LE MOT DE LA RÉDACTION
CARIBOU MONSIEUR LE DIRECTEUR
L’agence régionale de santé de Mayotte change de directeur. Olivier Brahic quitte Mayotte près de trois ans après son arrivée. Il laisse derrière lui une épidémie de choléra et un hôpital en manque de professionnels de santé. Son bilan est mitigé, car dans le domaine médical, la situation s’est dégradée et tout le monde jette l’éponge. Son successeur arrive dans un territoire en crise où il reste tout à faire. Même s’il semble être habitué aux situations de crise, arrivera-t-il à freiner la propagation du choléra ? Pourra t-il convaincre les professionnels de santé de s’installer à Mayotte ? C’est tout ce qu’on lui souhaite, mais force est de constater que ses prédécesseurs ont échoué. Plus on avance dans le temps et plus les problèmes s’accumulent sur le territoire. Bienvenue sur l’île aux parfums monsieur le directeur de l’ARS, Sergio Albarello. Profitez des beaux paysages, du magnifique lagon, car vous serez rapidement rattrapé par la dure réalité. Mais comme on dit chez nous, caribou !
Bonne lecture à tous,
Raïnat Aliloiffa
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Le premier quotidien de Mayotte
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
Lu par plus de 12.000 personnes chaque jour, Flash infos vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre en plus un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
(et cachet)
tchaks
SERGIO ALBARELLO NOMMÉ DIRECTEUR DE L’AGENCE RÉGIONALE DE MAYOTTE
L’ancien médecin-chef de l’Élysée, le docteur Sergio Albarello, devient le troisième directeur de l’Agence régionale de santé de Mayotte. Sa nomination a été confirmée au conseil des ministres de ce mercredi 26 juin. Il y remplace Olivier Brahic, qui est arrivé sur l’île aux parfums en novembre 2021. Plus politique que son prédécesseur, le nouveau directeur a officié auprès de l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, ainsi que les présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy. L’urgentiste militaire ne manque pas de dossiers lourds dans le désert médical mahorais. Le service des urgences du centre hospitalier de Mayotte fait face à une grande pénurie de médecins et le choléra, même s’il se maintient, continue d’enregistrer de nouveaux cas chaque semaine.
LA PRÉSIDENTE DE MAYOTTE A SOIF CONSIDÈRE LE RN COMME
DANGEREUX
La présidente de l'association Mayotte a Soif, Racha Mousdikoudine, a souhaité prendre position contre le Rassemblement national (RN) dans le contexte des élections législatives à venir les 30 juin et 7 juillet. “Nous rejetons fermement l’idéologie raciste, xénophobe et antidémocratique du programme du Rassemblement National”, écrit-elle pour commencer. Elle explique ensuite pourquoi elle considère que des députés RN pour Mayotte seraient dangereux pour l’île. Elle accuse le parti de ne pas proposer de solutions concrètes concernant l'illettrisme, la pauvreté, l’accès à l’eau ou encore le manque de formation. “En deux ans et demi de mandat, il est impossible de nous apporter rapidement des solutions pour toutes nos problématiques de façon démocratique”, insiste-t-elle. La présidente de Mayotte a Soif s’attarde sur la question des importations, que le RN souhaite limiter. “Mayotte dépend des importations alimentaires à hauteur de 76 % à 98 %. Si le RN limite ces importations, le coût des aliments de base augmenterait”, explique Racha Mousdikoudine. Elle ajoute que la volonté du RN de “couper les liens avec l’Europe” mettrait en danger les financements nécessaires à Mayotte pour développer ses infrastructures. Plutôt que de voter RN, elle enjoint à demander des comptes aux élus sur leurs actions contre la pénurie d’eau, la crise sanitaire et l’insécurité : “Refusons les candidatures opportunistes dépourvues de solutions concrètes et réalistes.”
LE REMMAT ALERTE SUR LES ATTAQUES DE TORTUES PAR LES CHIENS
Le Réseau échouage mahorais des mammifères marins et tortues marines (Remmat) a communiqué ce mardi sur la mort d’une tortue provoquée par une attaque de chiens. Le 5 juin dernier, une tortue marine femelle a été retrouvée gravement blessée sur la plage de la baie des tortues à Bouéni. Au regard de l’ampleur des blessures, le vétérinaire consulté a jugé que l’euthanasie était la seule solution. Les blessures à l’épaule que la tortue a subies sont caractéristiques des attaques de chiens. “Ce n’est pas un cas isolé”, affirme le Remmat. Il n’est pas rare que des groupes de chiens s’en prennent aux tortues en train de pondre, qui sont alors lentes et sans défense. Le réseau souhaite donc alerter sur la problématique des chiens errants et pointe du doigt l’absence de fourrière, le manque de vétérinaire et considère que des campagnes de stérilisation sont nécessaires pour endiguer ce problème sur le long terme. Le Remmat rappelle que des arrêtés préfectoraux interdisent la présence des chiens sur les plages de Charifou, Saziley, Moya et Papani. En cas de rencontre avec une tortue marine ou un mammifère marin piégé, blessé ou mort, il faut rester à distance et contacter le Remmat au 06 39 69 41 41 ou par mail à l’adresse remmat976@ gmail.com.
LES PRIX CONTINUENT D’AUGMENTER LÉGÈREMENT À MAYOTTE
L’Institut national de la statistique et des études économiques a publié une nouvelle étude sur les prix à la consommation à Mayotte. Ainsi, en mai 2024, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,4% sur l’île, en raison de la hausse des prix dans tous les secteurs, sauf celui des produits manufacturés, dont les prix ont baissé. Ainsi, en mai, le prix des denrées alimentaires a augmenté de 1,3%, sur la même lancée qu’en avril 2024, qui avait connu une hausse de 1,2%. Sur une période de 13 mois à partir d’avril 2023, les prix ont augmenté de 3,6% à Mayotte, contre 2,3% à l’échelle nationale.
RACHADI SAINDOU ET SALIME M’DÉRÉ PERDENT LEURS MANDATS
La carrière politique de Rachadi Saindou connaît un coup d’arrêt avec la condamnation par le tribunal correctionnel de Mamoudou du président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema). Ce mardi 25 juin, il écope de deux ans de prison dont un an avec sursis et de quatre ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. La sanction est moindre pour Salime M’déré. Le vice-président du Département de Mayotte est condamné à un an de prison dont six mois avec sursis et de deux ans d'inéligibilité, avec exécution provisoire. Il perd lui aussi son mandat.
LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
CHOLÉRA À MAYOTTE : PRÈS DE 200 CAS DEPUIS LE DÉBUT DE L’ÉPIDÉMIE
Publié par L’Express le 21/06/2024
Santé. Mayotte compte actuellement trois foyers actifs de transmission du choléra, tous dans la commune de Mamoudzou.
Le nombre de cas de choléra à Mayotte approche désormais les 200, selon un nouveau bilan communiqué vendredi 21 juin par l’agence sanitaire française, au lendemain d’un sommet mondial sur la production de vaccins en Afrique où Emmanuel Macron a appelé à « renvoyer le choléra au passé » « Au 18 juin 2024, 193 cas de choléra ont été signalés à Mayotte », dont 172 acquis localement et 21 « importés des Comores ou de pays du continent africain », indique Santé publique France dans un point épidémiologique hebdomadaire. Sur une semaine, 27 nouveaux cas ont été signalés, dont 17 le seul 18 juin, « lendemain de rassemblements à l’occasion d'(une) fête religieuse », ajoute l’agence. Depuis le début de l’épidémie, deux décès, dont celui d’une fillette de trois ans, ont été recensés dans l’archipel d’environ 320 000 habitants. Mayotte compte actuellement trois foyers actifs de transmission du choléra, tous dans la commune de Mamoudzou. Un nouveau foyer a été détecté dans le quartier Doujani, au lendemain des rassemblements pour la fête religieuse, selon l’agence.
« La transmission communautaire du choléra en cours dans la commune de Mamoudzou, et le risque d’importation de nouveaux cas d’Afrique ou des Comores, où la situation n’est toujours pas maîtrisée, notamment à Anjouan, exposent Mayotte à un risque de transmission locale à court et long terme sur tout le territoire », alerte SPF.
Ce risque est « particulièrement élevé dans les quartiers les plus précaires, tant que l’accès à l’eau potable et l’assainissement n’y sont pas satisfaisants ». L’archipel voisin des Comores touché depuis quatre mois par l’épidémie de choléra, a enregistré 134 morts et 8 734 cas cumulés, selon un bilan rendu public le 13 juin par les autorités de santé locales.
« Renvoyer le choléra
au passé »
Emmanuel Macron a appelé jeudi à « renvoyer le choléra au passé », alors qu’une épidémie frappe « durement la moitié de l’Afrique » et que le département français de Mayotte, voisin des Comores, est également « touché ». Le président français a annoncé qu’une « chaîne de production de vaccins contre le choléra pourra être déployée en Afrique » par le laboratoire sud-africain Biovac dont les investissements seront soutenus de « manière prioritaire » par un nouveau mécanisme financier.
Jusqu’alors, le sud-coréen EuBiologics est le seul fournisseur de vaccins oraux. Le français Sanofi a arrêté sa production fin 2022. La France a fait l’objet de critiques pour n’avoir pas pris les mesures nécessaires, principalement pour l’accès à l’eau potable, afin d’éviter une épidémie de choléra sur son propre territoire, à Mayotte.
Estelle Youssouffa
Sans étiquette
Mikhaël Saïfy Lutte ouvrière
Saïd Kambi
Sans étiquette
Aurélia Maillard
Reconquête
Les projets des candidats ?
(Partie 2)
LE 30 JUIN ET 7 JUILLET PROCHAINS, LES FRANÇAIS DEVRONT À NOUVEAU ÉLIRE LEURS DÉPUTÉS DE MANIÈRE ANTICIPÉE, SUITE À LA DISSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE. ALORS QU’AU NIVEAU NATIONAL, CERTAINS PARTIS DÉCIDENT DE S’UNIR ET D’AUTRE SE DÉCHIRENT, À MAYOTTE, CHACUN RESTE FIDÈLE À SA FAMILLE POLITIQUE. DANS LE 101E DÉPARTEMENT, DOUZE CANDIDATS BRIGUENT LES DEUX SIÈGES DE DÉPUTÉ : QUATRE DANS LA CIRCONSCRIPTION DU NORD ET HUIT DANS CELLE DU SUD. DANS LE PRÉCÉDENT NUMÉRO DU MAYOTTE HEBDO, NOUS AVIONS PRÉSENTÉ LES PROGRAMMES DE SIX CANDIDATS, DANS CELUI-CI NOUS VOUS PROPOSONS CEUX DES SIX AUTRES.
Manon Moreno Reconquête
Kira Bacar Adacolo USM/Nouveau Front populaire
Soula Saïd Souffou MDM Ahumad Salime Divers droite
Mansour Kamardine Les Républicains
Madi-Boinamani
Madi Mari Divers centre
Daniel Martial Henry Modem
Rassemblement national
Lisa Morisseau
Elections législatives : Inscription et procuration, mode d’emploi
DIMANCHE A LIEU LE PREMIER TOUR DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES, IL EST ENCORE TEMPS DES VÉRIFIER SON INSCRIPTION ET FAIRE SA PROCURATION. MAYOTTE HEBDO VOUS LIVRE LE MODE D’EMPLOI.
Il est possible de vérifier si l’on est bien inscrit sur les listes électorales. Pour cela, il faut se connecter en ligne sur le site [service-public.fr/particuliers/vosdroits/R51788]. Il permet de savoir sur quelle liste électorale l’on est inscrit, connaître l'adresse de son bureau de vote, connaître son numéro national d'électeur, savoir si l’on a des procurations en cours, télécharger son attestation d’inscription sur les listes électorales. Ce service est accessible avec FranceConnect ou un compte Service-public.fr. Il est également possible de contacter sa mairie pour vérifier que l'on est bien inscrite sur la liste électorale de sa commune.
COMMENT VOTER PAR PROCURATION ?
Il existe plusieurs façons de procéder. D'abord, il est possible de faire la démarche en ligne sur le site maprocuration.gouv.fr en s’identifiant grâce à FranceConnect. Ensuite, avec sa référence de dossier reçue par courriel et sa pièce d’identité, il faut se rendre au commissariat ou à la brigade de gendarmerie sans prendre rendez-vous pour valider la démarche.
Il est aussi possible de remplir un formulaire papier Cerfa, en se rendant directement au commissariat ou à la brigade de gendarmerie, toujours sans besoin de prendre rendez-vous, muni de sa pièce d’identité. Le formulaire est également disponible en ligne sur www.service-public. fr. Si vous ne pouvez pas le télécharger et l’imprimer, il est possible d’en faire la demande au guichet de l’autorité habilitée à établir la procuration. Pour donner procuration, il faut renseigner le numéro national d’électeur de son mandataire ainsi que son propre numéro national d’électeur
La troisième solution consiste à faire une procuration 100 % dématérialisée, mais pour cela, il est nécessaire de créer son identité numérique certifiée France Identité. Il faut d’abord faire la démarche en ligne avant de faire certifier son identité numérique dans une mairie.
Celui qui donne la procuration doit renseigner pour lui-même et pour son mandataire : l’état civil, la commune de vote et le numéro d’électeur. Ce numéro est inscrit sur la carte d’électeur, mais il est aussi possible d’accéder à ces informations électorales sur le site Service-Public.fr. Si, pour des raisons de santé ou de handicap, la personne ne peut pas se déplacer, il est possible de contacter le commissariat ou la brigade de gendarmerie par écrit en joignant une attestation sur l’honneur mentionnant l’impossibilité manifeste de se déplacer. Un policier ou un gendarme se déplacera pour recueillir la procuration.
Afin de tenir compte des délais d’acheminement et de prise en compte par la mairie, il est fortement recommandé d’anticiper sa procuration.
UN NOMBRE DE PROCURATIONS
QUI EXPLOSE
Depuis l’annonce de la dissolution et compte tenu de l’enjeu du scrutin, le nombre de procurations s’envole. Au niveau national, à la date du 23 juin inclus, soit une semaine avant le premier tour du scrutin, le ministère de l’Intérieur comptabilisait 1 377 105 procurations établies depuis le 10 juin. En comparaison avec les dernières élections législatives, entre J-20 et J-7 avant le premier tour, on comptabilise 5,9 fois plus de procurations.
Circonscription nord
Estelle Youssouffa « Se remettre au travail au plus vite »
ÉLUE DÉPUTÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS IL Y A DEUX ANS, DANS LA PREMIÈRE CIRCONSCRIPTION DE MAYOTTE, ESTELLE YOUSSOUFFA BRIGUE UN SECOND MANDAT DE PARLEMENTAIRE. ELLE ENTEND REMETTRE AU PLUS VITE SUR LA TABLE LE PROJET DE LOI MAYOTTE, DANS LA GLOBALITÉ DES DIFFÉRENTS SUJETS QU'IL TRAITE.
Si vous êtes réélue députée, qu’est-ce que vous feriez pour…
Limiter l'immigration irrégulière ?
Estelle Youssouffa : Il ne me paraît pas possible de faire de fausses promesses aux électeurs et aux électrices mahorais. L'issue de ces élections législatives est plus qu'incertaine et il est impossible de dire quelle sera la majorité à Paris, et même s'il y en aura une. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'il s'agit pour moi d'avoir l'honneur et la responsabilité de continuer la mission que m'ont confiée les Mahoraises et les Mahorais lors de mon premier mandat. C'est-à-dire remettre la loi Mayotte sur la table de travail avec le gouvernement qui sera formé à Paris, quel qu'il soit. Moi, je veux continuer à pousser nos dossiers, c'est-à-dire, dans la loi Mayotte, l'abrogation du droit du sol et l'abolition du visa territorialisé, qui permettront de mettre fin à la machine migratoire qui est en train de déstabiliser notre département.
Garantir une eau au quotidien ?
E.Y. : Je pense effectivement qu'il est urgent de continuer à travailler sur la production d'eau potable. Cela veut dire, enfin, aboutir à une retenue collinaire et une usine de dessalement qui ne détruisent pas notre environnement. Cela veut dire aussi travailler sur les énergies renouvelables pour cette production d'eau potable afin que la facture d'électricité ne soit pas hors de prix pour les foyers mahorais. C'est valable aussi pour la facture d'eau. Cela veut dire également travailler sur une logique de consommation d'eau potable qui distingue la consommation pour notre économie et celle des foyers particuliers. Il y a effectivement beaucoup de dossiers sur la table.
Renforcer la sécurité ?
E.Y : Comme tous les élus, je demande à ce qu'on reprenne l'opération Wambushu de manière massive et durable pour détruire l'habitat clandestin. C'est l'un des grands chantiers qui reste à faire sur cette question de la violence et de l'insécurité. L'accaparement des terrains publics est un vrai problème à Mayotte. On le voit, c'est un problème de sécurité et de santé publique.
Faire aboutir une loi Mayotte ?
E.Y : Je pense qu'il est important de remettre sur la table de travail à Paris les questions de santé, puisque l'hôpital s'est complètement effondré alors que l'épidémie de choléra tue de plus en plus sur l’île et que cette épidémie progresse. Il y a la question des rémunérations des soignants qui doit être complètement remise à plat pour que nos statutaires à Mayotte ne soient pas défavorisés par rapport à une logique de remplacement qui a pris des proportions complètement délirantes au CHM.
Améliorer l'attractivité du territoire ?
E.Y : Il y a de nombreux dossiers pour qu'on puisse enfin avancer et sortir de la crise, avoir un projet pour Mayotte qui nous permette d'avancer et d'avoir un horizon clair. Je pense que l'aéroport en Grande-Terre permet d'organiser tout un pôle économique majeur dans le nord avec une base militaire adossée au port de Longoni. Je pense que ce projet-là, que j'avais demandé dans la loi Mayotte, ne peut pas voir le jour tant qu'il n'y a pas un projet pour la Petite-Terre qui permette de sauvegarder la population sur place, puisque le gouvernement parle d'un danger naturel imminent avec le volcan. Et un projet économique aussi, puisqu'il y aura une perte d'activité avec la fermeture de l'aéroport actuel qui serait menacé d'effondrement et de tsunami selon le gouvernement. Il y a là un sujet, non seulement d'avoir une desserte pérenne pour Mayotte, mais aussi un plan de sauvegarde des populations et de l'économie en Petite-Terre. n
La biographie d’Estelle
Youssouffa
Estelle Youssouffa, 46 ans, est originaire de Mamoudzou. Elle est une ancienne journaliste. Elle a travaillé dans plusieurs médias nationaux et internationaux tels que LCI, TV5 Monde ou encore Al Jazeera. La Mahoraise fait parler d’elle en 2018, lors de la crise sociale qui a mobilisé Mayotte durant plusieurs semaines. Estelle Youssouffa devient une figure emblématique du mouvement et prend la tête du Collectif des citoyens de Mayotte. En 2022, elle se présente pour la première fois à des élections. Elle est élue députée de la première circonscription de Mayotte. Elle est sans étiquette, mais au sein de l’Assemblée nationale, elle siège avec le groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires).
Propos recueillis par Alexis Duclos
Circonscription nord
Saïd Kambi « Fin
du titre de séjour territorialisé sans rattachement à la fin du droit du sol »
EX-SUPPLÉANT D’ESTELLE YOUSSOUFFA, SAÏD KAMBI A CHOISI DE BRIGUER LE MANDAT DE DÉPUTÉ PAR LUI-MÊME POUR CES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DES 30 JUIN ET 7 JUILLET. ACCOMPAGNÉ DE YASMA ABOUDOU, IL SE PRÉSENTE DANS LA PREMIÈRE CIRCONSCRIPTION DE MAYOTTE.
Si vous étiez député, qu’est-ce que vous feriez pour… Limiter l’immigration irrégulière ?
Saïd Kambi : L’immigration n’est pas une fatalité. De tout temps, les hommes ont toujours bougé. Je suis pour la fin du titre de séjour territorialisé, comme le veulent les Forces vives. Je suis absolument contre le rattachement à la fin du droit du sol, comme l’ont promis la députée et Gérald Darmanin. C’est inconstitutionnel et on sait à quel point c’est difficile de faire changer ça. Cette promesse relève de la manipulation. Autre point important, je ne vois pas pourquoi on
priverait un enfant de la nationalité si celuici partage les valeurs de notre république.
Renforcer la sécurité ?
S.K. : Là aussi, il faut apaiser les choses. La politique a chauffé à blanc toutes les communautés. Il y a cette peur d’être agressé ou de n’être jamais en sécurité. Il faut d’abord que Mayotte entretienne des relations avec nos voisins. La France doit avoir une position claire par rapport aux Comores. Il faut qu’on intègre les instances régionales pour avoir enfin une région apaisée. Il faut lutter contre les marchands de sommeil, c’est une nécessité absolue, tout comme empêcher l’occupation illégale des terrains en misant sur la prévention. Le délai de flagrance de 48 heures pour les nouvelles occupations a été modifié pour passer à 96 heures à Mayotte. L’État doit accompagner les polices communales pour qu’elles puissent faire respecter cette mesure. Il doit y avoir aussi une meilleure collaboration des forces de l’ordre. La lutte contre les reconnaissances frauduleuses de paternité est aussi importante. Dans les villages, on sait tous qui fait ce genre de choses. Enfin, il ne faut plus un enfant sans parent à Mayotte. En cas d’expulsion d’un étranger en situation irrégulière, une enquête doit déterminer s’il a des enfants sur le territoire, qui permettent soit de les placer soit qu’ils puissent bénéficier d’un départ volontaire avec leurs parents.
Garantir une eau quotidienne ?
S.K. : En premier lieu, la question de l’eau à Mayotte doit faire l’objet d’une enquête parlementaire. Il faut savoir ce qui se passe.
Quels investissements ont été faits et à quoi ils ont pu servir ? Et si on doit en faire de nouveaux, l’État doit également accompagner le syndicat des eaux. Il y a aussi à faire du côté réglementaire. Aujourd’hui, l’Allemagne impose des systèmes de récupération d’eau pour toute nouvelle construction. On peut imaginer des systèmes similaires ici. Il y a de la pluie à Mayotte, on doit être capable de retenir l’eau avant qu’elle ne finisse dans le lagon. Il faut aussi qu’on réfléchisse à l’avenir. L’Insee ne doit plus dépendre de La Réunion pour qu’on sache la population de Mayotte (N.D.L.R. l’Insee océan Indien est répartie sur les deux départements avec une direction à Saint-Denis). On ne peut pas développer le territoire sans qu'un Insee local ne soit capable d’évaluer la population.
Faire aboutir une loi Mayotte ?
S.K. : C’est une urgence absolue. Il faut qu’on puisse évaluer ce qu’il nous faut, les ressources, les infrastructures et les compétences dont le territoire a besoin. Cette loi Mayotte doit répondre aux doléances des Mahorais et non du gouvernement. On devrait nous donner les outils pour travailler dans une région apaisée, même faire de Mayotte une locomotive du développement régional. Cela implique de faire de l’aéroport de Pamandzi un hub régional et ne pas se passer de nos terres agricoles. Il faut améliorer les routes et développer le transport maritime afin de revenir à ce que faisaient nos pères, c’est-à-dire nous emmener d’un village à l’autre en passant par la mer. Elle doit enfin corriger une erreur en garantissant les moyens d’autonomie financière. Sans les moyens de la Région, comme le Département peut assumer ses compétences régionales. Pareil pour la dotation globale de fonctionnement, je demande qu’elle se rapproche de celle de la Guyane. A Mayotte, elle est de 136 euros par habitant, contre 185 euros en Guyane. J’ajoute que je souhaite une enquête parlementaire sur la cherté de la vie en Outremer pour en déterminer les responsables.
Améliorer l’attractivité du territoire ?
S.K. : C’est une question difficile. Comme je l’ai dit précédemment, il faut développer nos compétences et nos ressources. Cela ne passe pas forcément par faire venir davantage de gens de l’extérieur. Je pense à la médecine par exemple. On est un désert médical et on n’a pas de formations en médecine. Évidemment qu’on ne peut pas s’autosuffire et qu’il faudra forcément des gens de l’extérieur. Mais pour le développement de l’attractivité, il n’y a rien qu’on pourra faire si on ne traite pas le problème de l’insécurité. Sur la question des investissements extérieurs, cela passe par redorer notre image, qui pâtit de la communication angoissante de notre députée. Mayotte, ce n’est pas que les violences, c’est notre lagon, la plongée, les pistes de randonnée, le folklore ou l’artisanat qui a besoin d’un coup de pouce. Il y a ici des cultures diverses qui peuvent redorer notre image au niveau national et international.
Préserver l’environnement ?
S.K. : Si vous regardez la société mahoraise, vous verrez que c’est une société qui vit déjà avec l’environnement. Il y a des potagers, quand on est malades, on se soigne
avec des plantes, on utilise des fleurs pour les mariages. Il y a la mer qui nous nourrit. La ressource en eau est une nécessité, bien sûr. Veiller à notre environnement, c’est faire attention au plastique, à la tractopelle, à l’érosion qui nous menace, à la déforestation ou à la disparition des plantes médicinales et endémiques. Il faut des jardins botaniques pour les préserver. En tant que député, je travaillerais à l’élaboration d’un document unique et stratégique en matière d’environnement.
Développer quelles infrastructures ?
S.K. : Parmi les priorités, il faut développer le port, l’aéroport, les routes et la mobilité maritime. À un deuxième niveau, je mettrais la santé. Aujourd’hui, l’hôpital ne bénéficie pas aux Mahorais. Il faut qu’on fasse le second hôpital de Combani et qu’on développe l’Université de Mayotte. Concernant le port, il faut en faire un hub régional et le préparer à l’activité gazière et hydrocarbures des pays voisins. Il faut qu’on puisse disposer de cette future économie qui va se mettre en place et le port se doit de pouvoir décharger de nuit comme de jour.
Arriver à la convergence sociale ?
S.K. : Il faut qu’on ait une sécurité sociale équivalente aux autres territoires français. Il faut un accompagnement des populations vulnérables et cela ne pourra se faire que si on a le même salaire minimum qu’ailleurs et les dispositifs qui s’appliquent en métropole. n
La biographie de Saïd Kambi
À l’âge de 49 ans, Saïd Kambi a été sur le devant de la scène en janvier et février lors du mouvement social contre l’insécurité. S’il est l’un des représentants des Forces vives, l’ancien militant Les Républicains insiste sur le fait qu’il se présente en son nom et non pas pour le mouvement qu’il souhaite conserver « apolitique ».
Outre son engagement politique, celui qui a été directeur général des services de Chirongui, Acoua et Sada est aussi investi dans plusieurs associations. « Je me suis toujours engagé pour les autres », fait-il remarquer. Il est ainsi président de Rédiab Ylang, qui lutte contre le diabète, le secrétaire de Tifaki hazi, qui œuvre dans l’intérim, et le trésorier adjoint de la BGE Mayotte, la structure qui accompagne les entrepreneurs. C’est d’ailleurs en tant qu’entrepreneur qu’il se définit dorénavant.
DOSSIER
Propos recueillis par Alexis Duclos
Circonscription sud
Mansour Kamardine « Restaurer la sécurité par la reconquête des territoires perdus »
Si vous restez député, qu’est-ce que vous ferez pour… Limiter l’immigration irrégulière ?
Mansour Kamardine : Je milite pour couper toutes les pompes aspirantes de l’immigration en même temps. Ainsi, je défendrais l’impossibilité de régulariser les personnes arrivées à Mayotte en infraction, la restauration du délit de séjour irrégulier, la suppression du droit du sol, la limitation de l’obligation scolaire aux capacités réelles des écoles, la suppression de l’accès illimité et gratuit au centre hospitalier de Mayotte pour les clandestins. Parallèlement, je solliciterais la présence à Mayotte de Frontex, d’une base de la Marine modernisée, d’un patrouilleur outre-mer de nouvelle génération, le déplacement au nord des moyens nautiques de la police aux frontières, l’installation de nouveaux radars de surveillance et le retour à une politique de grande fermeté vis-à-vis des autorités comoriennes : pas de contrôle de leurs frontières, alors pas d’aide française, pas de visa et le retrait de la nationalité française pour les binationaux impliqués dans le trafic d’êtres humains.
Renforcer la sécurité ?
M.K. : Il ne s’agit plus de la renforcer, mais de la restaurer par la reconquête des territoires
CANDIDAT À SA PROPRE
SUCCESSION DANS LA SECONDE CIRCONSCRIPTION LÉGISLATIVE DE MAYOTTE, MANSOUR
KAMARDINE COMPTE « COUPER TOUTES LES POMPES ASPIRANTES DE L’IMMIGRATION ILLÉGALE ».
AVEC FAZIANTI DJOUMOI TSIMPOU, LE SADOIS REPART EN CAMPAGNE MUNI DE SON ÉTIQUETTE LES RÉPUBLICAINS.
perdus, la destruction des bidonvilles et la reconduite des clandestins chez eux. Je demanderais, comme je le fais depuis des années, la répartition des mineurs isolés vers la métropole et le regroupement familial directement vers les Comores des jeunes Comoriens abandonnés à Mayotte par leurs parents. En outre, je propose que les étrangers originaires des Comores condamnés pour des délits à Mayotte effectuent leur peine de prison dans l’archipel voisin. Cela nous coutera moins cher et dissuadera un certain nombre de verser dans la délinquance. De plus, je solliciterais le démantèlement des réseaux transnationaux de trafic d’êtres humains dans la région. Bref, je défendrais la mise en place d’une opération Wuambushu puissance 10 pendant le temps qu’il faudra pour restaurer la sécurité et maîtriser nos frontières.
Garantir une eau quotidienne ?
M.K : La construction de la troisième retenue collinaire est incontournable pour garantir une ressource en eau suffisante, ainsi que la mise en place de trois unités de dessalement reparties sur le territoire mahorais. Il convient également de mettre à niveau le réseau de distribution d’eau qui n’est prévu que pour 200.000 personnes alors que nous sommes 450.000 à vivre à Mayotte (N.D.L.R. l’Insee estime qu’il y
a 320.000 habitants à partir du 1er janvier 2024). Il faudra parallèlement développer les réseaux d’assainissement par une aide spécifique individuelle à la connexion des maisons aux réseaux. De plus, un vaste plan de traitement des eaux pluviales et de ruissellement permettrait aussi de disposer de plus d’eau et de protéger le lagon. Enfin, la reconquête des terres exploitées sans droit autoriserait la reforestation qui est essentielle à la ressource en eau.
Faire aboutir une loi Mayotte ?
M.K. : Je prendrais soin de préserver et de consolider une position commune à l’ensemble des élus de Mayotte sur nos exigences, position commune que je porterais inlassablement auprès de ceux qui gouverneront après le 7 juillet. Nous devrons continuer à faire bloc. Bien évidemment, je m’appuierais sur le groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale qui nous soutient unanimement et sans réserve et qui comptera des dizaines de députés le 7 juillet, ainsi que sur le groupe LR au Sénat qui est majoritaire et incontournable pour faire aboutir la loi Mayotte. Je rappellerais également au groupe formé par Renaissance, Modem et Horizon ses promesses de ces derniers mois. Bref, le travail effectué ces derniers mois sera poursuivi avec ceux qui seront en responsabilité en juillet, ce qui ne me pose aucune difficulté car j’ai pris soin de tisser des relations avec l’ensemble des groupes politiques.
Améliorer l’attractivité du territoire ?
M.K. : Restaurer la sécurité est un impératif pour notre attractivité. Aussi, le renforcement de l’État de droit avec une justice bien ordonnée, la création d’une deuxième prison et la création d’une cour d’appel à Mamoudzou sont des éléments positifs à obtenir. La transformation du système de santé de Mayotte en centre hospitalier régional universitaire (CHRU) à l’occasion de la construction du second hôpital est également un élément important pour rendre attractif le territoire. L’ouverture de droits sociaux alignés sur les autres départements français, comme la retraite complémentaire, est aussi facteur d’attractivité. Enfin, l’intégration régionale de Mayotte par la reconnaissance internationale du choix historique de 1975 que nous obtiendrons devant l’ONU en allant défendre à New-York, tous les ans, avec l’appui du Quai d’Orsay, soutien que j’ai récemment obtenu - sera un facteur de stabilisation de notre place dans l’océan Indien. Cela nous permettra de devenir un pôle important de développement en Afrique australe. C’est pourquoi je propose qu’on fasse de Mayotte une zone économique fiscale et douanière spéciale sur le modèle des RUP espagnoles. Nous pourrions attirer d’importants investissements et créer des milliers d’emplois dans le secteur privé.
Préserver l’environnement ?
M.K. : Préserver l’environnement commence par la reforestation des terres exploitées sans droit ni titre. Nous perdons chaque année 300 hectares de forêt. Il convient d’inverser la tendance et de préserver le lagon des eaux de ruissellement qui augmentent avec la déforestation. Il convient, également, de favoriser le développement de la pêche locale en autorisant les pêcheurs mahorais à avoir accès à la zone économique exclusive, ce qui nécessite une action au niveau européen pour limiter l’accès des thoniers
industriels à notre ZEE. Ainsi, il est possible de préserver la ressource et de développer conjointement notre économie.
Développer quelles infrastructures ?
M.K : Les routes nationales bien sûr, en premier lieu, pour rendre la circulation fluide et répartir le développement sur l’ensemble du territoire, le contournement routier de Mamoudzou, la suppression des lacets de Barakani, la piste longue, l’université, le port et les infrastructures sportives, mais aussi les infrastructures numériques et l’interconnexion aux réseaux internet. Un effort particulier doit être conduit en ce qui concerne les réseaux d’assainissement qui peuvent bénéficier d’importants financements européens.
Arriver à la convergence sociale ?
M.K. : Sous mon impulsion, l’égalité sociale a été incluse dans le projet de loi Mayotte avec un agenda resserré et un alignement pour 2026. Je tiendrais ce cap. Son coût est évalué à 250 millions d’euros que nous pouvons lisser sur quatre ou cinq ans, soit cinquante millions d’euros par an d’effort pour l’État, ce qui permettrait de ne pas impacter la compétitivité des entreprises et sans faire baisser les salaires nets et mieux en faisant augmenter les petits salaires de 10%. C’est beaucoup moins cher que le coût pour l’État de l’immigration clandestine qui dépasse les 250 millions d’euros par an. Améliorer la lutte contre l’immigration clandestine permettra de financer complètement l’égalité sociale et les infrastructures de développement en quelques années et sans un euro supplémentaire de nos impôts. n
La biographie de Mansour Kamardine
L’avocat de 65 ans tente de garder son mandat de député après avoir été réélu en 2022 avec 60% des voix au second tour contre Issa Issa Abdou. Ce fidèle Chiraquien, qui a œuvré pour la départementalisation de Mayotte en 2011, a fait du parti Les Républicains un acteur incontournable de la vie politique mahoraise. Plus jeune, le Sadois a été fonctionnaire avant de briguer la mairie de sa commune, qu’il a obtenue en 1983. Il a été ensuite conseiller général, puis dernier vice-président de Younoussa Bamana au début des années 2000. Battu en 2022 dans le canton de Sada-Chirongui, il restait alors député et membre de la Commission des lois. Avant la dissolution décidée par le président de la République, il était encore président du groupe d’amitié France-Comores et membre de plusieurs autres groupes d’amitié dont Madagascar, Mozambique, Maurice, etc..
Propos recueillis par Raïnat Aliloiffa
Circonscription sud
Kira Bacar Adacolo
« Un laxisme du gouvernement pour ne pas faire avancer les dossiers de Mayotte »
KIRA BACAR ADACOLO EST UN ANCIEN ATTACHÉ PARLEMENTAIRE EUROPÉEN QUI BRIGUE LE MANDAT DE DÉPUTÉ. IL SE REVENDIQUE DE GAUCHE, LE REPRÉSENTANT DE L’UNION POUR LA SÉCURITÉ DE MAYOTTE (USM) EST DE CE FAIT INVESTI PAR LE NOUVEAU FRONT POPULAIRE.
L’ORIGINAIRE DE TSINGONI ENVISAGE UN AUTRE PROJET DE LOI POUR MAYOTTE S’IL EST ÉLU AUX CÔTÉS DE SA SUPPLÉANTE, KAMARIA ALI.
Si vous étiez député, qu’est-ce que vous feriez pour…
Limiter l’immigration irrégulière ?
Kira Bacar Adacolo : Je proposerais une loi contre l’immigration clandestine à Mayotte. Dans mon programme, nous
avons plusieurs mesures qui vont en ce sens. Nous souhaitons que tous les enfants nés sur le territoire de Mayotte obtiennent la nationalité française, à condition que les deux parents aient résidé de manière régulière pendant au moins trois ans dans
le département. Il faut aussi donner le pouvoir de police aux maires, pour mener des opérations de lutte contre l’immigration clandestine en partenariat avec la gendarmerie nationale et la police nationale. Pour contrôler les frontières, il faut déployer la marine nationale autour de Mayotte. Il faut mettre en place des gardes-côtes, des radars, des drones, pour surveiller les frontières. Et puis, il faut supprimer le séjour territorialisé pour que ceux qui ont un titre de séjour puissent circuler sur tout le territoire national
Renforcer la sécurité ?
K.B.A. : Il faut absolument construire des centres de redressement pour les mineurs délinquants, et puis étendre la circulaire Taubira (N.D.L.R. qui instaure la prise en charge partagée des mineurs isolés entre tous les départements sauf celui de Mayotte) et faire jouer la solidarité nationale. Le phénomène de violence que l'on connaît à Mayotte est l’apanage des jeunes, il faut donc des mesures pour eux.
Garantir une eau quotidienne ?
K.B.A. : Il me semble qu’il y a un observatoire de l’eau à Mayotte, et si ce n’est pas le cas, il faut le réactiver. Il faut prendre le problème à bras-le-corps. Dans un premier temps, il faut qu’il y ait une table ronde des maires, le syndicat des eaux et l’observatoire de l’eau pour gérer cette compétence de manière optimale. Je n’oublie pas non plus les équipements permettant d’exploiter l’eau, notamment les usines de dessalement, mais aussi la construction des retenues collinaires.
Faire aboutir une loi Mayotte ?
K.B.A. : Si j’étais élu député, l’une des premières choses que je ferai, c’est de proposer une loi Mayotte pour régler la situation de l’île. Il y a un laxisme au sein du gouvernement pour ne pas faire avancer les dossiers de Mayotte. Il faut se battre pour que cette loi soit examinée et débattue à l’Assemblée nationale, mais également au Sénat. D’ailleurs, j’ai déjà travaillé sur une proposition de projet de loi de ce type là. Je ne m’aventurerai pas à m’appuyer sur le travail qui a déjà été fait pour cette loi Mayotte par le gouvernement et les parlementaires, parce qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments. J’ai examiné le texte et j’appellerai ça plutôt une coquille vide. Il faut mettre un calendrier chiffré pour le développement économique de l’île.
Améliorer l’attractivité du territoire ?
K.B.A. : L’attractivité du territoire ne relève pas du député. Il ne peut pas tout faire. Il faut bien évidemment développer le tourisme, valoriser le patrimoine, améliorer les conditions de santé. Mais le député n’est pas là pour améliorer l’attractivité du territoire. C’est le travail du comité du tourisme. Le Département doit aussi promouvoir une politique d’attractivité. En matière d’éducation, le rectorat doit faire ce travail. Concernant la santé, le centre hospitalier de Mayotte est là aussi pour attirer des
professionnels. Ce que je pourrais faire est de travailler sur des rapports parlementaires pour récolter les idées des uns et des autres et proposer des lois à l’Assemblée nationale pour améliorer l’attractivité.
Préserver l’environnement ?
K.B.A. : Je me rapprocherai des associations environnementales pour mettre en place des actions concrètes de préservation de l’environnement. Je ne lésinerai pas sur les moyens pour que ces associations soient subventionnées et accompagnées.
Développer quelles infrastructures ?
K.B.A. : Le réseau routier doit être revu, entretenu et développé. Nous connaissons tous le phénomène des embouteillages, on est très stressés à cause de cela. Deuxième chose, l’aéroport doit être construit en Grande-Terre pour éviter le problème de l’enfoncement de Petite-Terre et le développement du volcan. Le port doit également être construit comme un grand port maritime d’État pour que Mayotte s’envole dans son développement. »
Arriver à la convergence sociale ?
K.B.A. : Je ne partage plus l’idée de parler de convergence sociale parce que Mayotte accuse un retard dans tous les domaines. Il faut plutôt un alignement dans le droit commun, par rapport à ce sujet des aides sociales. Si je suis élu, je proposerai un projet de loi, et dedans, l’alignement social occupera une grande place. Il faut légiférer pour qu’en 2025, l’alignement des droits sociaux à Mayotte soit mis en place. Il s’agit des prestations sociales comme le RSA, la prime d’activité, l’application du code de la sécurité sociale à Mayotte, mais aussi le code du travail et le code de la santé. Au premier janvier 2025, il faudra mettre la pression au gouvernement pour que tout cela soit fait. n
La biographie de Kira
Bacar Adacolo
Kira Bacar Adacolo est âgé de 46 ans et est originaire de Tsingoni. Enseignant de formation, dans le second degré, puis le premier, il s’engage assez tôt en politique, en 2005. « J’ai adhéré au Parti socialiste de 2005 à 2015. Ensuite, nous nous sommes fâchés, j’ai donc rejoint le Parti radical de gauche jusqu’en 2019 », raconte-t-il. Par la suite, il se définit comme « électron libre » et finit par créer sa propre formation politique appelée « l’Union pour la sécurité de Mayotte ». S’il est élu député, il affirme qu’il siégera avec le Nouveau Front populaire.
DOSSIER
Circonscription sud
Madi Boinamani Madi Mari
« Des indicateurs de performance pour évaluer l'efficacité des mesures prises »
Si vous étiez députée, qu’est-ce que vous feriez pour… Limiter l’immigration irrégulière ?
Madi-Boinamani Madi Mari : Il faut fixer un objectif de résultat sur l’action de l’État en matière de lutte contre l'immigration clandestine et de restauration de la sécurité publique. Il s'agira de mettre en place des indicateurs de performance pour évaluer l'efficacité des mesures prises. Nous exigerons l’augmentation des contrôles aux frontières en renforçant les ressources humaines et technologiques, afin de mieux détecter et empêcher les entrées illégales. Nous développerons des partenariats internationaux pour mieux gérer les flux migratoires et organiser les retours des personnes en situation irrégulière. Nous accroîtrons la coopération avec les pays d'origine et de transit des migrants pour lutter contre les réseaux de passeurs. Nous lancerons des campagnes de sensibilisation dans les pays d'origine pour informer sur les risques de l'immigration clandestine et les voies légales d'immigration.
CANDIDAT AU SCRUTIN LÉGISLATIF DU 30 JUIN ET 7 JUILLET, MADI-BOINAMANI MADI MARI (AGIR) AVAIT ÉCHOUÉ DE PEU À SE QUALIFIER POUR LE SECOND TOUR EN 2022. ACCOMPAGNÉ DE TOIYFATI SAÏD, CELUI QUI A REÇU LE SOUTIEN DE RENAISSANCE ENTEND FIXER UN OBJECTIF DE RÉSULTAT SUR L’ACTION DE L’ÉTAT À MAYOTTE EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE L’IMMIGRATION CLANDESTINE.
Renforcer la sécurité ?
M.-B.M.M. : Nous agirons pour faire doter notre département d’une cité judiciaire moderne pour renforcer les moyens dédiés à la justice, lutter contre l'impunité et sécuriser les Mahorais. Cette cité regroupera les tribunaux, les bureaux des juges et les services d'aide aux victimes. Nous exigerons le respect de la règlementation pénitentiaire européenne en augmentant les moyens humains dédiés au centre pénitentiaire de Mayotte et en construisant une deuxième maison d'arrêt pour réduire la surpopulation carcérale et améliorer les conditions de détention.
Nous agirons pour une création d’une cour d'appel indépendante, pour Mayotte, distincte du parquet général de La Réunion, afin de définir et de conduire une politique pénale plus adaptée au contexte local. Nous exigerons l’éradiquerons les zones de non-droit en intensifiant les opérations de police dans les zones sensibles, en augmentant les moyens et la présence policière. Nous défendrons la mise en place d'un centre éducatif fermé pour les jeunes en difficulté, afin de lutter contre la délinquance juvénile et les violences urbaines, en offrant des programmes de réinsertion, de formation professionnelle et de soutien psychologique.
Garantir une eau quotidienne ?
M.-B.M.M. : Nous plaiderons pour des investissements substantiels dans la modernisation et l'extension des réseaux de distribution d'eau potable. Cela permettra d'assurer une couverture optimale et
continue sur l'ensemble du territoire. Nous préconiserons la construction de nouveaux réservoirs et stations de traitement pour augmenter les capacités de stockage et garantir la qualité de l'eau distribuée. Nous soutiendrons l'adoption de technologies innovantes, telles que les systèmes de collecte des eaux de pluie et les unités de dessalement, pour diversifier les sources d'approvisionnement en eau. En tout état de cause, nous défendrons la libre administration des collectivités dans l'exercice de leurs compétences, afin de garantir une gestion locale efficace et adaptée des ressources en eau.
Faire aboutir une loi Mayotte ?
M.-B.M.M. : Nous veillerons à ce que la loi Mayotte soit clairement définie, notamment en ce qui concerne ses objectifs, tout en s'assurant de ne pas s'écarter de l'assimilation législative et en garantissant la libre administration des collectivités. Cela signifie que les spécificités locales seront respectées, mais que Mayotte restera alignée avec le droit commun. Nous travaillerons à renforcer le statut de Mayotte en tant que département et région d’outre-mer (Drom) à part entière, avec des droits et des devoirs similaires à ceux des autres Drom. Nous nous assurerons que ce projet de loi ne soit pas utilisé comme un prétexte pour éloigner Mayotte du droit commun. Nous nous engagerons à garantir que les Mahorais soient pleinement intégrés dans le processus décisionnel concernant les affaires de leur territoire. Cela impliquera la mise en place de mécanismes de gouvernance locale, c'est-àdire une participation active et majoritaire des représentants locaux dans les établissements publics tels que la CUF (Commission d’urgence foncière, l'Epfam (Établissement public foncier et de l’aménagement de Mayotte) et autres prévus par la loi Mayotte. Cette loi Mayotte doit être l'occasion de lever les obstacles législatifs et réglementaires qui bloquent les projets structurants du territoire. Ces mesures visent à assurer que Mayotte soit traitée avec l'égalité et le respect qu'elle mérite, tout en maintenant son intégration au sein de la République et en assurant une gouvernance inclusive.
Améliorer l’attractivité du territoire ?
M.-B.M.M. : Il n'y a pas d'attractivité sans sécurité. Nous devons donc garantir un environnement sûr pour attirer les investissements et les visiteurs. Nous mettrons en place des mesures pour pallier les problèmes d'insécurité. Nous encouragerons les investissements dans le développement des infrastructures de transport, de communication et des services publics pour rendre le territoire plus accessible et plus attractif pour les entreprises et les touristes. La modernisation des réseaux, du ports et l’agrandissement de l’aéroports sera une priorité pour faciliter les échanges et encourager les investissements. Nous agirons sur l'amélioration des services de santé, d'éducation et de logement pour offrir une meilleure qualité de vie aux habitants, rendant ainsi le territoire plus attractif.
Préserver l’environnement ?
M.-B.M.M. : Avec sa biodiversité marine et terrestre riche et variée, soumise à de forts risques naturels et à une forte pression démographique, notre île doit se doter de moyens
conséquents pour protéger son environnement et réussir sa transition écologique. Nous devons nous préparer à de grands bouleversements, notamment en ce qui concerne le retrait du trait de côte et submersion marine. Les communes du sud, notamment Bouéni, Kani-Kéli, Chirongui et Bandrélé sont les plus exposées à ce risque majeur.
Développer quelles infrastructures ?
M.-B.M.M. : L’impulsion du développement de notre territoire nécessite au préalable la réalisation des infrastructures routière, portuaire et aéroportuaire plus adaptées. Nous exigerons et nous suivrons la réalisation de la piste longue promise par le président de la République, pour donner à l’aéroport de Mayotte sa vocation internationale et son autonomie.
Arriver à la convergence sociale ?
M.-B.M.M. : Nous exigerons l’alignement des aides sociales sur le droit commun pour permettre aux Mahorais d'obtenir les mêmes aides que tous les Français. Nous demanderons le déplafonnement des cotisations des retraites à Mayotte afin de permettre à nos retraités de vivre dignement. En somme, nous exigerons l’application du code de la sécurité sociale et l’alignement de toutes les prestations sociales à Mayotte pour l’égalité sociale au plus tard le 1er janvier 2027. En effet, en tant que citoyens français ayant les mêmes devoirs, les citoyens mahorais doivent avoir les mêmes droits que les autres citoyens de l’Hexagone et des territoires d’Outre-mer. Nous soutenons la mise en place de l’Aide médicale d’État (AME) pour assurer les besoins de santé des publics les plus fragiles. Nous exigerons également la modification des articles du code de la santé publique qui dérogent au droit commun sans justification portant sur l’installation des pharmacies ou l’autorisation d’exercice de professionnels de santé venus de l’extérieur de l’Union européenne. n
La biographie de Madi Boinamani Madi Mari
Âgé de 37 ans, le directeur général des services de la mairie de Chiconi est un ancien militant au sein du parti UMP, puis LR depuis 2002 avant de rejoindre le parti Agir la droite constructive. Il bénéficie pour cette élection du soutien de La Renaissance, sans toutefois être investi officiellement par Ensemble. A la manœuvre dans l’élection de Bibi Chanfi et Saindou Attoumani aux dernières élections départementales de 2021, il compte rejoindre un groupe situé au centre ou de la droite s’il est élu. Au niveau associatif, il est impliqué dans sa commune puisqu’il est le président du club de football ASO Espoir de Chiconi. « En tant que candidat de la circonscription 2 à Mayotte, je souhaite continuer à défendre les idées de la droite républicaine et du centre pour l’intérêt de notre pays, et plus particulièrement du 101ème département de France », fait-il valoir.
Propos recueillis par Marine Gachet
Circonscription sud
Manon Moreno « Le clandestin à Mayotte ne doit avoir qu'une seule certitude, celle d'être renvoyé »
MANON MORENO (RECONQUÊTE) FAIT SES PREMIERS PAS EN POLITIQUE À L’OCCASION DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES QUI AURONT LIEU LES 30 JUIN ET 7 JUILLET PROCHAIN. AVEC À SES CÔTÉS JAMES GEORGES COMME SUPPLÉANT, ELLE FAIT DE LA LUTTE CONTRE L’IMMIGRATION SON CHEVAL DE BATAILLE.
Si vous étiez député, qu’est-ce que vous feriez pour…
Limiter l’immigration irrégulière ?
Manon Moreno : Le point primordial pour Reconquête, c'est la lutte contre l'immigration. Donc il faudrait protéger les frontières en mettant énormément de moyens, notamment sur les frontières nautiques, en utilisant des radars dernière génération, pour déjà faire un premier filtrage. Ensuite, le retrait du droit du sol, la fin du regroupement familial, le retrait
des titres de séjour si la personne ne travaille pas depuis plus de six mois, la remigration des binationaux, des fichés S, ainsi que des délinquants condamnés, et supprimer toutes les aides telles que les soins et l'école, car c'est au détriment des Mahorais. Il faut bien se dire que le clandestin à Mayotte ne doit avoir qu'une seule certitude, celle d'être renvoyé vers son pays d'origine.
Renforcer la sécurité ?
M.M. : Tous les points que j'ai énoncés avant, ce serait une grosse partie. Ensuite, il faudrait construire des centres éducatifs fermés pour les mineurs, ce serait déjà bien utile, car ça n'existe pas à Mayotte. Puis pour les majeurs délinquants, la remigration pour les binationaux, et un RSMA (Régiment du service militaire adapté) obligatoire pour les autres. Car dans ces groupes de délinquants, il y a à la fois des clandestins, mais il y a aussi des Mahorais qui ont grossi les rangs de ces groupes-là, et on ne peut pas expulser ces genslà. Donc pour eux, le RSMA doit pouvoir leur permettre d’apprendre un métier. Je pense qu'il faut des mesures fortes pour stopper au plus vite l'insécurité et remettre de l'ordre. Parce que les Mahorais n'en peuvent plus, ils doivent retrouver la sérénité, la tranquillité et la paix.
Garantir une eau quotidienne ?
M.M. : Déjà, il faut savoir que Mayotte, c'est le seul département français où il n'y a pas
d'Office de l'eau (N.D.L.R. le Département de Mayotte a approuvé sa création le 16 octobre 2023). Si vous allez sur le site eaufrance.fr, vous tapez Mayotte, le site est inaccessible, alors que pour les autres Outre-mer, il y a quand même des choses référencées. Là, on n'en sait rien, donc on n’a pas de connaissances scientifiques précises des réserves d'eau. Il faudrait donc dénombrer la population sur Mayotte, car la population clandestine doublerait la population régulière. Donc, on comprend aussi pourquoi il y a une pénurie d'eau à Mayotte, qu'il n'y avait pas auparavant. Ensuite il faut mener à bien l'usine de dessalement. Il faudrait aussi insister le conseil départemental pour entretenir les canalisations, pour arrêter les fuites intempestives qu'on peut voir partout dans Mayotte. Malheureusement, si aucune mesure n'est prise, c'est catastrophique pour Mayotte, car on aura probablement une nouvelle crise de l'eau, et si on regarde les prévisions climatiques du futur, ce n’est pas rassurant, à mesure que la planète se réchauffe. Donc c'est un point très important à prendre en compte.
Faire aboutir une loi Mayotte ?
M.M. : Il faut savoir que nous, déjà, chez Reconquête, Nicolas Bay avait déjà parlé, alors pas de loi Mayotte, mais d'état d'urgence migratoire. Cela regroupait pas mal de points, notamment ceux que j'ai précédemment cité, à savoir la fin du droit du sol, du rapprochement familial, etc. Là, actuellement, la loi Mayotte est en stand-by. Mais après si la loi Mayotte convient aux Mahorais, on n’ira pas à son encontre, car il y a quand même des bonnes choses à l'intérieur.
Améliorer l’attractivité du territoire ?
M.M. : En premier lieu, je pense que l'accès pour se déplacer est important, le projet des barges au Nord et au Sud avait été évoqué, et ce serait bien pour ne plus subir les embouteillages, les barrages et les caillassages par la même occasion. Améliorer le secteur de la santé avec plus de médecins, personnels hospitaliers pour éviter aux Mahorais de devoir partir à La Réunion pour se faire soigner. Donc oui, développer le secteur santé en priorité. Pour faire venir ce personnel, une proposition que nous avons est, dans le cadre du cursus de formation des médecins et infirmiers, de proposer un stage obligatoire dans les déserts médicaux, car cela ne concerne pas que Mayotte, pour éventuellement faire amener les jeunes diplômés à s'installer dans ces déserts médicaux. La sécurité est nécessaire aussi, car on n’a pas envie de s'installer dans un milieu anxiogène, non sécuritaire. Tout le monde a envie d'être tranquille, de pouvoir sortir sans se faire agresser. Il faudrait aussi que le projet Caribus aboutisse.
Préserver l’environnement ?
M.M. : Déjà, il faudrait nettoyer toute l'île, ces carcasses de voitures, frigo, déchets sur le bord de la route. On est en 2024, on est en France, ce n'est plus possible de voir ça. Il faut revoir tout le traitement des déchets, le tri, les collectes. Actuellement, quand on ramasse ma poubelle, on ramasse aussi mon plastique, mon verre, il n'y a rien qui est fait. Les conteneurs restent pleins, notamment pour le verre, ils ne sont pas collectés depuis des mois. Il faut développer des usines utilisatrices en verre, plastique et papier. Et aussi
sensibiliser les enfants à l'école, ça part de là, pour qu'ils jettent leurs papiers dans une poubelle, et ce sera déjà bien. Après, pour ce qui est des eaux usées, malheureusement, on en revient toujours aux mêmes, c'est l'immigration qui veut ça, quand on voit des bangas, des constructions illégales, des bidonvilles et qu'après les eaux de pluie sont déversées avec énormément de déchets dans le lagon, ça fait mal au cœur. Il faut bien se rendre compte que si Mayotte n'a plus de lagon, Mayotte n'existe plus. C'est vraiment une prise de conscience que tout le monde doit avoir.
Développer quelles infrastructures ?
M.M. : Surtout l'hôpital et l'usine de dessalement. Car la première en Petite-Terre n'est pas au maximum de ses capacités, elle a été mal conçue au départ au niveau du rejet de la saumure, donc elle est limitée au niveau de la production. Il faudrait que la deuxième soit un peu mieux conçue pour être plus rentable. On a encore des coupures, ce n'est pas possible.
Arriver à la convergence sociale ?
M.M. : Déjà, retirer toutes les aides aux étrangers, le RSA (Revenu de solidarité active), l'allocation familiale, l'allocation logement, parce que ça bénéficierait beaucoup aux Mahorais, qui, je le rappelle, ne touchent pas la même chose qu'en métropole. Notamment en ce qui concerne les APL (Aide personnalisée au logement), le chômage et le Smic, alors que le coût de la vie est très élevé à Mayotte. Les courses, le logement ne sont pas donnés, donc ce n'est pas normal de toucher un vrai Smic, un vrai chômage, ou des APL complètement dérisoires. Alors qu'en métropole, tout le monde les touche. Les Mahorais étant des citoyens français comme tous les autres, il n'y a pas de raison qu'on ne tende pas vers les mêmes droits sociaux. Donc c'est une volonté que les députés Reconquête feraient valoir à l'Assemblée nationale, les mêmes droits pour tout le monde, une équité pour tous les nationaux, sans distinction. n
La biographie
de Manon Moreno
Manon Moreno, 35 ans, s'est installée à Mayotte il y a bientôt deux ans. Actuellement sans emploi, elle a été chauffeur de bus dans les Alpes-Maritimes. Si les élections législatives de 2024 sont sa première expérience en politique, elle est encartée depuis janvier 2022 au parti Reconquête, fondé par Éric Zemmour, qu'elle représente en tant que candidate pour la deuxième circonscription. « Même si je n'ai pas d'expérience, je suis justement Madame « Tout le monde », et je peux donc apporter quelque chose », estimet-elle. Si elle vient à siéger à l'Assemblée nationale, elle sera prête à travailler avec le Rassemblement national et Les Républicains qui auront suivi Éric Ciotti.
DES JEUNES DE CAVANI RAPPENT POUR LA PLANÈTE
Le samedi 6 juillet, une dizaine de jeunes se produiront au restaurant le Voulé pour proposer au public un morceau de rap sur le thème de l’environnement. Un morceau qui sera issu des différents ateliers qu’ils suivent avec Mayotte Nature Environnement, qui a voulu proposer une manière originale d’intéresser les adolescents à la nature.
Rapper sur le thème de l’environnement : c’est l’exercice auquel se sont prêtés une dizaine de jeunes de Cavani. Ce vendredi, dans les locaux de la maison de quartier, ils en sont à leur troisième atelier organisé par la fédération d’associations environnementales Mayotte Nature Environnement (MNE). « L’idée est venue en parlant avec eux. J’en connaissais qui faisaient déjà du son, et je me suis dit que ce serait intéressant de faire un projet avec eux », raconte Inès Imberdis, qui a organisé le projet pour MNE. Cet exercice d’écriture hors du commun donne du fil à retordre aux jeunes apprentis, l’environnement étant rarement au cœur des
morceaux qu’ils ont l’habitude d’écouter ou d’écrire.
Lors d’une première session, ils ont été sensibilisés aux différents enjeux environnementaux avec MNE. La chargée du projet a également exploré avec eux différents morceaux de rap décrivant ces thématiques. « On a appris comment sauver la nature. On a aussi compris qu’on devait montrer l’exemple aux plus petits, comme en ne jetant pas ses déchets par terre », décrit un des jeunes suivant les ateliers. « Ils étaient très impliqués et ont beaucoup participé lors de cet échange », ajoute la coordinatrice. Les membres du groupe, âgés entre 16 et 21 ans, ont également commencé l’écriture lors de cet atelier. Le deuxième a été dédié à l’enregistrement.
Un concert le 6 juillet
Ce projet, soutenu par la direction des affaires culturelles de Mayotte et qui entre dans le cadre de l’Été culturel 2024, se déroule sous les conseils précieux de Jean-Luc Mooroogen, alias Phénomène J, accompagné de l’artiste Hadj MC. « C’est une façon pour moi de rendre à Mayotte ce qu’elle m’a apporté professionnellement^ », explique Phénomène J, originaire de l’Ile Maurice et dont la carrière s’est accélérée sur l’île aux parfums. Lors de ce troisième atelier, il apprend aux aspirants rappeurs tout ce qu’il y a à savoir pour produire et exploiter un morceau de rap : quelle banque de sons utiliser, déclarer ses œuvres à la Sacem, mettre en ligne sa musique sur les plateformes de
streaming, etc. « On voyait un peu ce projet aussi comme une façon de professionnaliser ces jeunes, qui font déjà tous plus ou moins du son », confie Inès Imberdis. À l’issue de la production du fameux morceau environnemental, un clip sera tourné et un concert donné le 6 juillet au Voulé, à Cavani. « Ce sera aussi l’occasion pour eux de présenter au public leurs propres morceaux. Et on finira
sur celui qu’ils auront composé tous ensemble sur l’environnement », détaille celle qui travaille pour MNE.
Outre tenter une approche inédite à Mayotte pour sensibiliser les jeunes à la cause environnementale, ce projet représente également pour eux une parenthèse qui les sort de la rue. « C’est chouette, ça nous fait oublier la rue, ça nous permet de faire une activité », explique un des rappeurs en herbe, qui se présente sous le blaze de Zed Zed. n
LISEZ MAYOTTE LE MRAHA SELON BRUNO DE VILLENEUVE
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
En 2013, après son diptyque encyclopédique surplombant intitulé Mayotte de A à Z, Bruno de Villeneuve publie une encyclopédie miniature, sur un sujet spécialisé : Jeux traditionnels de l’océan Indien. La première de couverture, qui sert d’illustration à notre article, montre une main plaçant un grain dans l’un des espaces du jeu de mraha. Mais comme l’indique le titre, il ne s’agit pas de traiter d’un jeu en particulier, fût-il, comme le mraha, emblématique, mais des
jeux de l’océan Indien, à savoir l’awélé, le solitaire, les dominos, les dames chinoises, le fanorona et la toupie.
Le point de départ de l’ouvrage est le timbre qui met le jeu de mraha sur la carte : « La première édition de la règle du mraha, jusqu’alors introuvable, a été réalisée à l’occasion de la sortie ‘Premier jour’ du timbre ‘Jeu de mraha’, du même auteur. Tiré à 160 000 exemplaires, ce timbre fut imprimé à Périgueux le 28 avril 2003, en taille douce, procédé traditionnel qui requiert la
fabrication, à la main, d’un poinçon sur acier doux, réalisé dans le cas présent par André Lavergne. Celui-ci est ensuite durci, puis reporté sur un cylindre pour l’impression des feuilles de 25 exemplaires. Pour information, la première taille douce date de 1928 en France métropolitaine. Épuisé et de forte valeur, ce timbre est aujourd’hui très recherché par les collectionneurs. » (p. 4)
L’auteur commence par l’historique d’un jeu qui provient d’Afrique orientale et qui est classé par les Arabes dans la catégorie des mancalas ou jeux de réflexion et de stratégie. L’auteur en précise le matériel, un plateau creusé de cavités dans lesquels on met des graines, tso, ou des coquillages, makombe. Il se compose de deux parties symétriques, une par camp. Il y a trentedeux cases et chaque joueur possède vingt-deux graines. Pour gagner, il faut vider de graines l’une des deux lignes de l’adversaire. Il convient donc d’essayer de récolter un maximum des graines de l’adversaire pour remplir ses propres lignes tout en vidant les siennes. Les graines se déplacent dans le sens des aiguilles d’une montre et un joueur ne peut semer que chez lui. C’est ensuite au joueur de développer une stratégie pour capturer une ou plusieurs graines de l’adversaire. Bruno de Villeneuve
indique qu’il existe une règle simplifiée du mraha et qu’on peut jouer avec des pierres :
« On trouve parfois un autre jeu à Mayotte qui ressemble au mraha wa tso, il s’agit du mraha wa votsi (jeu par terre) ou mraha wa bwe (jeu avec des cailloux). Le plateau est le plus souvent façonné directement dans le sol. Pour faire office de pions, on y jouer avec des cailloux (bwe), mais n’importe quoi d’autre peut convenir, comme des graines, des noyaux de langues ou même des capsules de boissons. » (p. 23)
Cette encyclopédie se comprend enfin comme une défense des jeux réels à l’heure des jeux virtuels ainsi que comme une volonté de montrer que ces beaux objets ne se limitent pas à une fonction décorative. Ils ont également une fonction ludique, et partant stratégique, donc plus sérieuse qu’on ne le croit souvent. Nous avons mis l’accent sur le mraha, au détriment des autres jeux auxquels nous reviendrons peut-être à l’occasion d’uns série spécifique. Achevons en indiquant que l’ombre de Vincent Liétar plane sur ce livre car le personnage de Bao se promène dans ses pages !
Christophe Cosker
MAGAZINE D’INFORMATION
NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE
Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros
7, rue Salamani
Cavani M’tsapéré
BP 60 - 97600 Mamoudzou
Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com
Directeur de la publication
Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com
Directeur de la rédaction
Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com
Rédactrice en cheffe
Raïnat Aliloiffa
Couverture : LÉGISLATIVES : LES PROJETS DES CANDIDATS (PART 2)
Journalistes
Raïnat Aliloiffa
Alexis Duclos
Saïd Issouf
Marine Gachet
Lisa Morisseau
Direction artistique
Franco di Sangro
Graphistes/Maquettistes
Olivier Baron, Franco di Sangro
Commerciaux
Cédric Denaud, Murielle Turlan
Comptabilité
Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com
Première parution
Vendredi 31 mars 2000
ISSN 2402-6786 (en ligne)
RCS : n° 9757/2000
N° de Siret : 024 061 970 000 18
N°CPPAP : 0125 Y 95067
Site internet www.mayottehebdo.com # 1095