Mayotte Hebdo n°1087

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LE MOT DE LA RÉDACTION

DES PROMESSES EN L’AIR

À l’approche des élections européennes, les visites des candidats se multiplient à Mayotte. Ces responsables ou représentants politiques se souviennent qu’il existe un territoire loin du vieux continent, qui fait partie de l’Union européenne. Ils viennent quelques jours et découvrent la réalité de la population mahoraise qui vit dans la peur, le ras-le-bol, et la colère. Certains politiques se disent indignés, ils font des promesses, mais quand ils seront élus, penseront-ils encore à cette région ultrapériphérique ? Voudront-ils aider ces Mahorais qui les ont accueillis avec des colliers de fleurs ? L’histoire a prouvé qu’après des élections nationales ou européennes, Mayotte tombe rapidement aux oubliettes. Mais l’inverse est aussi vrai. L’Europe paraît bien loin pour les habitants de l’île aux parfums. Ces élections n’intéressent qu’une minorité des Mahorais, car les préoccupations sont ailleurs. Ici, on pense d’abord à rentrer chez soi en sécurité, à l’éducation des enfants ou encore à ne pas attraper le choléra qui s’installe sur le territoire. Les Mahorais n’ont pas le luxe de pouvoir penser à autre chose. Aveuglés par le désespoir et l’envie de s’en sortir, certains placent tous leurs espoirs dans des partis politiques qui ne feront rien pour Mayotte. Mais peut-on réellement leur en vouloir ? Ces politiciens disent exactement ce que les Mahorais veulent entendre et ça marche ! Fort heureusement, beaucoup restent encore lucides et savent que ce ne sont que des promesses en l’air.

Bonne lecture à tous,

Diffusé du lundi au vendredi 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.

Lu par plus de 12.000 personnes chaque jour, Flash infos vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre en plus un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.

(et cachet)

Rien à déclaReR pouR cet habitant de chiRongui Amén les 82 chambRes de l’hôtel bis style livRées de nos héRos Agression tRois jeunes condamnés, dont un cousin de la maRiée Quinze aRtistes attendus suR scène pendant tRois jouR tsoundzou 1, une pieRRe pouR l’aveniR les appel à pRojets couvRe-feu patRimoine mondial de l'unesco ? les juRidictions RenfoRcées paR sept nouvelles aRRivées stewaRds dans le yachting, une foRmation en deveniR pénuRies d’eau Pour vous abonner, il suffit de nous transmettre ce bon de commande, accompagné du règlement. OUI, je m’abonne + abonnement gratuit à Vous pouvez également vous abonner en ligne en vous rendant sur notre site internet à l’adresse www.mayottehebdo.com/abonnements pour la version numérique. Pour toute demande, contactez-nous : contact@mayottehebdo.com 180 € par an g 4100% numérique Bulletin d’abonnement Nom : …………………………….…..…….………Prénom : ………………………..……..………………….…………. Société - Service : ……………………………………………….……….……………..….….….….……...…..…………. Adresse : ……………………………………………………….………….……………….….….….….….…..…………. Code postal : ……………….….….….….… Ville - Pays : ……………….………….……………….…….....…………. N° de téléphone : ………………….………………..E-mail :…………..….….….….…....………….……….…………….. Règlement : c Chèque à l’ordre
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Le premier quotidien de Mayotte

tchaks

LE FILM « KOUNGOU » ÉTAIT EN AVANT-PREMIÈRE CE LUNDI

« J’ai pleuré, même sur des scènes que j’ai jouées », exprime, surpris et touché après diffusion, Jaloud Aboubacar qui incarne l’un des deux personnages principaux, Hakim, dans le film « Koungou ». Ce lundi 29 avril, lui, une partie des autres jeunes passés à l’écran ainsi qu’un premier grand public ont pu découvrir le film lors d’une avant-première. Dans une salle comble, l’équipe technique et l’un des deux réalisateurs, Naftal Dylan, étaient aussi présents. Tous les spectateurs ont applaudi et se sont levés, émus. Même le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, aurait fait une apparition. « On a tous un Abdel à protéger. On a tous aussi un Isaak à soutenir et à protéger. Et un Hakim à préserver », détaille un des participants du film dans une vidéo des coulisses projetée après ce longmétrage. Un film commandé par la mairie de Koungou qui traite de la délinquance juvénile et surtout, la possibilité de s’en sortir. « Ma fierté, c’est aussi d’avoir vu des jeunes de Koungou et de Majicavo tourner le film », réagit dans le même esprit d’optimisme un éducateur de la jeunesse dans la deuxième commune de Mayotte. « Merci, c’est ce Mayotte qu’on a envie de voir », déclare également la responsable communication de l’association Mlezi Maoré, Kassandrah Chanfi. « Souvent on oublie qu’on a besoin de gens pour accompagner la jeunesse », ajoute une autre personne du public. Le film sortira en salle officiellement au cinéma Alpa Joe, ce mercredi 1er mai. Puis jeudi au cinéma du pôle culturel de Chirongui. Il pourrait aussi être projeté dans plusieurs villes de métropole lors d’une tournée de deux à trois semaines, une fois le visa d’exploitation obtenu par le centre national du cinéma (CNC).

LE COURT-MÉTRAGE LAKA SÉLECTIONNÉ POUR LE PRIX UNIFRANCE À CANNES

Le court-métrage mahorais « Laka », réalisé par Germain Le Carpentier, et produit par Daniel Chebani, est sélectionné pour le 22ème prix Unifrance, qui se déroule pendant le Festival de Cannes. Unifrance est l’organisme chargé de la promotion du cinéma et de l’audiovisuel français à l'international. Un jury constitué de diffuseurs, d’exploitants et de cinéastes remettra plusieurs prix dans le cadre de ce concours le 23 mai, pendant le festival. « Après un passage très remarqué au Festival international du film de l’océan Indien, cette nouvelle marque un tournant dans l’histoire de notre département. C’est la première fois qu’un film mahorais représentera son territoire et sa culture sur la croisette », déclare l’équipe de production du film dans un communiqué. Le court-métrage sera diffusé dans le programme Outre-mer Tous Courts, le vendredi 3 mai, à 23 heures, sur Martinique la 1ère, puis sera disponible en replay sur la plateforme en ligne de France Télévisions.

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LES INTEMPÉRIES FONT DES DÉGÂTS CONSIDÉRABLES AUX COMORES

JOURNÉE D’INFORMATION, DE SENSIBILISATION ET

11 mai 2024

Musical plage 9h00 - 15h00

Le pays sous le choc après une semaine d’intempéries. Depuis le 26 avril, les habitants de l’Union des Comores sont sur le qui-vive après l’annonce du passage d’un cyclone au nord de Madagascar et dont l’influence a des effets dans les îles trois îles comoriennes. Les dégâts engendrés par les pluies de ces jours-ci ne sont pas encore évalués financièrement, mais leur ampleur devrait réveiller les autorités sur les dangers qui guettent de nombreuses localités à chaque fois que des intempéries frapperont. En 2012, les Comores avaient connu des inondations spectaculaires, accentuées par la fragilité des îles, qui font partie des pays les plus vulnérables face aux effets du changement climatique. En 2009, l’Organisation des Nations Unies avait classé les Comores parmi les pays à grand risque de catastrophes naturelles.

SANTÉ : UNE JOURNÉE DE SENSIBILISATION ET DU DÉPISTAGE DU CANCER

Le Centre régional de coordination des dépistages des cancers de Mayotte (CRCDC Mayotte) coorganise une journée d’information, de sensibilisation et de dépistage des cancers du sein, du col de l’utérus et de la peau. L’action aura lieu, le samedi 11 mai, de 9h à 15h, à Musicale plage, dans la commune « Les objectifs de cette journée sont de sensibiliser la population sur l'importance du dépistage précoce des cancers, proposer un dépistage (frottis et palpation) sur place au plus grand nombre, informer sur les risques d’exposition au soleil et de développement de cancer de la peau », informe le centre. Il y a ainsi un échange avec des professionnels de santé (dermatologue et sage-femme), un dépistage dans le camion Nouwam (frottis et palpation), des activités sportives et des animations (beach foot, tir à la corde, fitness, quiz sur les cancers, chasse aux trésors). Un stand d’information et de sensibilisation est également sur place. « La participation à cette action est ouverte à toutes et à tous. Nous encourageons la communauté à se joindre à nous lors de cette journée pour s’informer et se dépister. Cette journée est l’occasion de mobiliser notre communauté autour de la prévention et du dépistage précoce. Ensemble, nous pouvons faire une réelle différence dans la lutte contre cette maladie », fait observer le CRCDC Mayotte.

MARIE GUÉVENOUX À NOUVEAU À MAYOTTE CE JEUDI ET VENDREDI

Elle l’avait promis et elle l’a fait. Lors de sa précédente venue à Mayotte, la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux avait affirmé qu’elle reviendrait « dans un mois ». Elle est effectivement arrivée ce jeudi et repart ce vendredi. Il s’agit de son quatrième déplacement depuis sa nomination il y a trois mois. Elle est accompagnée de Sylvain Maillard, député et président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, de Christophe Naegelen député et président du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), et Blandine Brocard, députée et représentante du groupe Mouvement démocrate. Cette visite tourne autour de trois thématiques : le choléra, l’immigration clandestine, la délinquance et l’explosion démographique.

Ensemble contre les cancers DU SEIN DU COL DE LA PEAU Cancers Frottis Palpation Test produit Beach foot Fitness interventions professionnelles Tir à la corde Au programme
DE DÉPISTAGE CANCER

LU DANS LA PRESSE

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MAYOTTE, DESTINATION POLITIQUE

Publié sur Ouest-France, par Céline Bardy, le 29/04/2024

Si l’on peut se réjouir de l’attention récente portée à Mayotte par celles et ceux qui exercent des responsabilités, il y a aussi de quoi s’étonner que celle-ci soit sélective, souligne de Céline Bardy, rédactrice en chef déléguée à Ouest-France, en charge des outre-mer.

À moins d’y avoir des attaches, personne ou presque ne part en vacances à Mayotte. Le vol qui y mène, via La Réunion en témoigne.

Jusqu’à Saint-Denis (Réunion), l’avion est rempli de randonneurs déjà en tenue, quand la correspondance pour Mayotte est majoritairement empruntée par des forces de l’ordre ou de la protection civile. Un avantgoût du climat sur place donné aux rares voyageurs voisins.

Mais ces dernières semaines, le 101e département français est devenu une destination politique très prisée. L’immigration comorienne et, plus récemment, l’afflux de migrants venus d’Afrique de l’Est ont provoqué la colère d’habitants. L’occupation du stade de Cavani, transformé en camp de fortune, a fait déborder la coupe déjà bien pleine de Mahorais qui ne savent plus quoi faire de la misère.

Un ressentiment auquel se mêle aussi un ras-le-bol des caillassages et autres attaques pour vol. Là encore, les Mahorais le disent, la misère et le désœuvrement de jeunes livrés à eux-mêmes ne sont pas étrangers à ces phénomènes de délinquance. Alors pour protester contre les barrages qui visent parfois à attaquer les automobilistes, des collectifs d’habitants ont à leur tour monté des barrages. Cinq semaines durant, du 22 janvier au 29 février, ils ont bloqué les principaux axes routiers, embolisant l’activité de l’île.

C’est dans ce contexte que le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a annoncé la fin du droit du sol à Mayotte. Une mesure qui suppose de toucher à la Constitution et donc d’obtenir la majorité des voix de l’Assemblée nationale et du Sénat réunis. Le projet de loi, qui devait être présenté le 22 mai en conseil des ministres, sera finalement présenté à cette date aux élus du département, qui auront un mois pour l’examiner et faire des propositions au

gouvernement. « À l’issue de ce délai, le texte sera présenté au conseil des ministres », a précisé le ministère des Outre-mer mardi 23 avril 2024. Le chemin est donc encore long avant l’application de la mesure.

Attention sélective

Si tant est qu’elle trouve une majorité pour être votée car en attendant, elle crée des remous politiques. Deux députés de la majorité ont fait le voyage à Mayotte fin mars, Sacha Houlié (Renaissance) et Élodie Jacquier-Laforge (Modem). De retour, ils ont fait entendre une voix dissonante, qualifiant de « mirage » la fin du droit du sol. La semaine dernière, c’est la patronne des écologistes, Marine Tondelier, qui s’est rendue sur l’île avec deux parlementaires. Elle s’est dite « choquée » du dénuement dans lequel vivent les personnes expulsées du camp de Cavani et ce, alors que l’île craint une épidémie de choléra.

Enfin, dernier voyage politique en date, celui de Marine Le Pen, la présidente des députés Rassemblement national s’est mise en scène en tenue traditionnelle et a répété aux micros et caméras les mots de la rue en colère. Si l’on peut se réjouir de l’attention récente portée à Mayotte par celles et ceux qui exercent des responsabilités, il y a aussi de quoi s’étonner que celle-ci soit sélective. Elle se concentre essentiellement sur l’immigration, devenue un marqueur politique. En revanche, une annonce de la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, lors d’une visite sur place début avril n’a curieusement pas provoqué de réactions si promptes. Les coupures d’eau que les Mahorais ont subies pendant plus d’un an vont perdurer jusqu’en 2025 avant une « une situation de stabilité ». Une misère du quotidien qu’aucun responsable politique n’accepterait pour un département de l’hexagone.

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DOSSIER

Mayotte, terre d’asile ?

LES MAHORAIS ONT LA RÉPUTATION D’ÊTRE ACCUEILLANTS ET CHALEUREUX. UN INVITÉ EST TOUJOURS BIEN ACCUEILLI, TANT QU’IL RESPECTE L’ÎLE ET SES HABITANTS. MAIS DEPUIS QUELQUES ANNÉES, CES MÊMES MAHORAIS SONT ACCUSÉS D’ÊTRE RACISTES ET XÉNOPHOBES. LA FORTE IMMIGRATION CLANDESTINE A INSTALLÉ UN CLIMAT DE TENSION ENTRE LES NATIFS ET LES ÉTRANGERS. LA POPULATION COMORIENNE AINSI QUE CELLE VENUE DE L’AFRIQUE DES GRANDS LACS SONT PARTICULIÈREMENT POINTÉES DU DOIGT, CAR SELON CERTAINES PERSONNALITÉS PUBLIQUES, ELLES SONT LA CAUSE DU CHAOS À MAYOTTE. SONT-ELLES ACCUSÉES À TORT OU À RAISON ? LES AVIS SONT DIVERS ET VARIÉS. MAIS IL FAUT ÉGALEMENT RECONNAÎTRE QUE PARMI CES PERSONNES VENUES D’AILLEURS, CERTAINS S’INTÈGRENT PARFAITEMENT AU TERRITOIRE ET NE FONT PAS DE BRUIT, MAIS CEUX-LÀ ON NE LES VOIT QUE TRÈS RAREMENT.

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Récits

« Le coq ne sera jamais trouvé dans le village de l’autre »

NOMBREUX SONT LES COMORIENS QUI VIENNENT CLANDESTINEMENT CONSTRUIRE LEUR VIE À MAYOTTE. UNE INTÉGRATION AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ MAHORAISE VÉCUE COMME UN PROCESSUS DIFFICILE MALGRÉ LES ANNÉES ET L’IMPLICATION DES PERSONNES, ET QUI SE COMPLEXIFIE DANS UN CONTEXTE TENDU D’AFFLUX MIGRATOIRE. ARRIVÉS DANS CE BOUT DE FRANCE À DIFFÉRENTES ÉPOQUES, ILS TÉMOIGNENT.

« J’ai réussi à me faire une place grâce à ce que je suis devenu », livre Kassim*, né aux Comores et arrivé sur l’archipel à l’âge de 13 ans pour être confié à sa tante. « Mes parents m’ont amené par avion puis m’ont laissé ici. À l’époque je ne comprenais pas, maintenant je comprends », relate le jeune homme de 23 ans qui dit avoir « réussi » à devenir quelqu’un à Mayotte. Son parcours n’a pourtant pas toujours été simple nous explique-t-il anonymement par téléphone. « Arrivé au lycée, j’arrivais à peine à manger du riz tous les trois jours. » Aidé par ses camarades et une copine du village, il se convainc de s’accrocher, après s’être presque décidé à rejoindre ses parents aux Comores. Il espère s’envoler en métropole pour étudier après le bac mais il doit attendre de recevoir sa carte de séjour « alors que je voyais mes camarades partir étudier en métropole, La Réunion… » Des années sont passées, mais malgré les diplômes, son implication auprès de la population locale, son « intégration » dans un quartier mixte et une maison en dur, il sait qu’il ne sera jamais pleinement intégré dans la société mahoraise. Un constat largement partagé.

« Je suis investi dans le développement de mon village et dans un club de sport. Mais dès qu’il y en a l’occasion, on me fait sentir que ne suis pas des leurs », témoigne celui qui regrette l’adolescence, quand la question de son identité ne se posait pas et lorsqu’il n’entendait pas encore les remarques d’adultes dans son dos. Des discours qui s’inscrivent dans une société à bout de souffle face à l’immigration clandestine, l’explosion démographique et d’habitats informels, et face à la délinquance,

à Mayotte. Même si selon lui, il ne faut pas oublier que les Comoriens aussi se font agresser par les délinquants.

« Pendant un moment, le fait d’être toujours considéré comme un étranger me perturbait beaucoup. J’en ai parlé à mon père [qu’il considère comme un sage], et il m’a donné cette formule qu’on a aux Comores : « Le coq ne sera jamais trouvé dans le village de l’autre. » » Sous-entendu, explique Kassim, peu importe les efforts pour s’intégrer, « un étranger, même s’il possède un statut plus prestigieux, ne sera jamais honoré dans le village de l’autre. » C’est le cas des Comoriens à Mayotte, « même si beaucoup contribuent au

« AVANT C’ÉTAIT PLUS FACILE DE S’INTÉGRER,

MAINTENANT

DIFFICILE »

développement du territoire », relève-t-il, lui inclus. « Dans tous les cas les Mahorais ont raison, c’est eux qui sont à l’initiative d’être français, le pouvoir de disposer d’eux-mêmes et de leur avenir. »

Au 1er janvier 2024, la population de Mayotte était estimée à 321.000 personnes selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), soit une croissance de + 3,8 % par an en moyenne entre 2012 et 2017. Et « les trois quarts des bébés nés à Mayotte ont

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DOSSIER
C’EST

Lihadji, salarié depuis trois ans au pôle socio-culturel de la Régie territoriale de Tsingoni (RTT) à Combani, discute avec Zalihata, une femme comorienne, sur la terrasse de la structure. Pour elle, c’est devenu plus difficile qu’à son arrivée en 1998 de s’intégrer dans la société mahoraise.

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Balki Elisa, bénévole malgache, a habité dix aux Comores avant d’arriver à Mayotte. Elle vient à l’association pour éviter de penser aux difficultés du quotidien.

une mère de nationalité étrangère, principalement comorienne », écrit l’Insee.

NE PAS Y PENSER, NE PAS EN PARLER « SINON ÇA FAIT MAL À LA TÊTE »

Si dans les yeux de nombreux Mahorais, Kassim ne se sent donc pas être l’un des leurs, aux yeux de sa communauté, il n’est pas non plus comorien. « Car toi, tu as la belle vie, tu ne te poses pas la question de si tu vas manger du matin au soir », rapporte-t-il. Et en effet, tous ne suivent pas le même chemin.

« Les parcours de vie sont très différents. On peut habiter dans une maison en tôle et avoir un travail. Tout comme on peut habiter dans une maison en dur, et être dans une logique de survie », lâche Léa Bernardeau, coordinatrice à la Régie territoriale de Tsingoni (RTT), une association dont le pôle socio-culturel est basé à Combani. Ce village situé au centre de Grande-Terre est considéré comme « la capitale de Grande Comore », décrit Balki Lihadji, salarié depuis trois ans et le plus ancien de l’équipe. Il nous sert d’interprète pour communiquer avec une partie de la population comorienne venue discuter dans l’espace de vie de la RTT pour proposer des projets dans le village. Ce mardi 30 avril, plusieurs enfants jouent aux cartes sur la terrasse extérieure. La plupart d’entre eux n’est pas scolarisée. Des animateurs sont présents pour les occuper et orienter les adultes quant aux premières demandes de cartes de séjour et les tests de positionnement à réaliser pour scolariser les enfants.

L’une d’eux porte un bébé dans les bras. Elisa, bénévole, n’est pas Comorienne. Elle est née à Madagascar mais elle a ensuite habité 10

ans aux Comores. C’est en mars 2023 qu’elle est venue à Mayotte pour fuir son mari qui la frappait. À Madagascar, elle n’a plus qu’une grand-mère malade, tandis que sur l’île aux parfums, il y a le père de quatre de ses enfants. Elle vient avec ses trois autres nés aux Comores et son fils né à Madagascar. « Je volais pour acheter les couches du bébé et lui donner à manger », rapporte celle qui habitait alors, dans les premiers à temps à Mayotte, dans une maison en tôle, sans eau et éclairée à la bougie. C’est grâce à son caractère sociable et la vie de quartier qu’elle réussit à s’en sortir. On lui propose des « bricoles » : faire le ménage, laver des assiettes... « Je blague même avec la police municipale », détaille cette femme énergique, les cheveux coiffés en deux petits chignons. « Je viens à la RTT tous les jours quand je ne suis pas occupée, plutôt que de penser à comment je vais faire et ce qu’on va manger. Sinon, ça fait mal à la tête. » Elle reste persuadée qu’un jour elle] pourra « vivre normalement » C’est aussi l’espoir qu’a Chakila*, complètement enfoncée dans sa chaise. Sa traversée en kwassa-kwassa remonte à une semaine. Une fois arrivée, il a fallu patienter dans la forêt en attendant le jour pour emprunter un téléphone et, appeler son père malade, qui habite déjà à Mayotte pour des raisons de santé. La jeune fille de 13 ans n’attend plus que d’être inscrite dans une école, explique-t-elle en quelques mots à Balki Lihadji. Mariama*, du même âge, n’est pas très loquace non plus, ou ne sait pas vraiment quoi répondre aux questions. Elle est arrivée à Mayotte à 5 ans. Si elle n’en garde aucun souvenir, la traversée de ce petit bout d’océan Indien et les raisons du départ, sont, entre autres, des inconnues. « C’était pour les papiers et pour une meilleure vie », articule-t-elle en s’arrêtant là.

Rien d’étonnant à cela, rebondit notre traducteur qui a grandi à Combani : « Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas parlées ouvertement avec la famille. Le sujet est tabou et ce n’est pas dans la culture de parler avec ses enfants. Généralement les parents vont juste leur répéter de travailler à l’école pour avoir un avenir. »

« AVANT C’ÉTAIT PLUS FACILE »

Exactement comme l’a fait Zalihata, assise sur un canapé, en salouva rose et un foulard marron enroulé sur la tête. Cette mère de deux filles, dont celle de 22 ans qui est partie étudier en métropole, ne parle pas vraiment avec elles de son histoire et des difficultés qu’elle rencontre au quotidien. Elle nous montre sa carte d’identité, et sa carte de séjour, bien rangées dans un petit portefeuille, enroulé à l’intérieur d’un sac plastique et glissé dans

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DOSSIER
Balki Lihadji est la personne qui nous sert d’interprète, pour pouvoir dépasser la barrière de la langue.

un sac à main, auquel elle semble attachée, malgré la terre dessus.

Si elle est venue s’installer à Mayotte en 1998 après avoir quitté l’île d’Anjouan, c’est pour suivre son mari, duquel elle est désormais séparée. « J’entendais qu’il y avait de bonnes conditions de vie à Mayotte. J’ai vu après les choses qui n’allaient pas bien ici. Là où j’habitais, je n’avais pas l’habitude de voir de la boue comme ça, d’avoir les chaussures sales », se remémoret-elle calmement, des dents pointant en avant mais le sourire illuminant son visage. Dans sa maison en tôle à Tsingoni, des panneaux solaires sur le toit lui permettent d’avoir de l’électricité. Elle puise l’eau à la fontaine. « Avant c’était plus facile de s’intégrer. Maintenant c’est difficile.

«

IL

FAUT AVOIR

UN MORAL DE FER FACE AUX CLICHÉS SUR LES COMORIENS »

Je ne vais pas m’asseoir aux côtés d’un groupe de Mahorais parce que j’ai peur de la remarque « ah tu es née à Anjouan » », traduit Balki Lihadji. Depuis deux, trois ans, elle a pris l’habitude de se tenir à l’écart. « J’entends le cliché selon lequel des personnes comoriennes viennent foutre le bordel, je le vois à la télévision. Mais j’essaie de ne pas m’attrister, j’ai déjà des enfants à élever, je veux éviter d’avoir une maladie à la tête. » Elle aussi « bricole » à droite à gauche pour envoyer de l’argent à sa fille en métropole. « Au moins, elle pourra mieux s’en sortir que moi. »

« JE NE ME CONSIDÈRE NI COMORIENNE, NI

MAHORAISE. MAIS AU MILIEU »

Dans sa communauté, « certains voisins m’envient d’avoir les papiers et ne me parlent pas. « Pourquoi tu as les papiers, et pas moi ? » » D’autres en profitent pour lui demander des commissions comme partir faire des courses, sans le souci d’être arrêtée par la police aux frontières une fois sortie de sa zone d’habitats informels. Tandis que son inquiétude à elle est de se faire arrêter lorsque son titre de séjour aura expiré, le temps de le renouveler, pour ne pas laisser sa fille de 15 ans « livrée à elle-même ». Du coup : « Je ne me considère ni Anjouanaise, ni Comorienne, ni Mahoraise. Ni l’une ni l’autre, mais au milieu. »

« Historiquement, il y avait la société coloniale Bambao où tout le monde venait travailler, principalement les Grands-Comoriens », détaille Balki Lihadji, dont le sujet lui tient à cœur. Selon lui, à Miréréni, village frontalier de Combani, « c’est plus une population anjouanaise qui y habite ». Là où auparavant « c’était juste un terrain vague où les gens sont venus s’installer au fur et à mesure » « Souvent les deux populations cohabitent bien, mais ce que j’entends fréquemment des Mahorais c’est que les Anjouanais sont des voleurs de terrains, et les Comoriens, des vantards venus chercher les papiers pour partir en métropole », explique le jeune homme à qui sa mère lui a toujours dit que « tout le monde est pareil »

Le souci de ces clichés, c’est qu’ils calquent sur les conflits inter villages comme celui qui oppose Combani à Miréréni, « c’est le rôle des parents » « Certains jeunes entendent les remarques et prennent ça directement dans la tête. Quand j’entends un jeune de 9 ans dire celui-ci c’est mon ennemi, je me demande ce qu’il a entendu. » Pour cela il prône plus de mélanges, comme dès la primaire ou la maternelle, « plutôt qu’attendre le collège alors que les jeunes entendent depuis trois, quatre, cinq ans, que l’autre est l’ennemi ». Mais au pôle, assure-t-il, « on n’a pas de souci, tout le monde apprécie ce qu’on fait » Abdallah*, justement, un dernier Comorien anonyme que l’on écoute parler français au téléphone, ne souhaitait pas aller à Mayotte « par rapport au côté illégal ». Il est pourtant venu en 2013, convaincu une première fois par son épouse, pas rassurée d’accoucher aux Comores. « On est resté car elle avait déjà un enfant d’un premier mariage, né à Mayotte et resté chez son tonton. À l’époque il avait 13 ans et elle avait peur qu’il prenne un autre chemin, qu’il tombe dans la délinquance », déroule-t-il. Farci d’objectifs et « pacifiste », ce trentenaire créé une association, en lien avec l’environnement mais aussi avec les jeunes pour lutter contre la délinquance juvénile. Il leur créé aussi un club de football « pour leur faire faire du sport, leur faire la morale et de l’éducation civique ». Mais ça ne semble pas suffisant aux yeux de certains Mahorais.

« IL FAUT AVOIR UN MORAL DE FER FACE AUX CLICHÉS SUR LES COMORIENS »

« Quand je suis arrivé, ce n’était pas encore difficile de s’intégrer. Maintenant il faut avoir un moral de fer face aux clichés sur les Comoriens. Parfois ça me décourage », confie-t-il, surtout lorsque selon lui, il ne se sent pas bien traité dans le ton et l’attitude par des fonctionnaires à la préfecture et à l’hôpital. « Une fois j’étais présent, une femme a craché dehors sur la boue à l’hôpital. Une infirmière lui a dit : « Tu prends une boîte, mets ta salive dedans et envoie-là à Anjouan. » Ça m’a fait mal. Mais même les personnes nées ici, on les considère comme étrangères. »

La politique de lutte contre l’immigration clandestine notamment traduite par l’opération Wuambushu 1 et le deuxième volet intitulé « Place nette » par le gouvernement, qui se déroule depuis mardi 16 avril, ne va selon lui rien arranger. « Je comprends les revendications mais je ne partage pas la façon de faire », explique-t-il, conscient de la saturation de l’île au niveau démographique mais remettant en question l’efficacité des décasages et des expulsions. « Vous préparez le feu et quand ça brûle, c’est la faute des Comores », déclare-t-il.

« Les mamans en situation irrégulière ne reçoivent pas d’aides sociales et il n’y a pas de logement social. Elles se réveillent le matin pour nourrir les enfants. C’est difficile de s’en occuper. Ce sont des parents qui ont eux-mêmes pas reçu d’éducation pendant leur enfance et qui élèvent les-leurs avec les clichés qu’on leur donne », détaille-t-il. « Si les enfants se sentent toujours exclus du système, comment vont-ils grandir ? » n

*Les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat.

13 • Mayotte Hebdo • N°1087 • 03/05/20 24

TÉMOIGNAGES « Il n’y a rien pour moi ici »

DEPUIS LA FIN DU DÉMANTÈLEMENT DU CAMP DU STADE DE CAVANI, PLUS DE 300 MIGRANTS DORMENT À MÊME LE TROTTOIR À CÔTÉ. CES DERNIERS VIVENT DANS DES CONDITIONS INDIGNES, PRIVÉS D’EAU, DE TOIT, ET GRAPPILLANT DE LA NOURRITURE COMME ILS PEUVENT. SI L’ÉTAT COMMENCE À RELOGER CERTAINS D’ENTRE EUX, ILS SONT TOUJOURS PRÈS DE 200 À DORMIR À LA RUE.

« On n'en peut plus Madame, on va mourir ici. » Marie* est arrivée de la République démocratique du Congo au début de l'année 2023. Elle obtient le statut de réfugié quelques mois plus tard, alors qu'elle dort dans une des tentes de fortune du stade de Cavani, à Mamoudzou. Depuis la fin du démantèlement du camp le 22 mars dernier, elle dort sur le trottoir aux abords, comme plus de 300 migrants originaires de l’Afrique continentale. Parmi eux, Omar*. Lui a fui la Somalie, son instabilité politique et sécuritaire, pour arriver à Mayotte en décembre 2023. « J'ai laissé toute ma famille derrière moi », explique celui qui espère qu'un jour, sa décision lui permettra de financer les études de sa fille restée au pays. Mais il en est encore loin. En guise de lit, une natte qu'un

« JE NE VEUX
ÇA POUR

riverain lui a offerte pendant le ramadan, histoire de remplacer les morceaux de carton qui lui servait de chambre.

Un geste apparemment rare car la bienveillance envers les migrants de Cavani n’est pas toujours rendez-vous. La semaine dernière, une des façades de l'association Solidarité Mayotte, connue pour les accompagner dans leurs parcours de demande d'asile, a été victime d'un incendie, après des mois de tension à son encontre. « On le sentait venir », confie un riverain une fois les flammes éteintes le lendemain matin. La nuit suivante, les affaires des réfugiés et demandeurs d'asile jonchant encore le sol

à proximité sont à leur tour passées sous le feu. Cela finit d'expulser les migrants vivant habituellement à côté de l'association vers le stade.

Mais la peur est pesante là-bas aussi. Depuis un mois, ceux sans abris ne dorment que d’un œil. Plusieurs affirment avoir été victimes de vols et d’agressions. Omar s’est ainsi fait voler son téléphone, comme plusieurs autres personnes. « Je ne peux plus appeler ma femme et ma fille », soupire-t-il, davantage préoccupé par ce manque de contact que par la blessure à la jambe qui lui a été infligée lors de cette agression. Depuis le début de la semaine dernière, ils n’auraient plus accès à la rivière non plus, alors qu’il s’agissait de leur seule source d’eau. « Des délinquants nous empêchent de passer », affirme Margot*, qui tente tant bien que mal de cuisiner avec les moyens qui lui restent. Malgré la situation, ses deux enfants vont à l’école tous les jours. Mais la mère congolaise s’inquiète pour leur avenir. « À force de se faire agresser, j’ai peur qu’à son tour, mon adolescent tombe dans la violence, car il va penser qu’il n’a pas d’autre choix », s’inquiète Margot. « Je ne veux pas ça pour mes enfants. Je préfère encore rentrer au Congo. »

« JE VEUX RENTRER CHEZ MOI AU CONGO »

Marie est enceinte, et ne rêve que d’un hébergement, comme toutes les personnes campant dans la rue. « Si j’ai un logement, je pourrais me poser, réfléchir et trouver du travail », indique-t-elle. Une chose qu’a tenté de faire Victoria, mais en vain. « On ne veut pas des Africains dans les entreprises », affirme celle qui s’est résolue à faire du bénévolat dans une école primaire du quartier pour « se rendre utile ». Cette dernière a bien obtenu

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MES
PAS
ENFANTS » DOSSIER
« ON NE VEUT PAS DES AFRICAINS DANS LES ENTREPRISES »

un hébergement à M’tsamboro, où reste sa fille. Mais en semaine, la maman dort à côté du stade pour pouvoir assurer sa mission bénévole et se rendre au Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), où elle doit recevoir des soins pour une maladie cardiaque.

La semaine dernière, mercredi, la préfecture a organisé un recensement. En tout, ce sont 1 500 personnes qui se sont rendues sur le parking du stade dans l’espoir qu’une solution leur soit trouvée. Le vendredi suivant, une opération de nettoyage a eu lieu, emportant avec elle

« J'AI LAISSÉ TOUTE MA FAMILLE DERRIÈRE MOI »

3 tonnes de déchets, alias les affaires qui permettaient à la plupart des migrants de dormir un peu. En début de semaine, 300 sont encore là, à l’entrée du stade. Ce mardi, 110 migrants, notamment des femmes ou couples avec enfants, sont conduits vers des hébergements d’urgence, laissant les autres derrière. « S’il vous plaît Madame, je veux rentrer chez moi au Congo, comment je dois faire ? Il n’y a rien pour moi ici », appelait à l’aide Jaëlle*, que nous avions croisée aux côtés de Victoria quelques jours avant. Arrivée il y a quelques mois à Mayotte, cette dernière préfère rentrer dans son pays en guerre que de rester une nuit de plus sur le trottoir mahorais. n

15 • Mayotte Hebdo • N°1087 • 03/05/20 24
Les migrants du stade de Cavani dorment à même le sol depuis plus d’un mois. Les associations ont pris les noms et numéros étranger de chaque migrant aux abords du stade. Vendredi dernier, une opération de nettoyage a eu lieu aux abords du stade, laissant certains migrants sans palette, natte ou matelas. Près de 1.500 migrants originaires d’Afrique continentale ont été recensés la semaine dernière, beaucoup ayant rejoint ceux du stade dans l’espoir que cette opération leur apportent une solution.

interview

« Mayotte est un carrefour de différents peuples »

LA POPULATION MAHORAISE A ÉTÉ CRÉÉE GRÂCE À L’ARRIVÉE DE DIFFÉRENTS PEUPLES SUR LE TERRITOIRE. ILS SE SONT MÉLANGÉS, ONT COHABITÉ ENSEMBLE ET CELA N’A JAMAIS POSÉ DE PROBLÈME. MAIS DEPUIS LES TROIS DERNIÈRES DÉCENNIES, L’IMMIGRATION EST LA SOURCE DE TOUTES LES CRISPATIONS ET DES TENSIONS DANS LE DÉPARTEMENT. MLAILI CONDRO, LINGUISTE SÉMIOTICIEN QUI A LONGUEMENT ÉTUDIÉ L’HISTOIRE DE MAYOTTE, NOUS EXPLIQUE LE RAPPORT QU’ONT LES MAHORAIS AVEC LA QUESTION MIGRATOIRE.

Mayotte Hebdo : Peut-on considérer Mayotte comme une terre d’asile ?

Mlaili Condro : Lorsque l’on inscrit la question dans une perspective historique, Mayotte n’a pas toujours été une terre d’asile puisque des gens y ont été emmenés de force. Je parle notamment des esclaves et des engagés. Et même aujourd’hui, quand on parle de la migration, on peut se demander si elle est volontaire ou contrainte, dans la mesure où des personnes sont obligées de quitter leur pays parce que là où ils vivent, ce n’est plus vivable. Quand on parle de terre d’asile, le pays ou la région en question doit accepter ceux qui viennent d’ailleurs. Je dirais que Mayotte est plutôt une terre de rencontre. C’est un carrefour de différents peuples, qu’ils soient venus de force ou de plein gré.

Il fallait loger cette main d’œuvre et des villages étaient prédisposés à l’accueillir. Je parle notamment de Kaweni, Koungou, Dzoumogné, Combani, Miréréni, Kahani. Ces villages ont toujours gardé le lien avec l’origine de ces personnes venues, même si désormais, ils se considèrent mahorais. Aujourd’hui, on est plus susceptible d’être bien accueilli quand on va dans ces endroits.

M.H. : Après l’indépendance des Comores, une partie des Comoriens est venue s’installer à Mayotte. Est-ce que cela posait déjà problème à cette époque ?

L’histoire de l’île de Mayotte a été marquée par l’approvisionnement en main d'œuvre.

M.C. : Non cela ne posait pas problème puisqu’il n’y avait pas de visa. La notion de frontière à protéger n’existait pas encore. C’est ce fameux visa Balladur qui vient mettre en évidence la frontière et qui sépare l’archipel. Il exclut les Comoriens qui jusque-là circulaient librement, et il a fait prendre conscience qu’il y a des gens qui entrent. On a commencé à quantifier et lorsqu’on a constaté que le nombre ne cesse d’augmenter, cela a créé des tensions. Et puis il ne faut pas oublier que chez les voisins il y avait une certaine stabilité politique, même si c’était une dictature. La population n’avait pas à se déplacer pour chercher une meilleure vie ailleurs. Ils pouvaient cultiver leurs champs, il y avait

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ON A UNE IDENTITÉ QUI S’EST CONSTRUITE SUR LE REJET » DOSSIER
«

des investissements étrangers, et les jeunes pouvaient étudier chez eux.

C’est pour cela qu’ils ne se déplaçaient pas en masse durant cette époque.

« MAYOTTE N’A PAS TOUJOURS ÉTÉ UNE TERRE D’ASILE »

M.H. : Les Mahorais ont la réputation d’être un peuple accueillant. Est-ce réellement le cas ?

M.C. : Je pense que tout le monde est naturellement accueillant et cette ouverture à l’autre peut être mise à mal à cause d’un certain nombre de paramètres. C’est à dire que si j’ai de la place pour loger, que je mange bien, que ma vie est en sécurité, je n’aurai aucun mal à accueillir. Quand la terre devient l’objet d’appropriation, de privatisation et d’enrichissement alors on n’est plus dans la même disposition pour accueillir l’autre et sa présence devient problématique. À Mayotte, il y a aussi une histoire politique basée sur le rejet de l’autre. C’est-à-dire que « Je suis Mahorais parce que je ne suis pas Comorien ». C’est le principe même du « Non Karivendzé » (non, nous ne voulons pas) de Zéna M’déré. On a une identité qui s’est construite sur le rejet et cette immigration comorienne devient une menace. Aujourd’hui l’immigration qui vient de l’Afrique de l’Est devient aussi une menace, surtout si on pense qu’elle est organisée par le pays que l’on considère comme notre ennemi et qui est notre voisin. Malgré cela, les villages que j’ai cités au départ vont continuer à accueillir les étrangers non pas parce qu’ils aiment les gens, mais parce que c’est leur histoire.

M.H. : Avec l’arrivée des migrants africains venus du continent, les tensions entre les Mahorais et les étrangers sont encore plus palpables. Comment la situation peut-elle évoluer selon vous ?

M.C. : Cette migration africaine à Mayotte s’inscrit dans ce mouvement de la population du sud vers le nord. Nous sommes dans le sud, mais nous représentons le nord, la France, l’Europe. Ces immigrés ne viennent pas pour les beaux yeux des Mahorais, mais pour toutes les opportunités que représente le nord. Ces peuples du sud vont continuer à venir, car tant qu’il y aura la guerre dans leurs pays, tant qu’ils vivront dans la misère, ils continueront à se déplacer pour aller à des endroits où l’herbe est plus verte. Quand il est question de vie, les gens trouvent toujours un moyen de détourner les obstacles que l’on met sur leur route. Des milliers de personnes sont mortes en mer et pourtant, ça ne les arrête pas.

« TANT QU’IL Y AURA DES PAYS

DÉSTABILISÉS, LEURS POPULATIONS VIENDRONT »

Il y a des solutions qui sont faciles à accepter, car elles prônent la notion de rejet, mais elles ne sont pas forcément efficaces. On peut toujours dire que l’on va ériger un rideau de fer en mer, mais on se demande comment on va pouvoir le mettre en place. C’est compliqué de mettre en place une frontière maritime, car une fois que les personnes sont dans vos eaux, il faut les accueillir. Nous sommes dans un pays de droit, et il y a des lois qui protègent les étrangers.

De manière générale, tant qu’il y aura des pays déstabilisés, leurs populations viendront. La distribution des richesses dans le monde et le changement climatique, sont les problèmes d’aujourd’hui et les différents dirigeants du monde doivent s’unir pour trouver des solutions. Un pays ne peut pas régler le problème de l’immigration seul, de façon isolée. n

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interview

Hébergement : “ De manière générale, il n’y a pas beaucoup de places disponibles”

L’ASSOCIATION SOLIDARITÉ MAYOTTE FAIT PARTIE DES ASSOCIATIONS QUI ACCOMPAGNENT LES DEMANDEURS D’ASILE DEPUIS LEUR ARRIVÉE JUSQU’À L’ISSUE DE LEUR PARCOURS ADMINISTRATIF. SON DIRECTEUR, SÉBASTIEN DENJEAN, REVIENT SUR LES HÉBERGEMENTS ATTRIBUÉS À CES PERSONNES.

Mayotte Hebdo : L’association Solidarité Mayotte propose aux demandeurs d’asile des solutions d'hébergement d’urgence. Pouvez-vous expliquer votre mission ?

Sébastien Denjean : C’est plus compliqué que cela. Nous avons vocation à accompagner les gens tout au long de leur parcours de demande d’asile. C’est-à-dire accompagner les personnes sur le plan social, administratif et éventuellement l’hébergement. Nous disposons de plusieurs dispositifs d’hébergement dans lesquels on place les gens en fonction de l’évolution de leur parcours. Il y a des places pour les demandeurs d’asile, des places pour les gens qui ont obtenu la protection internationale et qui sont en attente du reste des papiers pour continuer leur parcours migratoire. Il y a des places d’hébergement d’urgence, des nuitées d’hébergement temporaire pour les personnes vraiment vulnérables qui arrivent. Et enfin il y aurait des places pour ceux qui sont tout près du départ, qu’on pourrait accompagner pour les aider à mettre en œuvre toutes les procédures pour pouvoir quitter le territoire. Donc ce n’est pas réservé uniquement aux demandeurs d’asile. On gère en tout plus de 500 places d’hébergement.

«

NOS TAUX D’OCCUPATION

SONT QUASIMENT TOUJOURS AU MAXIMUM »

M. H. : Les autorités et organismes répètent souvent que les places d’hébergement sont saturées. Est-ce le cas de votre côté ?

S. D. : C’est plein. Pour résumer, nous n’avons pas de marge de manœuvre parce qu’il y a des repositionnements de gens qui passent, comme je viens de vous le détailler, d’un dispositif à l’autre. Etant donné le volume de personnes qui sont dans la nécessité, nous n’avons pas de places disponibles. La durée de relogement est variable. Il y a des dispositifs de mise à l'abri en urgence pour trente jours, par exemple, avec les nuitées d’hôtel. Et il existe d’autres dispositifs qui sont renouvelables. On peut aller jusqu’à neuf mois d’hébergement. C’est vrai que, de toute façon, cela reste souvent insuffisant

18 • Mayotte Hebdo • N°1087 • 03/05/20 24
Propos recueillis par Marine Gachet
DOSSIER

par rapport à la durée des procédures qu’entreprennent les personnes pour aller jusqu’au bout.

« NOUS N’AVONS PAS DE MARGE DE MANŒUVRE »

M. H. : La situation a-t-elle toujours été ainsi ?

S. D. : Non. De manière générale, il n’y a pas beaucoup de places disponibles, nous sommes plutôt confrontés aux rotations que je vous détaillais précédemment. Il y a un flux de personnes qui passent d’un dispositif à l’autre. Nos taux d’occupation sont quasiment toujours au maximum.

M. H. : L’opération “Mayotte place nette”, lancée le 16 avril dernier et qui a prévu la destruction de 1.300

logements insalubres, nécessite des solutions de relogement, comme l’exige la loi Elan. Est-ce que cela vous inquiète quant à votre capacité d’accueil ?

« LA DURÉE DE RELOGEMENT EST VARIABLE »

S.D. : Non. À Solidarité Mayotte, nous sommes concernés par la demande d’asile. Nous sommes opérateur et partenaire de l’État sur l’accompagnement des gens en situation de demande d’asile, le reste n’est pas notre sujet de préoccupation. Nous ne sommes pas concernés directement par cette opération. Nous accueillons les personnes dans le processus de demande d’asile, d’où qu’elles viennent et qui qu’elles soient. n

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Une des façades de l’association Solidarité Mayotte, à Cavani (Mamoudzou) a été victime d’un incendie la semaine dernière. La nuit suivante, des affaires de migrants ont brûlé aux abords, provoquant le départ de ces derniers vers la rue du stade.

LES DÉFENSEURS DE LA BIODIVERSITÉ À LA RECHERCHE DU BON FINANCEMENT

Afin d’y voir plus clair dans les différentes options de financement possibles, le Parc naturel marin de Mayotte a convié des acteurs de la biodiversité, financeurs et porteurs de projets, autour de rencontres éclair. Un moyen pour plusieurs associations de savoir à quels dispositifs de financement sont éligibles leurs projets.

Pas toujours facile de s’y retrouver quand on cherche des financements pour un projet. C’est pour cela que le Parc naturel marin de Mayotte a organisé, ce vendredi, une rencontre entre les associations environnementales et les financeurs de projets, au M’haju, à Bandrélé. Et ce premier comité des financeurs de la biodiversité à Mayotte n’était pas qu’ouvert aux projets Ambassadeurs du lagon, dispositif lancé chaque année par le parc depuis 2017.

Huit partenaires financiers étaient présents, parc marin compris, dont l’Agence française de développement (AFD), l’Agence régionale de la Santé (ARS), la Banque des territoires, la direction de l’environnement, de l’aménagement et de la mer (Dealm) ou encore l’Office français de la Biodiversité (OFB). « L’idée est de faire des speed-meeting (rendez-vous éclair N.D.L.R.) pour que les porteurs de projets environnementaux puissent poser leurs questions sur les différents financements existant » , explique Guillaume Amirault, directeur délégué du Parc.

« On a eu cette idée en voyant les freins opérationnels et organisationnels qui se posaient sur le chemin des porteurs de projets » , ajoute Céline Maurer, déléguée territoriale océan Indien pour l’OFB, qui chapeaute le Parc marin. Chaque

partenaire présente dans un premier temps ses différents dispositifs de financement : appel à projets Temeum pour l’OFB, les demandes au fil de l’eau (sans appels à projets) pour le Parc Marin ou encore le Fonds vert P113 pour la Dealm. Le choix est vaste pour les représentants des associations présentes.

Des visages sur les porteurs de projets

Parmi elles, Ceta’Maore, le Groupement d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) ou encore Mayotte Nature Environnement (MNE). « Je suis venu pour récupérer des informations et prendre des contacts » , explique Émilien Dautrey, directeur du Gepomay, qui apporte, entre autres, le projet May’Refuge LPO (Ligue de protection des oiseaux), qui consiste à faire d’un terrain, comme un jardin, un refuge pour la biodiversité de proximité. De son côté, MNE est à la recherche de financements pour son projet Sentinelles de la Nature (application où le public peut signaler les atteintes à l’environnement) déployé il y a un an, ou encore pour un nouveau projet de préservation et de suivi du Cabot bouche ronde, un petit poisson présent dans les cours d’eau mahorais.

20 • Mayotte Hebdo • N°1087 • 03/05/20 24
Marine Gachet

« On a identifié trois cours d’eau où on pourrait, avec nos associations adhérentes, intervenir pour restaurer l’habitat de cette espèce et assurer son suivi » , détaille David Lorieux, chargé de communication pour la fédération d’associations environnementales. Dans l’espoir de faire naître ce projet, il se rend avec deux de ses collègues au stand du Parc naturel marin pour quinze minutes d’entretien. Résultat : le programme Bestlife 2030, qui a pour objectif de financer des

projets en faveur de la biodiversité dans les Outremer, et une demande de financement Au fil de l’eau pourrait convenir à ce projet.

Léna Lessard, juriste pour MNE, salue l’utilité de ce type de rendez-vous : « Cela permet de mieux s’y retrouver dans les différents dispositifs. Et surtout, ça permet de mettre des visages sur les financeurs et sur les porteurs de projets, qui restent souvent des dossiers impersonnels » n

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L’équipe de Mayotte Nature Environnement a voulu rencontrer le Parc naturel marin pour en apprendre plus sur les financements possibles pour un projet de préservation du Cabot bouche ronde. Émilien Dautrey, directeur du Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay), se prépare à ses speed-meeting. Guillaume Amirault, directeur délégué du Parc naturel marin de Mayotte, a accueilli les différents acteurs de la biodiversité, avec Céline Maurer, déléguée territoriale océan Indien pour l’Office français de la Biodiversité. Partenaires financiers et porteurs de projets étaient conviés au premier comité des financeurs de la biodiversité au M’haju, à Bandrélé

LISEZ MAYOTTE PATRIMOINES DE BRUNO DE VILLENEUVE

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

Bruno de Villeneuve publie son deuxième livre trois ans après, en 2007, sous le titre : Patrimoines. La tradition dans sa culture. Le lagon dans sa nature… Plusieurs évolutions frappent le lecteur. Le format a changé : le modeste recueil de nouvelles est devenu un livre d’un format à l’italienne plus ample et sur la couverture duquel on trouve une imposante bweni, femme dans la langue vernaculaire de Mayotte. Les éditions L’Harmattan ont laissé place à Ylang images, maison fondée par l’auteur. Les images ont pris une importance croissante par rapport au texte. Néanmoins, en dépit de ces ruptures, une continuité existe, signalée par le titre. Les aventures précédentes, qui indiquent un déplacement dans l’espace, ont laissé place au patrimoine qui se comprend davantage comme un mouvement dans le temps. Bruno de Villeneuve distingue deux sortes de patrimoine : l’un culturel et l’autre naturel. Le premier coïncide avec la tradition et le second avec le lagon.

En cette époque particulièrement sensible à une certaine compréhension du droit des femmes – extrêmement variable selon les endroits de la planète -, nous nous sentons presque obligé de dire un mot de la valeur du patrimoine, mot dans lequel on retrouve la racine souvent critiquée du père, comme dans le mot patriarcat. En effet, dans ce débat, on peut rappeler que la domination masculine est tempérée, dans l’archipel des Comores en général et à Mayotte en particulier, par la transmission des biens immobiliers aux filles, selon un « matrimoine » appelé manyahuli :

« La matrilinéarité s’est également manifestée dans un système de transmission des biens qui ne se trouve que dans l’île de Ngazidja et, dans un moindre degré, de Mwali, le manyahuli. Les biens immobiliser, manyahuli sont hérités en ligne maternelle, donc, de mère à fille. Ces biens n’appartiennent pas proprement aux héritiers, mais sont la propriété collective de la lignée, et sont souvent conceptualisés comme terre d’origine de la famille. Ainsi l’endroit dans une ville où la lignée s’est établie et où les fondateurs ont construit leur maison est considéré par tous les membres de cette lignée comme le ‘vrai’ manyahuli. » (Iain Walker, Comores : guide culturel (2009), Moroni, Komedit, 2020, p. 10) *

Mais revenons au deuxième livre de Bruno de Villeneuve. Il se compose de douze sections suivantes :

- « Mayotte et son mode de vie »

- « Mayotte et ses paysages »

- « Mayotte et son artisanat »

- « Mayotte et sa flore »

- « Mayotte et ses portraits »

- « Mayotte et ses couleurs »

- « Mayotte et ses loisirs »

- « Mayotte et son lagon »

- « Mayotte et ses vule »

- « Mayotte et sa faune »

- « Mayotte et ses traditions »

- « Mayotte et ses bangas »

Ces douze sections, qui scandent le mot Mayotte, confèrent au texte une sorte de rythme poétique qui alterne les formes du patrimoine culturel (modes de vie, artisanat, portraits, loisir, vule, tradition et bangas) et celles du patrimoine naturel (paysage, flore,

22 • Mayotte Hebdo • N°1087 • 03/05/20 24
LITTÉRATURE

couleurs, lagon, faune). Quantitativement, le patrimoine culturel est davantage représenté – est-il pour autant plus riche et plus complexe ou seulement mieux approfondi par l’auteur ? – que le patrimoine naturel. À l’intérieur de chacune de ces sections, l’esthétique de la carte postale succède à celle du poème. En effet, chaque page ou chaque double page se présente comme un assemblage de photographies. Et Bruno de Villeneuve d’y pratique une écriture de l’exotisme, conformément à notre hypothèse dans Exotique Mayotte. L’île aux parfums vue par les écrivains wazungu (2021) : « Mayotte est une île tropicale. Par cet aspect, elle répond, en partie, aux rêves stéréotypés associés à ce genre de petits paradis terrestres. Son éblouissant lagon et ses sentiers de randonnée,

son Mont Choungui et ses terres de couleurs raviront tous les amateurs du genre. »

Texte mais surtout images apparaissent ici au service d’une volonté encyclopédique de saisir Mayotte et l’on sait que L’Encyclopédie dirigée par Diderot et D’Alembert fourmillait de planches dont le but était d’illustrer le Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.

23 • Mayotte Hebdo • N°1087 • 03/05/20 24

Pouvoir adjudicateur

Ville de Koungou (976)

Daourina ABDALLAH

97690 Koungou

Tel : +33 269614242. Fax : +33 269628675. E-mail : daourina.

AVIS DE MARCHÉ - TRAVAUX

abdallah@koungou.fr

Adresse internet : http://www.mairiekoungou.com/ Objet du marché

Travaux d'aménagement de commerces modulaire à l'entrée Dubaï dans de la commune de Koungou.

Caractéristiques

Type de procédure : Procédure adaptée - Ouverte.

Il s'agit d'une procédure adaptée ouverte soumise aux dispositions des articles L. 2123-1 et R. 2123-1 1° du Code de la commande publique.

Lots

LOT N° 1 :

Description succincte Aménagement - VRD

LOT N° 2 :

Description succincte Gros-oeuvre

LOT N° 3 :

Description succincte Charpente / Couverture

LOT N° 4 :

Description succincte Equipement modulaire

LOT N° 5 :

Description succincte Menuiserie aluminium - Métallerie

LOT N° 6 :

Description succincte

Électricité

Durée du marché

Voir le Règlement de consultation et le CCAP

Modalités d'attribution

Voir le Règlement de consultation

Critères de sélection

Voir le Règlement de consultation

Date limite

Date de clôture : Jeudi 30 mai 2024

- 12:00

Autres informations

Voir les cahiers de charge

Date d'envoi du présent avis 26 avril 2024

TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN

Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.

Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.

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MAGAZINE D’INFORMATION

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Cavani M’tsapéré

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Directeur de la publication

Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com

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Rédactrice en cheffe

Raïnat Aliloiffa

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Raïnat Aliloiffa

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Direction artistique

Franco di Sangro

Graphistes/Maquettistes

Olivier Baron, Franco di Sangro

Commerciaux

Cédric Denaud, Murielle Turlan

Comptabilité

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Première parution

Vendredi 31 mars 2000

ISSN : 1288 - 1716

RCS : n° 9757/2000

N° de Siret : 024 061 970 000 18

N°CPPAP : 0125 Y 95067

Site internet www.mayottehebdo.com

# 1087
25 • Mayotte Hebdo • N°1087 • 03/05/20 24

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