ai accepté de rejoindre le mouvement pour porter la voix et je ne sais pas ce qu'il s'est passé en 2011 et 2018. Les personnes qui sont dans le collectif se réfèrent à ce qui s'est passé avant. Mais ma position est claire. Nous avions une revendication principale qui était la clé des

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négociations et qui est acceptée par le gouvernement. Même si la réponse ne répond pas à 100% à nos revendications mais à 60 %, j'estime qu'on peut accepter de lever les barrages et d'arrêter la grève en négociant pour le reste. Mais je n'ai pas été trahi en 2018 or des gens estiment qu'on l'a été. Pour moi l'état a pris ses engagements, même si on a reçu le courrier après les 48 heures. Il faudra compléter plus tard. M.H : Entre les leaders des Fores Vives et les responsables des barrages, vous êtes nombreux. N’avez-vous pas peur que l'on s'y perde un peu avec autant de représentants ? A.B : Si, même si je ne le manifeste pas. Je pense qu’on aurait dû lever les barrages mercredi, ça aurait été la meilleure façon de faire. Cela va être compliqué de sortir de ce mouvement avec la tête haute. M.H : Il y a eu une évolution dans les demandes. Au départ, vous demandiez un interlocuteur pour être écoutés, puis la suppression du titre de séjour territorialisé mais pas dans la loi Mayotte, maintenant

l'état d'urgence sécuritaire, n'avez-vous pas peur que le message perde de la cohérence et devienne confus ? A.B : Si justement. Et c’est ce qui va faire que l'on va perdre en crédibilité, les choses vont changer. Il faut être prudents, demander au gouvernement de travailler vraiment sur l'immigration, que nos revendications soient écoutées. Je ne veux pas croire en la lune mais que les choses puissent s'améliorer. Dans un mois la ministre déléguée aux Outre-Mer mer doit revenir et on pourra demander encore d'autres choses. Mais le point fort aujourd'hui est le camp de Cavani qui doit être démantelé dans 10 jours. Il faut aussi que l'on continue pour que le titre de séjour soit levé, que ce soit dans la loi ou pas, cela n'a pas d'importance. J'ai dit il faut qu'on sorte de la crise avec la tête haute. Moi mon délai était jusqu'à mercredi. Je vais suivre le mouvement mais je ne pas confiance en la suite. M.H : Vous avez peur que cela vous échappe ? A.B : À un moment on n'a plus la force. Là on arrive à gérer, on ne brûle pas, on ne casse pas, il n'y a pas d'acte de vandalisme. Mais j'ai peur que ça dégénère.

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DOSSIER

M.H : Au congrès vous avez annoncé que les gendarmes ne passeraient plus les barrages… A.B : Oui c'est moi qui l'ai dit. C'était une façon de dire que l’on va serrer la vis. Mais ils doivent passer. Je me suis corrigé, les secours et les gendarmes doivent toujours passer. M.H : On est à plus de trois semaines de contestations. La rédaction a écrit sur les craintes économiques, sociales, sanitaires des conséquences de la paralysie de l'île, que répondez-vous à la population qui peut, pour toutes ces raisons, mal accueillir un durcissement des barrages ? A.B : On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Il y a une grève, il y a des dégâts collatéraux, c'est logique. Il y a des déchets pas ramassés, des magasins pas bien approvisionnés...

Les hôpitaux ne fonctionnent pas normalement mais il faut comprendre qu'ils ne fonctionnent pas normalement depuis de nombreux mois. La grève va juste compliquer encore plus le fonctionnement. C'est la raison pour laquelle il faut que les revendications des grévistes soient entendues. La population souffre. Le ministre de la Santé doit se bouger, le ministre de la Justice, doit se bouger pour les problèmes d'injustice à Mayotte, le ministre de l'Intérieur doit se bouger pour les problèmes de sécurité... Plusieurs ministères doivent se mobiliser. M.H : N’avez-vous pas peur que la population ne le comprenne pas et que cela mène à plus de tensions ? A.B : C’est exactement ma crainte. On était sur une thématique, un sujet. On a pointé le titre de séjour territorialisé qui pose problème à Mayotte. Tout le monde avait compris le

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message. Maintenant que l'état a fait son job, on vient ajouter d’autres revendications, cela va compliquer les affaires. Je l'ai déjà dit : j'ai peur, je souhaite que l'on quitte très vite ce mouvement de barrages. M.H : Finalement vous rejoignez la position de la députée Estelle Youssouffa qui demande la levée des barrages. Elle estime que c’est désormais aux élus de faire le travail. Etes-vous d’accord avec elle ? A.B : Oui. Je pense que ce mouvement avait toute son importance, c'est ce qui a fait qu'on a su rassembler et avoir une unité à Mayotte parce qu'il y avait un divorce. On a su faire venir les ministres et enclencher le départ du préfet Thierry Suquet qui a fait pourrir la situation dans le stade de Cavani. Moi j'estime que le mouvement a été bénéfique pour tout le monde. Mais maintenant chacun doit faire son travail et nous avons fait le notre. Je ne veux même plus lire ou commenter ce qu'il y a dans ce courrier. Chacun dans son secteur doit faire en sorte pour que ce que nous avons réclamé, eu, soit acté. Honnêtement, je dois retrouver mon activité professionnelle, familiale,

ma vie sociale. Je n'ai plus de temps à consacrer à ce mouvement. Je suis intervenu mais pas pour toujours. Maintenant ce sont les élus qui doivent faire leur travail. M.H : Est-ce que cel veut dire que vous n'êtes plus le porte-parole des Forces vives ? A.B : Je suis encore le porte-parole mais si on doit le changer, je serais pas contre. Si le mouvement persiste, je céderai ma place. Je pense que la population est contente, maintenant c'est la partie décisionnelle qui pose problème. C'est la première fois qu'à Mayotte on réussit à rassembler autant de monde en trois fois [Congrès à Tsingoni, manifestation à Mamoudzou et congrès à Pamandzi]. J'espère qu'on arrivera à respecter la bonne décision pour que le mouvement s'arrête. Quitte à reprendre d'autres actions selon le calendrier. Le combat ne doit pas s'arrêter, il doit continuer.

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DOSSIER

Propos recueillis par Raïnat Aliloiffa

INTERVIEW

SUPPRESSION DU DROIT DU SOL À MAYOTTE : POSSIBLE MAIS PAS FACILE

C’EST L’UNE DES MESURES PHARES ANNONCÉES PAR LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR ET DES OUTRE-MER, GÉRALD DARMANIN, LORS DE SA VISITE À MAYOTTE LE 11 FÉ-VRIER DERNIER. LA SUPPRESSION DU DROIT DU SOL À MAYOTTE SUSCITE DE VIVES CRITIQUES DE PART ET D’AUTRE DANS L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE NATIONAL. SELON LAURENT FABIUS, LE PRÉSIDENT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL, CELA POSE « LA QUESTION DE L’INDIVISIBILITÉ DE LA RÉPUBLIQUE ». ALORS APRÈS L’EFFERVESCENCE DE L’ANNONCE, BEAUCOUP S’INTERROGENT SUR LA FAISABILITÉ DE CETTE DÉCISION QUI NÉCESSITE UNE RÉVISION DE LA CONSTITUTION. MAÎTRE AH-MED IDRISS, AVOCAT AU BARREAU DE MAYOTTE, NOUS EXPLIQUE LES DIFFÉRENTS OBSTACLES QUE LE GOUVERNEMENT DEVRA PASSER AFIN DE SUPPRIMER LE DROIT DU SOL DANS LE 101ÈME DÉPARTEMENT DE FRANCE.

Mayotte Hebdo : Le ministre de l’intérieur et des Outre-mer a annoncé la suppression du droit du sol à Mayotte. Quels sont les principes du droit du sol ? Ahmed Idriss : La loi prévoit qu’un enfant né en France (y compris Mayotte) de parents étrangers devient français dès l’âge de 18 ans. C’est ce mode d’accession à la nationalité par la naissance sur le sol français qui est appelé communément droit du sol. Mais la jouissance de ce droit est soumise à plusieurs conditions rappelées à l’article 21-7 du code civil : « Tout enfant né en France de parents étrangers acquiert la nationalité française à sa majorité si, à cette date, il a en France sa résidence et s'il a eu sa résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d'au moins cinq ans, de-puis l'âge de onze ans. » Il ne suffit donc pas d’être né en France pour acquérir automatiquement la na-tionalité française ; encore faut-il justifier d’une résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d’au moins 5 ans depuis l’âge de 11 ans et y résider au

premier jour de ses dix-huit ans. Mais sous réserve de remplir la condition de résidence habituelle en France d’au moins cinq ans à partir de l’âge de 8 ans, les parents étrangers de l’enfant né en France peu-vent réclamer, de façon anticipée, la nationalité française au nom de leur en-fant dès que celui-ci a atteint l’âge de 13 ans. De la même façon, l’enfant, in-dépendamment de ses parents, peut réclamer la nationalité française dès l’âge de 16 ans s’il remplit la condition de 5 années de résidence habituelle en France. M.H : Le droit du sol a été adapté à Mayotte en 2018. Qu’est-ce qui a changé ? A.I : À Mayotte, la loi du 10 septembre 2018 est venue modifier les règles d’acquisition de la nationalité française en introduisant une condition supplé-mentaire spécifique à la mise en œuvre du droit du sol : désormais, l’un au moins de deux parents étrangers de l’enfant né à Mayotte doit être en situa-tion régulière, sous couvert d’un titre de séjour, depuis au moins trois mois consécutifs à

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la date de sa naissance (article 2493 du code civil). Il en va de même pour la mise en œuvre des procédures de réclamation anticipée (13 ans et 16 ans). Il s’agit là d’une adaptation opérée en application de l’article 73 de la Constitution pour faire face à la pression migratoire essentiellement en provenance des Comores comme l’avait soutenu le Sénateur Thani Moha-med Soilihi. M.H : Le gouvernement entend supprimer le droit du sol à Mayotte dans les prochains mois. Cette mesure n’est-elle pas anticonstitutionnelle ? A.I : Depuis la révision constitutionnelle du 28 mars 2003, l’article 73 de la Constitution dispose que « dans les départements et les régions d’outre-mer, les lois et règlements sont applicables de plein droit. Ils peuvent faire l’objet d’adaptations tenant aux caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités ». Lors du débat sur le projet de loi Collomb (2018) certains députés ont contesté les dispositions relatives à l’adaptation du droit du sol à Mayotte, sous pré-texte qu’elles méconnaissaient les principes d’indivisibilité de la République et d’égalité devant la loi. Ces mêmes dispositions étaient critiquées par des sé-nateurs au motif qu’elles méconnaîtraient notamment l’indivisibilité de la sou-veraineté nationale. Dans sa Décision n° 2018-770 DC du 6 septembre 2018 déclarant conformes à la Constitution les dispositions du projet de loi Collomb relatives à l’adaptation du droit du sol à Mayotte, le Conseil constitutionnel, après voir relevé que la collectivité de Mayotte est « soumise à des flux migratoires très importants » au regard de la « forte proportion de personnes de nationalité étrangère, dont beaucoup en situation irrégulière, ainsi qu’un nombre élevé et croissant d’enfants nés de parents étrangers », a considéré que de telles cir-constances constituent, au sens de l’article 73 de la Constitution, des « ca-ractéristiques et contraintes particulières » de nature à permettre au législa-teur, « de lutter contre l’immigration irrégulière à Mayotte, d’y adapter, dans une certaine mesure, non seulement les règles relatives à l’entrée et au séjour des étrangers, mais aussi celles régissant l’acquisition de la nationalité fran-çaise à raison de la naissance et de la résidence en France ».

On peut dès lors considérer que l’éventuelle suppression du droit du sol à Mayotte n’excéderait pas la mesure des adaptations susceptibles d’être justi-fiées par les caractéristiques et contraintes particulières sur le fondement du premier alinéa de l’article 73 de la Constitution. M.H : Quelle procédure le gouvernement doit suivre pour réviser la Constitution ? A.I : La révision constitutionnelle annoncée par le ministre de l'Intérieur est prévue par l'article 89 de la Constitution de 1958. En pratique, elle se fait à l'initiative du gouvernement qui doit d'abord présenter un projet de loi suppri-mant le droit du sol à Mayotte. Le texte est ensuite soumis au vote de l'Assemblée et du Sénat. Dans ce domaine, les deux assemblées parlemen-taires disposent des mêmes pouvoirs, ce qui implique que le projet ou la pro-position de loi constitutionnelle soit voté dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale et le Sénat avant d’être adopté par référendum ou par une majorité des trois cinquièmes du Congrès. M.H : Combien de temps faut-il compter pour que cela se fasse ? A.I : Il faut compter un délai de six semaines entre le dépôt du projet ou de la proposition de loi et sa discussion en séance est requis. La procédure accélé-rée n’est pas possible. Est également applicable le délai de quatre semaines entre la transmission du texte par la première assemblée saisie et sa discus-sion devant la seconde. M.H : Le gouvernement peut-il utiliser le 49.3 pour faire passer la mesure s’il n’a pas le soutien du Parlement ? A.I : Impossible pour la révision constitutionnelle du droit du sol qui exige une adoption par référendum ou par une majorité des trois cinquièmes du Congrès. Sources : - Constitution de 1958 - Code civil - CESEDA - Commentaire de la Décision n° 2018-770 DC du 6 septembre 2018

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DOSSIER

Samuel Reffé

POLITIQUE

LA FIN DU DROIT DU SOL À MAYOTTE DÉCHAÎNE LES PASSIONS POLITIQUES

DÉJÀ CONTROVERSÉE, LA RÉVISION CONSTITUTIONNELLE ANNONCÉE CE DIMANCHE PAR GÉRALD DARMANIN, MINISTRE DE L’INTÉRIEUR ET DES OUTREMERS, ET DESTINÉE À SUPPRIMER LE DROIT DU SOL À MAYOTTE EST FAVORABLEMENT ACCUEILLIE PAR LES ÉLUS POLITIQUES DE L’ÎLE AUX PARFUMS, MAIS DIVISE DANS L’HEXAGONE.

« C’EST UNE MESURE DEMANDÉE DEPUIS DES ANNÉES PAR LES ÉLUS DE MAYOTTE » Gérald Darmanin est « un homme d’action pragmatique » selon Mansour Kamardine, député Les Républicains de la circonscription de Mayotte. En annonçant que l’exécutif intégrerait à un projet de révision constitutionnelle la fin du droit du sol pour les personnes nées à Mayotte de parents étrangers, le ministre de l’Intérieur et des outre-mer a fait droit à « une mesure demandée depuis des années par les élus de Mayotte », salue le parlementaire. Mais cette révision constitutionnelle reste conditionnée à l’aboutissement d’une procédure stricte. En effet, elle « devra passer par le vote des troiscinquièmes du parlement », réuni en Congrès, a souligné Estelle Youssouffa, député de la 1ère circonscription de Mayotte. Après l’annonce, l’élue a de son côté déclaré qu’elle espère « démasquer les postures politiciennes des uns et des autres », voire « identifier les vrais faux amis de Mayotte ». « Il

va falloir voter dans le bon sens parce que c’est la demande de toute la population et de tous les élus au-delà de toutes les lignes partisanes à Mayotte », a-t-elle ajouté. Pour le sénateur Thani Mohamed Soilihi, l’annonce du ministre suscite forcément des questions. « La levée du droit du sol va intervenir dans quels délais ? Avec quelle majorité au parlement, voire au Congrès ? Quel serait son effet sur l’afflux massif de migrants, quand on sait que la modification législative de 2018 réfutant le droit du sol à plus de la moitié des naissances à Mayotte depuis 2013 n’a pas été rendue dissuasive ? », constate le sénateur sadois, qui s’interroge sur la rétroactivité ou non de la loi. « Je ne peux pas me positionner tant que je n’aurais pas des réponses à ces questions et à bien d’autres. »

LA GAUCHE OPPOSÉE Un travail de lobbying est déjà évoqué car, depuis l’annonce de cette mesure radicale, les réactions se multiplient dans le monde politique en France hexagonale. A gauche, le président du groupe des socialistes à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, a été un des premiers à monter au créneau. « Le droit du sol est déjà plus dur à Mayotte que

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En supprimant le droit du sol à Mayotte, le gouvernement veut réduire le nombre de candidats à l’immigration sur l’île.

« POUR RÉSOUDRE LES PROBLÈMES DE MAYOTTE, ON N'A PAS BESOIN DE MOINS DE RÉPUBLIQUE » dans le reste du territoire français. Ça n’a pas produit l’effet escompté », déplorait-il sur France Inter ce lundi matin. Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise, considère que le sujet a été déplacé. « Les Comores ont une responsabilité pour maîtriser la fuite de leurs populations, mais aussi qu'on les aide pour participer d'un co-développement. La situation, elle, ne sera pas simple. À mon avis, il faut travailler sur tous ces sujets en même temps », a fait valoir le député sur Europe 1. Et d’ajouter : « Je crois que pour résoudre les problèmes de Mayotte, on n'a pas besoin de moins de République, on a besoin de plus de République et donc certainement pas le fait d'entamer le droit du sol qui est un des piliers fondamentaux de notre République ». Sur X (ex-Twitter), l’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry abonde : « la Macronie attaque la conception même de la nationalité », après avoir « brisé le tabou de la préférence nationale ».

UNE MESURE RÉCLAMÉE PAR LA DROITE ET L’EXTRÊME-DROITE Pour Éric Ciotti, président du parti politique Les Républicains, « la chorégraphie reste inchangée depuis 2017 ». Il se justifie, détaillant les « conditions particulières » de l’annonce du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer : « le ministre de l’Intérieur annonce aussi la fin des visas territorialisés à Mayotte et ouvre les portes de la métropole aux détenteurs d’un titre de séjour sur l’archipel ». « C’est un bon début puisque ça fait maintenant vingt ans que nous réclamons la suppression du droit du sol pour l’intégralité

du pays. On progresse, mais je crains que la situation soit extrêmement mal engagée. Gérald Darmanin est venu à Mayotte constater l’échec de sa propre politique », jauge quant à lui le président du Rassemblement national, Jordan Bardella. « Mayotte, c'est le miroir grossissant et en accéléré de la France métropolitaine », commente sur France 2, Éric Zemmour, le président de Reconquête!, lui aussi favorable à la suppression du droit du sol pour tout le territoire et pas seulement Mayotte.

« IL VA FALLOIR VOTER DANS LE BON SENS » « DES DROITS DÉROGATOIRES QUI NE FONT QUE S’ACCENTUER » « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », rappelle la section régionale du Syndicat de la magistrature en citant le premier article de la Constitution. Dans un communiqué envoyé ce lundi 12 février, en réaction à l'annonce de Gérald Darmanin d'abroger le droit du sol à Mayotte comme réclamé par les Forces vives, le syndicat, qui avait déjà alerté sur l’amalgame qui peut être fait entre délinquance et immigration pendant l’opération Wuambushu, souligne « l'incohérence de l'hypothèse selon laquelle Mayotte serait un département français comme un autre alors que les droits dérogatoires, dont le droit du sol est l'exemple le plus criant, ne font que s'accentuer ». Pour garantir l'égalité à la prise en charge sociale, sanitaire et éducative de la population mahoraise, « y compris de sa part la plus vulnérable », la branche de la magistrature réclame une harmonisation du droit avec la métropole.

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DOSSIER

Marine Gachet

TÉMOIGNAGES

« CETTE FOISCI, JE NE ME RÉJOUIRAI QUE QUAND IL Y AURA DES ACTES »

GÉRALD DARMANIN A TENTÉ D’APAISER LES TENSIONS QUE VIT LA POPULATION MAHORAISE DEPUIS LE DÉBUT DES BARRAGES EN ANNONÇANT, CE DIMANCHE, PLUSIEURS MESURES POPULAIRES ET RÉCLAMÉES PAR LES FORCES VIVES DE MAYOTTE. MAIS LE NUMÉRO DE CHARME N’A PAS CONVAINCU. LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR ET DES OUTRE-MER AINSI QUE LE RESTE DU GOUVERNEMENT SERONT JUGÉS SUR LEURS ACTES ET NON LEUR PAROLE.

« C’ÉTAIT PAREIL EN 2011 ET EN 2018, ET ON S’EST FAIT AVOIR » Si beaucoup se sont réjouit le jour-même des annonces, à l’image des mani-festants place de la République, à Mamoudzou, au moment où les représen-tants des Forces vives sont venus leur annoncer la fin du titre de séjour terri-torialisé, l’excitation semble être vite retombée. Beaucoup semblent rester méfiants au lendemain des annonces du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Fin du droit du sol, fin du titre de séjour territorialisé et autres promesses ont été prises pour ce qu’elles sont par les habitants : des promesses. « Moi je suis content des annonces, mais j’attend qu’il y ait un engagement écrit », prévient un habitant de Tsararano ce lundi. « Ce sont des paroles. C’était pareil en 2011 et en 2018, et on s’est fait avoir. Cette fois-ci, je ne me réjouirai que quand il y aura des actes qui auront commencé à être mis en place », tempère, elle, Asma*. Et la crainte est compréhensible. Ils sont plusieurs à redouter que ces mani-

festations, comme celles de 2011 et de 2018, ne débouchent finalement sur aucun changement significatif. Et quitte à endurer la vie sur une île as-phyxiée, autant que le sacrifice en vaille la chandelle. Plus que la suppression du droit du sol, c’est celle du titre de séjour territoria-lisé qui est sur toutes les lèvres. « Ce n’est pas rien comme annonce celle de la fin du titre de séjour territorialisé. Mais je sens que ça va être long avant que ça se mette en place », nous confie Omar* un habitant de Mamoudzou. « Les Mahorais demandent la fin du titre de séjour territorialisé depuis le dé-but, c’est ça qui compte », affirme Asma. Yoann, qui a grandi à Mayotte mais est parti vivre en métropole il y a quelques années, a suivi attentivement la visite ministérielle : « Je pense que les annonces ne vont rien changer. On fait quoi des jeunes qui sont déjà là pour l’instant ? Il faudrait des mesures pour les accompagner, car s’ils som-brent dans la délinquance, c’est parce que leurs parents ne sont pas là et qu’ils n’ont pas de cadre. Et souvent ils sont français. » Omar aussi regrette que des annonces de fond sur le développement de Mayotte n’aient pas été faites.

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La population attend des actes rapides de la part du gouvernement. Photo d’illustration.

« J’ESPÈRE QUE LE GOUVERNEMENT NE VA PAS FAIRE QUE PARLER, MAIS AGIR, ET VITE ! » « IL VA FALLOIR QUE LES BARRAGES SE LÈVENT »

« Je ne sais pas quoi en penser. Mais il va falloir que les barrages se lèvent, ce n’est plus tenable », assure un automobiliste bloqué par la barrière dres-sée à l’entrée du village de Tsararano. « Je n’ai plus de gaz depuis deux se-maines. J’espère que le gouvernement ne va pas faire que parler, mais agir, et vite ! », s’emporte une des personnes de passage dans le village de la commune de Dembéni ce lundi pour tenter d’échanger sa bouteille de gaz vide contre une neuve auprès d’un magasin qui vient d’être livré après un mois de rupture de stock. La réception de la lettre de Darmanin tant attendue ce mercredi ne semble pas avoir simplifié les choses. « Il n’y a rien contre l’insécurité que vivent les gens actuellement dans ce courrier », déplore Yoann. « Il aurait fallu qu’ils parlent d’État d’urgence sécuritaire », déplore un internaute, comme plu-sieurs. D’autres ne comprennent pas pourquoi, la fin du titre de séjour territo-rialisé étant décrite dans le courrier, les barrages ne semblent pas vouloir se lever. *noms d’emprunt

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DOSSIER

Marine Gachet

TÉMOIGNAGES

DIALOGUE ENTRE GÉNÉRATIONS EN QUÊTE DE SOLUTIONS

JEUNES COMME MOINS JEUNES TRAVAILLEURS SONT TOUT AUTANT IMPACTÉS PAR LE MOUVEMENT SOCIAL QUI SECOUE L’ÎLE. NOUS AVONS ÉCHANGÉ ENTRE UN FILS ET SON PÈRE SUR LES SOLUTIONS QU’ILS PERÇOIVENT POUR SORTIR MAYOTTE DES CRISES QU’ELLE TRAVERSE.

« Pour mon travail c’est compliqué, il n’y a pas de salaire du coup. C’est soit on pioche dessus soit sur mes congés payés, et je ne veux pas les prendre. Pour janvier ça va parce que j’ai pu travailler, mais pour le mois de février, je n’ai pas fait un seul jour de travail », décrit Liam*, qui devrait passer désormais quatre barrages pour se rendre sur son lieu de travail, à Mamoudzou. Un salaire alimentaire qui va manquer au jeune vendeur de 26 ans qui est aussi en difficulté du côté de sa seconde activité. Également auto-entrepreneur, il se retrouve bloqué. « Je ne peux pas me déplacer sur les chantiers. Niveau sous, ça va être compliqué », déplore-t-il. Pris dans cette tourmente, Liam regrette le manque d’implication de l’Etat pour trouver des moyens de sortir de la crise : « Les solutions, ce n’est pas qu’elles manquent, mais l’État doit prendre ses dispositions et assumer que l’île de Mayotte est en difficulté. » Les différentes générations d’accordent là dessus. On entend le même son de cloche du côté de son père, Ibrahim*, 60 ans : « L’Etat doit prendre ses responsabilités ». Travaillant dans le domaine du BTP, ses chantiers à lui aussi se retrouvent bloqués. Coincé à Hajangoua, il ne peut plus travailler non plus. « Avec les moyens qu’à la France, on est pas capable de contrôler les frontières à Mayotte ? Chacun doit faire son boulot », indique-t-il à l’adresse des élus et du gouvernement, interpelés sur l’insécurité et l’immigration clandestine depuis des années par la

population et depuis plus de deux semaines par les barragistes. Ibrahim dénonce une situation qui empire d’année en année et qui ne reçoit pas de réponse efficace.

« NOUS SOMMES UN DÉPARTEMENT, IL FAUT APPLIQUER LES RÈGLES DÉPARTEMENTALES » « Concernant l’immigration clandestine, des dispositions fermes doivent être prises pour qu’il y ait un dialogue avec l’Union des Comores », estime le fils de son côté. « Car même si on amène tout le matériel possible et ferme les frontières, dès lors qu’un kwassa en difficulté est sur les eaux françaises, on ne peut pas laisser les gens dans la mer. Il faut avoir une position ferme et envoyer le message que Mayotte n’est pas une île de transition, il faut qu’on ai les infrastructures pour renvoyer ces personnes, avoir les accords adéquats avec tous les pays concernés, car on ne pourra pas accueillir tout le monde. » Pour le père, la fin du titre de séjour territorialisé est nécessaire. « Et il n’y a pas besoin de loi Mayotte. Nous sommes un département, il faut appliquer les règles départementales. Pourquoi La Réunion ou l’Alsace n’ont pas de loi spécifique ? Chacun doit faire son job, la décentralisation, on la connait depuis 1981 », indique celui qui ne s’étonne pas de voir les barrages se soulever en ce moment. « Les élus ont failli à leur mission, la population a pris le relais et c’est logique, la

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Les travailleurs des différents générations sont bloqués depuis le début du mouvement.

nature a horreur du vide. Les élus doivent jouer leur rôle de représentants légitimes de la population. » Pour une réponse adaptée à l’insécurité, Liam estime qu’il faudrait par exemple des centres et des foyers adaptés pour les jeunes. « Mais l’Etat n’investit pas. Il y a des associations qui s’en occupent, mais sur cent jeunes elles peuvent en prendre deux », regrette celui qui déplore également que les pelotons envoyés à Mayotte depuis la métropole ne puissent pas s’adapter aux problématiques locales. « Il y a les coupeurs de route, les banga, la forte immigration. C’est complexe. Il nous faut des unités spécialisées, entraînées et composées de gens locaux pour pouvoir encadrer et aider les jeunes. » L’insécurité inquiète le père de famille pour ses enfants : « Le plus petit, il va à l’école. Vous imaginez, vous, de voir des gendarmes devant les collèges ? Est-ce qu’on voit ça ailleurs ? On doit pouvoir aller à l’école et aller travailler en sécurité. » Ibrahim craint que la défaillance de l’Etat en matière de sécurité pousse les Mahorais à commencer à se défendre eux-mêmes. « Or Mayotte est pacifique, nous voulons rester en paix dans le girond français. »

DES BARRAGES D’ANNÉES EN ANNÉES

pour me rendre au travail. Cela me permettais de faire des économies, mais maintenant c’est vraiment difficile », déplore Ben*, 40 ans, agent de sécurité dans le sud de l’île. Ce dernier était également présent lors des barrages de 2011 et de 2018. Pour lui, c’est une histoire qui se répète. « Je pense qu’il n’y a pas de grande différence, c’est la même chose. À ce moment là, Mayotte était asphyxiée comme maintenant. » À la lumière des barrages précédents et pour sortir de cette crise, il pense que l’unité et le dialogue sont absolument nécessaires : « Il faut que les Mahorais, les Mzungu, les Anjouanais échangent tous ensemble. Ça concerne tout le monde. » De son côté, Omar*, un habitant du nord de 40 ans qui avait participé aux barrages de 2018, se souvient qu’à ce moment là, il y avait surtout un seul barrage pour toute cette partie de l’île, à Longoni. « L’ambiance était bonne enfant, comme en manifestation », se rappelle-t-il. En 2024, il y en a davantage et Omar n’y est pas encore allé : « Cette fois-ci, je peux être en télétravail, alors j’en profite pour m’occuper des enfants. » Comme beaucoup entendu et revendiqué par les Forces vives de Mayotte, la fin du titre de séjour territorialisé s’avère nécessaire pour Omar. *prénoms d’emprunt.

« Je souffre beaucoup de la situation par ce que je traverse plusieurs barrages. Avant j’utilisais mon propre véhicule

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LITTÉRATURE

LISEZ MAYOTTE

CINQ FEMMES (5/6)

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. La quatrième nouvelle des Cinq femmes (2006) d’Abdou Salam Baco s’intitule « La Femme qui était presqu’une amazone ». Le titre fait de cette nouvelle l’une des saillances du recueil car, dès lors que le propos est féminin, voire féministe, la référence au mythe de l’Amazone, qui donne le pouvoir aux femmes, ne saurait être indifférente. Comme dans la première nouvelle du recueil, Abdou Salam Baco pastiche James Baldwin pour présenter Dominique, alias Fanta : « Mon vrai prénom est Dominique, ce serait donc logique qu’on m’appelle Domi, et même, après tout, Dominique, puisque c’est mon vrai prénom. Mais pas du tout. On m’appelle Fanta, oui, oui, comme la boisson, et je suppose que ça aussi c’est logique d’une certaine manière. Et puis de toute façon j’aime bien entendre les gens m’appeler ainsi ; il y en a qui aime[nt] le fanta, d’autres non, c’est comme ça. Déjà que certaines personnes trouvent que Dominique est un drôle de prénom pour une musulmane. Mais moi je trouve que ce qui est drôle c’est d’être Français tout en étant musulman et noir. » (p. 92) Plus que dans le cas liminaire de Zayhatana, la méditation sur le nom est porteuse de sens. La féminité semble peut-être davantage contenue dans la pétillance de la boisson que dans le prénom épicène Dominique. En outre, la femme au prénom de boisson non alcoolisée - soda apprécié à Mayotte - problématise ce qui va ensemble et ce qui messied. On peut s’appeler et Dominique et être mahoraise. Il est plus difficile, selon l’hypothèse que nous avons éprouvée dans notre Petite histoire des lettres francophones à Mayotte (2015), d’articuler francité, islam et fait noir. Pourtant, dans la nouvelle, Fanta ne commence pas par être une Amazone, mais la spectatrice d’une grève :

« Quand je suis arrivé au bureau, la porte d’entrée était fermée. Des collègues étaient assis devant le portail, une banderole audessus de leurs têtes annonçait la couleur : ‘Le temps de l’esclavage est révolu. Halte aux pratiques discriminatoires. Directeur démission !’ » (p. 93-94) La raison de la grève est la survivance de la mentalité coloniale dans la société postcoloniale de Mayotte. Nous indiquons que le thème de la grève est présent ailleurs chez Abdou Salam Baco, notamment dans son roman intitulé Dans un cri silencieux (1993). On peut y voir à la fois une référence aux Bouts de bois de Dieu (1960) de Sembène Ousmane et une situation propice à l’exposé des maux de Mayotte. La nouvelle décline, dans la narration, les formes de discours qu’on trouve dans une grève : slogans de revendication, harangue des meneurs, tract syndicaliste. Nous en citons le fragment le plus significatif : « Le mépris et l’inconsidération, deux traits de caractère des racistes, ça suffit. Depuis trop longtemps que l’on nous chie sur la tête et sur les pieds [sic]. Depuis trop longtemps que n’importe quel va-nu-pieds vient essuyer ses pieds sales et puants sur la couverture de notre amour-propre [sic]. Depuis trop longtemps que des Dupont nous considèrent comme des moins que rien […]. Aujourd’hui, nous disons : ÇA SUFFIT, MKOLO NALAWE !’ J’étais tout simplement impressionné par le ton du discours. Bien sûr, rien de ce que je venais de lire ne m’avait étonné, puisque je vivais tout cela quotidiennement. C’est le fait d’avoir osé l’écrire et le distribuer [sic] qui m’étonnait, dans notre société où il fait subir et souffrir en silence. » (p. 98-99) La citation comporte la fin du tract en caractères italiques et la réaction de Fanta. Dans la première partie,

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on remarque la banalité du nom du mzungu, éminemment symbolique : Dupont. Mais ce qui surprend surtout est le dernier mot, placé en italique : mkolo nalawe. Traduction : que le colon s’en aille. Ce slogan, identifié à la Grande Comore, au lycée de Moroni, dès 1968, est symbolique de la lutte en faveur de l’indépendance. Il est, à Mayotte, tout à fait inattendu parce l’île est restée française à la suite de la décolonisation et a davantage promu le mot d’ordre : « Nous voulons rester Français pour être libres. ». Dans la deuxième partie de la citation, réaction à la première, on ressent, derrière le point de vue de la narratrice, celui de l’auteur lui-même. Mais Fanta reste un témoin d’une grève dans laquelle elle ne devient pas actrice. Elle se contente de regarder Madi avec des yeux doux, se souvenant qu’il a été son amant. Le présent malheureux se mêle ensuite au passé et la grève rappelle à la fois l’épisode de Bakari Koussou et celui de Mawana Madi. Ce dernier est le plus ancien et opère l’insertion d’un conte dans la nouvelle pour donner à comprendre la soumission de Mayotte : « Sa Seigneurie était bel et bien kidnappée pour être tuée, ainsi l’esclavage allait être aboli dans le royaume, et la vie allait y être différente. Après plusieurs jours de

captivité, les ravisseurs avaient enfin décidé de mettre à exécution leur plan. Quand ils sont allés chercher dans un trou Sa Seigneurie pour l’amener à la potence, elle leur donna un dernier conseil : faire en sorte que son sang ne se répande pas dans le royaume, car sinon la terre sera souillée à jamais. Mais les sujets-bourreaux ont pris Sa Seigneurie pour un fou, et l’ont exécuté sur le champs [sic], là, dans cette grotte sinistre et puante. Maudites soient leurs âmes. » (p. 130) Cette légende est à Mayotte, l’une des explications étiologiques de la colonisation de l’île. Quant à l’autre épisode, moins mythique qu’historique, il s’agit, en 1856, d’une autre mise à mort, celle Bakari Koussou, meneur alléguée de la seule révolte anti-coloniale à avoir eu lieu à Mayotte : « La dernière fois qu’une telle catastrophe avait frappé le pays, c’était au XIXe siècle ; une révolte des indigènes contre l’administration coloniale avait fait alors onze morts, tous des indigènes – des larmes pour leurs âmes ! – Depuis, il ne s’était jamais rien passé de semblable dans le pays. » (p. 126) Christophe Cosker

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Section 1 : Identification de l'acheteur Nom complet de l'acheteur : Ville de Koungou (976) Numéro national d'identification : Type : SIRET - N° : 20000881100016 Code postal / Ville : 97690 Koungou Groupement de commandes : non Section 2 : Communication Moyens d'accès aux documents de la consultation Lien vers le profil d'acheteur : https:// www.marches-securises.fr Identifiant interne de la consultation : 2 laveries solidaires L'intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil

d'acheteur : oui Utilisation de moyens de communication non communément disponibles : non Nom du contact : Mme ABDALLAH Daourina - Mail : daourina.abdallah@ koungou.fr Section 3 : Procédure Type de procédure : Procédure adaptée ouverte Conditions de participation : Aptitude à exercer l'activité professionnelle : Voir le règlement de consultation Capacité économique et financière : Voir le règlement de consultation Capacités techniques et professionnelles : Voir le règlement de consultation Technique d'achat : Sans objet Date et heure limite de réception des plis : Jeudi 29 février 2024 - 16:00 Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite Réduction du nombre de candidats : non Possibilité d'attribution sans négociation : oui

L'acheteur exige la présentation de variantes : non Critères d'attribution : Voir le règlement de consultation Section 4 : Identification du marché Intitulé du marché : Travaux de réalisation de 2 laveries dans la commune de Koungou. Classification CPV : 45000000 Type de marché : Travaux Description succinte du marché : Travaux de réalisation de 2 laveries dans la commune de Koungou. Lieu principal d'exécution : Commune de KOUNGOU Durée du marché (en mois) : 6 La consultation comporte des tranches : non La consultation prévoit une réservation de tout ou partie du marché : non Marché alloti : oui Section 5 : Informations sur les lots LOT : Lot1 -TERRASSEMENT-GROS OEUVRE-VRD Classification CPV : 45000000 Lieu d'exécution du lot : Village de Koungou, Longoni et Majicavo 97690

Koungou LOT : Lot 2 : MODULAIRESEQUIPEMENTS Classification CPV : 45000000 Lieu d'exécution du lot : Village de Koungou, Longoni et Majicavo 97690 Koungou LOT : Lot 3 : MOBILIER URBAIN-JEUX LUDIQUE Classification CPV : 45000000 Lieu d'exécution du lot : Village de Koungou, Longoni et Majicavo 97690 Koungou LOT : Lot 4 : ECLAIRAGE PUBLIC Classification CPV : 45000000 Lieu d'exécution du lot : Village de Koungou, Longoni et Majicavo 97690 Koungou Section 6 : Informations complémentaires Visite obligatoire : non Autres informations complémentaires : Voir le Règlement de consultation Date d'envoi du présent avis : 08 février 2024

AVIS D'AVIS PUBLIC À LA CONCURRENCE - TRAVAUX

Section 1 : Identification de l'acheteur Nom complet de l'acheteur : Ville de Koungou (976) Numéro national d'identification : Type : SIRET - N° : 20000881100016 Code postal / Ville : 97690 Koungou Groupement de commandes : non Section 2 : Communication Moyens d'accès aux documents de la consultation Lien vers le profil d'acheteur : https:// www.marches-securises.fr L'intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil d'acheteur : oui Utilisation de moyens de communication non communément disponibles : non Nom du contact : Mr Assani

Saindou BAMCOLO - Mail : commandepublique@koungou.fr Section 3 : Procédure Type de procédure : Procédure adaptée ouverte Conditions de participation : Aptitude à exercer l'activité professionnelle : Voir le Règlement de consultation Capacité économique et financière : Voir le Règlement de consultation Capacités techniques et professionnelles : Voir le Règlement de consultation Technique d'achat : Sans objet Date et heure limite de réception des plis : Lundi 11 mars 2024 - 16:00 Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite Réduction du nombre de candidats : non Possibilité d'attribution sans négociation : oui L'acheteur exige la présentation de variantes : non Critères d'attribution : Voir le Règlement de consultation Section 4 : Identification du marché Intitulé du marché : La réalisation des travaux d’aménagement de l’entrée et sortie du quartier DUBAI à Majicavo Koropa, dans la Commune

de Koungou. Classification CPV : 45112730 Type de marché : Travaux Description succinte du marché : La réalisation des travaux d'aménagement de l'entrée et sortie du quartier DUBAI à Majicavo Koropa, dans la Commune de Koungou. Les travaux comprennent (liste non exhaustive, fournie à titre indicatif) : Les installations de chantier, panneau de chantier, signalisation de chantier, études géotechniques complémentaires; Les travaux préliminaires pour dégagement des emprises ; Les travaux de démolition des ouvrages et constructions situés dans l'emprise des travaux ; Les terrassements généraux ; Le soutènement des terres ; La construction des chaussées, trottoirs et bordures ; L'aménagement des aires de stationnement ; La mise en oeuvre des réseaux secs et humides LOT : Lot1 -TERRASSEMENT-GROS OEUVRE-VRD Classification CPV : 45000000 Lieu d'exécution du lot : Village

de Koungou, Longoni et Majicavo 97690 Koungou LOT : Lot 2 : MODULAIRESEQUIPEMENTS Classification CPV : 45000000 Lieu d'exécution du lot : Village de Koungou, Longoni et Majicavo 97690 Koungou LOT : Lot 3 : MOBILIER URBAIN-JEUX LUDIQUE Classification CPV : 45000000 Lieu d'exécution du lot : Village de Koungou, Longoni et Majicavo 97690 Koungou LOT : Lot 4 : ECLAIRAGE PUBLIC Classification CPV : 45000000 Lieu d'exécution du lot : Village de Koungou, Longoni et Majicavo 97690 Koungou Section 6 : Informations complémentaires Visite obligatoire : non Autres informations complémentaires : Voir le Règlement de consultation Date d'envoi du présent avis 08 février 2024

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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédactrice en cheffe Raïnat Aliloiffa

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Couverture :

Blocage : le dénouement ?

Journalistes Raïnat Aliloiffa Alexis Duclos Saïd Issouf Marine Gachet Audrey Margerie Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0125 Y 95067 Site internet www.mayottehebdo.com

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